Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Une personne que je ne connais pas - et qui ne me connait pas non plus du coup - et qui ne peut pas me sentir parce que je sors avec Lorie ? Une fille en plus ? Toutes les filles de Beauxbâtons m'apprécient - à quelques exceptions -, la seule explication qui me vient est que cette fille en pince pour Lorie et est jalouse. Ca ne devrait être qu'un détail pourtant Lorie en parle, au même titre que sa sœur, pour finalement changer de sujet. Cette personne est forcément importante pour elle mais elle ne m'en a jamais parlé. Je n'y comprends plus rien. Si elle n'avait pas dit "la", j'aurai même pu faire le rapprochement avec le champion de Castelobruxo et supposé qu'il s'était passé quelque chose là-bas, ça aurait fait un sacré scoop digne des Michels. J'aurai eu un semblant d'explication au moins. Malheureusement, la jeune fille a décidé de me laisser encore une fois sur une discussion inachevée et a jeté son dévolu vers l'elfe.
- Tu passe ton temps à détourner la discussion aujourd'hui. Et cette fois sur un sujet que tu as pourtant toi-même lancé, je constate d'une voix calme, ignorant superbement sa fausse question concernant Chappie. Je vais finir par croire que tu me caches quelque chose dont au moins une partie de toi aimerait me parler. Je me trompe ? Je demande en haussant les sourcils alors que mon regard se plonge dans l'ocean de ses yeux qui se sont à nouveau tournés vers moi.
Je suis suspendu à ses lèvres, et pourtant le temps ne s'arrête pas, lui. Pour preuve, Chappie est déjà de retour avec mon paquet, un sourire plein de dents aux lèvres.
- Tenez Monsieur Drian, dit-elle en me tendant la boite que je récupère, inconsciente de ce qui était en train de se jouer. Chappie a remporté cette bataille haut la main. Une vraie fripouille ce gobelin, ajoute-t-elle avec fierté. Avez-vous fini ? Souhaitez-vous que Chappie vous ramène à la Villa ?
Je jette un coup d'œil à Lorie qui ne semble pas avoir d'intérêt à rester plus longtemps, mais reste un détail qui me fait hésiter.
- Ma mère y est toujours ?
- Non, dit l'elfe en secouant la tête de droite à gauche. Madame Vaillant a dit qu'elle dormait au haras et que vous... Elle s'arrête, jette un coup d'œil à Lorie derrière moi. Peut-être vaudrait-il mieux que Chappie répète les paroles de Madame à Monsieur Drian lorsqu'il sera seul.
J'acquiesce avant de me tourner vers Lorie et de lui tendre la main pour l'entrainer à l'extérieur tout en m'approchant d'elle.
- Cette conversation n'est pas fini, mais j'imagine qu'elle attendra un peu, je lui chuchote à l'oreille avant de pousser la porte du magasin.
Une fois dehors, Chappie nous fait transplaner directement dans le salon de la villa, avec une douceur propre aux elfes. Alors qu'elle se précipite dans la cuisine, probablement pour préparer ses fameux croque-monsieur qu'elle a promis à la jeune sorcière. J'invite Lorie à s'assoir sur ce même canapé qu'elle a connu lors de son premier passage ici et lui tend la petite boîte que je viens d'acquérir.
- Joyeux Noël, je lui dis doucement avec un sourire tandis qu'elle découvre ce que j'ai eu du mal à trouver : deux boucles d'oreille, deux opales diffusant une douce lueur rose pâle rappelant la pierre de sa chevalière, montés sur un anneau d'or. Ce sont des opales de Neckre stabilisées, je lui explique. A priori, elles diffusent des notes mélodieuses lorsque tu approches d'une source d'eau magique, tu auras peut-être l'occasion de le découvrir au Brésil. Est-ce qu'elle... te plaisent ?
Je ne sais pas si cela m'importe. En réalité, je ne suis même pas sûr du pourquoi je lui fais ce cadeau. Pourtant, je ressens une certaine tension dans l'attente de sa réponse.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Mais par Merlin qu’est-ce qu’il racontait ? En quoi passer à quelque chose d’autre était signe de détourner la discussion ? Outre le fait de ne pas lui révéler que son amie était une hermine, elle avait répondu, libre à lui de faire ses propres analyses. Enfin, il ne fallait pas être Divineresse pour s’apercevoir que le sujet de discussion n’était pas quelque chose de sympathique après tout ce temps passé au Brésil.
