Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Vendredi 28 Juin 2024, 19h30.
« Êtes-vous bien certain de ce que vous faites ? »
Je m’arrêtai, l’obligeant à faire de même.
« Vous ai-je jamais donné une raison de douter de moi ? rétorquai-je en esquissant un sourire malgré la fatigue et les douleurs qui engourdissaient tous mes muscles, certain que ce pauvre Emilien ne trouverait rien à me répondre. Son indéfectible loyauté l’en empêchait. »
Il soupira.
« Très bien. »
En signe d’estime, je raffermis ma prise sur son bras. Emilien n’était pas dupe, je le savais très bien. Il était parfaitement conscient que sans son soutien, il m’aurait été impossible de faire le trajet entre le dispensaire et le réfectoire. Son bras me maintenait debout quand mon corps ne demandait qu’à se recoucher…
J’entendis les portes s’ouvrir devant nous — le château avait pitié du vieillard sans éclat que j’étais devenu. Le brouhaha du réfectoire fut réduit à néant par notre entrée, le silence le disputant aux chuchotements. Je ne pouvais pas le voir de mes propres yeux, mais je devinais que la réaction devait être la même à la table du personnel. Peut-être même que la professeure Yapara en avait lâché ses couverts, qui sait — elle me reprocherait tôt ou tard cette expédition, ça c’était certain. Reste que nous étions au dîner de fin d’année — déjà bien entamée si je me fiais à la puissance des odeurs qui flottaient tout autour de nous — et qu’il était de mon devoir de rassurer tout le monde quant au fait que je n’étais pas mort.
« Attention à la marche, me murmura Emilien. »
Je l’en remerciais d’un hochement de tête et levai un premier pied nu pour grimper sur l’estrade. D’une impulsion, Emilien m’aida à basculer mon poids vers l’avant pour hisser le deuxième pied sur l’estrade.
« Le pupitre est juste devant vous, me confirma-t-il une fois parvenue à bon port. »
Une main après l’autre, je me défis du support d’Emilien pour m’accrocher au pupitre.
« Emilien… j’aurais encore un service à vous demander… »
« Ne dites pas de bêtises, vous savez bien que c’est un honneur pour moi. Sonorus ! »
J’affichai mon plus doux sourire, ouvrai les yeux et fixai mon attention le plus loin possible… ce qui ne portait pas bien loin depuis qu’un voile blanc recouvrait ma vue. Maintenant que ma cécité était révélée, les murmures s’amplifièrent. Je ne fis rien pour les réduire au silence. Les commérages iraient bon train, comme toujours.
« BONSOIR… JE SUIS NAVRÉ D’INTERROMPRE CE FESTIN, MAIS IL ME SEMBLAIT MALHEUREUX QUE LE DIRECTEUR NE SOIT PAS PRÉSENT POUR FÉLICITER LES VAINQUEURS DU BOUCLIER… »
Un pincement me fit louper un ou deux battements de coeur lorsque mes oreilles restèrent sans nouvelles des battements d’ailes de mon fidèle compagnon… Il n’y aurait plus jamais de battements d’ailes, j’en étais conscient. Mais rien ne pouvait empêcher mon rythme cardiaque de s’emballer lorsque cette vérité existentielle s’imposait à moi.
« … J’ADRESSE MES SINCÈRES FÉLICITATIONS AUX ÉLÈVES DE LA CONFRÉRIE D’OGME… »
Je déglutis en essayant de ravaler mes larmes. Je me sentais dévoré par un terrible sentiment de solitude, isolé comme jamais personne ne pourrait l’imaginer…
« … ET VOUS ADRESSE À TOUTES ET À TOUS MES PLUS PLATES EXCUSES POUR LES TEMPS DIFFICILES QUE JE VOUS AI IMPOSÉS DEPUIS VOTRE RETOUR DES VACANCES… J’AI… »
Le silence était si assourdissant qu’il n’en renforçait que plus mon déchirement intérieur.
« … J’AI PERDU UN AMI DANS UNE ATTAQUE QUI ME VISAIT MOI ET MOI SEUL… MAIS SOYEZ ASSURÉS DE VOTRE PLEINE ET ENTIÈRE SÉCURITÉ… »
Quelqu’un se leva, quelque part, pour m’applaudir. Une seconde personne lui emboîta le pas, puis une troisième, une quatrième… Ne pouvant les contenir plus longtemps, je laissai les larmes rouler sur mes joues et se perdre dans ma barbe.
Je ne sais combien de temps s’écoula sous les vivats de la foule, avant qu’une voix tonitruante ne calme les ardeurs en faisant écho à mes dernières paroles. Mes larmes cessèrent aussitôt de ruisseler en l’entendant. J’étais soudain sonné. Que faisait-elle ici ?
« … JE VAIS VOUS LE DIRE PUISQUE LUI-MÊME EST INCAPABLE DE VOUS L’EXPLIQUER… SOYEZ ASSURÉS DE VOTRE PLEINE ET ENTIÈRE SÉCURITÉ CAR IL EST LE PLUS GRAND MAGE BLANC DE NOTRE TEMPS ET PEUT-ÊTRE BIEN DE L’HISTOIRE… IL AVAIT SEULEMENT BESOIN QUE LE COURS DES ÉVÉNEMENTS LE LUI RAPPÈLE. »
Je tournai ma tête vers Emilien, estomaqué par ce que je venais d’entendre de la bouche de ma rivale de toujours.
« Madame Maxime se tient dans l’entrée, entourée des autres membres du conseil d’administration, me murmura-t-il non sans une vibrante émotion que je perçus dans le timbre de sa voix. Ils vous applaudissent… »
Indication n°1 : le discours de fin d’année et l’annonce de victoire du Bouclier de Lancelot ont été prononcés par les maîtres et maîtresses de confrérie dès 19h, s’en est suivi le service du dîner.
Indication n°2 : le professeur Delalande n’a plus été vu par aucun élève depuis le samedi 30 mars (date du début des vacances de Printemps) puisqu’au retour de ces mêmes vacances, le samedi 13 avril, les élèves ont eu la mauvaise surprise d’apprendre que le professeur Delalande avait été victime d’une attaque la veille, alors qu’il assistait aux festivités dans les rues d’Osse-en-Bazar. Aucun autre détail ne leur a été donné si ce n’est qu’Odin, le corbeau qui le suivait partout, a été tué.
Indication n°3 : le conseil d’administration de l’académie est composée de 5 personnes : Melchior McAron en qualité de représentant des parents d’élèves, Célestine Lestrange en qualité de représentante du ministère, Valère Haag en qualité de représentant du personnel, et enfin Olympe Maxime et Violette Guyomard en tant qu’anciennes directrices.
La deuxième partie devrait être publiée dimanche prochain, sentez-vous libre de réagir entre temps !
Indication n°2 : le professeur Delalande n’a plus été vu par aucun élève depuis le samedi 30 mars (date du début des vacances de Printemps) puisqu’au retour de ces mêmes vacances, le samedi 13 avril, les élèves ont eu la mauvaise surprise d’apprendre que le professeur Delalande avait été victime d’une attaque la veille, alors qu’il assistait aux festivités dans les rues d’Osse-en-Bazar. Aucun autre détail ne leur a été donné si ce n’est qu’Odin, le corbeau qui le suivait partout, a été tué.
Indication n°3 : le conseil d’administration de l’académie est composée de 5 personnes : Melchior McAron en qualité de représentant des parents d’élèves, Célestine Lestrange en qualité de représentante du ministère, Valère Haag en qualité de représentant du personnel, et enfin Olympe Maxime et Violette Guyomard en tant qu’anciennes directrices.
Giovanni Cumuci
3ᵉ année, Ogme
C’était enfin le dernier jour. J’attendais ce moment avec une certaine impatience. J’en avais assez des cours, des longues journées à l’école, et de devoir supporter l’autorité des délégués qui nous imposent trop de règles. Mais cette fois, en arrivant à la gare de Paris, je suis certain que maman ne me repoussera pas, car cette année, je n’ai pas fait de bêtises. Ou plutôt, je n’ai rien fait qui aurait entraîné l’envoi d’un courrier à son attention.
Les vacances à la maison se faisaient attendre, mais j’étais curieux de savoir ce que l’école avait réservé pour ce dernier dîner de l’année scolaire. Ils allaient sûrement annoncer quelle confrérie était la gagnante, puis ensuite... quelqu’un viendrait peut-être faire un discours pour tristement annoncer que le vieux directeur ne pourrait pas venir. Mauvaise ambiance après l’annonce du gagnant.
Je suis installé à l’une des tables rondes du réfectoire, presque la plus proche de l’estrade. C’est clairement une mauvaise idée ; je préfère généralement assister au spectacle de loin. Pauline avait décidé de manger à mes côtés. Nous nous entendions mieux ces derniers temps, depuis que nous avions longuement parlé après un travail de groupe. Elle penche sa tête aux cheveux flamboyants dans ma direction et me chuchote :
« – Gio… on fait un pari ? » me demande-t-elle sur le ton de la confidence. Elle n’a pas tort de mettre un peu d’enjeu après tout ce temps. Je rentre dans son jeu, pensant peut-être qu’il y a quelque chose d’intéressant à gagner.
« – Sur quoi et qu’est-ce qu’on parie ? » lui demandai-je, déchirant le coin de ma serviette.
« – La mort du directeur. »
Un malaise me prend. Depuis quand parie-t-elle sur des sujets aussi morbides ? Après tout, c’est vrai que c’est un sujet qui revient souvent dans les conversations de nos camarades... mais moi, je préfère rester loin de cela. En général, les ragots m’ennuient, mais celui-ci me travaille particulièrement. Et si c’était vrai ? Que deviendrait Beauxbatons ? Je fais une boulette avec le bout de serviette que j’avais déchiré et soupire, le regard perdu dans le vide. J’hausse les épaules et réponds avec un brin d’espoir.
« – Je pense qu’il est vivant… peut-être même rétabli. Il a une réputation d’homme tenace et mystérieux après tout. »
J’entends un pouffement, que je devine venir de Pauline. Je cligne des yeux et l’observe, un peu étonné par son comportement. Ce n’est absolument pas drôle.
« – Je croyais que tu pensais le contraire. Tu n’es pas du genre optimiste habituellement. Mais moi, je te parie qu’il est mort, depuis longtemps. Gio, ça fait des mois qu’on ne l’a pas vu et qu’on n’a pas eu de nouvelles. Ils ne savent juste pas comment nous l’annoncer. »
Je reste silencieux. Je vise mon verre avec ma mini-boulette, qui tombe bien loin de mon panier improvisé.
