Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Dimanche 24 décembre 2023
12, Rue du Garet, Lyon - Famille Daroux
19h30
12, Rue du Garet, Lyon - Famille Daroux
19h30
Suzanne Daroux avait à peine laissé le temps à sa petite famille de saluer leurs trois invités pour le réveillon de Noël : Lorie, Elina et Pensée Fleury, qui venaient tout juste de déposer leur barda. Malgré les protestations d'à peu près tout le monde (surtout Teilo), elle avait incité Lorie à la suivre immédiatement dans l'escalier en criant : "Désolée, priorité Uno. L'heure est grave !" Teilo se mit alors à imiter le dong grave d'une vieille horloge qui indiquait une nouvelle heure mais Suzanne l'ignora, tout comme les petits rires de Fabrice et Ariane. "Viens, Lolo."
Le pas preste et léger (elle était en chaussettes), la fille aux cheveux auburn guida la sorcière jusqu'à sa chambre et attendit qu'elle y soit entrée pour refermer la porte derrière elle. La chambre de Suzanne s'était comme métamorphosée depuis l'été dernier. Exit les affiches pour sauver la planète placardées sur tous les murs, les draps en lin biodégradable, les boîtes remplies de tracts et les bougies aux huiles essentielles dans tous les coins. Les murs étaient blancs et vierges, rien ne trainait sur le parquet en bois ciré et ça ne sentait rien de particulier sinon le propre.
Le seul soupçon d'originalité était le motif de la nouvelle couverture soigneusement pliée en quatre sur le lit. Des orchidées de différentes couleurs. Et bien sûr, il y avait encore la chaîne hi-fi qui occupait toute une étagère, quoique celle-ci était actuellement éteinte.
"Ok. Pas de panique, je t'explique", fit Suzanne en levant les mains, comme si elle sentait que Lorie allait se mettre en colère. Ses mains disparurent alors dans les manches de son pull moche de noël trop grand (avec une horrible tête de renne). "J'ai perdu ton machin pour changer la météo. Enfin on me l'a pris. Je te promets que je l'ai jamais, jamais sorti d'ici, d'accord ? Et il a disparu vendredi, donc juste avant le début des vacances. Quand je suis revenue du lycée, il était plus dans le tiroir. Donc déjà, ça ne peut pas être Teilo, il était encore à Beauxbâtons. Ca m'étonnerait que ce soit ma mère ou mon père, ils prennent trop au sérieux ma menace de tuer quiconque franchit le seuil de ma porte."
Suzanne s'interrompit pour respirer un grand coup, puis reprit à peine plus lentement : "Olympia est au ski avec son amoureux et elle est partie le 22, donc c'est pas elle. Ca ne laisse que Fabrice, Ariane et Robin. Je pense que c'est Fabrice. C'est tellement évident. Il est juste trop jaloux parce que j'ai un objet magique et pas lui. Mais ça veut dire qu'il a capté que je l'utilisais. Parce que je te promets que j'en ai parlé à personne."
Un instant, une lueur de terreur parut dans les yeux de Suzanne. Et si Lorie ne lui faisait plus confiance après ça ? Mais elle souffla en réalisant qu'elle s'inquiétait un peu pour rien.
"De toute façon, tu peux savoir si je mens. Attends, je te montre."
Elle se dirigea vers la vieille commode en bois et aux pieds ondulants qui ornait un coin de sa chambre. Le meuble lui-même détonait un peu par rapport au reste, il semblait appartenir à un autre siècle. Suzanne ouvrit le tiroir en forçant un peu et celui-ci grinça. L'intérieur était vide et sentait un peu le rance.
"Voilà. Je le mets tout le temps là mais vendredi soir... rien."
La grande soeur de Teilo mit les mains sur ses hanches et se mordit les lèvres en observant Lorie. "J'en ai parlé qu'à Teilo mais il a pas réussi à trouver le voleur. Après, tu le connais, il a pas vraiment cherché."
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Au retour du brésil Lorie avait eu droit à une longue conversation avec sa mère. Beaucoup de choses s’étaient dit et sans l’occlumencie la jeune fille n’aurait sans nul doute jamais cru sa propre mère quand elle lui avait indiqué qu’elle ferait des efforts. Il ne restait plus qu’à voir si cela allait réellement se mettre en place, les paroles étaient une chose, les actions en disaient plus.
Pour autant, la famille Fleury n’avait toujours pas l’habitude de fêter Noël et encore moins le réveillon. C’est tout naturellement que les trois sœurs se rendit à Lyon pour le fêter avec les Daroux. Pensée était aux anges, elle avait rêvassé tout le trajet, tandis qu’Elina, fidèle à elle-même avait décidé de lire un livre de science. Lorie, elle, était plongée dans ses pensées le regard perdu au travers de la fenêtre alors que le bout de son doigt caressait Lys qui s’était lovée sur ses genoux.
À peine arrivée, elle eut seulement le temps de saluer rapidement la famille des Daroux tandis que Suzanne l’entrainait à l’étage. Calme, Lorie laissait le son de ses talons raisonner sur le sol de l’appartement puis sur le parquet étrangement bien ciré de la chambre de Suzanne. Son regard fut happé par les fleurs présentes sur les draps et même si elle était interloquée par tout ce changement, elle ne souffla aucun mot. Préférant reporter son attention sur Suzanne bien trop agitée, qu’elle observa, qu’elle observa d'un œil songeur. Ce n’est que lorsque son amie eut fini de tout expliquer que Lorie rompit son silence.
« Eh bien… » Se contenta-t-elle de dire d’une voix légère et calme. Lorie se déplaça jusqu’au tiroir, laissa ses doigts effleurer le fond en bois et se pencha légèrement pour s’assurer que le tiroir n’était pas cassé dans le fond. Si c’était le cas, il aurait pu glisser et rester coincé. Lorie se redressa avec la grâce et l’élégance dont elle faisait preuve au quotidien.
« Tu m’avais manqué » Dit-elle d'une voix douce et rassurante. Elle fit un petit mouvement de tête et descendit les escaliers d’un pas assuré.
De retour dans le salon, elle observa la petite troupe et leur offrit un sourire amusé. Elle ne semblait pas trop accorder d’importance à ce qu’il venait de se passer. Mais elle était tout de même déçue que l’un des membres de sa famille puisse voler leur propre sœur. Ariane était sans nul doute son suspect numéro un, dans ses lettres Suze lui avait avouer l’utiliser pour éviter le sport… La seule sportive de la maison était celle-ci. Mais les conclusions étaient trop hâtives.
« Je vous vole, Robin, Ariane et Fabrice une petite minute. » Lorie ne donna pas de raison, elle se contenta de faire un petit signe de tête les invitant à monter en s'écartant du chemin. Son sourire s’était effacé et ils avaient tous intérêt à jouer le jeu.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Il avait fallu quatre secondes à Suzanne pour emboîter le pas de Lorie direction l'escalier en marmonnant : "Oui... toi aussi". Bien sûr qu'elles s'étaient manquées, le nombre de lettres qu'elles s'étaient écrites en était témoin et bien sûr qu'il tardait à Suzanne de pouvoir se poser avec Lolo pour qu'elle lui narre dans le détail les folles aventures brésiliennes qu'elle avait esquissées par écrit. Mais ça pouvait attendre encore un peu : il fallait absolument qu'elles retrouvent le changeur de temps et punissent sévèrement le vilain qui avait osé le chaparder et qui s'appellait à coup sûr Fabrice.
Dans le salon, elle porta peu d'intérêt aux activités des uns et des autres. Ce fut à peine si elle entendit Teilo - enfin, Rudolph - expliquer à Pensée, assise à ses côtés sur la banquette, que le nez rouge qu'il portait était le résultat d'un érythème parce que le renne du Père Noël faisait beaucoup d'efforts en tirant le traineau et c'était la manière des rennes de refroidir leur sang. "Tu vois ? Un érythème", s'enthousiasmait le garçon avec un grand sourire en tapotant son nez rouge. "Un NEZ. Rythème."
L'attention de toute la compagnie se tourna rapidement vers Lorie lorsqu'elle invita Robin et Ariane, déguisés en lutins de Noël, et Fabrice, déguisé en Père Noël, à monter. Tout le monde s'échangea quelques regards plus ou moins circonspects et ce fut le grand frère de Teilo qui rompit le silence d'une grosse voix : "Ho ho ho. Si j'en crois votre regard, Madame Lorie, un de ces enfants n'a pas été très très sage !" "Fabrice... juste... tais-toi et monte", grinça Suzanne en tapant un peu durement dans le ventre bien rond de son frangin, ce qui le fit gémir théâtralement mais optémbérer.
Papa Noël bedonnant et lutins aux oreilles d'elfe se mirent donc à gravir les marches. "Ne tardez pas les enfants, nous allons passer à table", fit la voix d'Armelle venant de la cuisine. "Oui, Maman", répondit la maisonnée en choeur. "C'est pourquoi ? On fait une surprise à Teilo ?" murmura une Ariane enthousiaste à son petit frère Robin, qui répondit d'un ton bien plus contenu : "Je crois pas, non." "Ho."
La porte de la chambre de Suzanne se referma derrière le petit groupe. "Bon. Asseyez-vous. Enfin non, restez debout. Vous allez tout me salir", ordonna la grande à ses frères et soeurs qui firent automatiquement une ligne au beau milieu de la pièce. "Ouah, t'as redécoré ?" s'étonna Fabrice, 15 ans, en lissant sa fausse barbe blanche. "Arrête de faire l'idiot, Fabrice. On sait que c'est toi." "Moi quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait encore ?" "Tu sais très bien ce que t'as fait. Avoue tout de suite et rends-le, ta punition sera moins terrible." "Mais de quoi tu parles ?"
La voix du Père Noël, jusque la contenue dans les graves, venait de monter bien haut dans les aigüs. Ariane, 10 ans, cessa de lisser ses grandes oreilles d'elfe et croisa les bras, l'air bougon. "Moi aussi, je comprends pas. Qu'est-ce qui se passe ?" Robin, 9 ans, qui avait profité de l'échange pour regarder tout autour de lui, retira son bonnet de lutin et se mit à en caresser le pompon. Les yeux plissés, il répliqua d'une voix calme : "Quelqu'un a volé quelque chose dans la chambre de Suzanne. Quelque-chose de... magique. Mais qui ?" "Comment ça, quelque-chose de magique ? T'avais quelque-chose de magique ?" fit Fabrice, les yeux ronds, avant de se tourner vers Lorie l'air déconfit. "C'est toi qui lui as donné ?"
"C'est fou comme tu mens mal", coupa sèchement Suzanne avant de se tourner vers le plus jeune, le regard suspicieux. "Robin, comment tu sais ?" Le plus petit ne se démonta pas et continua de caresser méticuleusement son pompon. "T'es bizarre depuis vendredi soir. Si on t'avait volé un truc normal, tu nous l'aurais dit tout de suite. Mais t'as attendu que Lorie arrive. Donc c'est un cadeau qu'elle t'a fait, et c'est magique. Et je pense que t'as peur parce que ça peut nous poser des problèmes avec le Ministère si on le retrouve pas."
Suzanne resta coîte un instant, puis mis les mains sur ses hanches. "Et comment tu sais que c'était dans ma chambre, hein ?" "Euh... le tiroir de la commode de mamie est ouvert ?" répondit Robin en roulant des yeux. "C'est le seul truc d'ouvert dans ta chambre et je vois pas où d'autre vous avez pu aller avec Lorie." Il était navré par l'absence d'esprit logique de sa soeur et ne faisait rien pour le cacher. "Tu l'avais mis là ?" gémit Fabrice, toujours dans les aigüs. "Mais... c'est la pire des cachettes !" "Arrête." "Il a raison. Un voleur va aller voir voir là-dedans en premier", embraya doctement Robin "C'est. Pas. Le. Sujet. Ariane j'ai dit de pas s'asseoir !"
"Mais je m'ennuiiie", gronda la petite soeur qui s'était assise sur la couverture d'orchidées, les bras toujours croisés et les jambes ballantes. "Et j'ai faim. C'est pas rigolo, votre histoire. Et c'est Noël alors arrêtez de vous prendre la tête, d'accord ?"
Suzanne porta la main droite à son visage et se massa les yeux avec son pouce et son index. "Ok, j'abandonne", soupira-t-elle. "Lorie, vas-y, trouve le coupable qu'on en finisse." Fabrice fronçait les sourcils, visiblement peiné. Robin regardait la sorcière avec intérêt en continuant de manipuler son pompon. Sur le lit, Ariane feignait de bailler. Derrière elle, de l'autre côté de la fenêtre, des flocons commençaient à tomber.
Dans le salon, elle porta peu d'intérêt aux activités des uns et des autres. Ce fut à peine si elle entendit Teilo - enfin, Rudolph - expliquer à Pensée, assise à ses côtés sur la banquette, que le nez rouge qu'il portait était le résultat d'un érythème parce que le renne du Père Noël faisait beaucoup d'efforts en tirant le traineau et c'était la manière des rennes de refroidir leur sang. "Tu vois ? Un érythème", s'enthousiasmait le garçon avec un grand sourire en tapotant son nez rouge. "Un NEZ. Rythème."
L'attention de toute la compagnie se tourna rapidement vers Lorie lorsqu'elle invita Robin et Ariane, déguisés en lutins de Noël, et Fabrice, déguisé en Père Noël, à monter. Tout le monde s'échangea quelques regards plus ou moins circonspects et ce fut le grand frère de Teilo qui rompit le silence d'une grosse voix : "Ho ho ho. Si j'en crois votre regard, Madame Lorie, un de ces enfants n'a pas été très très sage !" "Fabrice... juste... tais-toi et monte", grinça Suzanne en tapant un peu durement dans le ventre bien rond de son frangin, ce qui le fit gémir théâtralement mais optémbérer.
Papa Noël bedonnant et lutins aux oreilles d'elfe se mirent donc à gravir les marches. "Ne tardez pas les enfants, nous allons passer à table", fit la voix d'Armelle venant de la cuisine. "Oui, Maman", répondit la maisonnée en choeur. "C'est pourquoi ? On fait une surprise à Teilo ?" murmura une Ariane enthousiaste à son petit frère Robin, qui répondit d'un ton bien plus contenu : "Je crois pas, non." "Ho."
La porte de la chambre de Suzanne se referma derrière le petit groupe. "Bon. Asseyez-vous. Enfin non, restez debout. Vous allez tout me salir", ordonna la grande à ses frères et soeurs qui firent automatiquement une ligne au beau milieu de la pièce. "Ouah, t'as redécoré ?" s'étonna Fabrice, 15 ans, en lissant sa fausse barbe blanche. "Arrête de faire l'idiot, Fabrice. On sait que c'est toi." "Moi quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait encore ?" "Tu sais très bien ce que t'as fait. Avoue tout de suite et rends-le, ta punition sera moins terrible." "Mais de quoi tu parles ?"
