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Adieu [SOLO]
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Drian Vaillant
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme

Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme

Drian Vaillant
https://www.beauxbatons.org/t138-drian-vaillant

Lun 20 Mai 2024 - 18:48


Dimanche 31 Mars 2024 - 17h00
7 impasse du Tisonnier, Osse-en-Bazar
Sixième année - 17 ans
______

A peine rentrée dans la maison familiale pour les vacances de Pâques que Subtil m’a fait savoir qu’il voulait que je le rejoigne. Je sais que ma mission est dans quelques jours et qu’il nous reste peu de temps pour m’entraîner mais il aurait pu me laisser un peu plus de marge. Il n’a pas été simple de fausser compagnie à mes parents cette fois et le regard qu’a posé ma mère sur moi m’a clairement laissé comprendre qu’elle n’était pas dupe. Je sens que les choses ne vont pas cesser de se corser dans le futur.

Le portoloin m’amène directement dans la pièce impasse du Tisonnier que j’ai l’habitude de côtoyer à présent et Subtil m’accueille par un hochement de tête et son sourire habituel. Mais mon attention est vite attirée ailleurs. Mon regard se porte sur la chaise au centre de la pièce, occupée par une masse, que je devine humaine, affaissée sur elle-même, en lieu et place du mannequin – ou plus exceptionnellement de créatures – dont j’ai l’habitude. Sa silhouette m’est familière mais son visage, caché, ne me permet pas de le reconnaitre. D’un coup de baguette, Subtil le redresse et met à jour ses traits. Ma respiration se bloque en le reconnaissant en opposition à celle de l’homme qui s’accélère. Sa poitrine se soulève par à coup, bien trop fort pour être normal. Ses yeux s’écarquillent d’horreur ou de surprise, peut-être bien des deux, lorsqu’il les pose sur moi.

- J’imagine que tu le reconnais, dit Subtil avec un sourire bien plus prononcé aux lèvres.

Je hoche la tête mais j’ai la bouche devenue trop sèche pour parler.

- Il a été capturé par Louve. Il fouinait déjà depuis un moment et a commencé à être gênant, explique mon maître sans s'étendre davantage.

Mille questions me viennent à l'esprit mais je sais que si Subtil avait voulu en dire plus, il l'aurait fait. Je ne suis de toute façon pas certain de réussir à prononcer quoique ce soit de cohérent.

- Bien. Sors ta baguette, il est tant que tu t’entraines sur une cible humaine.

Ce qu'il ne dit pas devant la victime, je le comprends par moi-même. Il veut savoir comment je gère émotionnellement la situation. Si je réussis cette épreuve, alors il n'y aura pas de soucis à se faire pour ma prochaine mission. Je prends une inspiration et obéis. Ma baguette fermement pointée sur l'homme, nous nous observons un instant sans dire le moindre mot. Pourquoi hésiterai-je ? Je le hais. Evidemment que je le hais et aucun autre sentiment ne devrait compter ! Auparavant, j'aurai baissé les yeux, par peur plus que par respect, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est moi qui le menace. Aujourd'hui, je me contemplerai jusqu'au bout dans les yeux de mon oncle.
Drian Vaillant
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme

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Drian Vaillant
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Mar 21 Mai 2024 - 20:40


Une malédiction, puis un autre, …et encore un autre. A chacune d’elles, j’ai l’impression que quelque chose se déchire en moi. Les grognements de douleurs de mon oncle raisonnent dans ma tête comme s’il s’agissait des miens. Ce n’est pas de l’empathie. Je n’ai aucune compassion pour ce type qui m’a tant rejeté. Non, mais j’ai tout de même la sensation qu’une part de moi-même est en train d’être violemment mutilée. Cette part ressent tellement de choses : de la honte, de la peur, de la rage, de la souffrance, du désespoir, du dégoût. Alors sans même en prendre tout à fait conscience, mon cerveau arrête de réfléchir à ce que mon corps est en train de faire. Il arrête d’analyser, de ressentir et se contente d’agir de manière mécanique. Il vaut mieux que de ressentir tout ça.

