Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
L'air perplexe de Lorie était si amusant qu'un court instant, Suzanne contempla l'idée de juste rire à gorge déployée. Mais la sorcière finit par accéder à sa requête et, d'un geste à la puissance toute relative, la poussa dans l'eau.
"C'est tout ?" eut le temps de se plaindre la rousse avant que son dos ne heurte la surface de l'eau et qu'elle n'y disparaisse toute entière. Rapidement, ses cheveux refirent surface - ils ressemblaient plus à un tas d'algues qu'à des cheveux à ce stade et l'eau avait noyé beaucoup de leur flamboyant. Puis ce fut son visage ahuri qui ressurgit : des yeux et une bouche ouverts en grand.
"Haaaaa", inspira-t-elle comme un monstre venu du plus profond de la mer. "Voilàààààààà." Mais, très vite, la satisfaction sur son visage mouillé fit place à un semblant de panique "Oh m..." et ses deux bras se mirent à taper l'eau avec frénésie. "Au s'cou..." Elle disparut à nouveau, comme aspirée par le fond, remonta, inspira à bloc et retapa l'eau avec ses bras. "Lorie !"
L'image de l'adolescente au tee-shirt noir collant, batifolant à deux mètres du bord comme une otarie sous acide, faisait un peu ridicule. Nul besoin d'être occlumens pour constater que Suzanne Daroux, qui n'avait pas étudié le théâtre comme son petit frère, jouait vraiment très mal la comédie et ne risquait certainement pas de sombrer. Ce ne pouvait être qu'un piège éculé. Lorie serait-elle assez magnagnime pour s'y laisser prendre ? Suzanne comptait là-dessus. Elle était prête à sauter sur l'occasion, tenter de couler cette trop belle âme venue à sa rescousse... juste pour rigoler un peu.
A la base, elle était venue pour ça.
Les yeux de Teilo s'écarquillèrent un peu. Son petit stratagème avait encore mieux fonctionné qu'il n'espérait. Après le relativisme amusant car prévisible d'Elina, c'était Pensée elle-même qui le mettait au défi avec un sourire qu'il ne lui connaissait pas. Elle insistait même en proposant des gages à exécuter pour le perdant.
Décontenancé par l'étonnante assurance de son amie d'ordinaire timorée, il se ressaisit rapidement et sourit à son tour. "Ca marche. J'ai déjà ton gage." Faux, il n'en avait aucune idée mais là, il était passé en mode défi alors pas de quartier. Les bras parallèles sur la table, il redressa son dos, fit craquer son cou et inspira à fond en fermant les yeux pour susciter en lui une sorte de paix intérieure qui, à coup sûr, augmenterait ses performances.
L'arrivée des coupes généreuses ne lui causa aucun effroi. Au contraire, sa babine droite se retroussa pour dévoiler des canines pointues. "Ca tombe bien, j'ai une faim de loup de Lug !" Mais Pensée ne se laissait pas destabiliser. Il en rajouta donc une couche après avoir goûté la première boule de glace. "Hmmm, trop bon la mangue. Cha che marie très bien avec le coulis coco." Une idée à retenir pour plus tard en Gastromagie. Il continua ainsi quelque temps, épiant entre chaque coup de cuillère les réactions d'Elina et surtout de Pensée, guettant aussi où elles en étaient de leurs glaces respectives. Madame Louise avait préconisé la retenue - ce conseil était déjà aux oubliettes.
"Hmmm." "Cha va, vous ?" "J'ai encore plein de place !" "..."
Alors qu'il venait d'apporter une septième cuillère dans sa bouche, le visage de Teilo pâlit. Par Merlin, il avait complètement zappé que dans l'Insolence Exotique, il y avait une boule d'ananas. "Hm-eeerk. Hmm." Il détestait le goût de l'ananas depuis qu'il avait essayé une pizza à l'ananas à l'âge de cinq ans, au restaurant en face de chez lui à Lyon. Ses yeux se mirent à clignoter, son corps entier tremblota un peu. Dé-gueu-lasse.
Le garçon sourit de plus belle. "Délichieux." Pour chasser l'horrible saveur qui lui coulait maintenant dans la gorge, il s'empressa de piocher dans la boule fruit de la passion. Mais conserver les apparences était de plus en plus ardu. Ses coups de cuillère se faisaient plus lents, moins affirmés, Teilo sentait même un peu de sueur affluer dans sa nuque. S'il voulait gagner et donner un gage à Pensée, il devait tout manger, la boule ananas aussi. Et il voulait vraiment gagner.
"C'est tout ?" eut le temps de se plaindre la rousse avant que son dos ne heurte la surface de l'eau et qu'elle n'y disparaisse toute entière. Rapidement, ses cheveux refirent surface - ils ressemblaient plus à un tas d'algues qu'à des cheveux à ce stade et l'eau avait noyé beaucoup de leur flamboyant. Puis ce fut son visage ahuri qui ressurgit : des yeux et une bouche ouverts en grand.
"Haaaaa", inspira-t-elle comme un monstre venu du plus profond de la mer. "Voilàààààààà." Mais, très vite, la satisfaction sur son visage mouillé fit place à un semblant de panique "Oh m..." et ses deux bras se mirent à taper l'eau avec frénésie. "Au s'cou..." Elle disparut à nouveau, comme aspirée par le fond, remonta, inspira à bloc et retapa l'eau avec ses bras. "Lorie !"
L'image de l'adolescente au tee-shirt noir collant, batifolant à deux mètres du bord comme une otarie sous acide, faisait un peu ridicule. Nul besoin d'être occlumens pour constater que Suzanne Daroux, qui n'avait pas étudié le théâtre comme son petit frère, jouait vraiment très mal la comédie et ne risquait certainement pas de sombrer. Ce ne pouvait être qu'un piège éculé. Lorie serait-elle assez magnagnime pour s'y laisser prendre ? Suzanne comptait là-dessus. Elle était prête à sauter sur l'occasion, tenter de couler cette trop belle âme venue à sa rescousse... juste pour rigoler un peu.
A la base, elle était venue pour ça.
***
Les yeux de Teilo s'écarquillèrent un peu. Son petit stratagème avait encore mieux fonctionné qu'il n'espérait. Après le relativisme amusant car prévisible d'Elina, c'était Pensée elle-même qui le mettait au défi avec un sourire qu'il ne lui connaissait pas. Elle insistait même en proposant des gages à exécuter pour le perdant.
Décontenancé par l'étonnante assurance de son amie d'ordinaire timorée, il se ressaisit rapidement et sourit à son tour. "Ca marche. J'ai déjà ton gage." Faux, il n'en avait aucune idée mais là, il était passé en mode défi alors pas de quartier. Les bras parallèles sur la table, il redressa son dos, fit craquer son cou et inspira à fond en fermant les yeux pour susciter en lui une sorte de paix intérieure qui, à coup sûr, augmenterait ses performances.
L'arrivée des coupes généreuses ne lui causa aucun effroi. Au contraire, sa babine droite se retroussa pour dévoiler des canines pointues. "Ca tombe bien, j'ai une faim de loup de Lug !" Mais Pensée ne se laissait pas destabiliser. Il en rajouta donc une couche après avoir goûté la première boule de glace. "Hmmm, trop bon la mangue. Cha che marie très bien avec le coulis coco." Une idée à retenir pour plus tard en Gastromagie. Il continua ainsi quelque temps, épiant entre chaque coup de cuillère les réactions d'Elina et surtout de Pensée, guettant aussi où elles en étaient de leurs glaces respectives. Madame Louise avait préconisé la retenue - ce conseil était déjà aux oubliettes.
"Hmmm." "Cha va, vous ?" "J'ai encore plein de place !" "..."
Alors qu'il venait d'apporter une septième cuillère dans sa bouche, le visage de Teilo pâlit. Par Merlin, il avait complètement zappé que dans l'Insolence Exotique, il y avait une boule d'ananas. "Hm-eeerk. Hmm." Il détestait le goût de l'ananas depuis qu'il avait essayé une pizza à l'ananas à l'âge de cinq ans, au restaurant en face de chez lui à Lyon. Ses yeux se mirent à clignoter, son corps entier tremblota un peu. Dé-gueu-lasse.
Le garçon sourit de plus belle. "Délichieux." Pour chasser l'horrible saveur qui lui coulait maintenant dans la gorge, il s'empressa de piocher dans la boule fruit de la passion. Mais conserver les apparences était de plus en plus ardu. Ses coups de cuillère se faisaient plus lents, moins affirmés, Teilo sentait même un peu de sueur affluer dans sa nuque. S'il voulait gagner et donner un gage à Pensée, il devait tout manger, la boule ananas aussi. Et il voulait vraiment gagner.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie observa son amie tomber dans les profondeurs – d’un mètre quarante – du bassin supérieur. La blonde cligna plusieurs fois des yeux, et si elle eut une petite pique au cœur lorsqu’elle était remontée à la surface en criant au secours, Lorie avait vite décelé la supercherie. Peut-être parce qu’elle n’était pas loin d’avoir pied. Par Merlin à quoi jouait Suzanne ? Et ses cloques alors ? Lorie soupira et haussa les épaules, elle irait chercher l’onguent plus tard, préférant rentrer dans le jeu de Suzanne pour le moment. Après tout, elle avait la chance de pouvoir s’amuser, alors elle serait bien idiote de ne pas en profiter.
La seconde fille Fleury sauta à l’eau alors que Lys sauta à terre, l’adolescente ceintura Suzanne non sans se prendre un petit coup dans l’agitation du phoque aussi paniqué que s’il se faisait chasser par un épaulard et lâcha la prise. Dans la foulée, elle but la tasse ce qui fit tousser la blonde qui se redressa sur ses appuis en essuyant son visage pour enlever l’eau cristalline qui l’aveuglait. Puis elle reposa son attention sur Suzanne, il était temps de sauver la belle qui se « noyait. »
***
Un coup de cuillère après l’autre, la benjamine des Fleury creusait la douce glace piégée dans le verre qui lui servait de coupe. La boule chocolat était sacrément sucrée, suffisamment pour lui arracher quelques grimaces, mais la vanille venait bien contrebalancer tout ça. Surtout avec le coulis de chocolat noir qui avait un petit arrière-goût amer. Puis il y avait ce biscuit, ou plutôt cette tuile qui apportait un peu de croquant. C’était, DE-LI-CIEUX ! Ce n’était même pas un fardeau de manger la glace, alors certes elle était moins rapide que Teilo qui passait d’une expression à l’autre.
« Tout va bien » répondit Pensée avec calme qui avançait doucement, mais sûrement. Le défi n’était pas une course après tout, la dégustation ne devait pas prendre une tournure déplaisante.
Elina, de son côté avait déjà plus de mal, les fruits dans le sirop et l’abus de chantilly était par moment écœurant et la coupe était clairement trop grande à ses yeux. Ainsi, après une farouche bataille, elle s’arrêta là. Elle n’allait tout de même pas se faire exploser le ventre, la glace devait rester un plaisir. Louise, elle, sirotait son thé du bout des lèvres, gardant un œil sur les enfants et un autre sur un journal non-mag’
La longue cuillère de Pensée s’enfonçait toujours un peu plus entre la chantilly, la glace et le chocolat, elle était en bonne voie pour gagner et en observant le rythme de Teilo, il était clair que celui-ci n’avait pas la même faroucherie qu’au départ.
« Tu cales comme ma sœur ? » Questionna Pensée avec un petit sourire avant de remettre une cuillère de glace vanille dans sa bouche.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
M... elle venait de frapper Lorie ? Suzanne s'en voulut un peu mais n'arrêta pas son cinéma pour autant. La blonde avait du affronter bien pire qu'un bras de non-mag durant les trois épreuves de son Tournoi. Elle avait de la résistance. La preuve, elle refaisait déjà surface et se rapprochait à nouveau. La rousse ralentit ses mouvements, le piège se refermait. Une fois Lorie suffisament proche, elle enlaça sa taille comme on pouvait le faire d'une bouée. "Merci", susurra-t-elle doucement à l'oreille de l'héroïne avant d'inspirer profondément.
Puis elle coula, emportant Lorie avec elle. Ca ne dura que quelques secondes, le temps que Suzanne explose dans un rire étouffé par l'eau. Très vite, elle battit fort des jambes pour remonter à la surface et relâcha sa proie avec un sourire goguenard. Ses bras et jambes se mouvaient maintenant dans l'eau à un rythme plus posé, sans grand effort, suffisament pour qu'elle se maintienne à flot.
"Mademoiselle Lorie Orchidée Fleury... vous ne seriez pas la descendante d'un chevalier, par hasard ?" railla-t-elle Lorie avec malice quand la blonde put respirer à nouveau. "Toujours prête à sauver les innocents, même quand ils font semblant." La sorcière occlumens ne pouvait pas s'être laissée tromper. Elle avait donc voulu tomber dans son piège. "Avoue..." souffla Suzanne en s'approchant à nouveau de son héroïne... "t'as juste pas pu résister."
Et elle s'approcha plus près, encore plus près, sans déplacer la masse de cheveux rouges qui lui obstruait carrément un oeil. De l'autre, elle fixait la sorcière sans ciller. Qu'allait faire la Championne de Beauxbâtons, non, la Championne des Sorciers d'Europe maintenant ? C'était moins sûr que tout à l'heure mais ô combien intéressant.
S'accordant une petite pause - il avait mangé un peu vite - Teilo vérifia une énième fois où en étaient les soeurs. Du côté d'Elina, aucun souci, elle venait même de déclarer forfait. Non, le danger venait de Pensée Fleury qui vidait lentement mais sûrement sa coupe sans montrer le moindre signe d'écoeurement. Elle avait même eu l'outrecuidance de répondre à sa question narquoise par un "tout va bien" mesuré. Pensée était en contrôle.
Teilo, lui, le perdait. Il n'avait pas menti, il avait encore de la place mais rien que l'idée de mettre une nouvelle cuillère de glace à l'ananas dans sa bouche le révulsait. Tout son corps lui disait non, que ce parfum devait simplement être banni de la terre entière ou mieux, ne jamais avoir existé. Et le fruit aussi. Mince, il voyait le fruit maintenant. Des rangées d'ananas qui sautillaient sur place sur une musique exotique et le narguaient avec insolence.
« Tu cales comme ma sœur ? »
En se redressant sur sa chaise, Teilo darda son regard sur Pensée. Il ne savait pas ce qu'il préférait le plus, son petit sourire assuré ou la manière toute gentille qu'elle avait de le provoquer. En tout cas, ça suffit à lui redonner la volonté qui lui manquait. "Dans tes rêves", souffla-t-il en retour avec son propre petit sourire. Il plongea sa cuillère, fendit les glaces mangue et fruit de la passion et les avala jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une goutte. Le coulis coco aussi finit dans son ventre. Il ne restait plus, au fond de la coupe, que l'ananas honni.
Il aurait pu laisser Pensée gagner. Se satisfaire, comme avec Maëlle dans l'arène de duels, d'une défaite honorable. Mais non. Là, c'était comme au rugby, comme au quattequin, comme avec Oscar bientôt, il y avait de l'enjeu. Alors le fier garçon plongea sa cuillère avec détermination dans la dernière boule, recueillit un bon morceau qu'il fourra immédiatement dans sa bouche et avala.
