Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
XXI Le monde
2023, 2 jours avant la deuxième tâche 2h32 du matin
Au travers de la verrière du dispensaire, les rayons de la lune venaient inonder le lieu de sa lumière. Sur l’un des lits, Lorie fixait le ciel et les astres dans son pyjama de soie blanche. Un spectacle silencieux parfois interrompu par les pas de la guérisseuse faisant ses rondes. Lorsque le bruit s’arrêta, la déléguée se releva pour s’asseoir, laissant ses jambes pendre dans le vide, puis toucher le sol. Trop grande désormais pour échapper au froid mordant du sol. Ses pieds se tortillèrent tandis qu’elle étirait le reste de son corps. Sa main bandée attrapa l’extrémité du rideau et elle laissa son regard glisser vers l’extérieur. Vide… La guérisseuse était partie se reposer, laissant le reste des patients dans le silence et le clair de lune. La championne prit appui sur le sol et se releva, elle attrapa son sac et la couverture de son lit. À pas de velours, elle se dirigea vers la sortie, puis, d’un geste délicat ouvrit la porte sans faire de bruit pour s’échapper du dispensaire.
Rapidement rejointe par Lys, elle lui offrit un regard. Je sais… Songea la blonde qui savait très bien qu’elle n’avait rien à faire dehors à cette heure là. Au bout de l’allée, trônait fièrement l’immense navire de l’école de Durmstrang, celui-ci avait l’allure d’un bateau fantôme naviguant sur les mers. Lorsque Lorie posa ses yeux bleus sur Lys, celle-ci semblait inquiète. Lorie lui montra alors un sourire de réconfort. Autour d’elle, quelques lumières artificielles perçaient les fenêtres du château, certaines dansaient comme la flamme d'une bougie… Tout était si calme, si paisible… Pieds nus, la Française marcha jusqu’à un banc pour s’y asseoir. Elle enroula la couverture autour d’elle et sortit son journal ainsi qu'une potion qu'elle posa à côté d'elle sur le banc, cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas écrit dedans, plus d’un an.
Lorie tourna les pages jusqu’à en trouver une vierge et commença à écrire. Lina et Cali avaient le droit à leur page chacune, comme d'habitude un dessin les illustrant ornais le haut de page. Le rythme du frottement de la plume sur les pages était parfois interrompu par un regard dans les jardins. Les sons provenant de la forêt n’étaient pas effrayants, ils marquaient la nuit qui régnait en seule maîtresse sur le domaine. Lorie inspira profondément et posa son journal sur le côté. Cette petite sortit était ce qui lui fallait, un moment hors de l’agitation, loin du tournoi, des cours et de sa routine quotidienne. L’air froid était revigorant, elle le sentait passer dans sa poitrine et éveiller ses sens. Lys avait disparu, mais elle ne devait pas être très loin, elle ne l’était jamais. Les yeux sur les étoiles, elle profitait de ce moment privilégié avec elle-même.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Un bruit fracassant me tire du sommeil en sursaut et me fais attraper ma baguette instinctivement. Redressé sur mon lit, le cœur battant frénétiquement, j'essaye de percer l'obscurité de mes yeux. Rien. J'entends des murmures en plus de ronflements, je ne suis pas le seul à avoir été réveillé, je n'ai donc pas rêvé. Tobias remue dans le lit à côté du mien.
- Y s'passe quoi ? Demande-t-il d'une voix ensommeillée.
Je ne lui réponds pas, je ne sais pas. Puis un nouveau bruit semblable à une petite explosion se fait entendre. Cette fois-ci, complètement alerte, je parviens à identifier d'où il provient. Quelqu'un fait je ne sais quoi dans les boudoirs en plein milieu de la nuit. Je sais que Lorie est au dispensaire cette nuit, il n'y a donc que moi comme délégué pour m'en occuper. Je me lève, enfile en vitesse mes chaussures de sports et la veste de mon uniforme par-dessus mon pyjama gris - heureusement que c'est l'hiver, sinon je serai moins bien couvert - et descends voir de quoi il en retourne en intimant à mes camarades de chambre de rester dans leur lit.
Dans le boudoir, je découvre un jeune élève la baguette à la main et secouant frénétiquement le bras. Son attitude bizarre m'interpelle et d'un expelliarmus, je le désarme par mesure de sécurité. Mais le garçon continue son mouvement comme si rien n'avait changé. En m'approchant doucement et silencieusement de lui, je discerne mieux son visage dans la semi-pénombre. Un regard vide, perdu. Un frisson me parcourt, on dirait qu'il est soumis à un sortilège. Pour autant, ce n'est pas la première fois que j'ai affaire à ce phénomène, et en ce moment plus régulièrement que je l'aurai voulu. Surement une énième crise de somnambulisme. Le tournoi et la venue des élèves de Durmstrang et de Hogwarts semblent en agiter plus d'un. Je soupire et range ma baguette. Vu le bouquant qu'il a fait, je ne peux pas aller me recoucher comme si de rien n'était. Je vois d'ici madame Yapara me reprocher de ne pas l'avoir amené au dispensaire et je n'ai pas envie de me faire remarquer en ce moment.
