Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je mets mes mains de part et d’autre de ma tête pour tenter de voir Lorie à travers la vitre du petit café d'Ernesto Arias que mon souffle recouvre rapidement de buée. Je ne la vois pas. Elle n'est probablement pas encore arrivée. C'est ici, qu'à ma surprise, elle m'a invité à prendre le petit déjeuner. Je ne pensai pas que notre danse partagée au bal ait si bien fonctionné. En vérité, je ne suis même pas certain de ce qu'est ce rendez-vous. Un rencard ? Une réunion entre délégués ? Un petit déjeuner entre amis ? Les limites n'ont pas été clairement définies et me voilà un peu dans le flou. Finalement, il sera ce que j'en ferai j'imagine. Et aujourd'hui, je suis d'humeur à séduire ces dames. Fleury me donne là une parfaite occasion non seulement de me rapprocher d'elle, mais aussi de glaner des informations sur la seconde épreuve. Oui, voilà donc ce que je vais faire de ce tête-à-tête. Ce plan me semble parfait.
Quelques minutes s'écoulent tandis que je l'attends devant la porte. Il ne neige plus mais il fait suffisamment froid pour que je sois obligé de souffler entre mes mains nues pour les réchauffer. J'espère qu'elle va rapidement se montrer ou je vais devoir faire fi des manières de gentleman et entrer m'installer au chaud. Il ne manquerait plus que je finisse gelé. Comme si elle m'avait entendu, je la vois apparaître au bout de la rue et je sens un courant tout à la fois glacé et brulant me parcourir. J'inspire profondément, instant qui j'utilise pour bien cadenasser mes émotions, puis lui adresse un sourire charmant avant de lui ouvrir la porte lorsqu'elle arrive à ma hauteur.
- Mademoiselle, je la salue avec air malicieux.
Nous nous installons à une table de deux et je commande un chocolat chaud avec un pain au chocolat - expression qui me vaut d'ailleurs le regard réprobateur du serveur, ici on dit cho-co-la-tine - ainsi qu'un jus d'ananas. Une fois celui-ci ayant pris nos deux commandes et disparu de mon champ de vision, je me penche en avant vers Lorie en un simulacre d'intimité qui pourrait passer pour une tentative de garder notre conversation privée. Deux délégués dont une championne de Beauxbâtons ne manquent pas d'attirer les regards curieux et les oreilles indiscrètes des autres élèves, je ne serai d'ailleurs même pas surpris qu'un journaliste se planque quelque part par là. J'ai envie de leur donner de quoi bavarder.
- Que me vaut le plaisir de ce rendez-vous Lorie ? Voulais-tu discuter d'une chose en particulier ? Je commence par demander simplement.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Un reflet vert dans la cheminée et Lorie se retrouvait à Osse-en-Bazar. Elle s’empressa de sortir du bâtiment afin de rejoindre le café d’Enersto, lieu où elle devait déjeuner avec Drian. Lorsqu’elle franchit la porte, le froid vint mordre ses os, diantre qu’elle détestait l’hiver. Si la petite blonde n’avait pas l’habitude de porter des vêtements chauds, se cantonnant à son uniforme obligatoire, elle avait toutefois fait une exception en portant une écharpe en cachemire qu’elle avait assortie à la couleur de sa robe.
Après quelques pas, l’adolescente bifurqua dans une rue et pu apercevoir ledit café tandis que ses oreilles entendaient la voix de ses cousines l’appeler. D’un pas certain, elle venait marcher sur la neige avec son allure de princesse. Jusqu’à ce qu’une plaque de verglas vienne casser cette élégance, laissant la blonde glisser sur celle-ci. Battant des bras comme un papillon Lorie réussi toutefois à garder l’équilibre et à reprendre son chemin. Ce n’était pas aujourd’hui qu’elle finirait sur les fesses, du moins pas tout de suite.
Alors qu’elle venait de rejoindre Drian celui-ci l’appela "Mademoiselle" c’était indéniable, il était le charmeur par excellence, d’autant plus avec ce petit sourire qu’il affichait sur son visage. « Bonjour Drian » dit-elle avec un petit rire et le sourire aux lèvres. Dès lors qu’elle entra dans le café, elle put ressentir la chaleur qui en émanait. Ses muscles contractés par le froid commencèrent à se détendre et la peau de ses mains reprenait des sensations agréables. Assise à la table elle retira l’écharpe pour la poser sur le côté de la banquette avec son sac. Elle regarda Drian commander et la tête du serveur lorsqu’il entendit "pain au chocolat." Lorie s’empressa de mettre sa main devant la bouche afin de cacher son amusement tout en se retenant de rire. « Pour vous mademoiselle ? » Lorie toussota. « Un chocolat chaud, un jus d’orange sanguine et… Un pain au chocolat » Son regard était plongée dans celui du serveur qui semblait encore plus désapprobateur. L’apprentie Occlumens du fournir un effort pour ne pas éclater de rire et finalement lorsqu’elle le vit tourner les talons elle laissa échapper un petit souffle d’amusement. Dans un sens elle comprenait cette appellation et peut-être était-elle plus précise, mais de la a considérer l'autre appellation comme un blasphème...
« Je voulais simplement te remercier pour le bal dit-elle à Drian c’était une très belle soirée, donc merci » Lorie le pensait sincèrement, elle n’avait pas passé d’aussi belles soirées depuis un long moment. Les talents de danseur de son partenaire ainsi que son charme avait largement contribué à ce fantastique moment.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je reste un instant silencieux à savourer les paroles de la jeune fille. Les jumeaux seraient heureux d'apprendre cette victoire mais je sais l'apprécier également. J'ai fait d'immenses efforts lors de ce bal, me forçant à m'oublier pour être un autre pour la championne de Beauxbâtons. Un à qui elle n'aurait pas pourrie la vie. Un qui pourrait lui plaire. Une très belle soirée hein ? Tant que ça. Je sais qu'elle est sincère et c'est ce qui m'étonne le plus. Sans ma formation d'occlumens, je me serai probablement méfié d'un si rapidement retournement de comportement. Un jour elle me repousse, l'autre elle m'offre mon abraxan, et encore un autre elle me demande mon aide. Et maintenant... Lorie Fleury serait-elle finalement en train de tomber sous mon charme ? Je me redresse et m'adosse à mon siège avec un sourire joyeux. Joyeux, je le suis véritablement, mais peu probable que la sorcière d'Ogme en apprécie la vraie raison.
