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Teilo Daroux
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug

Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug

Teilo Daroux
https://www.beauxbatons.org/t136-teilo-daroux

Dim 11 Fév 2024 - 16:34


Suzanne sentait le rouge lui remonter aux joues. Elle n'avait vraiment pas l'habitude qu'on lui dise qu'elle était jolie. Son amie Claire avait du le faire une fois ou deux mais avec l'air de plaisanter. Maman le lui avait soufflé, sporadiquement au fil des ans, pour la rassurer. Elle-même ne se l'était quasiment jamais dit. Il suffisait pourtant de l'entendre de la bouche de Lorie pour que ce beau mensonge devienne soudain une vérité.

La rousse laissa la blonde trifouiller le mécanisme de sa menotte, profitant de leur proximité pour examiner et mémoriser quelques détails de son visage qu'il lui faudrait rendre sur papier : la forme en goutte de son tatouage alchimique, la courbe de ses sourcils, la distance qui séparait ses yeux, la finesse de l'arête de son nez... elle en était aux lèvres quand le cliquetis libérateur se fit entendre.

Aussitôt, Suzanne se massa le poignet et l'étira dans tous les sens, laissant Lorie se débrouiller avec l'autre menotte. A l'indication de l'endroit où se trouvait le matériel de dessin, elle se jeta presque sur le tiroir du bureau pour en sortir papiers et fusains qu'elle disposa à même la table après avoir distraitement poussé tout ce qui gênait.

"Ca fait longtemps", soupira la non-mag en jaugeant du regard un fusain qui ne lui semblait pas trop gras. Quelques traits à pression variable sur la grande feuille blanche lui confirmèrent que son choix était le bon. La dernière fois qu'elle avait dessiné un truc, c'était... c'était justement pour Lorie, dans une de ses lettres en septembre ou octobre. Elle déplaça la feuille vers un coin du bureau de manière à pouvoir visualiser à la fois le support et le sujet de son dessin. Lorie semblait tempêter de ne pas parvenir à se libérer. C'était presque impossible de rendre ça sur papier tant la blonde bougeait.

Alors, avec un petit sourire et une patience qu'elle ne se connaissait pas, la rousse attendit. Elle attendit que son sujet s'asseoie enfin sur le fauteuil et s'immobilise presque tout à fait dans une pose lassée - et lascive - digne des plus grands tableaux de Maître. Immédiatement, sa main droite se mit à tracer les premiers traits, rapides et encore grossiers, de la silhouette devant elle. Son regard alternait entre dessin et modèle. "Bouge pas", souffla-t-elle doucement avec espoir. En un tout petit instant, la magie pouvait être brisée. Vite, un trait pour la plume au sol, un pour la menotte qui pendait à son poignet, un pour son bras qui retombait mollement. Quant à l'émotion, entre frustration, colère et déception, elle la photographia avec les yeux dans l'objectif de la rendre avec précision un peu plus tard.

"Change rien, encore une petite minute", encouragea-t-elle Lorie en griffonant plus vite, les yeux grand ouverts.



***



« Une promesse ? Quel genre de promesse ? »

Les yeux de Teilo s'égarèrent un instant au loin. Quand ils se posèrent à nouveau sur une Pensée visiblement inquiète, ses lèvres s'étirèrent en un fin sourire. "Le genre... risqué. C'est même encore plus risqué que manger de la glace à l'ananas !"

Il se retint de sautiller et garda les mains bien ancrées dans ses poches. Mine de rien, le garçon se sentait nerveux. Ce n'était ni ici, ni maintenant qu'il avait prévu de tenir cette promesse mais il venait d'en parler quand même ! Et d'ailleurs, c'était une promesse parmi d'autres et s'il tenait celle-là, sans doute qu'il aurait beaucoup plus de mal à en tenir d'autres et-

Dans sa poche gauche, l'index de sa main buta sur le petit coquillage blanc que Pensée lui avait offert tout à l'heure. Il se mit à en caresser la coquille jusqu'à ce que, soudain, ses yeux s'écarquillent. "Ha, excuse-moi, j'ai un appel. Allo ?" fit-il en portant le coquillage jusqu'à son oreille gauche. "Oh, oui, rebonjour !" Teilo couvrit l'écouteur-coquille avec ses deux mains le temps de murmurer à Pensée : "C'est encore la mer." Puis il reprit sa conversation en fronçant les sourcils, hochant la tête à ce que le souffle dans son oreille pouvait bien lui dire. "Hm-hm. Hm-hm. D'accord, merci !"

Son téléphone marin rangé dans sa poche, le garçon se râcla la gorge et alla se placer à la droite de Pensée. "Faut attendre le bon moment. Regarde bien la vague qui arrive." Lui aussi observait avec attention la crête qui se formait au bord de la plage pas loin devant eux et qui commençait déjà à s'affaisser. Son coeur se comprima, il prit la main droite de la fille dans sa main gauche. Pile au bon moment, quand la vague déferla doucement sur le sable et que l'alchimie des éléments opéra, Teilo se mit sur la pointe des pieds pour embrasser la joue de Pensée. Il laissa ses cils dans les cheveux blonds le temps de cligner deux fois des yeux, le temps que le sable absorbe l'écume. Puis ses pieds se remirent à plat, ses doigts glissèrent de la main de Pensée, il pouvait à nouveau respirer : c'était fini.

"Promesse tenue", souffla Teilo à l'horizon en remettant les mains dans ses poches. Pas tout à fait tenue mais le reste allait maintenant dépendre de cette fille à sa gauche, que le garçon scrutait du coin de l'oeil. Si ses comptes étaient bons, Pensée lui en avait fait trois, il lui en devait encore deux. Si elle n'en voulait pas, elle allait certainement le montrer. Ca lui ferait sans doute un peu mal mais c'était ça, le risque.

Les lèvres pincées et le coeur battant, Teilo se rassurait déjà. Il y avait toujours les autres promesses. Si Pensée ne disait rien ou semblait gênée, il n'avait qu'à... lui proposer une course dans le sable jusqu'à Madame Louise et Elina ! Avec un gage pour le perdant, bien entendu.
Lorie Fleury
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Dim 11 Fév 2024 - 18:03



Avachie sur le canapé de sa chambre, Lorie ne bougeait pas. Elle laissa le temps filer comme une étoile dans le ciel, se laissant assaillir par une tonne d’émotions peu ou prou compliqué à gérer. Pour autant, son travail avec Amy portait ses fruits, celui commencé avec sa maîtresse de confrérie aussi. Très vite – quoi que la notion de temps était somme toute relative – Lorie avait retrouvé un calme intérieur digne des plus grands mages blanc. Finalement, ce travail ne s’était pas vite terminé, Suzanne avait presque fini et à en juger par l’hermine qui scrutait chaque trait porté par la main qui guidait le fusain sur le papier, il ne devait pas rester beaucoup de traités à tracer.

La paix retrouvée, Lorie se pencha pour récupérer la plume qui lui servait à crocheter cet horrible bracelet qui avait pris son poignet en otage. Avec une respiration lente, elle trifouilla le mécanisme et la magie opéra, le bracelet se desserra suffisamment pour que la blonde puisse extraire sa main. Libre, elle lança les menottes dans un coin de la pièce. Si seulement elle avait su faire cela lorsqu’elle s’était fait arrêter par les gendarmes… C’était trop tard pour les regrets.

La blonde s’approcha de Suzanne, avec une confiance qui semblait inébranlable. Elle caressa ses lèvres avec les siennes tout en venant s’asseoir sur ses genoux. De ses mains, elle caressa ses joues. Tout ce qu’elle n’avait jamais osé faire avec Drian, elle le faisait avec la non-mag’

« Je vais prendre une douche et enlever cet horrible maillot de bain, tu me montreras après ? »

La blonde se releva, et emprunta la direction de la salle de bain. Elle y entra et sans refermer la porte – la faute à une habitude tenace – elle fonça sous la douche à l’italienne.

***

Une promesse plus risquée que la glace à l’ananas ? Pensée déglutissait pour rentrer dans le jeu du garçon. Puis elle l’observa non sans s’amuser du faux appel téléphonique. Elle n’avait jamais eu l’occasion d’en passer un, mais là, c’était la mer et la mer n’attendait pas. C’était comme si on voulait refuser l’appel d’un dieu. C’était malpolie. Le regard tourné vers la vague, elle attendait que celle-ci arrive, portée par la poésie du garçon et sa mise en scène dont il avait le secret. Jusqu’à ce qu’elle sente un bisou se poser sur sa joue. Une caresse qui prit fin trop vite et trop tôt. Une caresse qu’elle prolongea en touchant sa joue délicatement avec le bout de ses doigts alors que son regard fixait toujours cette mer agitée. Un sourire s’étirait au même rythme que les joues s’empourprant de la petite Fleury.

« Promesse tenue » avait-il soufflé. Depuis tout ce temps, il voulait simplement lui faire un bisou sur la joue ? Pensée ferma les yeux. Puis se retourna pour le prendre dans ses bras. Passant ses petits bras autour de la taille du garçon pour poser ses mains dans son dos pour le serrer fort contre elle. La pré-adolescente profita de ce moment qui valait bien plus qu’un petit bisou sur la joue à son sens.
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Lun 12 Fév 2024 - 23:50


Suzanne aurait été bien en peine de dire combien de minutes s'étaient écoulées, elle aussi. Quand elle dessinait, la jeune fille perdait la notion du temps, encore plus quand le sujet était inspirant.

Elle était penchée sur son dessin, noircissant quelques contours pour donner de la profondeur à la silhouette de Lorie, et ne s'était pas rendue compte que son modèle s'était levée pour s'approcher d'elle. Elle ne la vit qu'au dernier moment, lui fit des yeux ronds qui s'adoucirent quand la sorcière prit son aise sur ses genoux. Le baiser qu'elles échangèrent alors fut le premier qu'elle apprécia vraiment. Il fallait qu'elle s'habitue à ces choses-là mais, visiblement, ce n'était pas aussi difficile qu'elle le pensait. Les gestes sûrs, l'air confiant de Lorie devaient jouer.

« Je vais prendre une douche et enlever cet horrible maillot de bain, tu me montreras après ? »

"Hmhm. Peut-être", fit la non-mag avec un air mutin tout en couvrant son dessin avec ses bras nus. Elle pouvait encore tout foirer et si le résultat n'était pas à la hauteur, elle n'allait certainement pas le montrer à Lorie. Son regard suivit la blonde qui cheminait vers sa salle de bain. Pourquoi diable ne fermait-elle pas la porte ?

