Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Cela commençait à faire quelque temps que Lorie enchaînait les insomnies. Depuis sa rencontre avec l’épouventard lors de la deuxième tâche, elle avait du mal à se sortir les images de sa plus grande peur de la tête. Parfois, cela lui déclenchait même des crises d’angoisse la menant par moment au dispensaire. Beaucoup trop souvent, si elle s’en référait au discours de la guérisseuse. Mais Lorie ne lui parlait pas beaucoup de ce qu’il se passait dans sa tête. Ainsi, la fatigue commençait à s’accumuler, non sans rappeler le début de sa troisième année. Fatiguée mais pas encore alarmée, elle ne laissait pas pour autant son entraînement de côté. Physique, mental, et même magique. Bien qu’elle n’eût pas oublié les conseils du sous-directeur, elle n’avait aucune envie de ne rien faire de ses journées pour se "reposer". Elle avait même repris sérieusement les échecs, les nuits où le sommeil ne venait pas, passant parfois des nuits blanches dans le boudoir confortablement installée.
Installée dans les jardins, Lorie se laissait aller à la confection de petits plats gastromagiques. Son fourneau de poche n’avait jamais autant travaillé, et son garde bouffe ne s’était jamais autant vidé que depuis la fin de la deuxième tâche. Faute à la morfalie bégnine contractée en buvant l’eau de la vasque. Elle qui avait pourtant pris les dispositions pour ne pas l'attraper… Alors qu’elle dégustait le plat qu’elle venait tout juste de se terminer, une fée postale fit son apparition. Elle remercia la créature, puis ouvrit la lettre entre deux morsures dans son fabuleux burger.
Son regard se posa sur Lys, non loin d’elle. Pourquoi sa maîtresse de confrérie voulait soudainement la voir ? Lorie haussa les épaules et attendit de finir la cuisson de son plat pour ranger toutes ses affaires. À peine, elle eut fini son Magic’Burger qu’elle croqua dans son jambon-bière. Tout en se mettant en route. Devant la porte elle croqua une dernière fois dans le sandwich avant de l'emballer pour finir le reste plus tard. Son regard croisa celui de sa professeure au travers de la porte vitrée et elle comprit rapidement qu’elle n’aurait pas besoin de frapper.
Lorie poussa alors celle-ci et s’engouffra dans le bureau. « Bonjour Madame Yapara, vous désiriez me voir ? » Formula-t-elle tout en se dirigeant vers elle. Comme à son habitude, Lorie déposa sa baguette sur le bureau de sa professeure avant de s’éloigner en faisant quelques pas en arrière. Droite, les mains jointent devant le corps, elle attendait d’en savoir plus sur les raisons de la convocation.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Alors, quand Melle Moulin était venue la voir pour lui parler de Lorie Fleury, ça n'avait pas été une vraie surprise. Qu'elle fasse des insomnies non plus, ni même qu'elle n'en parle pas. C'était comme faire un retour en arrière d'un an et même si la maîtresse de confrérie était agacée que sa déléguée ne pense pas d'elle-même à venir la voir pour se confier, elle n'était pas étonnée. L'adolescente avait le défaut de vouloir tout gérer par elle-même mais comment lui en vouloir quand on savait comment les adultes qui étaient censés l'aider et la protéger s'étaient comporté avec elle ? Avec un soupir, elle avait donc signifié à Melle Moulin qu'elle prenait la situation en main puis s'était saisi d'une plume et d'un parchemin pour envoyer un courrier par fée postale.
"Asseyez-vous, Melle Fleury." dit-elle lorsque son élève entra dans son bureau.
Laissant le temps à l'adolescente de faire ce qu'elle venait de lui demander, elle prépara un chocolat chaud, à l'ancienne, et en servit deux tasses qu'elle posa sur son bureau : une devant la jeune fille, une devant elle.
"Melle Moulin s'inquiète de vos insomnies et de votre état de fatigue. Et comme vous ne lui parlez pas..."
Elle laissa quelques secondes de silence sans quitter son élève du regard avant de reprendre :
"Vous connaissez la chanson alors je vous écoute."
Oui, oui, Tahina et le tact, ça faisait deux. Enfin, pas dans toutes les situations mais toutes les deux commençaient à suffisamment se connaître pour aller droit au but.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
D’un petit mouvement, Lorie prit place sur l’une des chaises et observa sa maîtresse de confrérie préparer les chocolats chauds. Les boissons de sa professeure lui avaient manqué, peut-être était-ce le fait qu'ils étaient réalisés à la sauce non-maj’, mais le chocolat chaud qu’elle avait désormais devant elle était largement dans le haut de son classement des meilleurs chocolats chauds. « Merci, madame » fit la petite blonde en posant les paumes de ses mains sur la tasse chaude.
