Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Tour d'Ogme
En plein milieu de la nuit
En plein milieu de la nuit
Tic... Tic... Tic Tic Tic... Un bruit rythmé et persistant contre ma table de nuit me réveille et, groggy, je dois m'y reprendre à deux fois pour récupérer ma baguette à tâtons et allumer un lumos. Des grognements étouffés se font entendre autour de moi, suivi du froissement de draps m'indiquant que leur propriétaire s'est retourné pour échapper à la lumière bien que tamisée par mes rideaux à baldaquin tirés. Insensible à mes voisins, je regarde avec insistance le meuble sur lequel s'empile plusieurs livres sur la stratégie militaire avec en équilibre dessus mon orbiplume. Rien. Pas l'ombre d'une piste sur ce qui m'a réveillé. Le bruit s'est d'ailleurs tu, évidemment.
Je me réenfonce sous mes draps chauds et éteins ma baguette. Tic... Tic...Tic Tic Tic... Mes yeux à peine fermés se rouvrent d'un seul coup et sans perdre la moindre seconde, je pointe ma baguette allumée vers la table de nuit. La lumière se reflète dans trois petits yeux qui disparaissent bien vite derrière le meuble. Vif comme l'éclair maintenant que je suis alerte, je plonge ma main à sa poursuite et capture le petit être qui tente de s'enfuir.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? Je murmure à l'intention du chope-mitaine que je maintien deviens mes yeux, entre mes doigts sans serrer. La petite créature que j'ai apprivoisé il y a déjà plus d'un mois ne se débat pas, elle enlace plutôt mon index et me regarde en clignant ses trois yeux les uns après les autres. Tu sais que tu n'as pas le droit d'être là ? Je continue sur le même ton. Mais face à son attitude affectueuse, j'ai du mal à ne pas sourire sincèrement. Il n'y a bien qu'une créature magique pour m'attendrir véritablement.
Je m'allonge et le pose sur mon torse avec douceur. Il a du me voir de loin et s'est agrippé à moi lors d'un passage dans les jardins sans même que je m'en rende compte. Il faudra que je le ramène à l'extérieur avant le début des cours. Il reste encore quelques heures avant mon réveil, tant pis, je vais le garder près de moi jusqu'au matin. Je m'apprête à éteindre à nouveau ma baguette quand la créature fait un mouvement qui m'interpelle. Elle s'arrête, cligne des yeux, puis recommence. Une tape du pied gauche, une tape du pied droit, trois tapes de son bras accroché à sa tête en plongeant en avant. Et elle recommence. Quelle étrange attitude, c'est bien la première fois que je vois un chope-mitaine faire ça. Je comprends mieux le bruit rythmé sur la table.
Si je le cale contre mon cou, il continuera ? Je joins le geste à la pensée et après un frisson, la créature se love en boule contre ma peau. A priori, ma chaleur la calme. Je me promets d'aller me renseigner dans la journée. Ca tombe bien, j'ai cours de Créatures Magiques aujourd'hui, j'irai demander conseil au nouveau professeur. Il saura bien ce qu'il se passe avec chopine.
***
Cours de Créatures Magiques
16h01
16h01
- Professeur Kieffer, auriez-vous le temps pour une question ? Je demande à l'adulte que j'ai rejoins dès la fin du cours.
Bien que toujours un peu perturbé que ce nouveau professeur porte le même nom que mon ancien professeur de Étude du Secret Magique, disparue avec son prédécesseur et plusieurs autres professeurs sans que l'on sache réellement pourquoi, je n'en montre rien. Je me contente d'attendre stoïquement qu'il m'invite à poser ma question et lorsqu'il le fait je lui relate l'épisode de cette nuit, et plus particulièrement la sorte de danse à laquelle j'ai assisté, sans bien entendu mentionner ni le quand ni le où j'ai observé le comportement étrange du chope-mitaine. Je n'oublie en effet pas que nous ne sommes pas autorisés à avoir une créature avec nous, la discrétion est de mise.
- Qu'en pensez-vous ? Je finis par demander après ma description. Vous pensez qu'il est malade ou quelque chose dans le genre ?