La voix du Père Noël, jusque la contenue dans les graves, venait de monter bien haut dans les aigüs. Ariane, 10 ans, cessa de lisser ses grandes oreilles d'elfe et croisa les bras, l'air bougon. "Moi aussi, je comprends pas. Qu'est-ce qui se passe ?" Robin, 9 ans, qui avait profité de l'échange pour regarder tout autour de lui, retira son bonnet de lutin et se mit à en caresser le pompon. Les yeux plissés, il répliqua d'une voix calme : "Quelqu'un a volé quelque chose dans la chambre de Suzanne. Quelque-chose de... magique. Mais qui ?" "Comment ça, quelque-chose de magique ? T'avais quelque-chose de magique ?" fit Fabrice, les yeux ronds, avant de se tourner vers Lorie l'air déconfit. "C'est toi qui lui as donné ?"
"C'est fou comme tu mens mal", coupa sèchement Suzanne avant de se tourner vers le plus jeune, le regard suspicieux. "Robin, comment tu sais ?" Le plus petit ne se démonta pas et continua de caresser méticuleusement son pompon. "T'es bizarre depuis vendredi soir. Si on t'avait volé un truc normal, tu nous l'aurais dit tout de suite. Mais t'as attendu que Lorie arrive. Donc c'est un cadeau qu'elle t'a fait, et c'est magique. Et je pense que t'as peur parce que ça peut nous poser des problèmes avec le Ministère si on le retrouve pas."
Suzanne resta coîte un instant, puis mis les mains sur ses hanches. "Et comment tu sais que c'était dans ma chambre, hein ?" "Euh... le tiroir de la commode de mamie est ouvert ?" répondit Robin en roulant des yeux. "C'est le seul truc d'ouvert dans ta chambre et je vois pas où d'autre vous avez pu aller avec Lorie." Il était navré par l'absence d'esprit logique de sa soeur et ne faisait rien pour le cacher. "Tu l'avais mis là ?" gémit Fabrice, toujours dans les aigüs. "Mais... c'est la pire des cachettes !" "Arrête." "Il a raison. Un voleur va aller voir voir là-dedans en premier", embraya doctement Robin "C'est. Pas. Le. Sujet. Ariane j'ai dit de pas s'asseoir !"
"Mais je m'ennuiiie", gronda la petite soeur qui s'était assise sur la couverture d'orchidées, les bras toujours croisés et les jambes ballantes. "Et j'ai faim. C'est pas rigolo, votre histoire. Et c'est Noël alors arrêtez de vous prendre la tête, d'accord ?"
Suzanne porta la main droite à son visage et se massa les yeux avec son pouce et son index. "Ok, j'abandonne", soupira-t-elle. "Lorie, vas-y, trouve le coupable qu'on en finisse." Fabrice fronçait les sourcils, visiblement peiné. Robin regardait la sorcière avec intérêt en continuant de manipuler son pompon. Sur le lit, Ariane feignait de bailler. Derrière elle, de l'autre côté de la fenêtre, des flocons commençaient à tomber.
- Occlumencie:
- Lorie ne détecte aucun mensonge venant de Fabrice et Ariane. En revanche, elle a senti que Robin a menti en répondant à la première question de Suzanne : "Comment tu sais ?".
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie s’empressa de monter à l’étage derrière la petite famille. Dans la chambre, elle se posta naturellement à côté de la fenêtre et s’appuya contre celle-ci en croisant les bras. Son séjour au Brésil avait commencé à la changer, la présence d’Amy était aussi bénéfique que le changement de cadre. Mais pour l’heure, elle s’en voulait de ne pas avoir anticipé quelque chose d’aussi ridiculement stupide qu’un vol familial. Comment cela aurait pu lui venir à l’esprit ? Elle qui n’avait jamais songé à voler ses sœurs et inversement ?
Appuyée contre le rebord, Lorie écoutait en silence toute la famille. Son calme était si profond qu’elle semblait inatteignable dans sa robe blanche ornée de dentelle et d’une cape attachée par sa broche passant sur son épaule droite. Scrutant les paroles pour analyser les possibles mensonges, elle ne répondit pas à Fabrice lorsque celui-ci lui demanda si c’était elle qui lui avait donné. Robin semblait beaucoup trop en savoir, et même si son esprit logique équilibrait les doutes de Lorie, seul Ariane semblait innocente dans cette affaire.
Lorie soupira, elle se redressa et observa au travers de la fenêtre, puis tira les rideaux pour occulter la vue. D’un geste doux, elle referma le tiroir avant de se retourner.
« Je me fiche de savoir qui a volé Suzanne… Commença-t-elle alors qu’elle regagna le centre de la pièce. Le problème est, que cet objet est sous un contrat magique qui empêche quiconque d’autre que nous de le posséder… Lorie laissa un blanc, s’approcha de Robin et se posta devant lui. Elle fixa son regard avant de sortir sa montre pour en observer les aiguilles. Uhm… Il reste donc encore un peu de temps… Murmura-t-elle en faisant comme si le contrat était censé s’activer après un certain temps. Je vous propose de tous aller dans votre chambre pour cinq minutes, le voleur dépose l’objet devant sa porte et la referme, je le récupère et on profite du réveillon sans que j’ai besoin d’utiliser la magie pour éviter une catastrophe au voleur… » Conclut-elle alors que sa voix était restée calme tout le long de son explication.
Son regard se posa sur Ariane et lui offrit un sourire rassurant, puis sur Fabrice en lui demandant de coopérer sans faire d’histoires, avant de finalement se poser sur Robin où il se voulait plus dur. Elle se tourna enfin vers Suzanne et lui fit un clin d’œil que seul elle pouvait voir avant d’aller s’asseoir sur le lit. Elle sortit un petit carnet à l'ancienne couverture de cuir brune marquée de runes et un crayon de bois pour griffonner à l’intérieur de celui-ci. Elle n'avait plus qu'a attendre.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
C'était peut-être sa posture, son accoutrement, sa manière de se déplacer, le ton calme et assuré de sa voix ou un mélange de tout ça, mais les quatre Daroux (Suzanne comprise) furent suspendus aux lèvres de Lorie jusqu'à ce qu'elle se mette à parler. Même alors, aucun n'osa l'interrompre, sourire, râler ou bailler. Robin se raidit quelque peu quand la sorcière bien plus grande que lui s'approcha de lui mais il soutint son regard, le menton relevé avec un brin de défi. Il avait quand même dégluti à la mention d'une catastrophe annoncée pour le voleur et cessé un instant de caresser le pompon de son bonnet de lutin.
Ils avaient pour consigne de regagner leur chambre. "O-k", chantonna Ariane en sautant du lit, avec un grand sourire pour Lorie. La petite n'était pas fâchée que cette embrouille se termine si vite. D'habitude, ça durait bien plus longtemps, surtout quand il s'agissait de Suzanne et Fabrice. "A dans cinq minuuuutes", lança-t-elle en sortant avec un regard appuyé pour Robin qui la suivait, bonnet à la main. La main libre sur la poignée de la porte, le benjamin se retourna subitement vers Lorie : "Si le contrat magique ne s'active que deux jours après, il n'est pas très efficace, les voleurs ont le temps de-" "Il te reste quatre minutes trente-six secondes sinon catastroooophe", le coupa doucement Suzanne en faisant de gros yeux. Visiblement soulagée par les résultats de l'intervention de Lorie, la grande Daroux semblait beaucoup plus calme que quelques instants plus tôt. Avec un sourire en coin, le jeune lutin dénommé Robin disparut dans le couloir.
Fabrice était resté planté là, les bras ballants, comme un Père Noël qui avait perdu sa hotte. Il ouvrit deux fois la bouche pour dire quelque-chose, se retint et, après un regard pour les deux filles, rejoignit à son tour la sortie en lâchant d'une voix bougonne : "Y'a pire comme catastrophe. Si Maman apprend que t'as un objet magique à la maison, elle va câbler. Et avant que tu demandes, non, je lui dirai pas." A son tour, Suzanne voulut répondre quelque-chose mais se ravisa de peur que Fabrice s'en agace. Elle laissa donc son frère vexé rejoindre le couloir et fermer la porte derrière lui.
"Perfecto", souffla-t-elle alors en se laissant retomber sur son lit. Elle ne songea même pas à dire à Lorie qu'il était interdit de s'asseoir dessus. Un instant, les bras derrière la tête, elle contempla son plafond blanc. "J'aurais ja-mais pensé à Robin. Il cache trop bien son jeu. Si c'est vraiment lui, ma vengeance sera terrible", marmonnait-elle un peu pour elle-même, un peu pour Lorie. Ses sourcils se froncèrent un instant, puis elle se redressa et alla s'asseoir en tailleur plus près de Lorie qui griffonait.
Sans rien dire, elle jeta un oeil par dessus son épaule, attendant que la sorcière ne le remarque pour lui offrir un sourire tout à fait innocent. "Bonjour." Et, après quelques secondes, elle ajouta en haussant un sourcil : "J'pensais que t'aurais bronzé un peu au Brésil. Ou alors vous avez aussi un sort pour empêcher les coups de soleil ?"
Ils avaient pour consigne de regagner leur chambre. "O-k", chantonna Ariane en sautant du lit, avec un grand sourire pour Lorie. La petite n'était pas fâchée que cette embrouille se termine si vite. D'habitude, ça durait bien plus longtemps, surtout quand il s'agissait de Suzanne et Fabrice. "A dans cinq minuuuutes", lança-t-elle en sortant avec un regard appuyé pour Robin qui la suivait, bonnet à la main. La main libre sur la poignée de la porte, le benjamin se retourna subitement vers Lorie : "Si le contrat magique ne s'active que deux jours après, il n'est pas très efficace, les voleurs ont le temps de-" "Il te reste quatre minutes trente-six secondes sinon catastroooophe", le coupa doucement Suzanne en faisant de gros yeux. Visiblement soulagée par les résultats de l'intervention de Lorie, la grande Daroux semblait beaucoup plus calme que quelques instants plus tôt. Avec un sourire en coin, le jeune lutin dénommé Robin disparut dans le couloir.
Fabrice était resté planté là, les bras ballants, comme un Père Noël qui avait perdu sa hotte. Il ouvrit deux fois la bouche pour dire quelque-chose, se retint et, après un regard pour les deux filles, rejoignit à son tour la sortie en lâchant d'une voix bougonne : "Y'a pire comme catastrophe. Si Maman apprend que t'as un objet magique à la maison, elle va câbler. Et avant que tu demandes, non, je lui dirai pas." A son tour, Suzanne voulut répondre quelque-chose mais se ravisa de peur que Fabrice s'en agace. Elle laissa donc son frère vexé rejoindre le couloir et fermer la porte derrière lui.
"Perfecto", souffla-t-elle alors en se laissant retomber sur son lit. Elle ne songea même pas à dire à Lorie qu'il était interdit de s'asseoir dessus. Un instant, les bras derrière la tête, elle contempla son plafond blanc. "J'aurais ja-mais pensé à Robin. Il cache trop bien son jeu. Si c'est vraiment lui, ma vengeance sera terrible", marmonnait-elle un peu pour elle-même, un peu pour Lorie. Ses sourcils se froncèrent un instant, puis elle se redressa et alla s'asseoir en tailleur plus près de Lorie qui griffonait.
Sans rien dire, elle jeta un oeil par dessus son épaule, attendant que la sorcière ne le remarque pour lui offrir un sourire tout à fait innocent. "Bonjour." Et, après quelques secondes, elle ajouta en haussant un sourcil : "J'pensais que t'aurais bronzé un peu au Brésil. Ou alors vous avez aussi un sort pour empêcher les coups de soleil ?"
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie continua de gribouiller et elle se contenta de faire un petit signe de main à Ariane pour lui répondre. Concentrée, elle ne releva pas les paroles de Fabrice et encore moins celles de Robin. Ce n’est que lorsque l’ainé sortit de la chambre qu’elle ordonna à Lys de faire de même pour observer. Lys savait se montrer discrète, elle était même capable de se faire passer pour une ombre en pleine lumière. Lorie ponctua son dessin gribouillé par un point qui cassa la pointe de son crayon gris. Elle rattrapa la mine et la rangea dans son sac avant de prendre conscience que Suzanne était en train d’épier celui-ci. La petite blonde lui adressa un sourire en inclinant sa tête sur le côté. Son « bonjour » rempli d’innocence avait le mérite d’être adorable. La sorcière déchira la page et posta le dessin à côté de sa tête, puis elle tira la langue à Suze.
« Moi aussi mais peut-être que c’est le soleil qui bronze quand il voit ma peau, lâcha-t-elle la langue tirée. J’aurais dû faire un contrat magique, nous le ferons demain si tu veux bien » finit-elle par dire sur un ton plus sérieux, mais tout aussi calmement.
Lorie se déplaça et sortit de son sac des affaires. Une chemise de nuit blanche, un gros pull de noël moche, des chaussons en forme de rennes et un bonnet de papa Noël rouge. Puis elle enleva ses chaussures en gardant l’équilibre.
« Très joli tes draps… Fit remarquer Lorie avec un mouvement de tête alors qu’elle enlevait sa seconde chaussure. Tu savais que mon deuxième prénom, c’était Orchidée ? »
« C'est une sacrée coïncidence… Puis l'orchidée, c'est très joli comme fleur, c'est apaisant… »
« Unh-unh… En effet… Sacrée coïncidence » s’amusa la sorcière.
Lorie se retourna alors et enleva sa robe qui glissa le long de ses jambes. Puis elle dégrafa son soutien-gorge avant de le mettre dans son sac. « Je vais parler à Robin, j’aimerais comprendre pourquoi il a fait une chose comme celle-là. »
Lorie commença à enfiler sa chemise de nuit et ajouta le gros pull de noël rouge et beige à motif de rennes. Puis se retourna vers Suzanne. Elle rangea sa robe dans son sac et en profita pour sortir de longues chaussettes qui montaient jusqu’aux cuisses, qu’elle enfila directement. Elle fit glisser ses pieds dans les chaussons en forme de rennes et posa le bonnet sur sa tête.
« Tada ! Fit-elle alors qu’elle prenait la pose. Tu fais quoi pour le reste des vacances ? » Lorie espérait un peu naïvement qu’elle pourrait à son tour inviter Suze chez elle avant de retourner au Brésil. Grand sourire aux lèvres. Parce que tu pourrais venir un peu chez moi pour changer ? Qu’est-ce que tu en dis ? »
Lorie lui fit un clin d’œil avant de s’approcher à nouveau pour s’asseoir sur le lit. Elle semblait attendre une réponse qu’elle espérait de tout cœur positive. Mais elle ne forcerait pas la main, jamais.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Toujours en tailleur sur son lit, Suzanne ne bougeait pas trop. Maintenant que cette affaire était réglée et qu'elle était certaine de ne pas avoir de problèmes, elle pouvait se concentrer sur ce qui importait vraiment. Elle regardait plus qu'elle n'écoutait Lorie, passant parfois la main dans ses longs cheveux auburn, hochant la tête à tout ce que la sorcière pouvait bien lui dire. Plus Lorie parlait et s'affairait à se changer, moins Suzanne l'écoutait vraiment. Oui oui, Lorie pouvait faire bronzer le soleil. Oui, le contrat magique pour les lier toutes deux au bidule qui changeait la météo était une excellente idée. Elles feraient ça demain ? Parfait. Ha oui, les draps étaient jolis. Elle s'entendit répondre quelque-chose de très bateau à la question sur le motif des orchidées et trouva aussitôt sa réponse nulle : c'était évident que Lorie pouvait percer à jour tous ses mensonges.