Elle n’avait pas détourné les yeux. Du moins jusqu’à ce que Chappie revienne toute fière avec la boîte. Le mot fripouille eut pour effet de l’amuser, même si elle n’en montra rien. Lui aussi s’était tourné vers Chappie. Visiblement, Drian était occupé à demander si sa mère était toujours là. Chose rassurante pour lui, visiblement, elle avait abandonné le navire.
« Oui en temps et heure… » Quand j’aurais pleinement confiance, songea la blonde.
Elle se doutait bien que la discussion sur le sujet ne fût pas finie, comme elle se doutait bien qu’il ne parlât pas de la discussion avec Chappie, qu’est-ce que Lorie en avait à faire d’entendre ou non les paroles de la mère Vaillant ? Ce n’était pas son problème. Encore, elle serait mariée, peut-être qu’elle aurait à cœur de connaître les pensées de belle maman, mais pour l’heure, on était loin de cet acte symbolique. Une question de confiance, et d’amour. Car même si elle aimait passer du temps avec Drian, était-elle vraiment amoureuse ? Non, elle se l’interdirait, au moins tant que l’histoire avec Lys n’était pas clarifiée.
Elle profita de la porte ouverte pour se glisser à l’extérieur de la bâtisse. Ni une, ni deux, elle transplana à l’aide de l’elfe. C’était d’une douceur exquise, mais en parlant de transplanage, n’était-il pas en âge de passer son permis ?
Elle n’eut pas le temps de poser la question que le garçon lui offrit la boîte avec un joyeux noël enjoué. Le sourire de Drian eut pour effet de la faire sourire également. D’une certaine façon, elle était heureuse de recevoir un cadeau venant de lui, même si elle n’avait rien prévu pour le garçon, du moins pas encore.
« Merci… Sa voix était reconnaissante, remplie de gratitude. Et lorsqu’elle ouvrir la boîte, elle put voir de magnifiques boucles d’oreilles. Le regard comme hypnotisé sur les bijoux, elle ne releva la tête qu’après-avoir entendu tout le speech du garçon. Elle… Elles sont magnifiques… Sa main récupéra une boucle, elle la pesa de sa main droite avant de refermer le poing sur celle-ci comme si c’était un cadeau cher à ses yeux. Merci Drian ça me touche beaucoup. »
Divineresse, mot placé dans le cadre de l’animation des cloche de Pâque 2024
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je ne détecte aucun mensonge, Lorie est véritablement touchée par mon cadeau. Je suis un peu troublé, je ne m'attendais pas à l'atteindre autant. En suis-je satisfait ? Oui forcément, après tout, c'est le but recherché, mais peut-être même un peu plus que ça. Un quelque chose qui me donne envie de dire à la personne qui veut m'éloigner de la jeune fille que je viens de mettre un point non négligeable et qu'il l'a bien dans la face. Je ne connais pas mon adversaire mais cette victoire a un goût que j'aime beaucoup.
- Je suis content alors, je lui réponds avec un sourire prononcé. Ca ne te dérangera donc pas si je te vole un baiser en retour.
Je mets rapidement ma taquinerie à exécution en relevant avec douceur son menton vers moi pour aller goûter ses lèvres d'un baiser que je la laisse prolonger à sa guise tandis que je laisse ma main l'explorer. Mes doigts glissent le long de son visage avant de rejoindre son cou et d'y laisser une caresse éphémère. Je continue mon exploration frémissante mais prudente en glissant ma main le long de son dos jusqu'à sa taille que je serre contre moi avec désir.
Un toussotement m'arrête instantanément. Ce moment n'a duré que quelques secondes mais je m'en arrache à contrecœur pour me tourner vers l'auteure du bruit qui n'est autre que Chappie, totalement gênée, qui se trémousse d'un pied sur l'autre en portant en équilibre une pyramide de croque-monsieur sur un plateau. Pour une fois, j'aurai préféré que l'elfe soit moins efficace. Comme c'est frustrant !
- Chappie est désolée, bredouille l'elfe, elle peut repasser plus tard...
- Ce n'est pas la peine, je te remercie pour le repas, je réponds tranquillement en l'invitant à déposer le plateau, comme si elle n'avait rien interrompu du tout.