- Allez viens, je chuchote en le prenant délicatement par les épaules et en le dirigeant vers la sortie.
Sans le brusquer - à priori, il vaut mieux éviter de réveiller un somnambulisme en crise -, je déambule dans le château sans croiser âme qui vive, traverse les jardins dans le froid mordant de l'hiver et arrive enfin - à bout de patience, quelle idée d'avoir placer l'endroit le plus indispensable au fin fond des jardins - au dispensaire. J'explique rapidement la situation à la guérisseuse qui vient nous voir puis m'en retourne vers le château sans traîner en enfournant dans la poche de ma veste le mot que j'ai eu la bonne idée de lui demander de m'écrire pour justifier ma présence dehors à cette heure-ci. On n'est jamais trop prudent. Je n'aurai vraiment pas de chance de tomber sur un professeur sceptique - le vieux Vaillant pour ne citer que lui - mais tout est possible.
Alors que j'ai fait la moitié du chemin dans les jardins, pris d'une drôle de sensation, je tourne la tête sans vraiment savoir pourquoi vers le dispensaire et c'est là que je la vois. Une petite silhouette, qui ne me semble pas être celle de la guérisseuse, en sort et file en direction du navire de Durmstrang. Je me fais tout de suite discret en m'accroupissant et la suis du regard. Elle ne le rejoint pas et s'arrête au niveau d'un banc. Etrange. J'hésite un instant mais ma curiosité l'emporte. Et puis, il y a toujours quelque chose à gagner à surprendre quelqu'un en pleine infraction du règlement.
Je fais demi-tour m'approche de la silhouette aussi discrètement qu'une ombre. Lorsque je ne suis plus qu'à quelques mètres derrière elle, je la reconnais. Je n'ai pas besoin de voir son visage pour savoir. Sa blondeur illuminée par la lune, son port de tête, même sa position m'est familière. Fleury. Une bête vorace gronde au fond de moi et je sens la tension raidir tous mes muscles, mon regard s'étrécir. Ma respiration se fait plus profonde, plus lente. Des images violentes envahissent mon esprit. Sans m'en rendre compte, je récupère ma baguette et resserre mes doigts dessus. Elle est seule, en plein milieu de la nuit. L'occasion parfaite. Personne pour voir. Personne pour entendre. Personne ne sait qu'elle est là. Personne ne sait que je suis là. Personne ne peut savoir. Ma main gauche se lève doucement. L'élève que j'ai amené était dans le brouillard, personne ne...
Si. La guérisseuse saura.
Ma main retombe le long de mon corps. Pas maintenant.
Mes muscles se détendent et ma respiration reprends son rythme normal. Je m'avance jusqu'au banc occupé.
- Lorie ? Que fais-tu là ? Je l'appelle doucement. Tu vas attraper froid. Ça serait dommage à deux jours du tournois. Comme si je m'en inquiétai vraiment.
Je m'approche d'elle, retire ma veste pour lui lancer un sortilège de réchauffement dessus avant de la renfiler, puis je m'assoie tout prêt d'elle. Seule la couverture dans laquelle elle s'est emmitouflée sépare nos deux corps. Le froid s'insinue, malgré mon sortilège, rapidement entre les plis de mon pyjama et je dois faire un effort de concentration pour réussir à contrôler les tremblements qui menacent de secouer mon corps. Ce n'est pas impossible, tout est dans la tête comme me répète ma mère. Mais ça ne durera pas très longtemps.
- Tu n'arrives pas à dormir, princesse ? Je demande avec douceur. De la vapeur s'échappe de ma bouche lorsque je parle et je regarde le nuage s'envoler avant de baisser le regard vers la jolie blonde. A la lueur du clair de lune, mes yeux bleus se reflètent dans les siens en un moment intimiste, bien loin de la sauvagerie qui m'habitait un instant plus tôt.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Tapi dans l’ombre, Lys observait Drian, elle attendait sans nul doute que celui-ci s’éloigne pour revenir aux côtés de Lorie. Derrière le garçon elle se dressa sur ses deux pattes arrière prête à gazouiller, puis, lorsque le délégué baissa sa baguette, elle fit un petit bond pour s’éloigner et se cacher dans un buisson à proximité. Son regard se posait par alternance entre les deux déléguées, elle semblait bien décider à ne pas lâcher le couple des yeux.
Plus loin, sur son banc, Lorie détourna le regard du ciel pour le poser sur la potion dans ses derniers instants de solitude. Elle attrapa la fiole avec sa main gauche et referma son journal de bout de l’index. Elle avait suffisamment écrit pour ce soir et elle réservait sa plume pour un autre jour, espérant secrètement que la prochaine page soit pour Stella. Lorsque Drian s’annonça, Lorie ne détourna pas le regard de la forêt, son corps ne fit aucun sursaut, trop soucieux. Alors qu’elle pouvait sentir le rapprochement du garçon, elle passa le son regard par-dessus son épaule pour lui offrir un regard doux. « Non » c’était la seule réponse qu’elle prononça d’une voix toujours calme et basse, mais qui apparaissait soucieuse. Son sourire habituel envolé malgré le surnom princesse, elle détourna le regard sur la fiole avant de toucher avec sa main droite sa baguette. Elle rangea la fiole dans son sac, laissant la couverture glisser de ses épaules. Si elle buvait la potion… Elle savait ce qui l’attendait. C’était suffisant pour ne pas la consommer devant l’autre délégué. Un autre soir, peut-être qu’elle profiterait de ses bienfaits.
