Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
10 juillet 2023
Assise sur la banquette arrière de la Rolls-Royce, Lorie regardait défiler le paysage par la fenêtre. La voiture aux allures de salon était bien confortable, et même si l’adolescente n’avait jamais aimé utiliser ce moyen de transport, finalement, il n’était pas si désagréable. Seule à l’arrière, elle avait fait remonter le panneau de séparation pour garder de l’intimité. Le chauffeur n’était pas en mesure de voir Lys ou la jeune fille. Silencieuse, Lorie semblait ailleurs, offrant quelques caresses à Lys qui s’était lovée sur ses jambes et qui semblait dormir dans le confort le plus total. Bien qu’elle estimât que les sièges ou encore les tapis épais ferait sans nul doute un lit bien plus confortable que ses jambes.
Après ce qui lui semblait être un temps interminable, la voiture s’arrêta, marquant la fin du trajet. Lys reprenait ses esprits et se cacha dès lors que la séparation centrale commençait à disparaître. Elle était arrivée. Avant même qu’on ne vienne lui ouvrir la porte, Lorie activa la poignée pour sortir du véhicule noir et argent. Sa robe blanche avec des broderies florales venait refléter le soleil et perchée dans ses talons, Lorie était sublime. Quelques regards provenant du restaurant et de la crêperie se tournèrent vers elle, mais la blonde n’y fit pas attention. L’adolescente observait l’immeuble marqué par le numéro douze et se demandait comment elle devait faire pour y entrer. Il y avait un certain manque d’espace dans cette rue, contourner les quelques voitures stationnées et passer devant la crêperie serait finalement obligatoire.
La robe flottante derrière elle grâce aux brises qui arrivaient à se frayer un chemin entre les immeubles, Lorie s’avança vers ce qui semblait être la porte d’entrée du bâtiment et essaya de l’ouvrir. Fermée… Elle se retrouvait dehors, endimanchée dans une robe qu’elle n’avait qu’en partie choisie. Dans sa pochette munie d’un sortilège d’extension, elle récupéra la lettre de Teilo. L’adresse semblait être la bonne, mais… « Venez sonner » y était inscrit. Y avait-il une cloche quelque part ? Elle n’en avait pas vu, ses yeux parcouraient la devanture quand ils se posèrent enfin sur une sorte de panneau muni de différents boutons positionné à côté de noms. Daroux… Murmura-t-elle en cherchant. Quand elle le trouva enfin, elle appuya sur le bouton correspondant. Mais rien ne semblait s’être passé.
Quelques secondes passèrent et Lorie se tourna vers une table occupée de la crêperie.
« Bonjour, veuillez m’excuser, mais savez vous s’il y a un problème avec… » Comment cela s’appelait déjà ? Elle montra du doigt l’interphone pour illustrer ses propos.
« Bonjour, l’interphone ? J’ai vu quelqu’un s’en servir il y a quelques minutes, il marchait très bien. »
« Merci » répondit-elle calmement. Lorie ré-appuya sur le bouton, mais rien ne se passa. Avait-elle détraqué le mécanisme ? Par chance un habitant de l’immeuble ouvrit la porte et Lorie en profita pour lui demander où elle pourrait trouver l’appartement des Daroux.
Désormais, au premier étage, devant la porte de droite, Lorie frappa à trois reprises sur celle-ci avant d’attendre que quelqu’un lui ouvre. Elle se tenait droite, les mains jointes devant elle. Elle réajusta une ou deux mèches de cheveux derrière ses oreilles. Même si sa coiffure était retenue par une broche des plus sophistiquées, quelques mèches s’étaient fait la malle lors du voyage.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Dans le grand salon attenant à l'entrée, inondé par la lumière du jour débordant des grandes fenêtres, Suzanne et sa meilleure amie du lycée Claire concevaient, mettaient en page, imprimaient et triaient des flyers sur l'ordinateur familial. La discussion entre les deux filles était intense et passionnée.
CLAIRE - Non mais l'important, c'est pas tellement le PIB. Faut surtout changer l'état d'esprit des gens. Ils doivent prennent conscience que dans un monde fini...
SUZANNE - ... la production ne peut pas être infinie.
CLAIRE - Et faut qu'ils se posent la question : pourquoi on prend en compte le produit intérieur brut et pas d'autres indicateurs comme le bonheur ou... ou l'équité sociale ?
SUZANNE - Y'a pas un pays qui fait ça ? Qui a remplacé le PIB par un truc comme le bonheur intérieur brut ?
CLAIRE - Oui. Le Bhoutan ! C'est entre l'Inde et le Tibet. Faut qu'on organise un voyage là-bas avec l'association.
SUZANNE - Oh, ce serait vraiment super !
ROBIN - Hé, vous pouvez pas arrêter votre bhoutan ? J'peux pas me concentrer.
Les deux filles se tournèrent vers la table basse de l'autre côté du salon. Assis sur la banquette attenante, Robin, 9 ans, avait les mains pleines de cartes Pokemon.
SUZANNE - Pardon Robin. J'oubliais que toi aussi, tu faisais une action très importante pour la préservation de la planète. Ranger ton Pokedex !
Claire et Suzanne échangèrent un sourire entendu avant de faire un fist bump. Robin, 9 ans, ne se laissa pas démonter.
ROBIN - Hmmm... j'peux savoir un truc ? Combien d'arbres sont morts pour imprimer vos affiches ?
SUZANNE - C'est du papier re-cy-clé, banane. Et tes cartes, on en parle ?
CLAIRE - Oui. Combien de plastique utilisé dans chaque booster et qui finit à la poubelle et dans l'estomac des poissons ?
ROBIN - ...
SUZANNE - Ben alors, Robinou-j'ai-toujours-raison, tu fais plus ton malin ?
ROBIN - Et votre voyage au Bhoutan, ça va consommer combien de - quelqu'un a frappé à la porte !
Robin posa ses cartes sur la table basse, à côté du Pokedex et se leva de la banquette pour trottiner jusqu'à l'entrée.
SUZANNE - Jolie esquive. T'as entendu frapper, toi ?
CLAIRE - Je crois, oui. C'est peut-être Nico ?
SUZANNE - Nooon. Nico le Grand, Nico le Raffiné, Nico le Merveilleux daignerait-il enfin nous faire la joie de son auguste présence ?
CLAIRE - Je sais que tu l'aimes pas mais laisse-lui une chance, Suze.
SUZANNE - J'aime pas ceux qui pètent plus haut que leur cul. Je suis vaccinée avec Olympia.
Robin tourna la poignée et ouvrit la porte sans défaire la chaine accrochée au loquet. Maman avait toujours été très claire là-dessus. On ne laissait entrer que les gens qu'on connaissait, surtout quand elle n'était pas là. Et en cas de problème, on allait déranger Papa.
Le petit Daroux laissa passer sa tête dans l’entrebâillement, ainsi qu'un bout de son t-shirt rouge. Sans rien dire, il observa la figure postée sur le pallier, la détailla des pieds à la tête avec circonspection et sans gêne. Du salon, la voix de Suzanne retentit : "C'est qui ?" Robin se pencha en arrière pour répondre bien fort : "C'est une fille en robe, elle est super jolie !" puis repassa sa tête à travers la porte. Il se mit à réfléchir à voix haute en regardant l'intruse : "Hmm... vous êtes pas dans la troupe de Maman. Vous venez pas faire de la pub. Vous êtes pas une amie de Suzanne. Vous êtes pas une amie de Fabrice, ça c'est sûr. Vous êtes peuuut-être une amie d'Olympia mais elle a dit à tous ses amis qu'elle était à Argeles donc non." Le garçon afficha un petit sourire en coin, un peu prétentieux mais surtout heureux de son petit jeu : "En plus vous êtes bien habillée et bien coiffée, vous devez être riche, et vous avez pas utilisé la sonnette. Vous êtes grande, je diraaais seize ans et Teilo en a douze mais... vous êtes quand même une amie de Teilo ! J'ai bon ?"
Il avait failli dire une sorcière, il avait même hésité à dire carrément Lorie Fleury mais chuuut, il fallait préserver le secret au cas ou il avait tort. Ceci dit, il était quand même assez sûr de son coup et c'était frustrant de ne pas pouvoir montrer à leur invitée à quel point il était doué. Surtout si c'était bien Lorie Fleury, la championne d'échecs dont son grand frère lui avait parlé.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Affichant un sourire Lorie ne releva pas le comportement du jeune garçon qu’elle observait par l’entrebâillement de la porte. Elle se contenta de lui afficher un sourire bienveillant et c’est seulement quand il eut fini qu’elle acquiesça avant de rompre son silence.
« Bonjour monsieur Daroux lui fit-elle accompagnant cette salutation d’une petite révérence en pinçant sa robe. Je suis Lorie Fleury, une amie de Teilo, et vous devez être… Le futur champion d’échec… Robin ? L’adolescente interrogea du regard le jeune garçon derrière la porte. Si elle ne se trompait pas, c’était pour lui qu’elle avait écrit ses conseils pour le tournoi. Est-ce que votre frère est là ? » Demanda-t-elle enfin d’une voix calme et mélodieuse comme à l’accoutumé.
Lorie n’avait aucune idée de ce qu’elle ferait si Teilo n’était pas ici, peut-être, pourrait-elle l’attendre si celui-ci ne s'était absenté pas trop longtemps. Dans le cas contraire… Cela serait fort problématique, après tout, elle était venue spécialement pour lui. Ceci dit, elle n’était pas contre l'idée de faire une partie d’échecs pour se dérouiller un peu. Même si à la base, elle n'était pas venue pour ça. Avec le tournoi, elle devait avoir perdu un peu de niveau, sûrement que battre des grands-maîtres serait très compliqué cet été, mais pas impossible.
Il ne restait plus qu’à attendre la réponse du garçon.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Robin était doublement content. Déjà, il avait eu raison, c'était bien Lorie Fleury. Trop simple ! Mais, comme si cela ne suffisait pas pour son ego, elle lui avait fait une révérence et l'avait même appelé par son futur titre de champion d'échec.
Il aimait bien cette fille.
"Oui, il est là ! Vous pouvez entrer !" lui répondit-il avec un petit sourire en défaisant la chaîne du loquet. La porte s'ouvrit en grand pour dévoiler à Lorie l'intérieur de l'appartement et son parquet en bois. A gauche, la cuisine, un peu exigüe avec ses nombreux placards et meubles, en bois aussi. A droite le salon, vaste, blanc mais chargé. De nombreuses affiches de théâtre étaient placardées aux murs. Des livres, des feuilles jonchaient la banquette, la table basse, la table à manger et le bureau où étaient affublées Suzanne et Claire, penchées sur l'ordinateur. Elles se tournèrent à l'unisson pour dévisager la nouvelle arrivante.
"Robin ?" s'enquit Suzanne d'un air retenu. Robin répondit avec allégresse : "C'est Lorie, elle est dans la même école de m- de danse que Teilo." "Ha." Suzanne s'était mise droite. Un peu tendue, elle ramena nerveusement une mèche de cheveux à l'arrière et rajusta le t-shirt qu'elle portait sur lequel était marqué Save the Earth en grosses lettres vertes sur fond blanc, avec une image de la terre bien bleue et bien ronde en dessous. "Euhh... bonjour. Suzanne. Grande sœur." Claire, les cheveux rouges et courts, portant tenue estivale à dominante jaune, semblait bien plus enthousiaste. Elle avait l’œil rieur. "Ha, toi aussi, tu vises Broadway ! Je suis pas fan des comédies musicales, mais j'aime bien Hair. Les hippies avaient déjà tout compris. Tu connais ? Laissons, laiiissons.... eeeeentreeeer le soleil, laissooooons laissoooons."