- Je t'avais dit que j'étais bon danseur et que tu serais la reine de la soirée. Les deux autres champions ont perdu cette épreuve face à toi, c'est certain, je lui dis sur le ton de la plaisanterie. Puis, histoire de ne pas perdre mes bonnes habitudes, je saupoudre le tout d'un mensonge pour la flatter : merci à toi d'avoir accepté, j'ai également passé une très bonne soirée.
Je n'ai pas le temps de voir son expression que mon attention est détournée par le serveur qui nous rapporte notre commande et la dépose devant nous sans un mot - il aurait bien besoin que je lui apprenne deux, trois trucs en matière de séduction lui. En voyant la viennoiserie, je me rends compte à quel point j'ai faim tant elle a l'air appétissante. Je m'empresse donc d'en croquer un bout et mime l'extase pour amuser la jeune fille.
- Il y a bien une chose que les élèves de Durmstrang et de Hogwarts nous envierons toujours, je dis après avoir savourer ma première bouchée, c'est la cuisine française !
Puis je porte ma tasse de chocolat chaud à mes lèvres tout en fixant de mes deux yeux bleues glacés ma vis-à-vis. Je me demande qu'elle sera la suite. Je serai bien étonné que Lorie m'est convié à ce rendez-vous uniquement pour me remercier. Mon regard accroche le dessin en forme de goutte sur son front qu'elle arbore depuis quelque temps. Je me demande d'où cette fantaisie lui vient. C'est tout de même assez inhabituel.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Bon danseur, il l’était, mais ce n’était pas le seul domaine où Drian était bon ou encore excellent. Lorie laissa échapper un petit rire pour donner suite à sa plaisanterie, mais n’eut pas envie de rebondir sur les champions. Elle préférait oublier le tournoi et ce qui gravitait autour. Puis il ajouta quelque chose. Un mensonge sacrément bien tourné. Depuis qu’elle avait commencé à travailler l’occlumencie, il y avait de nombreuses choses qui avaient changé dans sa vie. Si avant, sa naïveté reprenait le dessus ou encore elle laissait le bénéfice du doute, tout était différent désormais pour la blonde qui devenait un véritable détecteur de mensonge sur pattes. Le sourire de Lorie s’effaça lorsque Drian se tourna vers le serveur. Voilà une douche froide dont elle se serait bien passée. L’appréciation de la soirée n’était pas réciproque… Lorie écourta le flot de pensée qui lui traversait l’esprit. Elle récupéra sa propre commande en ordonnant celle-ci de manière méticuleuse devant elle. L’adolescente préférait de loin se concentrer sur le présent, rien ne l’empêcherait de revenir sur le sujet à un autre moment.
Amusée par la fausse extase du brun ténébreux, son sourire s’étira à nouveau sur son visage. « Il n’y a pas que pour les danses que tu es excellent : les duels, le vol sur les balais et je suis certaine qu’il y a encore plein d’autre discipline, à croire que tu excelles dans tout ce que tu entreprend. » Finit-elle par dire amusée bien que sincère. En un sens elle avait tout de même de l’admiration pour ce garçon « parfait » même si elle se doutait que tout n’était pas fantastique et qu’il avait des failles… Après tout, elle était bien placée pour le savoir.
Lorie sortit alors sa baguette et la pointa sur le pain au chocolat. « Excidere » formula-t-elle alors que la viennoiserie venait de se découper en huit parts parfaitement égales. Puis d’un mouvement lent et délicat, la championne attrapa l’un des morceaux pour le porter à ses lèvres. Elle ne laissa pas une miette derrière elle. Quand le goût vint se diffuser, elle comprenait l’extase que l’on pouvait ressentir. En un sens, cela l’amusa d’autant plus. Après avoir pris une gorgée du jus d’orange rouge sang, elle croisa le regard de Drian et posa le verre délicatement sourire aux lèvres. « Et à mis à part la délicieuse cuisine française, qu’aime donc le mystérieux Drian Vaillant ? » posa-t-elle comme question en inclinant légèrement la tête sur le côté. Ce déjeuné était sans nul doute un bon moyen de s'intéresser un peu plus au garçon en face d'elle.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Par Flamel, mais Lorie est vraiment devenue une de mes fan ! Ou alors c'est sa façon de me draguer, je ne sais pas. Ce qui est certain par contre, c'est que je ne m'attendais pas à me retrouver couvert de compliments en venant ici. Mais ces mots, surtout venant d'elle, me rendent plus amer que flatté, elle que la fontaine a choisi à ma place. Chaque ajout à la liste ne fait que m'enterrer davantage. Si elle tente de me faire du charme, elle s'y est pris bien maladroitement.
- A priori, pas suffisamment, je dis entre deux gorgées à mi-voix. Je cache ma grimace de mépris dans ma tasse et la transforme en un sourire avant de reposer ma boisson. Il ne m'est pas compliqué de passer de l'un à l'autre, il me suffit d'une pensée plus agréable pour retrouver une humeur plus légère. En l'occurrence, je viens de repenser à une plaisanterie que m'a dit Radomil ce matin avant de partir.
J'observe Lorie organiser, découper, gouter tout méticuleusement avec une certaine fascination. Tous ses gestes sont raffinés, calculés. Elle ne fait rien qui n'ait un but et tout avec une pure élégance. Pour la énième fois, elle me fait l'impression d'être une princesse. J'ai beau avoir appris les bonnes manières, mes parents ne sont pas allés aussi loin dans mon éducation et je crois bien que cela les aurait plus ennuyer qu'autre chose. Il y a des moments où l'on ne se préoccupe de rien, comme lorsque Chappie fait ses croque-monsieur, et c'est aussi bien.
La jeune fille lève les yeux vers moi et je reste un instant à la sonder. A sonder sa question qui une nouvelle fois attise les braises de ma colère. Mes lèvres brulent d'envie d'articuler le nom Calypso mais je doute de pouvoir continuer cette entrevue plus longtemps après ça. Je dois aller au-dessus. Lorie me complimente, elle veut me connaître davantage. Elle vient elle-même me chercher. Non, je ne peux pas tout gâcher. A la place, je détourne mon regard vers le serveur prenant une commande un peu plus loin pour y chercher l'inspiration. Que puis-je bien lui répondre ?
