Maëlle Lefèbvre
3ᵉ année, Dagda
Pastelería El rodillo saltarín Plaza encantada, Calle Ancha, Pueblo magico de Barlovento Juillet 2024 Sur la Plaza encantada, la pâtisserie El rodillo saltarín ne désemplissait pas. Au milieu des bâtisses d’architecture typiquement andalouse, la devanture aux tons pastel ne passait pas inaperçue. Le bâtiment aux airs faussement haussmanniens trahissait lui l’origine de la gastromage-en-chef, la française Laurelle Prévost – ou Laurelle Preboste Fuentes comme l’on disait ici. En ce dimanche matin, le soleil était déjà bien haut dans le ciel. Trois jeunes enfants traversèrent gaiement la place, courant l’un après l’autre, et se mêlèrent à la file de clients, habitués comme vacanciers, qui s’allongeait devant la vitrine de la petite boutique. Suivant ses cousins, les frère et sœur qu’elle n’avait jamais eus, Maëlle se faufila dans l’arrière-boutique. Les trois garnements rejoignirent bruyamment le fournil, soulevant un nuage de farine sur leur passage. La petite Lefèbvre était arrivée la veille au soir, après un long périple et plusieurs correspondances entre réseau de cheminette et portoloins, et passerait, comme chaque année, une partie de ses vacances d’été ici, en Andalousie. Pendant ces quelques semaines, elle partagerait la chambre de sa cousine Alba, d’un an sa cadette, qui venait de terminer sa première année à Beauxbâtons. Très complices, les deux fillettes avaient veillé tard la nuit dernière, se remémorant leurs aventures au sein de la confrérie Dagda. Juancho lui ne les rejoindrait que dans un an. Tatie Laurelle déposa un baiser furtif dans les cheveux de chacun de ses enfants, puis sur la joue de sa nièce. Elle leur tendit un plateau de mantecados tout juste sortis du four, avant de les poussez gentiment vers la sortie. « Niños, vayan a jugara fuera ! » les houspilla-t-elle avec tendresse. Les trois cousins ne se firent pas prier et emportèrent leur butin sur la terrasse ombragée. Abuela Carmen, l’employée dévouée qui les avaient vus grandir, leur apporta des tasses fumantes de chocolat chaud. La petite normande mordit avec gourmandise dans l’un des beignets à la cannelle en forme de dragon. La bouche recouverte d’une moustache sucrée, elle afficha un sourire espiègle jusqu’aux oreilles. Comme toujours, les vacances s’annonçaient fantastiques. |
Maëlle Lefèbvre
3ᵉ année, Dagda
En période estivale, la petite pâtisserie sorcière de Barlovento était ouverte tous les jours de la semaine. Même si tatie Laurelle ne travaillait pas les lundis, elle laissait sa boutique entre les bonnes mains de ses employés : abuela Carmen et Sofía géraient l’espace vente et salon de thé, tandis que Javier, Izan et Dolores s’affairaient à la confection des entremets et autres délices dans l’arrière-boutique. Ce matin pourtant, la tante maternelle de Maëlle s’était mise derrière les fourneaux pour concocter des serranitos généreusement garnis, ces sandwichs typiques de la gastromagie andalouse dont raffolaient ses deux rejetons. En effet, toute la petite famille avait prévu de passer l’après-midi à la plage, de profiter d’un délicieux pique-nique et d’y rester jusqu’au coucher du soleil. Dans le large panier en osier – bien évidemment soumis à un sortilège d’extension – que portait tío Cristobal, outre les nombreuses victuailles faites maison, chacun avait glissé de quoi s’occuper. Juan avait pris son balai – le vieil Estrella Fugaz de son père – et son Souafle taille enfant ; Alba un jeu de Burro explosif – un jeu de cartes espagnol qui ressemblait un peu à la bataille, enfin selon Maëlle qui n’avait pas tout à fait compris les règles. La petite normande avait emporté avec elle son appareil photo un livre sur les Créatures magiques disparues d’Europe, ouvrage qu’elle avait emprunté à la chapelle de Beauxbâtons pour en apprendre plus sur les Oiseaux-de-Feu et qu’elle avait malencontreusement omis de rendre, mais qu’elle ne manquerait pas de rapporter dès la rentrée. Tout comme sa nièce, Laurelle avait emmené un peu de lecture, avec le dernier numéro de sa revue favorite Entremets Ensorcelés. L’après-midi fut ponctué d’éclats de rire et de défis en tous genres entre les trois cousins : lequel réaliserait le plus grand château de sable, lequel oserait sauter du ponton rocheux, lequel nagerait le plus vite jusqu’à