Le Narrateur
Ami des Lettres
- Hey oh! Vous pourriez faire attention!
- Qu’est ce t’as la Sainte-Nitouche! T’as un problème?
J’allais répliquer mais ils étaient déjà partis en rigolant, tout en faisant attention à ne pas se faire choper par les professeurs. Je grommelais. Mais ils ne paieraient rien pour attendre, je savais qui ils étaient de toute façon. Ils allaient se prendre des points en moins pour leur confrérie et une retenue par leur maitre de confrérie c'était sûr! Quoique... Pour me donner contenance aux yeux des autres et pour calmer mes nerfs, je porte mon verre à ma bouche.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
C'est d'ailleurs bien le froid qui avait fini par la pousser à rentrer pour se rendre au réfectoire. Elle n'avait même pas vraiment faim mais bon, un repas chaud, y'avait rien de tel pour arrêter de grelotter. Elle s'était donc installée à une table sans vraiment prêter attention à qui s'y trouvait déjà, si ce n'est pour éviter les "indésirables". Elle était donc perdue dans ses pensées quand elle vit une déléguée de Dagda s'asseoir à son tour, à côté d'elle. Elle ne s'y serait pas plus attardée que ça s'il n'y avait pas eu les deux élèves de Lug pour la bousculer volontairement. Si y'avait bien une chose qui la révulsait, c'était ce genre de comportement. Peut-être parce qu'elle en faisait souvent les frais. C'était bien trop facile de s'y mettre à deux pour s'en prendre à une seule élève... clairement, elle voyait rouge. Et c'est comme si la roue cosmique avait ralenti tout à coup qu'elle vit le geste du plus grand vers le verre de la déléguée pendant que l'autre la distrayait pour qu'elle ne voit pas l'arnaque. Et à l'odeur que l'adolescente perçut, il n'était pas difficile de comprendre que ce n'était pas des vitamines qu'il venait de verser dans sa boisson.
Enfin, ils étaient parti et Tahina devait apprendre à ne pas se mêler des affaires des autres. Ça lui avait déjà causé assez de soucis comme ça. Elle reporta donc son attention sur son repas, persuadée que la déléguée de ne laisserait pas avoir par la situation. Et elle était bien résolue à s'en tenir à ça quand elle la vit porter son verre à sa bouche. C'était une plaisanterie, hein, elle ne pouvait pas ne pas comprendre ? Elle la regarda donc ahurie, quelques secondes, jusqu'à se rendre compte de deux choses : la première c'est que la Dagda avait soit le nez bouché soit elle n'était pas douée en guérison pour ne pas avoir reconnu l'odeur ; la deuxième c'est qu'elle n'avait pas le temps de la mettre en garde. Elle n'hésita donc pas un instant pour filer un coup dans le verre de sa camarade, l'envoyant ainsi valser sur son uniforme. Oups, boulette mais au moins, elle ne l'avait pas bu !
Le Narrateur
Ami des Lettres
- MAIS CA VA PAS! C’est quoi ton problème à toi aussi!
Ils avaient tous décidé de m’embêter aujourd’hui ou comment ça se passait? Je me retournais vers ma voisine, furieuse. C’était une fille d’Ogme, vue la broche. Elle devait plus ou moins être dans mes âges mais je ne la connaissais que de vue. Je n’avais jamais eu l’occasion de lui parler donc ce n’était même pas personnel. Elle devait juste suivre l’exemple des deux imbéciles de Lug. Des fois je vous jure, j’en ai marre d’être déléguée. Toujours aussi en colère, je m’adresse à elle virulemment.
- Ça t'amuse hein? Mais qu’est ce que ça peut bien te faire que je sois déléguée? Ma tête te revient pas? Si tu veux m’attirer des ennuis auprès des professeurs c’est loupé, c’est toi qui va en avoir. Toi et les deux autres là! Je vais prévenir vos maîtres de confréries, tant pis pour vous.
Les autres élèves de la table nous regardaient sans oser dire quoi que ce soit. On aurait dit la fontaine des Flamel. Silencieux, avec seulement leurs yeux qui nous observent.
- Vous aussi vous voulez me faire subir quelque chose? Allez-y c’est le moment! Histoire que je sois bien humiliée une fois pour toute.
