Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
15 12 2021
@Drian Vaillant
@Drian Vaillant
Une après-midi qui se voulait calme. Le soleil contrait le froid de l'hiver par un rayonnement apaisant et chaleureux. L'air se voulait sec et bien plus confortable qu'une journée humide. Lorie marchait, ses pas légers étaient aussi doux que cette magnifique journée. En temps normal la délégué d'Ogme passait son temps libre à étudier, réalisant ses obligations de représentante d'Ogme ou encore à jouer aux échecs. Cette journée serait placée sous le signe des échecs, cela l'apaiserait. Elle avait prévu d'y jouer au manège, sa grande sœur l'attendait déjà. Elle devait surement gribouiller un des abraxans de l'académie qui aurait la chance d'être son modèle du jour. Mais il y avait bien une raison à un rendez-vous dans un tel lieu. Madame Louise avait accepté sa requête, ainsi elle était allée acheter un second abraxan pour tenir compagnie au premier qui avait été acheté par la mère de Lorie. La blonde en avait ciblé un en particulier, pour peu qu'il soit disponible et ce fut le cas. Lorie avait été à moitié surprise par la disponibilité de cet abraxan en particulier, celui-ci aurait déjà dû être vendu et donc impossible à acheter. Ainsi, elle était venue au manège pour s'habituer à s'en occuper, ainsi qu'apporter une présence. Elle voulait qu'ils soient bien et maintenant qu'elle avait plus de liberté, elle pourrait sans l'ombre d'un doute, passer des moments avec les créatures magiques.
Lorsque la troisième année arriva, elle vit sans surprise sa sœur dessiner, celle-ci était assise comme une personne de famille royale et levait de temps en temps la tête vers les créatures. Dans le silence Lorie posa l'échiquier et y plaça les pièces. Rose posa son carnet de dessin afin de se concentrer, tandis que Lorie s'approchait d'un abraxan en contrebas. Elle avait prévu de jouer à l'aveugle, cela lui permettrait d'améliorer sa visualisation. La partie commença et très vite la petite blonde était plus occupée à caresser une des créatures magiques étant venue la voir plutôt que sur sa partie. Cela se ressentait sur son jeu. Sa sœur ne l'aidant pas elle initia une discussion.
« Je n’en reviens pas que madame Louise t’ai acheté un abraxan. » Dit la plus âgée tandis qu’elle bougeait un cavalier.
« Cavalier d5. »
« C’était inhumain de laisser l’autre seul, sans le moindre compagnon. » Dit Lorie d’une voix douce alors que sa main parcourait le museau de la créature.
« Je ne sais même pas pourquoi mère en à acheter un. » Rose avait l’air dubitative, son regard était toujours tourné vers le plateau ou les pièces dansait. Son cavalier était rayonnant et très bien positionner.
« Un caprice… Affirma la blonde qui semblait avoir l'habitude. « Fou prend le pion e4. »
« Comment il s’appelle ? »
« Elle… Corrigea Lorie. Calypso. » Rose semblait réfléchir, la position des échecs semblait à première vue être à son avantage, elle mit du temps à répondre.
« Ils feront un jolie couple... »
L'ainée se terra dans le silence, réfléchissant a une attaque contre sa sœur, elle avait l’opportunité de gagner pour la première fois sa sœur, elle en était persuadée. Elle était si concentrée et silencieuse qu’on en venait à l’oublier installée sur les marches bien au-dessus par rapport à sa sœur. Lorie elle était toujours calme et câlinait l’abraxan qui semblait passer un bon moment. Son attention était uniquement tournée vers lui, il lui arrivait parfois de lui murmurer des mots doux, créant une sorte de discussion avec la créature. Elle était bien plus concentrée sur celle-ci que sur la partie d’échecs ou son environnement. Le silence était quelques fois brisé par les autres créatures ou l’agitation du manège.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Mercredi 15 Décembre 2021 - Après-Midi
Quatrième année - 15 ans
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Quatrième année - 15 ans
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Le tournois de duel du Trimestre de l'eau venant à peine de finir et ayant fait tous les duels jusqu'à la finale, je m'octroie un peu de liberté et de repos. Pas de duels aujourd'hui. Je me dirige plutôt d'un pas confiant, Océane Duchamp pendue à mon bras, vers le manège. Ma nouvelle petite amie, quatrième année de Dagda, me complimente pour tout et n'importe quoi et je ne l'écoute pas vraiment. Je la laisse parler et répond de temps en temps par un sourire. Pour ma défense, elle parle tout le temps, ne s'arrête jamais. Forcément, je décroche très vite. Au moins, elle est jolie et elle rend jalouse d'autres filles. C'est le plus important. Je ne sais pas bien pourquoi je l'ai emmené avec moi. Enfin si, de base je voulais l'impressionner - encore plus - en chevauchant un abraxan devant elle. Finalement, je n'ai de toute évidence pas besoin de ça.
On arrive devant l'entrée du manège et elle se fend de mille questions. Excédé, je l'attire alors contre moi et l'embrasse. Ca a le mérite de la faire taire.
- Plus un mot dans le manège, les abraxans vont être nerveux sinon.
