Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Décembre 1992
L'apparition des pouvoirs
La vie était paisible à Apatou, surtout en cette fin d'année où tout le monde ne pensait qu'à une chose : l'approche du carnaval quelques semaines plus tard. C'est que ça demandait un peu de préparation et c'était à qui aurait le plus beau costume de Touloulou... et la mère et la grand-mère de Tahina n'étaient pas en reste. Les vacances de Noël, bien que ce ne soit guère fêté dans le coin, était de mise et les enfants en profitaient donc, livrés à eux-mêmes. Du moins, c'était l'impression qu'ils avaient mais dans le village, tous les adultes avaient toujours un œil sur eux, quoiqu'ils en pensent. Bref, la vie était douce en cette fin de saison sèche et la fillette, du haut de ses bientôt 7 ans, s'amusait aux abords de la forêt, essayant de repérer des plantes de soin. Sans succès, elle n'avait pas encore l’expertise de sa mamie, loin de là.
Seulement, toute concentrée à sa tâche, elle n'avait pas vu que Roddy l'avait suivi. Son petit frère avait le don pour se faufiler là où on ne l'attendait pas et si, habituellement, ça ne lui posait pas de problème, elle se sentit blêmir quand elle vit un grage non loin de lui. Agressif, le serpent semblait prêt à mordre quand Tahina sentit quelque chose se passer en elle. Sur le coup, elle ne comprit pas mais elle vit l'animal s'envoler dans les airs, loin loin très loin de son petit frère. Elle bondit alors sur Roddy, le prit dans les bras, tremblante, mais le garçonnet n'avait rien, riait même totalement inconscient de ce qu'il venait de se passer.
Le soulagement de la fillette ne dura pourtant pas longtemps. Par le cri de la Gargouille, elle avait suffisamment souvent entendu sa mère et sa grand-mère parler entre elles pour comprendre ce qu'il s'était passé. Elle était une sorcière, comme son lâche de père qui était parti pour ne pas affronter le fait de n'avoir rien dit à sa femme pendant toutes les années précédant sa naissance. Tahina était trop petite pour tout comprendre certes mais elle avait compris une chose : la magie avait apporté le malheur dans sa famille, elle avait vécu sans père à cause d'elle alors elle n'en voulait pas, elle, de cette magie. Peut-être pourrait-elle la cacher et personne n'en saurait rien ? Oui, c'était ce qu'elle devait faire, elle en était certaine.
Naïveté quand tu nous tiens...
Seulement, toute concentrée à sa tâche, elle n'avait pas vu que Roddy l'avait suivi. Son petit frère avait le don pour se faufiler là où on ne l'attendait pas et si, habituellement, ça ne lui posait pas de problème, elle se sentit blêmir quand elle vit un grage non loin de lui. Agressif, le serpent semblait prêt à mordre quand Tahina sentit quelque chose se passer en elle. Sur le coup, elle ne comprit pas mais elle vit l'animal s'envoler dans les airs, loin loin très loin de son petit frère. Elle bondit alors sur Roddy, le prit dans les bras, tremblante, mais le garçonnet n'avait rien, riait même totalement inconscient de ce qu'il venait de se passer.
Le soulagement de la fillette ne dura pourtant pas longtemps. Par le cri de la Gargouille, elle avait suffisamment souvent entendu sa mère et sa grand-mère parler entre elles pour comprendre ce qu'il s'était passé. Elle était une sorcière, comme son lâche de père qui était parti pour ne pas affronter le fait de n'avoir rien dit à sa femme pendant toutes les années précédant sa naissance. Tahina était trop petite pour tout comprendre certes mais elle avait compris une chose : la magie avait apporté le malheur dans sa famille, elle avait vécu sans père à cause d'elle alors elle n'en voulait pas, elle, de cette magie. Peut-être pourrait-elle la cacher et personne n'en saurait rien ? Oui, c'était ce qu'elle devait faire, elle en était certaine.
Naïveté quand tu nous tiens...
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Septembre 1997
Rentrée à Beaubâtons
Tahina y avait cru dur comme fer qu'elle pourrait cacher son "petit secret" mais bien sûr c'était peine perdue. Elle savait que sa mère était au courant de l'existence de la magie mais pas du fait qu'elle avait vu des membres du ministère qui lui avaient tout expliqué. Elle n'avait donc pas pu cacher l'arrivée de la fée postale, la veille de ses 10 ans, et elle avait eu beau dire que non, elle n'était pas une sorcière, rien n'y avait fait. L'année qui avait suivi avait donc été un long parcours pour la jeune fille, histoire de s'habituer au fait que bientôt, elle devrait quitter son village bien-aimé, sa famille, ses amis. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait pleuré, ni même celles où elle avait supplié sa mère pour qu'elle puisse rester mais non, rien n'y avait fait. Elle maudissait d'autant plus son père. C'était de sa faute tout ça et il était parti comme un lâche pour ne même pas avoir à l'aider. Elle le haïssait chaque jour un peu plus.