Robin ? Lorie voulait parler à Robin, comprendre pourquoi son petit frère avait dérobé son objet magique ?
"On s'en fiche de Robin, non ? On va le récupérer, c'est le principal", fit-elle au dos pâle de son amie. Les raisons de Robin ne l'intéressaient pas du tout. Elle préférait ourdir tranquillement sa vengeance, qui se devait d'être exemplaire pour faire passer à tous les Daroux l'envie d'entrer à nouveau sans autorisation dans sa chambre. Lorie n'approuverait certainement pas, mieux valait ne pas trop insister sur le sujet.
Son amie avait terminé sa métamorphose et prenait la pose comme un vrai mannequin. De sorcière blanche en talons, elle était devenue... une sorte d'anthologie des figures de Noël à elle toute seule. L'ensemble était si incongru que Suze, après quelques secondes d'observation, ne put s'empêcher de rire. A côté de ça, avec son simple pull moche de noël, elle passait presque pour austère. "Alors là, t'es ca-non. Tu pourrais proposer ça comme nouvel uniforme de Beauxbâtons." Mais au delà du côté rigolo, Suzanne trouvait surtout rassurant que Lorie n'ait pas perdu son côté loufoque et un peu barré. C'était quand même ça qui l'avait fait tilter à la base.
La proposition de passer le reste des vacances à Bois-Des-Fées, avec Lorie, la prit légèrement de court et elle cligna plusieurs fois des yeux avant de sauter sur son téléphone qui chargeait sur sa table de nuit. "Attends, je vérifie ce que j'ai de prévu. Hmmm..." Rendez-vous chez le coiffeur, hop, ça pouvait sauter. Soirée chez Claire et son débile de copain aussi. Entraîner Teilo au dessin, ça pouvait attendre les prochaines vacances. Le réveillon du nouvel an avec la famille... elle en avait déjà fait seize, elle pouvait bien en rater un. Il y avait Toxic Holocaust et Abbath en concert à Villeurbane début janvier et elle avait déjà pris son ticket. Tant pis, elle pouvait toujours le revendre. Une fois toutes les bulles dans Google Agenda supprimées, elle tendit fièrement (mais de loin) son écran pour que Lorie n'y voie que du blanc.
"Je crois bien que je suis libre. Y'a plus qu'à demander à Maman, mais je pense que ça va le faire, elle est pas trop chiante en ce moment." Avec un grand sourire, Suzanne reposa son téléphone sur la table de chevet, puis se tourna vers Lorie pour demander avec espoir : "Juste nous deux, hein ?" Elle ne voulait vraiment pas de Maman et Teilo dans les pattes comme l'été dernier. Et si Lorie pouvait la miniaturiser pour la glisser dans sa valise au moment de repartir au Brésil, elle n'était pas contre non plus.
Robin ? Lorie voulait parler à Robin, comprendre pourquoi son petit frère avait dérobé son objet magique ?
"On s'en fiche de Robin, non ? On va le récupérer, c'est le principal", fit-elle au dos pâle de son amie. Les raisons de Robin ne l'intéressaient pas du tout. Elle préférait ourdir tranquillement sa vengeance, qui se devait d'être exemplaire pour faire passer à tous les Daroux l'envie d'entrer à nouveau sans autorisation dans sa chambre. Lorie n'approuverait certainement pas, mieux valait ne pas trop insister sur le sujet.
Son amie avait terminé sa métamorphose et prenait la pose comme un vrai mannequin. De sorcière blanche en talons, elle était devenue... une sorte d'anthologie des figures de Noël à elle toute seule. L'ensemble était si incongru que Suze, après quelques secondes d'observation, ne put s'empêcher de rire. A côté de ça, avec son simple pull moche de noël, elle passait presque pour austère. "Alors là, t'es ca-non. Tu pourrais proposer ça comme nouvel uniforme de Beauxbâtons." Mais au delà du côté rigolo, Suzanne trouvait surtout rassurant que Lorie n'ait pas perdu son côté loufoque et un peu barré. C'était quand même ça qui l'avait fait tilter à la base.
La proposition de passer le reste des vacances à Bois-Des-Fées, avec Lorie, la prit légèrement de court et elle cligna plusieurs fois des yeux avant de sauter sur son téléphone qui chargeait sur sa table de nuit. "Attends, je vérifie ce que j'ai de prévu. Hmmm..." Rendez-vous chez le coiffeur, hop, ça pouvait sauter. Soirée chez Claire et son débile de copain aussi. Entraîner Teilo au dessin, ça pouvait attendre les prochaines vacances. Le réveillon du nouvel an avec la famille... elle en avait déjà fait seize, elle pouvait bien en rater un. Il y avait Toxic Holocaust et Abbath en concert à Villeurbane début janvier et elle avait déjà pris son ticket. Tant pis, elle pouvait toujours le revendre. Une fois toutes les bulles dans Google Agenda supprimées, elle tendit fièrement (mais de loin) son écran pour que Lorie n'y voie que du blanc.
"Je crois bien que je suis libre. Y'a plus qu'à demander à Maman, mais je pense que ça va le faire, elle est pas trop chiante en ce moment." Avec un grand sourire, Suzanne reposa son téléphone sur la table de chevet, puis se tourna vers Lorie pour demander avec espoir : "Juste nous deux, hein ?" Elle ne voulait vraiment pas de Maman et Teilo dans les pattes comme l'été dernier. Et si Lorie pouvait la miniaturiser pour la glisser dans sa valise au moment de repartir au Brésil, elle n'était pas contre non plus.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie observait Suzanne traficoter son téléphone comme un pianiste sur un piano. Elle ne comprenait rien à ce qu’elle était en train de faire, mais cette technologie était décidément très intéressante. Le bruit étouffé de ses doigts qui tapait sur l’écran raisonnait dans la belle chambre bien ordonnée, mais Lorie se désintéressa bien vite du téléphone pour s’allonger en croisant les bras derrière la tête. Fixant le plafond elle laissait son amie s’organiser non sans anticiper un tas de réponse, certaines étaient négatives, tandis que d’autres étaient positives, mais dans le flot imaginaire de la mage blanc ses idées ne s’arrêtaient jamais sur quelque chose en particulier.
Lorie regarda Suzanne quand celle-ci lui affirma qu’elle était libre, ou plutôt qu’elle croyait qu’elle l’était. La sorcière ne chercha pas plus loin, elle prenait cette disponibilité un peu égoïstement. L’adolescente se releva alors et vint se rasseoir non sans prendre appui sur son bras tendu. Un petit sourire s’afficha sur son visage et elle fixa Suzanne sans le moindre mot.
« Pensée a prévu d’inviter Teilo, mais je ne sais pas si elle trouvera le courage de le faire, néanmoins le château est suffisamment grand pour ne pas les croiser, alors oui… Juste nous deux. » Lorie attrapa la main de Suze et l’invita à la suivre. « Viens, on va récupérer ton trucmuche. »
Lorie se releva et prit la direction de la sortie, a chaque pas qu’elle pouvait faire le nez des chaussons rennes s’allumait en rouge. Elle tira la porte et observa Lys lui sauter sur l’épaule puis fixer Suzanne avec un regard tendre. Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que Lorie récupère l’objet en question devant la porte d’Arianne. Le catalyseur en main, l’adolescente mit son doigt sur ses lèvres comme pour signifier à Suzanne de rester silencieuse. Dans un murmure à peine audible, elle demanda à Lys si c’était Ariane qui l’avait déposé devant sa porte ou bien si c’était quelqu’un d’autre tout en rangeant le catalyseur dans sa poche de pull. Le museau de l’hermine pointa la porte de Robin. La mâchoire crispée, la sorcière fronça les sourcils avant de soupirer. Pourquoi Robin faisait-il cela ? Que cherchait-il à prouver ? Elle discuterait avec lui plus tard, pour l’heure, il était temps de passer un bon moment.
« Ariane, Fabrice, Robin ! On descend ! S’exclama-t-elle avant de se mouvoir vers l’escalier, elle en profita pour se retourner et pour marcher à reculons tout en observant Suzanne. Tu sais à la base, je voulais un bob de Noël, mais le ven… »
Le pied de Lorie toucha le vide et elle dégringola les escaliers plus vite qu’il en fallait pour dire Quidditch. Lys de son côté avait sauté sur l’épaule de Suzanne et observa la scène comme si elle en avait l’habitude. Allongée sur le dos aux pieds de l’escalier, Lorie tourna la tête vers la petite famille présente dans le salon.
« Un raccourci… » Justifiait-elle sa chute avec le pouce en l’air comme Teilo avait l’habitude de le faire. Pensée faisait de gros yeux rond et Elina avait roulé les yeux au ciel avant de plonger dans son sac pour récupérer une fiole de potion. Les chaussons de Lorie clignotaient de façon régulière.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Il était difficile pour Suzanne de quantifier le nombre de secondes que dura leur échange de sourires muet, là, sur le lit. Elle sut juste, quand ce fut terminé, que c'était trop court.
Son sourire à elle se figea un peu quand son amie suggéra que Teilo risquait d'être aussi invité. Le château des Fleury (ils n'allaient donc pas à Bois-des-Fées ?) pouvait être grand mais son petit frère avait un don naturel pour coller aux basques. Nul doute qu'il trouverait son chemin jusqu'à elles, puis le bon prétexte pour s'accaparer régulièrement Lorie. Il l'avait suffisament répété à toute la maisonnée depuis vendredi, il avait pleeein de questions à lui poser sur Castobroxo. Castelotruc... l'école de magie du Brésil.
Mais bon. Avec un peu de chance, la jeune et timide Pensée ne lui proposerait rien. Suzanne réfléchit. Peut-être même qu'elle pourrait assumer son rôle de méchante grande soeur et s'assurer de ça. Rien de terrible, juste une petite phrase bien sentie glissée discrètement pour couper direct les ardeurs de la petite Fleury. Si possible pas devant Lorie qui comprendrait immédiatement son manège.
Ce fut donc avec un entrain et un espoir renouvelés qu'elle se laissa prendre la main et guider en bas des escaliers par l'ensorceleuse de Noël. Captivée un instant par le regard doux de l'hermine sur l'épaule de son amie, elle réagit à peine quand Lorie ramassa le tricoteur de temps devant la porte d'Ariane. Un simple "Perfecto" soulagé et elles reprirent leur descente, suivis par les trois autres rejetons Daroux qui, répondant à l'appel de l'Enquêtrice Fleury, avaient ouvert presque en choeur les portes de leurs trois chambres.
Pour Lorie, la descente se termina dans le salon, près du sapin, et avec fracas. Suzanne avait beau avoir crié "Atten-" puis s'être précipitée pour essayer de rattraper la sorcière dans l'escalier, c'était déjà trop tard. Elle ne put qu'assister à la chute du maigre corps avec angoisse, les jambes coupées. Derrière elle, Fabrice, Ariane et Robin s'étaient décalés pour regarder eux aussi, l'air effaré. En bas, Teilo cessa de montrer fièrement ses chaussettes de Noël à Pensée - elles étaient parsemées de "Ho" multicolores et dans tous les sens et il avait envoyé la même paire de taille supérieure en cadeau à Giovanni - pour se précipiter immédiatement au chevet de l'accidentée.
Quand elle vit ça, Suzanne s'activa à son tour et descendit les marches quatre à quatre en tonnant : "C'est bon, Teilo." Teilo comprit immédiatement le message de sa grande soeur, ça voulait dire dégage. Il prit quand même le temps de scruter l'état de Lorie comme Madame Yapara leur avait appris et grimaça un peu. D'accord, elle avait levé son pouce mais quand il faisait ça, c'était surtout pour que personne ne s'inquiète, ça ne voulait pas vraiment dire que tout allait bien. Puis il vit qu'Elina arrivait avec, probablement, un philtre Aimatos vieilli ou une potion Ostodosi dans les mains. Il sourit donc à Lorie puis s'écarta pour laisser la guérisseuse plus expérimentée que lui agir. Sa mère débarquait en trombe de la cuisine, la mine inquiète, les mains grossies par les gants du four : "Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Lorie, tout va bien ?" "Ca va, Maman", la rassura Teilo en s'avançant tranquillement vers elle, un petit sourire aux lèvres. "En fait, Lorie voulait prendre un raccourci mais les chaussons de renne, c'est pas si facile que ça à contrôler. T'inquiète pas, on a tout ce qu'il faut"
Armelle avisa Suzanne et Elina Fleury qui entouraient maintenant Lorie, soupira puis tapota avec ses gants sur les faux bois de renne qui ornaient la tête de son fils. "Aïeuh, attention Maman, c'est super sensible", grimaça Teilo, ce qui eut le mérite de faire sourire sa mère. "Tiens, puisque tu es disponible... viens m'aider en cuisine, mon petit gastromage", l'intima doucement Armelle en retournant aux fourneaux. "Oui, Chef", se raidit le garçon, la mine subitement sérieuse. Il regarda quand même rapidement par dessus son épaule ce que faisait Pensée. "Aïe". Il avait mal au pied droid et prit immédiatement celui-ci entre ses deux mains pour constater qu'une épine de sapin s'était glissée dans sa chaussette. Délicatement, il l'extirpa puis sautilla à la suite de sa mère.
"D'abord le mur, maintenant les escaliers..." grondait Suzanne, agenouillée aux côtés de Lorie. Elle ne s'était même pas aperçue que Lys était sur son épaule. "Tu nous fais quoi la prochaine fois, Miss Oups ? Tu tombes du haut de la cheminée ?" "J'avoue, ce serait plus dans le thème", commenta le Père Noël deux marches plus haut dans l'escalier et qui surplombait la scène. "La barbe, Fabrice." "Quoi, qu'est-ce qu'elle a, ma barbe ?" répondit le garçon en faisant mine de lisser les faux poils blancs sur ses joues. Devant la légèreté barbante de son grand-frère, Suzanne lâcha un "raaah" contenu avant de se tourner vers Elina, l'air préoccupé : "Alors ?"
Ariane s'était assise au milieu de l'escalier, la tête dans les bras et attendait que ça se passe. Robin, lui, en avait eu assez d'attendre et avait enjambé la rambarde pour sauter à pieds joints en bas et se vautrer dans le canapé. Son regard se porta sur les nombreuses décorations de Noël qui envahissaient le salon - comme souvent, sa famille en faisait trop. Les guirlandes se suspendaient aux murs et au plafond comme autant de toiles d'araignée et surchargaient le sapin pourtant déjà bien fourni en étoiles de toutes les couleurs et en figurines de bois. La table ronde multi-fonction avait été dressée avec une bien belle nappe blanche et rouge. Maman avait sorti l'argenterie. Les serviettes étaient toutes neuves et de qualité : le prénom qui y était brodé indiquait la place de chacun. De l'autre côté du salon, sur toute l'étagère, il y avait une crèche joliment agencée avec des vrais petits santons en céramique peints à la main. Dehors, derrière la fenêtre, il neigait à gros flocons.
Il neigait dehors ? Le plus petit des Daroux fronça les sourcils.