Je n'ai pas besoin de mentir. Si cela m'agace, ça agacera forcément les créatures magiques. Tandis qu'on entre dans le manège, j'entends néanmoins des voix. Des voix que je reconnais sans difficulté et qui ont le don de m'hérisser. Que fiche les Fleury ici ? C'est pas comme si c'était des cavalières. J'avance dans la direction des voix avec ma petite amie, écoutant leur conversation sans intérêt, avec l'envie de les faire dégager d'une manière ou d'une autre. Soudain, un nom bien connu m'interpelle et la teneur de leur discussion me fait l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Je m'arrête subitement, le corps plus raide qu'une planche de bois, et regarde Lorie qui n'est plus qu'à quelques mètres de moi. J'ai du mal comprendre. J'ai forcément mal compris. Elle n'a pas acheté Calypso. C'est impossible...
- Tu peux répéter ? je demande comme un reflexe, cherchant à trouver l'air qui me manque subitement dans sa réponse et qui éloignera mes mauvaises pensées.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le sursaut qui accompagnait la surprise de Lorie bien trop concentré sur l'abraxan, fit fuir celui-ci. Cette voix qui l'avait interpellé était bien connue de la blonde, elle savait parfaitement à qui elle appartenait. Regardant l'abraxan fuir en trottant au loin l'adolescente se tourna vers celui qui venait de l'interpeller. Ses yeux bleus parcoururent alors le garçon, il n'y avait aucune émotion négative au sein de l'iris, mais ils étaient toutefois vifs et brillants. Cela commençait à devenir un gag de répétition, il semblait toujours intervenir sans la moindre formule de politesse. Il y avait quelque part, une ironie certaine à cela.
« Bonjour Vaillant, dit elle calmement tandis que ses yeux se détournèrent vers la fille qui accompagnait le délégué. Bonjour également à votre, gourgandine, charmante amie. »
Lorie était prête à répondre aux interrogations du garçon. Il fallait être ivre ou complètement hors de la réalité pour ne pas comprendre qu'il venait d'intercepter une discussion privée. Mais ce n'était pas non plus surprenant. Un galop d'un abraxan dans le manège souleva un nuage de poussière, il virevolta avant de se dissiper. Lorsque la blonde ouvrit la bouche, elle fut interrompue par sa sœur.
« Cavalier e2 échec Lorie ! »
C'était surement la première fois que sa sœur avait une attaque intéressante, forcée de constater que Lorie n'était pas la plus concentrée. Lorsque le coup s'empara de son système auditif Lorie fronça les sourcils et abandonna toute réponses destinées à Vaillant. Elle orienta son corps suffisamment pour contempler l'échiquier. Elle ne posa son regard sur celui-ci que cinq secondes, avant de se détourner à nouveau vers son camarade. Fixant celui-ci, elle donna à la chaine une suite de coup pour se sortir de l'attaque. Puis une fois son roi à l’abri déploya un mat en neufs coups impossibles à contrer.
« Tour f4 échec, Fou pare l’échec, Tour prend Fou, pion prend Tour, Tour reprend, Roi g7, Tour f7 échec, Roi g6, Dame e6 échec, Fou pare échec, Cavalier h4 échec, Dame f5 échec, Fou pare l’échec, Dame f3 échec, Roi prend Cavalier, Dame h3 échec et mat. »
[i]S'en suivi un silence relativement long. Rose avait joué les coups sur l'échiquier, elle avait l'habitude de jouer rapidement lorsque sa petite sœur enchaînait rapidement les coups comme elle venait de le faire. Une fois la Dame positionnée pour immobiliser le roi adverse, la plus grande des sœurs Fleury se releva et souffla. Elle daigna relever le regard vers sa sœur et put prendre conscience qu'elle était vraisemblablement plus toutes seules. Elle se contenta de regarder sans prononcer un mot.
Alors que la plus petite des blondes allait ouvrir la bouche pour demander ce qu’elle devait répéter, elle se rappela soudainement la visite chez les Vaillant en Aout dernier. Nul besoin de lui demander ce qu’elle devait répéter, il avait très bien entendu. Ainsi elle se contenta de dire la vérité d’une voix calme et de façon pour le moins succincte.
« J’ai acheté Calypso. » Se contenta elle de dire calmement.
Elle ne prit pas la peine de pointer le mensonge qu’il lui avait desservit plus tôt dans l’année concernant la vente de Calypso. Il s’en rendrait compte tout seul et le but premier n’était pas de mettre le feu aux poudres.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je ne réagis pas à ses salutations, elle me passe complètement au-dessus, tandis qu'à côté de moi, Océane lève les yeux ciel face aux simagrées de la fille d'Ogme. Elle se contente d'une brève salutation mais c'est déjà plus que moi. Mes lèvres sont serrées et attendent une réponse, ou plutôt une réaction, qui ne vient pas. Pire encore, une voix vient détourner l'attention de ma vis-à-vis. Je lève la tête et toise l’aînée des Fleury que j'ai momentanément oubliée. Mon attention trop accaparée par Lorie et par ce que j'ai entendu, j'ai littéralement fait abstraction de Rose. Grossière erreur, sans conséquence heureusement.
