Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Mon sourire taquin se transforme en sourire dubitatif pour ne pas dire quelque peu méprisant. De toute évidence, je ne partage pas le sens de l'humour de Lorie. Imaginer un dragon cuisiné ne fait naitre aucun amusement chez moi, bien au contraire, et son envie de "dresser" la créature me donne l'impression que l'on ne vit vraiment pas dans le même monde. Déjà que rencontrer un dragon et rester vivant me semble être un exploit, le dresser est juste une idée absurde. Pourquoi dresser une telle créature d'ailleurs ? Elle n'a pas sa place au pied d'un petit sorcier qui doit lui paraître tellement insignifiant. Enfin, je garde mes pensées pour moi et suis surpris par des coups portés à la vitre. Deux petites filles sourient à Lorie avant de s'enfuir en courant. Encore des fans peut-être ? Elles semblaient tout de même particulièrement jeunes pour être au courant du tournoi.
Je n'ai pas le temps d'interroger la déléguée à ce sujet, elle est déjà revenue sur sa lubie. Sa question me laisse songeur et je l'étudie tout en faisant tourner la dernière goutte de jus dans mon verre. Je ne supporte pas les légilimens, ou plutôt, j'ai horreur de sentir la moindre intrusion dans mon esprit même avec un charme aussi simple qu'une alerte. C'est mon sanctuaire. J'imagine la perplexité d'une créature qui se retrouve avec une voix dans sa tête. Ca a de quoi filer les jetons et même d'énerver. Et puis ça, c'est sans compter que les créatures magiques ne parlent pas, tout du moins, la plupart de celles qu'on a étudié pour le moment en cours.
- Non, je ne pense pas, je finis par répondre. Je pense déjà qu'ils auraient horreur de ça. Et qu'ils ne comprendraient pas forcément ce que tu leur racontes et réciproquement. Si je me base sur les abraxans, une grande partie de leur langage est corporel, être dans leur tête ne te fera pas plus les comprendre. Enfin, il parait que les dragons sont un peu particulier alors qui sait ? J'ajoute en haussant les épaules. Pourquoi cette question ? Tu as l'intention de te former à la légilimencie ? Je demande un brin soupçonneux.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Au-delà de ne pas y être réceptive, Lorie semblait aussi être à côté de la plaque lorsqu’il s’agissait d’humour. Si elle observait les réactions de Drian, il était certain que celle-ci était tombée à l’eau. Un sourire gêné s’afficha sur son visage tandis que son esprit regrettait cette "blague." Qu’elle pouvait être cruche parfois !
Puis Drian répondit à sa question. Avec grand intérêt elle hochait par moment la tête signe qu’elle était d’accord avec sa réflexion. Il était vrai que cela pouvait être perturbant, peut-être encore plus pour les créatures magiques qui n’avaient pas la même sensibilité. Certaines deviendraient peut-être folles. De plus, il avait raison sur un point, le langage resterait différent… Mais peut-être qu’il était possible d’envoyer une représentation mentale plus qu’une parole.
« Non certainement pas » répondit la blonde avec honnêteté et conviction. La légimencie s’apparentait beaucoup trop aux maléfices et de ce qu’elle en connaissait. Même si l’utilisation d’un charme rendait cette discipline palpable pour Lorie, elle se l’interdirait. Pénétrer dans la tête de quelqu’un ou quelque chose était beaucoup trop intrusif, connoté comme de la magie grise. Une magie à laquelle Lorie ne touchait pas. Une valeur qui lui avait permis de se rendre avec son directeur dans la forêt de Brocéliande afin de devenir son apprentie. « J’étais juste curieuse, ajouta l’adolescente, je n’ai jamais lancé un maléfice, je ne le veux pas… Pour autant, cela ne veut pas dire que cela n’existe pas et qu’il ne faut pas s’y intéresser et l'étudier… S’y intéresser dans le sens la comprendre pour… Tu as suivi l’atelier de madame Yapara l’an dernier, tu sais de quoi je parle. »
Ça lui faisait mal de l’admettre, mais cette réflexion s’étendait à la magie noire. Cette même magie qu’elle avait vu auprès des étudiant de Durmstrang lors de leur arrivé. Comme son directeur lui avait appris, l’équilibre était important. Son discours de l’an dernier n’avait pas bougé, la connaissance était prioritaire puisqu’on ne pouvait pas tout simplement faire comme si cela n’existait pas. Certains se laissaient aller à des dérives, parfois violentes et sans les connaissances personne ne pourrait les combattre ou les arrêter finalement…
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
J'écoute Lorie sans la lâcher du regard, intensément, sans me préoccuper que je puisse la mettre mal à l'aise. J'essaye de percer les non-dits et j'y arrive sans peine. Qu'elle ne veut pas - ou ne peut pas - lancer de maléfices est assez connu pour qui sait écouter les bruits de couloir, mais son ressenti sur ces maléfices et même la Magie noire qu'elle n'ose pas nommer est une information qu'elle ne livre qu'à moi. Elle a beau être une pure française s'habillant avec les tissus les plus raffinée de la Maison Capenoir, qu'elle a quand même cette curiosité des choses qui l'effraient ou lui font dégoûts, je ne sais pas trop.