« – Si je gagne mon pari, tu iras mettre tous les mois des fleurs sur la tombe du directeur. Et toi, si tu gagnes… »
« – Il est vivant, la coupai-je. Nous ne mettrons de fleurs nulle part. Le directeur est le plus puissant sorcier que je connaisse, et il nous protègera encore. Si je gagne, Pauline, nous lui préparons l’anniversaire le plus mémorable. »
Elle leva un sourcil et tordit son cou d’un air interrogateur.
« – Mais on ne connaît même pas sa date de naissance. »
Soudain, un bruit de porte nous fit taire. C’est monsieur Gautier qui tenait quelque chose à ses côtés. Non, c’était quelqu’un, un vieux. Attends, quoi ? C’est notre vieux directeur ? Une ambiance pesante s’installait, et j’aurais sans doute fait un grand et fier sourire à Pauline si le directeur se dirigeait dans un autre état vers le pupitre. Une multitude d’émotions m’envahissaient. Je n’avais pas gagné ce pari… on aurait dit qu’il s’accrochait à la vie autant que la mort le tirait dans les ténèbres. À ce stade, peut-être que d’ici là, j’irai lui apporter des fleurs sur sa tombe pour le jour de son anniversaire.
Le directeur commença à s’exprimer lorsqu’avec Monsieur Gautier, ils arrivèrent au niveau du pupitre. Il félicita notre confrérie d’avoir gagné, mais en même temps, son discours semblait particulièrement éprouvant à partager.
Je croisais mes bras, écoutant attentivement les paroles du vieux sorcier. Il rigole, j’espère ? Il a subi une attaque, il n’a pas su protéger son précieux ami, et il est maintenant frêle comme une fleur au milieu d’un feu de forêt. Je suis sûr qu’un simple membrardus de première année l’atteindrait. Il n’est plus le plus fort des sorciers… et si on a réussi à l’atteindre, lui, qu’est-ce qui nous dit que nous sommes vraiment en sécurité ?
Tout le monde se lève et applaudit. Moi, je reste assis, bloqué dans le courant de mes pensées. On aura beau essayer de nous persuader que ça ira bien, personnellement j’ai un doute, j’ai l’impression que ce ne sont que des beaux mots pour nous rassurer. Je soupire et me saisis de ma fourchette pour manger un morceau de colin, m’inquiétant intérieurement pour l’école et pour le directeur. Restant silencieux, en attendant la fin de ce repas qui était devenu amer.
Les vacances à la maison se faisaient attendre, mais j’étais curieux de savoir ce que l’école avait réservé pour ce dernier dîner de l’année scolaire. Ils allaient sûrement annoncer quelle confrérie était la gagnante, puis ensuite... quelqu’un viendrait peut-être faire un discours pour tristement annoncer que le vieux directeur ne pourrait pas venir. Mauvaise ambiance après l’annonce du gagnant.
Je suis installé à l’une des tables rondes du réfectoire, presque la plus proche de l’estrade. C’est clairement une mauvaise idée ; je préfère généralement assister au spectacle de loin. Pauline avait décidé de manger à mes côtés. Nous nous entendions mieux ces derniers temps, depuis que nous avions longuement parlé après un travail de groupe. Elle penche sa tête aux cheveux flamboyants dans ma direction et me chuchote :
« – Gio… on fait un pari ? » me demande-t-elle sur le ton de la confidence. Elle n’a pas tort de mettre un peu d’enjeu après tout ce temps. Je rentre dans son jeu, pensant peut-être qu’il y a quelque chose d’intéressant à gagner.
« – Sur quoi et qu’est-ce qu’on parie ? » lui demandai-je, déchirant le coin de ma serviette.
« – La mort du directeur. »
Un malaise me prend. Depuis quand parie-t-elle sur des sujets aussi morbides ? Après tout, c’est vrai que c’est un sujet qui revient souvent dans les conversations de nos camarades... mais moi, je préfère rester loin de cela. En général, les ragots m’ennuient, mais celui-ci me travaille particulièrement. Et si c’était vrai ? Que deviendrait Beauxbatons ? Je fais une boulette avec le bout de serviette que j’avais déchiré et soupire, le regard perdu dans le vide. J’hausse les épaules et réponds avec un brin d’espoir.
« – Je pense qu’il est vivant… peut-être même rétabli. Il a une réputation d’homme tenace et mystérieux après tout. »
J’entends un pouffement, que je devine venir de Pauline. Je cligne des yeux et l’observe, un peu étonné par son comportement. Ce n’est absolument pas drôle.
« – Je croyais que tu pensais le contraire. Tu n’es pas du genre optimiste habituellement. Mais moi, je te parie qu’il est mort, depuis longtemps. Gio, ça fait des mois qu’on ne l’a pas vu et qu’on n’a pas eu de nouvelles. Ils ne savent juste pas comment nous l’annoncer. »
Je reste silencieux. Je vise mon verre avec ma mini-boulette, qui tombe bien loin de mon panier improvisé.
« – Si je gagne mon pari, tu iras mettre tous les mois des fleurs sur la tombe du directeur. Et toi, si tu gagnes… »
« – Il est vivant, la coupai-je. Nous ne mettrons de fleurs nulle part. Le directeur est le plus puissant sorcier que je connaisse, et il nous protègera encore. Si je gagne, Pauline, nous lui préparons l’anniversaire le plus mémorable. »
Elle leva un sourcil et tordit son cou d’un air interrogateur.
« – Mais on ne connaît même pas sa date de naissance. »
Soudain, un bruit de porte nous fit taire. C’est monsieur Gautier qui tenait quelque chose à ses côtés. Non, c’était quelqu’un, un vieux. Attends, quoi ? C’est notre vieux directeur ? Une ambiance pesante s’installait, et j’aurais sans doute fait un grand et fier sourire à Pauline si le directeur se dirigeait dans un autre état vers le pupitre. Une multitude d’émotions m’envahissaient. Je n’avais pas gagné ce pari… on aurait dit qu’il s’accrochait à la vie autant que la mort le tirait dans les ténèbres. À ce stade, peut-être que d’ici là, j’irai lui apporter des fleurs sur sa tombe pour le jour de son anniversaire.
Le directeur commença à s’exprimer lorsqu’avec Monsieur Gautier, ils arrivèrent au niveau du pupitre. Il félicita notre confrérie d’avoir gagné, mais en même temps, son discours semblait particulièrement éprouvant à partager.
Je croisais mes bras, écoutant attentivement les paroles du vieux sorcier. Il rigole, j’espère ? Il a subi une attaque, il n’a pas su protéger son précieux ami, et il est maintenant frêle comme une fleur au milieu d’un feu de forêt. Je suis sûr qu’un simple membrardus de première année l’atteindrait. Il n’est plus le plus fort des sorciers… et si on a réussi à l’atteindre, lui, qu’est-ce qui nous dit que nous sommes vraiment en sécurité ?
Tout le monde se lève et applaudit. Moi, je reste assis, bloqué dans le courant de mes pensées. On aura beau essayer de nous persuader que ça ira bien, personnellement j’ai un doute, j’ai l’impression que ce ne sont que des beaux mots pour nous rassurer. Je soupire et me saisis de ma fourchette pour manger un morceau de colin, m’inquiétant intérieurement pour l’école et pour le directeur. Restant silencieux, en attendant la fin de ce repas qui était devenu amer.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Teilo était comme le réfectoire, en effervescence. L'année scolaire s'achevait et en faire le bilan était bien trop compliqué, alors le Lug se laissait simplement porter par l'ambiance de fête. Il avait écouté le discours de fin d'année en se retenant de trop gigoter sur sa chaise, puis applaudi comme les autres la confrérie d'Ogme qui avait encore une fois remporté le Bouclier de Lancelot. Il avait gardé pour lui ses pensées sur le sujet, mangé de bon cœur sa salade aux lentilles et baies de goji tout en discutant gaiement avec ses camarades de table de ce que chacun et chacune allait faire pendant les vacances.
Teilo n'était pas à la table de Giovanni. Ils ne se fréquentaient plus trop depuis quelques mois. Le Lug avait donc opté pour une tactique qui tenait compte de la configuration et du positionnement des tables dans le réfectoire. Il s'était mis à la table juste à côté de celle de Gio, et de manière à être assis quand même pas loin de l'italien. Un subtil message que, peut-être, son meilleur ami pouvait comprendre. Quoi que. Chaque semaine qui passait, Gio semblait de plus en plus... têtu.
Entre deux bouchées et deux échanges avec Paolo et les autres camarades de sa table, le Lug jetait des regards discrets vers l'italien et put ainsi constater à quel point celui-ci s'entendait bien avec Pauline en ce moment. Tant mieux, se dit Teilo en buvant de grosses gorgées d'eau pour pouvoir mieux déglutir. Puis son oreille se tendit quand ils évoquèrent le directeur. Pauline disait vraiment n'importe quoi. Bien sûr que Monsieur Delalande n'était pas mort. Gio avait raison, c'était un puissant sorcier, sûrement un des plus puissants au monde ! Et oui, ils allaient lui fêter son prochain anniversaire en grande pompe, avec une génoise géante ou un autre gâteau qu'il aimait bien.
Teilo s'en voulait de ne pas avoir fêté le dernier.
Il s'en voulut encore plus quand son Directeur, son Professeur d'Alchimie, son... oui, son Confrère de Lug parut enfin aux yeux de l'assemblée, si affaibli, aveugle et sans son corbeau. Il était soulagé de le revoir enfin, de pouvoir entendre à nouveau cette voix qu'il appréciait tant, forte et vibrante, rassurante et porteuse d'espoir. Mais il ne pouvait pas s'enlever de la tête qu'une fois encore, quelque-chose lui avait échappé. C'était comme avec Pensée, Lorie, Thaïs et Gio. Était-il condamné à ne pas pouvoir protéger et préserver les gens qu'il chérissait ?
C'était carrément de sa faute. S'il avait refusé le duel avec Oscar, tout aurait été très différent. Pourquoi aucun de ses amis ne lui avait dit que c'était ridicule, cette histoire ? Au final, après tous ces efforts, ces entraînements avec Drian, il n'avait même pas osé le gagner, ce duel. Rien n'était réglé. Tout ça pour ça.
Ce n'était donc pas à Monsieur Delalande de présenter ses excuses, c'était à lui, et à toutes celles et ceux qui auraient pu faire un peu plus attention à ce qui se passait. Alors, les yeux humides, le jeune Lug fut l'un des premiers à se lever pour applaudir l'Ancêtre. Et quand toute la salle s'y mit, qu'un vacarme se leva jusqu'à tester tant la résistance des fondations de l'Académie que celle des glandes lacrymales de son Directeur, le cœur de Teilo s'emballa.