Suzanne pouffa et se pencha vers Lys. "Tu penses qu'elle est juste étourdie ?" Puis la non-mag ingénue se redressa dans sa chaise et ploya légèrement le cou en arrière. Ainsi, elle avait vue directement sur la cabine de douche. "Hmmm..." fit-elle en suçotant son index. Après quelques secondes de réflexion, elle tira une nouvelle feuille de papier du tiroir et commença à griffonner dessus. A intervalles réguliers, sa tête se tournait vers la salle de bains.

Par pur intérêt artistique, c'était entendu.


***


Pensée n'avait pas eu besoin de parler pour que Teilo comprenne. Le sourire sur ses lèvres, le doigt sur sa joue qui rougisseait, tout laissait croire qu'elle n'avait pas détesté. Et, si jamais il avait encore un doute, celui-ci s'évapora au moment ou elle le serra dans ses bras.

"Oh", murmura le garçon un peu surpris. Mais très vite, il se remit sur la pointe de ses baskets et l'enlaça à son tour, sans réfléchir. Son menton par dessus l'épaule de son amie, il pencha la tête pour respirer dans ses cheveux et ferma les yeux.

Pour une fois, le grand bavard nommé Teilo Daroux n'avait rien à dire. Il laissa juste s'égréner les secondes, bercé par les bras fermes de la plus grande, seul au monde avec elle. Et quand le moment se termina de lui-même, il laissa ses mains sur la taille de Pensée, remit ses pieds à plat et prit encore le temps, plus consciemment que d'habitude, de contempler son regard si bleu avec un sourire nouveau.

Ses yeux à lui étaient un peu humides, son ventre chamboulé et ses jambes flagada. Un petit rire s'échappa de ses lèvres. Oui, il aimait vraiment beaucoup la plage. Il avait soudain une envie folle de danser, Noël était si loin. Ou de compter les secondes où Pensée le regardait.

Mais tout ça pouvait attendre un peu. Une chose à la fois. Et le garçon avait une envie qui surpassait encore les autres. Sa main gauche alla se poser comme une confidente sur l'épaule de la fille et il lui susurra à l'oreille : "Tu sais quoi ? Le dernier arrivé à Elina a un gage."

Après un grand sourire malicieux pour Pensée, Teilo se mit à courir dans le sable, écharpe éternellement au vent.
Lorie Fleury
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Mar 13 Fév 2024 - 0:52


L’eau chaude à la limite d’être brûlante, vint rapidement embuer la pièce ou les miroirs devinrent opaques, Lys, de son côté avait rejoint la mage blanc pour profiter du spa gratuit en venant se lover dans une serviette qui était enroulé sur le mobilier. La peau pâle de Lorie tourna rapidement au rouge, lui donnant un aspect d’écrevisse, mais par Merlin que l’eau chaude avait cette magnifique faculté à l’emporter dans un autre monde. La voix mélodieuse de la blonde s’élevait au travers de la brume, chantonnant un air de sirène tandis que la mousse aux odeurs de figue et de noix de coco se répandait jusque dans la chambre.

Puis, d’un geste certain, Lorie coupa le robinet d’eau et le son régulier de l’eau sur le carrelage rendit la pièce soudainement silencieuse. Seul quelque cliquetis irrégulier brisait celui-ci. Lorie attrapa une serviette qu’elle enroula autour d’elle. Puis elle fit de même pour ses cheveux. Enfin, elle sortit de la salle de bain et se rapprocha de l’armoire qui avait été rajoutée il y a quelques années. Dans le lourd tiroir, elle attrapa des sous-vêtements en dentelle blanche et une robe blanche. Puis, elle disparut à nouveau dans la salle de bain ou elle se changea. Quand, elle en ressortit, elle enleva la serviette enroulée dans ses cheveux laissant un brushing presque parfait.

« Alors ce dessin ? » Questionna-t-elle en enfilant des chaussettes qui montaient jusqu’au-dessus de ses genoux. « Je peux voir ? » Lorie s’approcha pour s’asseoir à côté de Suzanne. Quoi qu’il en fût, elle pourrait voir si Suze allait prendre une douche à son tour. Elle ne pouvait veiller sur les dessins alors que l’eau coulait.

***

« Hein ?  HEY ATTENDS !! » Pensée venait vraiment de se faire rouler dans la farine de la sorte ? Alors que son esprit était encore pris dans l’étreinte, elle rata son démarrage glissant sur le sable bien trop instable pour prendre un départ correct. Pendant ce temps, le vil margoulin de Teilo avait pris une avance plus que confortable. De plus, Pensée savait très bien qu’il avait l’habitude de courir, elle n’avait donc aucune chance !

À grandes foulées la petite blonde faisait de son mieux pour rattraper la formule un qui fusait vers sa sœur, mais rien n’y faisait, elle était trop lente. Essoufflée, elle prit appui sur ses genoux alors qu’elle reprenait son souffle.

« umhf umhf C’est umfh de umfh la triche umfh » soufflait-elle de façon irrégulière entre deux respirations haletantes. Puis ça allait être quoi son gage ? Puis un éclair de génie s’éclairait alors dans sa tête. « Bon… umfh c’est quoi alors umfh le gage ? » Demanda la benjamine des Fleury sous les yeux lassés de sa sœur et le regard sémite innocent de Louise qui savait plus ou moins ce qui était en train de se tramer. L’innocence et l’amour faisaient un duo des plus mignon à n’en pas douter.

Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Dim 18 Fév 2024 - 16:54


Mince. Elle ne voyait presque plus rien. Suzanne en fut un instant déçue mais, le regard toujours fixé vers la salle de bain et la cabine de douche à l'italienne, elle finit par sourire. Derrière le voile de buée, elle devinait toujours Lorie.

C'était encore mieux. Rapidement, la dessinatrice revint à son ouvrage et croqua cette nouvelle scène jusqu'à s'en noircir complètement le bout des doigts. Le bruit de l'eau mêlé au chant de la fille constituaient une drôle de mélodie, au moins aussi envoûtante que l'odeur fruitée et exotique du savon qui parvenait à ses narines.

Il n'y avait vraiment pas besoin de sangria. Les minutes passèrent si vite que Suzanne fut étonnée lorsque la blonde reparut pour fouiller dans ses affaires et disparaître à nouveau dans l'autre pièce. L'occasion pour la non-mag de faire quelques retouches au dessin, assez pour trouver ça passable. Puis Lorie revint s'asseoir près d'elle, toute vêtue de blanc.

Décidément, tout lui allait, c'était dingue. Et son brushing était juste parfait. Il y avait assurément de la magie la-dessous.

"Tu peux voir..." souffla la rousse avant d'hésiter un peu, ses bras cachant comme ils le pouvaient les deux croquis. "Mais t'as pas intérêt à critiquer !" insista-t-elle, l'air sévère.

Ses yeux ne pouvaient se détacher de l'ensemble blanc de Lorie. Elle était à croquer. Il fallait qu'elle respire doucement. "Je vais prendre ma douche", temporisa-t-elle en se levant. En appuyant son index sur la joue droite de la vraie et très propre Lorie, elle lui dessina un grain de beauté au fusain. "Trouve moi des vêtements qui me vont bien." Elle en avait dans sa valise mais c'était surtout des jeans troués et des t-shirts éco-responsables volontairement déchirés puis rapiécés.

Après un petit clin d'oeil, la rousse s'en fut et referma un tout petit peu la porte de la salle de bains derrière elle. Lorsque l'eau chaude se mit à couler, elle entonna un de ces airs insipides qu'elle connaissait par coeur a force d'entendre Teilo le chanter :

"Moi, je voudrais parcourir le monde
Moi, je voudrais voir le monde danser
Le voir marcher sur ses-
Comment ça s'appelle ? Ah, pieds..."


Les deux croquis qu'elle avait laissé en plan et à la vue de Lorie étaient objectivement réussis. Le premier la représentait bien visible, assise, frustrée et encore menotée, l'autre comme une silhouette gracieuse et éthérée, à peine discernable derrière un nuage de brume.



***



Debout sur le muret, les bras croisés derrière la tête en guise de pose victorieuse, Teilo rigolait doucement "hé hé hé" en voyant Pensée reprendre son souffle. Il l'avait prise au dépolurvu, avait couru aussi vite qu'il pouvait, ne lui avait laissé aucune chance. C'était un peu de la triche, lui-même était prêt à l'avouer mais ce n'était pas la peine vu qu'elle validait et lui demandait même son gage.

"Hmm, quel gage..." fit le garçon avant de polir une de ses incisives avec sa langue. Sa tête tournait encore un peu, du fait d'avoir couru ou d'avoir serré Pensée dans ses bras, il ne savait pas trop. Il ne savait pas trop quel gage lui donner non plus. Lequel serait le plus... adapté ? Il chercha Elina et Madame Louise du regard dans l'espoir que ça puisse l'inspirer mais bof, l'exaspération de l'une, la tendresse toute adulte de l'autre ne lui donnaient pas de meilleures idées.

Alors le garçon sauta du muret et se planta pile devant Pensée pour la regarder avec un sourire malicieux. "J'ai tellement d'idées", souffla-t-il. Une danse ? Une chanson ? Un air de violoncelle ? Un compliment ? Une étoile ? Un...

"Je sais. Un secret. Dis-moi quelque-chose sur Pensée Fleury que personne d'autre ne sait. Même pas Madame Louise, même pas Elina. Même pas Lorie."

Visiblement satisfait de lui, un peu poseur, Teilo qui se tenait bien droit pointa son oreille gauche avec son index. Quelle riche idée. Il allait être le seul à connaître un secret sur Pensée et il se promettait déjà, quoi que le secret soit, de garder ça comme un trésor. En plus, avec tout ça, Pensée avait peut-être déjà oublié qu'il lui en devait un aussi, de gage.
Lorie Fleury
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Lun 19 Fév 2024 - 4:28


Pourquoi par Merlin la blonde critiquerait ? Enfin, négativement, puisque c’est ce que Suze laissait entendre. Les yeux rivés sur les dessins, elle analysait chaque trait que, c’était quoi le mot lyonnais que Claire avait employé ? Choom ? Go ? Gago ?….
De sa petite copine.