Le respect et l'affection que j'ai pour Chappie compense largement la frustration d'un désir laissé en suspens. De mémoire, l'elfe a toujours fait partie de mes meilleurs souvenirs dans cette maison, et je me souviens d'elle comme d'un baume apaisant dans les pires. On m'a appris à la respecter, et j'ai appris de moi-même à l'estimer. Aussi, le sourire que je lui fais pour la rassurer est l'un de mes plus sincères, de ceux que je réserve qu'à certains élus qui sont rarement des humains. Aussi tordu que puisse être mon âme en ce moment, un corbeau sait reconnaître ceux qui lui font du bien de ceux qui lui font du tord, j'essaye de ne jamais oublier l'adage de ma famille.
- Tu n'avais pas besoin d'en faire autant, il y en a pour une horde de Bécut ! Je la taquine avant qu'elle ne reparte en gloussant. J'espère que tu as faim, Princesse, je dis en présentant le plateau à la jeune fille.
Je me sers et enfourne une première bouchée dans ma bouche tout en réfléchissant. Je n'avais pas imaginer que nous irions faire les boutiques dans la rue Claudel et encore moins que nous irions jusqu'à Osse-en-Bazar mais finalement, ce n'était pas une si mauvaise idée. Nous avons joins l'utile à l'agréable. Enfin agréable, disons la plupart du temps. J'ai bien plusieurs idées pour occuper Lorie le reste de l'après-midi mais si je veux paraitre le plus galant possible et marquer de nouveau point, je dois avant tout me préoccuper de ce qu'elle veut elle. Je ne dois rien laisser au hasard.
- Que voudrais-tu faire cet après-midi ? je lui demande entre deux bouchée.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
La tête de Lorie s’agita de gauche à droite automatiquement. Non, ça ne la dérangeait pas, elle n’était plus à un baiser volé de toute façon. Se laissant emporter par le moment, elle ressentait les doigts du garçon contourner son visage avec la douceur d’une plume, plume qui caressa son cou avant de finir dans son dos. Un frisson s’empara de la blonde qui lui hérissa le poil. Mais qu’est-ce qui lui arrivait ? Pour sûr, le garçon l’avait sentie. Pour sûr, il avait vu ce moment de « vulnérabilité » sauvé par un toussotement d’elfe.
Alors que Lorie s’éloignait d’un petit mouvement pour remettre un peu de distance, quelque peu gênée non pas par la situation mais ce qu’elle venait d’éprouver à cet instant, elle ne vit même pas qu’elle se mordillait la lèvre.
« Une faim de malebête »
Avait commenter Lorie avant de sauter sur l’un des crocs-messieurs et de croquer dedans à pleine mâchoire. Le goût de celui-ci se diffusa comme un parfum dans une pièce et les bras de la blonde se laissèrent tomber sur ses jambes joignent.
« Huuum » c’était Divin… Tellement qu’elle avait fermé les yeux et qu’elle mâchait avec plaisir. Elle ne mangeait pas les crocs-messieurs de Chappie, elle les dégustait.
Puis, la voix de Drian vint l’extraire de sa dégustation. Diantre, elle n’avait pas vraiment écouté sa question. Seul quelques bribes lui était parvenu.
« Hum ? Oh heu… Je ne sais pas, j’aimerais juste éviter de trop bouger je suis épuisée avec le Brésil. »
Lorie haussa les épaules et croqua à nouveau dans le croc-monsieur. Un peu de fromage se déposa sur le coin de ses lèvres, mais elle n’y fit pas attention, trop occupée à lorgner le reste du sandwich. Il y en avait encore plein d’autres… Elle pourrait sûrement essayer de mettre un peu de piment dans un ? Quoi que ça serait sans nul doute mal pris ? Son regard se releva jusqu’à croiser les yeux du garçon, elle lui fit un petit sourire, un sourire intime.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je la regarde engloutir son premier croque-monsieur avec une extase rare et ne peux m'empêcher un sourire en coin. Finalement, dès qu'elle commence à faire la moue, je devrai sortir cette arme ultime. Je n'aurai jamais pensé que quelque chose aussi simple pourrait la ravir autant et la rendre tout de suite plus douce. Son sourire avec un peu de fromage en coin de bouche en témoin.
- Je vois que tu apprécies, tu en as partout, je dis avant de récupérer une serviette et de lui essuyer doucement le coin de la bouche. J'en profite pour laisser trainer mes doigts innocemment sur sa gorge avant de rompre tout contact. Ce n'est plus princesse que je vais t'appeler mais petit goret, je me moque avec un sourire en coin.