La vérité se rappelait à tous : personne n'était vraiment seul à Beauxbâtons.
Le Lug tourna la tête pour constater que Gio, lui, était resté assis et n'applaudissait pas. L'envie de le saisir par dessous les bras pour le redresser était forte mais vu leur relation actuelle, le risque de coup d'épaule était bien trop élevé. Les bras plus ballants, ses mains battant plus mou, il en était à chercher une autre solution quand une autre voix fit taire la foule d'élèves déchaînés. Teilo se mit sur la pointe des pieds pour mieux voir la personne - non, les personnes - qui venaient de faire leur entrée et couvraient d'éloges Monsieur Delalande, révélant à toute l'assemblée son statut de Mage Blanc.
"Qui c'est ?" lâcha-t-il un peu fort, le nez et les yeux plissés. N'avait-il pas déjà vu ces visages quelque part ?
Teilo n'était pas à la table de Giovanni. Ils ne se fréquentaient plus trop depuis quelques mois. Le Lug avait donc opté pour une tactique qui tenait compte de la configuration et du positionnement des tables dans le réfectoire. Il s'était mis à la table juste à côté de celle de Gio, et de manière à être assis quand même pas loin de l'italien. Un subtil message que, peut-être, son meilleur ami pouvait comprendre. Quoi que. Chaque semaine qui passait, Gio semblait de plus en plus... têtu.
Entre deux bouchées et deux échanges avec Paolo et les autres camarades de sa table, le Lug jetait des regards discrets vers l'italien et put ainsi constater à quel point celui-ci s'entendait bien avec Pauline en ce moment. Tant mieux, se dit Teilo en buvant de grosses gorgées d'eau pour pouvoir mieux déglutir. Puis son oreille se tendit quand ils évoquèrent le directeur. Pauline disait vraiment n'importe quoi. Bien sûr que Monsieur Delalande n'était pas mort. Gio avait raison, c'était un puissant sorcier, sûrement un des plus puissants au monde ! Et oui, ils allaient lui fêter son prochain anniversaire en grande pompe, avec une génoise géante ou un autre gâteau qu'il aimait bien.
Teilo s'en voulait de ne pas avoir fêté le dernier.
Il s'en voulut encore plus quand son Directeur, son Professeur d'Alchimie, son... oui, son Confrère de Lug parut enfin aux yeux de l'assemblée, si affaibli, aveugle et sans son corbeau. Il était soulagé de le revoir enfin, de pouvoir entendre à nouveau cette voix qu'il appréciait tant, forte et vibrante, rassurante et porteuse d'espoir. Mais il ne pouvait pas s'enlever de la tête qu'une fois encore, quelque-chose lui avait échappé. C'était comme avec Pensée, Lorie, Thaïs et Gio. Était-il condamné à ne pas pouvoir protéger et préserver les gens qu'il chérissait ?
C'était carrément de sa faute. S'il avait refusé le duel avec Oscar, tout aurait été très différent. Pourquoi aucun de ses amis ne lui avait dit que c'était ridicule, cette histoire ? Au final, après tous ces efforts, ces entraînements avec Drian, il n'avait même pas osé le gagner, ce duel. Rien n'était réglé. Tout ça pour ça.
Ce n'était donc pas à Monsieur Delalande de présenter ses excuses, c'était à lui, et à toutes celles et ceux qui auraient pu faire un peu plus attention à ce qui se passait. Alors, les yeux humides, le jeune Lug fut l'un des premiers à se lever pour applaudir l'Ancêtre. Et quand toute la salle s'y mit, qu'un vacarme se leva jusqu'à tester tant la résistance des fondations de l'Académie que celle des glandes lacrymales de son Directeur, le cœur de Teilo s'emballa.
La vérité se rappelait à tous : personne n'était vraiment seul à Beauxbâtons.
Le Lug tourna la tête pour constater que Gio, lui, était resté assis et n'applaudissait pas. L'envie de le saisir par dessous les bras pour le redresser était forte mais vu leur relation actuelle, le risque de coup d'épaule était bien trop élevé. Les bras plus ballants, ses mains battant plus mou, il en était à chercher une autre solution quand une autre voix fit taire la foule d'élèves déchaînés. Teilo se mit sur la pointe des pieds pour mieux voir la personne - non, les personnes - qui venaient de faire leur entrée et couvraient d'éloges Monsieur Delalande, révélant à toute l'assemblée son statut de Mage Blanc.
"Qui c'est ?" lâcha-t-il un peu fort, le nez et les yeux plissés. N'avait-il pas déjà vu ces visages quelque part ?
Aliaume Delalande
Directeur & Professeur d’Alchimie
Le vieil homme qui n’avait pas su dissimuler son émotion acquiesça à on-ne-sait-quoi. Mais les plus observateurs parmi l’assistance remarquèrent que madame Maxime acquiesça à son tour avant de tourner les talons en direction du hall d’entrée — rapidement suivie par le reste des administrateurs de l’académie — en laissant derrière elle une valise plus haute que la plupart des adolescents présents. Le cuir qui la recouvrait était incrusté d’étranges arabesques.
« Attendez un instant, madame Maxime a oublié sa valise, lança Emilien en amorçant un mouvement vers l’entrée du réfectoire… Un mouvement vite réprimé par la main d’Aliaume. »
Surpris, le majordome lui lança un regard mi-stupéfait mi-intrigué.
« Ce n’est pas un oubli, assura le vieil homme. »
Le majordome ouvrit la bouche mais aucun mot ne réussit à franchir la frontière de ses lèvres.
« J’aimerais ajouter une dernière chose si vous me le permettez. »
Un sourire éclaira le visage du vieux directeur lorsqu’il lui désigna sa gorge. D’abord interdit, Emilien Gautier retrouva ses esprits et appuya de nouveau sa baguette magique sur la gorge du vieil homme ; un geste qui appela tout le monde à se rasseoir.
« LE MOMENT EST SANS DOUTE VENU… »
Personne ne pouvait comprendre si le vieil homme pensait à voix haute ou bien s’il s’adressait à l’assistance. Reste que l’attention générale se tourna vers la valise géante lorsque celle-ci — tirée par une magie que personne n’avait activée — contourna les tables une à une en se rapprochant du directeur. Les adolescents qui la virent passer tout près d’eux remarquèrent les mots que les arabesques s’amusaient à former sur le cuir : Avalon vous salue, Votre Majesté…
« … DEPUIS LA NUIT DES TEMPS MAGES BLANCS ET MAGES NOIRS SE LIVRENT UNE BATAILLE SANS FIN, LES UNS POUR LA PAIX ET L’ÉQUILIBRE, LES AUTRES POUR LA SOUMISSION ET LA DOMINATION… JE SUIS CONVAINCU QUE LES MAGES NOIRS SE RÉVÈLERONT DE NOUVEAU À NOTRE SOCIÉTÉ PLUS TÔT QUE TARD… LES SIGNES N’ONT CESSÉ DE S’ACCUMULER EN CE SENS DEPUIS QUELQUES TEMPS… »
Parvenue à portée du directeur, la valise s’immobilisa, sa poignée claquant frénétiquement.
« … ILS FORCERONT DE NOUVEAU NOTRE COMMUNAUTÉ À CHOISIR ENTRE L’OMBRE ET LA LUMIÈRE… ENTRE L’AMOUR ET LA TRAHISON… poursuivit le vieil homme en offrant une caresse à la valise — qui s’anima aussitôt d’un frisson de plaisir. QUOI QU’IL ADVIENNE DE MOI, BEAUXBÂTONS DEMEURERA UN SANCTUAIRE INVIOLÉ… LE HAUT-LIEU D’ÉRUDITION VOULU PAR NOS PRÉDÉCESSEURS… L’ULTIME REMPART CONTRE LA MAGIE NOIRE… »
L’un après l’autre, les tatouages du vieil homme s’illuminèrent d’une aura blanche tandis qu’il adressait un signe au majordome visiblement inquiet.
« Empêchez la professeure Yapara de m’atteindre s’il lui prenait la mauvaise idée de s’y essayer, lui murmura-t-il. »
Emilien Gautier pâlit mais il acquiesça malgré l’invraisemblance de la demande. On le vit prendre position à mi-chemin entre le directeur et la table des professeurs, baguette toujours à la main.
Les arabesques sur la valise s’illuminèrent à leur tour, diffusant une lueur blanche autour d’elles. Lueur qui se mélangea à celle qui émanait du vieil homme. Lorsque tous ses tatouages se retrouvèrent activées, tout le monde dans le réfectoire sentit ses soucis s’évaporer instantanément avant qu’une onde de lumière blanche ne força tout le monde à fermer les yeux pour ne pas être aveuglé.
Un lourd silence s’imposa à tous. Au bout de quelques secondes, les yeux se rouvrir, hésitants, fuyants… et, inévitablement, s’écarquillèrent en s’arrêtant sur l’endroit où se trouvait encore quelques instants plus tôt un vieillard et une valise géante…
… la valise avait disparu tout comme le vieillard. A la place, un homme bien plus grand et plus musclé qu’Aliaume Delalande — les cheveux gris rasés à ras et la barbe tout aussi grise qui lui tombait sur sa large poitrine — jetait son ombre sur le pupitre de l’académie. Comme le vieil homme, il arborait une collection de tatouages alchimiques — moins nombreux ceci dit — et, comme lui, il avait des yeux verts qui avaient bien du mal à cacher la lueur mutine qui les animait. Il portait un ample kimono bleu royal.
Les professeurs qui l’avaient bien connu du temps de leur propre scolarité reconnurent sans mal en cet individu l’aura et le physique d’Aliaume Delalande à l’apogée de sa puissance magique…
« NOUS NE SOMMES PAS LA PREMIÈRE ÉCOLE DE SORCELLERIE DU MONDE SANS RAISON ! s’exclama d’une voix parfaitement assurée le Mage Blanc en pointant sa baguette magique sur sa gorge. JE VOUS SOUHAITE UNE BELLE SOIRÉE ! »
… Ils n’apprendraient, une heure plus tard, tous réunis dans la tour de l’Horloge, que le vieux renard s’était soumis plusieurs décennies plus tôt à une magie gardée secrète au sein de son ordre. Une magie qui avait lourdement handicapé ses capacités magiques toutes ses années et plus surprenant encore, le temps, dans le seul et unique but de les retrouver intactes au moment où les Mages Noirs resurgiraient. Ceux qui l’interrogèrent sur le lourd prix à payer pour l’usage d’une telle magie n’obtinrent qu’un sourire énigmatique de la part d’Aliaume, loin de se douter que le sorcier se savait déjà condamné.