Elle chantait à gorge déployée en agitant gracieusement les bras. Claire était nature.
"Claire. Arrête." dit Suzanne en rougissant un peu. Elle évitait le regard de Lorie.
"Criiinge", commenta Robin dans un murmure. Il cherchait le regard de Lorie pour confirmer son impression. Claire se mit à rire et tapa sur l'épaule de Suzanne qui lui fit une grimace gênée en réponse. La grande sœur de Teilo se racla la gorge et se tourna vers Lorie. Toujours un peu rigide, elle ne pouvait s'empêcher de détailler du regard son accoutrement. "Vous voulez.. boire quelque-chose ? De l'eau, un coca, un café ? Vous devez venir de loin." "T'as pris le train, j'espère. C'est le transport qui a le meilleur bilan", précisa Claire, les yeux pétillants, en lui tendant un flyer sur le bilan énergétique de chaque transport en commun. Robin trottait déjà vers l'escalier en bois au fond du salon : "Je vais prévenir Teilo !"
Il aimait bien cette fille.
"Oui, il est là ! Vous pouvez entrer !" lui répondit-il avec un petit sourire en défaisant la chaîne du loquet. La porte s'ouvrit en grand pour dévoiler à Lorie l'intérieur de l'appartement et son parquet en bois. A gauche, la cuisine, un peu exigüe avec ses nombreux placards et meubles, en bois aussi. A droite le salon, vaste, blanc mais chargé. De nombreuses affiches de théâtre étaient placardées aux murs. Des livres, des feuilles jonchaient la banquette, la table basse, la table à manger et le bureau où étaient affublées Suzanne et Claire, penchées sur l'ordinateur. Elles se tournèrent à l'unisson pour dévisager la nouvelle arrivante.
"Robin ?" s'enquit Suzanne d'un air retenu. Robin répondit avec allégresse : "C'est Lorie, elle est dans la même école de m- de danse que Teilo." "Ha." Suzanne s'était mise droite. Un peu tendue, elle ramena nerveusement une mèche de cheveux à l'arrière et rajusta le t-shirt qu'elle portait sur lequel était marqué Save the Earth en grosses lettres vertes sur fond blanc, avec une image de la terre bien bleue et bien ronde en dessous. "Euhh... bonjour. Suzanne. Grande sœur." Claire, les cheveux rouges et courts, portant tenue estivale à dominante jaune, semblait bien plus enthousiaste. Elle avait l’œil rieur. "Ha, toi aussi, tu vises Broadway ! Je suis pas fan des comédies musicales, mais j'aime bien Hair. Les hippies avaient déjà tout compris. Tu connais ? Laissons, laiiissons.... eeeeentreeeer le soleil, laissooooons laissoooons."
Elle chantait à gorge déployée en agitant gracieusement les bras. Claire était nature.
"Claire. Arrête." dit Suzanne en rougissant un peu. Elle évitait le regard de Lorie.
"Criiinge", commenta Robin dans un murmure. Il cherchait le regard de Lorie pour confirmer son impression. Claire se mit à rire et tapa sur l'épaule de Suzanne qui lui fit une grimace gênée en réponse. La grande sœur de Teilo se racla la gorge et se tourna vers Lorie. Toujours un peu rigide, elle ne pouvait s'empêcher de détailler du regard son accoutrement. "Vous voulez.. boire quelque-chose ? De l'eau, un coca, un café ? Vous devez venir de loin." "T'as pris le train, j'espère. C'est le transport qui a le meilleur bilan", précisa Claire, les yeux pétillants, en lui tendant un flyer sur le bilan énergétique de chaque transport en commun. Robin trottait déjà vers l'escalier en bois au fond du salon : "Je vais prévenir Teilo !"
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie s’inclina en guise de remerciement et suivit le garçon, d’un pas assuré et rempli de grâce. Elle posa son regard bleu sur l’habitation, la décoration était très éloignée de ce qu’elle avait l’habitude de voir au château des Fleury. Pour autant, elle commençait à s’y habituer, tous ses amis ne jouissaient pas de la même fortune que ses parents avaient accumulée.
Lorsqu’elle pénétra dans le salon, le sillage de son parfum rattrapa la petite blonde qui observait les deux filles présentes. « Bonjour Suzanne, je suis enchantée » lui fit-elle en pinçant sa robe et s’inclinant. Ses yeux se posèrent sur Claire qui semblait danser et chanter dans la bonne humeur. Faisait-elle partie de la famille de Teilo ? Lorie avait un sérieux doute sur la question. Elle afficha un sourire à Suzanne. Elle semblait gênée de son comportement.
« J’ai fait le voyage depuis Cannes, puis je repartirai à Paris dans la journée… Je demanderai à ma tante de venir me chercher si cela ne vous dérange pas. Précisa Lorie avec un sourire chaleureux. Je ne sais pas ce qu’est un coca… Mais essayons cela. » Répondit-elle avec calme tout en prenant du bout des doigts le flyer que lui tendait Claire. Elle n’était pas certaine de comprendre ce que cela signifiait, mais quelque chose lui disait qu’elle devait rester prudente avec le secret. « Bonjour… La voiture, un chauffeur m'a déposé... Elle marqua un court silence avant de préciser. Mes parents aiment collectionner les bibelots… Qu’est-ce que le bilan ? » Questionna la blonde intriguée tandis qu’elle remercia Robin d’un petit signe de tête.
Ses yeux scrutaient le flyer qu’elle lisait avec attention.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Teilooooo ! Teilo ! T'as de la visite !" criait Robin en gravissant deux à deux les marches de l'escalier. "En voiture depuis Cannes ?" Claire afficha une moue désapprobatrice qu'elle fonda vite dans un sourire. "Au moins, t'es pas venue en jet privé comme certains." Suzanne était déjà partie dans la cuisine et ouvrait le frigo en haussant les épaules. Pourquoi ça les dérangerait que la tante de Lorie vienne la récupérer ? "Tu ne connais pas le coca ? Ouah. Faut sortir un peu. T'es à l'internat depuis ta naissance ou quoi ?" "C'est une blague, Claire", s'empressa de répondre Suzanne avec un petit rire nerveux.
"Tout le monde connait le coca-cola", précisa-t-elle avec un regard entendu pour Lorie. Elle tira du frigo une bouteille de coca bien frais, retourna un verre posé sur l'évier et déversa le liquide marron et bulleux dedans. Claire observait Lorie lire le papier qu'elle lui avait tendu, et même si sa moue se faisait plus circonspecte, ses yeux verts pétillaient toujours. "C'est un flyer, pas un bibelot. Dessus, tu as l'empreinte carbone des moyens de transport les plus courants : le train, le bateau, l'avion, le vélo, la voiture et bien sûr à pied ! C'est calculé par personne et par kilomètre. Les gens ne se rendent pas toujours compte du mal qu'ils font à la planète. Avec Suzanne, on va descendre en distribuer dans la rue. Je t'aurais bien proposé de venir mais je suppose que tu préfères voir Teilo." Elle avait laissé un léger soupir planer sur sa dernière phrase. "Oui, elle préfère voir Teilo", confirma Suzanne en revenant verre en main. Elle tendit celui-ci à Lorie en précisant, les joues un peu rouges : "Pardon. J'ai oublié de dire que Claire est une amie."
Des poc-poc retentissaient à l'étage, suivis par des bruits de pas rapides. Robin fut le premier à réapparaître en haut de l'escalier. "Il arrive !" "Robin, dis-lui d'aller doucement !" "Teilo, Suzanne dit que tu dois aller moins vite !" Ça ne semblait pas ralentir la vitesse des poc-poc. Suzanne soupira et fit un petit sourire gêné à Lorie : "Mon casse-cou de frère a eu un petit accident." "Pauvre bout-d'chou", commenta Claire en tournant la tête vers l'escalier.
Bientôt apparut le bout d'une béquille, puis une autre, puis un pied chaussé d'une basket bleue, puis l'autre, engoncé dans un plâtre bleu qui laissait passer juste les orteils et remontait jusqu'au bas du genou. "Lorie ?" lançait une voix aigüe et pleine d'espoir. Teilo s'arrêta au milieu de l'escalier pour reprendre son souffle. Il était coiffé plus court qu'à Beauxbâtons mais quand même décoiffé. Sa tête se tourna vers le salon en contrebas et il la vit. Ses lèvres s'étirèrent aussitôt et son visage fatigué s'éclaira. "C'est bien toi ! C'est pas une blague !" C'était Lorie. Elle était venue chez lui !
Robin était resté en haut de l'escalier et avait passé ses jambes de chaque côté d'un pilier de la rambarde pour les suspendre dans le vide. Il regardait avec intérêt Teilo descendre bien trop vite l'escalier dans son t-shirt rayé de bleu et de blanc et son short écru.
Teilo, comme sous le coup des effets d'une infusion vivicroquante, allait si vite qu'il faillit faire déraper ses béquilles dans les dernières marches. "Doucement, on t'a dit !" râla Suzanne.
"Tout le monde connait le coca-cola", précisa-t-elle avec un regard entendu pour Lorie. Elle tira du frigo une bouteille de coca bien frais, retourna un verre posé sur l'évier et déversa le liquide marron et bulleux dedans. Claire observait Lorie lire le papier qu'elle lui avait tendu, et même si sa moue se faisait plus circonspecte, ses yeux verts pétillaient toujours. "C'est un flyer, pas un bibelot. Dessus, tu as l'empreinte carbone des moyens de transport les plus courants : le train, le bateau, l'avion, le vélo, la voiture et bien sûr à pied ! C'est calculé par personne et par kilomètre. Les gens ne se rendent pas toujours compte du mal qu'ils font à la planète. Avec Suzanne, on va descendre en distribuer dans la rue. Je t'aurais bien proposé de venir mais je suppose que tu préfères voir Teilo." Elle avait laissé un léger soupir planer sur sa dernière phrase. "Oui, elle préfère voir Teilo", confirma Suzanne en revenant verre en main. Elle tendit celui-ci à Lorie en précisant, les joues un peu rouges : "Pardon. J'ai oublié de dire que Claire est une amie."
Des poc-poc retentissaient à l'étage, suivis par des bruits de pas rapides. Robin fut le premier à réapparaître en haut de l'escalier. "Il arrive !" "Robin, dis-lui d'aller doucement !" "Teilo, Suzanne dit que tu dois aller moins vite !" Ça ne semblait pas ralentir la vitesse des poc-poc. Suzanne soupira et fit un petit sourire gêné à Lorie : "Mon casse-cou de frère a eu un petit accident." "Pauvre bout-d'chou", commenta Claire en tournant la tête vers l'escalier.
Bientôt apparut le bout d'une béquille, puis une autre, puis un pied chaussé d'une basket bleue, puis l'autre, engoncé dans un plâtre bleu qui laissait passer juste les orteils et remontait jusqu'au bas du genou. "Lorie ?" lançait une voix aigüe et pleine d'espoir. Teilo s'arrêta au milieu de l'escalier pour reprendre son souffle. Il était coiffé plus court qu'à Beauxbâtons mais quand même décoiffé. Sa tête se tourna vers le salon en contrebas et il la vit. Ses lèvres s'étirèrent aussitôt et son visage fatigué s'éclaira. "C'est bien toi ! C'est pas une blague !" C'était Lorie. Elle était venue chez lui !
Robin était resté en haut de l'escalier et avait passé ses jambes de chaque côté d'un pilier de la rambarde pour les suspendre dans le vide. Il regardait avec intérêt Teilo descendre bien trop vite l'escalier dans son t-shirt rayé de bleu et de blanc et son short écru.