Daniel Kieffer
Professeur de Créatures Magiques
Le mois de novembre était arrivé bien plus vite qu'il aurait pu le penser. Finalement, prendre le rythme de l'académie n'avait pas été si long. Il rentrait certains soirs chez lui et il était assez fréquent que sa femme ou bien un des grands-parents de ses deux garçons amènent ces derniers jusqu'à Os-en-Bazar les samedis. Alors bien sûr c'était radicalement différent de sa vie d'avant le professorat, bien entendu ses fils le voyaient beaucoup moins qu'avant et évidemment que d'autant plus de choses reposaient sur les épaules de Sandra. Mais ce n'était pas pour autant qu'il se sentait moins investi dans sa vie de famille ou moins impliqué dans l'éducation de Gabin et Samuel. Celle qui semblait en pâtir le plus était Sandra, il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir sa fatigue. Et il n'avait pas de réponse lui apporter hormis lui proposer une fois encore que sa grand-mère ou ses parents viennent eux aussi en relais chez eux. C'était une discussion en ritournelle entre eux depuis septembre et cela le préoccupait dès qu'il n'était pas ou plus en train de donner un cours. Le fin de celui avec les sixième année ne fit pas exception.
Du moins pas jusqu'à ce qu'un élève vienne interrompre le fil de ses pensées. "Monsieur Vaillant, bien sûr dites moi." Drian était un sixième année qui s'en sortait correctement et qu'il savait être de neveu de celui qu'il considérait comme un oncle. Le nom de famille n'était pas si courant chez les sorciers et puis, son aïeule le lui avait dit avant même qu'il envisage un jour enseigner ici. L'adolescent n'en restait pas moins un adolescent comme les autres qui lui expliquait pour le moment un comportement bien étrange pour un chope-mitaine. "C'est difficile à dire sans pouvoir le voir. Il y avait d'autres éléments étranges? Une posture inhabituelle du bras céphalique ou une couleur terne?" Avec des indications supplémentaires, il serait plus facile de tirer des conclusions. Et après... peut-être qu'il pourrait se permettre de poser une question plus personnelle à ce jeune homme.
Du moins pas jusqu'à ce qu'un élève vienne interrompre le fil de ses pensées. "Monsieur Vaillant, bien sûr dites moi." Drian était un sixième année qui s'en sortait correctement et qu'il savait être de neveu de celui qu'il considérait comme un oncle. Le nom de famille n'était pas si courant chez les sorciers et puis, son aïeule le lui avait dit avant même qu'il envisage un jour enseigner ici. L'adolescent n'en restait pas moins un adolescent comme les autres qui lui expliquait pour le moment un comportement bien étrange pour un chope-mitaine. "C'est difficile à dire sans pouvoir le voir. Il y avait d'autres éléments étranges? Une posture inhabituelle du bras céphalique ou une couleur terne?" Avec des indications supplémentaires, il serait plus facile de tirer des conclusions. Et après... peut-être qu'il pourrait se permettre de poser une question plus personnelle à ce jeune homme.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je réfléchis aux questions du professeur mais surtout à la manière d'y répondre. Je ne peux tout simplement pas dire qu'il m'était difficile de voir sa couleur à la simple lueur de ma baguette. Cela pourrait laisser penser - à tord - que je n'étais pas là où j'aurai du être, ou - à raison - que la créature n'était pas dans le lieu où elle aurait dû être. Je n'ai pas d'autre choix que de botter en touche, quitte à laisser passer des symptômes qui aurait permis à l'homme de me répondre, même si j'estime que la description de la "danse" me parait suffisante. Elle était suffisamment étrange pour être un symptôme caractéristique à elle toute seule.
- Non, son bras céphalique était normal, seule son utilisation était étrange. Quant à sa couleur, je ne crois pas, elle m'avait l'air normale aussi. Il avait peut-être... froid ? Je suggère en me rappelant que la créature a stoppé son drôle de manège une fois blottie contre mon cou.