« Attendez un instant, madame Maxime a oublié sa valise, lança Emilien en amorçant un mouvement vers l’entrée du réfectoire… Un mouvement vite réprimé par la main d’Aliaume. »
Surpris, le majordome lui lança un regard mi-stupéfait mi-intrigué.
« Ce n’est pas un oubli, assura le vieil homme. »
Le majordome ouvrit la bouche mais aucun mot ne réussit à franchir la frontière de ses lèvres.
« J’aimerais ajouter une dernière chose si vous me le permettez. »
Un sourire éclaira le visage du vieux directeur lorsqu’il lui désigna sa gorge. D’abord interdit, Emilien Gautier retrouva ses esprits et appuya de nouveau sa baguette magique sur la gorge du vieil homme ; un geste qui appela tout le monde à se rasseoir.
« LE MOMENT EST SANS DOUTE VENU… »
Personne ne pouvait comprendre si le vieil homme pensait à voix haute ou bien s’il s’adressait à l’assistance. Reste que l’attention générale se tourna vers la valise géante lorsque celle-ci — tirée par une magie que personne n’avait activée — contourna les tables une à une en se rapprochant du directeur. Les adolescents qui la virent passer tout près d’eux remarquèrent les mots que les arabesques s’amusaient à former sur le cuir : Avalon vous salue, Votre Majesté…
« … DEPUIS LA NUIT DES TEMPS MAGES BLANCS ET MAGES NOIRS SE LIVRENT UNE BATAILLE SANS FIN, LES UNS POUR LA PAIX ET L’ÉQUILIBRE, LES AUTRES POUR LA SOUMISSION ET LA DOMINATION… JE SUIS CONVAINCU QUE LES MAGES NOIRS SE RÉVÈLERONT DE NOUVEAU À NOTRE SOCIÉTÉ PLUS TÔT QUE TARD… LES SIGNES N’ONT CESSÉ DE S’ACCUMULER EN CE SENS DEPUIS QUELQUES TEMPS… »
Parvenue à portée du directeur, la valise s’immobilisa, sa poignée claquant frénétiquement.
« … ILS FORCERONT DE NOUVEAU NOTRE COMMUNAUTÉ À CHOISIR ENTRE L’OMBRE ET LA LUMIÈRE… ENTRE L’AMOUR ET LA TRAHISON… poursuivit le vieil homme en offrant une caresse à la valise — qui s’anima aussitôt d’un frisson de plaisir. QUOI QU’IL ADVIENNE DE MOI, BEAUXBÂTONS DEMEURERA UN SANCTUAIRE INVIOLÉ… LE HAUT-LIEU D’ÉRUDITION VOULU PAR NOS PRÉDÉCESSEURS… L’ULTIME REMPART CONTRE LA MAGIE NOIRE… »
L’un après l’autre, les tatouages du vieil homme s’illuminèrent d’une aura blanche tandis qu’il adressait un signe au majordome visiblement inquiet.
« Empêchez la professeure Yapara de m’atteindre s’il lui prenait la mauvaise idée de s’y essayer, lui murmura-t-il. »
Emilien Gautier pâlit mais il acquiesça malgré l’invraisemblance de la demande. On le vit prendre position à mi-chemin entre le directeur et la table des professeurs, baguette toujours à la main.
Les arabesques sur la valise s’illuminèrent à leur tour, diffusant une lueur blanche autour d’elles. Lueur qui se mélangea à celle qui émanait du vieil homme. Lorsque tous ses tatouages se retrouvèrent activées, tout le monde dans le réfectoire sentit ses soucis s’évaporer instantanément avant qu’une onde de lumière blanche ne força tout le monde à fermer les yeux pour ne pas être aveuglé.
Un lourd silence s’imposa à tous. Au bout de quelques secondes, les yeux se rouvrir, hésitants, fuyants… et, inévitablement, s’écarquillèrent en s’arrêtant sur l’endroit où se trouvait encore quelques instants plus tôt un vieillard et une valise géante…
… la valise avait disparu tout comme le vieillard. A la place, un homme bien plus grand et plus musclé qu’Aliaume Delalande — les cheveux gris rasés à ras et la barbe tout aussi grise qui lui tombait sur sa large poitrine — jetait son ombre sur le pupitre de l’académie. Comme le vieil homme, il arborait une collection de tatouages alchimiques — moins nombreux ceci dit — et, comme lui, il avait des yeux verts qui avaient bien du mal à cacher la lueur mutine qui les animait. Il portait un ample kimono bleu royal.
Les professeurs qui l’avaient bien connu du temps de leur propre scolarité reconnurent sans mal en cet individu l’aura et le physique d’Aliaume Delalande à l’apogée de sa puissance magique…
« NOUS NE SOMMES PAS LA PREMIÈRE ÉCOLE DE SORCELLERIE DU MONDE SANS RAISON ! s’exclama d’une voix parfaitement assurée le Mage Blanc en pointant sa baguette magique sur sa gorge. JE VOUS SOUHAITE UNE BELLE SOIRÉE ! »
… Ils n’apprendraient, une heure plus tard, tous réunis dans la tour de l’Horloge, que le vieux renard s’était soumis plusieurs décennies plus tôt à une magie gardée secrète au sein de son ordre. Une magie qui avait lourdement handicapé ses capacités magiques toutes ses années et plus surprenant encore, le temps, dans le seul et unique but de les retrouver intactes au moment où les Mages Noirs resurgiraient. Ceux qui l’interrogèrent sur le lourd prix à payer pour l’usage d’une telle magie n’obtinrent qu’un sourire énigmatique de la part d’Aliaume, loin de se douter que le sorcier se savait déjà condamné.
Giovanni Cumuci
3ᵉ année, Ogme
Pauline aperçu l’état pensif de Giovanni et petit à petit ralenti ses applaudissements. Elle pensait qu’en gagnant son pari, Giovanni l’aurait charriée toute la soirée, mais contre toute attente il faisait la tête. Décidément, il ne s’arrêtait jamais de la surprendre. Elle qui avait essayé de paraître « cool » en s’amusant à faire un pari hors du commun avec lui, c’était raté.
Elle se rassit, pour être à hauteur de tête de l’Italien qui retirait une arrête de son poisson à l’aide de sa fourchette…avec pour objectif de la mettre sur le rebord de son assiette. La jeune ogme fronça les sourcils, se demandant comment diable est-ce qu’il arrivait à être autant captivé par son assiette. Après une levée de yeux aux ciel, elle prit le pichet ? La carafe ? La cruche ? Le broc d’eau ? Le pot à eau ? L’un des bons nombres de noms désignant ce récipient, pour faire couler de l’eau dans son propre verre. Et quand elle eu fini de se servir, maintenant toujours le récipient dans sa main droite, de sa main gauche et libre, elle attrapa la boulette tirée plus tôt tirée par Giovanni pour le lui jeter dessus afin d’attirer son attention. Malheureusement, son action rata : la boulette le frôla et continua son envol, jusque sur la joue de Teilo. Oups, il ne l’a pas vu hein ? Se demandait-t-elle alors qu’elle avait détourné le regard vers Giovanni l’air de rien.
«- Giovanni ! Ici la Terre, tu as soif ?»
S’empressa-t-elle de lui demander. Il releva la tête, et son attention de son arrête, alors que le directeur annonçait que le moment était venu.
Il ne pu s’empêcher de fixer M.Delalande à ce moment là.
«- Sers-en moi un grand.» Demanda-t-il, en se faisant toutes les hypothèses possibles après ce bout de phrase : ”Le moment” qui résonnait dans son esprit. Ils allaient changer de directeur ? Ou alors Monsieur Delalande prendrait sa retraite ? Peut-être qu’il partirait en voyage avec cette valise qui sortait de nul part…enfin de son point de vu. «- un-s’il-plait-ne-serait-pas-de-trop.» Maugréa Pauline, en le servant jusqu’à ras bord.
Le regard de l’italien se fixa justement sur cette valise, il se demanda qu’était ce nom qu’il aperçu quand elle roula près de leur table, « Avalon », puis cette adresse…sa majesté était le directeur ? Absolument rien de logique semblait s’imbriquer dans sa tête. «- Qu’est-ce que ça veut dire ?» S’interrogea-t-il à haute voix. «Merci-peut-être.» Bougonna la rousse, les bras croisés bien qu’elle suivait elle aussi curieusement la valise du regard.
Le discours du vieil homme atteignit quant à lui bien mieux les tympans du Piémontais. Son cœur battait dans sa poitrine comme on joue du tambour, et rien de son environnement n’était plus clair que la silhouette du faible mage. En fait, à cet instant, rien d’autre ne comptait que d’entendre son discours. Giovanni se demanda si c’était là un discours pour les prévenir, que quoi qu’il arrive ils auraient tous leur propre bataille à mener contre l’ombre. Aussi subtile et simple soit-elle. De toute façon qui ici pourrait bien vouloir d’un monde sombre, mêlant soumission et domination, et où l’amour n’aurait pas sa place ? L’Italien sûrement un peu naïf, ou bien n’acceptant pas que le contraire soit possible, pensait que personne ne voudrait de cela, du moins derrière les remparts de ce château.
Devait-il avoir peur pour ses parents qui eux ne seraient pas protégés par les remparts de Beauxbatons ? Et puis que valaient ces remparts, si elles étaient aussi « puissantes » que le faible directeur ? Il se promettait de devenir plus fort pour protéger les innocents et ceux qu’il aimait…dont Pauline, Teilo, Lorie même si elle était déléguée et trois fois plus forte que lui, Naziha…mais bon, on ne s’inventait pas chevalier, il fallait qu’il s’entraîne pour pouvoir devenir fort. Et par dessus tout il savait que l’union faisait la force….même si le collectif n’était toujours son fort.
Il se saisit du verre que lui avait servit son amie, mais en renversa soudainement quand les tatouages du directeur se mirent à s’illuminer. Que se passait-il ? Allait-il sacrifier son corps pour en faire une puissante barrière magique ? Il croisa le regard de Pauline et elle-même paraissait éberluée.