Teilo, comme sous le coup des effets d'une infusion vivicroquante, allait si vite qu'il faillit faire déraper ses béquilles dans les dernières marches. "Doucement, on t'a dit !" râla Suzanne.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie resta silencieuse aux remarques de la fille aux cheveux rouges. Le jet privé… Son père en avait, mais, depuis le divorce avec sa mère, il s’était bien gardé de leur laisser. L'adolescente ouvrit la bouche, mais fut coupée par Suzanne avant de continuer. Accrochant son regard, tout le monde semblait connaître la boisson. Elle ne se rappelait pas d'une seule réception, même en présence de non-maj’ qui avaient eut du coca ou coca-cola parmi les bouteilles. « Merci » Lorie attrapa le verre qu’on lui tendit et le scruta. Cela ressemblait à une potion… Même la couleur était étrange. Elle porta le verre devant ses yeux pour l’analyser au soleil et sortit de sa pochette, une paires de baguette chinoise. Elle plongea celles-ci dans la boisson et touilla légèrement, puis les extirpa du verre. Quand elles furent sèches, Lorie les rangea dans sa pochette. « Hm… » Laissa-t-elle entendre. Si poison il y avait, poison n’était plus !
« Je parlais de la voiture pour le bibelot… » Précisa Lorie qui observait la fille en face d’elle. Le reste interpella l’adolescente qui n’avait jamais entendu parler de près ou de loin d’empreinte carbone. « L’empreinte carbone ? » Se questionna-t-elle avant de tourner ses yeux bleus sur Suzanne. Voilà qui expliquait tout, Claire était une non-maj’ dans l’ignorance… La bonne nouvelle, c’est qu’elle avait des choses prévues et que Lorie serait bientôt tranquille pour discuter de façon plus normale. « Je viens en effet pour voir Teilo » finit-elle par dire à l’attention de Claire. « Navrée... Mais je ne doute pas que votre distribution serait intéressante à suivre » Lorie porta le verre jusqu’à ses lèvres et goutta la boisson étrange. « Par mer… Tous les dieux, c’est… C’est sucré… » Dit-elle en offrant un sourire à Suzanne.
Le regard de Lorie fut happé, vers l’escalier. Elle entendit la voix de Teilo et afficha un sourire alors qu’elle initia un mouvement vers l’avant. La sorcière déposa le verre sur la table basse et continua son chemin vers l’escalier. « C'est bien moi » Le son de ses talons sur le parquet accompagnait sa démarche élégante. Quand elle fut en bas des marches, elle posa son regard sur son ami. « Bonjour Teilo lui fit-elle avec un air complice. Joli plâtre… » Commenta la blonde qui commençait à analyser ce qui avait bien pu se passer. Si fracture, il y avait, Teilo n’aurait plus de plâtre d’ici la fin de cette journée… Lorie n’avait même pas eu le temps de venir l’aider que Teilo était déjà devant elle. « Tiens mange ça » finit-elle par lui dire en lui tendant un sucre d’ogre qu’elle venait de sortir de sa pochette. Il ne restait plus qu’à l’aider à marcher jusqu’à un endroit confortable pour s’y asseoir.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Suzanne souriait en voyant Lorie examiner et touiller le verre de coca comme une scientifique devant une expérience. "Je suis d'accord, il y a bien trop de sucre", confirma-t-elle. Elle sourit de plus belle à l'expression 'par tous les dieux'. Personne ne parlait comme ça ! Quand à Claire, elle trouvait juste tout ça un peu bizarre mais ça ne la dérangeait pas. Des gens bizarres, un peu décalés, elle en côtoyait tous les jours. "Dommage, tu sais pas ce que tu rates", fit-elle dans une ultime tentative pour la convaincre de se joindre à elles, tentative qu'elle savait futile. Lorie n'avait déjà plus d'yeux que pour le petit frère de Suze. "Faut qu'on s'arrache", glissa-t-elle doucement à son amie. "Attends", répondit Suzanne, curieuse comme Robin de la scène qui se jouait devant ses yeux.
En bas des marches, appuyé sur ses béquilles, Teilo leva le plus possible son pied gauche plâtré pour que Lorie puisse mieux le voir. "Ouais, t'as vu comme il est beau ? Après c'est normal, il est bleu ! Oh, toi aussi faut que t'écrives un truc dessus." Pour l'instant, seule sa famille avait mis des inscriptions. Depuis six jours qu'il était plâtré, il avait parfois eu des petits coups de mou. Ça avait changé tous ses plans pour les vacances ! Mais à chaque fois qu'il ne se sentait pas au top, il regardait les messages d'encouragement sur son plâtre et ça lui redonnait un bon coup de boost.
Comme il était appuyé sur ses béquilles, il pencha goulument la tête en avant pour saisir entre ses dents le bonbon que Lorie lui tendait. Tout en mâchonnant, il exulta : "Hmm, cha m'avait manqué. Cha fait dix chours que ch'en ai plus !" "Oooo-k", murmurait Suzanne, perplexe. Elle voyait souvent Teilo heureux, c'était presque naturel chez lui, mais là... Elle voyait la grande fille guider Teilo avec attention vers la grande banquette comme le ferait une vraie grande sœur, elle voyait Teilo visiblement aux anges d'être ainsi choyé. Une petit boule se forma dans sa gorge.
"Oh, bonchour Claire !" glissa Teilo avec un grand sourire pour l'amie de Suzanne, comme s'il venait à peine de se rendre compte de sa présence. Claire lui répondit par un mouvement de main. Les dents serrés, il s'assit sur le bord de la banquette le temps de poser ses béquilles à portée de main, puis pivota et usa de ses bras pour bien caler son dos au fond. Le haut de sa jambe blessée reposait sur la banquette, son pied restait en l'air. C'était parfait, enfin... aussi parfait que possible. Il souffla longuement et adressa un "merci" tout souriant à Lorie. Puis il lui fit une petite grimace.
"Désolé... si t'es venue pour la visite guidée de Lyon, ça va être un tout p'tit peu compliqué. Mais je suis quand même très content de te voir ! Tu vas bien ? Et Pensée ? Et Elina ? C'est pas trop dur au château ?" "On y va, nous. Teilo, ça va aller ?" interrompit la voix de sa sœur. Teilo leva la tête. Suzanne et Claire étaient déjà à la porte, flyers sous le bras. Il leva un pouce en l'air, le visage vaillant. "Bien sûr ! Bisou !" "Au revoir, Lorie." "Au revoir tout le monde ! Souhaitez nous bonne chance !" "Bonne chaaaance", ânonna Robin qui était descendu dare-dare de l'escalier pour s'installer en tailleur sur la banquette, pas trop loin de son frère.
En bas des marches, appuyé sur ses béquilles, Teilo leva le plus possible son pied gauche plâtré pour que Lorie puisse mieux le voir. "Ouais, t'as vu comme il est beau ? Après c'est normal, il est bleu ! Oh, toi aussi faut que t'écrives un truc dessus." Pour l'instant, seule sa famille avait mis des inscriptions. Depuis six jours qu'il était plâtré, il avait parfois eu des petits coups de mou. Ça avait changé tous ses plans pour les vacances ! Mais à chaque fois qu'il ne se sentait pas au top, il regardait les messages d'encouragement sur son plâtre et ça lui redonnait un bon coup de boost.
Comme il était appuyé sur ses béquilles, il pencha goulument la tête en avant pour saisir entre ses dents le bonbon que Lorie lui tendait. Tout en mâchonnant, il exulta : "Hmm, cha m'avait manqué. Cha fait dix chours que ch'en ai plus !" "Oooo-k", murmurait Suzanne, perplexe. Elle voyait souvent Teilo heureux, c'était presque naturel chez lui, mais là... Elle voyait la grande fille guider Teilo avec attention vers la grande banquette comme le ferait une vraie grande sœur, elle voyait Teilo visiblement aux anges d'être ainsi choyé. Une petit boule se forma dans sa gorge.
"Oh, bonchour Claire !" glissa Teilo avec un grand sourire pour l'amie de Suzanne, comme s'il venait à peine de se rendre compte de sa présence. Claire lui répondit par un mouvement de main. Les dents serrés, il s'assit sur le bord de la banquette le temps de poser ses béquilles à portée de main, puis pivota et usa de ses bras pour bien caler son dos au fond. Le haut de sa jambe blessée reposait sur la banquette, son pied restait en l'air. C'était parfait, enfin... aussi parfait que possible. Il souffla longuement et adressa un "merci" tout souriant à Lorie. Puis il lui fit une petite grimace.
"Désolé... si t'es venue pour la visite guidée de Lyon, ça va être un tout p'tit peu compliqué. Mais je suis quand même très content de te voir ! Tu vas bien ? Et Pensée ? Et Elina ? C'est pas trop dur au château ?" "On y va, nous. Teilo, ça va aller ?" interrompit la voix de sa sœur. Teilo leva la tête. Suzanne et Claire étaient déjà à la porte, flyers sous le bras. Il leva un pouce en l'air, le visage vaillant. "Bien sûr ! Bisou !" "Au revoir, Lorie." "Au revoir tout le monde ! Souhaitez nous bonne chance !" "Bonne chaaaance", ânonna Robin qui était descendu dare-dare de l'escalier pour s'installer en tailleur sur la banquette, pas trop loin de son frère.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie acquiesça, c’est vrai qu’il était beau. Elle se rappelait que parfois, elle ajustait son charme de l’attelle pour le rendre plus joyeux également. Mais une question ne tarda pas à venir dans sa tête, pourquoi par la barbe de Merlin n’étaient-ils pas allés à l’hôpital du Port au Plâtre ? Quoi qu’il en fût, elle l’observa avec sa joie de vivre habituelle. Le sucre d’ogre semblait lui avoir fait plaisir et c’était une très bonne chose pour la blonde qui l’aidait à marcher jusqu’à la banquette.
Elle prit place à côté de lui dans une posture de princesse et afficha une tête un peu plus sérieuse. « Ce n’est pas grave pour la visite, ma mère est toujours insupportable… Nous allons passer le reste de l’été chez ma tante. » Lorie se rapprocha alors de Teilo, elle avait complétement oublié les autres Daroux autour d’elle. « Attends Suzanne et… Au revoir Claire » lui dit-elle en lui offrant un regard désolé et un sourire forcé.
Lorie prit les mains de Teilo entre les siennes. Elle semblait chercher les mots adéquats… « Teilo écoute… Sa gorge s’était pincée sur la fin. Pensée est dans le coma… » Les yeux de Lorie étaient submergés par l’émotion, mais aucune larme ne coula. Elle essayait tant bien que mal de garder la face, guettant les réaction de son ami. Elle se doutait que la nouvelle était dur à encaisser.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Les sourcils froncés, Teilo s'attendait à une mauvaise nouvelle. Lorie lui avait pris les mains et avait soudain l'air très triste. Sa maman avait fait pareil juste avant de lui annoncer que Mamie était partie, il y a un an à peine.
Peut-être que le chat que Lorie leur avait caché toute l'année était mort ? Peut-être que les Fleury déménageaient dans un autre pays et changeaient d'école ? Quoi qu'il en soit, il devait se préparer. Le garçon prit une courte inspiration pour se donner du courage. Il serait fort, cette fois.
Quand la nouvelle tomba, il resta muet et immobile quelques secondes. Puis il cligna une fois des yeux et fronça les sourcils. "Quoi ?" Il avait très bien entendu, Pensée était dans le coma. Il voulut ajouter 'c'est une blague ?' mais Lorie n'était pas assez cruelle pour lui faire ce genre de farce.