Je n'y crois pas vraiment et je n'expliquerai pas non plus d'où me vient cette hypothèse ce qui n'aidera pas beaucoup plus pour la confirmer ou l'infirmer. Finalement, poser la question à l'adulte n'était peut-être pas une si bonne idée. Je pensai que ce comportement l'interpellerai immédiatement et qu'il saurait me répondre facilement mais à priori non. Pourtant, le chope-mitaine n'est pas une créature si compliqué à observer, tout ce qu'il y a à savoir sur lui est probablement déjà connu. Sauf son attitude de hier soir de toute évidence. Ou alors, le professeur Kieffer ne connait pas son sujet si bien que ça. Si je trouve la réponse dans un livre, je me poserai de sérieuse question sur l'excellence prônée par cette école et ça me donnera une raison de plus pour la mépriser. Oui, les professeurs choisis par Delalande devrait tout savoir sur leur matière.
Daniel Kieffer
Professeur de Créatures Magiques
"Ca ne ressemble pas du tout au comportement qu'adopte les chope-mitaine lorsqu'ils ont froid." Répondit Daniel sans aucune hésitation à l'hypothèse de l'étudiant en face de lui. Il n'y avait pas non plus de jugement envers le jeune homme, juste une information qu'il donnait dans leur conversation. "Vous disiez qu'il s'était arrêté à votre contact." Le professeur remit bout à bout l'ensemble des informations qu'il avait, tout semblait normal pour la créature à l'exception de cette danse étrange. C'était maigre et en même temps, il ne voyait qu'une seule possibilité.
"S'il n'y a rien d'autre dans son état de santé qui ressort, je dirais qu'on est face à une attitude qui s'est développée à votre contact. Cela arrive parfois lorsqu'une créature s'attache à un sorcier, elle développe un comportement totalement inédit. Soit c'est pour attirer l'attention, soit pour apporter quelque chose du réconfort ou de l'aide, ou encore il voulait juste être près de vous." Il y avait encore beaucoup à apprendre sur les créatures magiques, même les spécialistes plus renommé que lui - qui la devait à une découverte - continuait à mettre la baguette sur des choses encore inconnues. "Il y a encore peu de compilation de tous ces comportements. Le seul dénominateur commun, c'est le lien qui s'est formé entre le sorcier et la créature." Précisa le marnais qui restait attentif à Drian. Le jeune homme faisait parti des bons éléments de sa promotion dans sa matière, même sans avoir suivi les cours dès son entrée à l'académie, en témoignait la broche épinglée sur sa robe.
A moins que l'adolescent ait une autre question, il allait être temps de le libérer et de le laisser poursuivre sa journée. Sauf que l'homme était toujours entre deux eaux concernant leur connaissance commune pour qui il avait des sentiments ambivalents depuis bien des années. Peut-être que de parler à son neveu - de sang - lui permettrait de se fixer une bonne fois pour toute, était-ce possible quand ce dernier se trouvait être sous sa responsabilité? Parfois, il fallait oser. "Si vous n'avez pas d'autres questions sur votre chope-mitaine, puis-je m'en permettre une qui soit... disons de l'ordre du personnel?"
"S'il n'y a rien d'autre dans son état de santé qui ressort, je dirais qu'on est face à une attitude qui s'est développée à votre contact. Cela arrive parfois lorsqu'une créature s'attache à un sorcier, elle développe un comportement totalement inédit. Soit c'est pour attirer l'attention, soit pour apporter quelque chose du réconfort ou de l'aide, ou encore il voulait juste être près de vous." Il y avait encore beaucoup à apprendre sur les créatures magiques, même les spécialistes plus renommé que lui - qui la devait à une découverte - continuait à mettre la baguette sur des choses encore inconnues. "Il y a encore peu de compilation de tous ces comportements. Le seul dénominateur commun, c'est le lien qui s'est formé entre le sorcier et la créature." Précisa le marnais qui restait attentif à Drian. Le jeune homme faisait parti des bons éléments de sa promotion dans sa matière, même sans avoir suivi les cours dès son entrée à l'académie, en témoignait la broche épinglée sur sa robe.
A moins que l'adolescent ait une autre question, il allait être temps de le libérer et de le laisser poursuivre sa journée. Sauf que l'homme était toujours entre deux eaux concernant leur connaissance commune pour qui il avait des sentiments ambivalents depuis bien des années. Peut-être que de parler à son neveu - de sang - lui permettrait de se fixer une bonne fois pour toute, était-ce possible quand ce dernier se trouvait être sous sa responsabilité? Parfois, il fallait oser. "Si vous n'avez pas d'autres questions sur votre chope-mitaine, puis-je m'en permettre une qui soit... disons de l'ordre du personnel?"