Il utilisa son bras pour faire barrière à la lumière, que diable se passait-il ? Quand la lumière s’adoucit, il eut le besoin urgent de voir, de comprendre. Et quand il aperçu une silhouette autre que celle du vieux et faible mage qu’était le directeur, il se leva d’un coup. «- Je rêve ?» Giovanni était assez proche pour analyser le mage blanc et pour retrouver certains tatouages qu’il avait déjà vu sur Monsieur Delalande. Il avait compris que c’était lui, même s’il ignorait par quelle magie, il y était parvenu. Il analysait les regards et les réactions de ses camarades, puis croisa celui de Teilo. Il l’interrogea du regard, de sorte à lui demander «comment c’est possible ?».
Il se rassit et se rappela que par dessus tout, ils partageaient une même vision des choses depuis tout ce temps. Le Lug comme l’Ogme voulaient protéger ceux qu’ils pouvaient…or leur façon d’agir et de voir le problème étaient différents. Si l’Ogme avait tendance à foncer tête baissée sur ce qui avait causé du tort, le Lug lui allait d’abord au secours de ses camarades, à l’image du jour où Naziha Branchiflore avait eut des soucis. C’était deux façons de procéder mais dans un même but : aider.
Elle se rassit, pour être à hauteur de tête de l’Italien qui retirait une arrête de son poisson à l’aide de sa fourchette…avec pour objectif de la mettre sur le rebord de son assiette. La jeune ogme fronça les sourcils, se demandant comment diable est-ce qu’il arrivait à être autant captivé par son assiette. Après une levée de yeux aux ciel, elle prit le pichet ? La carafe ? La cruche ? Le broc d’eau ? Le pot à eau ? L’un des bons nombres de noms désignant ce récipient, pour faire couler de l’eau dans son propre verre. Et quand elle eu fini de se servir, maintenant toujours le récipient dans sa main droite, de sa main gauche et libre, elle attrapa la boulette tirée plus tôt tirée par Giovanni pour le lui jeter dessus afin d’attirer son attention. Malheureusement, son action rata : la boulette le frôla et continua son envol, jusque sur la joue de Teilo. Oups, il ne l’a pas vu hein ? Se demandait-t-elle alors qu’elle avait détourné le regard vers Giovanni l’air de rien.
«- Giovanni ! Ici la Terre, tu as soif ?»
S’empressa-t-elle de lui demander. Il releva la tête, et son attention de son arrête, alors que le directeur annonçait que le moment était venu.
Il ne pu s’empêcher de fixer M.Delalande à ce moment là.
«- Sers-en moi un grand.» Demanda-t-il, en se faisant toutes les hypothèses possibles après ce bout de phrase : ”Le moment” qui résonnait dans son esprit. Ils allaient changer de directeur ? Ou alors Monsieur Delalande prendrait sa retraite ? Peut-être qu’il partirait en voyage avec cette valise qui sortait de nul part…enfin de son point de vu. «- un-s’il-plait-ne-serait-pas-de-trop.» Maugréa Pauline, en le servant jusqu’à ras bord.
Le regard de l’italien se fixa justement sur cette valise, il se demanda qu’était ce nom qu’il aperçu quand elle roula près de leur table, « Avalon », puis cette adresse…sa majesté était le directeur ? Absolument rien de logique semblait s’imbriquer dans sa tête. «- Qu’est-ce que ça veut dire ?» S’interrogea-t-il à haute voix. «Merci-peut-être.» Bougonna la rousse, les bras croisés bien qu’elle suivait elle aussi curieusement la valise du regard.
Le discours du vieil homme atteignit quant à lui bien mieux les tympans du Piémontais. Son cœur battait dans sa poitrine comme on joue du tambour, et rien de son environnement n’était plus clair que la silhouette du faible mage. En fait, à cet instant, rien d’autre ne comptait que d’entendre son discours. Giovanni se demanda si c’était là un discours pour les prévenir, que quoi qu’il arrive ils auraient tous leur propre bataille à mener contre l’ombre. Aussi subtile et simple soit-elle. De toute façon qui ici pourrait bien vouloir d’un monde sombre, mêlant soumission et domination, et où l’amour n’aurait pas sa place ? L’Italien sûrement un peu naïf, ou bien n’acceptant pas que le contraire soit possible, pensait que personne ne voudrait de cela, du moins derrière les remparts de ce château.
Devait-il avoir peur pour ses parents qui eux ne seraient pas protégés par les remparts de Beauxbatons ? Et puis que valaient ces remparts, si elles étaient aussi « puissantes » que le faible directeur ? Il se promettait de devenir plus fort pour protéger les innocents et ceux qu’il aimait…dont Pauline, Teilo, Lorie même si elle était déléguée et trois fois plus forte que lui, Naziha…mais bon, on ne s’inventait pas chevalier, il fallait qu’il s’entraîne pour pouvoir devenir fort. Et par dessus tout il savait que l’union faisait la force….même si le collectif n’était toujours son fort.
Il se saisit du verre que lui avait servit son amie, mais en renversa soudainement quand les tatouages du directeur se mirent à s’illuminer. Que se passait-il ? Allait-il sacrifier son corps pour en faire une puissante barrière magique ? Il croisa le regard de Pauline et elle-même paraissait éberluée.
Il utilisa son bras pour faire barrière à la lumière, que diable se passait-il ? Quand la lumière s’adoucit, il eut le besoin urgent de voir, de comprendre. Et quand il aperçu une silhouette autre que celle du vieux et faible mage qu’était le directeur, il se leva d’un coup. «- Je rêve ?» Giovanni était assez proche pour analyser le mage blanc et pour retrouver certains tatouages qu’il avait déjà vu sur Monsieur Delalande. Il avait compris que c’était lui, même s’il ignorait par quelle magie, il y était parvenu. Il analysait les regards et les réactions de ses camarades, puis croisa celui de Teilo. Il l’interrogea du regard, de sorte à lui demander «comment c’est possible ?».
Il se rassit et se rappela que par dessus tout, ils partageaient une même vision des choses depuis tout ce temps. Le Lug comme l’Ogme voulaient protéger ceux qu’ils pouvaient…or leur façon d’agir et de voir le problème étaient différents. Si l’Ogme avait tendance à foncer tête baissée sur ce qui avait causé du tort, le Lug lui allait d’abord au secours de ses camarades, à l’image du jour où Naziha Branchiflore avait eut des soucis. C’était deux façons de procéder mais dans un même but : aider.
Jessica Landi
Professeure d’Artisanat Magique
Cette fin d'année scolaire avait un goût amer pour Jessica. Elle n'en avait certes pas connu d'autres en tant que professeur, mais elle savait bien que celle-ci était différente des années précédentes. L'ambiance n'était pas aux réjouissances. D'autant plus que Lug était bon dernier à la course au Bouclier. Elle sentait bien que les élèves n'avaient plus la même niaque que les générations précédentes. Il fallait qu'elle réfléchisse comment remédier à cela durant l'été, entre autres. Son programme était déjà plus ou moins fait; elle attaquerait direct dans son atelier. Elle avait négligé les nouvelles commandes ces dernières semaines, préoccupée par ce qu'il se passait à l'académie. Son mari l'avait d'ailleurs mise en garde; elle n'était plus présente psychologiquement avec eux et son fils allait en pâtir. Cette pause académique leur ferait à tous le plus grand bien. Ils partiraient également dans le nord de l'Italie, non loin de la famille de Terenzio en Suisse. Il était prévu un petit séjour en bord de mer mais elle ne savait pas quand pour le moment, elle préférait de toute manière ses montagnes.
Perdue dans ses futures escapades, elle n'avait que peu prêté attention à ce qui l'entourait. Pourtant quand le directeur se dirigea vers le pupitre, elle aurait dû sortir de ses pensées, ne l'ayant pas vu depuis plusieurs semaines. La voix tonitruante de madame Maxime fut un électrochoc. Elle avait l'impression de revenir adolescente et d'avoir été prise la main dans le sac à rêvasser et ne pas écouter le cours. Elle observa en silence les membres du conseil d'administration. Elle était à la limite d'être bouche bée. Mais qu'est ce qu'il se passait? Elle secoua la tête vers ses collègues.
Elle n'aurait jamais pu deviner et être prête pour la suite. Les tatouages alchimiques... Elle savait, pour en avoir quelques uns, qu'il y avait quelque chose d'étrange dans le fait qu'ils s'illuminèrent tous en même temps. Qu'est ce que ça présageait?
Un hoquet de surprise s'échappa quand Aliaume Delalande reprit l’apparence de son professeur qu'elle avait bien connu plusieurs années auparavant. Elle adorait la magie, sous toutes ses formes. Mais là elle n'avait jamais rien vu de tel!
Elle chuchota:
- Il a trouvé le secret de jouvence?
Perdue dans ses futures escapades, elle n'avait que peu prêté attention à ce qui l'entourait. Pourtant quand le directeur se dirigea vers le pupitre, elle aurait dû sortir de ses pensées, ne l'ayant pas vu depuis plusieurs semaines. La voix tonitruante de madame Maxime fut un électrochoc. Elle avait l'impression de revenir adolescente et d'avoir été prise la main dans le sac à rêvasser et ne pas écouter le cours. Elle observa en silence les membres du conseil d'administration. Elle était à la limite d'être bouche bée. Mais qu'est ce qu'il se passait? Elle secoua la tête vers ses collègues.
Elle n'aurait jamais pu deviner et être prête pour la suite. Les tatouages alchimiques... Elle savait, pour en avoir quelques uns, qu'il y avait quelque chose d'étrange dans le fait qu'ils s'illuminèrent tous en même temps. Qu'est ce que ça présageait?
Un hoquet de surprise s'échappa quand Aliaume Delalande reprit l’apparence de son professeur qu'elle avait bien connu plusieurs années auparavant. Elle adorait la magie, sous toutes ses formes. Mais là elle n'avait jamais rien vu de tel!
Elle chuchota:
- Il a trouvé le secret de jouvence?
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Il y avait de quoi avoir envie de lancer un sortilège. Derrière elle, Lorie entendait les voix qui pariaient sur la mort de son maître… Les mains entrecroisées, menton posé sur celles-ci la championne de l’académie voyait rouge. Giovanni n’était pas aussi décevant que Pauline. Pour autant, elle savait que sa faible vie était désormais comptée. Nahele n’avait pas sourcillé, la mort du directeur était peut-être proche, peut-être loin, mais elle allait arriver. Ceci-dit, il n’était pas encore mort par Merlin ! Tout le monde n’avait pas eu la chance de le voir, comment leur en vouloir.