La main sur la porte, Suzanne voyait de loin le visage de son petit frère se décomposer. Elle échangea un regard rapide avec Claire et lui posa une main sur l'épaule. "D'accord. A tout à l'heure", lui répondit la fille aux cheveux rouges. Suzanne se dépêcha de fermer la porte derrière son amie et d'accourir à droite de Teilo, au coin de la banquette. Elle jeta pêle-mêle les flyers au sol. De quel droit cette fille débarquait chez eux pour annoncer à son frère une aussi horrible nouvelle ? Sans même prévenir leurs parents d'abord ? Et avec Robin juste à côté ? Il était futé pour son âge mais il n'avait quand même que 9 ans ! "Non mais tu te prends pour qui ?" fulminait-elle, le regard mauvais. Elle savait très bien qui était Pensée, Teilo avait parlé d'elle plusieurs fois depuis son retour. "C'est pour ça que tu es venue ? Je m'en fous que tu sois une sorcière, t'as intérêt à-" "Suzanne, arrête." "Tais-toi, Teilo." "C'est sa sœur !" Teilo avait dit ça d'un air terrifié. Suzanne déglutit, les dents toujours serrées. Sur le coup de l'énervement, elle avait oublié ce petit détail. "Pardon", maugréa-t-elle. "Mais quand même..."
"Et c'est mon amie", compléta Teilo dans un souffle, les yeux toujours braqués sur Lorie.
Robin, assis en tailleur de l'autre côté de Teilo, mâchouillait sa lèvre en réfléchissant, les yeux dans le vague. Il se remémorait à voix haute la définition qu'il avait lu dans le dictionnaire. "Ça veut dire qu'elle est pas consciente. Elle entend rien, elle voit rien et elle ressent rien. Mais souvent, ça dure pas longtemps." Il chercha son frère du regard en espérant que ça pouvait aider mais Teilo ne semblait même pas l'écouter. Il était comme... cryogénisé sur la banquette. "Pourquoi ?" finit par dire le Lug d'une voix bien trop haute. Il avait le cerveau gelé, le souffle court et ses grands yeux semblaient fixés sur Lorie pour toujours. Il avait envie de lui dire d'être forte, qu'il était là pour elle comme il le lui avait promis, mais il ne pouvait pas. Il n'avait qu'une question en tête, toujours la même sous différentes formes. "Qu'est-ce qui s'est passé ?"
Les trois Daroux en face de Lorie attendaient la réponse. Robin se mordait la lèvre très fort et Suzanne croisait les bras, l'air préoccupé. Teilo, lui, savait déjà qu'il n'allait pas pouvoir s'empêcher de perdre ses moyens, encore une fois. Ce n'était qu'une question de secondes.
Peut-être que le chat que Lorie leur avait caché toute l'année était mort ? Peut-être que les Fleury déménageaient dans un autre pays et changeaient d'école ? Quoi qu'il en soit, il devait se préparer. Le garçon prit une courte inspiration pour se donner du courage. Il serait fort, cette fois.
Quand la nouvelle tomba, il resta muet et immobile quelques secondes. Puis il cligna une fois des yeux et fronça les sourcils. "Quoi ?" Il avait très bien entendu, Pensée était dans le coma. Il voulut ajouter 'c'est une blague ?' mais Lorie n'était pas assez cruelle pour lui faire ce genre de farce.
La main sur la porte, Suzanne voyait de loin le visage de son petit frère se décomposer. Elle échangea un regard rapide avec Claire et lui posa une main sur l'épaule. "D'accord. A tout à l'heure", lui répondit la fille aux cheveux rouges. Suzanne se dépêcha de fermer la porte derrière son amie et d'accourir à droite de Teilo, au coin de la banquette. Elle jeta pêle-mêle les flyers au sol. De quel droit cette fille débarquait chez eux pour annoncer à son frère une aussi horrible nouvelle ? Sans même prévenir leurs parents d'abord ? Et avec Robin juste à côté ? Il était futé pour son âge mais il n'avait quand même que 9 ans ! "Non mais tu te prends pour qui ?" fulminait-elle, le regard mauvais. Elle savait très bien qui était Pensée, Teilo avait parlé d'elle plusieurs fois depuis son retour. "C'est pour ça que tu es venue ? Je m'en fous que tu sois une sorcière, t'as intérêt à-" "Suzanne, arrête." "Tais-toi, Teilo." "C'est sa sœur !" Teilo avait dit ça d'un air terrifié. Suzanne déglutit, les dents toujours serrées. Sur le coup de l'énervement, elle avait oublié ce petit détail. "Pardon", maugréa-t-elle. "Mais quand même..."
"Et c'est mon amie", compléta Teilo dans un souffle, les yeux toujours braqués sur Lorie.
Robin, assis en tailleur de l'autre côté de Teilo, mâchouillait sa lèvre en réfléchissant, les yeux dans le vague. Il se remémorait à voix haute la définition qu'il avait lu dans le dictionnaire. "Ça veut dire qu'elle est pas consciente. Elle entend rien, elle voit rien et elle ressent rien. Mais souvent, ça dure pas longtemps." Il chercha son frère du regard en espérant que ça pouvait aider mais Teilo ne semblait même pas l'écouter. Il était comme... cryogénisé sur la banquette. "Pourquoi ?" finit par dire le Lug d'une voix bien trop haute. Il avait le cerveau gelé, le souffle court et ses grands yeux semblaient fixés sur Lorie pour toujours. Il avait envie de lui dire d'être forte, qu'il était là pour elle comme il le lui avait promis, mais il ne pouvait pas. Il n'avait qu'une question en tête, toujours la même sous différentes formes. "Qu'est-ce qui s'est passé ?"
Les trois Daroux en face de Lorie attendaient la réponse. Robin se mordait la lèvre très fort et Suzanne croisait les bras, l'air préoccupé. Teilo, lui, savait déjà qu'il n'allait pas pouvoir s'empêcher de perdre ses moyens, encore une fois. Ce n'était qu'une question de secondes.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
La mâchoire de la blonde se serra. Elle était loin de se douter que la grande sœur allait réagir de la sorte Quand Lorie lui avait dit d’attendre, c’était bel et bien parce qu’elle sentait que sa présence pouvait être bénéfique pour Teilo. Lorie ferma les yeux, se contenant le temps que la tempête passe. Lorsqu’elle les rouvrit, elle posa son regard sur Suzanne. Un regard lourd et pourtant compréhensif. Lorie resta silencieuse, calme malgré le torrent d’émotion qui venait la traverser. La bonne nouvelle était qu’elle avait eu raison, Suzanne serait là pour son frère. La blonde prit une longue inspiration en écoutant Robin. Le réentendre était une épreuve, mais oui il avait raison. Elle lui accorda un signe de tête résilié.
« Elle a voulu monter les abraxan du château hier dans la nuit… On ne sait pas pourquoi elle a fait ça, mais ça a mal tourné… » Ce n’était pas pour rien qu’il était interdit de monter les chevaux ailés de l’académie avant les quatorze ans. « Teilo, je sais que c’est une nouvelle difficile, mais ça s’arrangera d’accord ? Fais-moi confiance… Pensée est l’une des descendantes du chevalier aux fleurs... du chevalier Perceval… Précisa-t-elle. C’est une battante. » Elle ne savait pas si cette phrase allait avoir l’effet escompté, mais Teilo devait comprendre qu’elle allait se réveiller un jour ou l’autre.
La main légèrement tremblante Lorie tapota sur celles de Teilo et lui adressa un sourire qui se voulait rassurant. Après tout, c’était sa petite sœur, elle allait forcément se réveiller, reprendre conscience. Lorie claqua des doigts devant sa pochette et un carré de soie fut expulsé comme par magie. Elle l’attrapa au vol et le déplia pour se tapoter sous les yeux. La blonde prit une autre inspiration et plaça sa main sur le cœur du garçon. « Elle t’apprécie plus que tout et je ne l’ai jamais vu aussi passionnée lorsqu’elle parle de toi. Lorie marqua un silence. Elle t’a envoyé une lettre par voie postale, si tu souhaites lui répondre, je lui déposerai tous tes courriers sur son chevet, comme ça à son réveil elle pourra les lires. » Lorie afficha un sourire, imaginer simplement ce petit geste était comme un petit rayon de soleil.
Puis son regard se posa à nouveau sur le plâtre. Lorie se mit à fouiller dans son sac. Elle devait forcément avoir une fiole de potion dans celle-ci.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Les abraxans ? Mais.. pourquoi elle avait voulu monter sur un abraxan ? se demandait Teilo. Les pensées, les hypothèses fusaient maintenant dans sa tête et les larmes commençaient à monter. Elle avait voulu fuir parce que son père lui avait encore dit de lécher du savon ? Elle voulait aller là-haut comme elle avait fait une fois sur son balai ? Pourquoi Lorie ne l'avait pas empêchée ? Pourquoi personne ne l'avait empêchée ? C'était de sa faute à lui aussi. Quand, dans le labyrinthe, elle lui avait raconté l'histoire de son vol haut, très haut dans le ciel, il ne lui avait même pas dit que c'était trop dangereux et qu'elle ne devait surtout pas recommencer. Non, il avait juste trouvé ça super. Il s'était même imaginé faire la même chose.
En fait, c'était pas super. Enfin si. C'était super nul !
Robin et Suzanne regardaient leur frère pleurer doucement. Suzanne laissa échapper un petit soupir par le nez. Elle connaissait bien ce visage, ces sourcils froncés, ces dents serrées derrière des lèvres pincées : son andouille de frère se considérait responsable, comme à chaque fois que quelque chose de grave arrivait. Elle allait lui prendre la tête entre les mains et lui dire que non, il n'y était pour rien, elle allait lui répéter jusqu'à ce que ça imprime mais Lorie fut plus rapide. Ok, cette méthode semblait fonctionner aussi. Teilo écarquillait les yeux, c'était déjà mi-
"Hein ? Perceval ?"
Elle pouffa nerveusement, cligna des yeux et... cligna encore des yeux, interdite.
"Perceval, le chevalier du Roi Arthur ?" précisa Robin, la tête penchée sur la droite. Lui aussi semblait abasourdi par cette révélation et commençait à gigoter sur la banquette, l'air pensif. "C'est un des chevaliers de la Table Ronde. Fabrice adore cette histoire !" Teilo avait baissé les yeux vers son pied plâtré. "Sauf que celle-là, elle est vraie." En disant ça, il sentit des picotements dans son ventre et dans son dos, ça lui donnait froid et chaud en même temps. Il releva la tête vers Lorie. Elle aussi, elle descendait de Perceval ! Par Merlin ! Il savait depuis longtemps que Lorie était spéciale. Il l'avait deviné, il lui avait même dit dans sa lettre ! Et elle lui avait répondu que non. C'était ça, le secret qu'elle voulait à tout prix garder pour les protéger ?
Il vit s'éloigner Suzanne en direction de l'ordinateur mais la main de Lorie sur sa poitrine le fit revenir à elle. Il sentait son cœur battre fort et vite contre sa poitrine et contre sa main. Les mots de Lorie, ce que Pensée pensait de lui, ça ne l'étonnait pas. S'il était étonné, c'était de le savoir déjà.
Teilo déglutit. Sa gorge était super sèche, il aurait bien pris un coca. La proposition de la grande soeur lui convenait et il hocha doucement la tête. Peut-être qu'il était impuissant, qu'il ne pouvait rien faire pour Pensée sinon attendre qu'elle aille mieux. Peut-être que, dans un monde où les mots avaient un vrai pouvoir, il pouvait l'aider. C'était sans doute ridicule mais Teilo avait l'habitude du ridicule. Ça ne l'empêcherait pas d'essayer.