Je la taquine encore un peu et à la fin du repas lui propose de jouer aux échec - son adoration -, ayant bien compris que nos escapades en dehors du logement était fini pour aujourd'hui. Je ne connais pas toutes les stratégies de ce jeu et je suis loin d'avoir son niveau mais je me surprends à bien m'amuser et à m'en sortir vite honorablement.
- Je ne suis pas si mauvais stratège, je dis finalement en l'observant faire tomber une énième fois mon Roi, mais tu sembles apprécier de me coincer avec de nouveaux tours à chaque partie. Tu aimes ça, me faire souffrir non ? Je lui demande avec un sourire amusé mais un regard appuyé. Bien sûr qu'elle aime ça, je n'en ai pas le moindre doute. Ne l'a t-elle pas agis dans ce but à de nombreuses occasions ? C'est bien pour cela que je le lui ferai payer.
Quelques parties plus tard, je lève finalement les bras en signe d'abandon, avant de me lever tout bonnement. Le soleil a déjà bien entamé sa course descendante et la nuit ne tardera pas à tomber complètement.
- A mon tour de t'amener sur mon terrain de jeu, je dis mystérieusement avant de lui tendre la main pour l'entrainer dans une autre pièce de la maison, un autre salon avec un piano dans le coin nord. J'appuie sur une des touches et une mélodie que Lorie connait bien pour l'avoir dansée avec moi au bal de l'année dernière en sort.
- M'accorderiez-vous cette danse, Princesse ? Je lui propose avec un sourire charmeur.
Une fois entre mes bras, je la fais tournoyer en la tenant près de moi quelques minutes. Puis je ralentis la danse pour effleurer ses lèvres des miennes avant de remonter ma bouche près de son oreille.
- Souhaiterais-tu rester avec moi jusqu'à demain ? Je lui susurre.
Oui, le moment est parfait pour ça. Si parfait que je ne perçois pas tout de suite les bruits de voix dans la maison ni la présence de Chappie dans l'encadrement de la porte qui se tortille les mains. C'est l'apparition d'Abbie derrière l'elfe qui finit par capter mon attention.
- Abbie ?! Qu'est ce que tu fais là ? Je demande surpris en relâchant Lorie instantanément. Je n'ai pas fini ma phrase que la tête de Tobias apparait à son tour.
- Oh ! Salut Lorie ! Tu es aussi là pour la semaine ? Demande le garçon d'un ton enjoué.
Je les regarde interloqué avant que mon amie vienne enfin éclairer la situation que je n'ai aucunement prévu. Au contraire, ils viennent ruiner tous mes plans avec Lorie.
- Ta mère nous a invité, dit-elle simplement. Je comprends mieux pourquoi, ajoute-t-elle en posant les yeux sur ma petite amie.
J'enrage. Même si mon visage reste neutre, je suis certain qu'Abbie le sait. Elle sait toujours tout de moi et mon apprentissage de l'occlumencie ne semble avoir eu aucun effet sur elle. Elle retourne dans le salon principal et entraine tout le monde malgré les grommellements de Tobias qui lui au contraire ne semble avoir rien saisis.
- On dirait bien que ma mère ait décidé de s'en mêler, je dis à Lorie quand toutes les autres oreilles sont hors de portée. Mais ça ne change rien, je continue même si la présence d'Abbie - plus que celle de Tobias - change au contraire tout, que je le veuille ou non. Tu peux rester dormir ici.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
« Uhm… »
Lorie laissa échapper un rire soufflé. Une petite réaction nerveuse alors qu’elle venait de détourner la tête pour essuyer le croc qui coulait de la commissure de ses lèvres. Mais elle sentit la serviette que Drian avait prise pour elle, elle sentait le contact de ses doigts chauds sur sa gorge. Le regard perdu dans la mer de ses iris, la blonde jouait avec sa chevalière nerveusement. Puis… Elle roula les yeux au ciel quand elle entendit le nouveau surnom.
« Efface ton sourire en coin avant que je ne le morde… »
Le ton joueur, Drian s’était lancés dans une sorte de surenchère de taquinerie dans laquelle Lorie l’avait suivi. Elle laissa échapper quelques rires, quelques claques du revers de main sur sa cuisse ou son bras. Quand le repas prit fin, elle accepta naturellement la partie d’échecs. Son esprit se perdait dans un flot de pensées, piégé entre ce qu’elle devait faire et ce qu’elle voulait faire.