Je les regardais un à un, prête à en découdre avec le premier qui ouvrirait la bouche. Ce n’était absolument pas digne de mon rôle ni du prestige de l’académie, je le savais bien mais là j’étais piquée dans mon orgueil. En plus, je ne savais pas comment j’allais faire pour nettoyer mon uniforme. Je connaissais pas de sorts qui enlèveraient les tâches. J’allais devoir le faire à la non’mag ou le donner à nettoyer au personnel de l’académie et c’était franchement la honte. Super, Nana, bien joué ça. Si Andoni était encore ici, il m’aurait dit de m’endurcir et je soupçonne même qu’il serait allé voir les mecs directement. Surtout qu’ils sont de sa confrérie. Mais il n’est plus là et je dois gérer seule. Et aujourd'hui j'en avais juste marre.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
"J'en ai rien à faire de ta tête et du fait que tu sois déléguée. Si t'as l'impression d'être spéciale, tant mieux pour toi mais t'en prends pas à moi à cause de deux abrutis. Mais vas-y, il doit bien rester un petit fond dans ton verre, bois si ça peut te faire plaisir mais te plains pas après."
Pff, elle était vraiment pathétique celle-là. Déléguée et incapable de comprendre qu'elle venait de lui sauver la mise ? Mais après tout, peut-être que c'était son petit plaisir perso de se retrouver avec la tête pleine de furoncles. Si c'était le cas, elle voulait bien refaire de la potion pour lui donner à boire, pas de soucis. Et voilà qu'elle voulait prévenir le Professeur Perdieu ? C'était pas bon ça. Pas du tout même. Tahina essayait d'être sous les radars la plupart du temps et elle était excellente dans ses cours mais bon, elle s'attirait aussi pas mal d'ennuis. La preuve encore ce jour-là. Mais peut-être qu'en jouant sur la corde sensible de la furie, ça marcherait ? Elle n'avait plus rien à perdre de toute façon.
"Ben tiens, t'as raison, appelle les maitres de confrérie à la rescousse. Mais pas sûre que l'humiliation sera moins grande quand le Professeur Perdieu comprendra la situation. Mais vas-y, fais-toi plaisir, j'm'en moque."
Pas dit qu'elle aurait obtenu l'oscar de la meilleure actrice avec ça mais enfin bon, fallait tenter le tout pour le tout.
"T'as toujours pas compris qu'on veut pas de sang-mêlé ici ?" cracha-t-il dans sa direction alors qu'elle tournait le dos pour couper court au plus vite à l'altercation, d'autant que les amis d'Eric arrivaient déjà en renfort.
Le Narrateur
Ami des Lettres
Je sortais du Réfectoire un peu en retard. Je me suis laissée absorber par les décorations de Noël somptueuses: les sculptures de glace, la neige qui tombait, les grelots, les guirlandes de sapin. Tout, tout était magnifique. Chaque jour de nouvelles décorations feraient leur apparition jusqu’au dernier jour. C’est pourquoi je prenais mon temps et contemplais tout ceci. Le bal de Noël était dans quelques jours et les nymphes, tout comme les élèves répétaient inlassablement. Alors que je franchissais la porte en écoutant les vocalises des statues, mon sourire se figea et mon visage se ferma net.
- T’as toujours pas compris qu’on veut pas d’idiots racistes ici?
Un garçon était en train de s’en prendre à la fille après qui je m’étais emportée la dernière fois. Même si je ne la portais pas dans mon cœur, personne n’avait le droit de se faire insulter. Pas en ma présence. En plus, il sortait de quelle époque lui? Ca faisait bien longtemps qu'on s'en moquait de quel sang était les gens. C’était un Ogme, évidemment. Enfin évidemment… J'exagère un peu. Ma nervosité reprit le dessus.
- Tire toi de là si tu ne veux pas que je t’amène dans le bureau de ton maître de confrérie dans un état que tu ne souhaiterais pas.
- Qu’est ce que t’as toi, déléguée des bacs à sable? On t’a rien demandé.
Les potes du Ogme étaient arrivés et à eux tous ils formaient un bloc. J’étais à deux doigts de lui lancer un sortilège de mutisme.