"La table ronde, le Graal, tout ça c'est des légendes. C'est pas vrai", intervint Suzanne. Assise à l'ordinateur, elle avait fait pivoter son siège pour se retourner vers eux. Sur l'écran à fond blanc, il y avait une page Wikipedia dont le titre était Perceval. "Ah oui ? Et la magie, ça existe pas ?" répondit Robin d'un air de défi en croisant les bras. Il était visiblement agacé par sa grande sœur. "Si mais... Rah." Elle se leva et soupira ostensiblement, les yeux au plafond. "C'est too much, ok ? Too much !" Puis elle avisa Lorie qui fouillait dans son sac, soupira encore et s'approcha d'elle avec précaution.
"Qu'est ce que tu fais ?" demanda-t-elle les yeux plissés. Cette étrange, très étrange fille l'intriguait et l'inquiétait en même temps. Elle n'aimait pas être dépassée. Un coup d’œil rapide à Teilo la rassura : au moins, son frère avait arrêté de pleurer. Il semblait plongé dans ses pensées.
En fait, c'était pas super. Enfin si. C'était super nul !
Robin et Suzanne regardaient leur frère pleurer doucement. Suzanne laissa échapper un petit soupir par le nez. Elle connaissait bien ce visage, ces sourcils froncés, ces dents serrées derrière des lèvres pincées : son andouille de frère se considérait responsable, comme à chaque fois que quelque chose de grave arrivait. Elle allait lui prendre la tête entre les mains et lui dire que non, il n'y était pour rien, elle allait lui répéter jusqu'à ce que ça imprime mais Lorie fut plus rapide. Ok, cette méthode semblait fonctionner aussi. Teilo écarquillait les yeux, c'était déjà mi-
"Hein ? Perceval ?"
Elle pouffa nerveusement, cligna des yeux et... cligna encore des yeux, interdite.
"Perceval, le chevalier du Roi Arthur ?" précisa Robin, la tête penchée sur la droite. Lui aussi semblait abasourdi par cette révélation et commençait à gigoter sur la banquette, l'air pensif. "C'est un des chevaliers de la Table Ronde. Fabrice adore cette histoire !" Teilo avait baissé les yeux vers son pied plâtré. "Sauf que celle-là, elle est vraie." En disant ça, il sentit des picotements dans son ventre et dans son dos, ça lui donnait froid et chaud en même temps. Il releva la tête vers Lorie. Elle aussi, elle descendait de Perceval ! Par Merlin ! Il savait depuis longtemps que Lorie était spéciale. Il l'avait deviné, il lui avait même dit dans sa lettre ! Et elle lui avait répondu que non. C'était ça, le secret qu'elle voulait à tout prix garder pour les protéger ?
Il vit s'éloigner Suzanne en direction de l'ordinateur mais la main de Lorie sur sa poitrine le fit revenir à elle. Il sentait son cœur battre fort et vite contre sa poitrine et contre sa main. Les mots de Lorie, ce que Pensée pensait de lui, ça ne l'étonnait pas. S'il était étonné, c'était de le savoir déjà.
Teilo déglutit. Sa gorge était super sèche, il aurait bien pris un coca. La proposition de la grande soeur lui convenait et il hocha doucement la tête. Peut-être qu'il était impuissant, qu'il ne pouvait rien faire pour Pensée sinon attendre qu'elle aille mieux. Peut-être que, dans un monde où les mots avaient un vrai pouvoir, il pouvait l'aider. C'était sans doute ridicule mais Teilo avait l'habitude du ridicule. Ça ne l'empêcherait pas d'essayer.
"La table ronde, le Graal, tout ça c'est des légendes. C'est pas vrai", intervint Suzanne. Assise à l'ordinateur, elle avait fait pivoter son siège pour se retourner vers eux. Sur l'écran à fond blanc, il y avait une page Wikipedia dont le titre était Perceval. "Ah oui ? Et la magie, ça existe pas ?" répondit Robin d'un air de défi en croisant les bras. Il était visiblement agacé par sa grande sœur. "Si mais... Rah." Elle se leva et soupira ostensiblement, les yeux au plafond. "C'est too much, ok ? Too much !" Puis elle avisa Lorie qui fouillait dans son sac, soupira encore et s'approcha d'elle avec précaution.
"Qu'est ce que tu fais ?" demanda-t-elle les yeux plissés. Cette étrange, très étrange fille l'intriguait et l'inquiétait en même temps. Elle n'aimait pas être dépassée. Un coup d’œil rapide à Teilo la rassura : au moins, son frère avait arrêté de pleurer. Il semblait plongé dans ses pensées.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
La fiole de potion en main Lorie posa son regard sur Suzanne. Elle comprenait que cela pouvait être difficile pour elle de comprendre, Lorie elle-même avait provoqué la grande Olympe Maxime quand elle lui avait parlé d'anneau de chevalerie. « Moi aussi, je pensais à tort que les légendes n'étaient pas vraies. Elle marqua un silence. La magie à son lot de surprise, même pour les sorciers. » Finit-elle par dire avec un léger sourire. Lorie reporta son attention sur Teilo qui avait une petite mine. Comment ne pas l'avoir dans ces circonstances. Il était courageux, et la blonde était persuadée que cacher la réalité n'aurait été bon pour personne.
Ses yeux se tournèrent vers le regard plissé de la grande sœur. « Mais pour répondre à ta question, je soigne ton frère et si ça peut te rassurer, je n'utilise que la magie blanche. » Finalement, elle tendit la fiole à Teilo. Il devait être habitué maintenant, elle savait qu'il avait déjà fait des séjours au dispensaire. Mais avant qu'il ne l'attrape elle rapprocha la fiole d'elle l'en empêchant. « Rassure-moi… On parle bien d'un os brisé ? » En un simple regard, elle eut la confirmation. Elle commençait à bien comprendre les expressions des gens et il fallait avouer que ses sens du diagnostic s'affinaient d'année en année. « Parfait, bois ça… Cela devrait te remettre sur pied d'ici quelques minutes… » Lorie ne savait même plus combien de potion, elle avait bu l'an dernier. Mais elle devait en avoir pris une bonne demi-douzaine, ou peut-être même une dizaine et de ce fait elle avait fait les stocks avant de partir en vacances. Bien sûr, les potions n'étaient pas éternelles, mais elle imaginait facilement pouvoir en refaire chez sa tante.
« Si tu le souhaites, je peux rester quelques jours... à la base je ne venais pas pour t'annoncer ça mais pour accompagner Pensée… J’arriverais bien à trouver un hôtel et des boutiques pour trouver de quoi m'habiller… Si tu as des questions surtout n’hésite pas, j’y répondrais… Sauf si j’estime que cela peut te mettre en danger. » Finit-elle par préciser juste au cas où. Les histoires de mages noirs ou encore de salle à double tour corrompu, il devrait attendre un peu avant de les entendre.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Teilo...." prévint Suzanne. Teilo débouchait déjà la fiole que Lorie lui avait tendu et la portait à ses lèvres sans un regard pour sa sœur. "Teilo, Maman va péter un câble si tu-" Teilo avala d'une traite le contenu de la fiole et la reposa, vidée, sur la banquette. "Booon", souffla Suzanne d'un air résigné. Elle se doutait bien que Lorie avait de bonnes intentions mais ce n'était pas elle qui allait gérer leur génitrice après coup, ni expliquer à tous les non initiés autour d'eux pourquoi (et surtout comment) Teilo avait instantanément guéri d'une double fracture tibia-péroné.
Teilo lui adressa un regard de défi. Surprise, elle n'osa rien ajouter.
Robin s'était étalé à plat ventre sur la longueur de la banquette et observait avec beaucoup d'attention le pied plâtré de son grand frère. Il vérifiait de temps en temps le cadran de la montre mécanique qu'il avait au poignet.
La tête en arrière sur la banquette, Teilo attendait que la potion au même goût bizarre que dans le dispensaire fasse son effet. La descendante de Perceval lui sauvait la vie ! Bon, peut-être pas la vie mais au moins les vacances, un peu. Adieu, béquilles honnies ! Il allait retrouver toute sa mobilité. Sauf que Pensée était dans le coma, dans une sorte de vide intersidéral, de néant tourbillonnant et sombre sans aucune sortie en vue. Il déglutit et frissonna. En ce moment même, elle ne pouvait profiter de rien du tout, alors comment pouvait-il, lui, profiter ?
C'était comme pour Lorie, Nathaniel, Giovanni, Maëlle, Thais, Paolo... s'il leur arrivait quelque-chose...
Lorie coupa court à ses réflexions en proposant de rester chez lui plus longtemps. "Oui, ça me plairait bien" répondit-il aussitôt, sans réfléchir. Il n'avait pas tant de questions que ça pour l'instant, il était juste heureux d'en savoir un peu plus. Les questions viendraient. Et avec son pied comme neuf, ils pourraient même aller visiter Lyon. Et... oh ! Son visage pâle retrouva un peu de vie. "Pas besoin d'aller dans un hôtel, tu peux rester dans la chambre d'Olympia, elle est à Argeles."
"Pardon ?" s'étouffa Suzanne. "Oui ! Reste ici ! Si tu restes, il faut qu'on fasse une partie d'échecs", surenchérit Robin avant de faire un petit clin d’œil à Lorie. "T'inquiète pas, je te laisserai un handicap si tu veux." "Mais-" "Et t'es mince et grande comme Olympia, tu peux emprunter ses vêtements. De toute façon, elle en a trop." "Ho, ho, stoooop ! Pouce ! Faut au moins demander aux parents." "Ou alors on vote ? Moi je vote pour qu'elle reste !" s'enthousiasma Robin en levant la main. Suzanne tourna une tête blasée vers Teilo qui levait timidement la main droite. Il haussa les épaules avec un petit sourire pour sa sœur. "Les garçons... vous avez oublié un truc. On est en dictature ici ! Y'a pas de vote en dictature." "Papa et Maman vont comprendre. On va tout leur expliquer !" "Fabrice sera super content de la voir !" "Et on va montrer plein de trucs de non-mags à Lorie aussi." "Alleeez, Suuuuze !"
Suzanne croisa les bras et avisa Lorie puis Teilo. Son petit frère la suppliait presque du regard. Ça se voyait tellement que c'était important pour lui, qu'il était heureux rien qu'à l'idée. Même elle ne pouvait pas l'ignorer. Elle devait l'admettre : que la descendante de Perceval reste était sans doute le meilleur moyen pour que Teilo aille mieux. Et Lorie, toute bizarre qu'elle était, sortie d'un monde dont elle ne comprenait décidément rien de rien, n'était clairement pas une mauvaise personne.
C'était déjà ça.
"D'accord. On a la place en haut et ici, c'est comme un moulin, tout le monde débarque toujours à l'improviste. Les parents ne verront presque pas la différence." Elle se tourna vers Lorie et décroisa les bras, résignée à l'idée. "Enfin, si ça te va. Tu veux peut-être être tranquille". Sur la banquette, Teilo et Robin faisaient non de la tête à Lorie, les yeux plein d'espoir.
Teilo lui adressa un regard de défi. Surprise, elle n'osa rien ajouter.
Robin s'était étalé à plat ventre sur la longueur de la banquette et observait avec beaucoup d'attention le pied plâtré de son grand frère. Il vérifiait de temps en temps le cadran de la montre mécanique qu'il avait au poignet.