« Uhm-uhm » avait-elle simplement répondu à la rousse qui lui avait touché la joue du bout de son doigt noirci. La blonde lui offrit un regard scindé entre de la tendresse et accusateur. Puis elle était partie sous la douche à son tour, demandant à Lorie de lui trouver quelque chose à enfiler. « Ne t’en fait pas ma chérie. » Un sourire malicieux s’afficha sur le visage de Lorie qui lorgnait désormais les dessins à nouveau. Sa petite amie non-mag’ avait un sacré coup de crayon, en voilà une piste à explorer… Celle qui ne savait quoi faire, pourrait sans nul doute faire des ravages dans cette école… Comment se nommait-elle ? Les Beaux-Arts ?

L’adolescente se releva en prenant délicatement les esquisses de fusain, le mot n’était peut-être pas le bon, après tout l’artiste de la famille qui avait eu le mérite d’être exposé avant même son adolescence, c’était Rose. L’artiste prodige de la famille…

Après avoir rangé les dessins parfaits de cette non-mag’ visiblement plus pudique à en juger la porte de la salle de bain. Elle jeta un rapide coup d’œil à sa penderie. Celle ou toutes ses robes avaient été stockées depuis son enfance. Le charme d’extension laissait entrevoir une pièce dans la pièce. Sa main se porta sur une robe couleur mangue… Quoi que… Lorie se mordit le doigt. La robe rouge de Suzanne lui laissait apparaître une chair de poule. Sûrement un désir secret. Alors sa main se porta sur une robe rouge. Une robe scintillante de soie, au dos nu et au décollé plongeant. Lorie hésita… Oui, elle était parfaite, une robe de haute couture ne pourrait que bien lui aller. Elle serait la muse de la soirée. La blonde attrapa des escarpins aux talons légers, elle ne devait pas avoir mal aux pieds, et quelques bijoux feraient l’affaire. Lorie s’arrêta en entendant la voix d’ondine. Les paroles étaient… Amusantes.

***

Teilo jouait de sa victoire. Ce petit fripon, prenait un malin plaisir à faire tourner en bourrique la petite blonde qui sentait son cœur se serrer. Comment ça, il avait plein d’idées ? Durant un court instant, la petite blonde ouvrit la bouche comme un poisson pour annuler le gage. Après tout, il y avait eu triche ! Mais elle n’osa pas et se ravisa. Un gage ne pouvait pas être si terribl…

Son visage se figea, des idées lui venaient, mais un détail venait tout chambouler. Un secret dont ses sœurs n’étaient pas au courant, il n’y en avait pas trente-six. Il y en avait même qu’un seul. Son visage tourna au rouge, ses paupières se fermaient et s’ouvraient avec un rythme frénétique… Un autre. Songea Pensée alors qu’elle voyait un Teilo satisfait.

La petite blonde sentait les battements de son cœur dans le bout de ses doigts. Une pulsation régulière et intense lui donnant des fourmillements. Ses pieds s’enfonçaient dans le sable, ils creusaient pour se cacher. Alors elle s’avança incertaine vers son oreille.

«  … de toi. »

Elle avait mâché les premiers mots à les désarticuler au point de les rendre méconnaissables. À moins que ce soit la vitesse de prononciation, ou encore le murmure qui avait le niveau sonore d’un murmure plus petit comme les poupées russes. Mais elle savait, que ça n’était pas suffisant. Le simple fait de répéter la rendait encore plus nerveuse. Mais avec une timidité légendaire, qu’elle n’avait probablement jamais montré aussi intense, elle se lança.

« Je suis amoureuse de toi… »
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Lun 19 Fév 2024 - 22:51


Vu qu'elle n'aimait toujours pas l'eau, même celle du robinet, il ne fallut que quelques minutes à Suzanne pour sortir de la douche, propre et parfumée à la figue et la noix de coco. Tout comme Lorie, la non-mag enroula une serviette autour de son ventre et une autre plus petite autour de ses cheveux en espérant que cette dernière était elle aussi enchantée pour donner un brushing parfait.

En avançant pieds nus dans la chambre, elle avisa d'abord le bureau de Lorie sur lequel ne trainaient plus plus ses deux croquis. Ha. Ils étaient si mauvais que ça, la sorcière les avait jetés ? Ou, au contraire, ils lui avaient tapé dans l'oeil ? Suzanne allait lui demander mais ses yeux s'arrêtèrent sur la robe en soie rouge que Lorie avait préparé... pour elle.

Elle était belle. Peut-être trop. Mais c'était celle que Lorie avait choisie. Alors Suze en pinça la soie, entre le pouce et l'index, pour éprouver la douceur de la texture tout en s'efforçant d'oublier le procédé de fabrication qui impliquait de tuer des chenilles par centaines. C'était tout de suite moins glamour.

"Tu me vois vraiment là-dedans ?" hasarda-t-elle en remontant une tête interrogative vers Lorie. Déjà qu'elle s'était sentie gauche dans la robe qu'elle avait mise pour venir, sans parler des talons. Elle pointa du doigt les escarpins qui étaient tout de même moins hauts : "T'imagines, je me casse la figure pile devant ta mère ? Je vais plus savoir où me mettre."

Un petit rire nerveux s'échappa de sa bouche. D'habitude, les convenances, Suzanne s'en fichait pas mal. Mais pas ce soir.



***



Il avait patiemment attendu que Pensée réfléchisse au secret qu'elle allait lui confier, sans rater les différentes émotions qui passaient sur le visage de son amie, sans pour autant cesser son petit sourire mutin. Que pouvait-elle cacher de si terrible pour hésiter à ce point ?

Aux premiers mots qu'elle lui murmura à l'oreille, Teilo comprit tout de suite et ouvrit les yeux en grand. C'était ce secret là. Pas tout à fait un secret d'ailleurs, ou alors tout le monde était au courant sauf eux. Gio et Lorie les avaient assez chambré là-dessus. Pas grave, il n'allait pas être tatillon. Sur l'endroit non plus : il avait imaginé l'aveu sous un ciel étoilé, au coeur d'un labyrinthe ou au final d'un feu d'artifice, mais ici, sur une plage venteuse et quasi déserte de début janvier, c'était très bien aussi. Maintenant, c'était parfait.

Teilo sourit en reculant d'un pas. Il se sentait à nouveau tout léger et il adorait ça. Du coin de l'oeil, il décelait la trop grande proximité d'Elina et de Madame Louise. Mais pile en face de lui, il y avait Pensée Fleury, apeurée et qui pourtant venait de lui montrer une nouvelle fois ce qu'était que le courage. Prendre un risque. Faire un choix. Alors non, cette fois, il n'allait pas lui faire de blague du style 'hein ? j'ai pas entendu', il n'allait pas la mettre au défi de quoi que ce soit, suggérer qu'elle aimait bien son manteau, attendre Noël pour l'inviter au bal ou se mettre à courir et la planter là.

Au lieu de tout ça, le garçon prit doucement une main de la fille entre les deux siennes et lui sourit tendrement, les yeux plissés. "Hé... tout va bien." Puis, après une inspiration par le nez, il se mit sur la pointe de ses baskets et se pencha vers son oreille pour murmurer juste pour elle : "Moi aussi, je t'aime."

Teilo Daroux frissonna en se remettant face à Pensée Fleury. Finalement, c'était facile à dire, si simple qu'il se mit à rire tout doucement. Il avait l'impression d'avoir un énorme poids en moins, d'avoir grandi de deux ans en une seconde. Et maintenant... maintenant, il s'en fichait. Ils pouvaient rentrer au château ou rester là, ses mains autour de la sienne à entendre le soupir blasé d'Elina. Ils pouvaient revenir à Beauxbâtons après les vacances ou fuir, oublier ces histoires d'adultes, de mages blancs et noirs et rouges et verts pour partir à l'aventure sur toute la planète et dans le cosmos à la recherche d'artefacts magiques. Qu'est-ce que ça changeait, de toute façon ?

Teilo Daroux aimait Pensée Fleury. Et si elle en doutait encore, il était prêt à braver le vent pour le crier.
Lorie Fleury
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Lorie Fleury
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Mar 20 Fév 2024 - 3:11


Lorie tendit la robe en l’approchant un peu plus de sa petite amie. Elle lui avait demandé de choisir pour elle, alors il faudrait assumer. Pour autant, la blonde n’empêcherait jamais la jolie rousse de refuser et de prendre quelque chose dans sa valise.

« Le rouge ira très bien avec ton âme enflammée, tu seras parfaite et tu ne te casseras pas la figure, le sourire rassurant de Lorie appuyait ses paroles, tout se passerait bien. Puis tu verras, la soie de lotus est très agréable à porter. »

Lorie en savait quelque chose, ses parents n’achetait presque que de la soie de lotus, ce qui était plus cher était une façon de montrer encore plus l’écart de classe sociale… D’une façon implicite, cela allait sans dire. Surtout que la soie de lotus ne courrait pas les rues, c’était même quelque chose de rare, terriblement rare.

« Tu n’es pas obligée de la porter si tu ne te sens pas à l’aise, de toute façon ce n’est qu’un repas, certes plus formel que tout ceux que tu auras connu. Du moins, c’est ce que pensait la blonde. Mais une fois fini on pourra juste en rire dans le lit… Oh, juste évite de parler de la nourriture que l’on mange à table, je t’épargne les détails, mais c’est mal vu… La blonde laissa un silence, en fait, il y avait un paquet de choses qui étaient mal vues… Lorie soupira et s’avança jusqu’à Suzanne. Tu feras une bêtise quoi qu’il arrive, depuis mes quatre ans, on m’enseigne un tas de convenances et je faute encore… Quoi qu’il en soit, je serais là, d’accord ? »

Lorie caressa la joue de Suzanne avec le revers de sa main. Une douce caresse qui visait à anéantir toutes les peurs ou les doutes de cette rebelle qui soudainement semblait se soucier de choses dont elle ne se souciait pas avant.

***

Elle n’en revenait pas de l’avoir dit, d’avoir révélé ce secret à celui qui en était le plus concerné. Les mains de Teilo qui venait sécuriser celles de Pensée eut pour effet de faire relever le regard de celle-ci. Ses yeux bleus fixaient le garçon et se baladaient de gauche à droite comme on lisait les lignes d’un livre. « Tout allait bien ? » Le murmure au creux de son oreille eut l’effet d’un électrochoc. Les yeux ronds la fillette regarda le garçon. Lui aussi était amoureux d’elle ? L’information fit plusieurs fois le tour des cellules grises de la petite blonde. Pendant un instant, elle eut l’envie de faire un bisou comme les grands faisaient, mais elle n’osa pas. À la place, elle serra celui-ci une nouvelle fois dans les bras et le serra aussi fort qu’elle le pouvait.