Son sourire à elle se figea un peu quand son amie suggéra que Teilo risquait d'être aussi invité. Le château des Fleury (ils n'allaient donc pas à Bois-des-Fées ?) pouvait être grand mais son petit frère avait un don naturel pour coller aux basques. Nul doute qu'il trouverait son chemin jusqu'à elles, puis le bon prétexte pour s'accaparer régulièrement Lorie. Il l'avait suffisament répété à toute la maisonnée depuis vendredi, il avait pleeein de questions à lui poser sur Castobroxo. Castelotruc... l'école de magie du Brésil.
Mais bon. Avec un peu de chance, la jeune et timide Pensée ne lui proposerait rien. Suzanne réfléchit. Peut-être même qu'elle pourrait assumer son rôle de méchante grande soeur et s'assurer de ça. Rien de terrible, juste une petite phrase bien sentie glissée discrètement pour couper direct les ardeurs de la petite Fleury. Si possible pas devant Lorie qui comprendrait immédiatement son manège.
Ce fut donc avec un entrain et un espoir renouvelés qu'elle se laissa prendre la main et guider en bas des escaliers par l'ensorceleuse de Noël. Captivée un instant par le regard doux de l'hermine sur l'épaule de son amie, elle réagit à peine quand Lorie ramassa le tricoteur de temps devant la porte d'Ariane. Un simple "Perfecto" soulagé et elles reprirent leur descente, suivis par les trois autres rejetons Daroux qui, répondant à l'appel de l'Enquêtrice Fleury, avaient ouvert presque en choeur les portes de leurs trois chambres.
Pour Lorie, la descente se termina dans le salon, près du sapin, et avec fracas. Suzanne avait beau avoir crié "Atten-" puis s'être précipitée pour essayer de rattraper la sorcière dans l'escalier, c'était déjà trop tard. Elle ne put qu'assister à la chute du maigre corps avec angoisse, les jambes coupées. Derrière elle, Fabrice, Ariane et Robin s'étaient décalés pour regarder eux aussi, l'air effaré. En bas, Teilo cessa de montrer fièrement ses chaussettes de Noël à Pensée - elles étaient parsemées de "Ho" multicolores et dans tous les sens et il avait envoyé la même paire de taille supérieure en cadeau à Giovanni - pour se précipiter immédiatement au chevet de l'accidentée.
Quand elle vit ça, Suzanne s'activa à son tour et descendit les marches quatre à quatre en tonnant : "C'est bon, Teilo." Teilo comprit immédiatement le message de sa grande soeur, ça voulait dire dégage. Il prit quand même le temps de scruter l'état de Lorie comme Madame Yapara leur avait appris et grimaça un peu. D'accord, elle avait levé son pouce mais quand il faisait ça, c'était surtout pour que personne ne s'inquiète, ça ne voulait pas vraiment dire que tout allait bien. Puis il vit qu'Elina arrivait avec, probablement, un philtre Aimatos vieilli ou une potion Ostodosi dans les mains. Il sourit donc à Lorie puis s'écarta pour laisser la guérisseuse plus expérimentée que lui agir. Sa mère débarquait en trombe de la cuisine, la mine inquiète, les mains grossies par les gants du four : "Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Lorie, tout va bien ?" "Ca va, Maman", la rassura Teilo en s'avançant tranquillement vers elle, un petit sourire aux lèvres. "En fait, Lorie voulait prendre un raccourci mais les chaussons de renne, c'est pas si facile que ça à contrôler. T'inquiète pas, on a tout ce qu'il faut"
Armelle avisa Suzanne et Elina Fleury qui entouraient maintenant Lorie, soupira puis tapota avec ses gants sur les faux bois de renne qui ornaient la tête de son fils. "Aïeuh, attention Maman, c'est super sensible", grimaça Teilo, ce qui eut le mérite de faire sourire sa mère. "Tiens, puisque tu es disponible... viens m'aider en cuisine, mon petit gastromage", l'intima doucement Armelle en retournant aux fourneaux. "Oui, Chef", se raidit le garçon, la mine subitement sérieuse. Il regarda quand même rapidement par dessus son épaule ce que faisait Pensée. "Aïe". Il avait mal au pied droid et prit immédiatement celui-ci entre ses deux mains pour constater qu'une épine de sapin s'était glissée dans sa chaussette. Délicatement, il l'extirpa puis sautilla à la suite de sa mère.
"D'abord le mur, maintenant les escaliers..." grondait Suzanne, agenouillée aux côtés de Lorie. Elle ne s'était même pas aperçue que Lys était sur son épaule. "Tu nous fais quoi la prochaine fois, Miss Oups ? Tu tombes du haut de la cheminée ?" "J'avoue, ce serait plus dans le thème", commenta le Père Noël deux marches plus haut dans l'escalier et qui surplombait la scène. "La barbe, Fabrice." "Quoi, qu'est-ce qu'elle a, ma barbe ?" répondit le garçon en faisant mine de lisser les faux poils blancs sur ses joues. Devant la légèreté barbante de son grand-frère, Suzanne lâcha un "raaah" contenu avant de se tourner vers Elina, l'air préoccupé : "Alors ?"
Ariane s'était assise au milieu de l'escalier, la tête dans les bras et attendait que ça se passe. Robin, lui, en avait eu assez d'attendre et avait enjambé la rambarde pour sauter à pieds joints en bas et se vautrer dans le canapé. Son regard se porta sur les nombreuses décorations de Noël qui envahissaient le salon - comme souvent, sa famille en faisait trop. Les guirlandes se suspendaient aux murs et au plafond comme autant de toiles d'araignée et surchargaient le sapin pourtant déjà bien fourni en étoiles de toutes les couleurs et en figurines de bois. La table ronde multi-fonction avait été dressée avec une bien belle nappe blanche et rouge. Maman avait sorti l'argenterie. Les serviettes étaient toutes neuves et de qualité : le prénom qui y était brodé indiquait la place de chacun. De l'autre côté du salon, sur toute l'étagère, il y avait une crèche joliment agencée avec des vrais petits santons en céramique peints à la main. Dehors, derrière la fenêtre, il neigait à gros flocons.
Il neigait dehors ? Le plus petit des Daroux fronça les sourcils.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie observa toute la petite troupe autour d’elle et jugeait son état en dressant un auto-diagnostique. Visiblement, rien n'était cassé, ses facultés motrices étaient parfaites et mis à part quelques douleurs qu’elle paierait demain avec des hématomes.
« Tout va bien, Armelle merci » répondit Lorie d’une voix calme et douce avant de faire un clin d’œil à Teilo.
Toujours au sol, la grande blonde observa sa petite sœur emboîter le pas de Teilo et sa mère. Son sourire trahissait qu’elle avait beaucoup changé en près de trois mois. Elle était un peu plus assurée, et semblait se lâcher beaucoup plus. Teilo et sa famille étaient devenues pour la benjamine de vrais amis ou une seconde famille.
« Je viens aussi vous aider, madame Daroux » s’empressa de dire Pensée de sa petite voix alors qu’elle se mit à hauteur de Teilo avant de lui adresser un sourire complice quoi qu’un peu gêné.
Lorie fronça les sourcils et se décala lorsqu’Elina mit la potion devant ses yeux. Elle se redressa pour observer sa petite sœur. Amusant, songea-t-elle alors que la suite fut encore plus surprenante.
« Madame Daroux ? Est-ce que vous accepteriez que Teilo vienne passer quelques jours au château avant la rentrée à Beauxbâtons ? » La fillette entrant dans l’adolescence venait de tourner aussitôt au rouge tandis qu’elle franchissait le seuil de la cuisine.
Lorie reporta son attention sur Suzanne et lui offrit un sourire entremêlé d’un regard jugeant quelque peu le surnom qu’elle lui avait donné cet été. La sorcière ouvrit la bouche pour s’amuser de la situation, mais Elina coupa court en répondant que tout semblait aller. Aussitôt, Lorie se releva comme si rien ne s’était passé et fit semblant de ne rien ressentir. Pourtant, la douleur annonçait des bleus, noirs à moins qu’ils soient jaunes ?
« C’était comment la coupe du monde Ariane ? On a gagné ? » Demanda-t-elle en inclinant la tête sur le côté. Lorie écouta attentivement la réponse de la fillette et se tourna vers Suzanne et lui fit un signe pour l’inviter à la suivre sur le canapé. Lys sauta à nouveau sur l’épaule de Lorie et s’empressa de monter sur le haut de sa tête. En se retournant la mage blanc, vis la neige tomber par la fenêtre, neige qui n’avait rien à faire ici et c'était encore plus flagrant que tout à l’heure.
Ainsi, la sorcière qui n’était pas passée à côté des expressions de Robin vint s’asseoir à côté de lui et se pencha à proximité de son oreille sans lâcher la neige des yeux.
« Pas très étonnant quand on joue avec des objets magiques n’est-ce pas ? Murmura-t-elle à son oreille. Tu as été imprudent et on va devoir discuter un peu, tu t’en doutes, et Sherlock Holmes ne te sauvera pas » Lorie se releva et tournoya pour se poster à côté de Suzanne tout sourire aux lèvres. « Alors vous avez été sage madame ? Papa Noël peut vous apporter des cadeaux ? » Lorie transpirait d'une confiance qui rendait son ton un peu taquin et même si elle avait déjà la réponse à sa question, elle s'amusait déjà d'entendre celle de Suzanne.
Elina de son côté était restée près des escaliers avec la fiole à la main.
« T’es fort en science ? » Avait-elle demandé à Fabrice sans trop de tact.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
A l'approche et au sourire de Pensée, Teilo sourit aussi. Il allait reprendre sa route quand la Troisième Année, son amie timide dit quelque chose qui l'arrêta net et fit même se retourner sa mère.
Armelle retira lentement ses gants en observant les deux enfants en face d'elle et côte à côte. Teilo regardait Pensée. Il la trouvait très rouge, et lui, clignant des yeux, se sentait plus pâle que d'habitude, comme si le sang venait brusquement de quitter sa tête. "Dormir au château ? Vous ne restez pas à Bois-des-Fées cette fois-ci ?" demanda sa mère. "Ah... c'est vrai..." Teilo hocha la tête. Oui, c'était mieux, Bois-des-Fées, il y avait Claire, enfin, Madame Rosecieux et il pourrait continuer à s'exercer au vol sur balais dans le jardin. Alors que le château ça devait être très grand et il y avait sûrement la mère des Fleury qui rodait. Teilo avait en général du mal à détester quiconque mais elle, oui, sans problème, et même s'il ne l'avait vue que quelques minutes.
Et puis il y avait Ariane, Fabrice et Olympia et tout ce qu'il avait promis de faire avec eux après Noël. S'il les lâchait, ils allaient lui en vouloir. Et s'il disait non à Pensée...
Comme si elle devinait son malaise, sa maman tempéra d'une voix douce : "C'est une très gentille proposition, Pensée. Je verrai avec Lorie comment on peut s'organiser. Peut-être limiter à un jour ou deux ? D'accord, mon petit poisson ?" Teilo grimaça. Il avait presque treize ans, il avait passé l'âge d'être appelé comme ça. Il hocha néanmoins la tête et ses bois de renne, soulagé, puis sourit à son amie avant de l'inviter d'un coup de menton à le suivre : "Viens, je te montre la bûche en avant-première !"
Sur la table de la cuisine, entre les différentes préparations, tronait une une bûche de Noël verticale qui ressemblait à peu près à la Tour de l'Horloge de Beauxbâtons. Le bas de la tour avait été renforcé par un monticule de chocolat pour ne pas que l'ensemble s'effondre, un mélange de sucre glace et de chantilly formait de la neige sur le toit et le cadran de l'horloge était fait en pâte d'amande. Quant aux aiguilles, il n'y en avait pas. "J'ai pas trouvé la bonne méthode, alors j'ai rien mis. De toute façon, elle servent à rien sur la vraie", souffla Teilo à Pensée avec un petit rire. "Quand vous serez prêts les enfants, vous aménerez les verrines de saumon sur la table. Et ne vous approchez pas trop près du four. La ballotine n'a pas fini de cuire."
Suzanne avait lentement inspiré puis expiré. Lorie aurait vraiment pu se faire très mal, finir à l'hopîtal de Port-au-Platre comme sa soeur cet été mais heureusement, rien de tout ça. La légèreté de celle qui venait de dégringoler une vingtaine de marches la fit légèrement grincer des dents, tout comme sa petite danse vers les uns et les autres Daroux. "Non, c'est les Springboks !" avait répondu une Ariane enthousiaste à la question sur le rugby. "La France a perdu contre eux en quart de finale mais dans l'ensemble, on a bien joué. La prochaine fois, on les éclate." Robin, de son côté, s'était crispé en entendant les murmures de la sorcière, même s'il tentait de le cacher. "Je sais pas qui l'a utilisé, mais c'est pas moi", avait-il simplement déclaré en haussant les épaules.
Du côté de l'escalier, Suzanne se laissa distraire par la conversation entre son andouille de grand frère et la plus froide des soeurs Fleury. "En sciences ? Oh, je ne suis pas trop mauvais." "T'as dix-neuf sur vingt de moyenne." "Ah mais ça, c'est parce que je ne travaille pas beaucoup." "Ca va sinon, les chevilles ?" Son frère l'ignora et se pencha vers Elina et sa potion, un sourcil blanc levé : "Pourquoi tu me demandes ? Tu as une idée derrière la tête ?"
Ah. Enfin Lorie revenait vers elle. La grande Daroux décroisa les bras à son approche et sourit. Sûr qu'elle avait été sage, bien plus sage que d'habitude. "T'as vu ma chambre, non ? Je suis devenue une petite fille modèle. Et j'espère bien que tu m'as amené un cadeau !" "C'est le Père Noël qui apporte les cadeaux, pas Lorie", remarqua Ariane et Suzanne lui tapota sur la tête en roulant des yeux pour Lolo. "Ahhh, l'innocence. Et toi, Lolo, raconte un peu. Combien de cascades incontrôlées au Brésil ? Combien de moyens de locomotion détruits ? Combien de coeurs de prétendants brisés ?"
Armelle retira lentement ses gants en observant les deux enfants en face d'elle et côte à côte. Teilo regardait Pensée. Il la trouvait très rouge, et lui, clignant des yeux, se sentait plus pâle que d'habitude, comme si le sang venait brusquement de quitter sa tête. "Dormir au château ? Vous ne restez pas à Bois-des-Fées cette fois-ci ?" demanda sa mère. "Ah... c'est vrai..." Teilo hocha la tête. Oui, c'était mieux, Bois-des-Fées, il y avait Claire, enfin, Madame Rosecieux et il pourrait continuer à s'exercer au vol sur balais dans le jardin. Alors que le château ça devait être très grand et il y avait sûrement la mère des Fleury qui rodait. Teilo avait en général du mal à détester quiconque mais elle, oui, sans problème, et même s'il ne l'avait vue que quelques minutes.
Et puis il y avait Ariane, Fabrice et Olympia et tout ce qu'il avait promis de faire avec eux après Noël. S'il les lâchait, ils allaient lui en vouloir. Et s'il disait non à Pensée...
Comme si elle devinait son malaise, sa maman tempéra d'une voix douce : "C'est une très gentille proposition, Pensée. Je verrai avec Lorie comment on peut s'organiser. Peut-être limiter à un jour ou deux ? D'accord, mon petit poisson ?" Teilo grimaça. Il avait presque treize ans, il avait passé l'âge d'être appelé comme ça. Il hocha néanmoins la tête et ses bois de renne, soulagé, puis sourit à son amie avant de l'inviter d'un coup de menton à le suivre : "Viens, je te montre la bûche en avant-première !"