Sa relation avec lui, celle d’apprentie, lui avait permis de lui rendre visite… Qui par Merlin avait bien pu s’en prendre à Odin ? Imaginer Lys la quitter devenait insupportable, pourtant cela ne faisait moins de deux ans qu’elle était entrée dans sa vie. Elle ne pouvait imaginer ce que ressentait le directeur, elle ne pouvait imaginer le vide dans son âme déchiré par l’infâme qui avait pu faire cela. Cela avait même un peu gâché la fête qu’on lui avait organisée pour son retour. Le tournoi était bien derrière elle, d’autre jours s’annonçaient, celui de sa quête prophétique.
Lorie n’avait pas répondu à sa petite sœur lorsqu’elle lui avait demandé si elle avait des informations sur le directeur, elle s’était contenté de rester mutique, plongée dans ses pensées à réfléchir à quelque chose dont seule elle avait connaissance. La seule chose qui avait attiré son attention était sans nul doute l’entrée du directeur, accroché au bras du majordome. Les traits de Lorie s’adoucissaient, elle avait même daigné lever le menton du dos de ses mains. Fait signe d’un petit geste de la tête à Emilien pour remercier sa fidélité.
Le bouclier n’avait pas changé de confrérie, fort bien, mais Lorie n’en avait plus rien à faire. Le tournoi changeait les gens… Peut-être que c’était sa quête en réalité qui l’avait changé. Tous les événements qu’elle avait affrontés prenaient place dans un puzzle dont le directeur avait eu la bonne idée de l’encourager à affronter. Un soupir plus tard, Lorie attrapa son verre d’eau et pris une gorgée.
« … MAIS SOYEZ ASSURÉS DE VOTRE PLEINE ET ENTIÈRE SÉCURITÉ… »
Lorie continuait de fixer devant elle, ses yeux scrutaient le réfectoire et observaient les visages complètement choqués pour certains, perdus pour d’autres, inquiet en majorité, soulagé pour les quelques optimistes. Sa langue passa sur le bout de ses lèvres humides alors qu’elle posait le verre à pied devant elle avec manière. Son regard lui, s’était détourné vers la voix qu’elle reconnaissait comme si elle l’avait entendu pour la dernière fois. « Maxime… Souffla-t-elle entre ses dents en réponse à la question de Teilo. L’ancienne directrice… Et le conseil d'administration »
Pensée faisait de gros yeux ronds et avait même fait un petit regard à Teilo, elle semblait visiblement impressionnée par la grande dame. Lorie, elle, avait tiqué sur la valise. Je te connais-toi… Avait-elle songé en la suivant des yeux. Pour la première fois, la blonde avait tourné son corps vers le pupitre ou se tenait son maître.
« Qu’est-ce que ce vieux margoulin a encore prévu ?... »
Sans s’en rendre compte, ses pensées avaient fui de sa bouche. Un sourire s’empara de ses lèvres et elle hocha la tête à plusieurs reprises en semblant être amusée de la situation. Son maître avait visiblement un coup d’avance sur beaucoup de personnes, elle comprise, c’était donc ça la qualité des secrets. Mais elle n’était pas dupe, l’alchimiste deviendrait roi, l’alchimiste mourrait. Lorie attrapa son verre et le porta à ses lèvres, un regard fier pour son maître, il ne restait plus qu’à boire à sa santé, ainsi qu’à celle de la première place du classement FORBE. Il ne restait plus qu’à profiter du peu de temps qu’il restait avant la guerre, du peu de temps qu’il restait à son directeur. Sourire aux lèvres, le visage illuminé, elle leva son verre pour tous ceux présent à sa table.
« Au professeur Delalande et ses surprises magiques »
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Sur la pointe des pieds, les mains sur le bord de la table, bras tendus et son long cou déployé, Teilo donnait l'impression d'avoir vraiment grandi, d'être un peu perché. Il ne quitta pas des yeux la grande dame qui venait de faire irruption flanquée d'autres personnages, hocha simplement la tête quand Lorie lui apprit qu'il s'agissait de Madame Maxime, l'ancienne directrice de Beauxbâtons. Son regard ne se détourna que quand il capta celui impressionné de Pensée. Bien qu'il ne sache quoi déduire de tout ce qui se tramait, il afficha pour elle un sourire rassurant.
"Aïe."
Un choc soudain pas loin de sa bouche, suivi d'une fine douleur, le fit froncer nez et ses sourcils, se masser la joue, puis rechercher autour de lui la source du projectile malfaisant. Même s'il jouait l'innocent en feignant de se concentrer sur une arête de poisson, ça ne pouvait être que Giovanni. Mais pourquoi son ami avait-il fait ça ? Le Lug était bien en peine de le déterminer, donc de réagir. Peut-être juste le choper gentiment par l'épaule et lui dire les yeux dans les yeux que franchement... c'était pas... très gentil de sa part et que s'il voulait attirer son attention, y'avait d'autres moyens et que s'il le cherchait, il finirait par le...
Non. Pas maintenant, ce serait bête, demain c'était les vacances. Teilo se rassit, agacé, ratant le déplacement de l'étrange valise jusqu'à son directeur. La voix de celui-ci le fit toutefois relever la tête. Et son discours était clair et limpide, presque trop simple. L'histoire d'une bataille éternelle entre le bien et le mal, le genre de conte qu'on racontait aux enfants. Pourtant, le cœur du petit Lug s'emballait à l'entendre. Cette histoire que Delalande racontait, il ne pouvait s'empêcher de la reconnaître. Avec parcimonie, Lorie avait déjà semé plusieurs mots dans son esprit, comme autant de petites graines qui germaient doucement et silencieusement dans leur petit coin. Cette histoire, c'était peut-être bien la leur.
Il ne pouvait pas s'y soustraire, rester simple spectateur. Le directeur était clair : lui aussi aurait à choisir. Et pas entre dire ou pas tel truc à Pensée, ou quels cours il souhaitait suivre en seconde année. Non, un choix essentiel, le genre de choix qui pouvait tout changer.
Teilo déglutit, le corps droit, les yeux figés sur son directeur. Il sentait ses jambes trembloter un peu, un frais frisson lui parcourir l'échine. Il connaissait ce sentiment, c'était la peur. Il était couplé à cet autre sentiment lancinant, celui de n'avoir pas été à la hauteur de son professeur, de son école, d'avoir été une année encore à côté de la plaque.
Puis les tatouages alchimiques de Monsieur Delalande l'éblouirent lui aussi. En une fraction de seconde, il se revit tasser de la terre autour d'un sumac, écouter le vent bruissant dans ses feuilles, lancer un ballon à Pensée, abandonner un duel, aider son adversaire à se relever, courir à s'en exploser les poumons sur les remparts à côté de Drian, les cheveux dans les yeux, voler sur les remparts, recevoir le ballon en retour, monter sur une valise trop grande pour haranguer des camarades, faire une chorégraphie d'air, d'eau, de terre et de feu pour impressionner Roseanne.
Quand il rouvrit les yeux, la peur avait disparu. L'autre sentiment aussi. Il ne restait qu'une légère euphorie, un contentement tranquille, presque impossible et que le jeune adolescent avait pourtant déjà ressenti au creux de sa poitrine de nombreuses fois. Il avait presque failli l'oublier. Maintenant, il allait s'y accrocher et espérer que ça dure très, très longtemps.
Leur directeur avait changé, constata le Lug en clignant des yeux. Et pourtant, c'était bien toujours lui, il en était persuadé. Plus puissant que jamais. Teilo l'observait avec admiration et curiosité : avait-il lui aussi troqué son précieux temps, comme une autre directrice, Marie Bonnenouvelle, avant lui ?
Du coin de l’œil, il s'aperçut que Giovanni le regardait, alors il se tourna vers l'Ogme interrogatif et sourit en haussant les épaules. Il n'avait aucune réponse pour lui. A cet instant, les réponses importaient peu. Le mage blanc était toujours là pour veiller sur eux, c'était l'essentiel. Il s'agissait maintenant pour eux de se montrer digne du vieux margoulin, comme se plaisait à l'appeler Lorie. Sans trop savoir ce que le mot voulait dire, Teilo faisait confiance à son amie. Elle était mage blanc elle aussi, il le savait. Quand elle proposa un toast, il fut l'un des premiers de la table à lever son verre.
"A Odin", prononça-t-il d'un air solennel, la mine grave, en pensant aussi à Lys. Quelques secondes plus tard, il sourit à pleines dents. "Et à tous les margoulins de l'Académie."
Les pattes bien ancrées au sol, il but une grande gorgée de son jus de pomme. Son regard rieur se promena de convive en convive autour de cette table ronde, s'agrémentant d'un rapide clin d’œil pour Pensée. Et si jamais Giovanni trainait encore son regard par ici, Teilo lèverait sans hésitation son verre pour lui, convaincu plus que jamais par tout ce qu'il venait de voir que oui, malgré les vents contraires et les apparences trompeuses, tout était toujours possible.
"Aïe."
Un choc soudain pas loin de sa bouche, suivi d'une fine douleur, le fit froncer nez et ses sourcils, se masser la joue, puis rechercher autour de lui la source du projectile malfaisant. Même s'il jouait l'innocent en feignant de se concentrer sur une arête de poisson, ça ne pouvait être que Giovanni. Mais pourquoi son ami avait-il fait ça ? Le Lug était bien en peine de le déterminer, donc de réagir. Peut-être juste le choper gentiment par l'épaule et lui dire les yeux dans les yeux que franchement... c'était pas... très gentil de sa part et que s'il voulait attirer son attention, y'avait d'autres moyens et que s'il le cherchait, il finirait par le...
Non. Pas maintenant, ce serait bête, demain c'était les vacances. Teilo se rassit, agacé, ratant le déplacement de l'étrange valise jusqu'à son directeur. La voix de celui-ci le fit toutefois relever la tête. Et son discours était clair et limpide, presque trop simple. L'histoire d'une bataille éternelle entre le bien et le mal, le genre de conte qu'on racontait aux enfants. Pourtant, le cœur du petit Lug s'emballait à l'entendre. Cette histoire que Delalande racontait, il ne pouvait s'empêcher de la reconnaître. Avec parcimonie, Lorie avait déjà semé plusieurs mots dans son esprit, comme autant de petites graines qui germaient doucement et silencieusement dans leur petit coin. Cette histoire, c'était peut-être bien la leur.
Il ne pouvait pas s'y soustraire, rester simple spectateur. Le directeur était clair : lui aussi aurait à choisir. Et pas entre dire ou pas tel truc à Pensée, ou quels cours il souhaitait suivre en seconde année. Non, un choix essentiel, le genre de choix qui pouvait tout changer.