- Tu connais bien les bacs à sable? Tu en es le roi, non? Pourtant c’est non magique ça? Comment ça se fait que tu connaisses? Tu fricotes avec eux?
Je sortis un bout de parchemin pour écrire une note au professeur responsable.Il tenta de me l’arracher mais je le menaça de ma baguette. En vrai, je faisais bonne figure car je ne connais aucun sort de défense. Mais ça, il ne le savait pas.
- Éloigne- toi. T’aggrave ton cas. Ose toucher une déléguée. Tu vas te prendre une sacrée sanction. Maintenant, cassez-vous. Je ne le répéterai pas une troisième fois.
Le groupe de garçons hésita mais s’en alla. Je me tourne vers l’adolescente insultée.
- C’est pas la première fois, pas vrai? Pourquoi tu l’as pas dit à ton délégué? Faut pas laisser passer ça.
Je me rendis compte du ridicule de la situation vu que moi-même je ne disais rien. Mais elle, c’était beaucoup plus grave que moi.
- Y en a d’autres?
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
"C'est comme ça depuis le premier jour." répondit-elle en haussant les épaules après quelques secondes de silence. "Et une punition les arrête pas donc bon..."
Et puis surtout, elle avait déjà bien assez de mal à se lier aux autres alors si, en plus, elle se coltinait l'étiquette de balance, c'en était fini de son peu de vie sociale. Alors oui, c'était excessivement pénible à supporter mais elle craignait que dire quoique ce soit ne fasse qu'empirer les choses. Entre la peste et le choléra, elle avait fait son choix.
"Merci quand même." finit-elle par lâcher en murmurant.
Le Narrateur
Ami des Lettres
- Oui bah ils savent pas à qui ils ont affaire, c'tout.
On allait voir s'ils n'allaient pas s'arrêter. Ils étaient à Beauxbâtons tout de même! Ils vont moins faire les malins quand ils vont être renvoyés s'ils continuaient.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, être devenue amie avec Santana avait eu un bonus non négligeable : la rencontre avec Leandro. Ça faisait un moment déjà que Tahina sentait son cœur s'affoler en sa présence mais, pour l’heure, elle avait gardé le secret pour elle. Elle n'était pas du genre à se confier facilement et là, ça lui paraissait encore plus difficile à faire. Aussi, quand elle le vit partir on-ne-sait-où, elle se mit à stresser à l'idée de rester seule avec Santana. Elle savait bien que son amie ne la lâcherait pas et ça ne loupa pas. Elle était gênée et heureusement que sa jolie couleur ébène empêchait de voir que ses joues étaient en feu. Oh mais pourquoi avait-elle dit qu'elle voulait lui parler seule à seule, hein ? Quelle idée de se fourrer dans un pareil traquenard.
"Non, non... euh... y'a personne... enfin, c'est... Non oublie... c'est mieux."
Pff, c'est sûr que ses bafouillements allaient convaincre Santana, tiens. Mais quelle gourde elle faisait, j'vous jure. Même pas capable de dire les choses à son amie. Et après, elle s'étonnait encore que les autres la trouvent sauvage ? RI-DI-CU-LE, voilà ce qu'elle était. La gorge nouée, elle finit par attraper un verre de jus d'orange qu'elle avala d'une seule traite pour se donner du courage et dans un souffle, elle murmura rapidement :
"Leandro."
Ben voilà, c'était dit. Et maintenant, elle n'avait qu'une envie : qu'on la transforme en petite souris pour qu'elle puisse disparaître.
Le Narrateur
Ami des Lettres
- QUOI!? Mais...mais... c'est comme notre frère! Et on peut pas être amoureux de son frère voyons!
Beurk, rien qu'imaginer qu'il y ait une fille amoureuse d'Ando, j'en avais des frissons. Pourtant je sais qu'il a eu des copines mais non, beurk. Et Leandro pareil. Bon c'était peut-être pas une réaction très gentille pour mon amie, la pauvre. Déjà qu'elle avait eu du mal à me le dire et voilà que je lui disais que ce n'était pas bien! J'essayais de rendre ma voix plus calme, mais c'était pas franchement facile.
- Enfin je veux dire...euh... Tu vas lui en parler? Parce que ça va lui faire un choc et puis...