Sur la table de la cuisine, entre les différentes préparations, tronait une une bûche de Noël verticale qui ressemblait à peu près à la Tour de l'Horloge de Beauxbâtons. Le bas de la tour avait été renforcé par un monticule de chocolat pour ne pas que l'ensemble s'effondre, un mélange de sucre glace et de chantilly formait de la neige sur le toit et le cadran de l'horloge était fait en pâte d'amande. Quant aux aiguilles, il n'y en avait pas. "J'ai pas trouvé la bonne méthode, alors j'ai rien mis. De toute façon, elle servent à rien sur la vraie", souffla Teilo à Pensée avec un petit rire. "Quand vous serez prêts les enfants, vous aménerez les verrines de saumon sur la table. Et ne vous approchez pas trop près du four. La ballotine n'a pas fini de cuire."
* * *
Suzanne avait lentement inspiré puis expiré. Lorie aurait vraiment pu se faire très mal, finir à l'hopîtal de Port-au-Platre comme sa soeur cet été mais heureusement, rien de tout ça. La légèreté de celle qui venait de dégringoler une vingtaine de marches la fit légèrement grincer des dents, tout comme sa petite danse vers les uns et les autres Daroux. "Non, c'est les Springboks !" avait répondu une Ariane enthousiaste à la question sur le rugby. "La France a perdu contre eux en quart de finale mais dans l'ensemble, on a bien joué. La prochaine fois, on les éclate." Robin, de son côté, s'était crispé en entendant les murmures de la sorcière, même s'il tentait de le cacher. "Je sais pas qui l'a utilisé, mais c'est pas moi", avait-il simplement déclaré en haussant les épaules.
Du côté de l'escalier, Suzanne se laissa distraire par la conversation entre son andouille de grand frère et la plus froide des soeurs Fleury. "En sciences ? Oh, je ne suis pas trop mauvais." "T'as dix-neuf sur vingt de moyenne." "Ah mais ça, c'est parce que je ne travaille pas beaucoup." "Ca va sinon, les chevilles ?" Son frère l'ignora et se pencha vers Elina et sa potion, un sourcil blanc levé : "Pourquoi tu me demandes ? Tu as une idée derrière la tête ?"
Ah. Enfin Lorie revenait vers elle. La grande Daroux décroisa les bras à son approche et sourit. Sûr qu'elle avait été sage, bien plus sage que d'habitude. "T'as vu ma chambre, non ? Je suis devenue une petite fille modèle. Et j'espère bien que tu m'as amené un cadeau !" "C'est le Père Noël qui apporte les cadeaux, pas Lorie", remarqua Ariane et Suzanne lui tapota sur la tête en roulant des yeux pour Lolo. "Ahhh, l'innocence. Et toi, Lolo, raconte un peu. Combien de cascades incontrôlées au Brésil ? Combien de moyens de locomotion détruits ? Combien de coeurs de prétendants brisés ?"
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Pensée agita la tête de droite à gauche pour répondre à Armelle, non cette année elles n’allaient pas à bois des fées. De toute façon, leur tante passait les fêtes avec la famille Rosecieux et aussi forte que pouvait être celle-ci, elle ne pouvait aller à l’encontre de la mère de la fratrie Fleury.
« A votre convenance madame Daroux » répondit Pensée qui suivit Teilo et écouta toutes ses explications avec la plus grande attention. Le niveau qu’il avait gagné en gastronomie était incroyable et la tour de l’horloge était plus que très réussie.
« Les aiguilles ne servent pas à rien, la rumeur dit que c’est quand le directeur est présent ou non… » Répondit-elle en murmurant. « J’espère que Lorie dira oui, d’ailleurs elle ne le sait pas encore, mais mère est bien plus douce depuis qu’elle a discuté avec et… Garde le secret, car Lorie n’est pas informée, mais Madame Louise a été réembauchée pour s’occuper de nous. » Le sourire de Pensée était rayonnant, madame Louise était comme sa vraie mère alors cette nouvelle l’avait plus qu’enchantait et Lorie serait sans nul doute merveilleusement touché par sa réapparition. « Je suis prête madame Daroux ! » S’exclama la benjamine des Fleury en faisant bien attention au four tout en attrapant les verrines.
***
Lorie resta silencieuse lorsque Robin lui répondit. Elle se retint même de soupirer. Elle aurait donc une discussion avec Robin ET Teilo… Mais pour l’heure elle préférait se concentrer sur Suzanne alors que sa petite sœur échangeait avec Fabrice. Fabrice qui avait l’air si doué en science qu’il lui faudrait maintenant bien du courage pour se défaire de sa sœur. Elle allait le coller aux basques et le harceler de questions. Lui demandant plein d’explication incroyable sur des aspects physiques, chimiques ou encore psychologique. Et ça commençait déjà puisqu’Elina sortit un livre et montra un paragraphe avant de demander.
« D’après eux, une plume et une boule de cinq-cents kilogrammes peuvent tomber en même temps… C’est vrai ? »
Cela pouvait paraître bête pour des non-magiques, mais Elina avait du mal à se représenter ce genre de chose. Avec la magie, il était évident que c’était vrai, mais comment les non-magiques arrivaient au même résultat sans magie ?!
« Bah oui Suzanne enfin, c’est le père Noël qui apporte les cadeaux… Lorie marqua un silence et regarda Suzanne avec un sourire un peu provocateur. Elle avait dit ça d’une telle évidence, comment Suzanne ne pouvait pas savoir ça ? Il est vrai ! Je suis certaine que le papa Noël t’a apporté quelques cadeaux, pour ce qui est du Brésil… Quelques cœurs malheureusement, mais zéro cascade et aucun dégât à déplorer s’amusa Lorie avant d’ajouter sur un ton plus sérieux. Je fais bonne figure, j’aimerais éviter un incident diplomatique entre nos pays. Lorie marqua une pause et se laissa tomber contre le dossier du canapé. Elle retira ses chaussons et se mit en boule à côté de Suzanne. Et toi ? Tu as des surprises en réserves ? Autre que la chambre ? La mangue est toujours le parfum de glace que tu préfères ? À moins que ce soit l’orchidée ? » La mage blanc observa les réactions de Suzanne et semblait être pendu à ses lèvres. Son petit regard malicieux savait que la suite allait être intéressante.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Ah bon ?"
Teilo s'était redressé en fronçant le nez. Dans toutes ses quêtes de mystères l'année passée avec Gio, il n'avait jamais entendu dire que les aiguilles de la tour de l'horloge s'activaient ou s'arrêtaient en fonction de l'absence ou de la présence de Monsieur Delalande. C'était une rumeur fondée ? Ou encore une histoire que des cinquième année qui se croyaient malins inventaient pour faire tourner en bourrique les plus petits ? Et puis comment la vérifier ? Il faudrait soit demander directement au Directeur, soit le pister pour savoir quand il s'absentait mais... tous les jours... tout le temps !
Teilo décida que c'était juste impossible à faire et que ce mystère, hélas et sauf coup du sort, en resterait un pour lui. C'était ainsi. Il avait un temps libre de plus en plus limité et de nouveaux sujets de préoccupation, comme par exemple améliorer ses notes dans toutes les disciplines magiques (et maintenant il en avait six !) ou faire en sorte qu'il n'arrive rien de fâcheux à ses vrais amis. D'ailleurs, Pensée avait l'air bien trop heureuse en lui assurant que tout irait mieux au château Fleury avec le retour de la gouvernante d'avant. Même leur mère aurait changé ! Mais comment oublier les histoires affreuses que Lorie et Pensée avaient raconté ? La magistrale claque que la mère avait mise à Lorie cet été devant toute la famille Daroux ? D'accord, tout le monde avait le droit à une deuxième chance. Mais une douzième ?
Il sourit doucement à Pensée et hocha une fois la tête, promettant ainsi silencieusement de ne pas divulguer le secret à Lorie. Finalement, ce n'était pas plus mal qu'il aille au Château des Fleury. Il pourrait voir par lui-même.
"Très bien, Pensée. Tu peux les amener à table et en poser une dans chaque assiette."
La voix douce de sa mère lui fit cligner des yeux. Sautillant, il s'approcha des plateaux de Saint-Jacques à la crème. "J'amène les Saint-Jacques, Maman ?" "Non, mon poisson. Reste ici une petite minute. J'ai un mot à te dire."
Gloups. Qu'est-ce qu'il avait encore fait ?
Posée tranquilou sur le grand canapé blanc qui faisait l'angle du salon, Suzanne observait son génie de grand-frère dans l'escalier. Il était visiblement très enthousiaste à la question que lui posait Elina.
"Ha. Oui !" s'exclamait l'ado en se grattant pensivement la barbe tout en lisant le paragraphe que lui montrait la jeune Fleury. "Ca parait impossible, pas vrai ? Mais comme toujours en physique, c'est plus compliqué que ça. Cette théorie prend en compte l'impact du frottement de l'air. On ne peut la vérifier que dans le vide total, dans un endroit qu'on aurait vidé de tout son air." "On a qu'a faire l'expérience dans ton cerveau", le coupa Suzanne, l'air très fière de sa blague. Mais Fabrice était bien trop habitué à ses sempiternelles piques pour lui prêter attention, ce qui, comme toujours, la déçut un peu. Son grand-frère s'était accroupi sur la marche de son escalier pour être au niveau d'Elina : "Si on vide tout l'air du salon et qu'on fait tomber du haut de l'escalier, par exemple... cette étoile là, sur le sapin, et le gros casse-noisettes là, ils arriveront en même temps au sol grâce à la gravité, enfin la mavité maintenant. Bon, le souci, c'est que dans le vide, on perd connaissance en quinze secondes alors on aura à peine le temps de vérifier".
Suzanne se désintéressa totalement de la scène, et pour cause : Lorie, qui avait été si élégante et imposante tout à l'heure dans sa chambre avec sa tenue blanche, était maintenant une boule de Noël baroque à ses côtés. Elle sourit. Si forte tout à l'heure, si vulnérable maintenant. Et elle gérait tellement mieux les petits Daroux qu'elle. Il suffisait de voir les sourires que l'elfe Ariane lui adressait pour avoir confirmé sa version des faits sur le Père Noël et les regards intéressés que le petit lutin Robin lui lançait de temps en temps, quand il oubliait de prétendre s'ennuyer sur son coin de banquette.
Ca n'étonnait vraiment pas la jeune Daroux que la sorcière ait fait chavirer quelques coeurs au Brésil.
"Oh, oui, ma vie est rem-plie de surprises et d'inattendu", ironisa-t-elle en glissant des doigts dans ses cheveux. C'était un mensonge éhonté, le genre que Lorie allait capter sans problème. En fait, il ne s'était rien passé d'extraordinaire dans sa vie depuis août. Les mêmes cours ennuyeux, les mêmes camarades ennuyeux, la même famille lourdingue, les mêmes amis... "Claire passe tout son temps avec Nico alors je ne la vois plus trop. J'ai quitté mon association pour défendre la planète, ils m'ont saoûlé, j'te jure. Ggnagnagni, il faut pas culpabiliser les gens, blablabla, il faut les rallier gentiiiiment à notre cause commune. PFFFFF."
La langue entre les lèvres, Suzanne venait d'émettre une fausse flatulence. Après une longue et audible inspiration, elle se pencha légèrement vers la boule sur le canapé : "Tu sais que ça existe, la glace à l'orchidée ? Ca s'appelle la glace au sahlep. Ils la font en Turquie, à Kahmanra... Kahramamenas ? Je sais plus, j'ai trouvé ça sur Google." Un de ses doigts vint titiller très doucement le lobe de l'oreille de Lorie qui lui était visible : "On a qu'à y aller pour savoir si j'aime ça."
Elle entendit Robin pouffer de l'autre côté du canapé mais ne redressa pas la tête.
Teilo s'était redressé en fronçant le nez. Dans toutes ses quêtes de mystères l'année passée avec Gio, il n'avait jamais entendu dire que les aiguilles de la tour de l'horloge s'activaient ou s'arrêtaient en fonction de l'absence ou de la présence de Monsieur Delalande. C'était une rumeur fondée ? Ou encore une histoire que des cinquième année qui se croyaient malins inventaient pour faire tourner en bourrique les plus petits ? Et puis comment la vérifier ? Il faudrait soit demander directement au Directeur, soit le pister pour savoir quand il s'absentait mais... tous les jours... tout le temps !
Teilo décida que c'était juste impossible à faire et que ce mystère, hélas et sauf coup du sort, en resterait un pour lui. C'était ainsi. Il avait un temps libre de plus en plus limité et de nouveaux sujets de préoccupation, comme par exemple améliorer ses notes dans toutes les disciplines magiques (et maintenant il en avait six !) ou faire en sorte qu'il n'arrive rien de fâcheux à ses vrais amis. D'ailleurs, Pensée avait l'air bien trop heureuse en lui assurant que tout irait mieux au château Fleury avec le retour de la gouvernante d'avant. Même leur mère aurait changé ! Mais comment oublier les histoires affreuses que Lorie et Pensée avaient raconté ? La magistrale claque que la mère avait mise à Lorie cet été devant toute la famille Daroux ? D'accord, tout le monde avait le droit à une deuxième chance. Mais une douzième ?
Il sourit doucement à Pensée et hocha une fois la tête, promettant ainsi silencieusement de ne pas divulguer le secret à Lorie. Finalement, ce n'était pas plus mal qu'il aille au Château des Fleury. Il pourrait voir par lui-même.
"Très bien, Pensée. Tu peux les amener à table et en poser une dans chaque assiette."
La voix douce de sa mère lui fit cligner des yeux. Sautillant, il s'approcha des plateaux de Saint-Jacques à la crème. "J'amène les Saint-Jacques, Maman ?" "Non, mon poisson. Reste ici une petite minute. J'ai un mot à te dire."
Gloups. Qu'est-ce qu'il avait encore fait ?
* * *
Posée tranquilou sur le grand canapé blanc qui faisait l'angle du salon, Suzanne observait son génie de grand-frère dans l'escalier. Il était visiblement très enthousiaste à la question que lui posait Elina.
"Ha. Oui !" s'exclamait l'ado en se grattant pensivement la barbe tout en lisant le paragraphe que lui montrait la jeune Fleury. "Ca parait impossible, pas vrai ? Mais comme toujours en physique, c'est plus compliqué que ça. Cette théorie prend en compte l'impact du frottement de l'air. On ne peut la vérifier que dans le vide total, dans un endroit qu'on aurait vidé de tout son air." "On a qu'a faire l'expérience dans ton cerveau", le coupa Suzanne, l'air très fière de sa blague. Mais Fabrice était bien trop habitué à ses sempiternelles piques pour lui prêter attention, ce qui, comme toujours, la déçut un peu. Son grand-frère s'était accroupi sur la marche de son escalier pour être au niveau d'Elina : "Si on vide tout l'air du salon et qu'on fait tomber du haut de l'escalier, par exemple... cette étoile là, sur le sapin, et le gros casse-noisettes là, ils arriveront en même temps au sol grâce à la gravité, enfin la mavité maintenant. Bon, le souci, c'est que dans le vide, on perd connaissance en quinze secondes alors on aura à peine le temps de vérifier".