Comme tu as écris avoir décris l'ensemble du comportement de la petite bête (sauf le moment et le lieu), je me suis permis de considérer que Daniel savait comment la danse avait pris fin.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Eh bien, je n'aurai jamais cru que les créatures magiques puissent avoir des réactions aussi imprévisibles que difficilement interprétables. Autant pour moi. Je m'imaginais que seules les plantes restaient inévitablement mystérieuses aux yeux de tous, après tout, elles n'émettent aucun son - pour la plupart - et bougent à peine - enfin pas toutes. Prenez le Sumac de Tarfaya par exemple, pourquoi ne réagit-il pas de la même façon aux femmes et aux hommes ? Incompréhensible.
La réponse de l'adulte est donc à la fois satisfaisante et insatisfaisante. Savoir que ces bizarreries ne sont là que pour me montrer de l'affection me flatte assez mais cela ne reste qu'une possibilité parmi tant d'autres. Au moins, rien n'indique que son comportement étrange puisse être lié à une maladie quelconque, je n'ai donc pas à me m'inquiéter pour ça, l'homme a effectivement rapidement balayé l'hypothèse du coup de froid. Voilà qui est fascinant et qui m'invite à plus d'observation. Je vais passer un peu de temps à essayer de comprendre le Chope-mitaine, je n'aime pas laissé des mystères non résolus.
Alors que je m'apprête à remercier le sorcier et à rejoindre le château, celui-ci me prend au dépourvu.
- Une question d'ordre personnelle ? Je répète, un peu surpris par la demande. Oui, vous pouvez. Je réponds la surprise passée.
Il peut, mais rien de garanti que j'y répondrai, ou que je dirai la vérité. Je me demande bien ce qu'il a en tête. Veut-il me parler de mon orientation ? C'est ce qui est le plus probable avec un professeur, mais normalement, c'est plutôt le rôle de la maîtresse de confrérie de faire cet entretien. Cependant, je ne vois vraiment pas ce que ça pourrait être d'autre. Il a beau être de la même famille que l'ancienne professeur d'étude du secret magique, je n'étais pas plus proche d'elle que de lui, je n'ai aucun lien avec les Kieffer qui pourrait se laisser aller aux confidences personnelles.
Daniel Kieffer
Professeur de Créatures Magiques
Le garçon était surpris par la demande, on le serait à moins, ce n'était pas vraiment d'usage à l'académie qu'un professeur cherche à en apprendre plus sur un élève de ce point de vue là. Alors, Daniel hocha la tête pour confirmer à l'adolescent qu'il avait bien entendu. L'accord suivit assez rapidement. Le professeur ne pouvait plus reculer désormais, c'était à se maudire lui même d'avoir été impulsif. Ca ne lui ressemblait pas vraiment et de fait, il n'avait rien anticipé et là, devait formuler une question cohérente pour le jeune homme qui n'avait probablement aucune idée de qui était Thibérius Vaillant pour lui.
"Vous êtes bien le fils d'Audric, le frère de Thibérius Vaillant et donc son neveu, n'est-ce pas?" Commença-t-il par demander avant de poursuivre avec des explications sur pourquoi il parlait de l'ancien professeur de Conjuration du Mal. "Thibérius était, est," se corrigea-t-il, "le meilleur ami de mon père, Hariel Kieffer, je ne sais pas si son nom vous évoque quelque chose." Et si c'était le cas, il ne pouvait que l'avoir entendu de la bouche de l'ancien sous-directeur. "Je souhaitais juste avoir votre ressentis à propos de Thibérius, en tant qu'oncle." Et rien que de dire ces mots, ils sentaient les émotions mitigées monter, incapable de savoir si c'était de l'affection ou de la colère qui prédominait.