- Si je suis mystérieux, tu en sais déjà tout de même plus que toutes les autres, je dis en reportant finalement mon attention sur elle. J'aime ce à quoi j'investis mon temps, je rajoute avec un sourire mystérieux qui lui donne raison. A mon tour, je déclare sans lui laisser le temps de me questionner davantage. Qu'est-ce donc sur ton front ? Un nouveau maquillage ?
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie n’était pas certaine de ce que ses oreilles avaient capté. Avait-il dit : pas suffisamment ? Elle détourna son regard pour le poser sur son verre de jus d’orange. Le verre était à moitié vide, il devait rester deux ou trois gorgées. Elle le porta à ses lèvres et bu l’entièreté d’une traite. Comme elle pouvait faire avec ses petites potions avant l’intervention de sa maîtresse de confrérie. Elle observa le verre deux secondes tout au plus avant de le reposer devant elle. Une part d’elle-même était déçue, tandis que l’autre satisfaite. Puis elle prit une portion de pain au chocolat tout en écoutant Drian.
Puis vint la question de Drian, elle devait s’en douter… Après tout, elle avait ce tatouage alchimique sur son front depuis sa visite dans la forêt avec le directeur. Comment passer à côté de ce signe si distinctif ? Pour autant, Lorie était loin d’être enjouée, elle avait déjà commis une énorme erreur en donnant un ordre à Lys devant la championne de Hogwarts. Elle préférait ne pas s’étendre sur le sujet, elle ne devait pas s’étendre sur le sujet. Devait-elle mentir ? Même avec l’occlumencie ses mensonges étaient encore… Faible. « Un tatouage, c’est mignon n’est-ce pas ? Dit-elle sincèrement en posant le bout de ses doigts sur celui-ci, je ne suis pas certaine que ma préceptrice approuve. Elle marqua un petit silence le temps d’agripper et de porter sa tasse de chocolat chaud à ses lèvres. Par chance, je me fiche de ses interdictions. » Finit-elle par dire avant de prendre une gorgée de la boisson lactée. Après tout elle grandissait et elle n'avait plus de compte à rendre pour un simple tatouage... D'autant plus qu'il était lié à la voie qu'elle avait choisi de suivre.
Après avoir déposé la tasse dans sa soucoupe, elle porta à nouveau son sourire jusqu’à Drian. Le fixant dans les yeux, elle posa son menton sur le revers de ses mains croisées. « Est-ce que tu es heureux ? Formula-t-elle avant d’ajouter, s’il te plaît ne me ment pas. » Douce ironie, même avec son plus beau mensonge Lorie pourrait sans nul doute le détecter. Le bleu de ses iris fixait toujours le brun ténébreux en quête d'une réponse.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Un tatouage est techniquement indélébile et Lorie en aurait un au milieu du front ? Mignon n'est pas le terme que j'aurai employé pour le décrire. Ce n'est pas moche, je trouve même que cela lui donne un air encore plus féminin si tant est que cela est possible pour elle. Mais non, pas mignon. Quant à sa préceptrice, j'imagine assez comprendre les raisons de son désaccord. Elle n'a que quinze ans et la voilà marqué. Certes la magie pourrait sûrement le faire disparaître mais tout de même... Je suis plutôt étonné que l'excellence de Beauxbâtons à tout point de vu l'autorise. J'ai le sentiment qu'elle ne me dit pas tout mais je n'insisterai pas davantage aujourd'hui. Il ne s'agit peut-être que de quelque chose de curieux mais d'insignifiant, et qui ne mérite pas que je m' attarde trop. D'autres sujets plus utiles attendent que je les aborde.
Je bois une gorgée de mon jus d'ananas en réfléchissant à ma prochaine question mais Lorie saisit son tour. Et quel tour ! Je la regarde un instant interdit. Je ne comprends pas où elle veut en venir avec sa question, ni pourquoi elle se la pose et encore moins pourquoi elle se sent obligée de préciser de ne pas mentir. Je ne peux m'empêcher un léger froncement de sourcils. Un truc ne tourne pas rond dans ce tête à tête - sans compter mes intentions. Je hausse finalement les épaules avec nonchalance avant de prendre une nouvelle bouchée de mon pain au chocolat. Je prends le temps de savourer la viennoiserie avant de répondre.
- Oui je suis heureux, on passe un bon moment non ? En tout cas, la finalité le sera certainement et cela suffit pour me contenter et supplanter les quelques frustrations sur le chemin. J'observe la jeune sorcière dans les yeux et je me demande si j'ai vraiment répondu à sa question. J'ai un doute... La déléguée ne parlait peut-être pas de maintenant. Si tu demandes de manière générale, eh bien, comme tout le monde, je finis par dire. Il y a des jours oui, des jours moins, ça dépend de ce qu'il s'y passe.
Quoi lui répondre de plus ? Rien pour moi, je trouve que j'ai été plutôt clair et précis. Aucune raison de mentir.
- Et toi ? Je demande à mon tour après une brève hésitation, surtout curieux par la forme de réponse qu'elle pourrait m'apporter. Il n'est pas impossible qu'elle me surprenne encore.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Toujours observatrice, Lorie regardait Drian, puis, elle se releva pour attraper de ses doigts fins sa tasse de chocolat chaud. Des jours avec et des jours sans… Songeait-elle tout en portant sa tasse à ses lèvres pour profiter de la douceur de la boisson. Une réponse satisfaisante, il ne restait plus qu’à savoir s’il y avait plus de jours avec que sans. L’équilibre… Une notion compliquée qui pouvait rapidement basculer.
Le garçon lui retourna alors la question. Était-elle heureuse ? Après une courte réflexion, elle ne pouvait que l’être. Son père était parti… Ou plutôt s’était fait chassé. Sa préceptrice était bien plus douce et agréable, le directeur l’avait aidé à trouver sa voie ou l’une d’entre elles, la fontaine l’avait choisie, et même l’oncle de Drian avait montré une part insoupçonnée. Tout semblait être aligné, famille, aspiration et académie, c’était presque trop beau pour être vrai. « Oui je le suis, difficile de ne pas l'être » dit-elle après une expiration calme. Lorie ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, mais son regard accrocha un homme et une femme un peu plus loin dans la salle. Elle les fixa pendant un long moment sans dire un mot.