Teilo déglutit, le corps droit, les yeux figés sur son directeur. Il sentait ses jambes trembloter un peu, un frais frisson lui parcourir l'échine. Il connaissait ce sentiment, c'était la peur. Il était couplé à cet autre sentiment lancinant, celui de n'avoir pas été à la hauteur de son professeur, de son école, d'avoir été une année encore à côté de la plaque.
Puis les tatouages alchimiques de Monsieur Delalande l'éblouirent lui aussi. En une fraction de seconde, il se revit tasser de la terre autour d'un sumac, écouter le vent bruissant dans ses feuilles, lancer un ballon à Pensée, abandonner un duel, aider son adversaire à se relever, courir à s'en exploser les poumons sur les remparts à côté de Drian, les cheveux dans les yeux, voler sur les remparts, recevoir le ballon en retour, monter sur une valise trop grande pour haranguer des camarades, faire une chorégraphie d'air, d'eau, de terre et de feu pour impressionner Roseanne.
Quand il rouvrit les yeux, la peur avait disparu. L'autre sentiment aussi. Il ne restait qu'une légère euphorie, un contentement tranquille, presque impossible et que le jeune adolescent avait pourtant déjà ressenti au creux de sa poitrine de nombreuses fois. Il avait presque failli l'oublier. Maintenant, il allait s'y accrocher et espérer que ça dure très, très longtemps.
Leur directeur avait changé, constata le Lug en clignant des yeux. Et pourtant, c'était bien toujours lui, il en était persuadé. Plus puissant que jamais. Teilo l'observait avec admiration et curiosité : avait-il lui aussi troqué son précieux temps, comme une autre directrice, Marie Bonnenouvelle, avant lui ?
Du coin de l’œil, il s'aperçut que Giovanni le regardait, alors il se tourna vers l'Ogme interrogatif et sourit en haussant les épaules. Il n'avait aucune réponse pour lui. A cet instant, les réponses importaient peu. Le mage blanc était toujours là pour veiller sur eux, c'était l'essentiel. Il s'agissait maintenant pour eux de se montrer digne du vieux margoulin, comme se plaisait à l'appeler Lorie. Sans trop savoir ce que le mot voulait dire, Teilo faisait confiance à son amie. Elle était mage blanc elle aussi, il le savait. Quand elle proposa un toast, il fut l'un des premiers de la table à lever son verre.
"A Odin", prononça-t-il d'un air solennel, la mine grave, en pensant aussi à Lys. Quelques secondes plus tard, il sourit à pleines dents. "Et à tous les margoulins de l'Académie."
Les pattes bien ancrées au sol, il but une grande gorgée de son jus de pomme. Son regard rieur se promena de convive en convive autour de cette table ronde, s'agrémentant d'un rapide clin d’œil pour Pensée. Et si jamais Giovanni trainait encore son regard par ici, Teilo lèverait sans hésitation son verre pour lui, convaincu plus que jamais par tout ce qu'il venait de voir que oui, malgré les vents contraires et les apparences trompeuses, tout était toujours possible.
Roseanne Leroy
2ᵉ année, Dagda
Plongé dans ses pensées, Roseanne laissait son regard vagabonder librement dans le réfectoire. C'était la fin de sa première année à l'Académie et la jeune Dagda n'avait aucune envie de quitter les murs du château. Elle n'aurait jamais pu imaginer une telle année, tant de choses s'était produite. Elle avait aussi fait beaucoup de rencontres et elle en avait appris plus sur elle et sur sa famille. Cette année n'avait pas été de tout repos, mais elle ne regrettait absolument rien et elle savait que les prochaines années serait tout aussi haute en couleur.
La jeune fille fut sortie de ses pensées par le soudain changement d'ambiance dans le réfectoire. Relevant la tête, la première année remarqua le professeur Delalande qui venait d'entrée dans la pièce. Interdite face à la présence du directeur qu'elle n'avait pas revu depuis les dernières vacances, l'enchanteresse suivit l'homme du regard sans dire un mot. Alors qu'il venait de se tourner vers l'assemblée révélant sa cécité, une bribe de conversation venant de la table d'à côté parvient aux oreilles de la jeune sorcière. Tournant la tête dans la direction du bruit, son regard croisa celui d'un élève d'Ogme plus âgé qu'elle qui s'empressa de lancer un Assurdiato pour discuter tranquillement avec son camarade.
Reportant son attention sur le directeur, la jeune fille sentit sa poitrine se serrer à cause de l'émotion et ses yeux s'humidifier. Lorsqu'elle entendit les premiers raclements de chaise sur le sol, Roseanne n'hésita pas une seconde et se leva à son tour pour applaudir le professeur Delalande. Il y a maintenant presque un an, c'était pour Lorie qu'elle, c'était lever et elle avait accueillit les paroles du directeur sur la sécurité comme une évidence. Maintenant, elle n'était plus sur de riens et ses visions ne faisaient rien pour la rassurer.
Surprise par la voix tonitruante qui c'était élever dans le réfectoire, la jeune Dagda s'arrêta en plein milieu de son mouvement. Estomaquée par la présence de l'ancienne directrice de l'Académie et par ses révélations, la jeune fille s'appuya contre la table pour observer le dérouler des événements. L'enchanteresse observa les quatre autres personnes qui étaient arrivées avec madame Maxine, alors que cette dernière revenait dans la salle avec une valise. La jeune fille se rassit alors que le directeur reprenait son discours, son regard alternant entre le professeur d'Alchimie et la valise qui c'était mise à avancer.
La première année était comme hypnotisé par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux, des frisons lui remontait le long de la colonne vertébrale. Le puissant discours du professeur Delalande la touchait plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Alors que le directeur assuré encore une fois que Beauxbâtons resterait un sanctuaire, la jeune fille pencha son buste en avant intriguait par illumination des tatouages alchimique du vieil homme. La valise commença elle aussi à s'illuminer alors que pour la première fois depuis très longtemps, Roseanne ressentait une puissante sensation de calme l'envahir comme si tous ses soucis, c'était envolé.
Finalement, l'onde de lumière blanche la força à détourner le regard. Ouvrant les yeux quelques secondes plus tard, la jeune Dagda découvrit avec étonnement une toute autre personne là où se tenait avant le vieil homme. Le professeur Delalande rajeunit de très très nombreuses années termina son discours provoquant de nouveaux frissons chez la jeune fille avant qu'il ne finisse par leur souhaiter une bonne soirée. Ne sachant trop comment réagir à tout cela, l'enchanteresse observa sa cousine lever son verre pour porter un toast. Teilo fit de même et la première année se saisit à son tour de son verre pour se joindre à eux.
"Au professeur Delalande, a Odin et à tous les margoulins de l'Académie." s'exclama-t-elle avec un sourire. C'était sa dernière soirée à l'Académie avant un moment alors autant en profiter. Essayant de s'accrocher à la sensation de légèreté qu'elle avait ressenti tout à l'heure, la jeune fille se mêla joyeusement aux conversations profitant une dernière fois de tous ses amis et de sa famille réunis au même endroit.
La jeune fille fut sortie de ses pensées par le soudain changement d'ambiance dans le réfectoire. Relevant la tête, la première année remarqua le professeur Delalande qui venait d'entrée dans la pièce. Interdite face à la présence du directeur qu'elle n'avait pas revu depuis les dernières vacances, l'enchanteresse suivit l'homme du regard sans dire un mot. Alors qu'il venait de se tourner vers l'assemblée révélant sa cécité, une bribe de conversation venant de la table d'à côté parvient aux oreilles de la jeune sorcière. Tournant la tête dans la direction du bruit, son regard croisa celui d'un élève d'Ogme plus âgé qu'elle qui s'empressa de lancer un Assurdiato pour discuter tranquillement avec son camarade.
Reportant son attention sur le directeur, la jeune fille sentit sa poitrine se serrer à cause de l'émotion et ses yeux s'humidifier. Lorsqu'elle entendit les premiers raclements de chaise sur le sol, Roseanne n'hésita pas une seconde et se leva à son tour pour applaudir le professeur Delalande. Il y a maintenant presque un an, c'était pour Lorie qu'elle, c'était lever et elle avait accueillit les paroles du directeur sur la sécurité comme une évidence. Maintenant, elle n'était plus sur de riens et ses visions ne faisaient rien pour la rassurer.
Surprise par la voix tonitruante qui c'était élever dans le réfectoire, la jeune Dagda s'arrêta en plein milieu de son mouvement. Estomaquée par la présence de l'ancienne directrice de l'Académie et par ses révélations, la jeune fille s'appuya contre la table pour observer le dérouler des événements. L'enchanteresse observa les quatre autres personnes qui étaient arrivées avec madame Maxine, alors que cette dernière revenait dans la salle avec une valise. La jeune fille se rassit alors que le directeur reprenait son discours, son regard alternant entre le professeur d'Alchimie et la valise qui c'était mise à avancer.
La première année était comme hypnotisé par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux, des frisons lui remontait le long de la colonne vertébrale. Le puissant discours du professeur Delalande la touchait plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Alors que le directeur assuré encore une fois que Beauxbâtons resterait un sanctuaire, la jeune fille pencha son buste en avant intriguait par illumination des tatouages alchimique du vieil homme. La valise commença elle aussi à s'illuminer alors que pour la première fois depuis très longtemps, Roseanne ressentait une puissante sensation de calme l'envahir comme si tous ses soucis, c'était envolé.
Finalement, l'onde de lumière blanche la força à détourner le regard. Ouvrant les yeux quelques secondes plus tard, la jeune Dagda découvrit avec étonnement une toute autre personne là où se tenait avant le vieil homme. Le professeur Delalande rajeunit de très très nombreuses années termina son discours provoquant de nouveaux frissons chez la jeune fille avant qu'il ne finisse par leur souhaiter une bonne soirée. Ne sachant trop comment réagir à tout cela, l'enchanteresse observa sa cousine lever son verre pour porter un toast. Teilo fit de même et la première année se saisit à son tour de son verre pour se joindre à eux.
"Au professeur Delalande, a Odin et à tous les margoulins de l'Académie." s'exclama-t-elle avec un sourire. C'était sa dernière soirée à l'Académie avant un moment alors autant en profiter. Essayant de s'accrocher à la sensation de légèreté qu'elle avait ressenti tout à l'heure, la jeune fille se mêla joyeusement aux conversations profitant une dernière fois de tous ses amis et de sa famille réunis au même endroit.