Et voilà, fin août 1997, accompagnée de sa mère, elle avait pris l'avion pour la première fois. Si elle avait apprécié la sensation, elle n'aurait jamais reconnu que le voyage lui avait plu, ça non. De toute façon, la boule qu'elle avait dans la gorge était bien trop présente et elle n'avait presque pas prononcé un mot... jusqu'à leur arrivée Rue Claudel. Les membres du ministère avaient expliqué à sa mère comment s'y rendre et en rentrant chez Cosme Acajor pour acheter sa baguette magique, la fillette avait commencé à ressentir de l'excitation. Elle avait du mal à le reconnaître mais apprendre la magie semblait être une aventure palpitante et même si elle avait toujours le cœur serré à l'idée de quitter tout ce qu'elle connaissait, l'envie d'apprendre commençait, doucement, à prendre le dessus. Alors oui, elle versa bien quelques larmes en montant dans le carrosse, gare d'Austerlitz, mais très vite, elle se demanda ce qui l'attendait, écoutant ses camarades parler avec des mots qu'elle ne comprenait pas. "Olympe Maxime", c'était qui ça ? Le nom lui semblait vaguement familier mais elle n'arrivait pas à savoir pourquoi. Son regard l'a trahie et le garçon en face d'elle lui demanda si ses parents étaient sorciers, à quoi elle répondit que non. Elle sentit aussitôt une gêne s'installer mais n'y prêta pas plus attention alors qu'ils arrivaient à Beauxbâtons.
Cette étrange sensation passa rapidement devant la beauté des lieux. Elle avait beau regretter son village, elle devait bien reconnaître que l'académie était magnifique. Partout où se posaient ses yeux, elle découvrait de nouvelles choses. Les jardins luxurieux, les gargouilles qui bougeaient, les salles splendides. Ouah, elle en aurait presque gardé la bouche ouverte d'ébahissement si elle n'avait pas eu peur d'être la cible de moquerie. Elle suivait donc les autres premières années et attendit son tour pour passer devant la Devineresse. Elle répondit sans hésitation à ses questions et le verdict tomba : sa confrérie, ce serait donc Ogme. Elle ne savait pas vraiment ce que ça voulait dire mais elle ressentait déjà une fierté de cette appartenance et espérait clairement se montrer à la hauteur.
Et voilà, fin août 1997, accompagnée de sa mère, elle avait pris l'avion pour la première fois. Si elle avait apprécié la sensation, elle n'aurait jamais reconnu que le voyage lui avait plu, ça non. De toute façon, la boule qu'elle avait dans la gorge était bien trop présente et elle n'avait presque pas prononcé un mot... jusqu'à leur arrivée Rue Claudel. Les membres du ministère avaient expliqué à sa mère comment s'y rendre et en rentrant chez Cosme Acajor pour acheter sa baguette magique, la fillette avait commencé à ressentir de l'excitation. Elle avait du mal à le reconnaître mais apprendre la magie semblait être une aventure palpitante et même si elle avait toujours le cœur serré à l'idée de quitter tout ce qu'elle connaissait, l'envie d'apprendre commençait, doucement, à prendre le dessus. Alors oui, elle versa bien quelques larmes en montant dans le carrosse, gare d'Austerlitz, mais très vite, elle se demanda ce qui l'attendait, écoutant ses camarades parler avec des mots qu'elle ne comprenait pas. "Olympe Maxime", c'était qui ça ? Le nom lui semblait vaguement familier mais elle n'arrivait pas à savoir pourquoi. Son regard l'a trahie et le garçon en face d'elle lui demanda si ses parents étaient sorciers, à quoi elle répondit que non. Elle sentit aussitôt une gêne s'installer mais n'y prêta pas plus attention alors qu'ils arrivaient à Beauxbâtons.
Cette étrange sensation passa rapidement devant la beauté des lieux. Elle avait beau regretter son village, elle devait bien reconnaître que l'académie était magnifique. Partout où se posaient ses yeux, elle découvrait de nouvelles choses. Les jardins luxurieux, les gargouilles qui bougeaient, les salles splendides. Ouah, elle en aurait presque gardé la bouche ouverte d'ébahissement si elle n'avait pas eu peur d'être la cible de moquerie. Elle suivait donc les autres premières années et attendit son tour pour passer devant la Devineresse. Elle répondit sans hésitation à ses questions et le verdict tomba : sa confrérie, ce serait donc Ogme. Elle ne savait pas vraiment ce que ça voulait dire mais elle ressentait déjà une fierté de cette appartenance et espérait clairement se montrer à la hauteur.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Octobre 1997
Ton sang n'est pas ce qu'il faut
Le garçon qui l'avait mise mal à l'aise dans le carrosse, le jour de la rentrée, s'appelait Eric et malheureusement pour Tahina, il était lui aussi chez Ogme. Tout aurait pu s'arrêter là mais voilà, c'était un être abjecte qui se sentait supérieur à tout le monde et n'avait de cesse de répéter que lui avait le sang-pur et qu'en tant que tel, il valait bien mieux que certains. Il ne prenait même pas la peine de préciser le fond de sa pensée mais, à chaque fois, son regard glissait vers la Guyanaise qu'il avait pris pour bouc-émissaire. Elle ne se laissait pas faire, bien sûr, mais en à peine un mois, il avait réussir à lui coller à la peau le statut de sauvageonne dont il fallait se méfier. Et comme souvent chez les enfants, le fait qu'il se mette souvent en avant faisait que les autres le suivaient naturellement. Autant dire que Tahina n'avait que bien peu d'amis voir aucun. Le pire était qu'on lui faisait régulièrement comprendre qu'elle n'avait pas sa place à l'Académie du fait de son statut de sang-mêlé... et dire que sa part sorcière venait d'une personne qu'elle aurait préféré n'être pas son père était un euphémisme.