« Qu’est-ce qu’il fait ici ? » Finit-elle par dire en murmurant sans vraiment s’en rendre compte. Son frère était dans le café, le fantôme qui l’avait ramené en transplanant après la fugue pour finalement disparaître à nouveau complètement de sa vie. Finalement, elle le lâcha des yeux pour reporter son attention sur son partenaire de danse. « Un très bon moment, je suis contente que tu aies accepté elle marqua un petit silence avant de reprendre je pensais que tu préférerais profiter de la sortie avec Abigaël. » finit-elle par dire sourire aux lèvres se désintéressant totalement de son grand frère. Si celui-ci ne l’avait pas remarqué, ce n’était pas maintenant qu’il allait le faire. Elle espérait juste que la notoriété du tournoi ne fasse pas irruption, attirant une nouvelle fois les regards sur elle.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
La réponse de Lorie m'étonne compte tenu de sa situation familiale mais je ne devine aucun mensonge dans ses paroles. Pas plus tard qu'en début d'année, elle souhaitait encore mon aide pour ruiner ses parents. J'imagine que les choses se sont améliorées pour elle. Je vais pour lui poser la question mais son visage se fige et son regard passe derrière moi. Intrigué, je me tourne vers ce qui semble être un couple. S'est-elle perdue dans son imaginaire en nous imaginant ainsi à leur âge ? L'idée me fait monter un sourire cynique aux lèvres qui disparaît lorsque je reprends ma position face à la jeune fille. Je sirote tranquillement mon chocolat chaud tout en regardant par la fenêtre en attendant qu'elle s'arrache à sa contemplation. C'est à ce moment là que je repère deux petites têtes brunes qui regardent dans notre direction à travers la vitre. Dès que les fillettes croisent mon regard, elles se cachent. Je me demande qui elles espionnent : la douce et précieuse championne de Beauxbâtons ou le beau et mystérieux délégué ?
- Mh ? Je vocalise instinctivement lorsque j'entends Lorie parler. Mais en la regardant, je me rends compte que ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse. Elle a toujours le regard rivé sur le couple. Décidément, elle fait une fixette sur eux. Ou plutôt sur lui, si j'ai bien saisi son marmonnement. Je vais finir par lui demander si elle le connaît, pour l'observer comme ça.
Au bout d'un temps qui me parait être une éternité, - j'ai eu le temps de finir tout mon chocolat chaud ! - elle reprend conscience de ma présence. Je mets un bref instant pour retrouver de quoi elle parle et encore un autre pour faire le lien avec Abigaël. Lorsque je comprends le sens de son insinuation, un sourire amusé étire mes lèvres. Elle a une façon toute particulière de vérifier que la voix est dégagée. Je décide d'y aller les deux pieds joints.
- Et pas avec Tobias ? Je demande faussement pour l'embêter. Abigaël et lui sont occupés ailleurs et je ne suis pas obligé d'être constamment avec mes amis. Je préfère être ici. En plus... qui pourrait refuser une invitation de ta part, princesse ? Je demande en adoucissant à dessein ma voix sur le dernier mot, pour le transformer en surnom affectueux. Ce n'est pas la première fois que je l'appelle ainsi, mais c'est sans doute la seule où j'y mets autre chose que de l'ironie ou du mépris. Je ne suis pas certain de sa réaction, mais sur le coup, ça m'a semblé être une bonne idée. Au cas où, je vais peut-être me dépêcher de détourner son attention.
Je tourne la tête vers l'endroit qu'elle fixait juste avant.
- Tu as l'air de le connaître, qui est-ce ? Je demande en désignant l'homme du menton. Un de tes majordomes ?
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Princesse… Lorie soupira, mais ne semblait pas vexée. Elle commençait à s’y faire finalement à ce surnom. « Encore avec ce surnom ? Un sourire gêné s’afficha puis un petit rire d’abandon le suivit. Non pas avec Tobias finit-elle par dire sur un ton léger. Je ne sais pas, Hinrich peut-être. » Il fallait bien admettre qu’il n’était pas très sympathique ou avenant, certes, il lui avait dit de courir lors de la première tâche, mais c’était oublier que c’était lui, qui lui avait envoyé la bigorne dans les pattes avant de s'enfuir. Mais elle préféra ne pas s’attarder sur cela, loin d’avoir envie de parler du tournoi, elle porta son attention sur le couple.
« Non ce n’est pas un de mes majordomes dit elle en riant. Il y avait quelque chose de très drôle d’imaginer Victor en majordome, mais nul doute que ça ne lui irait pas. Il était bien trop… Lui-même. C’est mon frère, finit-elle par avouer en baissant le volume de sa voix. La dernière fois que je l’ai vu, c’est lui qui m’a ramener à Cannes après que mon père soit venu me chercher chez toi. » Cela faisait un sacré temps. Le fantôme était fidèle à lui-même. Mais sa présence ici était bien curieuse, surtout accompagnée d’une jolie brune. Peut-être que c’était sa petite amie songeait Lorie alors qu’elle quitta le couple des yeux pour attraper un bout de pain au chocolat. Elle haussa les épaules en regardant Drian, puis mangea la partie de viennoiserie.
Les yeux rivés sur Drian, elle montra la marque de brûlure qu’il y avait dans son cou. « Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? » Demanda-t-elle timidement. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait vu la marque, mais peut-être était-ce le bon moment pour comprendre.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Elle rit et j'en suis satisfait. Le surnom ne semble pas l'avoir plus ému que ça, c'est très bien. Pour ce qui est de l'homme, je me doutai bien qu'il n'était pas son majordome, le contraire aurait été étonnant, mais sa réelle identité me surprends finalement davantage. Avec toute la panoplie des filles Fleury, je ne savais pas qu'un frère existait. Je ne me rappelle pas que Lorie ne l'ait jamais mentionné auparavant, durant nos peu de conversations. Trop pesant peut-être. Ou il n'y avait rien à dire là-dessus. On dirait que leur relation n'est pas des plus épanouis.