...Et puis potentiellement briser notre amitié à tous les trois. Super, je vais me sentir de trop maintenant. Un regard vers mon amie me ramena à la réalité. Elle n'avait jamais été aussi vulnérable qu'à cet instant et moi je ne la soutenais pas franchement. Mais j'étais trop choquée pour réagir de manière normale, je ne savais pas quoi dire ni faire pour la rassurer. Ce se trouve Leandro n'osait pas lui avouer lui aussi? A moins qu'ils se le sont déjà dit et que c'était pour ça qu'elle était gênée. Parce qu'ils ne savaient pas comment m'annoncer qu'ils étaient en couple! Les idées dans ma tête s'embrouillaient de plus en plus, je ne savais pas quoi faire de cette information.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
"Non, je lui dirais rien. Si c'est pour qu'il se moque, c'est pas la peine." répondit-elle, sur un ton de bravade qui était surtout du flan.
De toute façon, elle n'était pas complètement stupide : elle était la sauvage, celle qui n'avait presque aucun ami là où Leandro était populaire et... puis, elle était une gamine à ses yeux donc qu'elles étaient ses chances ? Elle ne savait même plus pourquoi ça lui avait paru une bonne idée d'en parler à Santana. Sa naïveté l'avait poussée à croire que son amie la rassurerait, lui dirait que Leandro en pinçait aussi pour elle. Sa réaction lui renvoyait la réalité en pleine poire et c'était pas agréable. Jamais plus elle n'oserait la regarder en face, ni même croiser leur ami de peur qu'il comprenne.
Le Narrateur
Ami des Lettres
Oh…! Je venais de gagner mon duel contre Tahina qui m’avait donné du fil à retordre sur la fin. Je savais qu’elle ne se laisserait pas faire. Cela faisait maintenant deux-trois ans que je faisais des duels et il fallait l’avouer, même si j’adorais ça, c’était très éprouvant, j’avais beau mettre toute mon énergie et faire des efforts, des fois, ça fonctionnait pas. Mais aujourd'hui était un bon jour. Enfin pour moi, car pour ma copine, moins. Et je savais qu’elle allait me bouder pendant un moment. Elle était un peu mauvaise joueuse… Je lui avais dit que c’était pas une bonne idée de faire un duel l’une contre l’autre mais elle a pas voulu m’écouter, bah voilà… Mais je la soupçonne d’avoir enchanté l’arène. Y avait quelque chose, mon pantin ne m’obéissait pas du tout pendant les trois-quarts du combat. Sûrement un sort de Conjuration que je ne connais évidemment pas. Je trouve ça hyper injuste mais heureusement je ne me débrouille pas trop mal en métamorphose. En tout cas, les parents seraient fiers de moi. Quoique battre ses amies c’est peut-être pas très sympa. Mais en même temps j’allais pas perdre pour lui faire plaisir! J’ose même pas lui demander si elle veut aller boire un chocolat chaud tellement elle m’a l’air enragé. J’hausse les épaules. Je la regarde partir au loin mais n'essaye même pas de la rattraper. Tant pis pour elle, moi en tout cas, je vais en prendre un, je ne sais pas pourquoi mais ça me redonne toujours du baume au cœur.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Elle était donc assise à une table du réfectoire, sans prêter attention au brouhaha alentour. Si elle devait être honnête, sa situation s'était quand même grandement améliorée depuis ses débuts à l'académie. Certes, il y en avait toujours pour la voir comme quelqu'un de sauvage mais elle ne subissait plus guère de remarques sur la nature de son sang. Eric ne loupait jamais une occasion de lui lancer des piques mais elle s'en foutait et puis surtout, il n'était plus suivi. Et l'amitié de Santana et Leandro avait été comme un bouclier de protection pour l'adolescente qui n'avait plus eu peur de rien. Mieux même, elle avait réussi à se lier à d'autres élèves. Pas au point d'avec ses deux amis de Dagda mais au point d'en faire de bons camarades. N'empêche qu'elle était quand même sacrément nostalgique et aurait bien aimé que Santana reste un an de plus. Pffff.