« Plaît-il ? Lorie reprenait ses esprits alors qu’elle avait joué de façon machinale. Hum non ça n’a rien à voir… Il manquait juste de connaissances sur le jeu, rien de plus, rien de moins. Oh oui, je me délecte de la moindre parcelle de souffrance qui s’empare de toi. Avait-elle bien entendu menti en levant légèrement les sourcils en guise de provocation. Puis, elle laissa échapper un rire nerveux soufflé. Non bien sûr que non… Mis à part au haras, je… Lorie l’observa, ce n’était certainement pas le moment de rentrer dans un débat sérieux alors qu’elle savait très bien que c’était une nouvelle taquinerie. Pardon, l’espace d’un instant, j’ai cru que tu étais vraiment sérieux. »
Elle continua de jouer sans vraiment porter attention au plateau d’échecs, une ou deux fois cependant elle se sentit un peu piégée. Ne pas jouer pendant aussi longtemps, même dans sa tête, avait des conséquences, son niveau de jeu avait baissé… À quel point ?
Lorie attrapa le bout de la main de Drian et se laissa entraîner dans une danse. Il avait toujours été un excellent danseur, elle avait pu en être le témoin lors du bal l’an dernier. La blonde déposa sa tête sur l’épaule de celui-ci alors que le rythme était plus las. La respiration lente, elle profitait du moment. Elle ne releva la tête que lorsque Drian lui posa une question. Elle ouvrit la bouche pour y répondre lorsqu’elle entendit du bruit. Alerte, elle s’éloigna de Drian et posa la main sur sa baguette. Abbie…
Sa main se relâcha, son visage endormi par la musique de ses pensées dansantes redevint lui-même.
« Salut Tobias, pas à ce que je sache. »
Son regard se porta sur Abbie qui ne l’avait pas saluée. Évidemment, l’amie, petite-amie, ex… Elle ne devait pas porter Lorie en grande estime. Lorie soupira légèrement, elle se contenta de regarder la nouvelle effervescence.
« Hmph… Si ça change des choses et tu le sais. Lorie posa ses lèvres sur celles de Drian, sa main était appuyée sur sa joue. Elle rompit le contact et agita légèrement la tête en tapotant deux fois la poitrine du garçon avec sa paume. Merci Drian, je vais y aller. »
La blonde récupéra ses affaires et, d’un mouvement par-dessus son épaule, rattacha la cape rouge sang à sa robe blanche. Elle marcha d’un pas assuré jusqu’à la cheminée et attrapa un peu de poudre.
« Bonnes vacances à tous les trois » Dit-elle d'une voix neutre, masquant ses émotions, avant de donner son adresse et de disparaître dans un torrent de lumière verte. Elle s'était passé de faire un commentaire sur son immature de mère.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Mercredi 03 janvier 2024 - 10h
-Tu quoi ?! Je m’exclame après avoir manqué de m’étouffer avec mon jus da baies de givre assaisonné.
Abbie regarde ailleurs, un petit sourire amusé aux lèvres mais Tobias lui, se trémousse sur sa chaise comme si des carcohl le grignotait, avec une grimace gênée sur le visage. Il ne semble plus où se mettre et il a bien raison !
- Elle m’a prise par surprise, je ne m’y attendais pas ! Et au final, elle me plait bien… C’est arrivé comme ça…
Je le fixe de mon regard bleu glacé, laissant s’installer un silence malaisant, jusqu’à ce qu’il craque.
- Allez quoi, dis quelque chose ! C’est pas si grave ! Ca fait un bail que vous n’êtes plus ensemble !
Le problème n’est pas là, cette fille est juste… inutile.
- Tu aurais pu choisir quelqu’un d’autre qu’elle, Océane est…Je m’interrompt. Le regard que vient de me lancer Abbie est suffisamment clair : « ne vas pas plus loin » semble-t-il me dire. Je suis circonspect, je ne vois pas le mal à dire que cette fille est inintéressante au possible ni pourquoi Tobias le prendrait mal mais elle sait juger les situations alors je m’abstiens de continuer.
- Tu mérites mieux que mes restes, je dis à la place.
Deux réactions simultanées me font alors face. Abbie qui soupire en levant les yeux au ciel et Tobias qui se lève d’un seul coup la mine bouchée.
- C’est vraiment pas cool ça, dit-il avant de sortir de la pièce avec colère.