- Tu n'iras donc pas le saluer. Je dis en conclusion de son exposé. Je comprends.
Après que son père soit venu la chercher chez moi. Cela remonte à l'été de la fin de ma troisième année, presque deux ans. Une éternité dans une vie d'élève à Beauxbâtons. Tellement de choses ce sont passés depuis. Beaucoup en lien avec la jeune fille, bien trop. Et depuis tout ce temps, elle n'a pas vu son frère. Quelle chance ! J'ose espérer en avoir autant quand Natacha aura quitté le château. Si je pouvais ne plus la voir du tout, même pas la croiser par hasard dans un café, ça serait encore mieux.
Comme si penser à ma sœur attirait les choses désagréables, Lorie pointe justement la marque que cette garce m'a laissé dans le cou. Me remémorer ce moment détériore immédiatement mon humeur et je sais que mes yeux se sont assombris. Il se passe toujours la même chose quand je pense à l'origine de ma brulure. Et le raconter à qui que ce soit, je n'y songe même pas. Je n'ai jamais parlé cette histoire à personne, pas même à Abigaël qui a pourtant ma confiance. Elle n'a jamais posé la question d'ailleurs, peut-être que si elle le faisait, je me confierai. Peut-être pas. Il est certain par contre que je n'ai absolument pas envie de dévoiler ce secret à Fleury. Cela pourrait pourtant m'être utile. L'attendrir, qui sait ? Créer un lien avec mon ennemie. Mais rien que l'idée qu'elle puisse avoir accès à cette part de moi me répugne. Pas à elle. Pourtant...
- Ma sœur me... Je m'interromps. Non, je n'y arrive définitivement pas. Je n'arrive pas à me détacher ni du passé, ni de ma haine pour Lorie pour réussir à lui en parler comme si de rien était. Je secoue la tête. Pas aujourd'hui.
Puis je me lève et me dirige vers la sortie. J'ai soudain besoin d'air. D'un air frais, vigoureux, qui me remettra les idées en place et me rappellera ce que je dois faire et pourquoi je le fais. J'ouvre la porte et tombe nez à nez avec les deux premières années qui nous espionnent, une fille de Dagda et une fille de Lug. Nous nous regardons un instant dans un silence un peu surpris. Elles ne s'attendaient de toute évidence pas à ce que je me retrouve en face d'elles. Elles rougissent toutes les deux à l'unisson et semblent tétanisées. Je profite de la situation pour faire comme si tout ceci était parfaitement calculé et que je n'étais là que pour elles.
- Vous ne voulez pas entrer ? Je demande en leur faisant mon sourire le plus charmeur. Vous allez finir gelée à nous observer de dehors. Peut-être que vous vouliez nous demander quelque chose ?
Elles hésitent et finalement entrent dans le café. Pourtant, même en retournant m'installer face à Lorie, elles restent plantées à l'entrée. Je suis obligé de leur faire signe d'approcher pour qu'elles se décoincent un peu.
- Qu'est ce que l'on peut faire pour vous ? Je demande quand elles viennent enfin jusqu'à nous. Je n'aime pas être espionné et plus vite je les aurai mis au pied du mur, plus vite elles disparaitront.
Plus rouge que des pivoines, je désespère de les entendre parler lorsque finalement, celle plus proche de Lorie s'exprime.
- Lorie Fleury ! S'exclame-t-elle d'une voix suraigüe qui me fait grimacer, surement amplifiée sous l'effet de l'angoisse et de l'excitation mêlée. Je t'admire beaucoup, je veux être comme toi ! Est-ce que... je peux avoir un autographe de la championne de Beauxbâtons ?
Je trouve ça tellement ridicule que je dois me mordre les joues pour ne pas rire. Cela ferait mauvais genre et je risquerai d'en vexer plus d'une. Je me contente de m'accouder à la table et de poser mon menton dans ma main. Juste au cas où la deuxième demande la même chose et que je ne puisse plus résister. Mais quand je lui jette un regard, ce n'est pas Lorie qu'elle dévore des yeux mais moi. Quelle situation étrange.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Non, elle n’irait pas le saluer. Elle était loin de partager quoi que ce soit avec lui, et biberonné aux idéaux de son père, tout laissait croire qu’elle ne s’entendrait plus jamais avec. Elle ne savait pas ce qu’il faisait ici, mais une chance qu’il ne l’ai pas reconnu… Décidément, il était bien trop centré sur lui-même.
À voir Drian, Lorie regrettait déjà de lui avoir posé la question. Elle lui fit un signe pour lui dire que ce n’était pas grave qu’il n’était pas obligé de répondre. Instinctivement, elle se leva lorsque celui-ci quitta la table et l’observa alors. Elle venait de mettre le doigt sur quelque chose de difficile pour le garçon et elle s’en voulait un peu de l’avoir mis dans cet état. Visiblement… Lorie n’était pas la seule à avoir une famille compliquée. Son père était apparu si froid et sa sœur était un sujet… Elle préféra ne pas y penser. Elle avait entendu des voix à droite à gauche dans l’académie, donc elle n’était pas surprise de voir une relation qui semblait conflictuelle. Peut-être aurait dû t’elle faire plus attention aux rumeurs, parfois, il semblait y avoir du vrai dans celles-ci.
L’air inquiet de Lorie s’effaça lorsqu’elle le vit discuter avec des fillettes. Drian avait-il la fibre avec les enfants ? De nouveau assise, elle offrit à son partenaire de danse un sourire qui se voulait réconfortant, comme une excuse de sa précédente question. Son visage lui indiquait qu’elle comprenait. Enfin, il se tourna vers les fillettes toujours dans l’entrée du café. Elle les observa se rapprocher, pendant un instant, elle voyait sa petite sœur Pensée. La même teinte d’embarras s’affichait sur son visage beaucoup trop souvent. Lorsque la fille l’interpella, Lorie fut surprise de la hauteur de voix. Son regard se posa sur son frère qui bien évidemment avait tourné les yeux vers elle. Même sa jolie copine brune s’était retournée. Lorie voyait sa jalousie s’échapper de lui comme l’eau d’un récipient troué.