Non. Nononon. C'était vraiment trop, trop dégueu, il ne pouvait pas manger ça même si sa vie en dépendait. Le visage blême, la lippe tremblante, Teilo laissa retomber sa cuillère sur la table et s'affala dans sa chaise. Il devait se retenir pour ne pas exprimer son ressenti par un BEURK sonore, comme cette fois-là, avec la pizza. Entrouvrant un oeil, il vérifia l'état de la coupe de Pensée. Peut-être n'allait-elle pas arriver au bout, elle aussi ? C'était l'unique espoir qui lui restait : un match nul.
Puis elle coula, emportant Lorie avec elle. Ca ne dura que quelques secondes, le temps que Suzanne explose dans un rire étouffé par l'eau. Très vite, elle battit fort des jambes pour remonter à la surface et relâcha sa proie avec un sourire goguenard. Ses bras et jambes se mouvaient maintenant dans l'eau à un rythme plus posé, sans grand effort, suffisament pour qu'elle se maintienne à flot.
"Mademoiselle Lorie Orchidée Fleury... vous ne seriez pas la descendante d'un chevalier, par hasard ?" railla-t-elle Lorie avec malice quand la blonde put respirer à nouveau. "Toujours prête à sauver les innocents, même quand ils font semblant." La sorcière occlumens ne pouvait pas s'être laissée tromper. Elle avait donc voulu tomber dans son piège. "Avoue..." souffla Suzanne en s'approchant à nouveau de son héroïne... "t'as juste pas pu résister."
Et elle s'approcha plus près, encore plus près, sans déplacer la masse de cheveux rouges qui lui obstruait carrément un oeil. De l'autre, elle fixait la sorcière sans ciller. Qu'allait faire la Championne de Beauxbâtons, non, la Championne des Sorciers d'Europe maintenant ? C'était moins sûr que tout à l'heure mais ô combien intéressant.
***
S'accordant une petite pause - il avait mangé un peu vite - Teilo vérifia une énième fois où en étaient les soeurs. Du côté d'Elina, aucun souci, elle venait même de déclarer forfait. Non, le danger venait de Pensée Fleury qui vidait lentement mais sûrement sa coupe sans montrer le moindre signe d'écoeurement. Elle avait même eu l'outrecuidance de répondre à sa question narquoise par un "tout va bien" mesuré. Pensée était en contrôle.
Teilo, lui, le perdait. Il n'avait pas menti, il avait encore de la place mais rien que l'idée de mettre une nouvelle cuillère de glace à l'ananas dans sa bouche le révulsait. Tout son corps lui disait non, que ce parfum devait simplement être banni de la terre entière ou mieux, ne jamais avoir existé. Et le fruit aussi. Mince, il voyait le fruit maintenant. Des rangées d'ananas qui sautillaient sur place sur une musique exotique et le narguaient avec insolence.
« Tu cales comme ma sœur ? »
En se redressant sur sa chaise, Teilo darda son regard sur Pensée. Il ne savait pas ce qu'il préférait le plus, son petit sourire assuré ou la manière toute gentille qu'elle avait de le provoquer. En tout cas, ça suffit à lui redonner la volonté qui lui manquait. "Dans tes rêves", souffla-t-il en retour avec son propre petit sourire. Il plongea sa cuillère, fendit les glaces mangue et fruit de la passion et les avala jusqu'à ce qu'il n'en reste plus une goutte. Le coulis coco aussi finit dans son ventre. Il ne restait plus, au fond de la coupe, que l'ananas honni.
Il aurait pu laisser Pensée gagner. Se satisfaire, comme avec Maëlle dans l'arène de duels, d'une défaite honorable. Mais non. Là, c'était comme au rugby, comme au quattequin, comme avec Oscar bientôt, il y avait de l'enjeu. Alors le fier garçon plongea sa cuillère avec détermination dans la dernière boule, recueillit un bon morceau qu'il fourra immédiatement dans sa bouche et avala.
Non. Nononon. C'était vraiment trop, trop dégueu, il ne pouvait pas manger ça même si sa vie en dépendait. Le visage blême, la lippe tremblante, Teilo laissa retomber sa cuillère sur la table et s'affala dans sa chaise. Il devait se retenir pour ne pas exprimer son ressenti par un BEURK sonore, comme cette fois-là, avec la pizza. Entrouvrant un oeil, il vérifia l'état de la coupe de Pensée. Peut-être n'allait-elle pas arriver au bout, elle aussi ? C'était l'unique espoir qui lui restait : un match nul.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Manquer de se noyer une fois n’était visiblement pas suffisent, Suzanne la tira vers le fond de la piscine à la première occasion. C’était donc ça le piège ? Simplement l’envoyer vers le fond en la ceinturant ? Quand la blonde remonta à la surface, elle lança un regard à Suzanne. C’est qu’elle en jouait en plus cette petite margouline ! Mais oui, Lorie avait bien vu que la belle rousse, plus si rousse, avait un truc derrière la tête. Un petit sourire s’afficha lorsque Suzanne fit son numéro.
« Comment résister ma dame, le sang de chevalier coule dans mes veines je ne puis ignorer une telle détresse. »
Le ton de la blonde se voulait joueur, mais très vite le regard de Suzanne, fit rougir les joues de Lorie. Gênée, la blonde posait son regard sur un peu tout ce qui bougeait, offrait quelques brefs sourires gênés, puis finalement, d’un geste délicat approcha le bout de ses doigts pour dégager les cheveux qui obstruaient le second œil de Suzanne.
« Tu… Verras mieux comme ça… » Avait-elle justifié avant de se mordiller la lèvre.
Le maillot mouillé collait de nouveau à son ventre, une sensation sur laquelle elle ne s’était jamais trop focalisée, mais ça permettait de supporter ce regard fixe.
« Tu… Veux qu’on aille… Soigner tes jam-es ? » La voix de Lorie s’était éteinte sur la fin, elle toussota en raclant sa gorge. « Non ? »
***
La glace fondait à vue d’œil, ou plutôt, elle se faisait dévorer. Chaque coup de cuillère rapprochait Pensée de la victoire. Quoi que Teilo continuait de trucider sa glace comme si rien ne pouvait l’arrêter, rien ou presque. Il était tombé sur une épine de taille, sûrement un goût qu’il n’aimait pas. Il s’était arrêté net. Pensée, elle était en train de finir sa dernière boule de vanille. Elle avait commencé par le chocolat qu’elle n’aimait pas spécialement pour finir par le meilleur. La glace vanille qu’elle mariait au coulis de chocolat. Sous cette forme, le chocolat était moins problématique, il était même adouci. Par moments, la chantilly était une bonne alternative pour changer.
Puis ce qui devait arriver arriva, la glace était finie. Il restait bien un peu de crème, issue des boules qui avait fondu, mais le plus gros était fait. Ainsi, elle attaquait le fond de sa coupe avec les quelques coups de cuillère restant. Et… C’était fini ! Il ne restait rien, la cuillère tinta contre le verre de la coupe et Pensée s’appuya sur le dossier de sa chaise.
« Tu ne finis pas ? » Questionna-t-elle en pointant son doigt sur la coupe exotique d'une façon loin d'être innocente.
Elle se forçait à réduire son sourire au silence, mais ses petites joues tiraient sur ses lèvres que ça lui crispait entièrement la mâchoire. D’une certaine façon, Pensée était fière et ce défi avait été amusant.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Si une minute plus tôt, la détresse de Suzanne était totalement factice, celle qu'affichait maintenant Lorie semblait bien réelle. Tiens tiens, se dit la jeune Daroux. C'était la deuxième fois aujourd'hui. D'abord dans la chambre et maintenant là. Que se passait-il dans cette jolie tête blonde ? Dommage, elle n'était pas occlumens... les sorciers qui lisaient dans les pensées... legilimens !
Sans trop bouger, la rousse laissa la blonde la recoiffer un peu et dégager son oeil droit. Sûr qu'elle pouvait mieux voir maintenant. "Tant mieux, je veux pas rater ça", commenta-t-elle simplement. La timidité de Lorie, ses regards évasifs, sa voix défaillante constituaient un spectacle si rare, et savoir qu'elle en était la cause donnait à Suzanne une énergie que même l'eau ne pouvait étouffer.
Dans quelques jours, la Championne retournerait à l'Académie de Castelobruxo au Brésil, et l'ado rebelle et banale au lycée Ampère de Lyon. Elles ne se verraient plus pendant trois mois au moins, n'échangeraient plus que par lettres. En trois mois, tout pouvait changer. Le monde était injuste et le pire arrivait sans prévenir. Rien que cette idée donnait à la non-mag l'envie de faire pleuvoir sur la Rue du Garet. Mais elles n'y étaient pas encore. Pour l'instant elles étaient encore ensemble, à faire trempette et se regarder dans le blanc des yeux.
Lorie proposa d'aller soigner sa jambe brûlée par le soleil. Bon, elle n'était pas legilimens non plus. "Tu as raison, c'est exactement ce que je veux", ironisa Suzanne en s'avançant pour l'embrasser. Un petit bisou mouillé mais doux suivi d'un sourire, juste pour confirmer que Teilo avait tout compris. Et Rose aussi.
Chaque nouvelle bouchée de Pensée faisait s'affaler un peu plus Teilo dans son siège. C'était juste impossible : comment pouvait-elle avaler sans flancher tout ce chocolat et ce sucre ? L'évidence lui sautait maintenant aux yeux, qu'il avait grands ouverts : il venait encore de la sous-estimer. La coupe de son adversaire et néanmoins amie était presque vide, il allait perdre, il devait s'y préparer.
En se mordant la lèvre, le garçon à la fierté malmenée se remit droit dans sa chaise, posa ses mains à plat sur la table et soupira lentement. Mais comment pouvait-il en vouloir à Pensée ? C'était lui qui avait pêché par orgueuil, lui qui n'avait pas assez fait attention à la composition de sa glace. Son amie venait de lui donner une nouvelle leçon, le genre qu'il n'allait pas oublier de si tôt.
« Tu ne finis pas ? » La question semblait innocente, le doigt que Pensée pointait sur sa coupe et le sourire qu'elle tentait de contenir beaucoup moins. Ce genre de truc n'échappait pas à Teilo qui, les yeux légèrement plissés, se demanda si la blonde jouait l'ingénue depuis leur toute première rencontre ou si, en réalité, elle osait de plus en plus lui montrer son vrai visage. Comme il n'avait rien d'intelligent à répondre à sa fausse question, il sourit et lui tira la langue. Celle-ci était encore nappée de jaune. Il allait devoir boire beaucoup d'eau pour faire passer l'horrible goût.
"Bien joué. J'suis un ananas", concéda-t-il, bon prince, en poussant sa coupole vers elle. Il avait l'habitude de perdre contre Robin aux échecs, contre Ariane au rugby, contre Fabrice au Trivial Pursuit, contre Suzanne aux concours de cris... mais perdre contre Pensée lui faisait un petit quelque-chose de différent. Ca ressemblait un peu à une victoire. "T'as gagné le droit de la terminer", fit-il l'air très sérieux avec un coup de menton en direction de sa glace. Avec un peu de chance, Pensée tomberait dans le panneau et ça lui ferait un gage en moins. Il y croyait moyen mais qui ne tentait rien...
Teilo haussa les sourcils en direction d'Elina, l'air de dire chut puis reporta toute son attention sur la fille qui avait le don de le surprendre.
Sans trop bouger, la rousse laissa la blonde la recoiffer un peu et dégager son oeil droit. Sûr qu'elle pouvait mieux voir maintenant. "Tant mieux, je veux pas rater ça", commenta-t-elle simplement. La timidité de Lorie, ses regards évasifs, sa voix défaillante constituaient un spectacle si rare, et savoir qu'elle en était la cause donnait à Suzanne une énergie que même l'eau ne pouvait étouffer.
Dans quelques jours, la Championne retournerait à l'Académie de Castelobruxo au Brésil, et l'ado rebelle et banale au lycée Ampère de Lyon. Elles ne se verraient plus pendant trois mois au moins, n'échangeraient plus que par lettres. En trois mois, tout pouvait changer. Le monde était injuste et le pire arrivait sans prévenir. Rien que cette idée donnait à la non-mag l'envie de faire pleuvoir sur la Rue du Garet. Mais elles n'y étaient pas encore. Pour l'instant elles étaient encore ensemble, à faire trempette et se regarder dans le blanc des yeux.
Lorie proposa d'aller soigner sa jambe brûlée par le soleil. Bon, elle n'était pas legilimens non plus. "Tu as raison, c'est exactement ce que je veux", ironisa Suzanne en s'avançant pour l'embrasser. Un petit bisou mouillé mais doux suivi d'un sourire, juste pour confirmer que Teilo avait tout compris. Et Rose aussi.
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Chaque nouvelle bouchée de Pensée faisait s'affaler un peu plus Teilo dans son siège. C'était juste impossible : comment pouvait-elle avaler sans flancher tout ce chocolat et ce sucre ? L'évidence lui sautait maintenant aux yeux, qu'il avait grands ouverts : il venait encore de la sous-estimer. La coupe de son adversaire et néanmoins amie était presque vide, il allait perdre, il devait s'y préparer.
En se mordant la lèvre, le garçon à la fierté malmenée se remit droit dans sa chaise, posa ses mains à plat sur la table et soupira lentement. Mais comment pouvait-il en vouloir à Pensée ? C'était lui qui avait pêché par orgueuil, lui qui n'avait pas assez fait attention à la composition de sa glace. Son amie venait de lui donner une nouvelle leçon, le genre qu'il n'allait pas oublier de si tôt.
« Tu ne finis pas ? » La question semblait innocente, le doigt que Pensée pointait sur sa coupe et le sourire qu'elle tentait de contenir beaucoup moins. Ce genre de truc n'échappait pas à Teilo qui, les yeux légèrement plissés, se demanda si la blonde jouait l'ingénue depuis leur toute première rencontre ou si, en réalité, elle osait de plus en plus lui montrer son vrai visage. Comme il n'avait rien d'intelligent à répondre à sa fausse question, il sourit et lui tira la langue. Celle-ci était encore nappée de jaune. Il allait devoir boire beaucoup d'eau pour faire passer l'horrible goût.
"Bien joué. J'suis un ananas", concéda-t-il, bon prince, en poussant sa coupole vers elle. Il avait l'habitude de perdre contre Robin aux échecs, contre Ariane au rugby, contre Fabrice au Trivial Pursuit, contre Suzanne aux concours de cris... mais perdre contre Pensée lui faisait un petit quelque-chose de différent. Ca ressemblait un peu à une victoire. "T'as gagné le droit de la terminer", fit-il l'air très sérieux avec un coup de menton en direction de sa glace. Avec un peu de chance, Pensée tomberait dans le panneau et ça lui ferait un gage en moins. Il y croyait moyen mais qui ne tentait rien...