Le Narrateur
Ami des Lettres
Mais qu'est ce qu'ils avaient tous avec leurs devoirs? Plus la fin d'année approchait et plus ils nous en donnaient. Comme si on pouvait faire tous ces parchemins, plus suivre en cours, manger, dormir et ne serait-ce espérer avoir du temps libre? Fallait oublier ce dernier point. Je ne m'entrainais plus aux duels, je suis sûre que j'avais régressé, je ne dansais plus (je n'avais pas esquissé un seul pas depuis le bal de Noël!), je ne voyais plus beaucoup Lucie et Sanne trop occupées elles aussi dans leurs révisions. Pour se voir, on se faisait des sessions ensemble mais bon on avait connu plus drôle comme "sorties entre copines". Le peu du temps qui me restait, j'essayais de voir Simon. C'est ma bouffée d'oxygène. Lui il est comme Leandro ou Ando, on a l'impression que rien ne pouvait l'atteindre et les examens encore moins. On avait eu une idée folle: une fois nos diplômes obtenus, on voyagerait à travers l'Europe. Manquait plus que de convaincre les parents. Oh! J'allais oublier! Je ne voyais plus Tahina, ma sauvageonne préférée, autant que je l'aurais voulu non plus. Je sais que ça l'affecte et qu'elle ne veut pas le montrer mais je n'ai pas le don d'ubiquité... Et puis elle aussi, elle a des exams bientôt. Dès que je le pouvais, j'essayais au moins de manger une fois par jour avec elle. En me rendant au réfectoire, je souris en apercevant une chevelure que je connais si bien. La fille qui la portait n'arrête pas de soupirer. Je m'affale sur la chaise d'à coté.
- Arrête de soupirer, on va encore croire que tu en as après quelqu'un.
Mon sourire s'élargit.
- Ou alors que tu rêves de Giovanni, le beau Lug avec ses fossettes là. Fais gaffe tu vas finir par baver si tu continues.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Et puis surtout, répondre ainsi évitait d'aborder le sujet lancé par Santana. Non que la Guyanaise ait des vues sur le fameux Giovanni mais il aurait fallu être aveugle pour ne pas reconnaître qu'il était carrément mignon. D'ailleurs, il avait presque toutes les filles de l'académie qui lui couraient après. Un vrai populaire dans toute sa splendeur. Autant dire que Tahina n'avait jamais envisagé quoique ce soit. Elle était pas stupide : la sauvage et le beau gosse, y'avait que dans les dessins animés non mags que ça marchait. En attendant, elle était super contente de retrouver son amie et le sourire radieux qui s'afficha sur son visage ne trompait pas. Même si, en la regardant bien, on pouvait voir une trace de tristesse dans son regard.
"Tu voudrais pas rater tes exams pour rester un an de plus ?" finit-elle par lâcher, plaisantant qu'à moitié.
Pour être honnête, elle ne savait même pas si c'était possible. A sa connaissance, aucun élève n'avait jamais redoublé et vu l'exigence d'excellence demandée à Beauxbâtons, elle doutait que ça soit jamais arrivé. Et pourtant, il devait bien y avoir des élèves qui échouaient à leurs examens, non ? Que devenaient-ils alors ? Et ce n'était pas tant pour Santana qu'elle se postait la question. Elle n'avait aucun doute sur le fait que son amie allait passer le test haut la main, comme toujours. Par contre, elle stressait vraiment pour sa propre situation. Elle avait beau avoir de bons résultats, elle ne respirait pas la confiance en elle. Loin de là même.
"Quoi de neuf ?" reprit-elle pour faire oublier la question très égoïste qu'elle venait de poser. Et surtout qui en dévoilait bien trop sur son ressenti actuel.
Le Narrateur
Ami des Lettres
- Mais bien sûr! Et le Herensuge met la plume et l'encre dans le parchemin.
Tahina me rendait me sourire mais je voyais bien que quelque chose la tracassait. Quoi, je ne sais pas, mais ça n'avait rien à voir avec les garçons.
- Et pourquoi je ferais ça? Ca va pas bien non! On va voyager avec Simon, si on convainc les parents, à nous les aventures! Hors de question que je reste ici.
Je ne me rendis même pas compte que mes paroles pouvaient blesser qui que ce soit et encore moins, mon amie. C'était une phrase innocente pour moi, dite dans l'excitation de l'avenir idéalisé.