Amusée Lorie avait reposé son regard sur la fillette. Elle n’aimait pas trop ce côté-là du tournoi, mais elle s’y était faite. « Bien sûr ! Tu as un support sur lequel tu aimerais l’autographe ? Demanda-t-elle d’une voix calme et rassurante. Comment tu t’appelles ? » Finit-elle par demander. Elle n’allait pas simplement lui faire une signature, comme pour tous les autres autographes, elle ajouterait un petit mot personnel et unique.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
- Viola Morgenegg, avec deux g à la fin ! S'écrie-t-elle au comble du ravissement. Je la regarde s'empresser de fouiller dans sa sacoche et en sortir un petit carnet à dessins qu'elle tend à Lorie avec un grand sourire.
Des autographes... Il ne manquerait plus que des journalistes débarquent et la championne finirait à coup sûr dans le journal. Je ne sais pas si ce côté là du tournoi m'aurait vraiment plu. Enfin, être adulé et réclamé, si, certainement. Mais je me serai probablement vite lassé des plus jeunes un peu trop pot de colle. Je laisse la blonde à son œuvre et me tourne vers l'autre jeune élève qui m'observe toujours.
- Et toi ? Je demande finalement. Tu veux un autographe aussi ? Je dis sur le ton de la plaisanterie, n'envisageant pas une seconde d'en faire un. Mais la gamine hoche la tête les yeux brillants et me tend carrément son sac. Je ne suis pas le champion, je dis tranquillement.
- Tu es le champion du tournoi de duel de l'année dernière, je l'ai vu sur les trophées. Dit-elle timidement. Et puis... et... Sa voix s'éteint et elle me fait un sourire timide plein d'espoir. En d'autres circonstances, je l'aurai peut-être éconduit mais je soupçonne Lorie de m'observer. Elle, si prompte à faire plaisir aux gens. Si je veux lui plaire, je dois me plier à l'exercice un minimum. Par contre, je me fiche de son nom, je ferai un truc simple, faut pas pousser Flamel dans la fontaine non plus.
Je retire mon orbiplume de mon doigt et celle-ci se déplie tout en souplesse pour me permettre de griffonner sur le sac. Je réfléchis une seconde avant d'écrire "Tendres baisers du champion de duel" et je fais une petite signature. Je regarde le résultat tout en me disant que tout ceci est franchement ridicule avant de le rendre à la fillette qui ne semble pas du tout penser la même chose que moi. Maintenant que c'est fait, j'espère qu'elles vont repartir et aller vite voir ailleurs. Leur présence m'a tout de même au moins permis de faire retomber la tension que la question de la déléguée a fait naitre en moi, ce n'est pas que du temps perdu.
- Vous êtes en couple ? Demande tout à trac l'élève de Dagda sans la moindre discrétion. Je crois que parler normalement ne fait pas parti de ces capacités innées. Je jette un coup d'œil à Lorie avant de répondre.
- Qu'est ce qui te fait penser ça ? Je lui demande avec un sourire énigmatique aux lèvres.
- Vous êtes là, tous les deux. Répond-elle sans la moindre hésitation, comme si c'était l'évidence même. Et vous avez ouvert le bal ensemble à Noël. C'était trop beau. On aurait dit que vous étiez amoureux.
Quelle naïveté. Je ne réponds rien et me contente de sourire tout en les dévisageant du regard. Puis je me tourne vers Lorie et hausse un sourcil interrogateur. Je suis curieux de la réponse qu'elle pourrait lui donner.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
« Très joli prénom » répondit Lorie en saisissant le petit carnet d’un geste délicat et pomponné. Puis après avoir fouillé dans ses affaires, la blonde en sortit une plume d’un bronze naturel somptueux. D’une encre bleue royale, elle commença à dessiner le trophée du tournoi des trois sorciers sans pour autant manquer la petite discussion qui se passait de l’autre côté de la table. Lorie était heureuse, Drian était un excellent duelliste et elle trouvait agréable que d’autres en ait conscience aussi. Une fois le trophée terminé, elle commença à dessiner un phénix l’entourant. Sa créature préférée qu’elle dessinait admirablement bien grâce aux conseils de sa grande sœur Rose.
Puis le mouvement de sa plume s’arrêta. Elle releva un œil taquin vers Drian tandis qu’un sourire gêné s’affichait sur son visage. Le haussement de sourcil de Drian ne lui échappait pas. « Dois-je m’attendre à une proposition ? » formula-t-elle sur un ton léger et amusé accompagné d’un petit rire discret. Son regard se posa à nouveau sur le carnet, le dessin du phénix fini, elle y écrivit d’une écriture luxueuse et calligraphique.
"Pour l’enchanteresse Viola Morgenegg, que tes rêves s’accomplissent et que ta propre voie soit aussi rayonnante que toi. Lorie Fleury championne de Beauxbâtons." Puis elle signa le mot.
Lorie souffla légèrement sur le carnet pour être certaine que l’encre du dessin avait bien séché « Non, nous ne sommes pas en couple dit-elle en laissant échapper son amusement. Son regard se posa sur Drian avant de se détourner vers la fillette, elle luit tendit le carnet tout en se penchant vers elle. Il n'a aucune chance » Mentait-elle sur un ton confiant et un peu mystérieux tout en adressant un clin d’œil à Viola. Le carnet toujours ouvert elle pourrait profiter de son petit autographe avant de refermer d'elle même son carnet de dessin.
« Allez vous prendre à boire ou quelque chose à grignoter et dites au serveur que je vous invite » Lorie laissa son regard bleu plonger dans celui de la fillette. Ainsi, avec un sourire chaleureux, elle l’invita à prendre congé. Il était temps qu’elle profite avec sa copine de sa sortie et il était temps qu’elles mettent les voiles pour que Lorie puisse profiter de son rendez-vous.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je ne réponds pas à la question de Lorie. Je la laisse plutôt se faire ses propres hypothèses en observant la scène avec intérêt. Je serai plus subtil qu'une proposition avec elle. Je ne peux me contenter de quelque chose d'aussi rigide et factuel. Il faut que ça soit plus naturel, qu'elle pense que ça vienne d'elle, qu'elle le choisisse. Il faut qu'elle est l'impression que je suis le seul et l'unique, l'évidence même. Je ne sais pas combien de temps je pourrai maintenir cette illusion, mais elle sera forcément plus puissante ainsi qu'avec une simple demande. Je dois la laisser créer le tableau elle-même même si cela pourrait prendre plusieurs semaines. Ce rendez-vous me convainc que cette option est possible, et ce, malgré sa réponse à la fillette que je perçois comme un piètre mensonge. Bien sûr que j'ai ma chance, je l'ai toujours eu.