Je tourne la tête vers Abbie, surpris par la réaction du jeune homme. Elle me regarde la tête penchée, une moue contrariée, comme si j’avais fait exactement le contraire de ce qu’elle voulait.
- Je t’ai prévenu, dit-elle.
- Mais…
- Il est amoureux d’elle.
Pardon ?! Mais qu’est-ce qu’elle me chante là. Je ne les ai même pas vu ensemble une seule fois.
- Qu’est-ce que tu racontes, il est probablement juste vexé, je lui retorque.
Elle soupire à nouveau. Cette fois un long, très long soupire qui me hérisse. J’ai l’impression d’être un gamin pris en faute.
- Si tu te préoccupais un peu moins de toi et un peu plus de lui, tu l’aurais surement vu et tu ne serais pas si étonné. Ce que tu viens de dire n’est pas forcément mieux que ce que tu voulais lui dire. Tes restes ? Sérieux Drian… Tobias t’admire et te respecte, tu pourrais lui rendre la pareille de temps en temps.
Je n’aime pas la façon qu’elle a de me faire la leçon. J’ai même horreur de ça car je n’ai rien à lui répliquer. Elle le voit bien et quitte sa mine reprobatrice pour un visage plus neutre.
- Va t’excuser où Océane arrivera à le monter facilement contre toi.
Voilà donc pourquoi elle ne voulait pas que je critique la jeune fille ?
- Elle se sert de lui ?
- Je ne suis pas sûre… Mais si elle peut l’avoir lui et te nuire en même temps, elle n’hésitera pas.
- Qu’elle essaye donc, je dis avec dégoût avant de me lever. Très bien, je vais le voir.
Avant de quitter la pièce, mon regard caresse celui d’Abbie d’une façon que je ne m’explique pas. Une bouffée de tendresse m’envahit que je rejette immédiatement. C'est à ce même moment qu'une hermine dorée traverse le mur derrière elle pour venir virevolter devant moi.
« Pourrais-tu me retrouver au Café Abréger cet après-midi ? Il faut que l'on parle. J'y serai pour 14h, préviens moi si tu ne peux pas m'y rejoindre. »
Le patronus disparait et le silence qui s'en suit est bien plus pesant que celui quelques minutes plus tôt. Abbie me regarde la mine soucieuse sans faire le moindre commentaire. Je sors de la pièce mais ce n'est finalement pas pour rejoindre Tobias. Il ne vaut mieux pas, tendu comme je le suis à présent. Lorie ne m'a pas demander de la rejoindre pour minauder, j'en ai la certitude et je sens que les choses vont m'échapper d'une manière ou d'une autre. J'ai tout intérêt à évacuer. Faire un tour dans la salle d'entrainement de grand-mère serait une plutôt bonne idée.
***
Rue Claudel - Café Abréger
14h
14h
Défoulé comme jamais, les muscles même tout endolorie et l'esprit un peu embrumé d'avoir autant puisé dans mes reserves magiques, je rejoins Lorie au point de rendez-vous et lui fais un sourire charmant. Je ne lui montrerai rien de ma contrariété - et encore, c'est un euphémisme - qu'a provoqué son message, quitte à passer pour un grand naïf.
- Bonjour Princesse, tu voulais me parler ? Ca avait l'air plutôt urgent. Je demande d'emblée devant la devanture du café avant même que l'on s'installe à une petite table en terrasse.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le regard tourné sur les aiguilles de sa montre, Lorie attendait Drian le cœur lourd. Il s’était passé tellement de choses… Puis, elle n’eut aucun mal à l’observer arriver. Lierre se redressa pour prendre une posture assise tandis que la main de la blonde se posait sur sa tête. Lorie n’eut aucune réaction au surnom princesse, elle ne savait pas vraiment quoi dire, si ce n’est le fait d’en venir au but. Pour autant, elle ne voulait pas le blesser, elle se devait d’arrondir un peu les angles.
« Bonjour Drian… Asseyons-nous. »
Sa voix était calme bien qu’un peu mélancolique. Elle s’était joué combien de fois ce scénario dans sa tête ? Elle était désormais devant le fait accompli. Pourquoi ça devait être aussi compliqué ? Assise à une table de la terrasse, le silence était aussi lourd et ténébreux que les abysses, seul le serveur qui leur demanda leur commande le rompit avec la légèreté d’un enfant dans l’ignorance. Elle prit une voix calme et commença à parler lentement.