Dans le mouvement, sa main gauche effleura celle de Drian. Le bleu de ses iris se posa dans le regard océanique du Français. Il est frigorifié, pensa la blonde avant de déplier la couverture et de la passer derrière son dos pour l’inclure dans son cocon de chaleur. Les frottements du drap passés et le silence de nouveau roi dans la pénombre, Lorie vint alors se blottir contre le délégué. Déposant sa tête sur son épaule. L’adolescente ferma un instant les yeux avant d’observer de nouveau la forêt. Elle était si paisible de l’extérieur, pourtant si violente de l’intérieur.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je l'étudie tandis qu'elle remue pour ranger quelque chose jusqu'à en faire glisser la couverture de ses épaules. Quelque chose que je ne devrai pas voir de toute évidence, au vu du soin qu'elle met à ne pas me le montrer. Je fronce les sourcils mais ne fais pas de commentaire. Je peux faire tout un tas d'hypothèses sans pouvoir en vérifier une seule tant que je ne vais pas fouiller dans ses affaires, alors pour une fois, je laisse tomber ce détail. Je préfère m'intéresser davantage à ce sur quoi je peux jouer sans me fatiguer. Je l'analyse au son de sa voix, aux plis sur son front. Elle est préoccupée.
Lorsque sa main effleure la mienne, je frissonne. Non pas parce qu'elle est froide mais au contraire, parce que la chaleur qu'elle dégage me donne l'impression d'être glacé. Lorie s'en rend compte également et vient m'entourer de sa couverture - là je la retrouve - puis se blottir contre moi passé un moment de silence. Je la laisse faire et viens l'entourer à mon tour de mon bras. La couverture associée à la chaleur que diffusent nos corps enlacés repoussent étonnant bien la morsure du froid. Seul mon visage est encore soumis à l'inébranlable hiver. Je le baisse vers la déléguée qui a le regard rivé vers la forêt. Pense-t-elle à sa première épreuve passée et à sa seconde future ? A sa place, je ne penserai qu'à ça. Mais je ne suis pas à sa place et je ne suis pas elle. Son esprit me reste, la plupart du temps, bien obscur.
En attendant qu'elle veuille parler, j'observe à mon tour la forêt, masse sombre dont l'ombre projetée la rend encore plus dense et mystérieuse. Je pense être l'un des rares élèves à y être entré et sorti vivant, ceci grâce au directeur qui m'y avait trainé pour une recherche des plus inattendues. Lorie et moi partageons ça maintenant. A ceci près que, contrairement à elle, j’ai tissé un lien avec la forêt, si infime soit-il, en soignant le jeune Dahu. J'aime à me convaincre que si je me retrouve un jour à nouveau entre ses arbres mais sans la protection du directeur, elle hésitera à me dévorer.
Le silence s'étire et j'ai l'impression que la jeune sorcière d'Ogme s'en accommode un peu trop bien. Je crains néanmoins que si je lui pose la question trop frontalement de ce qui la préoccupe, elle bottera en touche. L'amadouer en amont me semble nécessaire et j'ai une histoire toute trouvée à lui raconter.
- J'y suis allé aussi, je dis finalement d'une voix basse. Avec Delalande. L'année dernière. Il m'a emmené à la chasse au Tac dans la forêt. Ne me demande pas ce que c'est, je n'en suis toujours pas certain. Nous avions bien trouvé des créatures inconnues pour nous mais de là à affirmer qu'il s'agissait bien de Tac, il y a un monde. Si tu avais vu son accoutrement, tu en aurais ri. Il était tellement chargé qu'il faisait plus de bruit que le vieux Vaillant essayant de courir avec sa canne. Ça a été un moment assez spécial. J'y ai même soigné un jeune Dahu blessé.
Sans m'en rendre vraiment compte, j'ai posé ma joue contre la tête de la jeune fille comme je le fais si souvent avec Abbie.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le bras autour de Lorie avait quelque chose de réconfortant, tout comme la voix qui brisa le silence de la nuit. D’une oreille attentive, la blonde écoutait le sorcier raconter son histoire. Tout dans celle-ci était vrai et si la fin attendrissante était pour Lorie le point le plus important, c’est son léger rire qu’elle laissa s’échapper en imaginant son maître dans l’accoutrement décrit. Le sourire de nouveau sur les lèvres, elle brisa à son tour le silence. « Je pense que l’une des seules fois où j’ai vu le professeur Delalande réellement sérieux, c’était dans la salle à double tour » fit-elle amusée. Dire qu’il leur avait demandé de ne pas y retourner… Pour Lorie une chose était certaine, elle demanderait à voir la grande Olympe Maxime pour y voir plus clair. En face-à-face, elle ne pourrait pas lui mentir. Mais il y avait bien un autre moment où le professeur d’alchimie lui était apparu sérieux, comme ce soir-là dans la grande galerie. Moins éclairée que le clair de lune sous lequel le duo profitait d’un moment à eux. C’était juste avant d’entrer dans la forêt pour emprunter la voie blanche. Elle se souvenait encore de celui-ci l’attendant sur le banc devant la tour d’Ogme. De sa façon de lui expliquer la balance entre le bien et le mal, sans oublier le regard du corbeau lorsqu’on lui avait demandé de rester sur le banc pour aller plus loin. Un souvenir heureux.