Elle finit par congédier les gamines avec bien plus d'élégance que je n'aurai pu avoir et nous voilà à nouveau en tête à tête. La seule différence avec quelques minutes plus tôt, est que maintenant, la présence de Lorie n'est plus un secret pour personne dans le café grâce à la voix suraiguë de l'élève de Dagda, mais tant que personne ne vient s'ajouter à notre table, j'imagine que nous sommes relativement tranquilles pour le moment. Si son frère avait voulu se manifester, il l'aurait sans doute déjà fait. Enfin, je m'avance peut-être un peu trop vite. Toujours se méfier des intentions des Fleury.
Mon petit déjeuner presque entièrement consommé, je sirote les dernières gorgées de mon jus d'ananas avant d'entamer la discussion qui m'intéresse véritablement. J'espère avoir suffisamment amadouer la jeune fille pour parvenir à tirer quelques informations d'elle.
- En parlant de champion, comment se passe ta préparation à la seconde épreuve ? Tu t'en sors ? Je demande tranquillement comme si ma question était totalement fortuite et inspirée de l'intervention inopinée des deux premières années. Elles auront eu finalement plus d'une utilité, j'ai eu le nez fin sur ce coup.
J'ai cru comprendre que chaque champion avait eu un indice pour la seconde épreuve en finalisant la première. Par contre, je n'ai pas la moindre idée de sa teneur ni si ils ont reçu tous les trois la même chose. Dans tous les cas, ce qu'a découvert Lorie pourrait toujours être transmis aux jumeaux, ils en feront ce qu'ils veulent après.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Débarrassée des fillettes qui avaient l’air aux anges de pouvoir grignoter quelque chose avant de sortir, Lorie mangea la dernière part de son pain au chocolat. Elle laissa ses doigts effleurer le tissu de sa serviette puis posa à nouveau son regard sur Drian. Le silence s’était installé et la blonde pouvait le voir siroter les dernières gouttes de son jus de fruit. Puis il brisa le silence. Les yeux de Lorie se détournèrent pour se poser sur sa tasse de chocolat chaud, il en restait un fond. Elle porta sa main jusqu’à la tasse et l’approcha de ses lèvres pour le finir. Quand elle déposa la tasse à nouveau dans sa soucoupe, elle monta ses yeux dans ceux de Drian. « Navrée, ne le rends pas mal, mais je n’ai pas envie de parler du tournoi. » Celui-ci occupait déjà beaucoup trop de place pour venir gâcher ce déjeuner en bonne compagnie.
Ainsi, elle se recula légèrement et se redressa… Bien qu’elle n’en eût aucunement besoin. « Parlons plutôt de… De… Lorie chercha un instant un sujet qui pouvait être à son sens intéressant. De toi. » Elle afficha à nouveau un sourire venant balayer son air fermé qu’elle avait pris. « Que comptes-tu faire après l’académie ? Auror ? » Demanda-t-elle songeant qu’il voulait probablement marcher dans les traces de son oncle. À moins que celui-ci eût d’autres aspirations ? Si Lorie avait toujours eu comme envie d’aider les autres, la vocation de guérisseuse s’était présentée à elle comme une évidence, bien qu’elle ne fermait pas les portes que le tournoi pourrait lui ouvrir dans le futur, pour peu que l’événement ait un impact sur un aussi long terme. Mais que voulait le brun ténébreux ?
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
-Pas de soucis, je mens.
Me faire débouter aussi près du but, voilà qui a le don de me frustrer au plus haut point. Certes, je ne m'attendais à rien de spécial avec ce rendez-vous mais je finissais par croire que j'avais une chance d'en savoir un peu plus. De toute évidence, soit Lorie ne me fait pas encore suffisamment confiance pour se laisser aller à quelques confidences, soit elle est bien plus préoccupée par autre chose. Ou peut-être les deux. J'ai une partie de la réponse lorsqu'elle ramène à nouveau la conversation sur moi. Il semblerait que j'occupe toutes ses pensées. C'est un mal pour un bien j'imagine, je me console comme je peux. Pour autant, je n'ai pas l'intention de satisfaire à toutes ses demandes, je serai tout de suite moins attirant si elle savait tout de moi. Et je n'ai aucune envie de me dévoiler davantage, à qui que ce soit d'ailleurs.
- Tu es bien curieuse aujourd'hui. Qu'est-ce qui te fait penser que je te dirai tous mes secrets ? Je lui demande avec un sourire amusé. Je veux bien t'accorder cette dernière réponse, uniquement parce que c'est toi qui demande, je lui dis en arborant mon sourire le plus complice, celui qui laisse penser à la personne en face qu'elle est la personne la plus privilégiée de toute. Je n'ai aucune envie d'être Auror. Je les trouve étroit d'esprit et façonné par le ministère. Je ne connais évidemment pas d'autres Aurors que mon oncle et c'est bien à lui que je pense en disant ces mots que je tiens de ma mère. Lui qui méprise tout ceux qu'il juge comme n'étant pas à la hauteur, tout ceux qui dévient un peu de son idée parfaite que doit être un sorcier. Le mépris qu'il a pour ma mère n'est pas un secret et c'est complètement réciproque. Tout ça parce qu'elle n'a pas appris la même façon de voir les choses que lui. Je suis à peu prêt certain que la plupart, sinon la totalité des Aurors en France, réfléchissent de la même manière. Envisager que je puisse devenir l'un d'entre eux me déplait. Je ne peux m'empêcher de rectifier cette fausse idée. J'aspire à plus de liberté.
Je porte mon verre à mes lèvres pour marquer le point final de mes confidences. Je n'irai pas plus loin. En vérité, je ne sais pas moi-même ce que je compte faire après l'Académie donc je ne pourrai rien dire de plus même si je le voulais. Chose qu'elle n'a pas besoin de savoir non plus.