La tête en arrière sur la banquette, Teilo attendait que la potion au même goût bizarre que dans le dispensaire fasse son effet. La descendante de Perceval lui sauvait la vie ! Bon, peut-être pas la vie mais au moins les vacances, un peu. Adieu, béquilles honnies ! Il allait retrouver toute sa mobilité. Sauf que Pensée était dans le coma, dans une sorte de vide intersidéral, de néant tourbillonnant et sombre sans aucune sortie en vue. Il déglutit et frissonna. En ce moment même, elle ne pouvait profiter de rien du tout, alors comment pouvait-il, lui, profiter ?
C'était comme pour Lorie, Nathaniel, Giovanni, Maëlle, Thais, Paolo... s'il leur arrivait quelque-chose...
Lorie coupa court à ses réflexions en proposant de rester chez lui plus longtemps. "Oui, ça me plairait bien" répondit-il aussitôt, sans réfléchir. Il n'avait pas tant de questions que ça pour l'instant, il était juste heureux d'en savoir un peu plus. Les questions viendraient. Et avec son pied comme neuf, ils pourraient même aller visiter Lyon. Et... oh ! Son visage pâle retrouva un peu de vie. "Pas besoin d'aller dans un hôtel, tu peux rester dans la chambre d'Olympia, elle est à Argeles."
"Pardon ?" s'étouffa Suzanne. "Oui ! Reste ici ! Si tu restes, il faut qu'on fasse une partie d'échecs", surenchérit Robin avant de faire un petit clin d’œil à Lorie. "T'inquiète pas, je te laisserai un handicap si tu veux." "Mais-" "Et t'es mince et grande comme Olympia, tu peux emprunter ses vêtements. De toute façon, elle en a trop." "Ho, ho, stoooop ! Pouce ! Faut au moins demander aux parents." "Ou alors on vote ? Moi je vote pour qu'elle reste !" s'enthousiasma Robin en levant la main. Suzanne tourna une tête blasée vers Teilo qui levait timidement la main droite. Il haussa les épaules avec un petit sourire pour sa sœur. "Les garçons... vous avez oublié un truc. On est en dictature ici ! Y'a pas de vote en dictature." "Papa et Maman vont comprendre. On va tout leur expliquer !" "Fabrice sera super content de la voir !" "Et on va montrer plein de trucs de non-mags à Lorie aussi." "Alleeez, Suuuuze !"
Suzanne croisa les bras et avisa Lorie puis Teilo. Son petit frère la suppliait presque du regard. Ça se voyait tellement que c'était important pour lui, qu'il était heureux rien qu'à l'idée. Même elle ne pouvait pas l'ignorer. Elle devait l'admettre : que la descendante de Perceval reste était sans doute le meilleur moyen pour que Teilo aille mieux. Et Lorie, toute bizarre qu'elle était, sortie d'un monde dont elle ne comprenait décidément rien de rien, n'était clairement pas une mauvaise personne.
C'était déjà ça.
"D'accord. On a la place en haut et ici, c'est comme un moulin, tout le monde débarque toujours à l'improviste. Les parents ne verront presque pas la différence." Elle se tourna vers Lorie et décroisa les bras, résignée à l'idée. "Enfin, si ça te va. Tu veux peut-être être tranquille". Sur la banquette, Teilo et Robin faisaient non de la tête à Lorie, les yeux plein d'espoir.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Une jambe cassée en moins, il ne restait plus qu’à trouver une excuse pour justifier cela et ça tombait bien Lorie en avait déjà une. Lorie récupéra sa fiole et la rangea dans sa pochette. Puis elle sortit une plume de son sac et dessina sur le plâtre un petit phénix et une fleur. L'adolescente rangea alors sa plume, afficha un sourire à Teilo et lui fit un clin d’œil. Le plâtre n’allait pas rester longtemps maintenant que la potion avait été engloutie. Intérieurement, la blonde était contente qu’il puisse profiter de son été. Elle ne savait que trop bien l’effet que cela pouvait avoir de se retrouver enfermer à ne plus bouger.
Spectatrice de la scène qui se déroulait désormais devant elle, Lorie resta silencieuse. Fascinée par cette famille qui était… Tellement différente de la sienne. Puis Suzanne l’interrogea, la fratrie semblait avoir trouvé un accord. La blonde se leva alors et attrapa son verre de coca-cola. Elle porta sa boisson jusqu’à ses lèvres et en bu une gorgée. « La tranquillité est une notion qui m’a quitté depuis maintenant quelques mois... Et puis après un combat contre une araignée géante, je suppose que je pourrais gérer l'agitation. Dit-elle sur un ton amusé. Après tout, depuis le début du tournoi quand est-ce qu’elle avait réussi à trouver une once de tranquillité ? La mage blanc se tourna alors vers Teilo et Robin. Néanmoins votre sœur à raison, ce sera à vos parents de décider, sans leur approbation je logerais à l’hôtel et pour les vêtements, j’irais en acheter… Ce sera la première fois que je choisirai mes vêtements. » Dit-elle légèrement désolée de ne pas aller dans leur sens et en même temps excitée à l'idée de suivre le programme que les deux garçons avaient trouvé.
Son regard se posa sur Robin, un regard interrogateur, rempli de défi. Le même regard qu’elle avait eu face aux grands-maîtres qu’elle avait déjà joués, ou durant le tournoi. « Combien es-tu classé aux échecs ? » Demanda-t-elle à celui qui lui avait proposé un avantage par handicap. Lorie avait le niveau pour être dans le top 200 mondial et elle faisait partie du top 50 féminin mondiale, elle en avait conscience et sans Beauxbâtons peut-être aurait-elle pu voler une place parmi les cent meilleurs joueurs non-maj’ au monde. Son classement était à 2431 et elle était sous-évaluée. Certains estimaient qu’elle pouvait atteindre les 2600 en étant plus régulière en tournoi. Il fallait bien admettre qu’elle n’en avait joué que trois. Il lui manquait même des matches pour finir ses normes et obtenir le titre de Maître ou de Grand-Maître féminin alors qu’elle avait dépassé le niveau requis de plus de cent points. Un nombre astronomique, dont certains bataillaient une vie entière pour ne serait-ce qu'atteindre ce niveau. Jamais elle n’avait fini en dehors du podium. Pour autant, il était amusant de se voir proposer un avantage, c’était bien la première fois, car tout le monde savait qu’elle était redoutable. Cela inverserait donc les rôles.
Cette petite coupure lui ferait sans nul doute autant de bien qu’à Teilo. Cela lui permettrait de se vider la tête qui avait déjà bien trop chauffé durant la nuit.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Une araignée géante ?" blêmit soudain Suzanne en s'imaginant Lorie batailler contre ça.
"Suzanne est a-ra-chno-phobe", précisa Robin à Lorie, visiblement heureux de connaître le mot. "Ça veut dire qu'elle a très, très peur des araignées."
La décision de Lorie eut le mérite d'accorder les trois Daroux ensemble. Suzanne était satisfaite que Lorie lui aie donné raison, les garçons, qui savaient très bien comment fonctionnaient leurs parents, savaient que les convaincre ne serait qu'une formalité. Tout le monde était content. "Je vais prévenir papa", prévint Suzanne en partant déjà en direction du couloir.
Interpellé par Lorie sur son classement aux échecs, Robin mentit : "J'ai fait le championnat de France à Agen et je suis arrivé quatrième des poussins !" Teilo, qui ne quittait plus son plâtre des yeux depuis que Lorie avait dessiné dessus, pouffa et précisa : "Il a fait le championnat régional. Il est arrivé quatrième... grâce aux conseils que tu lui as envoyé. Par contre, il est premier au championnat des Daroux." Robin, qui était parti chercher le plateau d'échecs dans la commode, rétorqua d'un ton narquois : "Et t'es combientième, Teilo ?" Teilo leva la tête avec un petit sourire. "Septième !" "Sur combien ?" "Sur Sept ! Même Ariane me bat !" "Oui. T'es nuuuul." "Bah. C'est pas fait pour moi les échecs. Faut tout prévoir à l'avance. Ça fait mal à la tête."
Robin posa le plateau d'échecs sur la table en verre ronde du salon et poussa les piles de bouquins qui trainaient là pour faire un peu d'espace. Après avoir tiré une chaise pour s'asseoir dessus à genoux, il commença à placer les pièces sur l'échiquier. "Viens t'asseoir, Lorie. Tu prends les blancs ?" "Je veux voir ça", s'exclama Teilo avant de se redresser de la banquette à la force de ses bras. Quand son pied plâtré se posa au sol, il grimaça de douleur : "Aïe. Paaas encore tout à fait super." Les dents serrées, il respira rapidement par le nez, attrapa ses béquilles et s'en servit pour se relever. "Tiens Lorie, j'ai une question. C'est quoi l'oiseau et la fleur que tu m'as dessiné ? On dirait les mêmes que pour ta lettre. C'est des symboles ?" Il en avait d'autres des questions comme... est-ce que Lorie et Elina avaient fugué du château comme il le supposait ? Celle-ci attendrait qu'ils soient un peu plus tranquilles.
"Suzanne est a-ra-chno-phobe", précisa Robin à Lorie, visiblement heureux de connaître le mot. "Ça veut dire qu'elle a très, très peur des araignées."
La décision de Lorie eut le mérite d'accorder les trois Daroux ensemble. Suzanne était satisfaite que Lorie lui aie donné raison, les garçons, qui savaient très bien comment fonctionnaient leurs parents, savaient que les convaincre ne serait qu'une formalité. Tout le monde était content. "Je vais prévenir papa", prévint Suzanne en partant déjà en direction du couloir.
Interpellé par Lorie sur son classement aux échecs, Robin mentit : "J'ai fait le championnat de France à Agen et je suis arrivé quatrième des poussins !" Teilo, qui ne quittait plus son plâtre des yeux depuis que Lorie avait dessiné dessus, pouffa et précisa : "Il a fait le championnat régional. Il est arrivé quatrième... grâce aux conseils que tu lui as envoyé. Par contre, il est premier au championnat des Daroux." Robin, qui était parti chercher le plateau d'échecs dans la commode, rétorqua d'un ton narquois : "Et t'es combientième, Teilo ?" Teilo leva la tête avec un petit sourire. "Septième !" "Sur combien ?" "Sur Sept ! Même Ariane me bat !" "Oui. T'es nuuuul." "Bah. C'est pas fait pour moi les échecs. Faut tout prévoir à l'avance. Ça fait mal à la tête."
Robin posa le plateau d'échecs sur la table en verre ronde du salon et poussa les piles de bouquins qui trainaient là pour faire un peu d'espace. Après avoir tiré une chaise pour s'asseoir dessus à genoux, il commença à placer les pièces sur l'échiquier. "Viens t'asseoir, Lorie. Tu prends les blancs ?" "Je veux voir ça", s'exclama Teilo avant de se redresser de la banquette à la force de ses bras. Quand son pied plâtré se posa au sol, il grimaça de douleur : "Aïe. Paaas encore tout à fait super." Les dents serrées, il respira rapidement par le nez, attrapa ses béquilles et s'en servit pour se relever. "Tiens Lorie, j'ai une question. C'est quoi l'oiseau et la fleur que tu m'as dessiné ? On dirait les mêmes que pour ta lettre. C'est des symboles ?" Il en avait d'autres des questions comme... est-ce que Lorie et Elina avaient fugué du château comme il le supposait ? Celle-ci attendrait qu'ils soient un peu plus tranquilles.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie acquiesça avant d’afficher un air désolé. Elle savait que ces petites bêtes pouvaient être discriminées seulement par la peur. Si la peur des Acromentules était justifiée, pour la majeure partie des araignées trouvées en France, celle-ci l’était déjà moins. Pour autant, la blonde pouvait comprendre, ce n’étaient pas les petites bêtes les plus mignonnes. Alors qu’elle fit un petit mouvement de tête à Suzanne en guise de remerciement, elle reporta son attention sur celui qui avait fini au pied du podium des championnats de France… Ou plutôt régional. Celui-ci avait donc un niveau plus que correct et d’une certaine façon elle comprenait qu’il n’ait jamais eu réellement d’opposition dans sa vie quotidienne.