« Évidemment, »fit-elle en murmurant quand on lui indiqua que la guérisseuse était venue parler à sa maîtresse de confrérie. Jamais elle ne s’était confiée à celle-ci, elle avait du mal à lui faire confiance. Lorie prit une grande inspiration et se laissa le temps de réfléchir quelques instants. « Je suppose que c’est normal après la deuxième tâche… La nuit, je n’arrive pas à m’ôter certaines images de la tête Lorie marqua un petit silence, le temps de boire une gorgée de chocolat chaud puis de reposer la tasse devant elle. C’est encore frais. » Finit-elle par ponctuer alors que la tâche s’était déroulée, il y a seulement un mois.
D’apparence calme, l’adolescente n’avait pas oubliée les sensations qu’elle avait ressenti en croisant l’épouvantard. Les battements de son cœur, l’angoisse cruellement profonde et les tremblements qu’elle avait partagés avec Lys. Avant de tomber nez à nez avec la créature, Lorie n’avait aucune idée de ce qu’était sa plus grande peur. Voir ses images sans y être préparée avait sûrement été la chose la plus compliquée pour l’adolescente, même si sur le moment, elle avait réussi à plutôt bien la gérer…
Lorie afficha un sourire, comme pour signifier de ne pas s’inquiéter, puis elle brisa le silence qui commençait à s'installer. « Vous avez vu ce qu’il s’est passé depuis les remparts, il me faut juste un peu de temps n’est-ce pas ? » Elle but alors une nouvelle gorgée de chocolat chaud.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
"J'ai vu oui mais ce qui m'intéresse, ce n'est justement pas ce que j'ai vu mais que vous me racontiez les choses avec vos mots. Faites comme si je n'avais pas été là. Votre ressenti à ce moment-là et maintenant, ce qui se trame dans votre tête pour vous empêcher de dormir, comment vous appréhendez tout ça... voilà ce que je veux savoir"
La professeur aurait aimé ne pas avoir à en passer par là, ne pas faire revivre les évènements à l'adolescente mais s'il avait suffi de mettre un manteau de la maison Capenoir sur les choses fâcheuses pour les effacer, ça se saurait. C'était un mal pour un bien. Un peu comme on nettoie une plaie infestée de pue pour qu'elle puisse guérir, il fallait que Lorie se débarrasse de toutes ses émotions négatives pour enfin pouvoir faire la paix avec ce qu'elle avait vécu.
"J'ai bien conscience que ce que je vous demande n'est pas simple mais je ne vous le demanderais pas si je ne pensais pas ça nécessaire."
Elle s'arrêta alors et prit une bonne gorgée de son chocolat chaud, laissant le silence s'installer afin de permettre à son élève de rassembler ses idées et se décider à se lancer.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Revivre et raconter ce qu’il s’était passé n’enjouait pas la quatrième année. Mais en un sens elle comprenait et elle faisait confiance à sa maîtresse de confrérie. Son esprit se perdit dans une intense réflexion alors que le silence s’installait. Ponctué par le bruit de la tasse de Lorie qui revenait délicatement contre le bureau. Désormais vide, Lorie se mordilla la lèvre avant de reposer son regard dans celui de sa professeure. « Je n’ai pas envie de vous mentir, commença-t-elle à dire, mais il y a des choses que je ne peux pas vous révéler, elles doivent rester secrètes… Il se peut que certains détails vous échappent, mais s’il vous plaît ne me posez pas de questions, je ne pourrais pas y répondre même si j'en ai l'envie. Embêtée Lorie détourna le regard sur la calandre. Le professeur Delalande souhaite que cela reste secret. » Précisa la blonde qui avait pourtant toute confiance en sa maîtresse de confrérie. Comment Lorie pourrait garder le secret de son engagement envers la voie blanche avec son honnêteté ? Ce n’était pas un exercice facile, peut-être qu’elle avait peur de cela également que ça l’avait poussé à s’isoler un peu. Par chance, elle avait commencé l’apprentissage de l’occlumencie… Elle espérait que cette forme de magie viendrait un peu l’aider.