Teilo haussa les sourcils en direction d'Elina, l'air de dire chut puis reporta toute son attention sur la fille qui avait le don de le surprendre.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
La respiration de Lorie se coupa un instant, un très court instant puis les lèvres de Suzanne sur les siennes ses yeux clignèrent au même rythme que les ailes d’un papillon. Elle avait entendu le mensonge, pourtant, ça lui avait fait la même sensation qu’avec Andrea. Ou plutôt : presque la même sensation. Lys se roula sur le sol et observa le duo la tête à l’envers. Lorie devint aussi rouge que la carrosserie des Ferrari qu’elles avaient explosées un peu plus tôt et se contenta de replacer une mèche derrière son oreille. Celle-ci avait séché grâce au soleil qui traversait la coupole. Un sourire gêné s’afficha aussi lentement que ses lèvres se pincèrent.
Finalement, Lorie s’avança à pas de velours vers Suzanne, écartant l’eau miroitée comme on écartait un voile de soie. Passa ses bras autour de sa nuque et s’agrippa à elle comme un petit koala en passant ses jambes autour de sa taille. La sorcière lui vola un baissé un peu plus longuet avant de poser sa tête sur l’épaule de Suzanne.
« Je suppose que ça veut dire que je peux garder ma chambre… Même si tu la… Squatte ? » Souffla-t-elle dans un murmure avant de laisser un petit rire s’échapper.
***
Pensée laissa un petit souffle de victoire alors qu’elle levait les bras en l’air. C’était comme si c’était la première fois qu’elle gagnait quelque chose et pour cause, c’était peu ou prou le cas. Un sourire aux lèvres, elle tira la langue à son tour en réponse au garçon et attrapa la glace.
« Uhm, je me demande si c’est raisonnable » se jouait-elle avant d’envoyer la cuillère dans la boule jaune. Lorsqu’elle mit celle-ci en bouche, elle s’arrêta net. Elle avait une folle envie de recracher ce qu’elle venait de mettre dans sa bouche, mais elle ne devait pas, pas devant madame Louise qui veillait aux bonnes manières. Tant pis ! Elle récupéra sa serviette et en profita pour laisser la glace, ou plutôt le jus désormais être épongé par le carré blanc. Louise refréna une remarque et Pensée ne savait plus trop ou se mettre.
« Je… Je pensais que c’était à la banane… » La banane c’était un fruit savoureux, mais l’ananas ! L’ananas ! PAR MERLIN L’ANANAS ! C’était le fruit des démons, sa bouche lui piquait déjà rien qu’en ayant expérimenté le goût. « Bon… Pensée mit ses mains sur la table comme si l’heure était grave. On va dire que j’ai quand même gagné, mais comme c’est un parfum de fruit qui ne devrait pas exister, on t’enlève un gage ! » La petite blonde pouffa de rire avant de renvoyer la coupe de glace devant le garçon.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
A la surface de l'eau, le visage de Suzanne était liquide et relâché. En dessous, protégé par son tee-shirt, son coeur en feu battait la chamade. Elle n'était jamais très sûre de ce qu'elle voulait mais quand elle était certaine de vouloir quelque-chose, la rousse n'avait pas l'habitude de reculer. Là, elle avait vraiment osé. L'indépendante de la famille, la rebelle solitaire qui se targuait de n'avoir besoin de rien ni de personne, avait osé montrer à Lorie que tout ça n'était en fin de compte qu'une posture, du cinéma.
C'était pas mal risqué. Ouvrir son coeur, c'était l'offrir aux coups des autres. Pour cette raison à laquelle elle croyait dur comme fer, Suzanne le gardait d'ordinaire bien cadenassé. Mais si il y avait bien une personne dont elle craignait moins les coups, à qui elle pouvait faire un peu confiance, c'était cette sorcière à la détermination inspirante et qui lui soufflait maintenant dans le cou.
Lorie l'avait embrassée en retour et s'agrippait à elle avec tous les membres qu'elle pouvait utiliser. Malgré son poids plus léger, sur la terre ferme, Suzanne se serait sans doute écroulée. Avec l'eau elle pouvait la maintenir ainsi sans problème et autant qu'il le fallait. Le temps de s'y faire un peu... et le rire de Lorie qui lui chatouillait l'oreille lui signalait que oui, elle pouvait très bien s'y faire.
"Ca veut dire... oui, ça veut dire ça", fut tout ce qu'elle trouva à répondre avant de rire doucement à son tour. Ses bras serrèrent un peu plus Lorie, ses yeux se fermèrent. Il y avait des moments rares qu'on voulait prolonger.
Quelques secondes - ou minutes - plus tard, le coeur plus régulier, la non-mag ensorcelée inspira à nouveau. "J'ai faim", déclara-t-elle sobrement, les yeux dans le vague au delà de la vallée de cheveux blonds. Puis "mon t-shirt est trempé maintenant."
Baskets croisées sous sa chaise, Teilo avait remis ses coudes sur la table et ses mains en coupole pour y poser son menton anguleux. Souriant, il regardait droit devant lui une Pensée heureuse d'avoir gagné lui tirer la langue. Pour le coup, il avait bien envie de lui retirer la sienne.
Etait-elle bien raisonnable de continuer à manger alors qu'elle venait d'engouffrer une dame blanche ? Sans doute pas, mais la fille devant lui s'en fichait. Les sourcils du garçon s'arquèrent lorsqu'elle porta de nouveau la cuillère à sa bouche et avala la glace au parfum qu'il détestait. Alors il rit : l'expression de surprise et de dégoût sur le visage de son amie n'avait aucun prix, tout comme sa manière de recracher dans la serviette. Voyons, ce n'était pas là de bonnes manières de princesse en robe, comme le confirmait le regard sévère de Madame Louise.
Le rire léger de Teilo gagna en amplitude. Heureusement qu'il avait perdu, finalement ! S'il avait gagné, il n'aurait rien pu voir de tout ça. "On est d'accord, l'ananas c'est vraiment dégueu" approuva-t-il d'un air complice sans se soucier d'être repris sur le mot dégueu. Il l'avait choisi exprès et puis ils n'étaient pas à Beauxbâtons, il pouvait parler comme il voulait n'en déplaise à Elina et Madame Louise.
Ouais, il s'en fichait de leur avis ! De toute manière, il ne les regardait même pas. Ses yeux étaient maintenant fixés sur les mains que Pensée avait posé avec grand sérieux sur la table. Il fit exactement pareil qu'elle et se redressa une énième fois dans sa chaise en se râclant la gorge, prêt à accepter le jugement de la 'gagnante'. Et pour un jugement, il était drôlement magnanime ! Il ne s'était pas attendu à ce que son nouveau stratagème fonctionne et qu'elle lui enlève carrément un gage.
"T'es trop gentille", commenta-t-il avec une moue compatissante, "ça va finir par te jouer des tours." Il ne le pensait pas vraiment, bien entendu. Cette phrase, combien de fois l'avait-il entendu de la bouche de sa propre mère ? Et même si Oscar avait donné raison à Maman, ça ne l'avait pas empêché de rester lui-même.
Réceptionnant sa coupe, il en contempla un instant le fond nappé de plusieurs couleurs avant de soupirer. "On est peut-être trop durs avec les ananas. C'est juste des fruits innocents, ils n'ont rien fait pour mériter notre haine. Peut-être qu'avec le bon mélange..." Un mouvement attira soudain son attention et il tourna la tête vers la droite. De nouveaux clients venaient d'entrer dans le snack et allaient s'installer. Telo cligna des yeux : depuis combien de temps les tables juste à côté de la leur étaient-elles occupées ? Depuis quand le snack s'était il rempli à ce point ?
Les nouveaux clients avaient laissé la porte ouverte, permettant à la brise qui s'était intensifiée dehors de venir jusqu'à eux. Pensée avait encore son manteau sur les épaules et, loin d'avoir l'idée de lui demander, Teilo fit faire trois tours à sa longue écharpe autour de son cou avant de la nouer. L'air satisfait, il se tourna vers l'adulte qui les chaperonnait en adoptant une posture et un ton bien plus guindés. "Et comment avez vous donc trouvé votre thé, Madame Louise ? Vous savez, ma Mère en boit aussi avec régularité. Elle dit que le café, c'est bien trop excitant et que vu mon caractère, il devrait m'être interdit."
Bien sûr, ça lui donnait encore plus envie d'essayer un jour.
C'était pas mal risqué. Ouvrir son coeur, c'était l'offrir aux coups des autres. Pour cette raison à laquelle elle croyait dur comme fer, Suzanne le gardait d'ordinaire bien cadenassé. Mais si il y avait bien une personne dont elle craignait moins les coups, à qui elle pouvait faire un peu confiance, c'était cette sorcière à la détermination inspirante et qui lui soufflait maintenant dans le cou.
Lorie l'avait embrassée en retour et s'agrippait à elle avec tous les membres qu'elle pouvait utiliser. Malgré son poids plus léger, sur la terre ferme, Suzanne se serait sans doute écroulée. Avec l'eau elle pouvait la maintenir ainsi sans problème et autant qu'il le fallait. Le temps de s'y faire un peu... et le rire de Lorie qui lui chatouillait l'oreille lui signalait que oui, elle pouvait très bien s'y faire.
"Ca veut dire... oui, ça veut dire ça", fut tout ce qu'elle trouva à répondre avant de rire doucement à son tour. Ses bras serrèrent un peu plus Lorie, ses yeux se fermèrent. Il y avait des moments rares qu'on voulait prolonger.
Quelques secondes - ou minutes - plus tard, le coeur plus régulier, la non-mag ensorcelée inspira à nouveau. "J'ai faim", déclara-t-elle sobrement, les yeux dans le vague au delà de la vallée de cheveux blonds. Puis "mon t-shirt est trempé maintenant."
***
Baskets croisées sous sa chaise, Teilo avait remis ses coudes sur la table et ses mains en coupole pour y poser son menton anguleux. Souriant, il regardait droit devant lui une Pensée heureuse d'avoir gagné lui tirer la langue. Pour le coup, il avait bien envie de lui retirer la sienne.
Etait-elle bien raisonnable de continuer à manger alors qu'elle venait d'engouffrer une dame blanche ? Sans doute pas, mais la fille devant lui s'en fichait. Les sourcils du garçon s'arquèrent lorsqu'elle porta de nouveau la cuillère à sa bouche et avala la glace au parfum qu'il détestait. Alors il rit : l'expression de surprise et de dégoût sur le visage de son amie n'avait aucun prix, tout comme sa manière de recracher dans la serviette. Voyons, ce n'était pas là de bonnes manières de princesse en robe, comme le confirmait le regard sévère de Madame Louise.
Le rire léger de Teilo gagna en amplitude. Heureusement qu'il avait perdu, finalement ! S'il avait gagné, il n'aurait rien pu voir de tout ça. "On est d'accord, l'ananas c'est vraiment dégueu" approuva-t-il d'un air complice sans se soucier d'être repris sur le mot dégueu. Il l'avait choisi exprès et puis ils n'étaient pas à Beauxbâtons, il pouvait parler comme il voulait n'en déplaise à Elina et Madame Louise.
Ouais, il s'en fichait de leur avis ! De toute manière, il ne les regardait même pas. Ses yeux étaient maintenant fixés sur les mains que Pensée avait posé avec grand sérieux sur la table. Il fit exactement pareil qu'elle et se redressa une énième fois dans sa chaise en se râclant la gorge, prêt à accepter le jugement de la 'gagnante'. Et pour un jugement, il était drôlement magnanime ! Il ne s'était pas attendu à ce que son nouveau stratagème fonctionne et qu'elle lui enlève carrément un gage.
"T'es trop gentille", commenta-t-il avec une moue compatissante, "ça va finir par te jouer des tours." Il ne le pensait pas vraiment, bien entendu. Cette phrase, combien de fois l'avait-il entendu de la bouche de sa propre mère ? Et même si Oscar avait donné raison à Maman, ça ne l'avait pas empêché de rester lui-même.
Réceptionnant sa coupe, il en contempla un instant le fond nappé de plusieurs couleurs avant de soupirer. "On est peut-être trop durs avec les ananas. C'est juste des fruits innocents, ils n'ont rien fait pour mériter notre haine. Peut-être qu'avec le bon mélange..." Un mouvement attira soudain son attention et il tourna la tête vers la droite. De nouveaux clients venaient d'entrer dans le snack et allaient s'installer. Telo cligna des yeux : depuis combien de temps les tables juste à côté de la leur étaient-elles occupées ? Depuis quand le snack s'était il rempli à ce point ?
Les nouveaux clients avaient laissé la porte ouverte, permettant à la brise qui s'était intensifiée dehors de venir jusqu'à eux. Pensée avait encore son manteau sur les épaules et, loin d'avoir l'idée de lui demander, Teilo fit faire trois tours à sa longue écharpe autour de son cou avant de la nouer. L'air satisfait, il se tourna vers l'adulte qui les chaperonnait en adoptant une posture et un ton bien plus guindés. "Et comment avez vous donc trouvé votre thé, Madame Louise ? Vous savez, ma Mère en boit aussi avec régularité. Elle dit que le café, c'est bien trop excitant et que vu mon caractère, il devrait m'être interdit."
Bien sûr, ça lui donnait encore plus envie d'essayer un jour.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lovée dans les bras de la rousse, la blonde profitait de ce moment particulier. L’oreille contre l’épaule de Suzanne, la mage blanc arrivait à entendre les vibrations de son cœur. Un concert qui était en partie étouffé par le bruit de la cascade et l’eau débordante du bassin supérieur. Lorie se risqua à fermer les yeux se perdant dans l’instant du temps somme tout relatif alors que les secondes s’étiraient et pourtant, lorsque la voix de Suzanne ressurgit des profondeurs du silence tout avait semblé trop court. Avec délicatesse, Lorie déposa un baiser sur la joue de sa petite amie ? Elle n’avait pas encore rompu avec Drian… Elle appréhendait un peu sa réaction. Elle chassa tout ça de son esprit et tout aussi délicatement elle libéra Suzanne de son étreinte de Koala. Elle offrit un sourire à Suzanne avant de l’observer avec de gros yeux ronds.
« Eh bien, allons grignoter quelque chose… Et profitons que Louise ne soit pas là pour refaire des provisions de ce breuvage rouge que tu as demandé plus tôt pour ce soir. » Répondit-elle simplement avant de tourner autour d’elle comme un requin. Une fois dans son dos, Lorie attrapa le bout du t-shirt trop mouillé. « Attends ne bouges pas je vais le sécher… » Elle le fit glisser le long des bras de Suze, puis repassa devant elle avant de marcher à reculons tout en observant les iris de la jolie rousse. Elle afficha un sourire espiègle et finalement…
« En fait… Je vais le garder, il est à moi maintenant ! » Elle tira la langue à Suzanne avant de se précipiter vers le bord de la piscine, observant par-dessus son épaule si Suze rentrait dans le jeu.