Suzanne se désintéressa totalement de la scène, et pour cause : Lorie, qui avait été si élégante et imposante tout à l'heure dans sa chambre avec sa tenue blanche, était maintenant une boule de Noël baroque à ses côtés. Elle sourit. Si forte tout à l'heure, si vulnérable maintenant. Et elle gérait tellement mieux les petits Daroux qu'elle. Il suffisait de voir les sourires que l'elfe Ariane lui adressait pour avoir confirmé sa version des faits sur le Père Noël et les regards intéressés que le petit lutin Robin lui lançait de temps en temps, quand il oubliait de prétendre s'ennuyer sur son coin de banquette.
Ca n'étonnait vraiment pas la jeune Daroux que la sorcière ait fait chavirer quelques coeurs au Brésil.
"Oh, oui, ma vie est rem-plie de surprises et d'inattendu", ironisa-t-elle en glissant des doigts dans ses cheveux. C'était un mensonge éhonté, le genre que Lorie allait capter sans problème. En fait, il ne s'était rien passé d'extraordinaire dans sa vie depuis août. Les mêmes cours ennuyeux, les mêmes camarades ennuyeux, la même famille lourdingue, les mêmes amis... "Claire passe tout son temps avec Nico alors je ne la vois plus trop. J'ai quitté mon association pour défendre la planète, ils m'ont saoûlé, j'te jure. Ggnagnagni, il faut pas culpabiliser les gens, blablabla, il faut les rallier gentiiiiment à notre cause commune. PFFFFF."
La langue entre les lèvres, Suzanne venait d'émettre une fausse flatulence. Après une longue et audible inspiration, elle se pencha légèrement vers la boule sur le canapé : "Tu sais que ça existe, la glace à l'orchidée ? Ca s'appelle la glace au sahlep. Ils la font en Turquie, à Kahmanra... Kahramamenas ? Je sais plus, j'ai trouvé ça sur Google." Un de ses doigts vint titiller très doucement le lobe de l'oreille de Lorie qui lui était visible : "On a qu'à y aller pour savoir si j'aime ça."
Elle entendit Robin pouffer de l'autre côté du canapé mais ne redressa pas la tête.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
« Tout de suite madame Daroux ! » S’empressa de dire avec joie la petite blonde de sa voix aigüe. Elle attrapa le plateau de verrines et s’empressa de prendre la direction de la sortie. Elle eut un moment d’hésitation, puis finalement laissa Teilo et sa mère discuter non sans leur adresser un dernier sourire.
***
De l’autre côté de la porte, dans le salon des Daroux, Elina hochait à plusieurs reprises de la tête aux explications de Fabrice. Tout lui semblait logique même si elle avait du mal à s’en rendre compte. Elle adressa un regard sévère à Suzanne pour sa remarque et reporta son attention sur le non-magique à la barbe du père Noël.De son côté, Lorie observait Suzanne lui répondre en étant pendu à ses lèvres. Toujours en boule dans le canapé son large pull venait étouffer ses genoux et réchauffait le corps de la sorcière. Les explications de Suzanne la rendirent un peu triste au début, son amie s’était visiblement encore plus isolé que cet été. Peut-être que c’était sa façon de remettre de l’ordre dans sa vie, de se trouver un nouvel objectif.
Un sourire plus tard alors que Suzanne venait lui titiller le lobe d’oreille, la mage blanc lui offrit un sourire remplis de joie. Elle n’avait aucune idée que cette glace existait, encore moins qu’elle était turque. Elle ne savait même pas comment Google fonctionnait.
« Froid devant ! » Fit Pensée toute enjouée qui déposa une verrine dans chaque assiette avant de se mettre à rougir en croisant le regard de Suzanne. D’un geste vif et pourtant délicat, Lorie saisissait une verrine et s’allongea sur les jambes de Suze.
« Je préfère rester là, fit-elle alors que Pensée fronçait les sourcils dubitative. Tu es vachement calée en orchidée… Suze. »
« Calé ? » Répéta Pensée qui regardait sa sœur utiliser des mots qu’elle n’avait jamais utilisé auparavant.
« Et tu sais aussi parler le langage des fleurs ? Demanda Lorie d’une voix délicate en plaçant le bout de son index sur le bout du nez de Suzanne. Avant de remarquer que Pensée avait mis une verrine au saumon dans l’assiette de Suzanne. Tu remanges du saumon ? » Fit-elle alors interloquée.
« Oh oui, c’est vrai, tu es végétarienne Suzanne je suis désolée… Je… Je vais voir s’il y en a sans saumon d’accord ? S’exclama alors la benjamine des Fleury sans lui laisser le temps de répondre à la question de sa sœur. Pensée rougissait a vu d’œil et tourna les talons toute penaudes vers la cuisine. Comment j’ai pu oublier ça… » Pesta-t-elle en murmurant comme si elle avait fait l’erreur de sa vie.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Mais ! Il fallait toujours que quelqu'un intervienne au meilleur moment. Quand ce n'était pas Robin qui pouffait, c'était la petite soeur Fleury qui débarquait dans le salon toute guillerette. Suzanne l'observa froidement rougir. Elle ne pouvait pas lui signifier de dégager aussi simplement qu'elle le faisait avec ses frères et soeurs, et puis, ce n'était pas de sa faute, la "pauvre". Elle ne faisait qu'amener des verrines.
Soupirante, Suzanne allait se lever pour se mettre à table mais Lorie se mit en travers de ses jambes, l'empêchant effectivement de bouger. La surprise passée, elle se dit que si la sorcière était plus confortable comme ça, ça ne la dérangeait pas trop non plus. Lorie continuait même leur jeu tactile et de petits sous-entendus. C'était sympa mais là, ça ça commençait à faire un peu trop à son goût. Heureusement qu'elle avait teint ses cheveux en plus rouge. Le sujet de son végétarisme arrivait comme un cheveu sur la soupe, mais quand même à point nommé.
"Nope, pas de viande, pas de poisson. Ca, ça a pas changé. J'ai quand même une ou deux convictions", lâcha-t-elle avec un sourire crispé. Voyant que Pensée semblait ne plus savoir ou se mettre juste parce qu'elle avait oublié une verrine, une once de compassion saisit Suzanne. Comment on pouvait être timide à ce point ? "Y'a rien de grave, hein, t'en fais pas." Plus bas et avec malice, elle glissa à Lorie : "Trop mignonne. T'es sûre que c'est ta soeur ? ... ... Me dis pas que t'étais comme ça avant."
"Ha. Vous êtes là."
La voix de son Père lui fit tourner la tête vers la porte derrière l'escalier, celle qui menait au studio dans lequel Olivier Daroux passait quasiment tout son temps.
"Ben ouais, on a pas disparu."
"Bonsoir, Père."
"Papaaaa."
"Salut."
"Tu sais que c'est un peu particulier, ce soir ? Un indice : regarde la déco."
L'homme maigre caressa sa barbe de trois jours l'air pensif en regardant autour de lui. Il avait les yeux vitreux et ses cheveux étaient hirsutes. Avisant Lorie et Elina, il leur adressa un sourire gêné puis fit volte-face pour rejoindre son studio. "Ha ha. Excusez-moi tout le monde, je reviens."
Les Daroux dans le salon se mirent à rigoler et pouffer. Suzanne soupira en faisant les yeux ronds à Lorie."C'est de pire en pire. Et non, je ne parle pas aux fleurs. Moi, je leur éternue dessus. Ah-Aaaaaah-" Elle interrompit son faux éternuement au dernier moment, elle n'allait quand même pas cracher sur la jolie Lorie à qui elle adressa plutôt un rictus de satisfaction. "Suzanne est allergique au pollen", précisa doctement Robin en rejoignant sa place à la table. "Ouais, j'aime accumuler les tares, c'est rigolo, on se marre bien."
Fabrice, qui aurait pu continuer des minutes ou des heures à échanger avec Elina au sujet de la loi universelle de la gravitation de Newton ou la relativité générale de ce bon vieux taré d'Albert, avait lui aussi prit l'arrivée de son père comme le signal qu'il fallait passer à table et invité Elina à le suivre. Ouais, c'était l'heure. "Vérifie bien les noms sur les serviettes", murmura Suzanne en tapotant la tête de Lorie, "c'est Teilo qui a fait le placement."
Dans la cuisine, Teilo avait écouté sa mère affairée en hochant la tête. Il tapotait discrètement le comptoir avec le dos de ses doigts, inventant un rythme. Il ne comprenait pas ce qui mettait Maman dans un tel état. Elle ne semblait même pas savoir les mots à employer, hésitait et gesticulait plus que d'habitude. C'était à la fois étrange, drôle et agaçant.
"Maman, le four."
"Ce que je voulais te dire, mon poisson-"
"Hem."
"Teilo. Je te l'ai assez répété. Tu n'es pas obligé de faire plaisir à tout le monde."
"Ouiii je sais."
"Et tu ne dois surtout pas te sentir forcé de faire quelque-chose, quoi que ce soit, si tu n'as pas vraiment envie de faire."
Teilo roula des yeux - sérieusement ? - et se pencha pour regarder par l'ouverture de la porte ce qui se passait dans le salon. Flûte, Pensée se ramenait. Il roula des yeux et mit de la tension dans sa voix. "Oulah Maman, ça sent le cramé, la ballotine va être trop cuite !" Aussitôt, Armelle se précipita pour ouvrir le four d'où une petite fumée se dégageait. Teilo, lui, se concentra sur Pensée qui n'avait pas l'air bien. Qu'est-ce que Suzanne lui avait encore dit ? A moins que-
Un rapide coup d'oeil sur le comptoir lui confirma sa suspicion. Parfois, il était aussi étourdi qu'un Picolaton. Il saisit rapidement la verrine d'avocat, tomates et concombres qu'il avait préparé spécialement pour sa soeur, puis oublié, et la tendit à travers l'ouverture de la porte à Pensée. Sa mère choisit ce moment, les mains dans le four, pour dire le pire truc qu'elle pouvait dire : "Pensée m'a l'air d'une fille très gentille et je sais que tu l'apprécies beaucoup. Mais n'oublie pas qu'elle a un an de plus que toi et un an-" "OUI Maman. Je sais !" Les joues roses, Teilo fit à Pensée un sourire qu'il voulait le plus rassurant possible et referma doucement la porte entre elle et lui. Juste avant le clac, elle ne vit plus que son grand oeil bleu qui cligna une seule fois.
Soupirante, Suzanne allait se lever pour se mettre à table mais Lorie se mit en travers de ses jambes, l'empêchant effectivement de bouger. La surprise passée, elle se dit que si la sorcière était plus confortable comme ça, ça ne la dérangeait pas trop non plus. Lorie continuait même leur jeu tactile et de petits sous-entendus. C'était sympa mais là, ça ça commençait à faire un peu trop à son goût. Heureusement qu'elle avait teint ses cheveux en plus rouge. Le sujet de son végétarisme arrivait comme un cheveu sur la soupe, mais quand même à point nommé.
"Nope, pas de viande, pas de poisson. Ca, ça a pas changé. J'ai quand même une ou deux convictions", lâcha-t-elle avec un sourire crispé. Voyant que Pensée semblait ne plus savoir ou se mettre juste parce qu'elle avait oublié une verrine, une once de compassion saisit Suzanne. Comment on pouvait être timide à ce point ? "Y'a rien de grave, hein, t'en fais pas." Plus bas et avec malice, elle glissa à Lorie : "Trop mignonne. T'es sûre que c'est ta soeur ? ... ... Me dis pas que t'étais comme ça avant."
"Ha. Vous êtes là."
La voix de son Père lui fit tourner la tête vers la porte derrière l'escalier, celle qui menait au studio dans lequel Olivier Daroux passait quasiment tout son temps.
"Ben ouais, on a pas disparu."
"Bonsoir, Père."
"Papaaaa."
"Salut."
"Tu sais que c'est un peu particulier, ce soir ? Un indice : regarde la déco."
L'homme maigre caressa sa barbe de trois jours l'air pensif en regardant autour de lui. Il avait les yeux vitreux et ses cheveux étaient hirsutes. Avisant Lorie et Elina, il leur adressa un sourire gêné puis fit volte-face pour rejoindre son studio. "Ha ha. Excusez-moi tout le monde, je reviens."
Les Daroux dans le salon se mirent à rigoler et pouffer. Suzanne soupira en faisant les yeux ronds à Lorie."C'est de pire en pire. Et non, je ne parle pas aux fleurs. Moi, je leur éternue dessus. Ah-Aaaaaah-" Elle interrompit son faux éternuement au dernier moment, elle n'allait quand même pas cracher sur la jolie Lorie à qui elle adressa plutôt un rictus de satisfaction. "Suzanne est allergique au pollen", précisa doctement Robin en rejoignant sa place à la table. "Ouais, j'aime accumuler les tares, c'est rigolo, on se marre bien."
Fabrice, qui aurait pu continuer des minutes ou des heures à échanger avec Elina au sujet de la loi universelle de la gravitation de Newton ou la relativité générale de ce bon vieux taré d'Albert, avait lui aussi prit l'arrivée de son père comme le signal qu'il fallait passer à table et invité Elina à le suivre. Ouais, c'était l'heure. "Vérifie bien les noms sur les serviettes", murmura Suzanne en tapotant la tête de Lorie, "c'est Teilo qui a fait le placement."
* * *
Dans la cuisine, Teilo avait écouté sa mère affairée en hochant la tête. Il tapotait discrètement le comptoir avec le dos de ses doigts, inventant un rythme. Il ne comprenait pas ce qui mettait Maman dans un tel état. Elle ne semblait même pas savoir les mots à employer, hésitait et gesticulait plus que d'habitude. C'était à la fois étrange, drôle et agaçant.
"Maman, le four."
"Ce que je voulais te dire, mon poisson-"
"Hem."
"Teilo. Je te l'ai assez répété. Tu n'es pas obligé de faire plaisir à tout le monde."
"Ouiii je sais."
"Et tu ne dois surtout pas te sentir forcé de faire quelque-chose, quoi que ce soit, si tu n'as pas vraiment envie de faire."
Teilo roula des yeux - sérieusement ? - et se pencha pour regarder par l'ouverture de la porte ce qui se passait dans le salon. Flûte, Pensée se ramenait. Il roula des yeux et mit de la tension dans sa voix. "Oulah Maman, ça sent le cramé, la ballotine va être trop cuite !" Aussitôt, Armelle se précipita pour ouvrir le four d'où une petite fumée se dégageait. Teilo, lui, se concentra sur Pensée qui n'avait pas l'air bien. Qu'est-ce que Suzanne lui avait encore dit ? A moins que-
Un rapide coup d'oeil sur le comptoir lui confirma sa suspicion. Parfois, il était aussi étourdi qu'un Picolaton. Il saisit rapidement la verrine d'avocat, tomates et concombres qu'il avait préparé spécialement pour sa soeur, puis oublié, et la tendit à travers l'ouverture de la porte à Pensée. Sa mère choisit ce moment, les mains dans le four, pour dire le pire truc qu'elle pouvait dire : "Pensée m'a l'air d'une fille très gentille et je sais que tu l'apprécies beaucoup. Mais n'oublie pas qu'elle a un an de plus que toi et un an-" "OUI Maman. Je sais !" Les joues roses, Teilo fit à Pensée un sourire qu'il voulait le plus rassurant possible et referma doucement la porte entre elle et lui. Juste avant le clac, elle ne vit plus que son grand oeil bleu qui cligna une seule fois.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie fut rassurée, Suzanne restait Suzanne, fidèle à elle-même et ses convictions. Et quand celle-ci baissa la tête vers elle, Lorie répondit d’un hochement de tête avec fierté. Évidemment que c’était sa sœur, c’était son petit trésor. Pour ce qui était de savoir si Lorie était comme ça avant, la grande blonde avait un doute.