Bien sûr, seule une minorité d'élèves pensait ainsi mais voilà, pour Tahina, cette minorité prenait bien trop de place dans sa vie. Et cela ne s'arrangeait pas quand elle eut le malheur de demander, lors d'une conversation dans le boudoir, ce qu'était MacAron. Une fois encore, les ricanements lui donnèrent envie de se recroqueviller sur elle-même et que dire de l'apparition d'Eric qui se moqua ouvertement d'elle ? Elle le détestait tellement. Non, elle ne le détestait pas, elle le haïssait et si la déléguée n'était pas arrivée à ce moment-là, elle lui aurait certainement arraché les yeux pour le faire taire. Sa mère avait raison, on ne pouvait pas faire confiance à des gens comme ça. Elle n'aurait peut-être jamais dû entendre cette conversation mais elle était bien d'accord et voulait rentrer chez elle le plus vite possible. Pourquoi devait-elle rester dans un endroit où elle ne voulait pas être ? Elle avait bien du mal à contenir sa rage et retint ses larmes juste assez longtemps pour ne pas donner ce plaisir aux abrutis qui la harcelaient. Elle s'éclipsa vers sa chambre, sans avoir eu sa réponse et la colère au ventre. Un jour, elle ne savait pas encore quand ni comment mais elle se vengerait !
Bien sûr, seule une minorité d'élèves pensait ainsi mais voilà, pour Tahina, cette minorité prenait bien trop de place dans sa vie. Et cela ne s'arrangeait pas quand elle eut le malheur de demander, lors d'une conversation dans le boudoir, ce qu'était MacAron. Une fois encore, les ricanements lui donnèrent envie de se recroqueviller sur elle-même et que dire de l'apparition d'Eric qui se moqua ouvertement d'elle ? Elle le détestait tellement. Non, elle ne le détestait pas, elle le haïssait et si la déléguée n'était pas arrivée à ce moment-là, elle lui aurait certainement arraché les yeux pour le faire taire. Sa mère avait raison, on ne pouvait pas faire confiance à des gens comme ça. Elle n'aurait peut-être jamais dû entendre cette conversation mais elle était bien d'accord et voulait rentrer chez elle le plus vite possible. Pourquoi devait-elle rester dans un endroit où elle ne voulait pas être ? Elle avait bien du mal à contenir sa rage et retint ses larmes juste assez longtemps pour ne pas donner ce plaisir aux abrutis qui la harcelaient. Elle s'éclipsa vers sa chambre, sans avoir eu sa réponse et la colère au ventre. Un jour, elle ne savait pas encore quand ni comment mais elle se vengerait !
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Mardi 13 juin 2000
Suite de ce rp - Naissance d'une phobie
Dire que Tahina avait passé un bon week-end aurait été mentir. Elle n'avait pas arrêté de revivre sans cesse l'horrible scène du samedi qui avait conduit à la blessure de son professeur de conjuration du mal. Les bruits courraient dans l'Académie qu'un accident avait eu lieu, que Sage Vaillant était au dispensaire et que c'était la faute d'un ou une élève d'Ogme au vu des points en moins sur le bouclier. Alors oui, la Guyanaise faisait profil bas. Elle savait que son identité finirait par être connue mais le plus tard serait le mieux. Elle n'avait donc quitté le boudoir que pour aller manger le plus rapidement possible pour revenir chercher refuge dans sa chambre. Parce qu'elle craignait aussi de croiser les adultes qui, eux, devaient déjà savoir. Comment pourrait-elle croiser leurs regards désapprobateurs ?
Et puis, au-delà de ça, il y avait aussi l'épée de Damoclès que représentait sa retenue. Elle ne savait pas encore quand mais rien que l'idée de se retrouver de nouveau face à face avec un Abraxan, elle avait envie de vomir. Elle se sentait prise de tremblements et de sueur froide. Une terreur incontrôlable et pourtant, elle n'avait pas le choix, elle allait devoir faire avec. Si elle avait eu moins honte, elle aurait peut-être parlé de tout ça avec Santana mais même ça, elle se le refusait. Déjà parce qu'en parler aurait rendu les choses encore plus réelles et puis, son amie était déléguée alors ne risquait-elle pas de lui faire la morale elle-aussi ? C'aurait été mérité, Tahina le savait mais elle n'avait vraiment pas besoin de ça pour le moment alors pour l'heure, elle reprenait ses mauvaise habitudes et se renfermait sur elle-même.