L’adolescente finit alors son verre de coca et s’empressa de le déposer avant de s’installer. « Comme tu le souhaites dit-elle au garçon qui installait les pièces sur l’échiquier. L’oiseau est un phénix, qui doit te rappeler l’oiseau de feu qui accompagnait la délégation de Durmstrang, c’est ma créature magique préférée, elle marqua une pause et joua le pion qui se trouvait devant sa dame. La fleur est un lys, elle symbolise la pureté… Cette fleur a pris une place importe dans ma vie depuis peu. » Elle afficha un sourire à Teilo et continua de jouer ses coups sur l’échiquier. La première partie se déroula sans trop de problèmes Lorie semblait jauger son adversaire du jour et lui offrit même quelques pièces. Pour autant, elle s’imposa. Elle tendit la main à Robin avant de lui proposer une revanche. « La chance du débutant » dit-elle de façon amusée.
Pour la seconde partie, Lorie retira sa dame de l’échiquier. Elle jouait désormais les pièces noires. La précision de Lorie venait de monter d’un cran et l’ouverture se déroula sans accro pour elle. Puis elle reçu alors une lettre par fée postale. C’était sa grande sœur Rose. Lorie se leva, demanda à robin de lui annoncer les coups et s’approcha de la fenêtre pour la lire. C’était bien évidemment au sujet de sa petite sœur. Lors de sa lecture, Lorie continuait de jouer les coups simplement en les annonçant, sans poser les yeux sur le plateau. Elle dut faire au moins cinq relectures avant de se tourner dans la direction de Teilo. « Lys… La petite hermine bondit de derrière Teilo et s’empressa de monter sur l’épaule de Lorie. Tu veux bien apporter la lettre à Teilo s'il te plaît ? » Toujours très serviable Lys attrapa la lettre la déposa à côté de Teilo avant de s’échapper rapidement. De sorte qu’il ne puisse avoir l’idée de la toucher. Logée sur la tête de la blonde, elle fixait le garçon de Lug qu'elle connaissait désormais bien. Un sourire s’affichait sur le visage de Lorie, c’étaient des bonnes nouvelles. Le coma s'était allégé.
« Mat en sept » finit-elle par annoncer à Robin avant de montrer l’enchaînement successif de coups qui étaient forcés et impossibles à contrer. Bien entendu, il n’était pas obligé de jouer certain des coups annoncé, mais, s’il faisait ce choix, le destin se scellerait bien plus vite.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Assis lui aussi autour de la table, Teilo s'était débrouillé pour que sa jambe encore blessée repose sur la chaise d'à côté. En se contorsionnant un peu, il pouvait observer Robin et Lorie bouger tour à tour leurs pions sur l'échiquier, mais sa tête n'y était pas. Il était curieux de voir la partie mais il repensait au phénix... et à Asmodée. Lorie venait de lui rappeler que lui aussi, il avait des secrets et qu'il les lui cachait. Il repensait à son vol secret à dos d'Asmodée avec Maëlle vers la montagne solitaire, à sa rencontre avec l'étrange et sympathique Sékou Abéba, au ragoût et les sensations qu'il avait provoqué, à l'amulette que le sorcier aveugle lui avait donné pour sa protection.
Une réalisation lui donna froid dans le dos. Peut-être que s'il avait donné cette amulette à Pensée avant les vacances, elle l'aurait portée à son cou ? Peut-être qu'elle n'aurait pas eu son accident, peut-être qu'elle ne serait pas tombée dans le coma ?
Teilo s'était avachi sur la table. Ses yeux visaient l'échiquier mais il ne le voyait pas. A la place, il revoyait Pensée endormie au milieu de rien. Il repensait à sa grand-mère et tout se mélangeait dans sa tête. Si Pensée dormait toujours à la rentrée, si elle restait super longtemps dans le coma, est-ce qu'il allait finir par oublier son visage ? Heureusement qu'il avait les photos de l'anniversaire !
"Lys ?" fit-il faiblement. Il avait bien entendu Lorie appeler quelqu'un Lys ?
Ses yeux s'écarquillèrent quand il vit un petit animal - un rongeur ? - bondir et trottiner jusqu'à lui sur ses petites patounes. Il ne bougea pas, se contentant de regarder la mignonne créature déposer une lettre juste devant lui puis retourner fissa sur l'épaule de sa... maîtresse ?
"Hannn", commenta-t-il en se redressant. "Coucou, Lys !" Il sourit de toutes ses dents à l'hermine en penchant un peu la tête sur le côté. "Excuse-moi, je pensais que t'étais un chat." Teilo se sentit frissonner à nouveau mais c'était bien plus agréable. Hop, encore un mystère de résolu ! Il n'aurait jamais pensé que les réponses allaient venir à lui si vite. Mais problème, ça amenait toujours d'autres questions. "Mais comment elle fait..." Ignorant les grommellements de son petit frère, Teilo saisit la lettre que Lys lui avait amenée et se mit à la lire. Il comprit vite pourquoi Lorie voulait qu'il le fasse.
"C'est pas si grave. C'est pas si grave," répétait-il doucement, comme un mantra, en relisant encore et encore la même phrase que Rose avait écrite à sa sœur. Il inspira profondément avant de souffler : "C'est pas si grave." Les lèvres pincées, il fit glisser ses doigts sur la feuille, à l'endroit où était écrit en des mots plus savants ce qu'il venait de traduire avec ses mots à lui. "Oh, merci."
"Mais c'est pas possible !" s'insurgeait Robin contre ce qu'il considérait être une grande injustice. Le petit frère avait le nez et les sourcils froncés. "T'as même pas regardé l'échiquier, t'as même pas de reine et tu... Comment t'as fait ? C'est pas du jeu !" Il cogna du poing sur la table, ce qui fit relever la tête de Teilo. "Héééé, le verre." "Mais elle a triché !" "Robin... tu sais très bien que non." Pour toute réponse, Robin s'assit normalement sur sa chaise, croisa les bras et regarda ailleurs, l'air bougon. Teilo eut un sourire contrit pour Lorie : "Il est mauvais perdant." "C'est pas vrai", marmonna Robin.
Une porte claqua dans le couloir. Teilo se tourna vers Suzanne qui revenait du studio. "Alors ?" Sa grande sœur soupira et fit rouler ses yeux. "Il m'a fait poireauter une heure, comme d'hab, et j'ai même pas eu le temps de finir de lui expliquer, il m'a juste dit 'pas de problème, ma puce' et 'je monte dans cinq minutes'." "Il montera pas dans cinq minutes", ânonnèrent en cœur les garçons. Teilo sourit à Lorie, Robin boudait encore. "Et comme Papa a dit oui, Maman ne pourra pas dire non." "Bien. Je suppose que personne ne va aller préparer la chambre pour Lorie ? Suuuuper alors vous en faites pas, j'y vais ! Lorie, n'hésite pas, tu montes te reposer dès que tu en as marre de ces deux-là."
"Merci, Suze" glissa Teilo avec un grand sourire au passage de sa grande sœur. Pour toute réponse, elle soupira. Il l'ignora et se retourna vers Lorie, l'air tout fier de lui : "J'ai quand même la famille la plus géniale au monde. Et encore, t'as pas vu Fabrice, Ariane, Maman et Olympia !"
Une réalisation lui donna froid dans le dos. Peut-être que s'il avait donné cette amulette à Pensée avant les vacances, elle l'aurait portée à son cou ? Peut-être qu'elle n'aurait pas eu son accident, peut-être qu'elle ne serait pas tombée dans le coma ?
Teilo s'était avachi sur la table. Ses yeux visaient l'échiquier mais il ne le voyait pas. A la place, il revoyait Pensée endormie au milieu de rien. Il repensait à sa grand-mère et tout se mélangeait dans sa tête. Si Pensée dormait toujours à la rentrée, si elle restait super longtemps dans le coma, est-ce qu'il allait finir par oublier son visage ? Heureusement qu'il avait les photos de l'anniversaire !
"Lys ?" fit-il faiblement. Il avait bien entendu Lorie appeler quelqu'un Lys ?
Ses yeux s'écarquillèrent quand il vit un petit animal - un rongeur ? - bondir et trottiner jusqu'à lui sur ses petites patounes. Il ne bougea pas, se contentant de regarder la mignonne créature déposer une lettre juste devant lui puis retourner fissa sur l'épaule de sa... maîtresse ?
"Hannn", commenta-t-il en se redressant. "Coucou, Lys !" Il sourit de toutes ses dents à l'hermine en penchant un peu la tête sur le côté. "Excuse-moi, je pensais que t'étais un chat." Teilo se sentit frissonner à nouveau mais c'était bien plus agréable. Hop, encore un mystère de résolu ! Il n'aurait jamais pensé que les réponses allaient venir à lui si vite. Mais problème, ça amenait toujours d'autres questions. "Mais comment elle fait..." Ignorant les grommellements de son petit frère, Teilo saisit la lettre que Lys lui avait amenée et se mit à la lire. Il comprit vite pourquoi Lorie voulait qu'il le fasse.
"C'est pas si grave. C'est pas si grave," répétait-il doucement, comme un mantra, en relisant encore et encore la même phrase que Rose avait écrite à sa sœur. Il inspira profondément avant de souffler : "C'est pas si grave." Les lèvres pincées, il fit glisser ses doigts sur la feuille, à l'endroit où était écrit en des mots plus savants ce qu'il venait de traduire avec ses mots à lui. "Oh, merci."
"Mais c'est pas possible !" s'insurgeait Robin contre ce qu'il considérait être une grande injustice. Le petit frère avait le nez et les sourcils froncés. "T'as même pas regardé l'échiquier, t'as même pas de reine et tu... Comment t'as fait ? C'est pas du jeu !" Il cogna du poing sur la table, ce qui fit relever la tête de Teilo. "Héééé, le verre." "Mais elle a triché !" "Robin... tu sais très bien que non." Pour toute réponse, Robin s'assit normalement sur sa chaise, croisa les bras et regarda ailleurs, l'air bougon. Teilo eut un sourire contrit pour Lorie : "Il est mauvais perdant." "C'est pas vrai", marmonna Robin.
Une porte claqua dans le couloir. Teilo se tourna vers Suzanne qui revenait du studio. "Alors ?" Sa grande sœur soupira et fit rouler ses yeux. "Il m'a fait poireauter une heure, comme d'hab, et j'ai même pas eu le temps de finir de lui expliquer, il m'a juste dit 'pas de problème, ma puce' et 'je monte dans cinq minutes'." "Il montera pas dans cinq minutes", ânonnèrent en cœur les garçons. Teilo sourit à Lorie, Robin boudait encore. "Et comme Papa a dit oui, Maman ne pourra pas dire non." "Bien. Je suppose que personne ne va aller préparer la chambre pour Lorie ? Suuuuper alors vous en faites pas, j'y vais ! Lorie, n'hésite pas, tu montes te reposer dès que tu en as marre de ces deux-là."