« Plus ou moins je suppose » répondit-elle machinalement en se relevant pour s’asseoir correctement.
De ses souvenirs, elle était tout de même bien différente, certes très réservée par l’éducation de sa préceptrice ordonnée par ses parents, mais Lorie avait toujours su s’affirmer, en partit à cause de ses soucis avec l’autorité.
« Bonsoir monsieur Daroux » l’avait-elle saluée d’une voix calme.
Elle suivit le père Daroux s’échapper, puis accrocha les lèvres de Suzanne qui lui disait quelque chose. Il était vrai qu’elle avait rarement vu quelqu’un d’aussi timide et solitaire et elle ne pouvait s’empêcher de se demander comment les enfants pouvaient le vivre.
« Je ne suis pas certaine que les fleurs apprécient s’amusa à dire Lorie avant d’observer Robin se mettre à table. « Je vérifierai bien… »
Lorie se coupa instantanément lorsqu’elle entendit une détonation depuis l’extérieur. Soudainement très sérieuse, elle se leva rapidement tout en sortant sa baguette et se déplaça prudemment, mais hâtivement, vers la fenêtre. Quand elle fut assez proche pour observer l’extérieur, elle put voir un bouquet de couleur illuminer le ciel derrière le rideau de flocon et au-dessus des autres immeubles. L’adolescente soupira et se massa le front.
« Des feux d’artifice » avait-elle lâché dans un murmure pour justifier sa réaction.
Elle rangea sa baguette et s’appuya sur la fenêtre pour observer un peu les flocons tomber.
***
Elle se retourna alors et vit sa sœur devant la fenêtre en train d’observer la neige. Elle se rapprocha de la table et posa la verrine dans l’assiette de Suzanne, puis après avoir vu son nom sur la serviette, elle s’installa à table en se laissant tomber sur la chaise. Fuyant le regard des autres, préférant de loin fixer la serviette devant elle.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
La réponse évasive de Lorie rendit Suzanne songeuse. Elle avait comparé Lorie à Pensée sans trop réfléchir, fallait peut-être qu'elle se calme sur les blagues. Après tout, elle même était bien différente de tous ses frères et soeurs, et ça avait de mémoire toujours été le cas, alors pourquoi ce serait différent chez les Fleury ? Voyant que la sorcière sur ses genoux n'avait visiblement pas envie d'en dire plus, elle respecta son silence. Vu tous les engagements que Lorie Fleury avait, les risques qu'elle prenait pour défendre ce qui lui était cher, ce qu'elle avait vécu, elle devait réfléchir beaucoup et en permanence dans sa tête.
Suzanne ne l'enviait pas.
Finalement, Lorie reprit la parole avec une boutade et Suzanne, rassurée, pouffa. Non, les fleurs ne devaient pas apprécier qu'on leur éternue dessus. Mais c'était de leur faute si elles la rendaient malade, aussi. Elle voulut partager cette réflexion avec Lorie mais le bruit distinctif d'un pétard d'artifice l'en empêcha. Immédiatement, Lorie, qui devait avoir confondu avec une explosion, se mit en ordre de bataille, baguette en main, prête à se défendre, défendre sa famille et la famille Daroux. En la voyant faire, Suzanne sourit en jouant avec une mèche de ses longs cheveux. Puis elle se leva et la rejoignit près d'une des trois grandes fenêtres du salon. Dos au rebord, le cou tordu, elle passait du feu d'artifice à moitié caché par les immeubles d'en face à Lorie.
Il neigait dehors, elle venait de s'en rendre compte. Les flocons, c'était quand même pas mal joli, surtout avec le feu d'artifice derrière. "Hm. Au moins, dans cette histoire, Robin aura fait un truc de bien. J'avoue, j'y aurais pas pensé."
A cet instant précis, Teilo débarqua de la cuisine.
"Et voilà les coquilles de Saint-Adèle à la crème ! Aujourd'hui c'est la Saint-Adèle alooors désolé pour les Jacques."
Un plateau de mollusques dans chaque main, un Teilo guilleret s'arrêta à deux pas de la grande table ronde où étaient déjà assis Fabrice, Ariane, Robin et Pensée. Son regard fut attiré par les bruits et lumières au dehors. Par Merlin, c'était déjà l'heure du feu d'artifice ? Mais... non ! Ils devaient le commencer à vingt-deux heures, après le repas ! Il n'avait pas du tout prévu les choses comme ça ! Vite, il fallait qu'il dise à Pensée-
"Euh, Teilo ?"
"Hm ?"
Teilo regarda Fabrice qui faisait de gros yeux ronds et, d'un coup de menton, désignait Pensée, prostrée à la place que lui désignait sa serviette. A côté de lui, bien entendu. Sauf qu'Ariane venait de prendre sa place et se penchait déjà sur la plus jeune des Fleury. "Ca va ?"
Oh non. Il n'aurait jamais du lui claquer la porte à la figure ! Vite, il devait faire quelque-chose. "Euh... atten-dez..." dit-il à personne en particulier en se dépatouillant pour poser à la va-vite les deux plateaux de Saint-Jacques sur la table, renversant au passage une des deux salières que Fabrice s'empressa de remettre droite. Pendant ce petit laps de temps, la tête du Lug chauffait. Il était hors de question que son amie fasse la tête le soir de Noël, ce soir, et par sa faute en plus. Il s'assit à la gauche de Pensée, là où il avait placé Lorie, se racla très doucement la gorge et se pencha légèrement et de biais pour capter le regard fuyant de la fille.
"Hé." Il voulut lui faire un de ses grands sourires mais ça coinçait un peu. Pourtant, il avait l'habitude de rassurer les gens, c'était même un de ses plus grands talents et il s'y employait sans effort. Pourquoi avait-il l'impression que cette fois, c'était un peu différent ? Après deux respirations à la regarder, il se décida : "Ma mère voulait me dire des trucs mais c'était pas très intéressant, en fait. Elle s'inquiète vraiment trop. Et touuut le temps."
Il se mordilla les lèvres. Voir quelqu'un triste, il n'aimait pas, ça le chamboulait à chaque fois dans la gorge et dans l'estomac. Voir Pensée triste... Chaque pétarade de l'autre côté de la fenêtre lui rappelait que son plan pourtant bien huilé prenait l'eau. Il ne lui restait plus beaucoup de temps et Ariane, Robin et Fabrice jetaient vers eux des regards souriants ou torves... gênants. D'un instant à l'autre, sa mère allait débouler de la cuisine en gueulant A TABLE. Rassemblant tout son courage en une inspiration, il sourit de plus belle et baissa d'un ton : "On voit un peu mieux les feux d'artifice de la chambre d'Olympia, tu viens ?"
Suzanne ne l'enviait pas.
Finalement, Lorie reprit la parole avec une boutade et Suzanne, rassurée, pouffa. Non, les fleurs ne devaient pas apprécier qu'on leur éternue dessus. Mais c'était de leur faute si elles la rendaient malade, aussi. Elle voulut partager cette réflexion avec Lorie mais le bruit distinctif d'un pétard d'artifice l'en empêcha. Immédiatement, Lorie, qui devait avoir confondu avec une explosion, se mit en ordre de bataille, baguette en main, prête à se défendre, défendre sa famille et la famille Daroux. En la voyant faire, Suzanne sourit en jouant avec une mèche de ses longs cheveux. Puis elle se leva et la rejoignit près d'une des trois grandes fenêtres du salon. Dos au rebord, le cou tordu, elle passait du feu d'artifice à moitié caché par les immeubles d'en face à Lorie.
Il neigait dehors, elle venait de s'en rendre compte. Les flocons, c'était quand même pas mal joli, surtout avec le feu d'artifice derrière. "Hm. Au moins, dans cette histoire, Robin aura fait un truc de bien. J'avoue, j'y aurais pas pensé."
A cet instant précis, Teilo débarqua de la cuisine.
***
"Et voilà les coquilles de Saint-Adèle à la crème ! Aujourd'hui c'est la Saint-Adèle alooors désolé pour les Jacques."
Un plateau de mollusques dans chaque main, un Teilo guilleret s'arrêta à deux pas de la grande table ronde où étaient déjà assis Fabrice, Ariane, Robin et Pensée. Son regard fut attiré par les bruits et lumières au dehors. Par Merlin, c'était déjà l'heure du feu d'artifice ? Mais... non ! Ils devaient le commencer à vingt-deux heures, après le repas ! Il n'avait pas du tout prévu les choses comme ça ! Vite, il fallait qu'il dise à Pensée-
"Euh, Teilo ?"
"Hm ?"
Teilo regarda Fabrice qui faisait de gros yeux ronds et, d'un coup de menton, désignait Pensée, prostrée à la place que lui désignait sa serviette. A côté de lui, bien entendu. Sauf qu'Ariane venait de prendre sa place et se penchait déjà sur la plus jeune des Fleury. "Ca va ?"
Oh non. Il n'aurait jamais du lui claquer la porte à la figure ! Vite, il devait faire quelque-chose. "Euh... atten-dez..." dit-il à personne en particulier en se dépatouillant pour poser à la va-vite les deux plateaux de Saint-Jacques sur la table, renversant au passage une des deux salières que Fabrice s'empressa de remettre droite. Pendant ce petit laps de temps, la tête du Lug chauffait. Il était hors de question que son amie fasse la tête le soir de Noël, ce soir, et par sa faute en plus. Il s'assit à la gauche de Pensée, là où il avait placé Lorie, se racla très doucement la gorge et se pencha légèrement et de biais pour capter le regard fuyant de la fille.
"Hé." Il voulut lui faire un de ses grands sourires mais ça coinçait un peu. Pourtant, il avait l'habitude de rassurer les gens, c'était même un de ses plus grands talents et il s'y employait sans effort. Pourquoi avait-il l'impression que cette fois, c'était un peu différent ? Après deux respirations à la regarder, il se décida : "Ma mère voulait me dire des trucs mais c'était pas très intéressant, en fait. Elle s'inquiète vraiment trop. Et touuut le temps."
Il se mordilla les lèvres. Voir quelqu'un triste, il n'aimait pas, ça le chamboulait à chaque fois dans la gorge et dans l'estomac. Voir Pensée triste... Chaque pétarade de l'autre côté de la fenêtre lui rappelait que son plan pourtant bien huilé prenait l'eau. Il ne lui restait plus beaucoup de temps et Ariane, Robin et Fabrice jetaient vers eux des regards souriants ou torves... gênants. D'un instant à l'autre, sa mère allait débouler de la cuisine en gueulant A TABLE. Rassemblant tout son courage en une inspiration, il sourit de plus belle et baissa d'un ton : "On voit un peu mieux les feux d'artifice de la chambre d'Olympia, tu viens ?"
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
« C’est Teilo… Robin l’a volé… Teilo l’a utilisé... Pendant qu'on était dans la chambre » murmura Lorie en observant le neige tomber. Suzanne avait raison, il était vrai que c’était une belle idée. Les flocons qui tombaient du ciel apportaient quelque chose de magique. Une magie qui avec le réchauffement climatique n’opérait plus tant que ça, laissant un mois de décembre avec des températures bien trop chaudes pour espérer ce genre de miracle. Peut-être que Lorie avait entre les mains la réponse que Suzanne avait toujours voulu avoir. Peut-être qu’un objet aussi bien pensé, a défaut d’utiliser la métamorphose comme sa tante le pouvait, avait en lui la capacité d’arranger les choses pour les non-magiques.
Lorie passa une main dans sa poche et récupéra le catalyseur. Elle l’observa puis remonta son regard dans les yeux de Suzanne.
« Demain, je protégerai l’objet par un contrat magique, absolument personne à part par toi et bien entendu moi ne pourra le toucher… J’ai fait preuve d’imprudence Suze, j’en suis navrée. Lorie l’observa une dernière fois avant de le ranger dans sa poche. D’ici là, j’en serais la gardienne, pour la suite… J’ai confiance en toi. » La blonde offrit un autre sourire à son amie puis se tourna pour faire face à toute l’assemblée.
Elle n'avait jusqu’alors pas remarqué que Pensée était toute penaude. Il s’était passé quelque chose qui avait échappé à la vigilance de Lorie. Elle vit celle-ci relever un peu la tête et forcer un sourire envers le petit Lug. Il fallait dire que Pensée était beaucoup trop anxieuse et timide. C’est pourquoi, quand Teilo lui indiqua que sa mère voulait lui dire des choses pas vraiment intéressantes, elle laissa une petite grimace s’afficher. De quoi pouvait bien s’inquiéter la mère de Teilo ?
Pensée n’eut pas le temps de pousser la réflexion que celui-ci lui demanda de monter dans la chambre d’Olympia. Elle fit un petit mouvement de tête et changea son sourire forcé par un sourire sincère. Ni une ni deux, elle passa devant Teilo en courant tout en lui attrapant le bras.
« Doucement par Merlin ! » S’exclama Lorie qui n’avait guère envie de voir sa petite sœur tomber dans les escaliers comme elle un peu plus tôt.
« Oui oui ! » Répondit Pensée qui montait les marches deux par deux.
« Je vais profiter qu'il soit en haut pour l'attraper quand il redescendra. » confia Lorie a Suzanne avant que la sorcière ne se déplace en bas de l'escalier.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"C'est Teilo... il était au courant ?" répéta Suzanne, étonnée. Les épaules basses, elle détourna son regard de la fenêtre pour observer Lorie. Ainsi ses petits frères se liguaient secrètement contre elle pour lui dérober son objet et l'utiliser sans son autorisation. Elle n'était pas particulièrement surprise mais c'était fou comme sa famille pouvait encore parvenir à la décevoir.
Même si oui, les flocons, c'était pas mal joli.
Elle détourna une nouvelle fois la tête de la fenêtre, posa son regard sur l'objet magique que Lorie lui avait offert cet été, qu'elle avait récupéré et souhaitait maintenant protéger par une sorte de contrat. Son amie s'en voulait de ne pas avoir été assez prudente. "Moi aussi", avoua la fille aux cheveux rouges avec gêne. Honnêtement, ça aurait pu beaucoup plus mal tourner. Est-ce que Teilo et Robin lui auraient rendu l'objet sans l'intervention de Lorie ? Teilo pensait-il qu'elle n'avait tout simplement pas le droit d'en posséder un parce qu'elle était non-mag ?