***
Pensée fit des yeux ronds, par chance madame Louise s’était adoucit et le mot « dégeu » Elle fit un petit hochement approbateur au garçon même si elle n’osait pas trop en rajouter. Elle était évidemment d’accord avec cette affirmation. Elina, qui avait mis la main sur un chewing-gum était visiblement en train d’analyser la composition élastique de cette étrangeté non-magique. Il ne lui manquait plus qu’un carnet de notes pour qu’elle soit la petite scientifique parfaite. Quelques regards sur elle eurent raison de madame Louise qui s’empressa de mettre fin à son étude de cas, affichant un sourire gêné aux autres clients et un regard appuyé sur la blonde qui filait à mauvais coton.
« Non, ils ne sont pas innocents, j’ai lu dans un livre que lorsque tu sens que ça pique c’est parce qu’il essaie de te manger ! Ça pourrait être comme une banane… Doux et… Crémeux ? Non… Il a choisi d’être violent… L’ananas est un mage noir. » Pensée s’était avancée vers Teilo avant de prononcer cette dernière phrase. Comme pour le mettre lui et seulement lui dans la confidence, ou pour éviter que les tables d’a côtés ne l’entende. Peut-être que le murmure avait papillonné jusqu’à une table d’à côté, la fillette n’en avait aucune idée, mais ce qui était certain c’est qu’elle pouffa de rire une nouvelle fois, la comparaison était peut-être extrême, mais elle avait le mérite d’être drôle venant de la petite fille modèle qui osait de plus en plus prendre exemple sur son modèle : à savoir sa grande sœur.
Louise s’amusa des manières soudainement prises par le garçon, elle corrigea un peu sa posture avant de relever le menton et de corriger son phrasé. Puis elle lui accorda une réponse.
« Un vrai délice, mais un vrai bon monsieur sait qu’on ne converse pas de la nourriture à table, le repas, ou dans le cas présent le goûté constitue un moment de partage et de conversation autre… Ceci dit votre mère à raison, savez-vous que le corps élimine la moitié de la caféine ingurgitée en huit heures ? Avant d’éliminer une autre moitié en huit heures… Inutile de vous dire monsieur Teilo que ce breuvage vous empêcherait de dormir… » Louise afficha un sourire complice au garçon qui était attachant. « Allez m’attendre dehors tous les trois, je vais aller m’acquitter de ma lourde dette. » Louise se leva sans que sa chaise ne fasse le moindre bruit, chose qui était le cas aussi pour les deux filles Fleury qui l’imitaient à la lettre. Pensée attendit toutefois Teilo pour prendre la direction de la sortie.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Suzanne suivait du regard la fille qui lui tournait autour. Enfin, sauf quand Lorie se trouvait derrière elle : son cou ne pouvait malheureusement pas exécuter de rotation à trois cent soixante degrés. Finalement, la blonde prenait plutôt bien les choses. Oui, ça se passait même mieux qu'elle ne l'avait imaginé.
Elles allaient grignoter, les émotions ça creusait. Et Lorie voulait prendre des réserves de sangria pour ce soir. Là, Suzanne frissonna un peu. Pour une fois, elle n'avait aucune envie de consommer de l'alcool. Elle n'était pas à une soirée de soi-disant potes, elle n'avait ni Claire ni cet idiot de Nico à supporter. Elle avait l'occasion de passer tout à l'heure une vraie soirée avec une vraie amie. Plus qu'une amie même ! Elles allaient parler de tout et de rien, évoquer des choses, peut-être des secrets, des doutes, des désirs, des délires et des aspirations, elles allaient se confier l'une à l'autre comme jamais elles ne s'étaient confiées à personne ! Du moins, c'était ce qui se dessinait dans la petite tête de Suzanne.
"Tutut. Pas d'alcool pour moi ce soir. Je veux rien oublier", lança-t-elle en levant les bras pour permettre à la sorcière de lui enlever son t-shirt. Elle ne voulait pas que cette nuit unique dans la chambre de Lorie ne s'évapore au réveil comme avaient tendance à le faire les meilleurs rêves. Mais qu'en pensait Lorie ? Difficile à dire. La descendante de Perceval semblait pour l'instant très concentrée sur l'instant présent. Elle minaudait devant elle et c'était loin d'être déplaisant.
Les yeux de Suzanne s'arrondirent quand elle comprit le petit jeu de la blonde. La chipie. Elle s'enfuyait avec son t-shirt. "Ohhh alors là, dans tes rêves !" s'exclama la rousse en se mettant à sa poursuite. Elle agrippa le bord du bassin et s'y hissa sans grande grâce : "je te préviens, ce tee-shirt il est collector ! Y'a la signature de Tobias Forge ! T'as pas... hmmph..." Enfin debout et dégoulinante, elle reprit aussitôt sa course glissante après Lorie en gueulant : "Si tu l'abîmes, Championne ou pas, je réponds plus de rien !"
Ca n'avait pas trop l'air menaçant. La faute au sourire qui refusait de quitter ses lèvres.
Teilo avait écouté avec attention l'argumentaire de Pensée sur la malévolence de l'ananas. Un mage noir, carrément ? Comme elle, il pouffa à cette idée. Ces deux mots mis à côté, mage noir, lui avaient causé pas mal de cauchemars depuis qu'il avait compris ce qu'ils sous-entendaient. Depuis qu'il avait appris - bien trop tôt - le danger qui menaçait le monde sorcier, qui avait menacé Lorie et Thaïs, qui pouvait à terme les menacer lui, Pensée, sa famille.
Son amie avait raison : c'était mieux d'en rire. Les ridiculiser, ça les rendait tout de suite moins impressionnants. Ouais, les mages noirs étaient des ananas. Leur chef s'appellait même Messire Ananas et il avait les cheveux en épis.
Le sourire du garçon persista tout au long de la diatribe de Dame Louise. Elle avait beau le reprendre sur ses bonnes manières et lui expliquer l'impact précis de la caféine sur son organisme comme l'aurait fait Elina, il ne flancha pas ni ne cessa de bien se tenir. Vrai, il n'avait pas toujours bien écouté en Gastromagie et tout ce qui avait trait aux arts de la table lui avait totalement échappé. Vrai aussi, le café l'empêcherait assurément de dormir.
Il avait encore plus envie d'essayer ! Hélas, pas le temps d'en commander un, l'adulte les conviait déjà à quitter la table et le restaurant. Teilo s'exécuta et, contrairement aux Fleury, fit grincer sa chaise sur le sol sans vraiment y prêter attention. Avisant Pensée qui l'attendait, il voulut lui prendre la main mais se rétracta au dernier moment et laissa retomber son bras. A la place, il lui fit un sourire. "Mademoiselle Fleury, permettez-moi de vous tenir la porte." Aussitôt dit, aussitôt fait. Le garçon se déplaça à pas feutrés jusqu'à la dite porte déjà ouverte et s'y plaqua, droit comme un piquet, inclinant sobrement la tête au passage de la dame.
A peine Pensée fut-elle sortie qu'il la rejoignit et lui passa un bras autour des épaules pour lui susurrer à l'oreille : "Il te plaît, mon manteau ?" Sans même attendre sa réponse, après juste un clin d'oeil, le garçon se mit à courir jusqu'au petit muret qui séparait la route du sable. Il sauta dessus d'un bond, défit son écharpe et la tendit en l'air pour qu'elle se mette à flotter dans le ciel comme une queue de cerf-volant. Ses yeux étaient de nouveau rivés sur l'horizon.
"J'AIME LA PLAGE", cria-t-il à pleins poumons à qui voulait bien l'entendre.
Elles allaient grignoter, les émotions ça creusait. Et Lorie voulait prendre des réserves de sangria pour ce soir. Là, Suzanne frissonna un peu. Pour une fois, elle n'avait aucune envie de consommer de l'alcool. Elle n'était pas à une soirée de soi-disant potes, elle n'avait ni Claire ni cet idiot de Nico à supporter. Elle avait l'occasion de passer tout à l'heure une vraie soirée avec une vraie amie. Plus qu'une amie même ! Elles allaient parler de tout et de rien, évoquer des choses, peut-être des secrets, des doutes, des désirs, des délires et des aspirations, elles allaient se confier l'une à l'autre comme jamais elles ne s'étaient confiées à personne ! Du moins, c'était ce qui se dessinait dans la petite tête de Suzanne.
"Tutut. Pas d'alcool pour moi ce soir. Je veux rien oublier", lança-t-elle en levant les bras pour permettre à la sorcière de lui enlever son t-shirt. Elle ne voulait pas que cette nuit unique dans la chambre de Lorie ne s'évapore au réveil comme avaient tendance à le faire les meilleurs rêves. Mais qu'en pensait Lorie ? Difficile à dire. La descendante de Perceval semblait pour l'instant très concentrée sur l'instant présent. Elle minaudait devant elle et c'était loin d'être déplaisant.
Les yeux de Suzanne s'arrondirent quand elle comprit le petit jeu de la blonde. La chipie. Elle s'enfuyait avec son t-shirt. "Ohhh alors là, dans tes rêves !" s'exclama la rousse en se mettant à sa poursuite. Elle agrippa le bord du bassin et s'y hissa sans grande grâce : "je te préviens, ce tee-shirt il est collector ! Y'a la signature de Tobias Forge ! T'as pas... hmmph..." Enfin debout et dégoulinante, elle reprit aussitôt sa course glissante après Lorie en gueulant : "Si tu l'abîmes, Championne ou pas, je réponds plus de rien !"
Ca n'avait pas trop l'air menaçant. La faute au sourire qui refusait de quitter ses lèvres.
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Teilo avait écouté avec attention l'argumentaire de Pensée sur la malévolence de l'ananas. Un mage noir, carrément ? Comme elle, il pouffa à cette idée. Ces deux mots mis à côté, mage noir, lui avaient causé pas mal de cauchemars depuis qu'il avait compris ce qu'ils sous-entendaient. Depuis qu'il avait appris - bien trop tôt - le danger qui menaçait le monde sorcier, qui avait menacé Lorie et Thaïs, qui pouvait à terme les menacer lui, Pensée, sa famille.
Son amie avait raison : c'était mieux d'en rire. Les ridiculiser, ça les rendait tout de suite moins impressionnants. Ouais, les mages noirs étaient des ananas. Leur chef s'appellait même Messire Ananas et il avait les cheveux en épis.
Le sourire du garçon persista tout au long de la diatribe de Dame Louise. Elle avait beau le reprendre sur ses bonnes manières et lui expliquer l'impact précis de la caféine sur son organisme comme l'aurait fait Elina, il ne flancha pas ni ne cessa de bien se tenir. Vrai, il n'avait pas toujours bien écouté en Gastromagie et tout ce qui avait trait aux arts de la table lui avait totalement échappé. Vrai aussi, le café l'empêcherait assurément de dormir.
Il avait encore plus envie d'essayer ! Hélas, pas le temps d'en commander un, l'adulte les conviait déjà à quitter la table et le restaurant. Teilo s'exécuta et, contrairement aux Fleury, fit grincer sa chaise sur le sol sans vraiment y prêter attention. Avisant Pensée qui l'attendait, il voulut lui prendre la main mais se rétracta au dernier moment et laissa retomber son bras. A la place, il lui fit un sourire. "Mademoiselle Fleury, permettez-moi de vous tenir la porte." Aussitôt dit, aussitôt fait. Le garçon se déplaça à pas feutrés jusqu'à la dite porte déjà ouverte et s'y plaqua, droit comme un piquet, inclinant sobrement la tête au passage de la dame.
A peine Pensée fut-elle sortie qu'il la rejoignit et lui passa un bras autour des épaules pour lui susurrer à l'oreille : "Il te plaît, mon manteau ?" Sans même attendre sa réponse, après juste un clin d'oeil, le garçon se mit à courir jusqu'au petit muret qui séparait la route du sable. Il sauta dessus d'un bond, défit son écharpe et la tendit en l'air pour qu'elle se mette à flotter dans le ciel comme une queue de cerf-volant. Ses yeux étaient de nouveau rivés sur l'horizon.
"J'AIME LA PLAGE", cria-t-il à pleins poumons à qui voulait bien l'entendre.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Une, deux, trois enjambés plus tard Lys était sur l’épaule de Lorie et scrutait le « danger » comme elle avait eu l’ordre de le faire au tournoi. Elle gazouillait en scrutant Suzanne, laissant un doute planner entre l’encouragement ou la prévention à l’attention de la sorcière. Le rire de Lorie s’échappait alors que Suze était rentré dans son jeu, se lâcher, voilà ce qui était plaisant et ce que Drian ne semblait pas vouloir faire. Lorie avait besoin de ces moments, ni plus ni moins.
Lorie bifurqua dans un couloir perpendiculaire et s’adossa contre le mur de celui-ci, elle attendit que Suzanne lui passe devant lancé par sa course pour se retourner et partir à contresens, Lorie tira la langue et le karma rattrapa vite la sorcière qui en se retournant se prit un mur en plein dans le nez. Offrant un air de déjà vu à la non-mag’, Lorie se pinça le nez alors qu’elle était tombée à la renverse.
Allongée sur le sol, elle observait cette fille aux cheveux roux alors qu’elle était à l’envers. Quand elle se rapprocha, Lorie tendit les poignets.
« Je plaide coupable madame l’agent, j’ai volé le t-shirt signé du forgeron Tobias, vous pouvez me passer les menottes. »
***
Pensée offrit une petite révérence au garçon en guise de remerciement. La galanterie était quelque chose qui se perdait et d’une certaine façon Pensée était plutôt vielle fille. Peut-être était-ce du a son éducation à l’aristocrate ou peut-être qu’elle aimait encore jouer les princesses à la différence de Lorie qui n’avait jamais voulu en être une.
« Oui beaucoup »répondit-elle en opinant du chef avant de sourire un peu niaisement.
Pensée se recoiffa une mèche derrière son oreille avant de croiser le regard de Teilo une nouvelle fois. Les joues empourprées, elle l’observa se rendre jusqu’au muret où il s’empressa de crier son amour pour la plage. La petite blonde suivit d’un pas lent avant de finalement s’arrêter à côté de lui.
« J’aimerais bien partir sur un voilier et explorer le monde » confia la plus petite des sœurs Fleury alors qu’elle regardait l’horizon.
Elina de son côté était venue s’asseoir sur le banc et regardait mal les passant qui toisaient le garçon pour s’être exprimé avec simplicité. Son regard était dur et ses pensées aussi.
« Quoi ? Tu veux du pain ? » avait-elle sifflé à un passant un peu trop insistant.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Suzanne ne courait pas au maximum de ses déjà maigres capacités. Uno, ses pieds nus menaçaient de déraper à tout moment. Secundo, n'ayant pas encore appris le langage des hermines, elle ne savait pas comment interpréter les petits bruits de Lys. Aussi laissa-t-elle Lorie prendre une certaine avance tout en continuant à la haranguer à coups de "Reviens ici tout de suite !" "Ma vengeance sera terrible !" et autres phrases qui lui passaient comme ça par la tête. Entre chaque phrase, elle produisait elle-même un petit bruit entre râle et rire.