Lorsqu’elle relâcha l’étreinte, elle lui fit un petit sourire niais, replaça une mèche de cheveux derrière son oreille – Que le vent s’empressa de déloger – et observa Elina qui avait un sourire trop satisfait étiré sur son visage. De son côté madame Louise avait une lettre entre les mains que celle-ci lisait comme le ferait une vielle personne avec un journal. Pensée connaissait ce regard, ils allaient rentrer, pour une raison dont elle ignorait les détails, mais ce n’était pas grave. Du moment qu’elle était avec Teilo, rien d’autre n’était important en ce jour.

Madame Louise confirma ses doutes. Plus de choix possibles, le petit groupe devrait rentrer.

Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Mar 20 Fév 2024 - 23:38


La manière dont Lorie la réconfortait et la rassurait, à coup de compliments, de formules assertives, avec le sourire et en bonus une petite caresse sur la joue donnait à Suzanne l'impression distincte que oui, c'était possible. Elle n'allait pas avoir l'air d'une cruche dans cette robe à la soie végétale (quel soulagement !), elle n'allait pas se fouler la cheville devant Maman Fleury, ce repas sous l'oeil critique de l'acariâtre génitrice n'allait pas être un calvaire.

Celle qu'elle savait être une mage blanc avait un vrai don pour apaiser ses craintes d'enfant qui venaient tout à coup de ressurgir. Elle avait la main très douce aussi. Elles en riraient au lit après coup, prédisait la sorcière. Une perspective attirante qui donnait à Suzanne l'envie de faire un effort.

"Alors si t'es là..." murmura-t-elle en la regardant... mais elle ne finit pas cette phrase là. "Je vais mettre la robe. Quand je reviens, tu me fais un tuto express sur la bienséance ! Ha, et tu m'apprends à marcher correctement."

En cheminant vers la salle de bain, son déguisement pour la soirée dans la main, Suzanne en vint même à se dire qu'elle était pas mal bête de s'en faire à ce point. Peut-être même que ça allait être amusant.



***



Voir les yeux de Pensée s'agrandir, devenir deux grands cercles d'eau, fit sourire encore plus Teilo. Elle avait compris. Et quand elle le reprit dans ses bras, il ne hoqueta même pas de surprise. Ses mains retrouvèrent leur position dans son dos, il soupira doucement dans son cou juste avant de capter le sourire franc d'Elina qui le fit cligner des yeux d'étonnement.

Il lui fallait vraiment être plus humble. Parfois, il oubliait qu'il ne comprenait pas tout.

Et il avait mal aux mollets aussi, à force de se mettre sur la pointe des pieds. Jamais le petit Lug n'avait eu autant envie de prendre quelques centimètres. Au retour des vacances, il devait absolument voir si il n'y avait pas des aliments magiques ou des sorts qui pouvaient accélérer le processus.

Quand ses baskets se retrouvèrent à plat, il observa le petit geste de Pensée qui se recoiffait pour aussitôt être contrariée par le vent, celui-là même qui faisait flotter son écharpe depuis leur arrivée sur la plage. Ca lui donnait envie de rigoler mais le garçon se retint.

Madame Louise voulait qu'ils rentrent au château. Teilo opina du chef avec un sourire en coin : "On vous suit". Comme ça, derrière la gouvernante et la grande soeur, il pourrait cheminer dans les rues de Cannes main dans la main avec Pensée. "Au revoir, la plage", fit-il quand même avec un lent regard autour de lui. Il devait conserver intacts dans sa mémoire les détails de cet endroit.

C'était un endroit important.
Lorie Fleury
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6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Mer 21 Fév 2024 - 2:19

Éclipse temporelle
Soir du dîner
Salle à manger du château.



Attablé à l’imposante table en bois d’acajou vernis, Lorie faisait face à Suzanne. Elle lui avait fait une liste non-exhaustive d’une vingtaine de choses à ne pas faire, ou à faire. Des couverts, jusqu’aux choses les plus anodines et pourtant importantes. Pour les couverts, c’était simple, Suzanne n’avait qu’à suivre Lorie et le reste de la famille. Tout comme Teilo par ailleurs, même si ce dernier avait été dispensé d’une telle formation au profit d’un retour main dans la main avec Pensée qui était installée en face de sa sœur et à côté de Teilo.

En bout de table trônait fièrement la mère des Fleury, Marguerite De La Marche, qui observait la tablé avec un œil perçant et un visage agréable que Lorie percevait aisément comme forcée, celle-ci devait sans nul doute ruminer quelque chose. Sa mère avait toujours été un exemple de contrôle et depuis qu’elle avait l’occlumencie, cela lui sautait aux yeux. Elle portait une robe de sorcière des plus sophistiquée, provenant sans nul doute de l’étage VIP de la maison Capenoir. Au plus proche de Marguerite se tenait Louise et Rose. Au plus loin, les plus jeunes.

Une atmosphère pesante résignait dans l’immense salle à manger, et ce n’était pas l’argenterie et les quelques décorations en or qui apaisait tout cela. Pas plus que la nappe brodée qui devait à elle seule compter une centaine d’heure de travail. La raison à cela était sans nul doute le mécontentement de Marguerite, qui finit par briser le silence.

« Lorie ? »

La blonde qui observait Suzanne avec un regard tendre et encourageant tourna la tête. Les présentations c’étaient bien passées et sa mère s’était même excusée auprès de Suzanne et Teilo de son comportement lors de son passage dans leur humble… Appartement ? Alors, elle n’avait aucune raison de rentrer dans une confrontation avec celle-ci pour le moment.

« Mère ? » Sa voix était calme, les yeux de la table rivés sur elle et pourtant, elle gardait sa grâce et son élégance. Le regard des autres lui avait toujours que peu importé, mais depuis le tournoi cela avait pris une autre tournure, alors celui de sa famille ?

« Je dois te faire signer des papiers dès demain, je les rédigerai dans la nuit. »

Les entrées arrivèrent dans un ballet finement orchestré par le majordome de la maison. Les cloches s’ouvraient sur un Tartare de poulpe (remplacé par des radis pour Suzanne) somptueusement mis en valeur sur une terre de morille et de truffe avec d’autres assortiments. Un plat gastronomique que certains chefs seraient prêts à se battre pour avoir une qualité pareille dans leur restaurant étoilé.

« Des papiers ? »

« Un contrat, qui fera de toi la propriétaire du château. »

Lorie qui avait piqué avec la fourchette prévue à cet effet dans un tentacule en rondelle, porta sa bouchée jusqu’à sa bouche, puis quand elle eut fini apporta une réponse.

« Je n’en veux pas »

« Ne fais pas l’enfant, c’est juste une manœuvre pour empêcher ton père de le récupérer le temps que les… Les formalités légales du divorce se résolvent.

« Eh bien si c'est juste une manœuvre peu scrupuleuse visant à embêter père alors... Je les signerai. »

« Je te remercie pour cette sage décision. Elle apporta un sourire à sa fille, prit une bouchée de son entrée avant de se tourner vers Suzanne puis vers Teilo. Comment se passent votre scolarité à Beauxbâtons ? » Son regard appuyait plus en direction de Suzanne. Elle qui était la plus grande, plus proche, était à une position toute trouvée pour converser.

Un petit sourire sur le visage de Lorie s’afficha, à quel point sa mère était déconnectée ?

Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Mer 21 Fév 2024 - 19:08


Droite comme un i sur sa chaise, Suzanne piquait méthodiquement dans ses radis, s'efforçant de donner à chaque geste une subtile élégance. Ils étaient super bons mais piquaient pas mal, elle aurait bien mis du beurre. Il y en avait juste sur sa droite mais dans son cours accéléré, Lorie ne lui avait pas expliqué comment se servir du beurre, avec quel couteau, avec quelle main, est-ce qu'on tartinait avec le plat ou le bout du couteau, est-ce qu'on tenait le bout de pain ou est ce qu'on le laissait posé dans l'assiette ?

Les riches avaient de drôles de considérations. A croire qu'ils s'ennuyaient un peu.

Pourtant, Suzanne, dans sa belle robe rouge et soyeuse, jouait le jeu. Silencieuse et sage comme jamais elle n'avait été à aucune table, elle ne jetait que de rapides et furtifs regards à Lorie, osait à peine un petit sourire pour lui répondre. Ses cheveux étaient impeccablement coiffés : une première aussi, sans doute. De temps en temps, elle regardait cette nappe opulente où aurait tout aussi bien pu s'inscrire le message : SI TU ME TACHES, TU MEURS. Elle ne regardait que peu Madame De la Marche qui, à sa grande surprise, s'était excusée pour son comportement quand elle était venue chez les Daroux à Lyon.

Ouais, c'était trop facile. Suzanne n'était pas du genre à pardonner, et puis elle se souvenait encore très bien de la gifle monumentale que Lorie s'était prise sans même broncher. Mais pour Lorie, la 'sage' non-mag garderait cette apparence affable et bien élevée jusqu'au bout.

Bon, par contre, c'était vachement silencieux dans cette pièce. On aurait dit une veillée funèbre, on entendait que les cliquetis des couverts et un bruit de mastication que Suzanne identifia bien vite en jetant un coup d'oeil sur sa droite : c'était Teilo qui semblait s'amuser de la viscosité du poulpe, à en juger par son sourire. Sérieux, ils ne lui apprenaient pas les bonnes manières à Beauxbâtons ? Au moins il avait mis le polo bleu marine que Maman avait glissé dans sa valise à son insu. Ca jurait un peu avec son jean et ses baskets, mais ça faisait quand même plus habillé.

Quand Madame De la Marche daigna couvrir le relatif silence de sa voix, Suzanne en eut une sueur froide. Allait-elle réprimer son petit frère pour son comportement ? Considérer les Daroux indignes d'arpenter ce lieu et de poser leurs fesses dans la même pièce que ses filles ? Mais non, ouf, rien de tout cela. La maîtresse des lieux parlait comme tous les riches de papiers, de contrats, rien de bien intéressant jusqu'à ce que Suzanne ne saisisse l'enjeu : le château allait devenir la propriété de Lorie !

Le regard de la rousse s'illumina. Mais c'était juste parfait. Et peu importait au fond que ce soit une simple magouille de la mère. Ca allait embêter l'odieux paternel et qu'est ce qui empêchait Lorie, une fois les papiers signés, de ne jamais rendre le château à sa si douce Maman ? Tiens, prends ça dans la tronche, Marguerite. Suze échangea un rapide regard avec la blonde qui avait déjà sûrement pensé à tout ça et se redressa aussitôt qu'elle entendit la question de la mère.