Continuer de tenir le regard, par politesse envers son élève, n'était pas évident. Daniel avait toujorus cette crainte du jugement des autres, même s'il avait appris à ce que ça ne se lise plus sur son visage. Et puis il n'était plus le gamin de quatorze ans qui pensait que se terrer était une solution pérenne. Même si le naturel discret refaisait surface avec une facilité déconcertante.
"Vous êtes bien le fils d'Audric, le frère de Thibérius Vaillant et donc son neveu, n'est-ce pas?" Commença-t-il par demander avant de poursuivre avec des explications sur pourquoi il parlait de l'ancien professeur de Conjuration du Mal. "Thibérius était, est," se corrigea-t-il, "le meilleur ami de mon père, Hariel Kieffer, je ne sais pas si son nom vous évoque quelque chose." Et si c'était le cas, il ne pouvait que l'avoir entendu de la bouche de l'ancien sous-directeur. "Je souhaitais juste avoir votre ressentis à propos de Thibérius, en tant qu'oncle." Et rien que de dire ces mots, ils sentaient les émotions mitigées monter, incapable de savoir si c'était de l'affection ou de la colère qui prédominait.
Continuer de tenir le regard, par politesse envers son élève, n'était pas évident. Daniel avait toujorus cette crainte du jugement des autres, même s'il avait appris à ce que ça ne se lise plus sur son visage. Et puis il n'était plus le gamin de quatorze ans qui pensait que se terrer était une solution pérenne. Même si le naturel discret refaisait surface avec une facilité déconcertante.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
- En effet, je suis bien son neveu, je réponds à la question de plus en plus dérouté par le professeur de Créatures magiques.
Cette confusion ne cesse d'augmenter avec les explications du sorcier jusqu'à atteindre leur paroxysme à sa dernière demande. Le vieux Vaillant, ami avec quelqu'un ? Pff, comme si c'était possible. Je regarde l'homme avec méfiance, cette conversation est totalement déplacée et je ne comprends pas ce qu'il cherche réellement à savoir. Mon ressentis sur mon oncle ? Rien que de l'imaginer devant moi fait remonter plusieurs émotions dont je me serai bien passé. La colère et le mépris sont de celles qui prennent le plus de place mais la peine, celle qui me dégoute le plus, n'est pas loin derrière. C'est un bel enfoiré qui te piétine dès qu'il en a l'occasion et qui n'en a jamais rien eu à faire de sa famille. Une ordure, pas l'ombre d'un oncle, avec qui je partage le même sang. Mais cela ne regarde en rien Monsieur Kieffer, quand bien même il aurait un hypothétique lien avec lui.
- Ce nom ne m'évoque rien du tout, je commence d'une voix neutre. Professeur, malgré tout le respect que j'ai pour vous, je ne vois pas en quoi ma relation avec mon oncle vous concerne. Pourquoi cela vous intéresse-t-il ?
Le silence qui s'installe entre nous n'est pas des plus agréables. Tous les autres élèves sont partis, même les plus retardataires qui avaient sciemment ralentis leur départ pour laisser trainer leurs oreilles, curieuses de savoir ce que le délégué d'Ogme voulait à leur professeur. Il faut croire que les chope-mitaines ne sont pas au nombre des créatures qui attisent leur intérêt. Bien dommage pour moi, je ne peux pas prétexter rejoindre quelqu'un pour quitter aussi simplement cette conversation.
D'un autre côté, je pourrai partir même sans prétexte. Personne ne m'en voudra de couper court à un sujet trop personnel. Mais une part de moi veut savoir. Pourquoi Daniel Kieffer s'intéresse-t-il à mon oncle ? Parce qu'il s'agit bien de ça, moi, je ne suis qu'un prétexte.
Daniel Kieffer
Professeur de Créatures Magiques
La discussion devait semblait ubuesque pour l'adolescent en face de lui, il en avait bien conscience. Une preuve s'il en fallait une, c'était qu'il lui avait fallu du temps pour répondre à Daniel. Et que le ton même employé, d'une neutralité à faire pâlir bien du monde, laisse transparaître que la conversation est tout sauf quelque chose qui convient au délégué d'Ogme.