C'était fun. Un peu comme quand ils étaient plus jeunes avec Fabrice, que son petit frère lui lançait une pique bien sentie et qu'elle se mettait à lui courir après dans toute la maison en renversant tout ce qui trainait sur son passage, au grand dam de leurs parents. Pourquoi avaient-ils arrêté de le faire ?
Finalement, la course folle de la chapardeuse les firent quitter l'aire bien chauffée de la piscine. Haletante - elle n'était pas sportive pour un sou -, la jeune non-mag prit un couloir, dépassa Lorie qui s'était soudain arrêtée et freina des deux pieds sur le sol pour repartir maladroitement dans l'autre sens après la malicieuse sorcière visiblement fière de son coup. Si fière qu'elle ne voyait pas le mur. "Atten-" la prévint Suzanne trop tard. "Ouille."
Madame Oups avait encore frappé. Heureusement, elle n'était pas dans les pommes et si elle restait au sol, c'était visiblement plus pour continuer de jouer qu'autre chose.
Suzanne prit quelques secondes pour calmer sa respiration avant d'approcher de la criminelle qui se rendait à elle. "Hm" fit-elle en penchant sa tête, les mains sur les hanches. "Je vois que tu as déjà été punie par le vilain mur alors je serai clémente. Je te... on va dire que je te mets en liberté conditionnelle. Mais tu dois me promettre d'être sage !" Le sourcil autoritaire, elle se positionna de manière à pouvoir attraper les bras de Lorie et l'aider à se relever. Puis, sans prévenir, elle lui administra un rapide bisou magique sur le nez. "Et hop, guérie" commenta-t-elle avec un sourire plein de dents rappelait un peu celui de Teilo. Hé oui, elle aussi savait s'occuper des bobos.
Elle récupéra son t-shirt trempé gisant au sol et fronça les sourcils. Ce qu'avait dit Lorie lui revint en tête : "C'est qui ce Tobias forgeron ? Mon Tobias, c'est le chanteur de Ghost." Lorie allait elle aimer le heavy metal ? Elle lui donna une tape sur le bras. "Je te ferai écouter quand tu viendras à la maison. Par contre prépare bien tes oreilles, c'est pas de la musique gentille comme celle que tu m'as faite écouter chez Tata Rose !"
Teilo était bien loin de penser que les passants le regardaient de travers. Il ne voyait même pas qu'Elina s'était postée sur le banc non loin en gardienne et le protégeait silencieusement de ceux qui ne rêvaient plus. Il n'avait d'yeux que pour le lointain horizon, du moins jusqu'à ce que la voix, le souhait de Pensée ne se fasse entendre sur sa gauche.
Explorer le monde sur un voilier ? C'était possible ! Il agrippa son écharpe avec ses deux mains et en mordit un bout avec sa bouche de manière à former une sorte de triangle qui faisait, avec un peu d'imagination, penser aux contours d'une voile. Le garçon improvisé marin la gonfla par la force de ses bras puis fit un petit aller-retour le long du muret avant de revenir à Pensée et de relâcher la voile. "Cap'taine Teilo, pour vous servir." Il effectua un rapide salut militaire. "Je peux vous amener où vous le désirez à bord de mon auguste navire, la.. euh... la Génoise Sèche ?"
Le menton relevé, il fit la grimace. Non, pas terrible. "Oh, je sais. La Belle Pr... euhhh..." Ses yeux retombèrent sur Pensée. "L'Etoile Bleue !" Satisfait, Teilo hocha la tête et s'agenouilla à même le muret, en équilibre sur le bout de ses baskets, son écharpe dans les bras. Il avait envie de dire plein de trucs, comme toujours quand il avait de la joie à partager. Pour autant, le garçon ressentait une envie encore plus forte.
"Bon. On sait que tu aimes les Dames Blanches, les voiliers, les étoiles, partir à l'aventure... mon manteau...", il pencha la tête et sourit, "eeet... les créatures magiques bien sûr, et les jolies robes. Mais je parie que tu dois aimer encore plein d'autres choses." Toujours en position précaire sur ses orteils, l'équilibriste aux cheveux balayés par le vent n'en paraissait pas inquiet. Il fixait son amie, interrogatif, mû par cette irrépressible envie d'en savoir plus. Plus il en savait, plus il pourrait faire plaisir. C'était fou comme il avait envie de lui faire plaisir.
Teilo avait la même sensation que cet été en écrivant sa lettre pour Pensée alitée. Le sentiment puissant comme un ouragan que personne, jamais, ne l'en empêcherait.
C'était fun. Un peu comme quand ils étaient plus jeunes avec Fabrice, que son petit frère lui lançait une pique bien sentie et qu'elle se mettait à lui courir après dans toute la maison en renversant tout ce qui trainait sur son passage, au grand dam de leurs parents. Pourquoi avaient-ils arrêté de le faire ?
Finalement, la course folle de la chapardeuse les firent quitter l'aire bien chauffée de la piscine. Haletante - elle n'était pas sportive pour un sou -, la jeune non-mag prit un couloir, dépassa Lorie qui s'était soudain arrêtée et freina des deux pieds sur le sol pour repartir maladroitement dans l'autre sens après la malicieuse sorcière visiblement fière de son coup. Si fière qu'elle ne voyait pas le mur. "Atten-" la prévint Suzanne trop tard. "Ouille."
Madame Oups avait encore frappé. Heureusement, elle n'était pas dans les pommes et si elle restait au sol, c'était visiblement plus pour continuer de jouer qu'autre chose.
Suzanne prit quelques secondes pour calmer sa respiration avant d'approcher de la criminelle qui se rendait à elle. "Hm" fit-elle en penchant sa tête, les mains sur les hanches. "Je vois que tu as déjà été punie par le vilain mur alors je serai clémente. Je te... on va dire que je te mets en liberté conditionnelle. Mais tu dois me promettre d'être sage !" Le sourcil autoritaire, elle se positionna de manière à pouvoir attraper les bras de Lorie et l'aider à se relever. Puis, sans prévenir, elle lui administra un rapide bisou magique sur le nez. "Et hop, guérie" commenta-t-elle avec un sourire plein de dents rappelait un peu celui de Teilo. Hé oui, elle aussi savait s'occuper des bobos.
Elle récupéra son t-shirt trempé gisant au sol et fronça les sourcils. Ce qu'avait dit Lorie lui revint en tête : "C'est qui ce Tobias forgeron ? Mon Tobias, c'est le chanteur de Ghost." Lorie allait elle aimer le heavy metal ? Elle lui donna une tape sur le bras. "Je te ferai écouter quand tu viendras à la maison. Par contre prépare bien tes oreilles, c'est pas de la musique gentille comme celle que tu m'as faite écouter chez Tata Rose !"
***
Teilo était bien loin de penser que les passants le regardaient de travers. Il ne voyait même pas qu'Elina s'était postée sur le banc non loin en gardienne et le protégeait silencieusement de ceux qui ne rêvaient plus. Il n'avait d'yeux que pour le lointain horizon, du moins jusqu'à ce que la voix, le souhait de Pensée ne se fasse entendre sur sa gauche.
Explorer le monde sur un voilier ? C'était possible ! Il agrippa son écharpe avec ses deux mains et en mordit un bout avec sa bouche de manière à former une sorte de triangle qui faisait, avec un peu d'imagination, penser aux contours d'une voile. Le garçon improvisé marin la gonfla par la force de ses bras puis fit un petit aller-retour le long du muret avant de revenir à Pensée et de relâcher la voile. "Cap'taine Teilo, pour vous servir." Il effectua un rapide salut militaire. "Je peux vous amener où vous le désirez à bord de mon auguste navire, la.. euh... la Génoise Sèche ?"
Le menton relevé, il fit la grimace. Non, pas terrible. "Oh, je sais. La Belle Pr... euhhh..." Ses yeux retombèrent sur Pensée. "L'Etoile Bleue !" Satisfait, Teilo hocha la tête et s'agenouilla à même le muret, en équilibre sur le bout de ses baskets, son écharpe dans les bras. Il avait envie de dire plein de trucs, comme toujours quand il avait de la joie à partager. Pour autant, le garçon ressentait une envie encore plus forte.
"Bon. On sait que tu aimes les Dames Blanches, les voiliers, les étoiles, partir à l'aventure... mon manteau...", il pencha la tête et sourit, "eeet... les créatures magiques bien sûr, et les jolies robes. Mais je parie que tu dois aimer encore plein d'autres choses." Toujours en position précaire sur ses orteils, l'équilibriste aux cheveux balayés par le vent n'en paraissait pas inquiet. Il fixait son amie, interrogatif, mû par cette irrépressible envie d'en savoir plus. Plus il en savait, plus il pourrait faire plaisir. C'était fou comme il avait envie de lui faire plaisir.
Teilo avait la même sensation que cet été en écrivant sa lettre pour Pensée alitée. Le sentiment puissant comme un ouragan que personne, jamais, ne l'en empêcherait.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
« Adorable, c’est quoi la musique gentille que vous avez écouté chez Tata Rose ? »
Le regard de Lorie se tourna vers la voix qui venait d’arriver. Surement une réponse au bisou magique de Suzanne. Lorie se releva avec des yeux ronds, depuis quand elle était là encore ? Rose qui avait son épaule appuyée contre le mur jouait avec sa baguette. Lorie se retourna vers Suzanne, offrit un sourire gêné à celle-ci avant de se retourner de nouveau vers sa sœur.
« La tienne »
Rose hocha à plusieurs reprises de la tête avec un air difficile à sonder. Elle continuait de jouer avec sa baguette qui était dans un bois légèrement rosé et vernis avec soin.
« Mère rentre en carrosse depuis l’Espagne, elle sera la ce soir, je me suis dit que tu aimerais le savoir… Elle haussa les épaules et se rapprocha de sa petite sœur. Une décision qu’elle a prise quand elle a appris que père avait pointé son nez… »
Rose replaça une mèche derrière l’oreille de sa sœur et mit ses mains sur ses épaules, puis dans un geste délicat, elle glissa jusqu’à ses mains qu’elle joignait en les prenant au creux de ses mains.
« … Tâche de ne pas faire de bêtise »
« Je n’ai plus douze ans Rose » répliqua Lorie sur un ton las
« Tu as continué de faire des bêtises jusqu’à quatorze ans… Quinze si je compte ton expédition et ton utilisation de la magie en dehors de l’école. Rose fit pivoter Lorie face à Suzanne, la posta à côté de celle-ci et s’approcha de son oreille alors qu’elle avait gardé ses mains au creux des siennes. Apareo, souffla la grande blonde pour lier un poignet de sa sœur à celui de Suzanne. Crois-moi Suzanne, elle ne sera pas sage ! » Elle fit un clin d’œil à la fausse gendarmette puis se recula quand Lorie tourna son regard vers elle.
« Rose ! Ce n’est pas drôle ! »
Le sourire de la grande blonde se changea en tirage de langue.
« Je ne plaisante pas, mère arrive, inculte petite sœur… Tobias forgeron non mais j’aurais tout entendu… » Elle disparut dans un clac de transplanage. Laissant sa sœur poignet menotté à celui de Suzanne.
« ROSE ! »
Le visage de Lorie s’empourprait.
***
Pensée fit un petit bond pour s’asseoir sur le muret. « L’étoile bleue », répétât-elle pensive, c’était un joli nom pour un voilier. Peut-être que sa mère pourrait acheter un voilier ? Elle n’aurait pas à attendre sa majorité. Cette perspective lui fit frissonner l’échine, quand elle serait grande, Lorie serait sûrement ailleurs, Elina aussi.
Par chance, Teilo coupa le silence froid qui s’était installé dans l’hiver. C’est vrai qu’elle aimait beaucoup de choses, mais le garçon avait presque tout listé, il devait bien rester quelques trucs. Un grand sourire sur le visage la fillette laissa sortir un « Toi » de façon machinale, avant d’enchaîner avec « passer du temps avec mes sœurs aussi, même si Lorie n’est pas très présente cette année, j’aime beaucoup, heu… L’artisanat ! Et jouer du violoncelle… Et je crois que j’aime bien l’opéra et le théâtre. C’est amusant la pièce qu’on avait faite pour Lorie. »
Le problème avec l’éducation à la forme aristocratique imposée par ses parents, c’était que finalement, elle avait peu l’occasion de tester de nouvelles choses. Même ses sœurs finalement, Rose à part, n’avait que très peu de possibilité d’éveil sur plein de thèmes.
La porte se réouvrit et madame Louise sortit de la place aux glaces pour les rejoindre. Une note à la main, elle tendit à Teilo un bout de papier et un autre à Pensée. Les recettes pour faire les glaces étaient listées, mais rien d’extraordinaire non plus, finalement un vrai artisan aurait donné une meilleure recette, mais en attendant d’avoir la vraie recette d’un artisan, ils devraient s’en contenter. Qui sait, c’étaient les seuls gastromages ici présents, même si Louise aussi avait fait sa scolarité à Lug.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Non mais elle est sérieuse ?"
Un peu honteuse d'avoir été prise en train de flirter (depuis combien de temps Rose les écoutait ?), incertaine sur comment réagir, Suzanne avait laissé la grande soeur faire son petit numéro avec une placidité remarquable. Maintenant que son poignet droit se retrouvait menoté au poignet gauche de Lorie et que la vile responsable avait fui, le naturel revenait au galop.
"ROSE, REVIENS ICI !" gueula-t-elle juste après Lorie. Sans effet, ce qui fit fulminer la rousse quelques secondes. Elle leva brusquement son bras droit - et le bras gauche de Lorie - pour scruter les menottes et se mit dans l'idée qu'elle pouvait les arracher avec sa main libre. "HMMPH". Le concept d'être attachée ainsi à quelqu'un ne lui plaisait pas plus que ça. Heureusement que ce contact un peu trop rapproché et qui nécessitait un minimum de synchronicité était avec Lorie... sinon elle aurait déjà pêté un câble.
"Bon", grogna-t-elle quand ses efforts ne portèrent fruit, "c'est quoi le projet ? Dis-moi que y'a une clef" Rose avait-elle à ce point peur que Lorie ne fasse une grosse bêtise, juste parce que leur mère débarquait ? Elle surréagissait pas un peu, la grande soeur ? "T'as vraiment pas le droit de faire de magie, là ?" demanda Suze à la Championne avec espoir. "Si le ministère débarque, tu peux les baratiner et leur dire que c'était un cas d'extrême urgence. On va pas rester en maillot de bain jusqu'à ce soir !"
A cette simple pensée, Suzanne rougisseait. "Faut qu'on fasse quelque-chose, je veux pas que tu mama que arriba de españa nous voit comme ça !" Déjà que la mère avait l'air particulièrement acariâtre... "Et c'est quoi cette histoire avec Tobias ?" continua-t-elle comme si c'était au moins aussi important. "Il est forgeron ou il est pas forgeron ?"
La tête penchée, le petit Teilo perché sur le muret écoutait son amie énoncer les choses qu'elle aimait bien.
Elle avait dit "toi" en premier, avec un sourire et une franchise qui avaient fait au garçon comme une douce décharge électrique dans tout le corps. Que Pensée l'aime bien n'était pas surprenant en soi, il le sentait depuis longtemps, mais qu'elle le lui dise comme ça, si simplement, sans même détourner son regard d'habitude plutôt fuyant...