Maëlle Lefèbvre
3ᵉ année, Dagda
1a/2 Une nouvelle année scolaire touchait à sa fin. Après l’accueil du Tournoi des Trois Sorciers lors de sa première année, Maëlle avait trouvé cette seconde année à Beauxbâtons plutôt calme, malgré trois nouvelles matières étudiées et un emploi du temps bien plus chargé. Elle n’avait eu aucune nouvelle d’Asmodée ou de Monsieur Abéba et en-dehors des sorties bimensuelles à Osse-en-Bazar, elle ne s’était pas aventurée hors des murs du château, et encore moins à dos d’oiseau... Asmodée, qui accompagnait la délégation de Durmstrang, lui avait tout de même laissé un présent en partant, l’an passé à la même période. Avec ses plumes enflammées, l’Oiseau-de-Feu lui avait en quelques sortes révélé qu’elle avait ce don que l’on appelait communément le Troisième Œil. Il y avait d’abord eu quelques visions l’été dernier, mais celles-ci s’étaient multipliées au cours de l’année écoulée. Elles arrivaient inopinément, la réveillant parfois dans son sommeil ou la surprenant dans les couloirs de l’école. Plus rarement, elles se produisaient pendant les cours, l’obligeant à rattraper ce qu’elle avait manqué pendant un instant plus ou moins long. Surtout, la deuxième année avait fini par s’habituer à la déconcertante sensation d’être expulsée de son propre corps, mais aussi au plus difficile encore retour au présent. Il y avait aussi sa cousine d’un an sa cadette, qui avait fait sa première rentrée à Beauxbâtons. Également répartie à Dagda, Alba était la principale confidente de la normande, la petite sœur qu’elle n’avait eue, su mejor amiga. Plus complices que jamais, toutes deux étaient assises côte-à-côte pour cette dernière soirée à l’académie. D’habitude, c’était le professeur Delalande, le directeur, qui prononçait le discours de fin d’année et remettait le bouclier de Lancelot à la confrérie vainqueure, mais cette année... Maëlle lâcha un petit soupir de dépit. Depuis les vacances de Printemps, personne n’avait revu le vieux sorcier et les cours d’Alchimie étaient assurés par le professeur Lambarna. Pas beaucoup d’informations n’avaient filtré jusqu’aux élèves, si ce n’était que le mage blanc avait été attaqué lors des festivités d’Osse-en-Bazar et que son fidèle corbeau, Odin, avait été assassiné. Dès l’annonce, la deuxième année avait eu la désagréable sensation d’avoir déjà vécu cette scène au travers d’une vision, celle dans la plume d’Asmodée, mais elle n’avait jamais pu confirmer son intuition... Les trois maîtres et maîtresses de confrérie prirent place sur l’estrade, derrière le pupitre. Pour la deuxième année consécutive, Ogme fut – assez logiquement – proclamée victorieuse. Nouveau soupir de la petite Lefèbvre qui applaudit sans grand entrain, par pure politesse. L’absence du directeur Delalande, appréciée de tous, pesait indéniablement sur l’ambiance bien morose qui régnait dans le réfectoire. |
Maëlle Lefèbvre
3ᵉ année, Dagda
1b/2 Le discours et la remise du bouclier de Lancelot avaient été rapidement expédiés. Le délicieux festin – la réputation des gastromages de l’académie n’était pas galvaudée – avait ensuite été servi, emplissant les tables de mets tous plus alléchants les uns que les autres. Maëlle avait choisi une terrine de poisson en entrée, puis de la poularde truffée à l’orange et son écrasé de pommes de terre en plat principal. Le choix de sa cousine Alba s’était porté sur un feuilleté d’asperges suivi d’un rôti de lotte lardée et sa sauce à l’oseille, accompagnée de sa poêlée de légumes d’été. Passée la déception de n’avoir pas avoir vu leur confrérie remporté le bouclier de Lancelot – ce qui n’était pas vraiment une surprise – les deux fillettes mangèrent avec appétit tout en planifiant leurs projets pour les vacances scolaires. Comme chaque année, la petite Lefèbvre passerait le début de l’été en Andalousie, chez sa tatie Laurelle et ses cousins Alba et Juanito. Toute la famille se réunirait ensuite pour fêter l’anniversaire de mamie Aliette, puis elle rentrerait en Normandie jusqu’à la prochaine rentrée scolaire. Le dîner était servi depuis une petite demi-heure et les discussions allaient bon train lorsque les portes du réfectoire s’ouvrirent en grand. On n’attendait plus personne pourtant, à part peut-être... Tous les regards se tournèrent vers l’entrée. La troisième année se tortilla sur sa chaise pour mieux voir. Penchée sur le côté, elle accueillit les arrivées par une bouche bée, rapidement remplacée par un large sourire lorsqu’elle reconnut la silhouette du majordome, mais surtout celle du directeur Delalande. Ce dernier semblait plutôt faiblard, ainsi appuyé sur Monsieur Gautier. Mais au moins il était vivant ! nota Maëlle. Sans surprise, ce n’était pas le cas de son fidèle corbeau en revanche... Les deux hommes s’avancèrent avec lenteur à travers le réfectoire. Toute l’académie, élèves comme membres du personnel, était suspendue à leurs pas. Chacun d’eux semblait plus pénible que le précédent. Le directeur – pour la première fois, la normande se fit la réflexion qu’il ressemblait vraiment à un vieillard – atteignit finalement l’estrade où s’était déjà tenu un premier discours en début de soirée. Appuyé sur le pupitre, le professeur Delalande prit la parole, comme il en était de tradition pour une fin d’année scolaire à Beauxbâtons. Grâce à la magie du majordome, sa voix porta dans tout le réfectoire, qui écoutait dans un silence de cathédrale. Les mots étaient rares, comme comptés, et emplis de la douleur du vieil homme. L’émotion était palpable, et couplée à l’émoi de découvrir la cécité du directeur qui se tenait vaillamment devant eux, il se propagea rapidement aux élèves comme membres du personnel réunis en ces lieux. Maëlle ne sut pas vraiment d’où s’élevèrent les premiers applaudissements, mais tout comme sa cousine, elle ne tarda pas à se lever de chaise pour se joindre aux acclamations en l’honneur de leur directeur. L’hommage ne semblait pas vouloir se terminer, mais une nouvelle irruption dans le réfectoire y mit fin. Comme d’un seul mage, tous les regards se tournèrent vers l’entrée où se tenaient désormais cinq sorciers. « C’est Olympe Maxime, l’ancienne directrice... chuchota la normande à l’attention d’Alba, en désignant la demi-géante du menton. Et tout le conseil d’administration de l’école... Tu verras ça l’année prochaine dans le cours de Monsieur Figueiredo. » Si la jeune Dagda les avait vus au travers de son manuel scolaire, elle était bien incapable de mettre les bons noms en face des quatre autres visages. |
Maëlle Lefèbvre
3ᵉ année, Dagda
2/2 Aux paroles – presque un cri du cœur – de Madame Maxime, Maëlle ne put cacher sa surprise. Il était pourtant de notoriété publique qu’elle et son successeur à la tête de l’académie étaient rivaux. Les rumeurs disaient même que tous deux se détestaient... La deuxième année acquiesça silencieusement, comme pour montrer qu’elle était en accord avec les mots de l’ancienne directrice de Beauxbâtons. Un sourire retenu se dessina sur ses lèvres, alors que ses yeux noisette se posèrent avec suspicion sur l’imposante valise que la géante avait laissée là, sur le palier du réfectoire. Il était difficile de savoir si c’était un geste délibéré ou un simple oubli. Sur l’estrade, le directeur Delalande, toujours cramponné derrière son pupitre, reprit la parole. Sa voix était toujours amplifiée grâce à la magie de son second, Monsieur Gautier. Les paroles énigmatiques du doyen, désormais jeune centenaire, ramenèrent un semblant de calme dans le réfectoire. Suivant l’élan général, les deux cousines se rassirent à leur table, mais ne reportèrent pas longtemps leur attention sur le discours du vieil homme. Maëlle garda les yeux rivés sur la valise XXL, qui s’était animée aux premiers mots d’Aliaume Delalande. Il était venu le moment, mais de quoi ? s’interrogeait la normande en suivant le bagage en cuir du regard. Les étranges arabesques qui ornaient ce dernier lui faisaient naturellement penser aux impressionnants tatouages alchimiques qui recouvraient les bras du directeur. Avalon vous salue... déchiffra-t-elle lorsque la valise contourna la chaise d’Alba. Elle fronça les sourcils, se remémorant le nom d’un lieu mythique dans l’une des nombreuses légendes que lui avait comptées son papi Léandre, sans qu’elle ne reconnaisse laquelle. La petite Lefèbvre ne releva les yeux vers le professeur Delalande que lorsque l’immense bagage s’immobilisa à ses côtés. Les lèvres pincées, elle retint sa respiration devant la poignée qui claquait frénétiquement, et donna un petit coup de coup à sa cousine sur sa droite. Elle avait l’intuition qu’il allait se passer quelque chose d’à la fois inattendu et important. Un truc vraiment spécial... Comme si la valise n’attendait que de pouvoir libérer sa magie... Le regard songeur, elle ne manqua rien des tatouages alchimiques qui s’illuminèrent les uns après les autres sur les bras du vieil homme. De même, les arabesques sur le bagage en cuir se mirent à briller d’une aura blanche similaire. L’onde de lumière blanche se propagea dans tout le réfectoire, forçant tout le monde à fermer les yeux. Maëlle entrouvrit le regard après quelques secondes, et donna un petit coude de coude à sa cousine qui avait placé ses mains devant son visage en guise de protection. « Regarde ! » chuchota-t-elle avec surprise. Sur l’estrade, en lieu et place d’Aliaume Delalande, se tenait désormais un sorcier plus grand, plus jeune et visiblement plus fort. La normande resta bouche bée, interloquée par ce qui venait de se passer sous leurs yeux. C’était une forme de magie pour le moins inédite... Non seulement elle n’en avait jamais entendu parler, ce qui n’était pas si surprenant à son âge, mais le même étonnement semblait partagé au niveau de la table des professeurs... Longue barbe, tatouages alchimiques sur les bras et crâne rasé ; l’imposant sorcier derrière le pupitre avait quelques traits en commun avec le directeur Delalande, mais il n’avait plus rien du vieillard qui se tenait encore difficilement devant eux il y a quelques minutes de cela. Comme pour confirmer son identité, il conclut son discours en annonçant que Beauxbâtons était désormais la meilleure école de sorcellerie au monde. Cette version rajeunie du professeur Delalande n’en restait pas moins bien plus intimidante aux yeux de la petite Dagda. |
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