Et voilà, le lundi, elle avait reçu le fameux courrier qu'elle redoutait tant. Elle devait donc se rendre dès le lendemain, à six heures et demi très précises au manège à chevaux. La boule au ventre, alors qu'elle avait peu dormi ni même mangé, l'adolescente se rendit donc sur les lieux. Elle était nauséeuse et au bord des larmes, c'était incontrôlable. Et si elle chercha bien un peu de réconfort dans le regard du maréchal-ferrant qui, disait-on, était sympathique, elle n'en trouva pas une once. De toute évidence, il avait choisi son camp, si on pouvait dire, et il était résolu à faire de ses retenues un moment dont elle se souviendrait jusqu'à la fin de ses jours. Et là où elle avait espéré pouvoir rester loin des Abraxans, elle déchanta direct quand il lui expliqua que son travail consisterait à nettoyer les boxes une fois. Certes, il faisait sortir les créatures avant puisqu'elle n'était pas assez costaud - heureusement pour elle - pour le faire elle-même mais l'anneau pour les attacher était juste à l'entrée et Tahina devait chaque fois passer devant eux, presque en les frôlant. Le calvaire dura plusieurs mois, y compris après les vacances scolaires. Et si on aurait pu croire qu'à force de côtoyer les Abraxans, la peur de la jeune fille était passée, il n'en fût pas le cas, bien au contraire. La peur se mua petit en petit en réelle phobie. Mi-Novembre, quand enfin la retenue cessa, l'adolescente n'était plus qu'une boule de nerf. Elle se rongeait les ongles, était à fleur de peau et n'hésita pas à faire de grands détours pour éviter au maximum le manège à chevaux. Maintenant qu'elle avait réussi à venir à bout de sa punition, elle se fit la promesse de ne plus jamais approcher ses monstres sauf cas de nécessité absolue !
Et puis, au-delà de ça, il y avait aussi l'épée de Damoclès que représentait sa retenue. Elle ne savait pas encore quand mais rien que l'idée de se retrouver de nouveau face à face avec un Abraxan, elle avait envie de vomir. Elle se sentait prise de tremblements et de sueur froide. Une terreur incontrôlable et pourtant, elle n'avait pas le choix, elle allait devoir faire avec. Si elle avait eu moins honte, elle aurait peut-être parlé de tout ça avec Santana mais même ça, elle se le refusait. Déjà parce qu'en parler aurait rendu les choses encore plus réelles et puis, son amie était déléguée alors ne risquait-elle pas de lui faire la morale elle-aussi ? C'aurait été mérité, Tahina le savait mais elle n'avait vraiment pas besoin de ça pour le moment alors pour l'heure, elle reprenait ses mauvaise habitudes et se renfermait sur elle-même.
Et voilà, le lundi, elle avait reçu le fameux courrier qu'elle redoutait tant. Elle devait donc se rendre dès le lendemain, à six heures et demi très précises au manège à chevaux. La boule au ventre, alors qu'elle avait peu dormi ni même mangé, l'adolescente se rendit donc sur les lieux. Elle était nauséeuse et au bord des larmes, c'était incontrôlable. Et si elle chercha bien un peu de réconfort dans le regard du maréchal-ferrant qui, disait-on, était sympathique, elle n'en trouva pas une once. De toute évidence, il avait choisi son camp, si on pouvait dire, et il était résolu à faire de ses retenues un moment dont elle se souviendrait jusqu'à la fin de ses jours. Et là où elle avait espéré pouvoir rester loin des Abraxans, elle déchanta direct quand il lui expliqua que son travail consisterait à nettoyer les boxes une fois. Certes, il faisait sortir les créatures avant puisqu'elle n'était pas assez costaud - heureusement pour elle - pour le faire elle-même mais l'anneau pour les attacher était juste à l'entrée et Tahina devait chaque fois passer devant eux, presque en les frôlant. Le calvaire dura plusieurs mois, y compris après les vacances scolaires. Et si on aurait pu croire qu'à force de côtoyer les Abraxans, la peur de la jeune fille était passée, il n'en fût pas le cas, bien au contraire. La peur se mua petit en petit en réelle phobie. Mi-Novembre, quand enfin la retenue cessa, l'adolescente n'était plus qu'une boule de nerf. Elle se rongeait les ongles, était à fleur de peau et n'hésita pas à faire de grands détours pour éviter au maximum le manège à chevaux. Maintenant qu'elle avait réussi à venir à bout de sa punition, elle se fit la promesse de ne plus jamais approcher ses monstres sauf cas de nécessité absolue !
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Juillet - Décembre 2005
Miroir, mon beau miroir, dis moi qui est la plus belle !
Fraîchement diplômée de l’Académie Beauxbâtons, Tahina avait souhaité revenir sur les terres qui l’avaient vu grandir pour passer un peu de temps avec sa mère avant d’envisager la suite de son avenir. Mais alors qu’elle prévoyait simplement de prendre plusieurs semaines de vacances, elle rencontra Félix. Il était charmant, beau, joyeux, sociable et elle en tomba éperdument amoureuse. Gastromage réputé de Martinique, il était de passage à Kourou pour rendre visite à sa nièce mais il posa ses valises, lui-aussi, bien plus longtemps que prévu. Initiant la jeune femme à son art, ils parlèrent de monter un restaurant ensemble. Mais la réalité les rattrapa : non seulement il n’y avait guère de clientèle dans un département où rares étaient les sorciers mais la différence d’âge finit par avoir raison de leur idylle naissante. Dévastée, la jeune femme déprima des jours entiers, jusqu’à ce que son frère s’en mêle. Roddy était bien le seul capable de sortir sa sœur de sa léthargie et, pour cela, il usa d’un procédé qu’il savait qu’elle ne pourrait refuser : il l’a mis au défi !