Comme étourdi, Teilo hocha erratiquement la tête à chacun des autres centres d'intérêt que son amie pouvait bien avoir. Ha oui, l'artisanat. Il se rappelait très bien du petit théâtre en bois qu'elle avait confectionné pour son anniversaire. Le violoncelle, qui avait su ponctuer dramatiquement la scénette qu'ils avaient concocté pour Lorie. "Oui, c'était cool. Ta musique a tout rendu plus... euh.. intense !"
Ses genoux commençant à lui faire mal, il s'assit tranquillement à côté d'elle sur le muret et se mit à siffloter l'air qu'elle avait joué au violoncelle à l'apparition du dragon. Ce n'était pas tout à fait ça mais ça y ressemblait quand même pas mal. Il s'interrompit au beau milieu de l'air pour s'exclamer : "Hé, L'Opéra de Lyon est à deux pas de chez moi ! On peut aller voir un opéra. Un où OIympia danse." Il soupira. "C'est grâce à elle que je sais bien danser. Elle me manque un peu. Je l'ai pas vue depuis que je suis rentré à Beauxbâtons."
Son sourire se figea et il détourna un instant la tête. Tout ça lui rappellait à quel point il avait été idiot. Après tout ce qui était arrivé à Pensée cet été, toutes les promesses qu'il s'était faites alors, il avait encore trouvé le moyen de ne pas l'inviter à danser avec lui au bal de Noël ! Mais... à la rentrée, il allait être en Troisième Année ! Le prochain Noël serait donc le bon.
Madame Louise, qu'il n'avait pas vu approcher, lui tendait un papier avec inscrit dessus la recette de l'Insolence Exotique. Après avoir cligné les yeux de surprise, Teilo fit une moue dubitative en saisissant le papier mais prit le temps de scruter d'un regard professionnel la liste des ingrédients : "Non, le problème, c'est vraiment l'ananas", confirma-t-il avec assurance en empochant la recette. "On va trouver comment régler ça. Merci, Madame Louise." Puis il tordit le cou vers la mer de plus en plus agitée par le vent. En haut, les nuages se faisaient gris. La température avait baissé et il allait peut-être pleuvoir.
Rien de tout ça ne dérangeait le petit sorcier. Il aurait pu rester ici sur la plage des heures encore tant il se sentait dans son élément. Néanmoins, Teilo tourna la tête vers Pensée, encore emmitouflée dans son manteau, et lui demanda tout doucement : "Tu veux rentrer ?"
Un peu honteuse d'avoir été prise en train de flirter (depuis combien de temps Rose les écoutait ?), incertaine sur comment réagir, Suzanne avait laissé la grande soeur faire son petit numéro avec une placidité remarquable. Maintenant que son poignet droit se retrouvait menoté au poignet gauche de Lorie et que la vile responsable avait fui, le naturel revenait au galop.
"ROSE, REVIENS ICI !" gueula-t-elle juste après Lorie. Sans effet, ce qui fit fulminer la rousse quelques secondes. Elle leva brusquement son bras droit - et le bras gauche de Lorie - pour scruter les menottes et se mit dans l'idée qu'elle pouvait les arracher avec sa main libre. "HMMPH". Le concept d'être attachée ainsi à quelqu'un ne lui plaisait pas plus que ça. Heureusement que ce contact un peu trop rapproché et qui nécessitait un minimum de synchronicité était avec Lorie... sinon elle aurait déjà pêté un câble.
"Bon", grogna-t-elle quand ses efforts ne portèrent fruit, "c'est quoi le projet ? Dis-moi que y'a une clef" Rose avait-elle à ce point peur que Lorie ne fasse une grosse bêtise, juste parce que leur mère débarquait ? Elle surréagissait pas un peu, la grande soeur ? "T'as vraiment pas le droit de faire de magie, là ?" demanda Suze à la Championne avec espoir. "Si le ministère débarque, tu peux les baratiner et leur dire que c'était un cas d'extrême urgence. On va pas rester en maillot de bain jusqu'à ce soir !"
A cette simple pensée, Suzanne rougisseait. "Faut qu'on fasse quelque-chose, je veux pas que tu mama que arriba de españa nous voit comme ça !" Déjà que la mère avait l'air particulièrement acariâtre... "Et c'est quoi cette histoire avec Tobias ?" continua-t-elle comme si c'était au moins aussi important. "Il est forgeron ou il est pas forgeron ?"
***
La tête penchée, le petit Teilo perché sur le muret écoutait son amie énoncer les choses qu'elle aimait bien.
Elle avait dit "toi" en premier, avec un sourire et une franchise qui avaient fait au garçon comme une douce décharge électrique dans tout le corps. Que Pensée l'aime bien n'était pas surprenant en soi, il le sentait depuis longtemps, mais qu'elle le lui dise comme ça, si simplement, sans même détourner son regard d'habitude plutôt fuyant...
Comme étourdi, Teilo hocha erratiquement la tête à chacun des autres centres d'intérêt que son amie pouvait bien avoir. Ha oui, l'artisanat. Il se rappelait très bien du petit théâtre en bois qu'elle avait confectionné pour son anniversaire. Le violoncelle, qui avait su ponctuer dramatiquement la scénette qu'ils avaient concocté pour Lorie. "Oui, c'était cool. Ta musique a tout rendu plus... euh.. intense !"
Ses genoux commençant à lui faire mal, il s'assit tranquillement à côté d'elle sur le muret et se mit à siffloter l'air qu'elle avait joué au violoncelle à l'apparition du dragon. Ce n'était pas tout à fait ça mais ça y ressemblait quand même pas mal. Il s'interrompit au beau milieu de l'air pour s'exclamer : "Hé, L'Opéra de Lyon est à deux pas de chez moi ! On peut aller voir un opéra. Un où OIympia danse." Il soupira. "C'est grâce à elle que je sais bien danser. Elle me manque un peu. Je l'ai pas vue depuis que je suis rentré à Beauxbâtons."
Son sourire se figea et il détourna un instant la tête. Tout ça lui rappellait à quel point il avait été idiot. Après tout ce qui était arrivé à Pensée cet été, toutes les promesses qu'il s'était faites alors, il avait encore trouvé le moyen de ne pas l'inviter à danser avec lui au bal de Noël ! Mais... à la rentrée, il allait être en Troisième Année ! Le prochain Noël serait donc le bon.
Madame Louise, qu'il n'avait pas vu approcher, lui tendait un papier avec inscrit dessus la recette de l'Insolence Exotique. Après avoir cligné les yeux de surprise, Teilo fit une moue dubitative en saisissant le papier mais prit le temps de scruter d'un regard professionnel la liste des ingrédients : "Non, le problème, c'est vraiment l'ananas", confirma-t-il avec assurance en empochant la recette. "On va trouver comment régler ça. Merci, Madame Louise." Puis il tordit le cou vers la mer de plus en plus agitée par le vent. En haut, les nuages se faisaient gris. La température avait baissé et il allait peut-être pleuvoir.
Rien de tout ça ne dérangeait le petit sorcier. Il aurait pu rester ici sur la plage des heures encore tant il se sentait dans son élément. Néanmoins, Teilo tourna la tête vers Pensée, encore emmitouflée dans son manteau, et lui demanda tout doucement : "Tu veux rentrer ?"
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie réfléchissait comme si cette épreuve faisait partie du tournoi. Suzanne avait raison en tout point, elles n’allaient certainement pas rester en maillot de bain jusqu’à ce soir. Tsss, maudite sois-tu Rose, songea la blonde qui se mordillait la lèvre.
« Non non, je ne peux décemment pas leur dire ça et je ne suis pas certaine de connaître de sortilège pour ce problème… Lorie soupira. Hein ? Son regard perdu se releva dans celui de Suzanne. C’est toi qui as dit que Tobias Forge… La blonde secoua la tête puis se rapprocha de Suzanne pour se coller contre elle. Son visage, proche du sien, elle avança lentement vers ses lèvres, comme Drian avait fait avec elle et l’embrassa avec sensualité, déposant au passage ses mains sur ses joues. Quand elle laissa Suzanne respirer, son regard dans le sien la blonde brisa le silence avec un murmure. Fais-moi confiance. » Elle adressa un sourire avant de perdre ses lèvres à nouveaux sur celles de Suzanne dans un instant plus bref. Puis délicatement, Lorie laissa sa main menottée glisser le long de la joue de sa petite amie, effleurant son épaule et son bras, jusqu’à ce que sa main vienne entrelacer ses doigts autour de ceux de Suzanne.
« Apprenons à crocheter ces trucs, mais avant, allons grignoter quelque chose, je m’en voudrais que ma princesse trépasse à cause de la faim. » Finit-elle par dire le cœur palpitant et remplis de pensée interdites, même pensées qu’elle eut avec Drian.
Les joues rosies par son cœur battant et le contact entre sa poitrine et celle de Suzanne se rompant, elle afficha un dernier sourire avant de tirer Suzanne avec délicatesse vers sa chambre. Sur son bureau, il y aurait forcément quelque chose qui pourrait les aider. Puis il y avait son garde bouffe, les deux filles pourraient se régaler.
Ainsi d’un pas lent, Lorie regagna la chambre, laissant sa chevelure flotter derrière elle, main dans la main avec Suzanne. Dans sa chambre, elle ouvrit son garde bouffe et tourna la tête vers Suze.
« Plutôt sucré ou salé ? »
***
Le compliment sur sa musique eut l’effet de faire rayonner le visage de Pensée, certain aurait pu dire qu’il ne pouvait pas plus rayonner et pourtant, il venait de prouver le contraire. « C’est parce que j’ai eu un bon directeur artistique » répondit la blonde dans un murmure qui était audible par elle seule.
Le petit soleil assis sur le mur se releva et attrapa les mains de Teilo. « Je serais ravie d’aller voir un opéra avec toi Teilo Daroux ! » S’était-elle exclamée avec encore plus d’enthousiasme qu’avant. Puis Pensée se recula d’un pas et hocha de la tête avant d’attraper la note de madame Louise qui recensait la recette de la dame blanche. « Oh ! » Laissa-t-elle échapper avant de plier le bout de papier et de le déposer dans la poche du manteau qu’elle portait. Elle tournoya et se posta devant le visage du petit Daroux.
« Je veux faire ce que toi, tu veux faire ! Moi la plage, je peux venir tous les jours ! Enfin presque… Alors la question est… Que veut faire le grand Teilo Daroux ? » Pensée inclina la tête sur le côté pour sonder la réponse du garçon. Sa voix aussi mignonne que douce semblait encore résonner dans les oreilles de sa sœur qui leva les yeux aux ciels.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Tobias Forge...ron ?
Suzanne observa Lorie avec des yeux de merlan frit. Elle était premier degré ou elle avait essayé de faire une blague ? Décontenancée, la rousse se laissa embrasser et profita de cet instant pour se calmer un peu. Elle allait sans doute s'habituer à cette douceur qu'elle avait jugée si longtemps inutile. L'entreprenante Lorie était douée pour la convaincre du contraire et revenait même à la charge en adaptant un peu son approche, prouvant à l'ingénue son expérience en la matière. Elles étaient liées ensemble par le poignet... le ventre de la non-mag se réchauffait... comment ne pas lui faire confiance ?
Franchement, qu'est ce qu'il lui prenait à frissonner à chaque endroit que Lorie effleurait ?
Le visage cramoisi, Suzanne donna le change en rigolant un peu trop fort. "Moi, une princesse ?" Elle n'en avait ni les manières, ni la grâce et encore moins l'éducation. Et puis elle était convaincue de ne pas aimer les contes de fée, c'était trop niais. Ca l'arrangeait un peu d'oublier que plus tôt, elle avait souhaité que son histoire avec Lorie se termine bien. "T'inquiète pas, je vais pas trépasser, j'ai des réserves !" fit-elle en usant de sa main libre pour palper la petite graisse de son ventre. Les vraies princesses étaient toutes maigres, comme Lorie.
Suzanne se laissa entraîner jusque dans la chambre. Il lui fallut un petit temps d'adaptation pour adapter son pas et ses mouvements à ceux de Lorie. Un mouvement trop brusque et elle pouvait sûrement lui péter le bras, ce serait quand même dommage. Une fois postée devant le garde bouffe aux promesses culinaires alléchantes (son ventre gronda), la non-mag répondit avec malice au choix que lui proposait la blonde : "Pimentayyyy ! Espelette, jalapeño, wasabi... j'aime quand ça arrache."
C'était complètement faux et elle savait que Lorie ne se laisserait pas tromper. En vrai, elle avait l'estomac plutôt fragile et tout ce qui était un peu relevé ne lui réussissait pas. D'un mouvement de tête, elle fit danser ses cheveux comme dans les pubs pour parfum en précisant d'une voix fluette : "Pas de sucré, c'est pas bon pour ma ligne." En fait si, elle adorait tout ce qui était sucré, peut-être même un peu trop ! Quant à repréciser qu'elle était végétarienne... à Lorie ? Pas la peine.
Elle attendit avec un poil d'impatience de savoir ce que son amie allait choisir pour elle.
Ouah. Pensée était super enthousiaste à l'idée d'aller à l'Opéra. Teilo tapota par terre en alternance avec ses baskets, excité lui aussi. Il baissa les yeux un instant, juste pour confirmer que, dans sa joie, elle lui avait pris les mains. Bon, il pouvait demander à Olympia si elle ne pouvait pas lui trouver deux places pour les vacances de Pâques, en espérant qu'elle soit en représentation à ce moment là. Cette année, il faisait tellement de choses qu'il perdait un peu le fil de... tout le reste.
Son amie n'avait pas l'air de vouloir rentrer mais elle ne lui disait pas non plus ce qu'elle préférait faire. Pire, elle lui laissait la responsabilité de choisir pour tout le monde. C'était super cruel. En général, c'était plutôt lui qui se pliait à ce que voulaient faire les autres, c'était plus simple et au moins il était sûr qu'ils seraient contents. Après avoir soufflé, le garçon enroula de nouveau son écharpe autour de son cou puis se remit debout sur le muret. Voilà, là, il était grand... comme elle disait.
"Je voudraiiiis..." commença-t-il en se tournant vers la mer, les mains sur les hanches. Il leva un bras vers le parapente qui faisait une boucle en longeant la mer. "Voler". Se laisser porter par le vent, se sentir tout léger. Puis il baissa le bras vers la mer. "Plonger." Se laisser tomber au fond de l'eau, découvrir un nouveau monde, de nouveaux sons. "Courir". Il pointa la plage. Courir pieds nus sur le sable, sentir son coeur battre très fort, ne plus réfléchir à rien. "Et plein d'autres choses" finit-il en sautant du muret pour refaire face à Pensée, sourire aux lèvres. Observer des étoiles, retourner au labyrinthe, continuer à explorer le château, dessiner des sigles explicites et éphémères sur le sable. "Mais une chose à la fois. Ma mère dit tout le temps ça." Et il avait d'autres idées qui pouvaient se concrétiser là, maintenant, dont un certain projet secret, une promesse qu'il ne cessait de reporter à plus tard.