C’était probablement la première fois qu’elle allait revenir sur les événements du tournoi, si on omettait le récit qu’elle en avait fait à sa tante. Elle sentait que c’était l’un des moments où elle pouvait le faire, sans se préoccuper du résultat ou des conséquences. C’était juste un moment vécu par la sorcière, comme celui de Drian. « Dans la forêt, j’ai croisé Hinrich, il était tellement apeuré que j’avais l’impression qu’il avait un Ganipote aux fesses. Avec le recul, cette situation était désormais amusante, elle ressentait encore le coup violent qu’il lui avait mis, au point de la renverser et de la faire tomber sur le sol, mais le temps avait fait ce qu’il savait faire de mieux. Estomper. C’était juste une bigorne… » Finit-elle par dire de sa voix douce en soufflant. Surement, cette même créature, qui avait failli lui arracher le bras comme le professeur Delalande l’avait annoncé en même temps que son score. Lorie avait du mal à croire qu’il n’avait pas réussi à s’en défaire. Il devait y avoir une raison qui était malheureusement inconnue de la championne. Son regard se posa sur son journal avant de se relever vers l'obscurité de la forêt. Peut-être y aurait-il une place pour Stella avant la deuxième tâche. Ce moment était ce dont elle avait besoin, et sans Drian, elle ne l’aurait probablement jamais trouvé. La solitude était parfois quelque chose de nécessaire, pour autant, la chaleur qu’elle pouvait ressentir avec le garçon valait mieux que le froid mordant qui l’aurait forcé à rentrer plus tôt en restant toute seule.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
La jeune fille se déride enfin un peu. J'acquiesce de la tête à son commentaire sur le vieux directeur, ce qui a pour conséquence de faire sensiblement bouger la sienne de concert. Il est vrai que ce jour-là, dans la salle à double tour, il n'y avait pas la moindre trace d'espièglerie sur les traits du sorcier. Il était d'un sérieux mortel lorsqu'il nous avait surpris. Bien entendu, aucun de nous n'avons pris ses menaces en compte et nous avons continué à chercher une nouvelle façon d'accéder à la salle, façon que nous avons fini par trouver. A-t-il vraiment imaginé que nous lâcherions l'affaire ? Nous n'avons pas plus le droit d'être là sur ce banc et pourtant, nous y sommes quand même. Les adultes sont parfois d'une grande naïveté.
Un courant d'air vient hérisser ma nuque et je ressers davantage la couverture et Lorie contre moi. Quelle folle idée qu'elle a eu de venir s'installer dehors, à cette heure-ci de surcroît. Même si elle a pensé à prendre une couverture avec elle, on n'en est pas moins en plein hiver. Il n'y a rien d'agréable à venir se les geler dehors. Quelques secondes passent et la sorcière d'Ogme brise à nouveau le silence pour raconter sa propre expérience de la forêt. Je ris doucement à mon tour en imaginant la tête du champion de Durmstrang apeuré par une bigorne. Elle est belle l'image implacable des garçons de Durmstrang. De toute évidence, les filles sont bien plus redoutables, que ce soient les championnes ou les élèves de l'école russe. Je me méfierai toujours plus de Ekaterina que de lui. Je me demande s’il s'est pris une soufflante par son directeur. Finir dernier, et loin derrière, ce n'est pas bien reluisant pour de soi-disant expert de l'offensive.
Le silence s'installe à nouveau que seuls les bruits de la nuit percent. Les bruissements des arbres, les cris des créatures de la forêt enchantée, un hennissement au loin. J'écoute tout et même la respiration de Lorie. Elle est calme, lente et régulière, tout autant que la mienne. On pourrait croire que la sorcière est paisible et pourtant, elle ne serait pas assise là si c'était bien le cas. Mes doigts caressent doucement son bras, l'effleure juste. Je ne suis même pas certain qu'elle le sente sous le tissu.
- Est-ce que tu veux me dire ce qui te préoccupe ? Je finis par demander dans un murmure au creux de son oreille, estimant que le bref échange d'histoire personnelle et notre proximité me permette d'avoir une réponse.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Toujours blotti contre Drian, Lorie ne manquait pas de sentir l’étreinte se resserrer lorsqu’il frissonna. Sa main, enrobée par les bandages, se posa alors sur la poitrine du garçon. Elle pouvait sentir le rythme de son cœur, régulier et apaisant. Bien qu’elle n’eût plus mal, elle pouvait parfois sentir les tensions de sa peau qui cicatrisait. Elle avait frappé le miroir si violemment que même le sortilège Sirapto n’avait pas été suffisant pour refermer toutes les plaies. La guérisseuse avait usé de nombreuses ressources pour venir à bout de la blessure.