Et voilà ce qui avait conduit Tahina en ce matin de juillet 2005 dans la salle des fêtes de Cayenne avec plusieurs jeunes femmes d’environ son âge. Parée d’un costume local, elle ne savait pas franchement ce qui l’attendait mais il était hors de question qu’elle recule. Donner satisfaction à Roddy en échouant et lui donner ainsi matière à se moquer jusqu’à la fin de ses jours ? HORS DE QUESTION ! Mais quand même, un concours de beauté chez les non mag’, où allait-il chercher ses idées farfelues ? Elle se plia pourtant au jeu du défilé en costume, bien en bikini et répondit même aux questions qu’on lui posait, s’inventant toute une vie chez les non mags et mettant ainsi à contribution tout l’enseignement qu’elle avait acquis en cours avec Mme Kieffer. Enfin, pour être honnête, elle avait surtout « emprunté » la vie de sa mère. Après tout, un mensonge était toujours plus crédible et facile à retenir quand il venait de quelque part, non ?
A sa grande surprise, elle passa les différentes étapes et se retrouva parmi les finalistes. Eberluée, elle entendit le présentateur égrener les noms des dauphines jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’elle et une dénommé Satine. Comme si elle regardait une émission à la télévision et non comme si elle était sur scène en train de vivre l’évènement, elle entendit son nom, se vit remettre la couronne et l’écharpe. Elle était Miss Guyane 2005. Et ben ça alors, elle ne l’avait pas vu venir. Voilà qui ferait les pieds à Roddy pour un bon moment ! Seulement, si elle pensait en avoir fini, elle se trompait lourdement puisqu’elle avait, à présent la charge de représenter sa région au concours national. Zut !
Rebelote quelques mois plus tard, en décembre, à Tours. Au milieu des Miss représentant chacune sa région, Tahina défila de nouveau et grimpa les échelons. Faire partie du groupe des 12 était déjà hallucinant alors que dire quand elle entendit son nom dans les 5 finalistes ? La panique s'empara d'elle d'un coup avec l'évidence qui la frappait : elle n'avait aucune envie d'être Miss France. Certes, elle se méfiait des sorciers mais ça restait son monde et elle ne voulait pas vivre comme ça. Seulement, elle ne pouvait plus échapper à son sort et ce fût un immense soulagement quand elle réalisa qu'elle n'était "finalement que" la 4ème dauphine. Ouf, elle avait joué le jeu jusqu'au bout, elle pouvait enfin se consacrer à des choses bien plus sérieuses pour elle.
Et voilà ce qui avait conduit Tahina en ce matin de juillet 2005 dans la salle des fêtes de Cayenne avec plusieurs jeunes femmes d’environ son âge. Parée d’un costume local, elle ne savait pas franchement ce qui l’attendait mais il était hors de question qu’elle recule. Donner satisfaction à Roddy en échouant et lui donner ainsi matière à se moquer jusqu’à la fin de ses jours ? HORS DE QUESTION ! Mais quand même, un concours de beauté chez les non mag’, où allait-il chercher ses idées farfelues ? Elle se plia pourtant au jeu du défilé en costume, bien en bikini et répondit même aux questions qu’on lui posait, s’inventant toute une vie chez les non mags et mettant ainsi à contribution tout l’enseignement qu’elle avait acquis en cours avec Mme Kieffer. Enfin, pour être honnête, elle avait surtout « emprunté » la vie de sa mère. Après tout, un mensonge était toujours plus crédible et facile à retenir quand il venait de quelque part, non ?
A sa grande surprise, elle passa les différentes étapes et se retrouva parmi les finalistes. Eberluée, elle entendit le présentateur égrener les noms des dauphines jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’elle et une dénommé Satine. Comme si elle regardait une émission à la télévision et non comme si elle était sur scène en train de vivre l’évènement, elle entendit son nom, se vit remettre la couronne et l’écharpe. Elle était Miss Guyane 2005. Et ben ça alors, elle ne l’avait pas vu venir. Voilà qui ferait les pieds à Roddy pour un bon moment ! Seulement, si elle pensait en avoir fini, elle se trompait lourdement puisqu’elle avait, à présent la charge de représenter sa région au concours national. Zut !
Rebelote quelques mois plus tard, en décembre, à Tours. Au milieu des Miss représentant chacune sa région, Tahina défila de nouveau et grimpa les échelons. Faire partie du groupe des 12 était déjà hallucinant alors que dire quand elle entendit son nom dans les 5 finalistes ? La panique s'empara d'elle d'un coup avec l'évidence qui la frappait : elle n'avait aucune envie d'être Miss France. Certes, elle se méfiait des sorciers mais ça restait son monde et elle ne voulait pas vivre comme ça. Seulement, elle ne pouvait plus échapper à son sort et ce fût un immense soulagement quand elle réalisa qu'elle n'était "finalement que" la 4ème dauphine. Ouf, elle avait joué le jeu jusqu'au bout, elle pouvait enfin se consacrer à des choses bien plus sérieuses pour elle.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
2000 à 2007
Devenir Animagus
Tahina venait d'avoir 14 ans et comme toutes les filles, elle subissait les changements que Mère Nature imposait à son corps... ce qui n'arrangeait rien à son caractère sulfureux. Elle essayait bien de ne pas s'énerver pour rien mais ce n'était pas facile quand elle ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait. Enfin, quand même, il y avait une chose qui n'était pas tout à fait normale. Elle le savait parce qu'elle suivait les cours de métamorphose et qu'ils avaient étudié, dès la deuxième année, le gène des Animagus. Seulement, elle ne voulait pas y croire et laissait donc trainer les choses. Après tout, quand elle avait l'impression que les couleurs se ternissaient un peu ou même qu'elle percevait mieux dans la pénombre, c'était peut-être que ses yeux faisaient des siennes à cause des hormones ? Oui, il suffisait simplement d'attendre et tout finirait par se tasser, elle en était certaine. Ou du moins, elle faisait tout pour s'en convaincre.