Je ne pensais pas pouvoir détester quelqu'un plus que le père de Lorie, même si je ne porte pas dans mon cœur la fille elle-même. Mais c'est sans compter ce que je viens d'entendre et le flegme insolent des Fleury. J'ai l'impression qu'elles me prennent pour un imbécile, en continuant à faire leur partie stupide d'échec comme si je n'existais pas. J'ai une furieuse envie de faire exploser ce misérable plateau. A vrai dire, j'ai même plutôt une irrésistible envie de faire du mal à Lorie pour lui rendre la pareille, pour lui faire ressentir ce que je ressens à cet instant. Un murmure sous mon crâne m'y invite mais j'ai suffisamment l'esprit clair pour ne pas l'écouter. Nous avons un public, et qui plus est, bien plus rompu que moi à la magie. Et à quoi ça m'avancerait ici et maintenant ?
Je me contente donc d'attendre et enregistre chaque minute écoulée comme une minute d'affront supplémentaire que je lui ferai payer un jour ou l'autre. Quand elle daigne enfin me répondre, c'est évidemment pour confirmer l'évidence. Elle me déclare ouvertement la guerre. Calypso n'aurait jamais dû être mêler à ça. Mon abraxans, dans cette famille tordue ? Je ne peux évidemment pas l'accepter. L'idée me révulse au plus haut point et mon impuissance encore plus. Je n'ai que les mots pour transpercer mon adversaire et cela me semble bien dérisoire. Si mon poing se ferme avec force, enfonçant mes ongles dans ma paume, mon visage est neutre et ma voix égale.
- Je vois, je dis doucement. J'espérai une belle vie pour Calypso. Elle n'aura pas cette chance pour un caprice de princesse.
Je marque un silence pour mieux asséner la suite, pour lui donner toute la force que je veux y mettre avec l'espoir que ça lui fasse aussi mal qu'un maléfice. Pour Océane, cela semblerait anodin. Pour les Fleury, cela aurait beaucoup plus de poids. Je le sais. Et elles savent que je sais.
- Tel père, telle fille.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
On ne pouvait nier que Drian avait raison sur un point. Ce qu'avait fait Lorie s'apparentait à un caprice. De là à dire que c'en était un de princesse il y avait un monde. La suite des mots de Vaillant, était si violente que cela s'apparentait à prendre un tsunami de plein front. Aussi, si l'on survivait par miracle à cette vague, il y avait non loin une lame prête à pénétrer la chair aussi vivement qu'un vif d'or. Une douleur aiguë, terriblement acérée, un enchainement cinglant porté d'une voix des plus calmes. La réaction de Rose était prévoyable, elle était animée par une passion bien trop chaude pour ne pas réagir aux mots de Drian.
« Plait-il ? Dit-elle alors qu'elle se rapprochait d'un pas rapide de celui qui avait osé lancer l'insulte. Une fois à sa hauteur elle se retint de le bousculer, guettant la réaction de sa petite sœur, qui ne semblait pas avoir envie de réagir. Tu ne dis rien Lorie ? Ce bélître t’insulte et tu ne dis rien ? »
Lorie restait de marbre, il y avait tout de même un peu de déception lorsqu'elle voyait sa sœur en proie à la colère. L'adolescente d'Ogme ne cèderait pas à Tess, elle avait bien trop travaillé la gestion de ses émotions pour se laisser emporter. Elle qui connaissait les fait, savait que ces mots étaient les derniers de quelqu'un d'impuissant, au fond il devait bouillonner, bien sûr il ne le montrerait pas et Vaillant ne montrait jamais grand chose, mais c'était la réaction la plus humaine attendue.
Les mots continuaient de résonner dans l'esprit de Lorie. « Caprice de princesse…» J'espère que je ne fais pas une erreur songea-t-elle alors qu'elle commença à se mettre en mouvement. Son visage ovale portant ses yeux bleus se détourna rapidement vers son sac. Celui-ci était un peu plus loin, posé sur l'un des bancs du manège. Un sourire discret d'amusement pouvait se lire sur les commissures de ses lèvres. Rose était marquée par l'incompréhension. Elle ne comprenait pas pourquoi Lorie n'était pas affectée par l'insulte, pourquoi elle semblait se moquer de l'insulte et pire encore s'en amuser. Rose était sur le point d'attraper le col du garçon lorsque Lorie daigna sortir du silence.
« Tu devrais nous laisser Rose. » La voix calme de Lorie sifflait comme un instrument à corde vouer à apaiser l’esprit.
« Je ne te laisse pas seule avec ce butor. »Dit Rose d’une voix ferme.
« Comme tu veux. » Souffla-t-elle alors que ses yeux touchèrent le sol. Mais alors tiens toi tranquille pensa-t-elle alors.