***

Le dernier sortilège le frappe de plein fouet et lorsque je l’en libère, essoufflé, mon oncle crachote du sang et se mets à rire, rapidement suivi par une quinte de toux.

- Je savais… que tu ne serais qu’une déception, dit-il entre deux respirations difficiles. J’ai bien fait… de ne pas miser sur toi.

Un sourire cynique, de celui que j’ai toujours eu en horreur, fleurit sur ses lèvres. Il n’en fallait pas plus pour raviver ma haine et détruire la fragile léthargie dans laquelle je me suis réfugié un instant plus tôt. Mon envie de lui arracher son détestable sourire est plus forte que jamais. Dans son regard cependant, je ne lis que de la tristesse et ses mots, même si je voudrai qu’ils soient vrais, ne sont que des mensonges. Ses vérités que je ne veux pas voir m’ébranle plus que je ne veux me l’admettre et je les rejette de toute mon âme. Absurde, mon occlumencie me joue forcément des tours. Il me méprise comme toujours, je n’ai aucun doute à avoir là-dessus. Je préfère qu’il en soit ainsi, c’est bien plus simple de le haïr de cette façon.

Effondré au sol après avoir voulu échapper à la malédiction de Flagrance que j’ai lancé sur la chaise, gravement entaillé de toute part, il lève la main entre lui et moi lorsque je fais mine de l’attaquer à nouveau, comme si ce rempart de fortune était suffisant pour le sauver. Si je continue à ce rythme, il finira par se vider de son sang, ou Subtil l’achèvera avant. Il essaye de parler à nouveau mais aucun son ne sort de sa bouche lacérée. Il semblerait qu'il est tout donné pour m'insulter. Je le vois prendre une respiration douloureuse, pour finalement lâcher dans un souffle :

- J’invoque la loi de la dague noire.

Je ne comprends pas. De quoi est-ce qu’il parle ? Je m’apprête à lui lancer une nouvelle malédiction lorsque Subtil m’arrête.

- Baisse ta baguette, dit-il. Je me tourne vers lui, surpris qu'il intervienne alors qu'il semblait être décidé à se contenter d'observer en silence. Le sourire du mage noir s’est agrandit, il semble étonnement satisfait.

D’un mouvement de tête, il me fait signe de reculer et j’obéis sans discuter, sans rien comprendre à ce qu’il se passe.

- Ton oncle me donne l’opportunité de t’enseigner une nouvelle chose. La loi de la Dague noir est l’un des rares préceptes que les Mages noirs doivent respecter. En échange d’un sacrifice, celui qui l’invoque peut sauver une vie. Je suppose que la vie en jeu est la vôtre Monsieur Vaillant ?

L’ancien professeur hoche difficilement la tête.

- Et que consentez-vous à sacrifier en échange ?

Il me regarde et je me demande un instant s’il pense qu’il peut me sacrifier moi. Mais cette idée absurde s’évanouit lorsqu’il ouvre la bouche pour parler.

- Ma… ma mémoire.

Drian Vaillant
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7ᵉ année, Délégué, Ogme

Drian Vaillant
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Drian Vaillant
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Dim 11 Aoû 2024 - 23:31


Thibérius Vaillant n’est plus prostré au sol mais à nouveau assis sur la chaise dont j’ai levé la malédiction, et moi je me tiens non plus face à lui mais derrière lui, ma baguette pointée à présent sur son crâne. Les lacérations qui couvrent son corps ont arrêté de saigner et j’ai soigné, non sans difficulté, celles qui semblaient être les plus graves. Maintenant qu’il a invoqué la dague noire, il ne doit pas mourir.

"Si tu es encore capable de faire ça, alors tout n’est pas perdu", avait alors murmuré mon oncle, profitant de ma proximité temporaire, ce qui lui avait valu un regard acéré et une malédiction de bouche-cousu de ma part. Je ne supporterai plus ces répugnantes susurrations. Je suis loin d'être perdu, je sais parfaitement où je vais.