la balise flottante... Dans son maillot de bain aux motifs floraux – flambant neuf car elle avait bien grandi depuis l’été dernier – Maëlle s’en donnait à cœur joie. Après une semaine en Espagne, sa peau claire avait pris un teint légèrement hâlé. Grâce aux nombreux sorts de protection solaire prodigués par sa tante, elle avait en revanche évité les coups de soleil jusque-là. À l’heure du dîner, la petite Lefèbvre entrouvrit son sandwich à la dinde et découvrit avec plaisir que tatie Laurelle n’avait pas oublié de lui en faire un spécial sans tomates ! La fillette mordit dedans avec appétit. Ce qu’elle préférait dans le serranito, c’était les lamelles de poivron vert fondantes. En guise de dessert, sa gastromage de tante leur avait préparé des piononos, de petites bouchées de biscuit fourré à la crème brûlée qui ressemblaient à de petits chaudrons miniatures. Repue et épuisée, Maëlle s’endormit du sommeil du juste, sans même voir le coucher du soleil. |
Maëlle Lefèbvre
3ᵉ année, Dagda
En cette fin d’après-midi, la Plaza encantada était baignée par le soleil. Comme toujours, et c’était encore plus vrai en période estivale, l’agréable terrasse de la pâtisserie ne désemplissait pas. Un peu à l’écart, à l’ombre d’un amandier, trois jeunes sorciers étaient attablés derrière de grands verres de granizada citron et complotaient avec enthousiasme, non loin de l’accès au fournil. Il y a quelques jours, lors d’une excursion à la plage, ils avaient fait la découverte d’une grotte, plutôt spacieuse, dont l’entrée était cachée par la végétation marine. Depuis, l’exploration de cette mystérieuse grotte était devenue le principal objectif de leurs vacances et à force d’insistance, ils avaient obtenu de pouvoir y camper pour la nuit. Les trois cousins, qui avaient passé le plus clair de la journée à rassembler leurs affaires, étaient désormais fin prêts et n’attendaient plus que tío Cristobal, qui les accompagnerait dans cette aventure nocturne. Maëlle était persuadée que la grotte – leur grotte ! – était en réalité le repaire d’une créature magique encore inconnue. Juancho pensait lui y trouver un trésor disparu, enfoui par de riches sorciers au Moyen-Âge. Alba, plus raisonnable, s’amusait de l’imagination débordante de ses compagnons, mais elle se réjouissait de passer la nuit à la belle étoile, en quelques sortes. Alors que la pâtisserie ne fermait que dans une petite heure, tatie Laurelle sortit de l’arrière-boutique les bras chargés de délicieuses provisions faites maison, de quoi faire un gargantuesque pique-nique. Elle embrassa ses enfants, sa nièce et son mari et la petite troupe se mit en route, en direction de la plage à quelques centaines de mètres. La soirée, passée autour d’un petit feu de camp, fut joyeuse. Les trois cousins ne se firent pas prier pour dévorer les préparations de tatie Laurelle tout en écoutant les histoires de tío Cristobal. Et même s’ils connaissaient certaines anecdotes presque par cœur, notamment celle de leur rencontre à Beauxbâtons il y a plus d’une vingtaine d’années, ils en redemandaient encore. Au moment du dessert, Alba et Maëlle exécutèrent plusieurs Incendio pour faire fondre les guimauves que la gastromage avait glissées dans le panier en osier, pas peu fières de démontrer ce qu’elles avaient appris à l’académie de magie au cours de l’année passée. La nuit était désormais tombée, et une agréable fraîcheur avec elle, plongeant la plage de Barlovento dans la pénombre. Les trois jeunes sorciers s’allongèrent alors dans le sable pour regarder les étoiles et tenter de distinguer les constellations que leur indiquait tío Cristobal : « el Dragón, Hércules, el Boyero... » énumérait-il. La petite normande s’endormit à même le sable, des étoiles plein les yeux. Elle se réveilla aux premiers rayons de soleil qui projetaient d’impressionnantes ombres sur le plafond de la grotte, entre ses deux cousins et sous une épaisse couverture. |
Maëlle Lefèbvre
3ᵉ année, Dagda