Lorie ne rentrerait ni dans un conflit, ni dans un rapport de force. Ce n'était pas elle tout ça, elle s'en tenait loin, préférant tirer en chacun des autres le bon qui y était enfoui. Peut-être était-ce là une certaine forme d'optimisme ou de bienveillance, elle ne savait pas, n'y ayant jamais vraiment réfléchis. Dans ces moments-là elle se contentait de suivre son instinct. Son instinct l'avait mené à ce « caprice » de grande envergure, pourtant Lorie n'était pas égoïste, rancunière et encore moins vindicative. Toutefois, il fallait désormais gérer les émotions enfouies de Drian, ainsi que la passion de Rose. L'attention de sa sœur était louable, mais rentrer dans un conflit ne servait pas à grand-chose, cela était futile et d'une incroyable perte de temps.
« Drian, veux-tu s’il te plaît sortir une plume. »
Les mots étaient une nouvelle fois du grande douceur. Ils avaient une assurance propre, si bien que l’ont pu aisément voir une Lorie dans une forme de contrôle. Restait à savoir si Drian allait une nouvelle fois compliquer les choses ou s’il serait raisonnable. La raison voulait que celui-ci arrive à prendre sur lui encore un petit peu, juste le temps de mettre les choses enfin à plat. Cependant, il ne fallait pas oublier que celui-ci n’avait pas tous les tenants et les aboutissants. Une fois encore les mots qu’il avait prononcé raisonnaient en Lorie. La blonde n’était pas en colère, mais plus les secondes avançaient et plus la peur naissait. Elle avait surtout pour crainte, la réaction de celui avec qui elle devait travailler en tant que déléguée.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je sais que ma réplique a atteint son objectif quand je vois l'aînée des Fleury se lever et se rapprocher rapidement de moi, frémissante de colère. Je la toise sans expression, pas impressionné le moins du monde, même si je me méfie de ce qu'elle peut faire. Je suis tout de même un peu déçu que ça soit elle, et non ma cible, qui perd le contrôle. Le contraire aurait été bien plus satisfaisant mais aussi surprenant. Néanmoins, si Lorie ne se laisse pas emporter comme sa sœur, je suis quand même certain que mes mots ont eu l'effet escompté. Pour autant, cela ne me semble pas suffisant. Si attaquer Lorie directement l'ébranle si peu, je peux encore le faire indirectement. L'emportement de sa sœur est une perche que je m'empresse de saisir.
- Quelque chose ne va pas, Fleury ? Je demande avec flegme en plantant mon regard de glace dans celui de la septième année tandis qu'elle semble se retenir de me sauter dessus après son intervention inutile.
Lorie ne semble pas plus réagir à l'interpellation de sa sœur qu'à la mienne. Mon regard fixé sur la grande, je ne vois pas ce que fait la plus petite mais cela semble perturber la première. Ah non ! Elle ne m'échappera pas aussi facilement !
- Tu es témoin Océane, Rose Fleury est grossièrement agressive envers son délégué.
Ma petite amie du moment confirme fortement sans la moindre hésitation et je sens que j'ai recapté l'attention, et la colère, de la plus grande. Vas-y, touche moi ne serait-ce qu'un petit peu et je ferai tout pour que tu te prennes la pire des retenues. Allez !
La confrontation tombe à l'eau au moment où Lorie ouvre sa bouche pour demander à sa sœur de partir, me contrariant encore davantage alors que je ne pensai pas pouvoir l'être plus. Je crois qu'elle a un don pour me rendre hors de moi. Son sourire pathétique, ses manières ridicules et bien sûr, sa façon de se mêler de la vie des autres et de la piétiner en prétendant le contraire, tout ça m'horripile. Alors, quand elle me demande de sortir une plume de je ne sais où - c'est pas comme si j'avais un sac avec moi qui aurait pu lui donner des envies de faire ses courses - comme si c'était la chose la plus naturelle du monde et que ça avait le moindre sens dans cette situation, je sens un petit peu de moi échapper à mon contrôle, une sorte de léger courant électrique qui descend de ma nuque vers le reste de mon corps. Océane sursaute à mon bras et se masse la main sans que je fasse le moindre lien. Je suis bien trop concentré sur Lorie et mes idées noires. Finalement, après un silence tendu, j’étire mes lèvres en un simulacre de sourire.
- Et pourquoi je ferai une telle chose pour mademoiselle ? Je demande avec une voix aussi douce que la sienne mais imprégnée d'une ironie latente.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Rose bouillonnait mais n'en montrait rien. Elle savait cacher ses émotions, bien plus que ses petites sœurs. Derrière ce masque d'impassibilité elle voyait ce Vaillant chercher le conflit. À quel point son masque à lui, allait durer ? Pensait-il vraiment qu'il arriverait à duper encore longtemps les adultes en recherchant le conflit de la sorte et en l'entretenant ? Plus aucune émotion perceptible émanait de Rose, elle se retrouvait devant Vaillant impassible. Elle ne savait pas ce que préparait sa sœur, mais quoi qu'elle fasse Rose sentait que le désaccord la guetterait, comme une épée de Damoclès que l'on ne pouvait pas se débarrasser et qui restait au-dessus d'une tête. Il semblait bien trop confiant, peut-être pensait-il que sa première insulte apparaitrait comme insignifiante ? C'était surement le cas pour Océane, ça l'était toutefois beaucoup moins pour leur maîtresse de confrérie. Pauvre Océane, elle était tombée dans les filets de Vaillant et il était sûr qu'il ne se passerait pas beaucoup de temps avant d'être jetée et remplacée.