Puis… Le silence fut à nouveau rompu, cette fois, c’était un murmure qui venait à son oreille. Comme une caresse, miroir de celle de Drian qu’elle sentait au travers de son pyjama en soie. La blonde agrippa le haut du délégué et serra le tissu. Ce n’était pas le premier à lui faire remarquer, avant ses tournois d’échecs ses sœurs l’avaient déjà vu préoccupée ainsi. Elle inspira profondément, et expira l’air se transformant en une légère vapeur au contact du froid. « Cette deuxième tâche… J’ai l’intuition que tout peut basculer. Dit-elle avant de prendre le temps de réfléchir, j’ai l’impression que le tournoi est en train de me changer… Tout le monde à tellement d’attente, même si je me suis jamais trop souciée du regard des autres… J’ai cette impression que cette fois, c’est différent. Je sais que lorsque je serais dans l’action mon esprit ne sera pas embrumé, qu’il sera concentré comme lors de mes parties d’échecs les plus intenses. Je veux le gagner, mais je ne veux pas que la défaite me change en mal. Je n’ai pas connu de compétition plus intense, mon esprit ne décroche pas et ce n’est pas une bonne chose. »
Lorsqu’elle eut fini de parler, elle écouta de nouveau les bruits de la forêt. Elle avait toujours pensé n’être personne. Aujourd’hui, Lorie était la championne de Beauxbâtons, descendante de chevalier et l’apprentie d’un des plus grands mages blancs de son époque. Comment gérer cela du haut de ses quinze ans ? Elle qui n’avait connu que les parties d’échecs en rêvant d’affronter les plus grands et qui avait été ramenée à de nombreuses reprises à la réalité de la compétition. Elle qui n’était pas un prodige, qui ne voulait juste pas se décevoir elle même ou les autres. Comment, elle viendrait gérer l’échec dans son cœur et devant tout le monde si celui-ci pointait le bout de son nez ? Si son esprit venait lui susurrer que les autres n'étaient pas un problème, elle avait peur de ce que son cœur pourrait ressentir.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Ses doutes et ses craintes m'agacent au plus haut point. Encore une fois, je ne comprends pas pourquoi la Fontaine l’a choisi. Moi je n'aurai pas douté, j'aurai embrassé ce tournoi et m'y serai plongé corps et âme sans craindre de m'y perdre. J'aurai tout donné. La pression des uns et des autres aurait peut-être été écrasante, tout de moins celle de ma famille et celle que je me serai mise à moi-même, mais elle aurait mieux valu que l'humiliation et la honte.
Je suis tiraillé entre les possibilités qui s'offrent à moi, et il y en a nombre. J'hésite principalement entre deux. Appuyer là où Lorie vacille ou préserver mon rôle rassurant pour mieux la perturber là où elle pense qu'est son point fort : sa concentration ? J'aimerai évidemment faire les deux mais je jouerai alors un jeu dangereux et risquerai de tout perdre. Ma priorité est d'inscrire ma revanche dans la durée tant que la surveillance écrasante du château m'empêche tout autre chose. Saper la confiance de la jeune fille alors qu'elle est déjà vulnérable cette nuit est peut-être très présomptueux de ma part, elle a bien d'autres soutiens pour lui remonter le moral et qui auront tôt fait de lui dire de se méfier de moi. Je dois être subtil et tendre. Voilà ce que sa main contre ma poitrine me dit. Je pose la mienne par-dessus en un geste qui se veut rassurant et cherche dans les ombres de la forêt les meilleurs mots, les plus neutres en tout cas.
- C'est le but du tournoi de te changer, de te tester. Je dis finalement. En buvant à la coupe, tu n'as pas eu peur, tu l'as accepté, j'ajoute d’une voix égale et basse.
Puis, je décroche doucement les doigts de Lorie de mon pyjama froissé pour les mener avec précaution vers mon cou, par-dessus ma vieille cicatrice. Le contact me dégoute et seul le maintien de sa main par la mienne me permet de la laisser en place. Jamais encore, je n'avais laissé qui que ce soit toucher cette partie de moi que j'abhorre au plus haut point. Mais je dois me faire force. Ce n'est pas pour rien. Je sens que c'est le bon moment. Je baisse la tête, à quelques centimètres de celui de la sorcière et attends qu'elle lève son regard vers moi pour y plonger le mien.
- Tu m'as demandé il y a quelques semaines ce qui m'avait fait cette brûlure, je commence avant que ma voix baisse d'un ton pour chuchoter. C'est ma sœur. Alors qu'elle venait de rentrer en première année, elle a profité des vacances pour me menacer en plaçant sa baguette contre mon cou. Si ma magie ne m'avait pas protégé, cette marque serait probablement bien plus grosse. Je me tais une seconde. Le souvenir accentué par le contact remonte par vague en même temps que la violence du moment et des émotions liées. Je les laisse venir me piquer les yeux, mon instinct me soufflant que ça ne me desservira pas aujourd'hui. Ce tournoi était pour moi l'occasion de lui montrer qu'elle ne pouvait plus m'atteindre. C'est entre tes mains maintenant. Tu peux y arriver. Je finis avec un léger sourire et les yeux luisants.