« J’aimerais qu’on arrête… Au moins, c’était sorti, je… J’ai essayé de t’aimer, vraiment… Mais… J’ai rencontré une fille. Trop de choses sont compliquées, j’aimerais que ce soit simple… J’ai l’impression que nous sommes des opposés, que nous partageons des choses sans vraiment les partager, qu’on ne porte pas intérêt aux mêmes choses. Je ne sais même pas pourquoi tu m’as embrassée alors que tu semblais ne pas m’apprécier depuis notre escapade au haras. Ma sœur pense que c’est par intérêt, que c’est à cause du tournoi, une amie me souffle de me méfier. Ta mère semble me haïr et j’ai l’impression qu’avec tout ça, je n’ai pas le droit de t’aimer, que j’érige des barrières qui nous empêchent de vivre pleinement. Je ne m’en étais jamais rendu compte, mais avec cette fille, il n’y avait pas tout cela. C’était… Merci… Lorie récupéra son cocktail et le bu presque d’une traite. Je ne me pose pas la question de savoir si je peux lui faire confiance ou pas avec elle… Je suis… Sincèrement désolée, je suis un peu perdue. »
Aucun mensonge n’était sorti de la bouche de Lorie. Quelques larmes s’étaient écoulées, trahissant son profond dilemme et le choix qu’elle avait décidé de faire. Peut-être se trompait-elle, peut-être qu’elle en demandait trop à Drian et peut-être qu’elle était trop exigeante. Mais, tout le poids des secrets mis bout à bout était désormais trop lourd. Comment vivre heureuse et légère avec tout ça ?
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Lorsque j'arrive sur place, je vois Lorie qui m'attends, un matagot à ses côtés. Son attitude, sa voix viennent confirmer mes soupçons. Je prends place à la table et attend qu'elle se décide à parler, les bras croisés sur ma poitrine. Je n'ai pas l'intention de rompre le silence, je préfère laisser l'atmosphère devenir étouffant jusqu'à ce qu'un serveur vienne prendre notre commande. Dès son départ, elle se lâche enfin. Je l'écoute sans l'interrompre, me contente de l'observer d'un air paisible. Entre son message et l'heure du rendez-vous, j'ai eu le temps d'évacuer toute ma colère et ma frustration, je n'ai donc aucune réaction à son discours mélodramatique. Elle joue bien la comédie avec cet air affligé et ses larmes ridicules. Tellement bien que j'ai la nette impression qu'elle y croit elle-même.
- Je comprends, je finis par dire d'une voix neutre après un long silence. Tu te poses des questions auxquelles tu aurais déjà les réponses si tu avais réellement essayé de me comprendre. Et pas que moi d'ailleurs. Ma mère, te haïr ? Un sourire discret étire mes lèvres et je secoue la tête. Tu as des yeux pour voir, mais tu ne vois rien. Et tu laisses les autres décider de tes sentiments pour toi, des personnes qui ne me connaissent pas, mais soit. Si tel est ton choix, Lorie, il en sera ainsi. Je ne te compliquerai pas la tâche.
Je laisse peser mes mots qui scellent la fin de mon opération "douce" - un véritable échec qui, si je me l'avoue, m'a un peu fait perdre mon objectif de vu - mais, si je me fiche de ses raisons débiles, il y en a une que ma fierté n'arrive pas à ignorer. Une fille, hein ? Probablement celle qui lui a dit de se méfier de moi, comme je m'en doutais il y a quelques jours. De toute façon, ça ne peut pas être quelqu'un qu'elle a rencontré depuis notre journée ensemble, ça serait ridicule et invraisemblable d'accorder sa confiance en si peu de temps alors qu'elle n'y est pas parvenu en un an avec moi. Encore plus invraisemblable de me quitter pour elle. Non, elle doit nourrir cette idylle depuis un moment, au Brésil certainement, loin du regard de tout ceux la connaissant qui pourrait la juger sur son comportement. La sainte Lorie, flirtant - ou pire, alors qu'elle est déjà avec quelqu'un d'autre. Elle continue chaque jour de me révéler ses failles et de fissurer cette toile si pure qu'elle essaye de montrer à tout le monde - mais qui ne m'a jamais trompé. Elle me donne l'opportunité de dresser un tout nouveau portrait d'elle. Son retour à Beauxbâtons risque d'être moins lisse que ce qu'elle pense.