Lorie haussa les épaules lorsqu'elle entendit la réponse de Drian. Fouillant toujours dans ses affaires, elle mit une bonne minute à trouver ce qu'elle voulait. Plusieurs parchemins fut extrait de son sac. Elle les parcourra un instant, puis une fois certaine que c'était les bons parchemins elle referma son sac. Elle s'approcha alors de son homologue d'Ogme et lui tendit. Lorie apparaissait toujours calme, en contrôle.
« Sincèrement navrée du caprice dit elle à son attention tu n'as aucune obligation » une fois débarrassée des parchemins elle se détourna de Vaillant et se rapprocha de son échiquier. Elle se tourna néanmoins une dernière fois.
« Ce qui t'intéresse se trouve en deuxième page ajouta Lorie toujours calmement bonne journée Drian » Elle était allée directement au but, elle était fatiguée de toujours mettre les formes qu'on lui avait appris. Voilà qui était clair et concis, le reste ne dépendait plus d'elle, mais de Vaillant. C'était à lui de signer l'acte de vente rédigée par les experts de la famille. Celui-ci avait été fait dans les règles de l'art, signé par un tuteur légal de la blonde et par la blonde. Les informations en deuxième page mentionnaient que : tant que le parti acheteur ne pouvait assumer financièrement l'abraxan, le parti vendeur s'assurait de son bien-être sur le plan financier ainsi que l'entretient. Libre était le parti acheteur de venir voir l'abraxan sans obligation de prévenir au domicile du parti vendeur.
Lorie s'était assurée qu'il n'y avait pas de mention particulière qui pouvait être embêtante. Il n'y avait donc aucune anguille sous roche. Vaillant s'en sortait, à condition qu'il signe, plutôt bien dans cette histoire. Celui-ci serait le propriétaire de son abraxan pour un liard symbolique et il n'aurait même pas à mettre sa famille en difficulté. La blonde rangeait son échiquier, prenant chaque pièce plombée du bout de ses doigts afin de les remettre dans leur boite. Rose bien qu'elle se fût désintéressée de la situation toisa la réaction de Drian. Finalement, elle sortit du manège et promettait de rendre au centuple les actions de Vaillant s'il osait faire quoi que ce soit à sa petite sœur. Quand la petite blonde eu fini de ranger son échiquier, elle se mit en route pour faire le tour du manège et rejoindre l'abraxan qui avait pris peur.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Lorie hausse les épaules à ma question mais ne réponds pas. Je reste donc immobile à l'observer fouiller dans son sac comme si elle allait en sortir quelque chose qui valait la peine de prendre mon temps. C'est probablement quelque chose d'insignifiant alors pourquoi je reste planté là au lieu de partir hors de leur présence qui m'horripile ? La curiosité, encore et toujours. Elle me tient toujours en alerte, m'oblige à endurer des supplices pour l'assouvir. Du coin de l’œil j'observe Rose qui ne semble pas plus en savoir que moi. Elle a recouvré son calme, tout du moins en apparence. Mais c'est trop tard. Je sais maintenant comment la faire sortir de sa prétendue impassibilité. Elle est plus faible que Lorie. Je me détourne d'elle, elle ne représente plus aucun intérêt pour moi, et me concentre sur sa cadette.
Elle a sorti de son sac plusieurs parchemins qu'elle lit avant de venir vers moi et de me les tendre. Je la regarde en plissant des yeux avec méfiance. Qu'est ce qu'elle a encore trouvé pour m'humilier ? J'hésite, puis finalement les récupère. Mes yeux parcourent les premières lignes de la première page sans comprendre. C'est du charabias pour moi. Je lance un coup d’œil à Lorie puis me rend directement à la deuxième page qu'elle m'indique. Je suis tant concentré à essayer de comprendre le sens de cette liasse de parchemin que je n'ai même pas relevé le tutoiement, pourtant inhabituel, de la fille Fleury. C'est un détail, mais pas si anodin. Je le manque. Je suis focalisé sur ma lecture qui vient peu à peu prendre sens et m'en retourne l'estomac. J'ai l'impression qu'un couteau farfouille dans la plaie que la sorcière vient tout juste d'ouvrir. Le papier se froisse dans ma main qui se serre de colère et je lève les yeux. Mon regard glacial cherche Lorie mais la blonde n'est plus là. Elle s'est enfoncée un peu plus loin dans le manège.
- Tu peux retourner au château Océane, je dois régler un truc. Je dis froidement, sans même regarder l'intéressée.
- Mais je..., je l’interromps en lui lançant un regard méprisant tout en me détachant d'elle sans douceur. Elle semble avoir compris le message. Ses yeux s'embuent de larmes ce qui m'agace d'autant plus.
- Va-t-en ! Je lui ordonne brusquement.