Dans ce nouveau moment de silence, nos respirations se mêlent et emplissent l'espace entre nos deux visages avant d'être emportées dans la nuit.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le silence, puis les mots de Drian résonnaient comme un écho dans son esprit. Elle le savait, elle y avait réfléchi et l’avait accepté. C’est pour cela qu’elle avait mis du temps avant de participer, le travail de réflexion avait été fait en amont et Drian avait raison sur ce point. Elle ne devait pas avoir peur du changement, même dans la défaite Lorie pourrait tirer un apprentissage et se rapprocher de la voie qu’elle devrait suivre. Le tournoi n’était qu’une épreuve dans sa vie, il l'aiderait à la faire grandir. Elle savait gérer des compétitions, c'était sa quatrième. Son esprit était accaparé par l'événement, mais elle savait comment faire le vide. Le rendre claire... Concentré.
La blonde n’eut pas le temps de répondre qu’elle sentit la main du garçon contre la sienne, et, avec beaucoup de douceur, il vint poser celle-ci contre son cou. Ses yeux se relevèrent alors vers Drian, se plongeant dans le regard bleu de celui-ci. Devant cette révélation Lorie ferma les yeux un instant avant de les rouvrir. Délicatement, Lorie retira la main de la cicatrice et vint la poser sur la joue de Drian, son pouce est prêt à essuyer une larme qui viendrait couler de ses yeux luisants. « Tu n’as pas besoin du tournoi pour ça… Murmura-t-elle avec calme, c’est ta grande sœur… Elle devrait te soutenir pas essayer de t’atteindre pour te faire du mal. Si elle fait ça c’est que son cœur est déjà trop lourd… Qu’elle cherche quelque chose que tu as et qu’elle n’aura probablement jamais. Lorie marqua un silence, Drian… Tu es quelqu’un d’exceptionnel… Ne laisse personne te laisser croire le contraire. » La blonde s’avança alors. Sur la joue libre du garçon, elle déposa ses lèvres avec douceur. Le baiser était doux, comme une caresse qui se voulait réconfortante.
« Merci » finit-elle par dire avec délicatesse. Ce merci avait deux sens. Elle savait que les petits moments de doute étaient normaux avant une épreuve, mais il avait trouvé les mots pour l’effacer rapidement. Et la blonde était reconnaissante et touchée d’avoir cette confession qui apparaissait bien douloureuse. Son regard dans le sien, le temps semblait un peu en suspens. Celui-ci s’étirait et la perception n’en était que trop flou pour savoir combien de temps ce moment allait durer. Elle espérait de tout son cœur, que Drian trouve une forme de paix avec sa famille, même si celle-ci semblait compliquée.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Le résultat de mon discours n'est pas à la hauteur de mes attentes. Je ne parvins pas à savoir si je l'ai déstabilisée ou rassurée au sujet du tournoi. Son remerciement me laisse plutôt penser que c'est la deuxième solution qui l'a emporté, malheureusement. Quant à ses paroles concernant ma sœur, elles glissent sur moi sans le moindre effet. Un temps, elles m'auraient exaspéré voir même agacé. Ma sœur n'a pas besoin d'être analysée, elle a juste besoin d'être corrigée. Mais ce soir, j'ai utilisé mon histoire dans un but bien précis et non pas parce que je fais confiance à la jeune fille. Je ne me suis pas livré, j'ai simulé et je pense que là est toute la différence. Il ne m'est pas difficile de lui répondre par un petit sourire, je ne ressens rien.
Enfin, je suis tout de même frustré par ce baisé si chaste déposé sur ma joue. Une si pudique avancée n'a pas de quoi me satisfaire et si je voulais laisser Lorie prendre les devants pour tout un tas de raison dont la plus évidente était d'avoir une plus forte emprise sur elle, il semblerait que ça soit finalement à moi de conclure. Je ne laisserai pas ce moment être gâché, je n'en retrouverai pas d'autre comme ça. Je ne repartirai pas sans avoir remporté au moins une victoire.
A mon tour, j'avance ma main libre vers sa joue mais je me contente de l'effleurer de mes doigts en une caresse. Je retrace délicatement les contours de sa mâchoire jusqu'à arriver sous son menton sur lequel j'exerce une petite pression pour qu'il se soulève davantage. Puis je penche mon visage vers le sien, sans jamais quitter son regard bleu, jusqu'à ce que son nez ne soit plus qu'à quelques millimètres du mien. Là, je regarde brièvement sa bouche avant de contempler à nouveau l'océan de ses yeux. Mon intention est limpide. Je lui laisse encore la possibilité de s'échapper, de me repousser mais elle n'a pas l'air d'en avoir la moindre envie. Alors, après un petit sourire taquin, je glisse ma main dans la nuque de la jeune sorcière et prends ses lèvres entre les miennes.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Non sans un mouvement, la blonde observait son homologue et ses gestes. La caresse aussi douce qu’une plume, ou plutôt, aussi douce qu’un tentacule d’anguipède était agréable. Si bien que Lorie détournât légèrement la tête vers la main sur sa joue. Mais celle-ci s’enfuyait pour relever son menton dans les yeux de bleus qui lui font face. L’incompréhension laissait peu à peu place à autre chose… Une chose que la blonde n’était pas certaine de comprendre jusqu’à ce que le regard bleu se détournât un instant sur ses lèvres. Son cœur se serra et ses yeux devinrent ronds et brillants.