"Elle ne me concerne pas je vous l'accorde. Et je conçois que ça vous paraisse totalement déplacé." Lui accorda-t-il. "Je comprends que vous ne souhaitiez pas me répondre. Et je ne vous y forcerai pas." Par contre, le marnais avait espéré quelques éléments. Mais là, il n'y avait rien si ce n'était la confirmation que l'adolescent était bien le neveu de celui qu'il avait considéré comme un oncle et qui désormais était... quoi donc? Il ne saurait le dire. Les rares tentative de contacts se soldaient par des réponses toujours plus brèves et plus froides. "Je n'ai pas d'oncle ou de tante, pas par le sang. Mais Thibérius Vaillant a pu jouer ce rôle pendant un temps. Jusqu'à couper tout contact."
Le magizoologiste n'avait pas prévu de se dévoiler, mais c'était finalement sorti tout seul, et assez durement. "C'était avant votre naissance." Ce fut à ce moment là que l'homme prit conscience que si jamais Thibérius s'était détourné de lui pour un neveu de sang, il l'aurait compris. Dans le cas contraire... Il ne pourrait plus se retenir de lui en vouloir pour le dédain dont il avait fait preuve à son égard. Ca restait une blessure et... la gêne s'empara de lui. Ce n'était pas vraiment quelque chose de professionnel ce qu'il venait de faire. Il ne devait pas impliquer d'étudiant dans des affaires personnelles. Même si un lien infime existait. "Je suis désolé Monsieur Vaillant. J'imaginais trouvé des réponses en vous parlant. Mais ce n'est pas à vous de me les donner." S'excusa-t-il avant d'ajouter. "Vous pouvez y aller si vous le souhaitez."
"Elle ne me concerne pas je vous l'accorde. Et je conçois que ça vous paraisse totalement déplacé." Lui accorda-t-il. "Je comprends que vous ne souhaitiez pas me répondre. Et je ne vous y forcerai pas." Par contre, le marnais avait espéré quelques éléments. Mais là, il n'y avait rien si ce n'était la confirmation que l'adolescent était bien le neveu de celui qu'il avait considéré comme un oncle et qui désormais était... quoi donc? Il ne saurait le dire. Les rares tentative de contacts se soldaient par des réponses toujours plus brèves et plus froides. "Je n'ai pas d'oncle ou de tante, pas par le sang. Mais Thibérius Vaillant a pu jouer ce rôle pendant un temps. Jusqu'à couper tout contact."
Le magizoologiste n'avait pas prévu de se dévoiler, mais c'était finalement sorti tout seul, et assez durement. "C'était avant votre naissance." Ce fut à ce moment là que l'homme prit conscience que si jamais Thibérius s'était détourné de lui pour un neveu de sang, il l'aurait compris. Dans le cas contraire... Il ne pourrait plus se retenir de lui en vouloir pour le dédain dont il avait fait preuve à son égard. Ca restait une blessure et... la gêne s'empara de lui. Ce n'était pas vraiment quelque chose de professionnel ce qu'il venait de faire. Il ne devait pas impliquer d'étudiant dans des affaires personnelles. Même si un lien infime existait. "Je suis désolé Monsieur Vaillant. J'imaginais trouvé des réponses en vous parlant. Mais ce n'est pas à vous de me les donner." S'excusa-t-il avant d'ajouter. "Vous pouvez y aller si vous le souhaitez."
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
La vie du professeur Kieffer m'intéresse peu, même pas du tout, mais je ne peux m'empêcher de tiquer lorsqu'il parle du vieux Vaillant comme de son propre oncle alors même qu'il n'a aucun lien avec notre famille. Si je lui donne lui titre d'oncle, c'est uniquement parce qu'il est le frère de mon père. C'est donc la position qu'il tient par le sang, mais il n'y a rien d'affectif là-dedans. Contrairement à ce que semble évoquer l'adulte. Je sens la colère monter en moi, de la jalousie aussi. Comment a-t-il pu avoir un oncle alors que moi je n'ai eu qu'un enfoiré ?