Seulement un jour qu'elle se promenait dans les jardins enchantés, elle entendit un bruissement dans les feuillages non loin d'elle. Jusque là, rien d'étrange... si ce n'est sa propre réaction. Comme propulsée par un instinct qu'elle ne maîtrisait pas, elle se sentit bondir et prit peur de cette réaction. Elle essaya donc de s'en empêcher et s'éclater le tibia sur un banc mouvant. La douleur la transperça aussitôt et le cri qu'elle poussa attira un élève non loin d'elle. Alors qu'elle avait des étoiles dans les yeux causées par sa souffrance, elle se laissa conduire au dispensaire où le verdict tomba rapidement : elle s'était fêlé l'os. Heureusement, le professeur Perdieu eut tôt fait de la soigner à l'aide du sortilège Colasyskol. Enfin, soigner le physique oui mais le mental, c'était autre chose. L'esprit de Tahina était en ébullition : si ça devenait dangereux, elle ne pouvait plus ignorer les symptômes.
Les jours suivants, elle essaya de trouver le moment idéal et c'est un mercredi qu'elle finit par se lancer, le cœur battant la chamade et qu'elle alla trouver le professeur Nathalina Cormier. Elle lui décrivit ce qu'elle ressentait : les couleurs qui changeaient imperceptiblement, sa vision qui semblait s'améliorer une fois la nuit tomber, l'impression de gagner en agilité et souplesse, les pulsions de chasse... la professeur confirma les doutes de l'adolescente : oui, elle devait avoir le gêne de l'Animagus et, de toute évidence, la concernant, ça devait être une forme de félin. A elle, s'offraient deux choix : apprendre à contrôler et faire taire ses pulsions ou bien trouver un maître Animagus pour apprendre à se métamorphoser complètement. Mais, pour l'heure, seule la première solution était accessible et, de toute façon, Tahina était loin de vouloir opter pour la deuxième. On la trouvait déjà bien assez étrange comme ça.
Le restant de sa scolarité, le professeur Cormier lui apprit à maîtriser plus ou moins les choses. Ce n'était pas parfait mais elle n'arrêtait pas de dire que tout n'était que question d'entraînement. La guyanaise y mettait tout son cœur et elle finit par quasiment oublier cette étrangeté qui, d'ailleurs, n'affectait pas son frère. L'hérédité avait bon dos, tiens...
Les années passèrent, elle obtint son diplôme, retourna un moment en Guyane et après son passage furtif dans le monde des Miss, la jeune femme décida de se consacrer à la guérison et s'engagea dans l'humanitaire en Afrique. Et c'est là que ses gènes se rappelèrent à elle. Ou le destin, ou un coup du sort. Appelez ça comme vous voulez seulement, un jour, Tahina fit face à un maître Animagus. La curiosité était trop forte, elle le pressa de questions et il finit par accepter de la guider. Mais là où la guyanaise pensait que le plus difficile était d'apprendre à se métamorphoser complètement, elle réalisa rapidement que le plus dur était de garder son humanité. L'Ocelot en elle ne demandait qu'à prendre le dessus et, sous sa forme, la jeune femme goûtait à une liberté qu'elle n'avait jamais connue. Elle n'aspirait qu'à ça et il lui fallut toute sa volonté et le grand savoir de son maître pour ne pas qu'elle succombe. C'était risqué, il l'avait prévenue mais jamais elle n'en avait compris à quel point avant de vivre les choses. Après des semaines à errer entre sa forme humaine et sa forme féline, elle avait enfin les choses en main et était, plus que jamais, consciente que se transformer équivalait à un numéro d'équilibriste. Mais le résultat était là : elle était à présent Animagus !
Seulement un jour qu'elle se promenait dans les jardins enchantés, elle entendit un bruissement dans les feuillages non loin d'elle. Jusque là, rien d'étrange... si ce n'est sa propre réaction. Comme propulsée par un instinct qu'elle ne maîtrisait pas, elle se sentit bondir et prit peur de cette réaction. Elle essaya donc de s'en empêcher et s'éclater le tibia sur un banc mouvant. La douleur la transperça aussitôt et le cri qu'elle poussa attira un élève non loin d'elle. Alors qu'elle avait des étoiles dans les yeux causées par sa souffrance, elle se laissa conduire au dispensaire où le verdict tomba rapidement : elle s'était fêlé l'os. Heureusement, le professeur Perdieu eut tôt fait de la soigner à l'aide du sortilège Colasyskol. Enfin, soigner le physique oui mais le mental, c'était autre chose. L'esprit de Tahina était en ébullition : si ça devenait dangereux, elle ne pouvait plus ignorer les symptômes.