Petit à petit, le mouvement de Drian se rapprochait et toujours immobile, la blonde le regardait faire. Son esprit se mit à divaguer, se perdait dans un tas de flots de pensées. Un flot qui fut immédiatement interrompu par le contact des lèvres de Drian. Ses yeux se fermèrent, tandis que ses mains s’enroulèrent autour de Drian. Quand le savoureux contact fut rompu, la blonde déposa sa tête contre le torse du garçon tout en l’enlaçant. La couverture glissa lentement de ses épaules, une nouvelle fois, ainsi Lorie relâcha son étreinte pour la remettre. Elle afficha un sourire à Drian tandis que ses joues étaient légèrement passées au rouge. Le silence était de nouveau revenu et Lorie s’y accommodait de nouveau. Se blottissant contre Drian tout en laissant ses jambes se replier.
Cachée dans les buissons, Lys lança un regard noir à Drian. Son envie de mordiller Lorie était grande et peut-être que celle-ci le ferais quand elle serait seule.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Une satisfaction sauvage m'envahit lorsque Lorie resserre son étreinte autour de moi suite à notre baiser. Voilà qui scelle cet accord silencieux qui, je l'espère, portera ses fruits. Je n'aurai peut-être rien obtenu comme information pour la seconde épreuve du tournoi mais les chances que la jeune fille se confie à moi pour la dernière viennent de grimper considérablement. Et qui sait jusqu'où je pourrai pousser ce nouvel avantage ?
Lorie s'écarte un peu de moi et je la regarde en me demandant ce qu'elle souhaite faire. Elle me sourit les joues rouges tout en remettant sur ses épaules la couverture qui a glissé avant de se blottir à nouveau contre moi. La jeune sorcière est bien plus sage que mes précédentes petites amies qui m'aurait déjà embrassé à nouveau. Elle porte bien son surnom de princesse. Le silence s'installe à nouveau et nous le laissons s'installer. Il n'y a plus rien à ajouter.
Je resserre mon étreinte autour de la jeune fille en frissonnant. Il fait beaucoup trop froid pour rester ainsi et plus le temps passe, plus nous avons des chances de nous faire surprendre. J'imagine bien la tête du professeur qui tomberait sur les deux délégués d'Ogme enlacés, et la honte qui s'en suivrait. En vérité, mon forfait accompli, je n'ai plus de raison de rester prendre ce risque. Il est plus que temps de regagner le dortoir, mon mot d'excuse ne tiendra pas éternellement et j'ai juste envie de me glisser dans mon lit douillet. Je baille au-dessus de la tête de la sorcière.
- Nous devrions rentrer au chaud, Princesse, je lui murmure, avant de m'écarter définitivement et de quitter la chaleur de la couverture et de son corps mêlé.
Le contre-coup est violent et je me mets immédiatement à claquer des dents. Je frictionne mon corps pour m'aider à m'y habituer avant de tendre la main vers Lorie.
- Je te raccompagne jusqu'au dispensaire ?
Si elle le souhaite je ferai cet effort avant de partir de mon côté. Ce n'est pas un si long détour et puis, autant jouer les chevaliers servant jusqu'au bout. Une victoire peut s'envoler si rapidement.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie fit repasser ses cheveux derrière l’oreille, laissant Drian se relever. À peine le garçon venait de quitter la couverture que celui-ci se mit à claquer des dents. Le froid était mordant au beau milieu de cette nuit d'hiver. Sans la couverture, Lorie serait sans nul doute dans le même état. Son murmure prononcé plutôt lui avait donné un sourire bien qu’elle n’avait pas spécialement l’envie de rentrer. Elle n’avait même aucune envie de le faire. Elle voulait continuer de profiter des étoiles et de ce moment en extérieur blotti contre lui. Néanmoins, elle comprenait qu’ils ne pouvaient pas rester éternellement ici ensemble, bravant le couvre feu.
Lorie afficha un sourire à Drian avant de se relever. Qu'il était charmant depuis le bal... D’un coup de baguette, elle utilisa le charme de gavage sur la couverture avant de la séparer en deux avec le charme de découpage. Puis elle se releva en attrapa la main de Drian. Aussitôt, elle l’a lâché pour faire passer l’un des bouts de couverture autour des épaules du garçon. « Tiens, tu es frigorifié murmura la blonde à son nouveau petit ami, je vais rester encore un peu, passe une douce nuit finit-elle par murmurer merci Drian. » Elle déposa un baiser sur la joue du garçon avant de faire un petit pas en arrière grand sourire aux lèvres. Décidée à réfléchir encore un peu au tournoi et la deuxième tâche qui arrivera dans deux jours maintenant.