Elle s'enfuit en pleurant et je me détourne sans une once de remord. Abbie aurait compris, elle. Je n'aurais pas eu besoin de lui dire quoique ce soit. Pourquoi est-ce que je m'embête avec d'autres filles ? Mon regard se pose lourdement sur le dos de Lorie alors que je m'avance à grandes enjambées vers elle. Pourquoi je m'embête avec elle ?
- Lorie ! Je l'interpelle en y mettant toute ma fureur quand je ne suis plus qu'à quelques mètres d'elle. J'avance encore et lève les parchemins à hauteur de visage quand elle me donne son attention. Pourquoi fais-tu ça ? Qu'est ce que tu veux de moi à la fin ? Je demande d'une voix bien plus calme mais non moins menaçante, comme si crier son nom m'avait permis de relâcher un peu la pression pour mieux la contrôler.
Ces parchemins que je tiens dans ma main, si j'ai bien compris, me cède Calypso pour rien du tout. Comme si ce n'est rien du tout. Mais l'abraxan n'est pas rien du tout. Comment cette fille peut se permettre de me prendre ce qui compte et de me le renvoyer comme si j'étais un mendiant ? Un moins que rien ? Je ne suis pas pauvre, je ne l'ai jamais été. Mais elle, elle fait tout pour me rabaisser. D'abord la montre, puis ça. Je lui ai déjà dit que je ne voulais pas de sa charité, que je ne voulais pas qu'elle se mêle de mes affaires. Si elle n'a pas compris ça, c'est qu'elle ne le veut pas. Non, c'est plutôt qu'elle veut quelque chose de moi. Personne n'agit de cette façon sinon. Mais je n'ai pas l'intention de lui donner quoique ce soit. Je ne jouerai pas à mon propre jeu.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Continuant son chemin en direction de l'abraxan, Lorie ne fit pas attention au moindre mouvement qui pouvait se produire derrière elle. Pour la blonde l'affaire était réglée, soit il signait soit il ne signait pas, mais ce choix n'était plus de son ressort. Elle se retourna néanmoins, lorsqu'elle entendit son prénom. Elle y perçu une certaine fureur et à en croire l'abraxan qui venait une nouvelle fois de fuir, elle n'était pas la seule. Pourquoi est-il toujours furieux songea la blonde. Celui-ci avait eu ce qu'il voulait, il avait son abraxan alors pourquoi il n'était pas apaisé ? Les mots qui suivirent eurent pour effet de surprendre Lorie. Levant les sourcils en signe d'incompréhension. Pourquoi avait-elle fait cela ? Elle ne savait pas vraiment, mais ses sœurs lui répétaient sans cesses qu'elle était trop gentille. Concernant la seconde question posée par le garçon aux cheveux noirs de jais, mis sur la piste Lorie à une réflexion propice. Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle prononce rien dans sa tête. Une pensée vive.
Toujours très calme Lorie, perçut que la petite amie de celui-ci n’était plus présente, une information dont elle se fichait.
« Rien répondit la blonde d’une voix flegmatique je n’attends rien de toi, il faut que tu acceptes l’idée que certaines personnes n’attendent rien en retour » Ses yeux se posèrent un instant sur le manège avant de revenir dans ceux du garçon. « Écoute Drian, tu es un sorcier remarquable, l’un des meilleurs d’Ogme et le nouveau champion de duel de Beauxbâtons de surcroit, mais aussi remarquable es-tu, aujourd’hui tu ne pouvais pas l’acheter et encore moins l’entretenir, c’est toi-même qui me l’a dit. » Lorie se détourna pour s’appuyer sur la rampe du manège, observant les abraxans. « La réalité est parfois bien cruelle, j’aime juste arranger celle-ci pour qu’elle le soit moins en apparence ».
La stratégie de Lorie avait fonctionné, mais il semblait que son exécution n'était pas du gout de Drian. Quel garçon compliqué Songea la blonde. Pensive, la blonde essayait de comprendre son camarade. Mais elle se confrontait toujours à un mur. À y réfléchir, il ressemblait beaucoup à son oncle, peut-être encore plus à son père, chose qui serait logique. Elle n'avait pas eu l'occasion de le voir beaucoup à l'œuvre, mais il y avait quelque chose de clair entre les deux. « Vois cela comme un cadeau de Noël de la part d'une princesse capricieuse ou si tu préfère un cadeau à Calypso directement». Elle haïssait toujours ce mot, elle n'en était pas une, mais puisque dans la tête du garçon c'était le cas alors il était suffisamment bien choisi pour ne pas le brusquer davantage. Aussi elle venait de répondre au pourquoi, surement que cette réponse ne lui irait pas, difficile de savoir cela, plus elle le côtoyait et plus elle avait l'intime impression que rien venant d'elle lui allait. Peut-être que même ses petites amies n'étaient pas allées aussi loin et cette idée était trop compliquée à accepter. Après tout, ils n'étaient même pas amis, peut-être qu'il fallait juste lui faire comprendre qu'elle était simplement gentille et que cela n'était pas qu'avec lui.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Rien ?! Tout le monde veut quelque chose de tout le monde. Tous ceux que je croise attende quelque chose de moi et je ne fais moi-même jamais rien gratuitement. Que ce soit un service ou plus subtilement profiter d'une protection ou même de la notoriété de quelqu'un. Même l'affection s'achète. C'est ainsi que tourne Beauxbâtons. C'est ainsi que tourne le monde selon ma mère. Pourquoi Lorie Fleury serait-elle une exception ? J'ouvre la bouche pour lui faire une remarque cinglante mais finalement la referme pour l'écouter. Vraiment, cette fois-ci. Je n'écoute pas seulement ses mots, j'essaye d'en comprendre le sens. Cette fille est pour moi un mystère. Je hais les mystères que je ne peux résoudre. Et je hais cette fille aussi. Je ne veux pas la comprendre pour lui être plus plaisant. Je veux la comprendre pour mieux lui renvoyer à la figure ses incohérences. Je suis certain qu'il y en a. Comment puis-je avoir aussi mal si soi-disant, elle ne veut rien. Juste, quoi ? Arrangé la réalité cruelle ? Je me retins de lâcher un ricanement méprisant et continue de me concentrer sur ses paroles.