Ce matin, une fois n’était pas coutume, le ciel andalou était maussade. Les badauds de la Plaza encantada parlaient même d’avis de tempête, fait particulièrement rare sur la baie de Barlovento. Contraints de rester à l’intérieur, Maëlle et ses cousins tournaient en rond tels des lions en cage entre les murs trop étroits de la partie salon de thé. Les trois jeunes sorciers étaient plutôt adeptes de plein air et habitués aux escapades jusqu’à la plage voisine, où ils s’étaient depuis quelques jours lancés dans la minutieuse exploration de leur grotte secrète. Qu’à cela ne tienne ! Lassée par leurs incessants aller-retours entre les vitrines de viennoiseries, Tatie Laurelle improvisa un atelier gâteau dans l’arrière-boutique. Un dessert signature faisait tout particulièrement la renommée de la pâtisserie El rodillo saltarín : la Tarta de Santiago. En effet, les sorciers faisaient le déplacement depuis toute la péninsule ibérique pour avoir le plaisir de déguster cet emblématique biscuit aux amandes. Pas le plus compliqué à réaliser, la gastromage-en-chef choisit ce plaisir sucré pour l’activité pâtisserie de la matinée. « Commencez par vous laver les mains ! » décréta tatie Laurelle avant de nouer, d’un coup de baguette, trois tabliers beiges autour de ses commis d’un jour. Sous sa houlette, les trois cousins déroulèrent la recette avec application. Dans un premier temps, Juanito beurra le moule avec enthousiasme, tandis qu’Alba était préposée à la pesée des différents ingrédients, avant de broyer les amandes au mortier-pilon. Maëlle était elle chargée de monter les blancs en neige à l’aide d’un fouet enchanté. Puis, dans un second saladier, elle mélangea peu à peu les jaunes d’œufs avec les ingrédients – sucre, cannelle et crème épaisse – que son cousin ajoutait au fur et à mesure. Sa sœur versa ensuite les amandes réduites en poudre. Tatie Laurelle reprit la main pour incorporer les blancs en neige à la pâte, opération qu’elle jugeait plus délicate. C’est elle aussi, qui enfourna les moules pour la cuisson. Pour les apprenti-pâtissiers, les quarante minutes de cuisson s’apparentaient surtout à une longue attente. Après leur passage derrière les fourneaux pourtant, l’arrière-boutique avait surtout besoin d’un bon coup de Recurvite : sur le plan de travail comme au niveau des ustensiles et de leurs tabliers, les trois cousins avaient laissé une trace de leur passage. Eux-mêmes avaient de la farine dans les cheveux et quelques traces sucrées autour de la bouche ; Juanelo tout particulièrement, preuve s’il en fallait qu’il avait goûté tous les ingrédients de la préparation. Il restait une dernière étape avant de pouvoir proposer ces Tartas de Santiago à la vente, peut-être bien la plus importante : saupoudrer les gâteaux de sucre glace. À l’aide d’un pochoir, ils dessinèrent ainsi le logo de la pâtisserie (un rouleau et un fouet entrecroisés) à la place de la traditionnelle croix de Saint Jacques. Les biscuits, plutôt réussis, rejoignirent les vitrines de la petite boutique, à l’exception de l'un d'eux que les pâtissiers en herbe se réservèrent. Tous trois se léchaient déjà les babines à l’idée de goûter le fruit de leur labeur. |
Maëlle Lefèbvre
3ᵉ année, Dagda
Ce matin, le soleil était de retour sur la petite bourgade magique de Barlovento. La Plaza encantada était baignée d’une douce lumière lorsque les trois petits sorciers la traversèrent pour prendre leur petit déjeuner en terrasse, à la pâtisserie El rodillo saltarín où tatie Laurelle s’affairait au fournil depuis quelques heures déjà. Elle leur avait préparé de délicieux torrijas à la cannelle, une sorte de pain perdu à l’espagnole. Il leur fallait prendre des forces, car la matinée que tío Cristobal leur avait préparée été chargée... et physique. Au programme : dégnomage du jardin. Eux qui aimaient les activités en plein air, ils allaient être servis ! Les trois adolescents, les babines encore couvertes de sucre et de cannelle en poudre, se retroussèrent les manches avant de s’y mettre. Maëlle n’était pas rompue à l’exercice, à l’inverse d’Alba et de Juanito. Pour se débarrasser d’un gnome, il suffisait de l’attraper, de le faire tournoyer rapidement au-dessus de sa tête, puis de l’envoyer le plus loin possible, par-dessus la clôture. Le tout en évitant de se faire mordre les chevilles... La petite normande lâcha un soupir silencieux devant l’ampleur de la tâche, regrettant pour la première fois que le jardin familial ne soit si grand. Tous trois mirent du cœur à l’ouvrage, bien aidé par tío Cristobal. Dans un premier temps, les deux jeunes sorcières neutralisèrent les gnomes qui sortaient de leur trou, intrigués