La blonde s’asseyait à nouveau sur le banc tout en ne lâchant pas Drian des yeux. Elle peinait toujours à croire ce qu’il venait de se passer. Un peu timidement, elle leva la main pour le saluer avant de s’enrouler dans son morceau de couverture.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Au lieu de me suivre, la jeune fille sort sa baguette et la pointe sur la couverture. Je la regarde avec curiosité tandis qu'elle augmente magiquement le tissu avant de la séparer en deux. Je commence à comprendre... Après son petit manège, elle saisit ma main pour mieux la lâcher une fois debout. J'accepte la couverture sur mes épaules sans broncher - vu le froid, je ne vais pas faire mon difficile - et la resserre contre moi, comprenant que je ferai mon chemin seul.
- Comme tu veux, je réponds à la sorcière d'Ogme. Bonne nuit Lorie, je dis avec un sourire, ma voix emplissant soudain presque trop fort le silence de la nuit.
Dire que je suis ravi du baiser qu'elle m'offre timidement ensuite sur la joue serait très largement mentir, mais je ne tente rien pour rectifier ça. Son grand sourire m'interroge d'ailleurs, j'ai l'impression qu'elle l'a au moins un tout petit fait exprès, de me frustrer. Elle reprend sa place sur le banc et je m'éloigne d'un pas vif pour retourner au château au plus vite. Avant qu'elle ne me soit plus visible, je me retourne pour lancer un dernier coup d'œil à la jeune fille et je la vois me faire un signe de la main. Je réponds brièvement au geste avant de m'en retourner définitivement. Grand bien lui fasse si elle ne se préoccupe pas de se faire surprendre bravant le couvre-feu. De mon côté, je n'ai aucun intérêt à faire naitre de la méfiance et à me retrouver sous la surveillance accrue d'un professeur.
Heureusement pour moi, je ne tombe encore une fois sur personne. Enfin, j'ai bien vu une ombre au coin du dernier couloir, mais j'ai attendu qu'elle disparaisse avant de m'engager. Je rejoins rapidement mon lit et me glisse avec délice sous les draps chaud, les bras croisés derrière la tête.
- Alors ? Chuchote Tobias qui m'a vu rentrer. A croire qu'il attend éveillé depuis tout ce temps pour entendre mon rapport, ce qui est probablement vraiment le cas. Ca fait une plombe que tu es sorti, il s'est passé quoi ?
Je souris dans le noir. Je ne raconterai très certainement pas tout à mon ami. Je ne sais pas encore si je lui parlerai de Lorie, préférant d'attendre voir les conséquences de notre moment d'intimité. Si je m'abstiens, il faudra tout de même que je lui trouve quelque chose sinon je suis certain qu'il ne me lâchera pas.
- Je te raconterai demain, je lui dis avant de me tourner vers son opposé pour clore le sujet pour l'instant.
Mon ventre gronde comme si j'avais attrapé la Crève-la-faim. C'est que cette escapade dans le froid m'a creusé l'appétit. Je l'ignore et m'endors plus facilement que ce que je pensai avec une dernière vision dans la tête : Lorie m'enlace imprudemment.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Alors qu’elle observait Drian s’éloigner, Lorie guettait la venue de Lys à nouveau. Ce ne fut que quelques minutes plus tard qu’elle fit son apparition alors que Drian était désormais loin, sûrement déjà à l’intérieur du château. Assise sur le banc Lorie vit son hermine lui sauter sur les genoux avant de lui lancer un regard noir. La petite créature se dressa sur ses pattes arrière et commença à gazouiller nerveusement. Lorie ne comprenait pas ce que voulait lui indiquer Lys, mais celle-ci semblait énervée pour une raison inconnue. Jamais elle ne l’avait vu de la sorte. « Lys je ne comprends pas… Fit Lorie d’une voix douce en la prenant dans les bras. Bon… Viens, Drian a raison, rentrons au chaud avant d'être malade pour le tournoi. » Lys mordilla Lorie de ses petites dents lorsqu’elle entendit le prénom du garçon.
D’un mouvement lent, Lorie déposa Lys sur son épaule, puis elle rassembla ses affaires avant de se mettre en route vers le dispensaire. Seul le son de ses pas et les chuintements de la nuit venaient casser le silence de plomb porté par la nuit. Délicatement, Lorie ouvrit la porte du dispensaire et se glissa à l’intérieur. Visiblement, son absence n’avait pas été remarquée, voilà qui était parfait et qui lui éviterais des ennuis. Délicatement, Lorie se glissa à nouveau dans les draps, s’allongeant sur le côté, elle vint prendre son oreiller pour le serrer contre elle. Repensant à cette douce soirée, son visage rougissait dans l’obscurité du dispensaire. Le bout de ses doigts sur les lèvres, la petite blonde pensa au garçon et laissa un sourire niais s’afficher sur son visage, sous les yeux de son animal de lien qui roulaient vers le ciel. Se blottissant contre Lorie, la petite hermine ferma les yeux bien au chaud sous les draps. L’adolescente fit de même, se laissant emporter dans les bras de Morphée le coussin toujours entre ses bras. Les soucis envolés, au moins pour un temps.
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