- Et toi Lorie, tu as une idée j'imagine ? Je suis quasi certain qu'elle sait. Elle est bien du genre à avoir réfléchi à tout un tas de plan pour l'avenir.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie ne prit pas le temps de relever le mensonge de Drian. Elle pouvait comprendre que ce n’était pas agréable, lui qui devait être curieux de savoir comment cela se passait. Lui qui avait essayé de participer à celui-ci. Mais son cœur ne pouvait pas, il ne voulait pas aborder ce sujet qui avait déjà bien trop de place.
Amusée, elle leva les sourcils lorsqu’il lui indiqua qu’il n’allait tout de même pas lui révéler tous ses secrets. Toujours, si, mystérieux, visiblement, il aimait entretenir l’aura qui orbitait autour de lui. « Oh fit-elle surprise, tu m’en vois flattée » une réponse uniquement parce que c’était elle qui demandait ? Elle n’était pas dupe, elle sentait bien que tout cela faisait partie de son petit jeu de charmeur, mais pour autant, ce n’était pas désagréable et cela était même amusant.
Alors il ne marcherait pas dans les pas de son oncle, sa vision des choses était intéressante et venait en quelque sorte confirmer que ce ne devait pas être tout rose dans sa famille. Certains idéalisaient les aurors, mais Drian en avait eu un dans sa famille et… Le vieux Vaillant était ce qu’il était… Peu sympathique et terriblement exigent. Alors Lorie n’était pas surprise par les mots de Drian. La surprise fut toutefois marquée par sa bouche arrondie lorsqu’il lui indiqua chercher plus de liberté. « Je vois. » Alors tout compte fait, Lorie et Drian cherchaient la même chose. Un point commun qu’elle n’avait pas soupçonné avant ce rendez-vous.
« Je pense être guérisseuse dit-elle calmement, mais je ne suis pas encore tout à fait fixée, peut-être travailler avec les créatures magiques. J’aimerais beaucoup rencontrer un dragon ou encore un phénix. » Sinon il y avait toujours les échecs. Mais être une joueuse d’échec sorcière ne l’intéressait pas, quoi que peut-être qu’elle pourrait être championne de France, mais les échecs sorcière étaient trop instables. Puis peut-être qu’elle aurait d’autres opportunités pour aider les autres.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
JJe ne suis pas surpris par ses envies. Enfin, en ce qui concerne le métier de guérisseuse. Cela colle bien au personnage feutré et doux de Lorie, à une exception près néanmoins : elle ne supporte pas certaines blessures. Je me rappelle que celle du professeur de gastromagie l'avait bien retourné. La magie noire la met dans tous ses états. Cette faiblesse pourrait lui couter sa vocation et pas que. La suite me surprend davantage. Rencontrer un dragon ou un phœnix, rien que ça !
- Et tu penses que tu survivrais à cette rencontre ? Je demande avec un sourire taquin aux lèvres. Les dragons n'ont pas l'air d'être le genre de créatures à être rencontré sans croquer un morceau.
Mon sourire s'agrandit en imaginant Lorie essayé de faire ami-ami avec un dragon qui n'aurait de cesse que d'en faire son en-cas. Une magnifique désillusion tout en visage terrifié et robe roussie. Magnifique ! J'aimerai y être, de loin, pour observer tout ça.
- Qui sait ? Ca sera peut-être plus tôt que tu n'le penses !
Elle ne veut pas en parler mais je n'ai pas dit mon dernier mot. D'autant plus qu'elle tend la baguette. Je n'ai pas besoin de faire le moindre effort pour ramener le sujet dessus.
- A une épreuve du tournoi par exemple, j'ajoute au cas où elle n'aurait pas compris mon sous-entendu.
Je ne sais pas de quoi sera faite la prochaine épreuve, mais je vois bien les organisateurs originaires de Durmstrang pousser dans ce sens. Ce serait une belle prouesse et une preuve de force indéniable si les champions s'en sortaient indemnes. Quoique, à la réflexion, je n'y crois pas trop. Je les soupçonne d'être bien plus originaux et vicieux que ça. Un mouvement devant la fenêtre me fait tourner la tête un instant. Serait-ce l'anglaise Destiny Marsch qui s'apprête à entrer dans le café ? Quand la fille ouvre la porte, je me rends compte de mon erreur et me détourne complètement pour reprendre le fil de ma discussion. J'en profite pour prendre mon verre de jus avant de constater que mon verre est maintenant vide. Eh bien, il ne reste plus que des miettes à mon petit déjeuner. Je l'ai englouti sans m'en rendre compte.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie laissa échapper un petit rire, elle commençait à devenir réceptive à l’humour. Elle prit le temps de réfléchir et n’eut pas le temps de répondre que Drian reprenait la parole. Lorie afficha un petit sourire. « Qui te dit que ce n’est pas moi qui le croquerais ? Finit-elle par dire en fixant le garçon avec une petite sauce au caramel ou à l'orange… » Rien que cette image lui faisait imaginer le goût. Pour sûr que ça devait être goûtu. Mais pour manger un dragon entier, il fallait un garde bouffe sacrément disproportionné ou alors tout un régiment pour le déguster.
« Quand je serais sortie de l’académie, j’espère bien avoir les compétences pour le dresser s’il devient agressif, autrement je serais déçue des cours de monsieur Dagmar. » Certes, sa place était dans la nature, libre. Mais elle savait que c’étaient des créatures dangereuses qui pouvaient avoir un fort impact sur l’écosystème et les autres créatures. Elle n’était plus aussi naïve que par le passé. Lorie ouvrit la bouche, mais fut interrompue par des petits coups dans la vitre non loin de leur banquette. Deux petites têtes identiques observaient Lorie en lui souriant à pleine dent. Elle n’eut pas de mal à reconnaître Ariane et Eline, ses deux cousines qui semblaient être excitées comme des puces. Lorie leur fit un petit signe de la main et les deux se mirent à courir vers la place.
Reportant son attention sur Drian, la blonde l’observa. « Tu crois que les legilimens peuvent communiquer avec eux ? » La blonde n’en avait rencontré qu’une. La Japonaise avait pu s’introduire dans son esprit si simplement qu’elle se demandait si elle était capable de le faire avec les créatures magiques et d’utiliser leur langage. C’était une compétence fascinante, qui à n’en pas douter apporterait beaucoup dans la compréhension des créatures magiques. Mais ces sorciers semblaient rares.
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