- Effectivement, je réponds simplement. J'ai tendance à penser comme toi, je rajoute sans m'étaler.
Sa phrase qu'elle a laissé en suspend, je peux facilement la compléter. "Pour... aider les autres ? Sauver des vies ?". Des niaiseries de ce genre qu'elle m'a prouvé elle-même être une perte de temps. Oh oui, je pense aussi qu'il faut la comprendre, mais certainement pas pour les mêmes objectifs que Lorie. La seule chose qui m'importe est que cette connaissance me soit utile, soit pour me mieux me défendre - et de toute évidence, c'est nécessaire puisqu'une de nos professeurs a été attaquée on ne sait pas pourquoi ni où - ou pour mieux contre-attaquer. Si Durmstrang utilise la magie noire, c'est que cette magie est maîtrisable et utile. Mais je doute que qui que soit à Beauxbâtons trouve mes pensées entendables, je les garderai donc pour moi.
Constatant nos assiettes et nos verres vides, le serveur passant près de nous les fait léviter d'un coup de baguette pour nous débarrasser.
- Souhaitez-vous autre chose ? Demande-t-il.
Je réponds par la négative avant de lever un sourcil interrogateur vers Lorie.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie fit un petit mouvement de tête approbateur. Elle savait que Drian pensait plus ou moins comme elle. Le cours de madame Yapara et ce que lui avait raconté sa petite sœur sur celui-ci avait plus ou moins mit Lorie sur la piste. L’arrivée du serveur interrompit les pensées de la petite blonde. « Non merci monsieur » se contenta-t-elle de dire. Il ne fallait pas abuser des bonnes choses et Lorie était loin d’avoir l’une des Morfalie. Le serveur opina du chef et lui apporta l’addition. L’adolescente se saisit alors de celle-ci et sortit de sa bourse les quelques Liards nécessaires, auxquels elle ajouta un pourboire.
« Je dois rejoindre ma tante, sais-tu comment tu vas occuper le reste cette journée ? » Demanda-t-elle d’une voix douce. Elle attrapa ses affaires et croisa le regard de son frère. Son expression devint alors neutre, quoi que, légèrement défiante. Puis son attention se posa à nouveau sur le garçon avec qui elle venait de partager un moment. Elle lui adressa un sourire à sa réponse, puis rassembla le reste de ses affaires. Elle était prête à rejoindre sa tante qui devait se trouver sur la place du village. Une longue discussion s’annonçait, sur le tournoi, mais aussi sur l’occlumencie.
Lorie se leva alors d’un mouvement lent et élégant avant de finalement prendre la sortie, accompagnée de Drian. Une fois dehors, le froid mordant et la différence de température lui fit rosir les joues. « Passe une bonne journée et merci Drian » dit-elle accompagnant son "au revoir" d’une petite révérence en pinçant la robe de son uniforme. Puis, d’un pas assuré et d’une démarche gracieuse prit la direction de la place. Se doutant que Lys devait se fondre dans la neige, Lorie avait hâte de la retrouver elle aussi. Une fois que les regards indiscrets ne seraient plus là.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je regarde Lorie se saisir de l'addition sans broncher. Ce n'est pas que je ne veuille pas être galant et lui offrir le petit déjeuner mais je me doutai bien qu'elle ferait quelque chose de ce genre et je n'ai pas l'intention de batailler pour une si petite chose. Avec elle, je perdrai mon temps et cela ne me rendrait pas plus attirant à ses yeux. Et puis, finalement, je ferai meilleur usage de mon argent.
- Je vais probablement aller faire quelques boutiques avant de rentrer pour le déjeuner, je lui réponds sans en être vraiment convaincu. Je n'ai d'impératif que dans l'après-midi, ce matin est en quartier libre. Les boutiques en face du café ne m'inspirent pas spécialement mais cela fera passer un peu le temps avant de retourner au château.
Je rassemble à mon tour mes affaires avant de me lever et de suivre Lorie dehors. Le froid me saisit et je blottis mes mains dans mes poches de pantalon.
- Bonne journée à toi aussi, je dis sans m'embarrasser des mêmes gestes princiers que ceux de la déléguée d'Ogme.
Un sourire en coin traverse mon visage, mi-amusé mi-moqueur, tandis qu'elle s'éloigne. Je la suis du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse à un coin de rue. Ce petit déjeuner s'est avéré intéressant malgré quelques contrariété. Notamment le fait que je n'ai rien pu tirer de Lorie concernant le tournoi ne va pas plaire aux jumeaux. Par contre, j'ai bien senti que je ne la laissai pas insensible. Une piste à creuser donc, et à exploiter de toute évidence.
Je me détourne et fais quelques pas avant qu'un manteau rouge ne passe devant mon champs de vision. Agréablement surpris de la coïncidence, je décide de suivre sa propriétaire. Décidément, cette matinée semble être des plus intéressante. On aurait dit que la providence faisait tomber les bonnes occasions comme Sagittarum faisait tomber des flèches.
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