- Bon après il faut que je réussisse mes B.A.T.O.N.S. Et pour ça il faudrait que les profs arrêtent de nous harceler avec leurs devoirs et cours là... Tu te rends compte, c'est à peine si j'ai le temps d'aller aux toilettes. Oh je sais! Tu peux me faire un truc qui fasse que je comprenne ce que veut dire Roca du premier coup? Non parce que l'artisanat c'est pas toujours évident... Quoique c'est toujours plus facile qu'avec le vieux bouc!
Je pris une bouchée du plat qui se présentait devant moi, une sorte de poisson, qui avait une odeur un peu sucrée. Ce n'était pas mauvais. En tout cas, je regardais Tahina à la dérobée, je n'osais pas lui demander ce qui la tracassait. La dernière fois que j'avais fait ça il y a plusieurs années, elle m'avait avouée son béguin pour Leandro alors non merci, je ne recommencerai pas!
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
"Ce serait de la triche, non ?" finit-elle par répondre à la tirade de son amie sans oser la regarder de peur qu’il reste encore des traces de larmes traitresses.
Elle n’en était pas sûre mais bon, s’il suffisait de faire appel aux potions pour résoudre tous les problèmes, certainement que les professeurs avaient les moyens de s’assurer qu’aucun élève n’usait de cette méthode, non ? Après tout, dans la vie de tous les jours, ils auraient à affronter parfois des situations stressantes sans autre solution que de maîtriser leurs nerfs. Or, Beauxbâtons était censé les préparer à ce que l’avenir leur réservait…
"Et puis, t’en n’as pas besoin. T’es l’une des meilleures élèves de l’Académie, tes examens, tu pourrais même les avoir en dormant !"
Ok, la méthode était un peu maladroite mais Tahina essayait de déstresser un peu son amie alors qu’elle-même flippait à mort. Pas simple tout ça.
Les années avaient passé. Tahina, tout comme Santana, avait réussi ses examens et même si elle n’était plus à Beauxbâtons, elle était toujours en contact avec ses deux amis. Elle n’aurait pu leur dire à quel point ils étaient importants pour elle et elle ne manquait jamais une occasion de leur écrire quand il se passait quelque chose dans sa vie. Et justement, assise dans le jardin de la maison de sa maman, en Guyane, elle se sentait autant abasourdie qu’excitée en prenant sa plume pour raconter ce qui lui arrivait.
Chère Santana,
Je sais qu’on se voit bientôt mais je ne pouvais pas attendre pour te raconter… J’en reviens toujours pas moi-même, je suis scotchée. Mais je dois reprendre par le début : Noah, ce nigaud, a voulu me lancer un défi. Et tu me connais, je n’allais pas m’esquiver surtout si ça permettait de rabattre le clapet de mon p’tit frère. Bref, je ne sais même plus de quoi s’est parti mais il a dit que je ne serais pas capable de me présenter au concours de Miss Guyane (C’est un concours de beauté qu’organisent les non-mag’ tous les ans dans chaque région de France et la personne qui gagne se présente ensuite au concours pour être Miss France). Et tu ne devineras jamais… non seulement, je me suis présentée mais, en plus, j’ai gagné. Me voilà donc Miss Guyane 2005. C’est Mme Kieffer qui serait fière de voir que j’ai bien su mettre en pratique ses cours, tu ne crois pas ?
Toujours est-il qu’en décembre, je dois être à Tours pour représenter ma région au concours national. Tu viendras m’encourager ? J’espère que Leandro aussi d’ailleurs !
J’espère que tout va bien de ton côté.
Tahina
Le Narrateur
Ami des Lettres
Je rentrais après une petite journée, qui m'avait parue si longue pourtant, de travail. Voilà près d'un an que nous vivions au Portugal avec Simon et nous avions des hauts et des bas comme tout le monde. Il n'était jamais simple de se mettre en ménage si tôt, et encore moins dans un pays qui n'est pas le sien, loin de ses proches. Cela me pesait parfois. Mais fort heureusement, je retrouverais les miens dans quelques jours. Je m'étais accordée un peu de vacances malgré l'affluence de sorciers qui venaient visiter le pays. Tandis que je franchissais le palier et que Nébuleux, un chat errant qui squattait chez nous, m'accueillait, je remarquais une enveloppe avec mon nom, posée sur la table basse du salon. Bizarre pourquoi je ne l'avais pas reçu en main propre? Je m'asseye et souris en découvrant l'auteure de la lettre et sa teneur. Alors ça! Je prends une plume qui trainait là, un bout de parchemin et commence à répondre à la hâte.