Cette question n'était pas adressée qu'à Teilo mais à elle aussi. Merde, elle qui espérait ne pas être l'objet d'un interrogatoire ce soir. Elle n'était qu'une non-mag, après tout, pourquoi Madame De la Marche s'intéresserait à elle ?

"Je ne suis pas à Beauxbâtons, Madame", commença-t-elle avant de s'éclaircir discrètement la voix. Peut-être qu'elle devait reposer sa fourchette en parlant, là. Euh... sur le côté droite de l'assiette, oui. "Je suis au lycée Ampère de Lyon, en filière générale et mes études se passent... elles.. se passent." Elle dut faire un effort suprême pour ne pas trop rougir, se retenir de pouffer. Le regard de Madame De la Marche était terriblement intimidant, comme si cette dame pouvait percer à jour toutes ses faiblesses.

Elle devait détourner l'attention pour éviter de parler de sa moyenne ou du nombre assez éloquent d'heures de colle qu'elle s'était prises depuis le début de l'année. La solution était toute trouvée et son sourire grandit. "Mon petit frère, en revanche, étudie bien la magie dans cette prestigieuse Académie. N'est-ce pas, Teilo ?"

"Oh oui !" renchérit immédiatement la crevette avec un enthousiasme non feint qui attirerait sans doute tous les regards. L'occasion pour elle de souffler un peu. "Je suis en Deuxième Année à Lug ! C'était dur au début mais je fais des efforts. Vous savez, c'est Lorie qui m'a appris mon tout premier sort. Lumos. Et grâce à Pensée, je progresse beaucoup en Alchimie ! Quand elle m'explique, je comprends presque tout."

Bon sang, il n'allait pas s'arrêter. Au mépris de toutes les convenances, un sourire satisfait accroché au visage, il agitait sa fourchette à laquelle pendait mollement une rondelle de poulpe. "Et je suis assez fort en gastromagie aussi, vos filles peuvent confirmer. Oh, d'ailleurs, elle est excellente votre pieuv-"

Suzanne, qui avait pressenti que son petit frère finirait par parler de bouffe, lui faisait non de la tête, suffisament discrètement espérait-elle pour que Madame De la Marche ne le remarque pas. Heureusement, Teilo eut l'air de comprendre et reposa sa fourchette dans son assiette. Peut-être qu'on pouvait encore éviter le désastre.

"Votre nappe."

La nappe était excellente, oui...

"Les dorures sont vraiment très très fines, ça se voit que c'est brodé avec soin. C'est de l'Artisanat Magique ?"

Suzanne détourna son regard de son frère, qui continuait  de sourire à la mère des Fleury, pour le poser avec insistance sur Lorie. Le message était clair. Tu peux pas le faire taire ?
Lorie Fleury
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6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Jeu 22 Fév 2024 - 0:33



Marguerite avait un regard inquisiteur en regardant Suzanne. Elle ne faisait pas partie de Beauxbâtons, soit, les non-mag’ étaient intéressants tout autant que leurs bibelots parfois étranges dont elle était fan. Ce qui contrariait la mère de famille était qu’elle n’avait rien d’une bonne élève… Ça ne voulait rien dire « elles se passent » l’excellence n’était visiblement pas au cœur de toutes les familles et à en juger par le comportement du plus jeune, cela se confirmait. Que lui avait donc fait ce poulpe pour qu’il soit inspecté ainsi sous toutes ses ventouses ? Par la barbe de Merlin, avait-il déjà vu un poulpe ? Les pauvres ne pouvaient peut-être pas se payer ce luxe finalement…

« Bien »

Sans rien laisser paraître, son regard inquisiteur se posa sur le plus jeune qui était nettement moins éduqué que la plus grande. Aucune retenue, heureusement que ses filles en avaient. C’était tout de même étrange que celui arpentant l’académie ait moins de manière que la plus grande qui traînait dans un lycée à Lyon, sûrement public, mais elle aurait l’occasion de lui poser la question plus tard.

Un regard de fierté se posa sur Lorie, Marguerite avait même laissé un sourire s’afficher sur son visage, un vrai sourire, pas un sourire de convenance. Savoir ses filles aider à ce point les autres était une marque de fierté. La seule ombre au tableau était finalement cet horrible nom « Fleury » qu’elle avait appris à détester au cours de la dernière année. Une nouvelle fois, les manières de Teilo firent tiquer Marguerite qui ne laissa rien afficher. « Pieuvre » songea-t-elle avant de le voir se raccrocher aux branches. Finalement, Lorie avait mieux travaillé que Pensée, elle avait briefé son amie d’une meilleure façon tandis que la plus jeune s’était reposée sur ses lauriers.

« Il n’est pas étonnant que Lorie vous ait aidé, comme il n’est pas étonnant que Pensée soit une alchimiste de talent. Chacune des filles a leur domaine de prédilection… Parfois plusieurs dans le cas de Lorie… » Pas un mot pour Elina, même si son domaine à elle était la métamorphose.

« Suzanne, savez-vous ce que vous désirez faire après vos études au lycée en père ? Je suppose que l’on vous enseigne un tas de choses utiles, y a-t-il toujours des classements dans les écoles non-magiques ? »

« Mère, laisse-lui le temps de répondre, elle ne peut répondre à cent questions en même temps. » Lorie, toute maniérée fit des yeux compréhensibles à sa mère. Mais voir Suzanne prise à flot comme ça ce n’était pas des plus agréable. Toutefois, elle s’en était douté dès qu’elle avait vu le plan de table. Ce n’était pas pour rien que les plus jeunes étaient plus loin. C’était pour laisser la place aux plus âgés de converser.

« Navré les non-magiques m’ont toujours fascinée autant que les babioles dont vous vous servez, mais je vous en prie. » Marguerite fit un geste de main pour inviter Suzanne à répondre. Lorie piquait dans un tentacule de poulpe en rondelle et le porta à sa bouche. L’entrée était somptueuse et ça lui donna une idée de plat. Si elle n’était pas à table, elle aurait sans nul doute griffonné ses idées dans son carnet de cheffe. À la place, elle afficha un sourire à Suze, un sourire encourageant. Sa mère était dans un bon jour, même si elle semblait être un peu moins avenante avec le plus jeune des Daroux.

Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Sam 24 Fév 2024 - 19:33


Ouf. Si la matriarche du château était agacée par le comportement de son petit frère, elle faisait un effort pour n'en rien montrer. Suzanne pouvait souffler un peu. Enfin, jusqu'à ce que Marguerite ne s'intéresse de nouveau à elle et lui pose, genre, la pire question qu'on pouvait lui poser.

Et tu vas faire quoi plus tard ?

Suzanne sourit - un sourire un peu figé  - et toussota un peu. Les mères étaient donc toutes des psychologues de l'Education Nationale. La lycéenne se remémora aussitôt sa dernière visite dans le bureau de la psy. Ca ne s'était vraiment pas bien passé, l'autre lui avait parlé de filières porteuses, elle avait claqué la porte avant la fin du rendez-vous en jurant de ne jamais remettre les pieds dans cette antre de l'enfer, au grand dam de son professeur principal qui, heureusement, l'avait à la bonne.

Marguerite ne s'était pas arrêté à cette question du projet professionnel. Que Lorie prenne sa défense plaisait bien à Suzanne mais fallait avouer que pour le coup, c'était bien pratique toutes ces questions, ça évitait de répondre à la première. Après une courte inspiration, la jeune Daroux offrit à Madame De la Marche son sourire le plus avenant.

"Oui, nous apprenons vraiment beaucoup de choses..." inutiles. "En français, nous étudions de grands auteurs comme Rabelais, Hugo, Apollinaire..." c'était pompeux et chiant à mourir, sauf quelques poèmes d'Apollinaire. "En sciences, on fait.... des maths, avec des... théorèmes et touuuut... ça". 6/20 de moyenne. Elle ne comprenait plus rien aux maths depuis la quatrième. "En histoire, nous avons terminé la révolution de 1789 et le Premier Empire avec Nap- Napoléon." Suze en avait retenu que tout le monde, quasiment que des hommes d'ailleurs, se tapait sur la tronche même si ils étaient d'accord entre eux, puis qu'un général avide de pouvoir et à l'ego démesuré raflait la mise. Booooring. "Et sinon, il y a nos enseignements de spécialité, on doit en choisir trois quand on arrive en première et ça compte pour le bac. J'aime beaucoup les arts plastiques mais notre professeur est... parfois absent." En fait, ils n'avaient quasiment pas vu Madame Ricordel depuis octobre. Dommage, c'était clairement la matière ou elle s'en sortait le mieux et sans ces notes-çi, sa moyenne générale était encore plus dans les choux.

Toujours bien mise sur sa chaise, toujours souriante, Suzanne s'apprêtait à répondre à la troisième question de Madame De la Marche, celle sur le 'classement', quand elle entendit un grand SLUUURP sur sa droite.

Elle tourna la tête juste à temps pour voir le bout de poulpe visqueux que Teilo aspirait comme un spaghetti disparaître dans sa bouche. "Hmmmm", semblait se satisfaire son petit frère en affichant un grand sourire sans regarder personne en particulier. Non mais il avait bu ? Il le faisait exprès ou quoi ?

"Hem. Vous savez, Madame..." enchaîna illico Suzanne dans l'espoir d'attirer à nouveau l'attention de Marguerite sur elle, "si vous aimez les objets des non-mags, il faut essayer la brocante ! Chez nous en octobre, on a le Lyon Braderie Festival. On peut y trouver pas mal de babioles." Fabrice l'avait tellement tannée dernière avec ce truc qu'elle avait fini par accepter d'y aller avec lui. En vrai, malgré la présence de son frère, ça n'avait pas été une si mauvaise journée que ça.

Sa proposition faite, Suzanne piqua à nouveau dans un radis qu'elle porta à sa bouche à la manière de Lorie.
Lorie Fleury
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Mar 27 Fév 2024 - 20:13


Véritablement intéressée, Marguerite écoutait avec attention la non-magique. Des auteurs qu’elle connaissait puisqu’elle avait fait lire à ses filles certaines de leurs ouvrages. Cependant, la fille ne semblait pas réellement enthousiaste à tout ce qu’elle était en train de lister.