Les jours suivants, elle essaya de trouver le moment idéal et c'est un mercredi qu'elle finit par se lancer, le cœur battant la chamade et qu'elle alla trouver le professeur Nathalina Cormier. Elle lui décrivit ce qu'elle ressentait : les couleurs qui changeaient imperceptiblement, sa vision qui semblait s'améliorer une fois la nuit tomber, l'impression de gagner en agilité et souplesse, les pulsions de chasse... la professeur confirma les doutes de l'adolescente : oui, elle devait avoir le gêne de l'Animagus et, de toute évidence, la concernant, ça devait être une forme de félin. A elle, s'offraient deux choix : apprendre à contrôler et faire taire ses pulsions ou bien trouver un maître Animagus pour apprendre à se métamorphoser complètement. Mais, pour l'heure, seule la première solution était accessible et, de toute façon, Tahina était loin de vouloir opter pour la deuxième. On la trouvait déjà bien assez étrange comme ça.
Le restant de sa scolarité, le professeur Cormier lui apprit à maîtriser plus ou moins les choses. Ce n'était pas parfait mais elle n'arrêtait pas de dire que tout n'était que question d'entraînement. La guyanaise y mettait tout son cœur et elle finit par quasiment oublier cette étrangeté qui, d'ailleurs, n'affectait pas son frère. L'hérédité avait bon dos, tiens...
Les années passèrent, elle obtint son diplôme, retourna un moment en Guyane et après son passage furtif dans le monde des Miss, la jeune femme décida de se consacrer à la guérison et s'engagea dans l'humanitaire en Afrique. Et c'est là que ses gènes se rappelèrent à elle. Ou le destin, ou un coup du sort. Appelez ça comme vous voulez seulement, un jour, Tahina fit face à un maître Animagus. La curiosité était trop forte, elle le pressa de questions et il finit par accepter de la guider. Mais là où la guyanaise pensait que le plus difficile était d'apprendre à se métamorphoser complètement, elle réalisa rapidement que le plus dur était de garder son humanité. L'Ocelot en elle ne demandait qu'à prendre le dessus et, sous sa forme, la jeune femme goûtait à une liberté qu'elle n'avait jamais connue. Elle n'aspirait qu'à ça et il lui fallut toute sa volonté et le grand savoir de son maître pour ne pas qu'elle succombe. C'était risqué, il l'avait prévenue mais jamais elle n'en avait compris à quel point avant de vivre les choses. Après des semaines à errer entre sa forme humaine et sa forme féline, elle avait enfin les choses en main et était, plus que jamais, consciente que se transformer équivalait à un numéro d'équilibriste. Mais le résultat était là : elle était à présent Animagus !
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
2008 à 2015
Un jour, mon prince viendra.... ou pas !
Depuis quelques années qu'elle parcourait le continent africain pour aider autant que possible les populations locales, Tahina avait fini par y trouver une routine et surtout sa place. Elle ne se lassait pas des paysages sauvages qui s'étalaient sous ses yeux chaque jour, de la faune et la flore qu'elle découvrait et des rencontres. Les gens étaient généreux, accueillants... humains. Toujours prêts en s'entraider les uns les autres. Et c'était bien souvent ceux qui avaient le moins qui partageaient le plus. La jeune femme s'en était rendue compte en arrivant de ce petit village qui avait subi de lourdes pertes à la suite d'un mini ouragan très localisé. Étrange d'ailleurs comme phénomène. Un instant, Tahina s'était demandé s'il n'y avait pas un sorcier dans le coin qui aurait utilisé le sort Ventum Muralis mais pourquoi donc. Enfin, elle avait vite eu à s'occuper des blessés, oubliant au passage la bizarrerie de la situation. Il n'empêche qu'elle y avait découvert un esprit de fraternité qui l'avait profondément touché.
C'est aussi là que son chemin avait croisé celui d'un médecin américain, Adrian Barrett. Un non mag' qui s'était engagé dans l'aide humanitaire. Il était touchant, attachant aussi. Une chose en amenant une autre, la guyanaise finit par tomber sous son charme ce qui marqua le début d'une romance passionnée entre eux. Ensemble, ils avaient l'impression de pouvoir soulever des montagnes. Et même si le jeune homme était parfois surpris de guérisons qui lui semblaient miraculeuses, Tahina s'en sortait toujours. Avec l'angoisse qu'il découvre son secret certes mais le temps passant, elle finit par se dire que ça pouvait marcher. Alors forcément, quand au coucher du soleil, elle le vit poser un genou à terre, elle n'hésita pas une seule seconde avant d'accepter la demande en mariage. Elle avait trouvé le prince charmant des histoires d'enfant, elle était sur un petit nuage.
Seulement, la vie n'est jamais toute rose. La surcharge de travail, les malades pour qui ils ne pouvaient rien faire et surtout le poids du secret finirent par, petit à petit, ronger les liens qui unissaient les deux amoureux. Les disputes étaient de plus en plus fréquentes et, un jour, il fallut bien se rendre à l'évidence : ça ne fonctionnait pas, ils se faisaient du mal ! Après des mois à se voiler la face, à tout faire pour éviter toute discussion sérieuse, ils finirent par parler divorce. C'était la seule solution et même si Tahina s'en voulait de ne pas avoir été complétement honnête, elle avait bien trop peur de la réaction d'Adrian pour se résoudre à lui avouer son secret. Et s'il la voyait comme les vilaines sorcières des contes non mag' ? Non, elle préférait qu'il ne l'aime plus plutôt qu'il ne la voit comme un monstre. Ainsi se termina le conte de fées, retour à la réalité.