Tahina,
Mais je connais ça! Il y a la même chose en Espagne, et je crois qu'une fois il y avait une fille du village voisin qui avait participé. Elle avait été la coqueluche de tout le monde pendant des mois, des mamies aux ados. Je ne manquerai pour rien au monde de te voir en jolies robes. Mais je ne sais pas si Leandro par contre pourra être présent. T'as t-il déjà répondu? Et au milieu des non-mag' on va faire quoi de lui? Préviens le ministère quand même au cas où… Manquerait plus qu'il se métamorphose devant tout le monde (et ne dis pas non, tu sais bien qu'il en est capable sous le coup de l'émotion). Tu me donneras la date exacte tout de même, que je m'arrange au travail et avec Simon. Justement tout va bien, même si c'est plus difficile que je ne le pensais. Je fais de mon mieux! Heureusement que la magie existe pour tenir une maison. Il y a juste au niveau de la gastromagie où je suis une vraie catastrophe, on fait marcher l'économie locale. J'ai hâte de te voir pour que tu me racontes tout ça!
Santana
J'entends la porte s'ouvrir et se fermer.
- Simon, tu devineras jamais la dernière de Tahina!
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Après son année de Miss, Tahina avait repris le flambeau de sa grand-mère en tant que guérisseuse dans son village natal. Pendant un temps, ça lui avait suffit mais elle s'était vite fait une raison : elle voulait en apprendre plus sur l'art de guérir dans le monde, voyager, découvrir d'autres univers. Elle avait donc tenter de passer son permis de transplanage mais, ayant échoué, elle s'était résolu à voyager à la mode non mag', comme elle l'avait fait jusque là. Certes, c'était plus long mais ce n'était pas ce qui allait l'arrêter. Depuis bientôt six mois, elle avait posé ses bagages en Afrique et parcourait le continent au gré des guérisseurs qu'elle rencontrait.
Chère Santana,
Si tu voyais les paysages que j'ai sous les yeux tous les matins... je suis certaine que tu apprécierais l'Afrique. Les gens sont accueillants, peu importe d'où tu viens et la nature est tellement magnifique. Ici, les animaux sont rois et les peuples vivent selon des traditions ancestrales qui sont toutes plus palpitantes les unes que les autres. Et que dire des guérisseurs que je rencontre. Ils ont une façon de soigner étonnante et j'apprends de nombreuses choses à leur contact. Ne serait-ce par leur façon d'utiliser les plantes tout en les préservant pour qu'elles perdurent d'années en années. C'est passionnant. Oh bien sûr, tout n'est pas toujours rose. Certains sont tellement démunis, j'aimerais pouvoir en faire plus pour eux mais je me fais passer pour une guérisseuse non mag' et je peux ainsi les soigner, c'est toujours mieux que rien. J'ai d'ailleurs rencontré un soigneur non mag' américain, Adrian qui a un savoir extraordinaire. Et je dois bien avouer que je ne sois pas insensible à son charme. D'autant que c'est bien agréable de pouvoir discuter le soir et se changer les idées quand, parfois, on a à faire à des situations contre lesquelles on ne peut rien faire. Même avec la magie, c'est dire.
Demain, on part faire un safari. J'ai hâte de croiser des lions, des éléphants et même peut-être des tigres, qui sait ? Je te raconterai ça dans ma prochaine lettre !