C'était possible, il pouvait le faire. Il lui fallait juste un peu de courage. Comme tout à l'heure, dans le passage secret obscur et poisseux.
Son regard se porta sur Elina - il n'avait pas raté quand elle avait levé les yeux au ciel - puis sur Madame Louise qui ne révélait rien. Les mains dans le dos, Teilo leur fit son plus innocent sourire. "Dites... ça vous embête si moi et Pensée, on va marcher cinq minutes sur la plage ? Promis, on va pas trop loin."
Juste un peu loin de vous.
Suzanne observa Lorie avec des yeux de merlan frit. Elle était premier degré ou elle avait essayé de faire une blague ? Décontenancée, la rousse se laissa embrasser et profita de cet instant pour se calmer un peu. Elle allait sans doute s'habituer à cette douceur qu'elle avait jugée si longtemps inutile. L'entreprenante Lorie était douée pour la convaincre du contraire et revenait même à la charge en adaptant un peu son approche, prouvant à l'ingénue son expérience en la matière. Elles étaient liées ensemble par le poignet... le ventre de la non-mag se réchauffait... comment ne pas lui faire confiance ?
Franchement, qu'est ce qu'il lui prenait à frissonner à chaque endroit que Lorie effleurait ?
Le visage cramoisi, Suzanne donna le change en rigolant un peu trop fort. "Moi, une princesse ?" Elle n'en avait ni les manières, ni la grâce et encore moins l'éducation. Et puis elle était convaincue de ne pas aimer les contes de fée, c'était trop niais. Ca l'arrangeait un peu d'oublier que plus tôt, elle avait souhaité que son histoire avec Lorie se termine bien. "T'inquiète pas, je vais pas trépasser, j'ai des réserves !" fit-elle en usant de sa main libre pour palper la petite graisse de son ventre. Les vraies princesses étaient toutes maigres, comme Lorie.
Suzanne se laissa entraîner jusque dans la chambre. Il lui fallut un petit temps d'adaptation pour adapter son pas et ses mouvements à ceux de Lorie. Un mouvement trop brusque et elle pouvait sûrement lui péter le bras, ce serait quand même dommage. Une fois postée devant le garde bouffe aux promesses culinaires alléchantes (son ventre gronda), la non-mag répondit avec malice au choix que lui proposait la blonde : "Pimentayyyy ! Espelette, jalapeño, wasabi... j'aime quand ça arrache."
C'était complètement faux et elle savait que Lorie ne se laisserait pas tromper. En vrai, elle avait l'estomac plutôt fragile et tout ce qui était un peu relevé ne lui réussissait pas. D'un mouvement de tête, elle fit danser ses cheveux comme dans les pubs pour parfum en précisant d'une voix fluette : "Pas de sucré, c'est pas bon pour ma ligne." En fait si, elle adorait tout ce qui était sucré, peut-être même un peu trop ! Quant à repréciser qu'elle était végétarienne... à Lorie ? Pas la peine.
Elle attendit avec un poil d'impatience de savoir ce que son amie allait choisir pour elle.
***
Ouah. Pensée était super enthousiaste à l'idée d'aller à l'Opéra. Teilo tapota par terre en alternance avec ses baskets, excité lui aussi. Il baissa les yeux un instant, juste pour confirmer que, dans sa joie, elle lui avait pris les mains. Bon, il pouvait demander à Olympia si elle ne pouvait pas lui trouver deux places pour les vacances de Pâques, en espérant qu'elle soit en représentation à ce moment là. Cette année, il faisait tellement de choses qu'il perdait un peu le fil de... tout le reste.
Son amie n'avait pas l'air de vouloir rentrer mais elle ne lui disait pas non plus ce qu'elle préférait faire. Pire, elle lui laissait la responsabilité de choisir pour tout le monde. C'était super cruel. En général, c'était plutôt lui qui se pliait à ce que voulaient faire les autres, c'était plus simple et au moins il était sûr qu'ils seraient contents. Après avoir soufflé, le garçon enroula de nouveau son écharpe autour de son cou puis se remit debout sur le muret. Voilà, là, il était grand... comme elle disait.
"Je voudraiiiis..." commença-t-il en se tournant vers la mer, les mains sur les hanches. Il leva un bras vers le parapente qui faisait une boucle en longeant la mer. "Voler". Se laisser porter par le vent, se sentir tout léger. Puis il baissa le bras vers la mer. "Plonger." Se laisser tomber au fond de l'eau, découvrir un nouveau monde, de nouveaux sons. "Courir". Il pointa la plage. Courir pieds nus sur le sable, sentir son coeur battre très fort, ne plus réfléchir à rien. "Et plein d'autres choses" finit-il en sautant du muret pour refaire face à Pensée, sourire aux lèvres. Observer des étoiles, retourner au labyrinthe, continuer à explorer le château, dessiner des sigles explicites et éphémères sur le sable. "Mais une chose à la fois. Ma mère dit tout le temps ça." Et il avait d'autres idées qui pouvaient se concrétiser là, maintenant, dont un certain projet secret, une promesse qu'il ne cessait de reporter à plus tard.
C'était possible, il pouvait le faire. Il lui fallait juste un peu de courage. Comme tout à l'heure, dans le passage secret obscur et poisseux.
Son regard se porta sur Elina - il n'avait pas raté quand elle avait levé les yeux au ciel - puis sur Madame Louise qui ne révélait rien. Les mains dans le dos, Teilo leur fit son plus innocent sourire. "Dites... ça vous embête si moi et Pensée, on va marcher cinq minutes sur la plage ? Promis, on va pas trop loin."
Juste un peu loin de vous.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le regard sur sa petite amie, Lorie se pinça la lèvre. Salé donc… Le regard océan de la blonde fixa un long moment les yeux de Suzanne, avant de finalement secouer la tête comme si elle venait de reprendre ses esprits. Lys entre temps avait chipé un morceau de jambon dans le garde bouffe qui était resté ouvert. Lorie l’observa se cacher sous un canapé avec un petit sourire puis elle reporta son attention sur le garde-bouffe.
« Épicé donc… feinta la blonde en faussant sa réflexion et fini par attraper un petit sandwich à l’allure de burger. Elle ouvrit le pain et mit une cuillère de sauce désopilante avant de le faire réchauffer un peu dans son fourneau de poche. Quand ce fut le cas, elle tendit le burger à Suzanne. Tiens. »
Aucune viande n'était présente dans ce burger, cela faisait quelque temps qu’elle travaillait sur cette version avec une galette de pomme de terre. Pour ce qui était du reste… La gourmandise ferait le reste, il n’y avait qu’à voir le fromage dégoulinant. De son côté Lorie avait attrapé un sandwich tout ce qu’il y avait de plus artisanal avec une tranche de jambon affiné qui dépassait de la tranche de pain.
« Tu me diras ce que tu en penses, j’ai travaillé la recette juste pour toi. Elle n’a pas encore de nom, mais c’est une galette de pomme de terre panée, salade, de la tomate, des petits oignons caramélisés, du cheddar, un œuf coulant » Elle offrit un petit sourire à Suze avant de mordre dans son met finement préparé. Un petit morceau de beurre se déposa sur sa lèvre sans qu’elle ne s’en rende compte. Dès la première bouchée, Lorie voyait déjà plus claire sur ce qui liait son poignet à celui de sa petite copine. Le mécanisme devait être plutôt simple à première vue.
***
Les yeux de Pensées suivaient le doigt de Teilo qui venait parfaitement imager les paroles de son ami. Il fallait avouer que… Présenté comme ça, Pensée aussi avait envie de voler, plonger et courir, quoi que sa dernière expérience de vol lui eût laissé de sacrés souvenirs. Ou plutôt un souvenir, celui du sol qui se rapprochait avant de finalement se réveiller dans un lit de Port au plâtre. Un souvenir qui eut l’effet d’un frisson lui parcourant la colonne vertébrale. Pensée acquiesça aux dires de maman Daroux, elle avait raison, il fallait se concentrer sur une chose à la fois au risque de ne pas profiter.
Le regard sur son ami, elle observa le garçon demander l’autorisation de s’éloigner de madame Louise. La petite pencha légèrement la tête sur le côté. Pourquoi voulait-il s’éloigner ? Finalement, la petite blonde ne comprenait pas, mais elle n’était pas contre l’idée d’une balade en tête.
« Pas le moins du monde, mais n’allez pas trop loin… Enfin, restez suffisamment proche pour que je vous entende m’appeler s’il se passe quelque chose. »
Elina qui avait froncé les sourcils, elle semblait tout aussi perplexe que sa sœur si ce n’est plus. Quoi que, il y avait bien une théorie qui pouvait se vérifier mais pour ça il fallait que le petit duo reste en vu et… Rien n’était moins certain dans cet univers aussi chaotique.
Pensée afficha un sourire à madame Louise et s’empressa de regarder Teilo. Peut-être avait-il envie de courir sur la plage. La fille sauta à pieds joints dans le sable et attendit que Teilo fasse de même pour aller marcher à ses côtés.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Comment ça, épicé ? s'étonna Suzanne en haussant un sourcil. Lorie n'avait pas détecté son mensonge avec ses superpouvoirs ? Elle faillit la corriger sur le champ mais c'était trop fascinant de la voir préparer un sandwich - un burger ? - avec tact et dextérité. Il était mignon, son petit réchaud de sorcière et le fromage qui fondait tendrement fit à nouveau grogner son estomac. Elle avait juste un gros doute sur la sauce et se râcla la gorge comme pour mieux la préparer à l'assaut qui s'annonçait terrible.
"Oh, juste pour moi ?" fit-elle en papillonnant exagérément des yeux. Non non non, il fallait qu'elle arrête ça, c'était ridicule. Elle ressemblait de plus en plus aux pimbêches de son lycée. "Merci", fit-elle d'une voix plus méfiante en lorgnant sur le burger qu'elle avait maintenant dans les mains. Bon, impossible de manipuler ça avec juste sa main de libre, elle allait en mettre partout. Elle attendit donc que Lorie soit prête et comprenne son intention avant d'amener le burger jusqu'à sa bouche et de mordre dedans à pleines dents.
La sauce... la sauce lui assaillait les... ah, non. C'était pas trop épicé en fait. C'était même...
"Trop bon. Hmmm..." Suzanne mâcha, les yeux étonnés. Pas de viande, forcément, Lorie ne pouvait pas avoir oublié. La tomate était fraîche et goûteuse, le pain craquant et moelleux à la fois, les oignons sucrés se mariaient tellement bien avec le fromage et le fromage... Elle mordit à nouveau dans le burger comme si son appétit venait soudain de décupler. "Pluch de fromache la prochaine fois" fut sa seule critique négative mais elle la fit avec un sourire un peu timide. Elle voulait aussi demander à Lorie si elle avait bien fait attention à sélectionner un fromage sans présure animale car depuis qu'elle avait vu un documentaire sur comment on récupérait cette substance dans l'estomac de jeunes animaux, c'était niet pour elle.
Bon, elle saoulait déjà sa mère avec ça, était-ce bien la peine d'embêter Lorie ? Qu'est ce qu'on s'en fichait des règles des végétariens ? Et puis c'était tellement bon.
"Tu vas appeler ça comment, le Suz'Burger ? Le Suz'Cheese ? T'as du beurre là." La rousse tapota le coin de ses lèvres avant d'aller carrément, du bout mou de son index, prélever ce qui faisait tâche sur le minois de la vraie princesse. Mais que faire avec son doigt maintenant plein de beurre ? Après une courte réflexion, elle l'enfonça dans le pain de son burger, dans lequel elle mordit une troisième fois.
A l'accord de Madame Louise, Teilo élargit son sourire. Elle était vraiment beaucoup plus coulante qu'il n'avait imaginé, à moins qu'elle n'aie pu résister à son charme innocent ? Dans tous les cas, c'était bien dommage que ce ne soit pas elle, la mère des Fleury. Quant à Elina qui semblait soudain soupçonneuse, il lui lança un regard espiègle. "Han... qu'est ce qu'on va bien pouvoir faire ?" souffla-t-il même doucement en prenant un air encore plus circonspect qu'elle.
Amusé de la laisser dans le doute, le garçon enjamba rapidement le muret, désigna du menton à Pensée où il souhaitait aller (juste plus loin sur la plage) et s'y rendit à pas pressés, les mains dans les poches. Sa tête se pencha à droite pour observer la fille qui lui emboîtait le pas et cheminait à ses côtés. Son amie, à qui il tenait beaucoup. Vraiment beaucoup.
Il sentit son coeur battre plus fort. Depuis quelques semaines, il avait de plus en plus envie de lui dire plein de trucs, des mots de grands qu'il n'avait jamais prononcé pour de vrai et qui risquaient de sonner vraiment bizarre. Mais quelque chose - un sentiment, un grain de sable dans le vent, peut-être l'air sur le visage de Pensée - quelque-chose lui disait que non, ce n'était pas encore le bon moment.
Non, il allait juste attendre qu'ils soient plus loin et tenir sa promesse. C'était déjà bien.
Il lui sourit doucement, mit ses mains dans le dos et regarda à nouveau devant lui. Ses baskets shootèrent dans le sable mais quand le vent lui ramena une gerbe dans les yeux et qu'il dut se les frotter pour en dégager quelques grains, il cessa immédiatement cet enfantillage. Bon, Pensée allait finir par s'inquiéter s'il ne disait rien, alors Teilo tourna à nouveau la tête vers elle mais sans sourire cette fois. Il avait même la voix plus grave que d'ordinaire.
"T'as été voir les médecins pendant les vacances ? Ils t'ont dit quoi ?"
Pensée ne parlait jamais des suites de son accident, des possibles séquelles avec lesquelles elle allait peut-être devoir vivre, et lui-même avait entièrement esquivé le sujet depuis la rentrée. Il avait même tout fait pour ne pas trop y songer, assimilant ça dans sa tête à un simple conte qui s'était bien terminé. Les histoires, c'était bien pratique, ça n'avait pas de conséquences. Mais il allait bientôt avoir treize ans. Il était temps d'admettre que oui, tout s'était réellement passé.
"Oh, juste pour moi ?" fit-elle en papillonnant exagérément des yeux. Non non non, il fallait qu'elle arrête ça, c'était ridicule. Elle ressemblait de plus en plus aux pimbêches de son lycée. "Merci", fit-elle d'une voix plus méfiante en lorgnant sur le burger qu'elle avait maintenant dans les mains. Bon, impossible de manipuler ça avec juste sa main de libre, elle allait en mettre partout. Elle attendit donc que Lorie soit prête et comprenne son intention avant d'amener le burger jusqu'à sa bouche et de mordre dedans à pleines dents.
La sauce... la sauce lui assaillait les... ah, non. C'était pas trop épicé en fait. C'était même...