- Concentre-toi sur ton objectif. Ta volonté de lui extirper tous ses souvenirs, de t’en emparer. Imagine attraper de tes mains le tissu de sa mémoire et l’extirper de toutes tes forces. Commençons comme ça, plus tard, je t’apprendrai à être plus précis.

Je hoche la tête aux instructions de mon maître. S’il ne m’avait pas lancé un sortilège pour me régénérer, je me serais surement déjà effondré mais il semblerait que cet entrainement lui tient particulièrement à cœur. Il est vrai que j’aurai peu d’autres occasions de m’entrainer à cette malédiction sur un sorcier, ce serait bien trop risqué. Mais il y a délibérément autre chose. J’ai pourtant fait tout ce qu’il m’a dit sans broncher, mis au sol l’oncle que je déteste, je ne vois pas ce qu’il peut attendre de plus.

Enfin, ce n’est plus le sujet pour le moment. Je ferme mon propre esprit pour me focaliser sur celui du vieux Vaillant et me concentre sur l’image et l’effort que cela va me demander. Cette malédiction n’est pas de mon niveau, je sais que Subtil ne s’attend pas à ce que je réussisse complètement. Mais je vais faire en sorte que cet entrainement ne soit pas inutile.

- Obliviate Maxima !

Une fois… Deux fois… A la troisième, je sens tenir quelques choses et les grimaces de douleur de mon oncle sont une preuve que je m’approche du but. A la quatrième, l’homme gémit et j’ai la sensation de lui avoir arraché un fragment de lui. Ce n’est pas assez. Je dois faire plus, je dois faire mieux. Mais mon bras est devenu extrêmement lourd et je sens que ma respiration est tout aussi laborieuse. Je suis totalement épuisé. Tellement épuisé que je n’ai pas vu Subtil s’approcher de nous et pointer à son tour sa propre baguette sur le sorcier, son sourire éternel aux lèvres.

- C’est un début, va te reposer.

Je m’affale plus que je ne m’assoie sur une des chaises rangé contre le mur. Je sens son regard sur moi. Pas celui de mon maître non, celui du vieux Vaillant. Je déteste ce regard. Je ne veux plus le voir, je suis trop fatigué pour le supporter davantage.

- Ne détourne pas les yeux, m’ordonne Subtil et je frémis de tout mon corps.

Je me rappelle cette injonction faite lors de ma première rencontre avec lui. Sauf que ce n’était pas le mage noir qui me l’avait ordonné, c’était sa seigneurie. Et ce n’était pas mon oncle sur la chaise, mais cette femme en train d’agoniser que je devais fixer sans faiblir. J’avale douloureusement ma salive et garde mon regard planté dans celui du vieux corbeau. Qu’il en soit ainsi.

Subtil lance le sortilège et doucement, je sens la lueur dans le regard de mon oncle devenir hésitante, vaciller pour s’éteindre tout à fait, sans un bruit. Il n’est pas mort et pourtant, j’ai l’impression que c’est tout comme. Sa tête tombe contre sa poitrine avant de se relever d’un coup et de de s’agiter de droite à gauche avec un air ahurie. Il ouvre la bouche mais aucun son ne sort. Alors je lève le maléfice qui l’empêchait de parler et des gargouillements sans sens en sorte. Il ne sait plus parler. Il ne sait plus qui il est et encore moins qui je suis.

Il m’a oublié définitivement. C’est comme un coup de poing dans l’estomac et je sens mes yeux me piquer. J’essaye de reprendre ma respiration mais je suis comme un noyé qui suffoque faute d’air. Pourtant de l’air, il y en a partout autour de moi. Bordel, pourquoi est-ce que mes mains tremblent comme ça aussi ?! J’agrippe mes jambes, serre les dents avec fureur et me force à prendre une grande respiration. Elle est douloureuse mais la suivante arrive plus naturellement. Je continue jusqu’à ce que je me calme définitivement. Je sens le regard de Subtil sur moi tandis que le mien est toujours fixé sur celui de l’homme qui était mon oncle.

- Que fais-t-on maintenant ? Je demande d’un ton neutre qui ferait pâlir de jalousie Morsure.

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