« La science… ? »
« La magie non-magique » précisa Lorie alors qu’Elina manqua de s’étouffer avant de jeter un regard vers sa sœur. Marguerite, qui ne ratait rien de ce qu’il se passait, toisa sa fille du regard.

« Une discipline qui doit être fort intéressante, mais vous avez suivit la même voie que… » commenta l’adulte simplement avant de s’interrompre en regardant le petit sorcier. Elle posa son regard sur Pensée qui s’empressa de murmurer quelque chose à son attention. Sûrement quelque chose sur les bonnes manières.

Suzanne changea de sujet avec une habileté remarquable, Marguerite esquissa un sourire, cette petite était décidément pleine de ressource.

« Oh, j’en ai déjà fait mademoiselle, jamais celle de Lyon cependant, peut-être suivrais-je vos conseils. » Bien sûr qu’elle n’irait pas, les brocantes étaient remplies de babioles de seconde main indigne de son intérêt dans la majeure partie des cas et vendues par des gens qu’elle n’estimait pas suffisamment pour les côtoyer. Les individuels des brocantes étaient à ses yeux le bas peuple mal élevé et d’une inélégance indigne de sa personne et son argent.

Lorie qui avait capté le mensonge, en profita pour glisser une pique subtile à sa mère.

« J’espère que vous trouverez le temps mère, vous êtes bien occupé et il ne faudrait pas se forcer… »
« Il est vrai… Répondit-elle sans s’y attarder. Si les arts sont votre domaine de prédilection, vous devriez bien vous entendre avec Rose, elle a toujours eu une sensibilité bien à elle… »

« Quand j’étais en première année, elle avait fait une œuvre dégueulasse, paie ta sensibilité… » Commenta Elina à voix basse qui n’avait pas échappé à sa mère qui s’arrêta de parler pour la fixer.

« Louise, je pense qu’Elina se sent au mieux fatigué et au pire qu’elle nous couve quelque chose. »  

Louise tapota ses lèvres avec sa serviette blanche et se leva avec une grâce pour faire le tour de la table. Elina, qui fixait elle aussi sa mère, jeta ses couverts sur la table sans la moindre once de soin, puis se leva. La chaise grinça sur le sol lustré, tandis que Louise avait mis sa main dans son dos de façon maternelle pour l’inviter à la suivre.

« Tsss t’façon c’est Lorie qui a raison allez-vous faire foutre. » Cria-t-elle dans un ras-le-bol bien visible.

Marguerite choquée bloqua la bouche d’un geste de baguette.

« Vraisemblablement… » Elle n’eut pas fini de finir sa phrase qu’Elina lui lança son assiette avec rage alors qu’elle couiné des mots incompréhensibles faute de pouvoir parler.

Lorie tapota sa bouche avec la serviette, de façon soignée et élégante et se leva sous le regard médusé du reste de l’assemblé. Elle contourna la table et murmura quelque chose à Elina dont le visage s’apaisa.

« Pourquoi, à chaque fois qu’il y a des invités, il faut... »
« Je te rappelle qui a lancé un verre de vin sur son père au dernier repas ? »

Lorie soupira.

« Tout le monde ne veut pas des manières que tu imposes, tu ne fais pas attention aux gens, tu fais attention à comment ils te perçoivent… Mal, tout le monde ici te perçoit mal… Cela fait combien de temps que Suzanne lorgne sur le beurre, mais n’ose pas en prendre parce qu’elle veut bien faire ? Teilo ne peut même pas manger tranquillement, tes filles ne peuvent pas s’exprimer comme elles le souhaitent… Comment veux-tu qu’on soit proche de toi ? Lorie agita la tête. À chaque fois que tu te rapproches, tu fais quelque chose qui brise le rapprochement. Tu seras la seule perdante quand Pensée sortira de Beauxbâtons… Donc pour ce soir… Oublie les convenances à outrance, tu veux des moments avec tes filles, il n’en tient qu’à toi de les prendre et de les accepter. »

Marguerite dont la main tapotait nerveusement contre la nappe, se forçait pour maintenir un faux-semblant de contrôle. Puis elle agita la tête.

Elina reprit place à table, devant… Son assiette absente faute qu’elle soit devant sa mère retournée.

« Je… »

« Comment c’était l’Espagne ? » Lança Lorie qui s’intéressa à sa mère
« Éprouvant, les contrats sont d’un ennui… Le Brésil ? »
« Libérateur »
« Je suppose que le lycée est infernal ? » S’était-elle tournée vers Suzanne, pour dire enfin tout haut les doutes qu’elle avait tout bas.

Rose de son côté était encore sonné par les révélations de sa petite sœur. Elle ne comprenait définitivement pas l’art.  
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Mar 27 Fév 2024 - 22:23

Franchement, ça se passait su-per bien. Mieux que Suzanne n'avait espéré. La mère était un peu coincée mais elle restait polie et elle avait l'air de vraiment s'intéresser à elle. Peut-être que c'était du chiqué mais ça, Suzanne pourrait en avoir la confirmation après avec Lorie. En plus, la rousse avait esquivé avec un certain brio les questions les plus problématiques. Même Teilo avait arrêté de manger n'importe comment après un murmure de Pensée. A en juger par sa mine renfrognée, son petit frère semblait loin d'être ravi, mais si c'était le prix à payer pour que le repas se poursuive sans accroc, ça ne gênait pas du tout Suzanne. Il n'allait pas encore tout gâcher.

Approuvant gentiment de la tête aux moindres dires de Madame De La Marche, Suzanne se détendait même un petit peu sur sa chaise. Puis tout bascula. Et contre toute attente, ça commença avec Elina qui se paya une remarque un peu... déplacée, le genre de truc que Suzanne ne se gênait pas de dire, elle, à table en famille et sans se faire reprendre. Les choses s'enchaînèrent rapidement, entre Madame Louise qu'on sentait gênée de devoir accomplir son office et faire sortir Elina de table, la mère outrée, la vulgarité soudaine d'Elina, le sort pour lui fermer la bouche, le jet d'assiette !

Ouah.

Le regard de Suzanne papillonnait d'un bout de la table à l'autre, de Marguerite à Lorie en passant par Teilo qui semblait aussi abasourdi qu'elle. Il s'arrêta sur Elina. Comme elle comprenait cette colère qui devait bouillir en elle depuis si longtemps et explosait maintenant, comme Lorie avait du exploser en son temps, comme elle-même avait explosé à peu près à cet âge. D'accord, un peu avant. Elle voulut lui offrir un regard de compassion mais se dit qu'à sa place, elle aurait juste voulu qu'on la laisse tranquille. Ce fut donc ce qu'elle fit.

De toute manière, et ça elle s'y était attendu, Lorie avait pris la situation en main avec une sérénité exemplaire. Rien que la regarder faire rassurait la non-mag : les choses ne pouvaient que s'arranger. Par contre, jamais elle n'aurait osé dire comme ça, à la cool, toutes ses vérités à Maman Daroux. C'était inspirant... peut-être quelque-chose à essayer ? Surtout que ça faisait son petit effet. Marguerite fermait son clapet et sans y être forcée par un sortilège. Et sa fille qui venait de lui faire la leçon l'invitait maintenant à reprendre une conversation normale comme si de rien n'était.

Hm. Ca voulait dire qu'elle pouvait prendre du beurre, maintenant ? Dans le doute, Suzanne osa et choisit de le récupérer avec la tranche du couteau. C'était quand même beaucoup plus pratique comme ça. Elle en tartina un bout de pain dans lequel elle mordit à pleine dents avant de croquer dans son radis, qu'elle piquait toujours à la fourchette. Oui, c'était bien meilleur làààà !

"Hm ? Oh, le lych- pardon." Elle avala ce qu'elle avait en bouche, les joues un peu rouges, et reprit. "Le lycée ? Pour tout vous avouer... non, ce n'est pas infernal." C'était un peu exagéré de dire ça et Marguerite était quelqu'un de mesuré. "On va dire que, voilà, ce n'est pas pour moi. Le souci, c'est que je n'ai pas trouvé mieux. Alors je m'accroche." Elle soupira ostensiblement. "Plus qu'un an et demi. Ma libération viendra après, je suppose."

Suzanne avait volontairement dévié son regard sur Lorie, un sourire au coin des lèvres. Qu'entendait la blonde par libérateur en parlant du Brésil ? Elle voulait en savoir plus. Teilo en savait-il plus ? En regardant son petit frère, elle constata qu'il ne faisait plus la tête, bien au contraire. Il adressait un grand sourire à Lorie, et pas celui avec plein de dents. Il avait plutôt l'air... soulagé ? Fier ? Débile ? Il cachait un truc, c'était sûr. Il savait quoi qu'elle ne savait pas ?

Bah. De toute façon, elle saurait tout ce soir.

"Parlez-nous un peu de vous, Madame de la Marche," fit-elle en se retournant vers la mère, sourire avenant au visage. "Vos études, vos passions... quand vous aviez notre âge."
Lorie Fleury
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6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Mar 27 Fév 2024 - 23:09



« De toute façon, si vous continuez dans le milieu artistique, les contacts seront primordiaux » Répondit Marguerite de façon très pragmatique.

« Il y a de la technique à avoir, une sensibilité, ce n’est pas que des contacts, il y a aussi du travail. »

« Ma chérie, pourquoi d’après toi, tu as été exposé à Berlin alors que tu avais quoi, neuf ans ? Marguerite laissa un silence, les contacts. »

« Si Suzanne choisit cette voie, je ne me fais guère du souci pour sa technique et sa sensibilité. » Lorie était toujours calme, mais elle avait vu les dessins de sa petite amie.

Entre temps, le plat principal arriva, c’était quelque chose de totalement inattendu, mais des sushis étaient présents pour le repas. Lorie n’en avait jamais mangé, ou alors elle ne s’en rappelait pas. Ce qui était le cas pour les autres filles Fleury. Bien entendu, Suzanne, n’avait que des sushis végétariens ? Certains avaient une omelette sur le dessus, d’autre de l’avocat. Les Sushi maki, eux étaient tous aux légumes, certains au fromage. Les vrais Japonais se retourneraient probablement dans leurs tombes. Mais il y avait surtout, dans chaque assiette des takoyaki. Pas de poulpe dans ceux de Suzanne.

Lorie piqua dans une petite boule et manqua de se brûler, c’était si chaud, mais son visage avait changé. C’était quoi cette dinguerie ? Comment une petite boule à base de pâte à crêpes assaisonnées de la sorte pouvait être aussi délicieux ?