Au fond, cette concentration a une autre vertu, elle me fait du bien. L'exercice me calme. Pas mon cœur qui continue de se tordre douloureusement. Pas non plus ma fierté qui ne se remet pas de cette humiliation. Mais ma colère prend moins de place. Elle se loge dans un petit coin, bien présente, mais me laisse réfléchir correctement. Mes iris bleues braquées sur les siennes, je regarde en elle, reprend le contexte qu'il m'a été donné de connaître, fais des liens comme me l'ont appris mes parents et mon oncle, à sa façon. J'étudie mon ennemi. Quand mes conclusions sont faites, elles ont tout d'inébranlable, je détiens la vérité, j'en suis certain. Je veux mettre à jour son hypocrisie.
- Tu ne veux pas rien, je finis par dire après une minute de silence en insistant sur la négation. Tu es impuissante à changer ta réalité alors tu te rabats sur celles des autres. Toi, Lorie Fleury, tu as le pouvoir d'apaiser les soi-disant souffrances des autres avec ton argent, alors pourquoi te priver ? Ça te donne l'impression de contrôler quelque chose. Et tu aimes ça, non ? Je dis avec une voix doucereuse, comme sur le ton de la confidence. Et tu te fiche bien de l'avis et des sentiments de celui sur qui tu as jeté ton dévolu. Ma réalité n'a jamais été cruelle, elle est ce qu'elle est et cela me va. Je ne t'ai rien demandé, c'est même tout le contraire. Tout ce que tu as fait, tu l'as fait uniquement pour toi. Ose dire le contraire.
Je retire la bague qui orne mon doigt et celle-ci se déplie pour former une petite plume. Je vais prendre ce qu'elle me donne. Après tout, pourquoi me borner à refuser quelque chose qu'on me sert sur un plateau d'argent ? Ma fierté serait une bien mauvaise conseillère et même si la chose est douloureuse, viendra bien un jour où ça n'aura plus d'importance. Je vais donc prendre mais je ne lui donnerai pas ce qu'elle veut en retour. Je signe les parchemins d'un geste fluide.
- Félicitations Lorie, tu es à présent l'heureuse détentrice d'une réalité encore plus cruelle, ton cadeau. Je dis posément avec une pointe d'ironie dans la voix, tout en remettant l'orbiplume à sa place. Tu m'excuseras si je ne te remercie pas. Faut-il en faire une copie ? Je demande avec un flegme forcé en désignant les parchemins que je tiens à la main.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le regard toujours tourné vers les abraxans du manège, Lorie écouta le long monologue de son camarade. L'imagination dont il faisait preuve était presque fascinante. Décidément, les deux n'étaient pas sur la même longueur d'onde. Pourtant, elle avait vu qu'il était capable d'affection, pourquoi réagissait-il toujours comme ça ? Une énigme dont Lorie n'avait pas la réponse, elle voulait juste bien faire, lui faire plaisir, pourtant c'était comme si Drian contestait chaque geste que pourrait faire la blonde. Une situation qui devenait plutôt fatigante. En quoi son cadeau était plus cruel que l'achat de son abraxan par un tiers qui ne lui aurait pas permis de revoir Calypso ? Lorie, soupira, tout ceci l'attristait un peu, mais elle ne pouvait faire marche arrière. De plus, si pour le moment son cadeau était cruel, le temps ferait son chemin et d'ici quelques mois ou années, il n'y songerait même plus.
Toujours, perdue dans ses pensées, Lorie cherchait ce qu'elle ferait du pouvoir, probablement pas grand-chose. « Joli procès d'intention, il est plus doué en sophisme que pour gérer ses émotions » songea la blonde qui repassait le monologue de Drian, afin de construire une réponse. « Ma réalité s'améliore de jour en jour, je te remercie de t'en soucier. Pour ce qui est du pouvoir, je ne sais pas ce que j'en ferais, mais je préfère le laisser aux autres. Celle qui était toujours incapable de lancer le moindre petit maléfice se redressa de la barrière. Le contrôle rendrait les choses bien ennuyeuses. Elle marqua un silence appuyé. Si ce cadeau t'est aussi insupportable tu n'es en rien obligé de signer ces parchemins.»