Heureusement, ce n'était pas ce que pensait Lorie et, quand celle-ci lui renouvela sa confiance au beau milieu d'un bouquet d'artifice, Suzanne lui sourit franchement. "Je ne le mettrai plus dans la commode de mamie, c'est sûr." Dorénavant, ce serait leur objet à elles et rien qu'à elles, seules elles y seraient liées, et rien que ça, ça lui faisait sa soirée.
Comme Lorie, en même temps qu'elle, Suzanne se tourna vers le salon et remarqua elle aussi que Pensée n'avait pas l'air dans son assiette. Elle ne s'en voulait quand même pas encore pour son erreur de verrine ? Mais rapidement, Suzanne ne savait par quel sortilège, le visage de la petite blonde se métamorphosa et les deux enfants détalèrent à l'étage, elle devant lui derrière. Le petit renne, tout en "woh", "woh", "woh", semblait avoir du mal à suivre le rythme mais, par un numéro d'équilibriste auquel il semblait habitué, joua habilement de ses jambes pour ne pas se rétamer dans l'escalier.
Lorie se postait déjà en vigie, ce que Suzanne approuva d'un coup de tête sec. Justice serait faite.
"Et me voilà !" fit la voix joyeuse de Monsieur Daroux, qui venait de reparaitre à la porte de son studio de musique. Les cheveux maintenant lisses et bien coiffés, le grand homme reserrait sa cravate de Noël rouge et blanche et verte. Son costume, formel, avait les mêmes couleurs et motifs. D'un pas rapide et assuré, il alla jusqu'à Lorie pour lui serrer la main. "Très heureux de vous voir parmi nous, Madame Fleury. N'êtes vous pas ravissante ?" Puis il fit de même avec Elina. "J'espère que vous passez un bon réveillon, Mademoiselle. Vous ne regardez pas le feu d'artifice ?" avant de déposer un bisou sur la tête de Suzanne, Fabrice, Ariane et Robin. Suzanne grogna, comme toujours.
"Tu arrives à point nommé, nous passons à table", fit la voix d'Armelle qui, à son tour, débarquait de la cuisine en enlevant son tablier, révélant la totalité de sa robe longue et rouge. Elle s'arrêta au bord de la table pour regarder vers les fenêtres du salon, circonspecte : "Ce n'était pas prévu qu'il neige". "Hm", fit son mari et, après un regard circulaire vers les jeunes, il eut un petit rire : "Bah, la météo se trompe tout le temps ! Mais où sont Teilo et euh... votre soeur ?"
"Attends, deux secondes."
Teilo ouvrit la porte de la chambre d'Olympia et se faufila rapidement à l'intérieur dans le noir. "Luminos !" D'un coup de pied, il appuya sur l'interrupteur au sol pour allumer les guirlandes, celles-là même qu'il avait installées dans l'après-midi avec Fabrice et qui couraient sur les murs et au plafond. Chacune des LEDs produisait une petite lumière blanche et ça faisait tout autant d'étoiles qui se reflétaient dans les grands miroirs sur le mur de droite. Dans la semi-clarté de ce nouveau ciel, il appuya sur le bouton lecture du mini-postes à cassettes qu'il avait mis dans le coin de la pièce. "Musicos !" Les pauvres vieux haut-parleurs se mirent à crachoter une musique de Noël entraînante chantée par Mariah Carey. Il ne comprenait pas les paroles - c'était en anglais - mais Fabrice lui avait assuré que c'était parfait.
Satisfait, Teilo ouvrit la porte en grand et, rayonnant, attrapa la main de Pensée pour l'entraîner dans la pièce étoilée. Il fit quelques pas sur le parquet de danse dont il connaissait toutes les aspérités. Il tourna une fois autour de la fille aux cheveux blonds, en rythme avec la musique. Puis il pointa un des deux lits collés contre le mur. Une peluche y était assise et les observait d'un oeil malicieux, une créature mi-chat mi-panda. "Tu peux garder Totoro cette nuit ?" Teilo ne précisa pas que la simple présence de la créature était le fruit d'intenses négotiations avec Ariane, sa nouvelle propriétaire depuis qu'il était parti à Beauxbâtons. "C'est un esprit de la forêt, avec lui pas de mauvais rêves."
PofBam-pofpofbam-bababam-pofpam-baaaam.
Mince, c'était déjà le final ! Tout allait trop vite ! "Viens !" s'exclama Teilo en se précipitant vers la fenêtre pour l'ouvrir. Le froid du dehors le saisit mais il n'en avait rien à faire. Du troisième étage, on voyait en effet bien mieux le feu d'artifice et ses myriades de couleurs. C'était comme des fleurs en train d'éclore. Les mains pressées sur la rambarde qui l'empêchait de tomber, il se mit à rire et à brâmer - un cri du renne qu'il avait pris le temps de réviser. Et ouf, il y avait bien les flocons ! En se penchant un peu sur la rambarde, il tendit sa langue pour en attraper un.
POFPOFBAMBAM- BAAAM-BAM.
Ca s'emballait la haut et le garçon à la tête cernée de bois se retourna vers Pensée pour la regarder, les yeux rieurs. Sa tête dodelinait au rythme de la chanson. Le souvenir du feu d'artifice donné sur les remparts de Beauxbâtons pour honorer les délégations de Durmstrang et Hogwarts était encore vivace dans sa mémoire. Pensée n'avait pas pu voir celui du quatorze juillet et elle avait bien failli rater celui-ci, ils s'en étaient tirés de justesse !
Une formidable idée lui vint alors, sans doute sa meilleure depuis longtemps. Ce ne serait pas génial si ils pouvaient voir tous les suivants ensemble ?
Même si oui, les flocons, c'était pas mal joli.
Elle détourna une nouvelle fois la tête de la fenêtre, posa son regard sur l'objet magique que Lorie lui avait offert cet été, qu'elle avait récupéré et souhaitait maintenant protéger par une sorte de contrat. Son amie s'en voulait de ne pas avoir été assez prudente. "Moi aussi", avoua la fille aux cheveux rouges avec gêne. Honnêtement, ça aurait pu beaucoup plus mal tourner. Est-ce que Teilo et Robin lui auraient rendu l'objet sans l'intervention de Lorie ? Teilo pensait-il qu'elle n'avait tout simplement pas le droit d'en posséder un parce qu'elle était non-mag ?
Heureusement, ce n'était pas ce que pensait Lorie et, quand celle-ci lui renouvela sa confiance au beau milieu d'un bouquet d'artifice, Suzanne lui sourit franchement. "Je ne le mettrai plus dans la commode de mamie, c'est sûr." Dorénavant, ce serait leur objet à elles et rien qu'à elles, seules elles y seraient liées, et rien que ça, ça lui faisait sa soirée.
Comme Lorie, en même temps qu'elle, Suzanne se tourna vers le salon et remarqua elle aussi que Pensée n'avait pas l'air dans son assiette. Elle ne s'en voulait quand même pas encore pour son erreur de verrine ? Mais rapidement, Suzanne ne savait par quel sortilège, le visage de la petite blonde se métamorphosa et les deux enfants détalèrent à l'étage, elle devant lui derrière. Le petit renne, tout en "woh", "woh", "woh", semblait avoir du mal à suivre le rythme mais, par un numéro d'équilibriste auquel il semblait habitué, joua habilement de ses jambes pour ne pas se rétamer dans l'escalier.
Lorie se postait déjà en vigie, ce que Suzanne approuva d'un coup de tête sec. Justice serait faite.
"Et me voilà !" fit la voix joyeuse de Monsieur Daroux, qui venait de reparaitre à la porte de son studio de musique. Les cheveux maintenant lisses et bien coiffés, le grand homme reserrait sa cravate de Noël rouge et blanche et verte. Son costume, formel, avait les mêmes couleurs et motifs. D'un pas rapide et assuré, il alla jusqu'à Lorie pour lui serrer la main. "Très heureux de vous voir parmi nous, Madame Fleury. N'êtes vous pas ravissante ?" Puis il fit de même avec Elina. "J'espère que vous passez un bon réveillon, Mademoiselle. Vous ne regardez pas le feu d'artifice ?" avant de déposer un bisou sur la tête de Suzanne, Fabrice, Ariane et Robin. Suzanne grogna, comme toujours.
"Tu arrives à point nommé, nous passons à table", fit la voix d'Armelle qui, à son tour, débarquait de la cuisine en enlevant son tablier, révélant la totalité de sa robe longue et rouge. Elle s'arrêta au bord de la table pour regarder vers les fenêtres du salon, circonspecte : "Ce n'était pas prévu qu'il neige". "Hm", fit son mari et, après un regard circulaire vers les jeunes, il eut un petit rire : "Bah, la météo se trompe tout le temps ! Mais où sont Teilo et euh... votre soeur ?"
* * *
"Attends, deux secondes."
Teilo ouvrit la porte de la chambre d'Olympia et se faufila rapidement à l'intérieur dans le noir. "Luminos !" D'un coup de pied, il appuya sur l'interrupteur au sol pour allumer les guirlandes, celles-là même qu'il avait installées dans l'après-midi avec Fabrice et qui couraient sur les murs et au plafond. Chacune des LEDs produisait une petite lumière blanche et ça faisait tout autant d'étoiles qui se reflétaient dans les grands miroirs sur le mur de droite. Dans la semi-clarté de ce nouveau ciel, il appuya sur le bouton lecture du mini-postes à cassettes qu'il avait mis dans le coin de la pièce. "Musicos !" Les pauvres vieux haut-parleurs se mirent à crachoter une musique de Noël entraînante chantée par Mariah Carey. Il ne comprenait pas les paroles - c'était en anglais - mais Fabrice lui avait assuré que c'était parfait.
Satisfait, Teilo ouvrit la porte en grand et, rayonnant, attrapa la main de Pensée pour l'entraîner dans la pièce étoilée. Il fit quelques pas sur le parquet de danse dont il connaissait toutes les aspérités. Il tourna une fois autour de la fille aux cheveux blonds, en rythme avec la musique. Puis il pointa un des deux lits collés contre le mur. Une peluche y était assise et les observait d'un oeil malicieux, une créature mi-chat mi-panda. "Tu peux garder Totoro cette nuit ?" Teilo ne précisa pas que la simple présence de la créature était le fruit d'intenses négotiations avec Ariane, sa nouvelle propriétaire depuis qu'il était parti à Beauxbâtons. "C'est un esprit de la forêt, avec lui pas de mauvais rêves."
PofBam-pofpofbam-bababam-pofpam-baaaam.
Mince, c'était déjà le final ! Tout allait trop vite ! "Viens !" s'exclama Teilo en se précipitant vers la fenêtre pour l'ouvrir. Le froid du dehors le saisit mais il n'en avait rien à faire. Du troisième étage, on voyait en effet bien mieux le feu d'artifice et ses myriades de couleurs. C'était comme des fleurs en train d'éclore. Les mains pressées sur la rambarde qui l'empêchait de tomber, il se mit à rire et à brâmer - un cri du renne qu'il avait pris le temps de réviser. Et ouf, il y avait bien les flocons ! En se penchant un peu sur la rambarde, il tendit sa langue pour en attraper un.
POFPOFBAMBAM- BAAAM-BAM.
Ca s'emballait la haut et le garçon à la tête cernée de bois se retourna vers Pensée pour la regarder, les yeux rieurs. Sa tête dodelinait au rythme de la chanson. Le souvenir du feu d'artifice donné sur les remparts de Beauxbâtons pour honorer les délégations de Durmstrang et Hogwarts était encore vivace dans sa mémoire. Pensée n'avait pas pu voir celui du quatorze juillet et elle avait bien failli rater celui-ci, ils s'en étaient tirés de justesse !
Une formidable idée lui vint alors, sans doute sa meilleure depuis longtemps. Ce ne serait pas génial si ils pouvaient voir tous les suivants ensemble ?
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie ne savait pas si Teilo était au courant, ce qu’elle savait, grâce à l’occlumencie, c’était que celui-ci avait profité du vol pour l’utiliser, sans se soucier de quoi que ce soit. Chose qu’elle fit comprendre à son amie par un petit mouvement d’épaules, avant d’approuver les propos sur la cachette. De toute façon, ce qui était fait était fait et en bas des escaliers Lorie s’amusait à voir le père Daroux revenir tout beau tout frais. Un grand sourire aux lèvres Lorie lui serra la main.
« Vous me flattez monsieur Daroux, je vous retourne le compliment »
Lorie avait envie de rajouter qu’il n’avait pas besoin d’être aussi formel, mais pour autant elle lui laisserait le temps pour s’accommoder à sa présence. Avec un grand sourire, sûrement du a la magie de Noël, elle regarda le père de famille saluer ses enfants et laissa même un petit gloussement quand Suzanne grogna.
« Un des meilleurs de ma vie monsieur, pour le feu d’artifice… Je prends plus de plaisir à le faire qu’à le regarder » avait répondu la cadette des Fleury non sans lancer un regard complice à Fabrice.
Toujours en bas de l’escalier, l’ainé du trio, adressa un sourire à Armelle en laissa un rire s’échapper quand Elina indiqua qu’il s’agissait de la magie de Noël en parlant de la météo.
« Ils sont en haut Monsieur, je vais aller les prévenir que nous passons à table. »
***
Pensée laissa Teilo Daroux allumer la lumière, mettre la musique comme s’il lançait des sorts. Cela lui arracha un rire sincère avant qu’elle ne s’empresse de suivre ses pas, tirée par le sorcier de Lug. La pièce était somptueusement décorée, si bien que Pensée eut l’envie de tournoyer sur le plancher de dans danse, sous le plafond étoilé. Même sans magie, on pouvait réaliser des choses fantastiques et Teilo venait de lui prouver. Happée par les paroles de son amie, Pensée arpenta de tournoyer pour regarder la peluche que Teilo venait de mentionner.
« Pourquoi ferais-je de mauvais rêves ? » Répondit Pensée avec un sourire timide aux lèvres.
Mais elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit d’autre qu’elle suivit Teilo pour observer les successions de couleurs s’élançant dans le ciel pour l’illuminer dans un panache d’explosion. Le froid de la nuit fut vite oublié devant le spectacle merveilleux qui se présentait devant elle. Chose encore plus extraordinaire, elle partageait ce moment unique avec Tei. Elle laissa même sa tête se poser sur l’épaule du garçon. Observant les dernières couleurs d’un air rêveur.
Puis quand les ténèbres du ciel reprirent leur droit elle entendit un Toctoc. En se tournant, elle vit Lorie appuyée contre le montant de la porte.
« On va passer à table » avait-elle dit d’une voix douce invitant le petit duo à les rejoindre.
Pensée offrit un grand sourire à Teilo et s’empressa de passer la porte pour descendre rejoindre le reste de la famille. Lorie la regarda faire et se déplaça quand elle fut passée. Elle referma la porte derrière elle non sans faire comprendre à sa sœur de ne pas les attendre. Elle ne serait pas longue de toute façon.
« Hey mais…. Tu n’aurais pas un peu grandi ? » Disait la blonde, qui s’avançait d’un pas lent vers le sorcier. Elle mit la même sur le haut de sa tête comme pour le mesurer et offrit un sourire comme elle en avait l’habitude. « Il faut qu’on discute un peu avant de rejoindre les autres. » Signifia-t’elle d’une voix qui se voulait rassurante tandis qu’elle sortait de sa poche le catalyseur pour faire comprendre à Teilo de quoi il s’agissait.
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