Tahina
Le Narrateur
Ami des Lettres
J'étais de retour en Espagne depuis quelques mois maintenant, chez mes parents. Heureusement, pour eux et pour moi, j'allais et venais à droite à gauche donc la cohabitation n'était pas si difficile que ça. Simon et moi c'était terminé et je ne voulais plus entendre parler ni de lui, ni de la Suisse, ni de tout ce qui pourrait me le rappeler. Enfin bref, j'étais à Grenade en train d'examiner des parchemins anciens trouvés dans l'Alhambra. C'était prodigieux. Alors que je prenais précautionneusement, une autre page, deux fées postales apparurent avec un courrier chacun. Mon cœur manqua un battement quand je reconnus le sceau sur l'une d'elle. Celui du Ministère des Affaires magiques français. Tremblante, j'ouvris l'enveloppe. J'étais convoquée pour une rencontre pour une formation avec un poste à la clé au bureau de conservation du patrimoine magique. Je parcourus la deuxième lettre qui s'avérait être de Tahina mais ma tête ne voulait pas assimiler ce qu'elle disait. J'étais beaucoup trop distraite pour ça. Même les parchemins ancestraux n'étaient plus si extraordinaires en cet instant. Quelques heures plus tard, remise de mes émotions, je lis plus attentivement le courrier de mon amie et m'empresse de lui répondre.
Tahina, Je ne sais pas comment tu es allée sur un autre continent mais je me demande toujours comment tu fais pour voyager sans te faire attraper ni détraquer les moyens de transports non-magiques. Un jour, il va t'arriver des nicoles, tu sais? D'ailleurs, tu es dans quel pays? Tu en as fait plusieurs? Est ce que tu es allée à Manaralsaahir pour leurs potions? Moi, j'aimerais trop aller dans leur bibliothèque, je deviendrais complètement folle! La plus grande de tout le monde magique, je pourrais y rester des jours entiers c'est sûr. Et si, un jour je pouvais visiter Uagadou pour étudier leurs traditions, ce serait le rêve! Bref je voudrais faire le tour des écoles magiques. Tu crois que ce serait possible? Elles ne ressemblent pas à Beauxbâtons, j'en suis certaine. En tout cas, je suis très contente pour toi, cela doit être si enrichissant. Adrian, hein? Eh bien j'espère le rencontrer un jour, il m'a l'air très intéressant. (et surtout, si elle m'en parle c'est qu'il y a plus que ce qu'elle veut bien écrire, pensais-je). Tu m'en diras plus la prochaine fois que l'on se verra. D'ailleurs, il faut qu'on se cale une date. J'aurais peut-être moi aussi de grandes nouvelles à t'annoncer. Enfin j'espère. Je pourrais peut-être changer de pays dans les prochaines semaines encore. On est difficilement traçables toutes les deux! Pauvres parents et ministère! Tu croiseras la route de quelques créatures magiques aussi, mais sois discrète! Santana |
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Chère Santana,
J'ai pris le bateau, tout simplement. C'est un moyen de transport pour aller sur les océans. C'est beaucoup plus long, certes mais y'avait pas de risques si jamais la technologie non mag venait à tomber en panne à cause de moi. Au pire... et bien on aurait mis plus de temps, c'est tout. Enfin, je crois. Et je me suis fabriqué des papiers qui font parfaitement illusion donc rien à craindre de ce côté là. Quant aux voyages en Afrique même... je fais avec les moyens à disposition. Parfois, c'est en voiture mais souvent c'est à pied ou à dos d'animaux. C'est épique, je t'assure.
Tout comme le safari. C'était... magique. Je vois pas d'autres mots pour décrire tout ce que j'ai vu. La nature sauvage, les animaux, j'ai adoré. Et j'ai vu des créatures magiques hallucinantes. Impressionnant d'ailleurs que les non mag ne les aient pas vues mais tant mieux. En tout cas, je me suis régalée. Et il m'est arrivé un truc auquel je ne m'attendais pas. Je réalise toujours pas d'ailleurs. Faudrait que tu sois là pour me pincer, histoire que je sois sûre que je ne fais pas un rêve étrange.
Ah mais j'écris, j'écris et je te raconte même pas vraiment. J'espère que t'es bien assise. Adrian m'a demandé en mariage. T'imagines ? Moi... je vais me marier. La cérémonie devrait être toute simple et en petit comité mais j'espère que tu seras là. Et Leandro aussi ! Dès qu'on a une date, je te dis.
Et toi, comment ça va de ton côté ? Des nouvelles à m'annoncer finalement ?
Tahina.
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