Je hoche la tête aux derniers mots du professeur, le remercie avant de tourner les talons. Et de m'arrêter après deux pas. Je ne veux pas parler de moi, à qui que ce soit. Donner la moindre information pourrait me nuire. Je préfère rester un parfait inconnu. Mais d'un autre côté, j'ai la furieuse envie de lui briser la belle image qu'il doit avoir de cet homme que je méprise, et si ça peut nuire au vieux Vaillant, ça serait encore mieux. La seule question, est de quelle façon ? Est ce que lui dire que Thiberius est un oncle formidable en sous-entendant qu'il l'avait laissé tomber le rendrait envieux ? Je jette un œil par dessus mon épaule. Si le professeur est un peu comme Fleury ou l'alchimiste, et il semble l'être, alors il en serait ravi. Il a vraiment une tête de gentil naïf. Et puis, ce mensonge m'écorcherait la bouche. Je préfère pourrir mon oncle que l'encenser.
- Thibérius Vaillant, du plus loin que je me souvienne, a toujours été un homme intransigeant et même cruel. Je dis en me retournant finalement. Je devrai m'arrêter là, c'est largement suffisant pour dépeindre l'homme, mais je sens l'irrépressible envie de continuer, comme si une digue venait de s'ouvrir et qu'il était plus facile de laisser le flot s'échapper que de le retenir. Je ne l'ai jamais vu avec autre chose qu'un sourire méprisant aux lèvres et ses mots n'ont jamais eu pour autre but que de me rabaisser quand il ne m'ignorait pas. Que cela soit à Beauxbâtons ou chez moi. Je n'ai jamais compris cet homme et ne le comprendrais peut-être jamais. C'est un vrai soulagement qu'il ne soit plus professeur à Beauxbâtons.
Libérer ses mots me laisse une drôle d'impression, troublante et inattendue. Comme si un poids s'allégeait dans ma poitrine mêlé à de la peur d'avoir exposer une vulnérabilité que je préférai enterrer bien profondément. J'en ai dit plus que je n'aurai du et je me maudis pour ça. Reprenant une impassibilité digne de Morsure, je plonge un regard indéchiffrable dans celui du professeur de Créatures magiques.
- Est-ce que ça répond à votre curiosité, professeur ?
Daniel Kieffer
Professeur de Créatures Magiques
Il aurait honteusement menti si, après l'échange qu'il avait eu avec l'adolescent, il s'était attendu à autre chose que son départ de la pièce sans autre forme de procès. D'autant plus qu'il avait remarqué une tension pesante s'imposer et grandir dans l'espace autour d'eux. Il avait donc vu le jeune homme hocher la tête et tourner les talons, Daniel quant à lui avait baisser les yeux sur ses affaires avant d'entamer un geste pour les ranger. Ainsi, l'homme tendait la main vers deux parchemins à remettre dans une chemise lorsque la voix de son élève résonna finalement. Aussi il releva la tête et l'écouta, laissant progressivement son bras retomber et ses doigts se relâcher pour reposer ce qu'il tenait.
Ses deux finirent par se poser sur la surface, ses doigts venant s'accrocher sous la table, comme pour essayer de se maintenir debout et donc de ne pas flancher. Le châtain assimilait les informations données et recevait les émotions fortes de Drian comme si elle lui étaient destinées. Mais l'étaient elles vraiment? Peut-être certaines. Mais il fallait tout la force de sa raison pour que le professeur se souvienne qu'une partie de ces dernières avaient très certainement un tout autre destinataire. Pour autant, même si son instinct lui dictait de fuir ce regard indescriptible, il le soutint. "Merci pour votre honnêteté." Répondit alors le magizoologiste de métier juste après avoir déglutit. Il lui fallut par ailleurs recommencer avant de poursuivre. "Je mentirais en disant que je comprends ce que vous avez vécu. Mais je vois que ça vous a beaucoup affecté." Clairement, il n'avait pas vécu quoique ce soit de similaire. Il avait eut une belle relation avec l'oncle du gamin avant qu'elle ne s'étiole. Et lui n'avait pas eu à subir de mépris et de blessure autre qu'un sentiment d'abandon. Trois fois rien face à ce qui était décrit par cet étudiant.