- J'ai une seule question. Comment peux-tu savoir que c'est différent avec cette fille, puisque c'est avec moi que tu es, était, en couple. M'as-tu trompé ?
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie regardait Drian parler, ou plutôt lui faire la leçon. L’ironie c’était que la seule qui avait eu un poids dans la décision de Lorie était Lys, une camarade qui partageait une partie de son âme. Mais cette discussion était courante, elle commençait à en avoir l’habitude.
« Je ne sais pas quel genre de barrière tu t’es imposée, je ne sais même pas réellement si tu en as… Ce que je sais c’est que tu as une fierté qui ne m’a pas permise de me dévoiler et de te faire pleinement confiance. J’espère, de tout mon cœur, que tu as raison et que je suis aveugle au point de ne rien voir. »
Lorie se releva sans même finir sa commande. Elle déposa les liards pour les deux consommations et finalement fit un petit mouvement de tête pour le saluer. Mais avant qu’elle n’ait put tourner les talons, Drian posa une question.
« Non, la différence c’est que lorsque je pose une question j’ai des réponses, je n’ai pas de question retournée. C’est simple… Nous n'avons jamais réussi à nous comprendre, ne va pas penser que tout ce qu’on à partagé était faux car tu deviendrais aveugle comme je le suis. J’aurais été capable d’accepter toute tes facettes, je ne t’ai jamais jugé même quand nous parlions de magie noire. Tu m’as souvent poussé à te détester et malgré ça je continue de beaucoup t’apprécier… Un jour peut-être… Je le souhaite… Nous arriverons à nous comprendre. »
Lorie haussa les épaules de façon navrée, puis elle tourna les talons. D’un pas lent elle se rendait vers les cheminées afin de rentrer chez elle.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je regarde Lorie s'éloigner dans la rue, un sourire désabusé sur les lèvres. Je déteste sa façon de parler sans mesurer ses paroles, ses manières, sa démarche. Tout chez elle me hérisse. A l'écouter, tout serait de ma faute. Je me demande comment j'ai pu tenir si longtemps. Comment cette fille a bien pu faire naître en moi du désir ? Elle a du me lancer un seductonem sans que je m'en rende compte, ce n'est pas possible autrement. On dirait bien que je me suis trop bien conformé à mon rôle de petit-ami pour cadenasser ma haine que j'en ai oublié à quelle point je la méprisais. C'est pourtant d'une évidence ! Son être tout entier est incompatible avec moi.
Et quelle est crédule aussi... Bien sûr que tout ce qu'on a partagé était faux. Elle y a vraiment cru ma parole. Je n'étais pas si loin de mon but finalement mais on dirait bien que sa curiosité maladive a eu raison de moi et de mes techniques d'évitement. Et pourtant, elle aussi a passé son temps à esquiver mes questions pas plus tard que ce début de semaine. Au fond, je n'aurai pas pu faire mieux mais si cette fille n'existait pas, les choses auraient quand même pu rester ainsi jusqu'à ce que j'ai les outils suffisants pour détruire Lorie. Quel dommage. Elle dit qu'elle ne m'a pas trompé et je n'ai détecté aucun mensonge dans ses paroles. Pour autant, je ne sais pas... j'ai dû mal à le croire. Elle parle de cette fille avec une lueur dans les yeux qu'elle n'a jamais eu pour moi. Mais cette lueur, je l'ai déjà vu ailleurs...
Je lui laisse le temps de disparaître avant de me lever à mon tour et de marcher d'un pas rapide vers les cheminées. Je suis étonné de voir la sorcière juste devant l'une d'elle. Elle a vraiment pris son temps. Je pensai qu'elle serait déjà parti. Mue par une envie sadique soudaine, je la hèle.
- Bonne chance pour le tournoi Lorie, je dis avec un grand sourire. Je penserai à toi.
Je m'engouffre dans la cheminée d'à côté. Je penserai à elle oui, en nourrissant mes pensées de vœux de souffrance et de larmes. Quoique qu'on lui reserve là-bas, je détesterai de la voir revenir indemne - vu qu'elle reviendra, sa Seigneurie m'ayant affirmé qu'elle n'était qu'une distraction pour le directeur. En parlant du directeur, je dois vite me reconcentrer. Demain m'attends un rendez-vous important. Lorie passera largement en second plan tant que je n'aurai pas achevé ma mission.
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