« Je suis allée à Beauxbâtons, confrérie de Dagda.J’y ai passé une scolarité calme, comme celle que l’on attendait de moi. Puis je suis devenue notaire et je me suis mariée avec François… À votre âge, je me plongeais dans la lecture, principalement non-magique. J’ai toujours eu la passion pour votre monde, même si j’ai toujours compris les enjeux d’une telle séparation, Je faisais de la musique aussi et de la danse. Mes parents accordaient beaucoup d’importance aux activités nobles. Même si mes aïeux ont perdu leur titre de noblesse dès lors que du sang sorcier s’est manifesté, l’éducation qui en découle à toujours perdurer » Marguerite prit une gorgée de vin avant de prendre un sushi au loup avec des baguettes comme une experte.

« Le monde évolue, et on ne m’a jamais préparé à une telle évolution. » Elle plongea le morceau de Loup dans la sauce et porta le nigiri à sa bouche.

Étrangement, c’était la première fois que les sœurs Fleury entendaient leur mère parler de son passé.

« Pourquoi tu t’es marié avec François ? »

« On partageait des points d’intérêt commun, pour les non-magiques notamment. Il était déjà impulsif, mais il était charmant. Nos familles se connaissaient bien, il y avait aussi des aspects économiques. »

« La pire erreur de votre vie… » Avait envoyé Elina droit dans la tête de sa mère sans le moindre tact.

« Détrompe-toi, c’était la meilleure. »
« Se marier à père ? Il ne vous a rien apporté. »

Pour la première fois, Marguerite tremblota de la main. Le sushi à l’anguille qu’elle avait repris lui avait échappé des baguettes.

« Il m’a apporté quelque chose de très précieux. »
« Des ennuis ? »
« Vous… »

Lorie avait suivi en demi-teinte la discussion, elle savait déjà tout ça. Par contre elle détruisait le plat de Takoyaki. À ce rythme, il ne resterait plus que ceux de Suzanne... Elle leva son regard vers elle alors qu'elle avait des joues de hamster faisant des réserves. Ceux de Suzanne y passeraient aussi une fois à court de vrai
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Mer 28 Fév 2024 - 12:21


Contacts, technique, sensibilité... oui, un artiste avait besoin de tout ça pour prospérer. Suzanne avait beau avoir des idéaux bien ancrés, elle savait pertinemment que dans ce monde si imparfait, pour la plupart des gens, l'art était un marché. Pour le coup, elle était plutôt d'accord avec Marguerite. Même Rose avec tout son talent n'aurait peut-être pas percé sans le réseau de sa mère. Combien d'artistes étaient méconnus du grand public faute d'avoir eu un moment sous les projecteurs ? Heureusement pour elles deux, elles avaient des mamans avec le bras long.

Elles avaient aussi des gens qui reconnaissaient leur potentiel. Suzanne avait sa famille qu'elle décriait tant et qui pourtant n'avait eu de cesse de la motiver à continuer le dessin. Elle avait aussi Lorie, dont le compliment ne lui avait pas échappé. Lorie avait donc aimé ses petits croquis de rien du tout ? Souhaitait-elle les emporter au Brésil ?

Ses yeux passant sur les différents plats de sushi - dont des végétariens, ce qu'elle apprécia - Suzanne se concentra plutôt sur la mère des Fleury qui, contre toute attente, répondit à sa question d'une manière qui lui semblait honnête. Elle se retint de pouffer en entendant parler de scolarité calme... ouais, en gros, Marguerite s'était emmerdée à Beauxbâtons. La vraie question c'était, est-ce qu'elle avait voulu s'emmerder où est-ce qu'il y avait été obligée ? Visiblement, ses parents avaient été au moins aussi saoulants avec elle qu'elle ne l'avait été avec ses enfants.

Les parents étaient tous hors-sol à vouloir faire de leurs enfants des modèles archaïques d'excellence. Sa propre mère, malgré ses beaux discours sur la liberté de choix, n'échappait pas à la règle. Olympia allait être la danseuse parfaite, Fabrice l'écrivain parfait, Teilo le comédien parfait, Alice la sportive parfaite, Robin... elle ne savait toujours pas ce qu'Armelle avait prévu pour lui mais c'était le cadet de ses soucis. Et quant à elle, Suzanne Daroux, elle était la seule à avoir vu dans le jeu de sa mère et renversé la table. Les autres étaient juste trop bêtes.

Bon sang, ça la faisait bouillir. Elle prit un sushi à l'avocat avec ses deux baguettes, lutta pour qu'il ne tombe pas sur le chemin jusqu'à sa bouche et quand elle mordit dedans, la saveur fut telle que sa température interne dut redescendre illico de quelques degrés. Ainsi, la rousse put s'intéresser à nouveau à la conversation qui prenait un tour plus intime. La mère perdait un peu le contrôle en avouant que, malgré tout, elle ne regrettait pas d'avoir fait des enfants.

Un instant, Suzanne se laissa gagner par l'émotion. Bien sûr, au fond d'elle-même, elle savait que sa mère l'aimait malgré tout et qu'elle aimait sa mère malgré tout. Que les parents avaient beau être hors-sol, ça partait généralement d'un beau sentiment. Mais... franchement, si elle aimait tant ses filles, Marguerite avait une drôle de manière de le montrer. Et qu'elle ne sorte pas l'excuse de sa propre éducation ou du monde qu'elle ne comprenait pas. Lorie avait été assez claire tout à l'heure. Cette Maman qui larmoyait un instant allait vite revenir à ce qu'elle savait faire de mieux : penser à sa tronche et à ses activités nobles avant tout.

Peut-être que Suze devait faire comme Lorie et Elina, être encore plus cash pour faire tomber le masque. Ou peut-être que ça ne servait à rien. Tout dépendait vraiment de Marguerite.

Sa réflexion s'arrêta quand son regard remonta sur Lorie et ses joues rondes bourrées de bouffe. La rousse fut aussitôt prise d'un rire qu'elle ne réprima même pas. "On te donne pas à manger à Castelobruxo ?" plaisanta-t-elle à mi-voix. Comment la blonde pouvait-elle faire pour passer en un instant de très sérieuse à rigolotte... et adorable ? Comme ça, elle ressemblait un peu à Lys, se dit Suze.

A suivre son regard, l'objectif de Lorie était évident. Lui prendre sa part de boules rondes fourrées à elle ne savait quoi. Bonne princesse, elle en fit rouler quelques-unes avec ses baguettes vers sa petite amie. De toute manière, elle avait un peu trop réfléchi là, ça lui retournait la tête et elle n'avait plus très faim, contrairement à Teilo qui se gavait de nigiris.

"On peut dire qu'on ne s'ennuie pas chez vous !" clama-t-elle à l'assemblée autour de la table, un grand sourire aux lèvres. "Mais Teilo et moi sommes très heureux de votre invitation." Puis elle se pencha vers Marguerite et lui dit un ton plus bas : "Vous savez que vous avez des filles extraordinaires. Toutes." En vrai, Lorie un peu plus que les autres mais chut. "Vous pouvez en être fière et, je sais pas, juste leur dire de temps en temps... pas juste cette fois."

Elle haussa les épaules l'air de rien. Si seulement sa propre mère pouvait l'écouter, à cet instant précis.
Lorie Fleury
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Jeu 29 Fév 2024 - 1:19



Lorie manqua de s’étouffer à la question de Suzanne. Elle la fixa avec ses joues de hamster et sa mâchoire qui oscillait entre la droite et la gauche à l’image d’une petite vachette. Quand elle eut fini sa bouchée, elle s’amusa de la situation.

« Les insectes sont certes agréablement épicés, mais… Ça ne vaut pas ces petites boules. »

Évidemment qu’elle rigolait, oui, on lui avait fait goûter des criquets, mais en soit, ce n’était heureusement pas l’alimentation de base des Brésiliens.

« Oh tu es adorable ! » Lorie s’empressa de voler les boulettes comme un vil forban détroussait les passants. Elle mit la première dans sa bouche et souffla pour éviter de se brûler. C’est qu’elles étaient chaudes ces petites choses !

« Il semblerait que bien malgré moi, ce soit animé, je suis heureuse que vous l’ayez accepté. Je dois bien admettre que notre premier contact n’était pas le plus… Enfin, je vais tâcher de suivre vos conseils, mademoiselle » Marguerite s’avança pour tapoter la main de l’adolescente.

« Uhm uhm, madame De La Marche, le major d’homme se faisait tout petit dans l’entrée de la porte. Marguerite le regardait avec un air interrogatif. Votre sœur madame. »

Marguerite serra sa baguette, qu’elle cacha sous la serviette d’un magnifique blanc, quelque peu rougit par le rouge à lèvre.

« Bien le bonsoir, Chère Sœur elle posa son regard sur les enfants, un regard de dégoût entremêlé a de mépris. Bonsoir… » Celui qui leur était adressé était plus froid et son regard était tourné sur Lorie qu'elle jalousait secrètement.

« Que me vaut cette visite en plein repas ? »

La blonde, prise dans une robe de dentelle noire avec un bustier blanc sembla étonnée.

« Tu as chassé François… Où devrais dire… Ta fille a chassé François. »

Lorie paraissait toujours calme. Elle avait toujours ses Takoyaki dans les joues, Rose avait imité sa mère et avait sa baguette prête, juste en dessous de la table. Louise également, il y avait une tension que seul Lorie ne semblait pas y faire attention.

« A ma demande... Elle a eu raison. »

Lorie piocha une autre boule de Takoyaki et fit fumer sa bouche comme un dragon.

« Marguerite tu as toujours été… »

« Chentianne… »

La tante de Lorie la fixa.

« Les maléfices se perdent… Voilà qu’elle s’exprime la bouche pleine, quelle honte pour celle qui a représenté… »

« Oh ferme ta cheule. Lorie avala son Takoyaki. Tu as gâché mon Takoyakiri… »

« Takoyaki »

« … Mon Takoyaki, comme tu gâches mon repas et celui de ma famille et de mes amis… Alors, voilà ce qu’il va se passer… Tu vas prendre tes canapés et tu vas te barrer, et tu diras à François, puisque tu as décidé de baiser avec maintenant qu’il est libre, qu’il aille se faire foutre. Maintenant, j’ai dézingué une Acromentule sans même forcer alors je peux faire pareil avec toi si tu veux, tu as juste à me le dire et on part rue Claudel s’envoyer des sortilèges dans la face… Cependant, le dernier duel que j’ai fait s’est soldé par un enterrement sous un sable embrasé… Alors oust dégage la grognasse, il est fini le temps où tu étais la tortionnaire, j’ai grandi et s’il faut te calmer je le ferai sans hésiter… Oh !, c’est à l’oursin ça ! » Lorie attrapa le maki à l’oursin et le trempa dans la même sauce que les Takoyaki et le mit dans sa bouche.