"Je suis désolé de ce qu'il vous a fait vivre. Et quoi qu'il ait pu vous dire, ce n'est pas votre faute." Daniel pensait sincèrement ce qu'il était en train de dire, même si le discours pouvait être maladroit, que le garçon n'avait pas envie d'entendre l'empathie de son professeur. Pour le reste, il ne connaissait pas assez son élève mais il avait très envie de signifier que l'oncle qu'ils auraient pu avoir en commun était celui qui avait perdu à ne pas chercher une relation avec son neveu, le vrai. Quant à Daniel... il avait la confirmation désormais qu'il devait faire un deuil, celui de retrouver en Thibérius cette figure accompagnante qu'il avait pu être.
Ses deux finirent par se poser sur la surface, ses doigts venant s'accrocher sous la table, comme pour essayer de se maintenir debout et donc de ne pas flancher. Le châtain assimilait les informations données et recevait les émotions fortes de Drian comme si elle lui étaient destinées. Mais l'étaient elles vraiment? Peut-être certaines. Mais il fallait tout la force de sa raison pour que le professeur se souvienne qu'une partie de ces dernières avaient très certainement un tout autre destinataire. Pour autant, même si son instinct lui dictait de fuir ce regard indescriptible, il le soutint. "Merci pour votre honnêteté." Répondit alors le magizoologiste de métier juste après avoir déglutit. Il lui fallut par ailleurs recommencer avant de poursuivre. "Je mentirais en disant que je comprends ce que vous avez vécu. Mais je vois que ça vous a beaucoup affecté." Clairement, il n'avait pas vécu quoique ce soit de similaire. Il avait eut une belle relation avec l'oncle du gamin avant qu'elle ne s'étiole. Et lui n'avait pas eu à subir de mépris et de blessure autre qu'un sentiment d'abandon. Trois fois rien face à ce qui était décrit par cet étudiant.
"Je suis désolé de ce qu'il vous a fait vivre. Et quoi qu'il ait pu vous dire, ce n'est pas votre faute." Daniel pensait sincèrement ce qu'il était en train de dire, même si le discours pouvait être maladroit, que le garçon n'avait pas envie d'entendre l'empathie de son professeur. Pour le reste, il ne connaissait pas assez son élève mais il avait très envie de signifier que l'oncle qu'ils auraient pu avoir en commun était celui qui avait perdu à ne pas chercher une relation avec son neveu, le vrai. Quant à Daniel... il avait la confirmation désormais qu'il devait faire un deuil, celui de retrouver en Thibérius cette figure accompagnante qu'il avait pu être.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Sa pitié heurte mon égo et écorche mes oreilles. J'aurai mieux fait de me taire plutôt que d'avoir à entendre ses niaiseries. Pourquoi ce chateau est-il rempli de sorciers aussi mièvre. Bien entendu que ce n'est pas de ma faute, comme si ça pouvait l'être... Mon oncle n'a pas besoin de moi pour être antipathique. J'aimerai le rembarrer - avec respect bien entendu - néanmoins, si je prends le temps d'y réfléchir une seconde, ça ne me ferait pas de mal d'avoir un professeur de plus qui m'a à la bonne. Je n'avais pas prévu ça, pas du tout même, mais autant m'en servir. Je force un sourire reconnaissant là où je ne ressens que du cynisme et donne à ma voix, bien que principalement neutre, une inflexion plus douce.
- Je vous remercie professeur... Vous auriez sans aucun doute été un meilleur oncle que lui, je pense bon de rajouter, histoire de titiller encore plus la fibre paternaliste que l'homme me semble avoir.
C'est à peine un mensonge, tout le monde peut-être meilleur oncle que le vieux Vaillant. Enfin... Avant que le sorcier ne me couvre de nouveau de ses bons sentiments, je préfère prendre congé. J'aurai du mal à ne pas être exaspérer si nous continuons sur cette lancée si touchante.
- Je vais vous laisser, professeur, beaucoup de devoirs m'attendent.
Je n'attends pas qu'il répondre - après tout, il m'a déjà autorisé à partir si je le souhaitai -, et incline la tête en guise d'aurevoir avant de quitter les lieux tranquillement. Une fois au chateau, j'irai directement retrouver Topine pour voir si elle va bien. Cette discussion m'aura au moins permis d'en apprendre un peu plus sur les comportements aléatoires des créatures magiques et qui sait, peut-être de m'être fait un autre allié involontaire.
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