par l’agitation. « Immobulus ! puis Petrificus Totalus ! » lançait la petite Lefèbvre en veillant à ne pas trébucher sur les petits monticules de terre formés par les nuisibles. « Fishmoilapaix ! » cela ne les empêchait tout de même pas de pester des quatre coins du jardin, de leur voix nasillarde. Juancho s’en donnait lui à cœur joie pour lancer un à un les nombreux gnomes par-dessus la clôture, initiant une compétition amicale avec son père : à qui les enverrait le plus haut, ou encore le plus loin. Tío Cristobal tenait à maintenir la bonne entente avec le voisinage et veillez à dévier, par d’habiles coups de baguette, les jets parfois maladroits de son fiston, qui ne manquait pas d’enthousiasme. « Dommage que le charme du Banni ne fonctionne pas avec les gnomes ! » conclut Maëlle – elle avait choisi la Conjuration du Mal parmi ses matières supplémentaires en deuxième année à Beauxbâtons – en s’épongeant le visage après trois heures de dur labeur. Le travail avait porté ses fruits : plus un gnome à l’horizon ! Ne resterait plus qu’à égaliser le terrain et faire repousser l’herbe, mais ça, c’était tatie Laurelle qui s’en occuperait. C’était elle qui avait la main verte chez les Morales. Leur tâche achevée, les trois cousins ne se firent pas prier pour prendre une douche méritée. Ils rejoignirent ensuite la terrasse à l’ombre des amandiers, où les attendaient des hornazos encore fumants, ces petites tourtes andalouses à la viande surmontées d’un œuf dur, et de généreuses portions de leche frita, ce dessert sucré dont ils raffolaient. |
Maëlle Lefèbvre
3ᵉ année, Dagda
Après le déjeuner, tío Cristobal avait accepté de leur laisser l’accès à la remise au fond du jardin. Véritable caverne d’Ali Baba, les trois cousins y dénichèrent de véritables antiquités, entreposées là par abuelo Javier, le père de l’oncle Cristobal. Parmi elles, plusieurs balais d’un autre temps, dont le mythique Turbo Tres, l’édition limitée de l’Illico Presto, ou encore le tout premier Varápidos. Bien sûr, ces modèles avaient fait leur temps et les balais modernes n’avaient rien à leur envier en termes de vitesse ou de fiabilité. Ces anciens balais n’ayant pas servi depuis longue date, les trois enfants ne furent autorisés à les enfourcher qu’après un minutieux entretien. Cirage du manche, serrage des cale-pieds, ajout de brindilles... Tout y passa ! Les jeunes sorciers mirent du cœur – enfin surtout de la sueur ! – à l’ouvrage. L’adulte passa chaque balai en revue avant de laisser Maëlle, Alba et Juancho s’envoler dans les airs, au-dessus du jardin familial. La petite normande avait hérité de l’Illico Presto, un balai plus adapté aux trajets de longue distance qu’aux exploits sportifs. Tío Cristobal s’éloigna quelques instants, le temps pour lui de récupérer son propre balai et un souafle taille enfant, qu’il lança à son fiston. D’un coup de baguette, il fit apparaître trois buts de Quidditch lumineux, à hauteur non réglementaire mais bien plus raisonnable, avant de s’élancer à son tour dans les airs. Les quatre amateurs de Quidditch commencèrent par faire quelques passes en guise d’échauffement, mais bien vite, l’esprit de compétition – celui de Juanito tout particulièrement – ressurgit. Ils se repartirent en deux équipes : les garçons d’un côté, les filles de l’autre. En attaque, les deux cousines menaient l’offensive de concert, multipliant les passes pour tenter de déséquilibrer leurs adversaires d’un jour. Lorsque son équipe était en défense, Maëlle se plaçait devant les buts, telle une gardienne. C’était un poste qui lui plaisait tout particulièrement, celui même qui lui correspondait le plus. Tous les quatre enchaînèrent les buts, les arrêts et les interceptions jusqu’à tard dans l’après-midi. Alors qu’ils retrouvèrent le plancher des éales, chacun revendiquait la victoire. Une seule chose semblait en mesure de réconcilier les deux camps autour d’un match nul : le délicieux goûter que leur avait préparé tatie Laurelle, de l’autre côté de la Plaza encantada. Les quatre sportifs amateurs ne se firent pas prier pour prendre place sur la terrasse. Ils mordirent à pleines dents dans les gañotes, ces gâteaux frits qui sentaient bon la cannelle, les zestes de citron et le sésame, qu'ils accompagnèrent d'un breuvage au cacao maison. |
Contenu sponsorisé