A l'entendre il préférait perdre calypso à jamais plutôt que de la garder près de lui. Quel sombre crétin pouvait penser ça ? Lorie arrêta d'essayer de comprendre, Drian semblait chercher le conflit, pire encore il faisait tout pour maintenir ce conflit. Ne pas comprendre quelque chose ne lui faisait pas peur, elle n'était qu'une fille qui pratiquait la magie tant bien que mal, elle acceptait qu'il y eût des domaines qui dépassaient sa compréhension. Toujours, d'une voix flegmatique et douce, puis, conclu l'échange. « Il y a déjà un second exemplaire dans la pile ». L'adolescente, se tourna pour aller s'asseoir. Elle avait hâte qu'il signe tous les parchemins afin de retrouver sa tranquillité perdue.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je la regarde avec amertume tandis qu'elle tente d'écarter, avec une défense pathétique, point par point les éléments que je viens d'énoncer. Je crois que je suis un peu déçu. Enfin, à quoi m'attendais-je au juste ? Pas à autant de déni certainement, mais après tout, ce n'est pas vraiment surprenant. Elle a l'air de se croire être la blanche colombe immaculée. Je note néanmoins qu'elle n'a rien à redire concernant mon accusation de son égoïsme ou plutôt, elle botte en touche de manière ridicule. Comme si elle m'avait laissé le moindre choix. Bien sûr que je suis obligé de signer ces papiers, ne serait-ce que pour faire un jour de sa vie autant un enfer que ce qu'elle me fait vivre depuis qu'elle a posé ses yeux sur Calypso. Comme je regrette aujourd'hui de l'avoir introduit dans ce pré derrière la barrière. J'aurai mieux fait de la laisser courir les champs et se perdre, elle n'aurait ainsi pas mis son nez dans mes affaires.
Je feuillette les différents parchemins que j'ai signé pour vérifier que le second en fait bien parti. Cela me permet de ne pas tout bonnement lui balancer l'ensemble à la figure. Même si j'ai réussi à lover la colère dans un petit coin, cette fille a le don de me rendre fou. Son air blasé est de trop, il est temps que je file d'ici avant de faire quelque chose que je pourrai regretter. Je ne me pardonnerai pas d'être exclu à cause d'elle. J'abandonne sur le muret du manège l'un des feuillets de parchemins dont j'ai froissé un coin un peu plus tôt, avant de sortir sans un regard pour Lorie.
Arrivé dehors, mon poing se serre sur les parchemins roulés dedans, les abîmant sans le moindre scrupule. Ça ne vaut rien pour moi. Je lève ma tête vers le ciel et inspire profondément. J'ai la quasi-certitude que je ne reverrai jamais plus Calypso. Hors de question de me retrouver un jour chez cette famille de fou furieux, sauf peut-être pour réduire en cendre leur foutu palais et observer les volutes de fumées depuis le ciel sur le cheval ailé. Voilà une perspective peu probable qui m'allège un peu néanmoins. Je me remets en marche. J'ai besoin des conseils de ma mère et le plus vite sera le mieux.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Sans vraiment faire attention à Drian, Lorie se perdit dans ses réflexions. Ce garçon était une énigme, elle le trouvait parfois intriguant, parfois simplement stupide. Plus elle le côtoyait et plus il ressemblait à tous les garçons ridicules qu'elle avait l'habitude de croiser dans les réceptions de ses parents. Décidément, entre sa façon de se débarrasser de son amie et sa façon de réagir avec Calypso, Lorie se contenterait dans le futur de simplement l'ignorer sauf s’il venait de lui-même lui parler. Elle ne le comprenait pas, cela en resterait donc là. Elle chassa rapidement le garçon de ses pensées, préférant de loin penser à des choses plus intéressantes. Sa tranquillité était quelque chose de plus intéressant, ainsi quand il eut fini son cinéma, elle se contenta de récupérer les parchemins puis les glisser dans son sac. Le voyant sortir du manège, la blonde pourrait alors simplement profiter de celui-ci. Elle marcha en direction des chevaux ailés et une fois à bonne distance se contenta de regarder celui qui avait pris la fuite lorsque petit Vaillant avait trouvé judicieux de la déranger.
La journée passa relativement vite et Lorie fut forcée de quitter le manège pour se rendre au réfectoire. Elle s'installa à la table de Peny, puis se contenta de passer du bon temps avec elle. Lorie avait déjà oublié Drian et elle se concentrait sur l'important : ses cours et son futur tournoi d'échecs promis par sa préceptrice. Le tournoi arriverait vite et il fallait qu'elle peaufine ses ouvertures. Lorsque le dîner prit fin, en même temps que les rires avec sa meilleure amie. La petite Ogme rejoignit son boudoir, puis une fois les portes franchies fonça en direction de l'escalier menant à sa chambré. Après avoir fait sa toilette et après s'être changée, elle se laissa tomber dans son lit. Le matelas moelleux était divin, si divin qu'elle ne mit pas longtemps pour trouver le sommeil.
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