"Merci, Suze" glissa Teilo avec un grand sourire au passage de sa grande sœur. Pour toute réponse, elle soupira. Il l'ignora et se retourna vers Lorie, l'air tout fier de lui : "J'ai quand même la famille la plus géniale au monde. Et encore, t'as pas vu Fabrice, Ariane, Maman et Olympia !"
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lys offrit un petit gazouillage à Teilo en guise de salutation.
Robin criait à la triche et d’une certaine façon même si elle était un peu déçue de ce comportement, elle n’en montra rien. Elle comprenait, elle aussi certaines défaites avaient été dur à encaisser. Elle se rappelait de certains matchs de tournoi où elle avait quitté la salle en furie. Au lieu de cela, elle alla chercher une plume et du parchemin dans sa pochette, prit le temps de s’asseoir et de noter les coups des deux parties qu’elle venait de jouer. La liste faite, elle prit le temps de réfléchir. Quel était le nom de l’ordinateur déjà ? Lichi ? Liche ? Lichess ? Oui, voilà, c’était Lichess, certain de ses concurrents analysaient leur partie sur cet ordinateur, ou plutôt ce programme. « Voilà tous les coups des deux parties Robin… Ce n’est pas grave de perdre, mais tu vas devoir travailler. Entres les parties dans un ordinateur, analyse-les… Et dis-moi pourquoi tu as perdu. Lorie marqua une pause. Ce n’était que des matchs sans enjeux, si tu veux progresser, tu dois apprendre de tes défaites, car c’est elles qui te feront le plus progresser. Elle lui afficha un sourire qui se voulait dédramatisant. Pour ce qui est du jeu à l’aveugle, ça se développe et je ne doute pas que tu en seras capable très rapidement si tu fais l’effort. »
Lys gazouilla comme pour encourager le garçon qui boudait. « Tu as bien joué Robin, tes bases sont solides, ton répertoire d’ouverture est bon, mais ta tactique perfectible. Il y a quelques rudiments qu’il te faut encore apprendre, comme le jeu sur les roques opposé ou encore la structure Karlsbad. » Lorie lui afficha un nouveau sourire, elle lui offrira un petit cadeau pour le motiver lors de son départ. Pour l’heure, Suzanne venait de revenir et avait commencé à faire un rapport à ses frères. Un des parents avait donc accepté qu’elle loge ici et visiblement le second n’allait pas s’opposer.
« Pour le moment, tout va bien, merci Suzanne… Je vais quand même venir t’aider. » Il était hors de question que la sœur de Teilo se coltine tout, toute seule. Certes, Lorie n’avait aucune idée de ce qu’elle devrait faire, mais c’était fini la vie de château. « Je reviens, finit-elle par dire en regardant Teilo lui offrant un sourire et je confirme. » Effectivement, la famille de Teilo avait l’air géniale.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Teilo observait Lorie tenter de raisonner son mauvais perdant de frère. Au début, Robin évitait toujours de les regarder mais, progressivement, ça se voyait qu'il n'avait plus trop envie et qu'il se forçait un peu. Teilo en était stupéfait : ça marchait ! Ca devait déjà cogiter dans sa petite tête de mule : c'est quoi une structure Karlstruc ?
Teilo hocha la tête en direction de Lorie pour approuver sa performance. Elle n'était pas douée que pour les araignées géantes, les tournois et les échecs. Elle avait aussi un super niveau en gestion de Robin alors que c'était sa première réelle tentative. D'habitude, quand il était mécontent, le petit frère pouvait devenir une vraie terreur, ça durait des heures et seule Maman arrivait à le calmer aussi vite.
"Oh." Lorie suivait Suzanne dans l'escalier pour l'aider à préparer sa chambre. "Euhhh je vous aurais bien rejoint mais..." Teilo pointa son plâtre du menton. "Pire excuse", commenta laconiquement Suzanne en disparaissant de son champ de vision. "Je parie que t'as même plus mal." "Hmmm..." Teilo fit retomber prudemment sa jambe de la chaise qui la soutenait, posa son pied platré au sol et remua ses orteils en mimant d'avance une grimace.
Il n'avait plus mal du tout. Sa grimace se mua en sourire et il soupira de soulagement. "Tu vois, la magie ça a quand même du bon !" fit-il à Robin qui ne l'écoutait pas. Son petit frère était plongé dans la liste des coups que Lorie avait écrite pour lui. "Hé, Robin... tu veux faire une partie ?" C'était ça ou ranger la chambre. Il préférait encore les échecs. "Non". "T'es sûr ?" "Je veux jouer contre elle, pas contre toi." "Bon, d'accord..."
Il appuya ses bras sur la table, se redressa et tenta de faire quelques pas. C'était difficile avec le plâtre mais... oui ! Il était définitivement guéri ! "Victoire ! Teilo Daroux est de nouveau dans la course !" Teilo tendit les bras au ciel comme un marathonien ovationné par un public imaginaire. Il se déplaça vers la banquette en chantonnant, pensant déjà à tout ce qu'il allait pouvoir faire maintenant que-
"AAAAH"
Un réflexe de ses exercices de danse lui permit d'amortir sa chute en arrière en positionnant correctement ses bras.
"Aïeuhhhh." "Teilo, qu'est ce qui se passe ?" fit la voix de Suzanne d'en haut. Teilo se redressa, un peu étourdi et cria : "Tout va bien, j'ai rien ! J'ai juste glissé..." Ses yeux se posèrent sur l'objet qui avait causé sa chute et il pouffa.... "J'ai glissé sur une carte Pokemon !" "ROBIN, RANGE TON POKEDEX !"
"Ils. Ne. Rangent. Jamais. Rien. Franchement, c'est un miracle qu'on ait pas plus d'accidents. Là c'est la chambre de Teilo, on lui a refaite en bleu vu qu'il aime le bleu maintenant. Je suppose que les parents voulaient lui faire plaisir. Surtout Maman. Qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour son petit poisson."
Suzanne et Lorie étaient sur le palier du deuxième étage et Suzanne pointait la première porte sur la gauche. La porte blanche était fermée. Un écriteau était accroché dessus avec un dessin de poissons et d'oiseaux mélangés qui formaient le prénom de Teilo. "Allez, on monte." Suzanne. "T'as de la chance, y'a pas Ariane et Olympia. Enfin, Ariane revient après-demain, je crois. Quand tout le monde est là, ça devient invivable ici. Ça crie, ça court partout, ça n’arrête ja-mais. Perso je m'enferme dans ma chambre et je mets la musique à fond. C'est ça où je pète un câble."
Elles gravirent l'escalier et atteignirent le troisième étage. "A gauche, Fabrice. Un conseil, s'il frappe à ta porte, ignore le. Sinon il va te saouler avec toutes ses questions et il peut être trèèès chiant. Moi je suis à droite et là..." Elle avança dans le couloir et posa sa main sur la serrure de la porte la plus éloignée, "c'est la chambre de ma grande sœur, la Première, comme elle aime nous le rappeler." Suzanne s'arrêta, souffla et se retourna vers Lorie. Dos à la porte, les yeux baissés en direction du parquet, elle s'éclaircit la gorge. "Désolée si j'ai été un peu dure avec toi." Elle pouffa et chercha le regard de Lorie.
"On va dire que... j'aime pas trop les inconnues qui débarquent sans prévenir et qui font pleurer mon frère ?" Le visage fermé, Suzanne guettait une réaction. Elle était assez nerveuse mais ne souhaitait pas le montrer.
Teilo hocha la tête en direction de Lorie pour approuver sa performance. Elle n'était pas douée que pour les araignées géantes, les tournois et les échecs. Elle avait aussi un super niveau en gestion de Robin alors que c'était sa première réelle tentative. D'habitude, quand il était mécontent, le petit frère pouvait devenir une vraie terreur, ça durait des heures et seule Maman arrivait à le calmer aussi vite.
"Oh." Lorie suivait Suzanne dans l'escalier pour l'aider à préparer sa chambre. "Euhhh je vous aurais bien rejoint mais..." Teilo pointa son plâtre du menton. "Pire excuse", commenta laconiquement Suzanne en disparaissant de son champ de vision. "Je parie que t'as même plus mal." "Hmmm..." Teilo fit retomber prudemment sa jambe de la chaise qui la soutenait, posa son pied platré au sol et remua ses orteils en mimant d'avance une grimace.
Il n'avait plus mal du tout. Sa grimace se mua en sourire et il soupira de soulagement. "Tu vois, la magie ça a quand même du bon !" fit-il à Robin qui ne l'écoutait pas. Son petit frère était plongé dans la liste des coups que Lorie avait écrite pour lui. "Hé, Robin... tu veux faire une partie ?" C'était ça ou ranger la chambre. Il préférait encore les échecs. "Non". "T'es sûr ?" "Je veux jouer contre elle, pas contre toi." "Bon, d'accord..."
Il appuya ses bras sur la table, se redressa et tenta de faire quelques pas. C'était difficile avec le plâtre mais... oui ! Il était définitivement guéri ! "Victoire ! Teilo Daroux est de nouveau dans la course !" Teilo tendit les bras au ciel comme un marathonien ovationné par un public imaginaire. Il se déplaça vers la banquette en chantonnant, pensant déjà à tout ce qu'il allait pouvoir faire maintenant que-
"AAAAH"
Un réflexe de ses exercices de danse lui permit d'amortir sa chute en arrière en positionnant correctement ses bras.
"Aïeuhhhh." "Teilo, qu'est ce qui se passe ?" fit la voix de Suzanne d'en haut. Teilo se redressa, un peu étourdi et cria : "Tout va bien, j'ai rien ! J'ai juste glissé..." Ses yeux se posèrent sur l'objet qui avait causé sa chute et il pouffa.... "J'ai glissé sur une carte Pokemon !" "ROBIN, RANGE TON POKEDEX !"
Couloirs et Etages
"Ils. Ne. Rangent. Jamais. Rien. Franchement, c'est un miracle qu'on ait pas plus d'accidents. Là c'est la chambre de Teilo, on lui a refaite en bleu vu qu'il aime le bleu maintenant. Je suppose que les parents voulaient lui faire plaisir. Surtout Maman. Qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour son petit poisson."
Suzanne et Lorie étaient sur le palier du deuxième étage et Suzanne pointait la première porte sur la gauche. La porte blanche était fermée. Un écriteau était accroché dessus avec un dessin de poissons et d'oiseaux mélangés qui formaient le prénom de Teilo. "Allez, on monte." Suzanne. "T'as de la chance, y'a pas Ariane et Olympia. Enfin, Ariane revient après-demain, je crois. Quand tout le monde est là, ça devient invivable ici. Ça crie, ça court partout, ça n’arrête ja-mais. Perso je m'enferme dans ma chambre et je mets la musique à fond. C'est ça où je pète un câble."
Elles gravirent l'escalier et atteignirent le troisième étage. "A gauche, Fabrice. Un conseil, s'il frappe à ta porte, ignore le. Sinon il va te saouler avec toutes ses questions et il peut être trèèès chiant. Moi je suis à droite et là..." Elle avança dans le couloir et posa sa main sur la serrure de la porte la plus éloignée, "c'est la chambre de ma grande sœur, la Première, comme elle aime nous le rappeler." Suzanne s'arrêta, souffla et se retourna vers Lorie. Dos à la porte, les yeux baissés en direction du parquet, elle s'éclaircit la gorge. "Désolée si j'ai été un peu dure avec toi." Elle pouffa et chercha le regard de Lorie.
"On va dire que... j'aime pas trop les inconnues qui débarquent sans prévenir et qui font pleurer mon frère ?" Le visage fermé, Suzanne guettait une réaction. Elle était assez nerveuse mais ne souhaitait pas le montrer.
Contenu sponsorisé