C'est aussi là que son chemin avait croisé celui d'un médecin américain, Adrian Barrett. Un non mag' qui s'était engagé dans l'aide humanitaire. Il était touchant, attachant aussi. Une chose en amenant une autre, la guyanaise finit par tomber sous son charme ce qui marqua le début d'une romance passionnée entre eux. Ensemble, ils avaient l'impression de pouvoir soulever des montagnes. Et même si le jeune homme était parfois surpris de guérisons qui lui semblaient miraculeuses, Tahina s'en sortait toujours. Avec l'angoisse qu'il découvre son secret certes mais le temps passant, elle finit par se dire que ça pouvait marcher. Alors forcément, quand au coucher du soleil, elle le vit poser un genou à terre, elle n'hésita pas une seule seconde avant d'accepter la demande en mariage. Elle avait trouvé le prince charmant des histoires d'enfant, elle était sur un petit nuage.
Seulement, la vie n'est jamais toute rose. La surcharge de travail, les malades pour qui ils ne pouvaient rien faire et surtout le poids du secret finirent par, petit à petit, ronger les liens qui unissaient les deux amoureux. Les disputes étaient de plus en plus fréquentes et, un jour, il fallut bien se rendre à l'évidence : ça ne fonctionnait pas, ils se faisaient du mal ! Après des mois à se voiler la face, à tout faire pour éviter toute discussion sérieuse, ils finirent par parler divorce. C'était la seule solution et même si Tahina s'en voulait de ne pas avoir été complétement honnête, elle avait bien trop peur de la réaction d'Adrian pour se résoudre à lui avouer son secret. Et s'il la voyait comme les vilaines sorcières des contes non mag' ? Non, elle préférait qu'il ne l'aime plus plutôt qu'il ne la voit comme un monstre. Ainsi se termina le conte de fées, retour à la réalité.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
7 janvier 2024 - soir
Un troisième œil ? Y'a des lunettes de soleil pour ça ?
La journée avait décidément été riche en émotions. Pour commencer, Tahina avait été témoin des effets de la potion fournie par la ministre sur le roi des gitans des mers. Alors oui, il n'avait pas retrouvé ses souvenirs effacés mais un peu de sa personnalité et avec, un peu de ce qu'il était avant. Il lui faudrait du temps pour reprendre complètement ses esprits et sa place dans son peuple mais, au moins, maintenant, c'était possible. La guérisseuse était non seulement ravie pour son patient mais ça lui donnait aussi de l'espoir. Il lui faudrait avoir une discussion avec le créateur du philtre de l'araignée pour savoir s'il pourrait avoir des effets sur ceux qui avaient subi l'arrêté Rosier. Et si c'était le cas, peut-être qu'elle pourrait faire quelque chose pour son père. Si tant est qu'elle retrouvait sa trace bien évidemment.
Et puis, c'était étrange pour elle d'être vue presque comme une héroïne. L'accueil des gitans avait été bien différent de celui de la fois précédente et même les plus réticents semblaient lui être reconnaissants. Pour elle qui se défiait facilement des gens qu'elle ne connaissait pas et encore plus ceux capables de magie, c'était nouveau. Bizarre même mais pas désagréable. A croire que sa carapace se fissurait un peu depuis qu'elle avait appris que son père ne les avait pas vraiment abandonné. Du moins, ce n'était pas de son fait. Oui, elle cogitait beaucoup ces derniers temps et ce n'était pas la rencontre avec l'étrange gitane qui allait l'aider à mettre ses pensées sur pause.
C'est alors qu'elle était prête à partir pour rejoindre Beauxbâtons que la vieille femme lui avait saisi la main. Un contact rugueux et si Tahina n'avait pas été le centre d'attention, à ce moment-là, de tous les gitans autour d'elle, sans doute qu'elle aurait libéré son bras d'un geste brusque. Elle s'était retournée et quelque chose dans le regard de la gitane l'avait incité à la suivre. Elle avait quelque chose d'envoûtant, de mystérieux et elle l'avait conduit dans une pièce à la chaleur étouffante, même pour elle qui avait pourtant l'habitude des températures clémentes de Guyane. L'encens qui y brûlait rendait l'atmosphère encore plus surprenante et la guérisseuse avait un instant eu l'impression d'être dans le stand mystique d'une fête foraine comme les aimaient les non mags. La suite lui avait presque donné raison....
Que lui avait fait la vieille femme ? Avec le recul, Tahina n'était toujours pas sûre de bien comprendre. Elle avait bu un thé et avait cru entendre des mots balbutiés alors qu'elle se sentait prise d'un vertige. Sous ses yeux, elle avait alors vu défiler des images qui lui avait paru n'avoir aucun sens jusqu'à ce que la gitane lui parle de don, de vision. Elle, devin ? C'était nouveau ça et surtout, elle était persuadée que les visions faisaient leur apparition bien plus tôt. Mais s'il fallait en croire la vieille femme, elle avait eu, en elle, un blocage qui avait interdit tout accès à son don mais ce temps était révolu.
A présent qu'elle était rentrée chez elle, il fallait qu'elle se fasse à l'idée et qu'elle essaie aussi de comprendre ce qu'elle avait vu. Décidément, la vie était pleine de surprise et elle aurait aimé pouvoir en discuter avec Santana ou Leandro pour y voir plus clair. Mais vu qu'ils n'étaient plus là... elle se résolut à prendre un parchemin et à coucher sur le papier ce qu'il venait de lui arriver. Elle fit alors venir deux fées postales et envoya un courrier à chacun de ses deux amis.
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