"Trop bon. Hmmm..." Suzanne mâcha, les yeux étonnés. Pas de viande, forcément, Lorie ne pouvait pas avoir oublié. La tomate était fraîche et goûteuse, le pain craquant et moelleux à la fois, les oignons sucrés se mariaient tellement bien avec le fromage et le fromage... Elle mordit à nouveau dans le burger comme si son appétit venait soudain de décupler. "Pluch de fromache la prochaine fois" fut sa seule critique négative mais elle la fit avec un sourire un peu timide. Elle voulait aussi demander à Lorie si elle avait bien fait attention à sélectionner un fromage sans présure animale car depuis qu'elle avait vu un documentaire sur comment on récupérait cette substance dans l'estomac de jeunes animaux, c'était niet pour elle.
Bon, elle saoulait déjà sa mère avec ça, était-ce bien la peine d'embêter Lorie ? Qu'est ce qu'on s'en fichait des règles des végétariens ? Et puis c'était tellement bon.
"Tu vas appeler ça comment, le Suz'Burger ? Le Suz'Cheese ? T'as du beurre là." La rousse tapota le coin de ses lèvres avant d'aller carrément, du bout mou de son index, prélever ce qui faisait tâche sur le minois de la vraie princesse. Mais que faire avec son doigt maintenant plein de beurre ? Après une courte réflexion, elle l'enfonça dans le pain de son burger, dans lequel elle mordit une troisième fois.
***
A l'accord de Madame Louise, Teilo élargit son sourire. Elle était vraiment beaucoup plus coulante qu'il n'avait imaginé, à moins qu'elle n'aie pu résister à son charme innocent ? Dans tous les cas, c'était bien dommage que ce ne soit pas elle, la mère des Fleury. Quant à Elina qui semblait soudain soupçonneuse, il lui lança un regard espiègle. "Han... qu'est ce qu'on va bien pouvoir faire ?" souffla-t-il même doucement en prenant un air encore plus circonspect qu'elle.
Amusé de la laisser dans le doute, le garçon enjamba rapidement le muret, désigna du menton à Pensée où il souhaitait aller (juste plus loin sur la plage) et s'y rendit à pas pressés, les mains dans les poches. Sa tête se pencha à droite pour observer la fille qui lui emboîtait le pas et cheminait à ses côtés. Son amie, à qui il tenait beaucoup. Vraiment beaucoup.
Il sentit son coeur battre plus fort. Depuis quelques semaines, il avait de plus en plus envie de lui dire plein de trucs, des mots de grands qu'il n'avait jamais prononcé pour de vrai et qui risquaient de sonner vraiment bizarre. Mais quelque chose - un sentiment, un grain de sable dans le vent, peut-être l'air sur le visage de Pensée - quelque-chose lui disait que non, ce n'était pas encore le bon moment.
Non, il allait juste attendre qu'ils soient plus loin et tenir sa promesse. C'était déjà bien.
Il lui sourit doucement, mit ses mains dans le dos et regarda à nouveau devant lui. Ses baskets shootèrent dans le sable mais quand le vent lui ramena une gerbe dans les yeux et qu'il dut se les frotter pour en dégager quelques grains, il cessa immédiatement cet enfantillage. Bon, Pensée allait finir par s'inquiéter s'il ne disait rien, alors Teilo tourna à nouveau la tête vers elle mais sans sourire cette fois. Il avait même la voix plus grave que d'ordinaire.
"T'as été voir les médecins pendant les vacances ? Ils t'ont dit quoi ?"
Pensée ne parlait jamais des suites de son accident, des possibles séquelles avec lesquelles elle allait peut-être devoir vivre, et lui-même avait entièrement esquivé le sujet depuis la rentrée. Il avait même tout fait pour ne pas trop y songer, assimilant ça dans sa tête à un simple conte qui s'était bien terminé. Les histoires, c'était bien pratique, ça n'avait pas de conséquences. Mais il allait bientôt avoir treize ans. Il était temps d'admettre que oui, tout s'était réellement passé.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Post a réécrire sauf si la sauvegarde du site permet de le recup
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Hmmm", fit Suzanne.
C'était à la fois un hmm de réflexion et d'appréciation. La rousse venait de mordre une quatrième fois dans le délicieux burger et mâchait les yeux plissés. Puisque Lorie lui laissait le droit de nommer cette création, elle prenait le temps de trouver le mot qui correspondait parfaitement à ce qu'elle ressentait à chaque bouchée.
"Le Veggie-Grisant wiz Potatoz", déclara-t-elle finalement avec un petit sourire de contentement. Puis elle avala et, comme elle n'avait pas encore tout mâché, manqua de s'étouffer. Une deuxième déglutition, heureusement, fit tout passer et la fille rougeoyante souffla ostensiblement son soulagement.
Pendant ce temps, Lorie la regardait. Elle avait bien remarqué que Lorie la regardait avec ce drôle d'air. De mémoire, personne ne l'avait jamais vraiment scrutée de cette manière. C'était incroyable ce qu'un simple petit bisou pouvait changer. Et maintenant ? Il allait se passer quoi ? Elle était en terre tout à fait inconnue. D'ordinaire, ça ne lui plaisait pas trop mais là, la fille au naturel grognon trouvait ça... plutôt marrant, en fait.
Désopilant.
Son regard dériva vers leurs poignets menotés. Il y a quelques minutes encore, ça la gênait. Maintenant, elle s'en fichait un peu, comme la perspective de dîner avec Maman Fleury vêtue de son simple maillot de bain. Souriante, elle releva la tête vers Lorie qui continuait de la regarder avec son drôle d'air. "Quoi, kesta ?" fit la non-mag avec un coup de menton un brin provocateur. Le regard de Lorie avait la faculté de faire durer les secondes. "Hé, tu sais ce que je ferais si j'avais la main libre ?" Elle enfourna le reste de son burger dans son gosier et prit le temps de bien macher avant d'avaler.
"Je te dessinerais", admit-elle avec un grand sourire.
"Ah."
Teilo était inhabituellement laconique. Chaque phrase de Pensée lui faisait l'effet d'un coup de massue et ses épaules s'affaissaient peu à peu.
Pensée ne devait pas faire de Quidditch, et probablement d'autres sports. Pensée avait des problèmes pour se concentrer. Même si elle y metttait du sien, Pensée n'aurait pas de meilleurs résultats scolaires. Tout ce qu'elle lui disait là était la dure réalité : immuable et très, vraiment très injuste.
"D'accord", souffla-t-il sans regarder son amie. Le garçon déglutit avec difficulté. Il se souvenait très bien de la lettre que Pensée lui avait envoyée juste avant son accident et dans laquelle elle lui annonçait l'objectif de son vol à dos d'abraxan, où elle lui disait que c'était en fait une surprise... pour lui. Cette phrase lui revenait souvent. Teilo la trouvait horrible.
Il se mordit les lèvres et serra ses poings dans ses poches, le regard au sol. Ses pas se faisaient trainants, comme si le sable s'était transmuté en boue par le biais de l'alchimie. Il voulait dire à Pensée à quel point il s'en voulait, que s'il pouvait, il remonterait dans le temps à ce jour là et transplanerait devant elle pour l'empêcher de monter sur l'abraxan, qu'il allait l'aider à se concentrer et qu'il ne fallait pas qu'elle oublie son rêve de devenir magizoologiste. Mais Teilo ne dit rien de tout cela. Ca pouvait rendre Pensée triste.
Le visage du garçon avait perdu toute la jovialité qui l'animait d'habitude. Non mais quel idiot il avait été de lui poser cette question. "Si ça va mieux... tant mieux", réussit-il à répondre d'une voix sourde avant de s'arrêter de marcher et d'inspirer profondément.
Il se tourna vers elle. Ca aurait pu être pire : il aurait pu perdre une amie. "Quand tu étais à l'hopital, je me suis fait une promesse." Le menton légèrement relevé, les cheveux et l'écharpe dans le vent, il la regardait avec grand sérieux.
C'était à la fois un hmm de réflexion et d'appréciation. La rousse venait de mordre une quatrième fois dans le délicieux burger et mâchait les yeux plissés. Puisque Lorie lui laissait le droit de nommer cette création, elle prenait le temps de trouver le mot qui correspondait parfaitement à ce qu'elle ressentait à chaque bouchée.
"Le Veggie-Grisant wiz Potatoz", déclara-t-elle finalement avec un petit sourire de contentement. Puis elle avala et, comme elle n'avait pas encore tout mâché, manqua de s'étouffer. Une deuxième déglutition, heureusement, fit tout passer et la fille rougeoyante souffla ostensiblement son soulagement.
Pendant ce temps, Lorie la regardait. Elle avait bien remarqué que Lorie la regardait avec ce drôle d'air. De mémoire, personne ne l'avait jamais vraiment scrutée de cette manière. C'était incroyable ce qu'un simple petit bisou pouvait changer. Et maintenant ? Il allait se passer quoi ? Elle était en terre tout à fait inconnue. D'ordinaire, ça ne lui plaisait pas trop mais là, la fille au naturel grognon trouvait ça... plutôt marrant, en fait.
Désopilant.
Son regard dériva vers leurs poignets menotés. Il y a quelques minutes encore, ça la gênait. Maintenant, elle s'en fichait un peu, comme la perspective de dîner avec Maman Fleury vêtue de son simple maillot de bain. Souriante, elle releva la tête vers Lorie qui continuait de la regarder avec son drôle d'air. "Quoi, kesta ?" fit la non-mag avec un coup de menton un brin provocateur. Le regard de Lorie avait la faculté de faire durer les secondes. "Hé, tu sais ce que je ferais si j'avais la main libre ?" Elle enfourna le reste de son burger dans son gosier et prit le temps de bien macher avant d'avaler.
"Je te dessinerais", admit-elle avec un grand sourire.
***
"Ah."
Teilo était inhabituellement laconique. Chaque phrase de Pensée lui faisait l'effet d'un coup de massue et ses épaules s'affaissaient peu à peu.
Pensée ne devait pas faire de Quidditch, et probablement d'autres sports. Pensée avait des problèmes pour se concentrer. Même si elle y metttait du sien, Pensée n'aurait pas de meilleurs résultats scolaires. Tout ce qu'elle lui disait là était la dure réalité : immuable et très, vraiment très injuste.
"D'accord", souffla-t-il sans regarder son amie. Le garçon déglutit avec difficulté. Il se souvenait très bien de la lettre que Pensée lui avait envoyée juste avant son accident et dans laquelle elle lui annonçait l'objectif de son vol à dos d'abraxan, où elle lui disait que c'était en fait une surprise... pour lui. Cette phrase lui revenait souvent. Teilo la trouvait horrible.
Il se mordit les lèvres et serra ses poings dans ses poches, le regard au sol. Ses pas se faisaient trainants, comme si le sable s'était transmuté en boue par le biais de l'alchimie. Il voulait dire à Pensée à quel point il s'en voulait, que s'il pouvait, il remonterait dans le temps à ce jour là et transplanerait devant elle pour l'empêcher de monter sur l'abraxan, qu'il allait l'aider à se concentrer et qu'il ne fallait pas qu'elle oublie son rêve de devenir magizoologiste. Mais Teilo ne dit rien de tout cela. Ca pouvait rendre Pensée triste.
Le visage du garçon avait perdu toute la jovialité qui l'animait d'habitude. Non mais quel idiot il avait été de lui poser cette question. "Si ça va mieux... tant mieux", réussit-il à répondre d'une voix sourde avant de s'arrêter de marcher et d'inspirer profondément.
Il se tourna vers elle. Ca aurait pu être pire : il aurait pu perdre une amie. "Quand tu étais à l'hopital, je me suis fait une promesse." Le menton légèrement relevé, les cheveux et l'écharpe dans le vent, il la regardait avec grand sérieux.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
« Tu es jolie » répondit la blonde sans même réfléchir à celle qui voulait désormais la dessiner. Pour autant, quelque chose intrigua Lorie, mais elle devait sans nul doute se faire des idées. De toute façon elle devait résoudre ce problème épineux que sa sœur leur avait envoyé dessus, diantre que Rose avait cette manie d’être une insupportable grande sœur dès qu’elle avait une idée foireuse derrière la tête.
D’un geste rapide de sa main libre, Lorie attrapa une plume, puis elle s’approcha de Suzanne avant d’observer sous toutes les coutures les liens métalliques qui unissaient les deux filles. Lorie fronçait par moment les sourcils, mais très vite elle se rendit compte de quelque chose. Alors, ni une, ni deux, elle s’empressa de tordre la plume et tripatouilla le mécanisme. Le sandwich lui avait permis d’y voir plus claire sur l’artisanat et il fallait admettre que c’était suffisant puisque le mécanisme était d’une simplicité enfantine. Alors elle continua de tripatouiller la serrure présente sur le bracelet de Suze et après quelques secondes d’essais, le bracelet de sa petite copine s’ouvrit la libérèrent au passage.
« Vous êtes libre princesse » commenta Lorie avec un petit sourire satisfait. Elle se sentait toutefois idiote de ne pas avoir choisi cette matière. Avec les connaissances, elle ne se serait même pas inquiétée.
Lorie s’empressa de tripatouiller à nouveau la serrure, la sienne, cette fois. Elle marchait en faisant les cent pas, puis, elle finit par s’asseoir sur le canapé. « Tu as de quoi dessiner dans les tiroirs de mon bureau » confia-t-elle à Suzanne alors que la seconde serrure était plus récalcitrante. Alors quoi ? C’était un coup de chance ?
Lorie commença à bouillir, pourquoi fichtre ! Elle n’y arrivait plus ? Son corps faisait des mouvements qui trahissaient que la colère commençait à s’emparer d’elle. Si bien qu’a un moment, la blonde se laissait tomber dans le canapé. Avachie, elle avait laissé tomber son bras sur le côté, la plume dans son autre main roula avant de choir jusqu’au sol tandis qu’elle regardait le plafond.
***
Teilo avait l’air étrange, c’était presque inquiétant pour la petite Fleury qui ne savait pas trop ce qui n’allait pas soudainement. Sa joie était partie comme les vagues qui s’échouaient sur la plage. Pensée s’en voulut, peut-être qu’elle aurait dû mentir, au moins pour que celui-ci ne s’inquiète pas. De mémoire, la pré-adolescente n’avait jamais parlé de l’accident avec Teilo. Ou alors sa mémoire lui jouait des tours, mais c’était un sujet qu’elle s’efforçait d’éviter. Ce n’était pas un bon souvenir.
« Oui » répondit-elle de façon laconique pour dire que oui, c’était « tant-mieux. »
Puis, aussi soudainement qu’un goéland venait de voler le casse-croûte d’un passant assis sur le muret de la plage, Pensée remonta son regard vers Teilo. Interloquée et curieuse, elle pensait avoir mal entendu, mais son ami la regardait avec un sérieux qu’elle ne connaissait pas. Ses cheveux au vent lui donnaient un air d’aventurier qui ne laissait pas Pensée indifférente, comme cette écharpe qui flottait au grès du vent marin.
« Une promesse ? Quel genre de promesse ? » Demanda la petite blonde avec un air inquiet sur le visage. Il n’allait tout de même pas lui dire qu’il ne voulait plus être son ami ? Non, c’était absurde…
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