« Quoi ? Qu’est-ce que vous avez à me regarder comme ça ? »

Louise approcha la main du pot de sauce, l’attrapa et goutta. Elle fit un petit regard à Marguerite qui comprit aussitôt.

« Je crois que le serveur s’est trompé de sauce… La sauce désopilante à légèrement débridé Lorie… »

« Ouais, bah, qu’elle se casse sinon je demande à lierre de la croquer. »

« Plait-il ? » Gentiane était choquée, quoi que le mot fût faible.

« Mais casse-toi avant qu’on utilise un canon pour te trouer comme les voitures de François, tu comp… » Louise avait mis la main sur la bouche de Lorie.

« Bon je ne vais pas y aller par quatre chemin, avant que ma fille ne lève sa baguette et fasse une bêtise, c’est moi qui vais te demander de partir Gentiane, de grès ou de force. » Marguerite se leva et pointa sa baguette vers sa sœur qui elle-même fit de même.

Lorie regarda avec le sushi dans la bouche.

« Ok ok ok fit-elle en se levant. On se calme, il y a des enfants dans cette salle. » Lorie s’approcha de sa tante et se posta devant. « Tu n’es pas contente, bon soit, pourquoi ne pas revenir demain nous faire chier ? » Avant même que sa tante n’ait le temps de formuler un maléfice, Lorie attrapa la baguette, tourna le poignet, mit un coup de pieds dans le genou de sa tante et se retrouva avec sa baguette dans les mains. Elle brisa en deux celle-ci.

« Oust on t’a dit, Lorie se tourna vers la table, dites-lui par Merlin, elle ne comprend pas. »

Tout le monde à table était figée, seul Rose s'était levée et s'approchait de Lorie comme si c'était un animal dangereux.
Teilo Daroux
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3ᵉ année, Délégué, Lug

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Jeu 29 Fév 2024 - 16:55


Suzanne croyait l'incident clos. Marguerite était plus raisonnable qu'elle n'avait pensé et ne l'envoyait même pas bouler après sa remarque. Soulagée, la rousse s'était détendue sur sa chaise, satisfaite de pouvoir passer la fin du repas à discuter de tout et de rien, esquiver les questions embêtantes et sourire à la manière dont Lorie mangeait les petites boules fumantes.

L'arrivée soudaine de la soeur, Chiante-Anne, chamboula toutes ses préconceptions. C'était comme dans une campagne de jdr masterisée par Fabrice. Tu pensais que tu avais battu le boss, que c'était gagné mais il y en avait un encore pire derrière, bien plus coriace et que tu n'avais pas vu venir. Et là, tu dégustais.

La non-mag se sentait un peu désemparée devant ces histoires de famille. Elle n'avait jamais aimé ça, mais avec les sorciers, ça prenait une ampleur sans commune mesure avec ce qu'elle connaissait. En plus, ils avaient des baguettes magiques. Ce n'était pas l'envie d'intervenir qui lui manquait - surtout que Chiante-Anne était méchante avec Lorie - mais que pouvait-elle faire face à la magie ? Elle ne voulait pas finir la soirée transformée en grenouille, elle avait d'autres plans.

Une fois encore, ce fut Lorie qui régla les choses. Avec brutalité, une certaine vulgarité oui... mais une efficacité remarquable. Plus la blonde parlait et disait ses quatre vérités à la tante, plus la rousse souriait. Et quand la sordide ennemie osa menacer sa chérie de sa baguette, Suze pouffa. Non mais oh, elle pensait avoir à faire à qui ?

La suite lui donna tout à fait raison. En deux temps, trois mouvements de poignet le potentiel de nuisance de Chiante-Anne fut réduit à néant. Alors que tout le monde à table semblait effaré par le comportement de Lorie, Suzanne se retenait d'applaudir. Et quant sa petite amie les alpagua tous, elle se râcla la gorge, se leva et, les mains innocemement croisées devant elle, adressa un sourire plein de suffisance à la méchante tante qui ne pouvait plus rien lui faire.

"Vous avez entendu la dame ? Oust. Ca veut dire du balai en langage sorcier."



***



Teilo avait jusque là observé la scène du dîner en spectateur. Ses seules interventions s'étaient limitées à mettre un petit peu de chaos et de fantaisie dans un cadre qu'il trouvait ennuyeux à mourir. Du moins jusqu'à ce que Pensée ne le reprenne. A contrecoeur, il avait accédé à sa requête et s'était calmé jusqu'à paraître invisible aux yeux de tous.

Pourtant, il aurait du s'en douter. Avec les Fleury, il finissait toujours par se passer quelque-chose. La soudaine effusion d'Elina l'avait pris par surprise mais Lorie avait superbement géré la situation et calmé tout le monde. Les Mages Blancs étaient vraiment trop cool. Parfois, le petit Lug se disait que plus tard il en serait un. Puis il se souvenait des Mages Noirs et oubliait l'idée.

Alors qu'il mâchait un nigiri au saumon - c'était tellement bon -, un autre coup de théâtre monopolisa son attention. L'arrivée d'une personne de la famille de Lorie qu'il ne connaissait pas. Après, cette famille était tellement grande et remontait à tellement loin. Rien à voir avec les Daroux. Il se tourna donc vers Chent... Gentianne ? qui n'avait pas l'air commode du tout et la scruta de son regard curieux.

S'ensuivit un drame qui, somme toute, ne le surprit pas tant que ça. Autre chose l'étonna bien plus : les réactions de son amie, la Championne de Beauxbâtons. Elle proférait des gros mots avec une aisance telle qu'il se demanda un instant où était passée la Lorie sage, posée, réconfortante qu'il connaissait ? Et, quant la Mage Blanc frappa le genou de sa tante et cassa sa baguette d'un geste sec, Teilo en sursauta sur sa chaise.

Il échangea un regard nerveux avec Pensée. "Qu'est-ce qu'elle a ?" souffla-t-il. C'était le Brésil qui l'avait changée à ce point ? Non. Non, il y avait un truc qui clochait. Et ça ne pouvait pas être que la sauce désopilante. A la suite de Rose et de Suzanne, Teilo se leva à son tour de table. Il n'aimait pas trop que sa grande soeur se mêle de cette histoire, ça pouvait être dangereux pour elle, mais se garda de lui en faire la remarque - ce n'était pas le moment de créer une nouvelle esclandre. Quant à Rose, même s'il ne la connaissait quasiment pas, Teilo lui faisait bien plus confiance pour gérer la situation. Elle avait l'air prudente dans son approche. Très bien. Il le serait aussi.

Et, bien sûr, il avait encore oublié de garder sa baguette sur lui.

"Lorie", fit-il pour attirer l'attention de son amie. "T'es sûre que ça va ? Tu viens de casser une baguette." Il se mordit intérieurement les lèvres et avança d'un pas, récupérant au passage le pot de sauce désopilante que Madame Louise venait d'incriminer pour le flairer... sans succès. On apprenait pas ça avant la Sixième Année en Gastromagie. Bon, il savait ce qu'il avait à faire.

"Attends, je vais goûter", fit-il à Lorie pour qu'elle garde les yeux sur lui. Il plongea théatrâlement le bout de son index dans la sauce avant de le lécher du bout de la langue.

Ses sourcils se froncèrent instantanément. De l'absinthe ? Ca ne rentrait pas du tout dans la composition de cette sauce. Perplexe, le garçon replongea le doigt dans le pot et goûta à pleine bouche en clignant des yeux. Il y avait bien d'autres composants mais il avait du mal à les distinguer. "Je sais pas ce que c'est mais... c'est pas de la sauce désopilante. Ou alors on a mis un truc en plus dedans."

Lorie Fleury
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6ᵉ année, Déléguée, Ogme

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Lorie Fleury
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Ven 1 Mar 2024 - 20:40



Pensée observa Teilo dans l’incompréhension total. Une simple sauce désopilante ne pouvait pas rendre Lorie comme ça. Rose continuait de s’approcher de Lorie en essayant de capter son attention.

« Ça va très très bien ! La baguette ouais… Mais… »

« Lorie vient voir » Le ton de Rose se voulait rassurant et calme.

« Attends, je vais la faire disparaître ! »

De son côté, Gentiane attrapa Lorie, Lierre qui était posté se gonfla et sauta sur l’agresseur. Mais avant que tout parte réellement en vrille dans un point de non-retour deux sorts partirent. L’un se scinda en deux et toucha le Matagot qui semblaient tout à coup en suspens, Lorie avait réussit à esquiver le sortilège et avait récupérer sa baguette pour riposter. Sa sœur afficha une grimace, mais Marguerite prit le relais en lançant un charme de désarmement sur sa fille, qui une nouvelle fois esquiva le sortilège. Rose et Marguerite firent alors une attaque groupée et alors que Lorie esquiva le sort de sa mère, l’expéliarmus de sa sœur toucha et sa baguette vola. Louise lança un charme d’attraction pour récupérer la baguette de Lorie, puis enchaîna pour hébéter Gentiane qui semblait désormais ailleurs avec un air béat.

Rose d’un second coup de baguette toucha sa sœur après que celle-ci ait réussi à esquiver un nouveau sort. Lorie se prit alors le stupéfix de plein fouet et se retrouva dans un état d’inconscience sur le sol.

Louise, qui avait écouté Teilo, goûta à nouveau et confirma aisément ses dires.

« Ça ressemble en effet à une potion de confusion… Particulièrement chargée »

Elina de son côté n’avait pas bougé et semblait ne pas vouloir attirer l’attention sur elle. Ça en était totalement suspect et pour cause, c’était bien elle qui avait rajouté en « dosant » admirablement bien comme à son habitude. Le regard de Louise se posa rapidement, sur elle et alors qu’elle se laissait glisser dans sa chaise pour se faire toute petite murmura un « Je plaide coupable, pas vraiment assumé. Le serveur s’est trompé, ce n’était pas pour elle à la base… »

« Diantre et pour qui ? » Se retourna Rose

« Mère… »

« Louise, allez donc faire un antidote pour Lorie, je m’occupe de ma sœur, Pensée, allez donc finir le repas à l’étage… » Conclus Marguerite qui savait très bien que les plats allaient être déplacés magiquement.

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