La blonde prit une grande inspiration, elle était prête à se lancer à revivre la tâche et essayer de décrire ses émotions, celles qu’elle avait du mal à comprendre ou à exprimer. « Quand je me suis réveillée, je me suis sentie perdue, j’ai d’abord pensé à un rêve… Ceux qui paraissent plus réels que la réalité elle-même. Je suis sortie à l’extérieur et j’ai entendu les cris de Pensée. Lorie fronça les sourcils. Je commençais à me douter de ce qu’il se tramait, mais je me sentais seule, prise entre l’envie de me précipiter vers les cris et celui de ne pas plonger tête baissée. Puis… Le souffle coupé Lorie sentie comme une pointe dans la poitrine. Je suis tombée sur l’épouventard… Je savais que s’en était un, on a appris à les détecter… Comme je savais que ce ne pouvait pas être… Lorie sembla chercher ses mots vrai ? Finit-elle par se questionner. L’épouventard avait choisi la forme de Lys dans un premier temps, et Lys était à ses côtés. Puis il a pris la forme de mes sœurs. Sa gorge se serra. J’étais tétanisée, je sentais mon cœur qui essayait de sortir de ma poitrine, je crois que je n’ai jamais ressenti Cali aussi intensément. Lorie se frotta le front. Je me sentais impuissante… Même avec votre cours… Lorie posa les coudes sur le bureau devant elle et plaça son visage entre ses mains laissant un petit silence s’installer. J’ai mangé et le stress est redescendu. Dit-elle en se redressant tout en enlevant la tête de ses mains. Lorie ressentait encore les petits tremblements de Lys entre ses bras. J’ai réussi à rire et me concentrer pour essayer de me calmer, mais je ressens encore l’angoisse qu’il y avait dans le labyrinthe, quand il fait sombre… La nuit, je ressens la même angoisse comme si elle ne voulait pas partir, je ressens ce nœud dans mon ventre, les tremblements, j’entends les cris de ma sœur, je revois l’accromentule, je sens encore les odeurs. »
Lorie soupira légèrement, peut-être, aurait-elle dû venir voir sa maîtresse de confrérie plus tôt. Elle pensait que tout s’estomperait, mais finalement tout était encore très claire, trop claire même. « On ne m’a pas appris à gérer les émotions, seulement à les garder et les mettre de côté, j’ai l’impression de ne pas savoir comment réagir face à tout cela » finit-elle par avouer dans un moment de confidence. Ce n’était pas qu’une impression, elle se sentait réellement démunie face à ce flot si intense d’émotions. Elle afficha un petit sourire gêné à sa maîtresse de confrérie. Son regard se détourna vers sa tasse vide, l’inclinant légèrement pour y regarder à l’intérieur, l’adolescente grimaça avant de lâcher celle-ci. Elle fit alors un petit mouvement pour attraper le reste de son sandwich qui se trouvait dans son sac et croqua dedans, de manière compulsive, comme si elle n’en avait pas le choix.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Elle l'écouta, sans dire un seul mot, soucieuse de ne pas stopper Lorie dans son élan et parfaitement consciente que ce qu'elle faisait n'était pas chose aisée. Devoir affronter ses peurs n'était jamais simple et d'autant plus à un âge où on était en pleine construction de soi-même. Il y avait d'ailleurs fort à parier qu'avant de se retrouver face à l'épouvantard, la jeune fille n'avait aucune idée de l'apparence qu'il prendait - ce qui était encore plus déstabilisant. Et pourtant, elle s'en était relativement bien sortie mais ça servait à rien de le dire. Le problème n'était pas ses réactions au moment de l'épreuve mais bien maintenant et tout ce qui se tramait dans sa tête. D'ailleurs, sa conclusion était des plus sensée : en effet, elle ne savait pas comment gérer ses émotions et ça risquait d'être un frein si jamais elle n'apprenait pas à le faire.
"Vous devez l'avoir compris par vous-même maintenant : enfouir ses émotions, les ignorer, ça ne marche qu'un temps. Ça peut sembler bien sur le moment parce que ça peut aider à affronter la situation mais ce n'est jamais la solution parce qu'elles finissent toujours par ressortir, amplifiées."
Et ça allait prendre du temps à l'adolescente pour apprendre. Beaucoup de volonté aussi car bien souvent, elle serait tentée de retomber dans ses travers et de faire taire à nouveau ses sentiments. C'était la voie de la facilité cependant, Tahina était bien placée pour le savoir.
"La bonne nouvelle, c'est qu'il n'est jamais trop tard pour apprendre. Et vous avez déjà fait un pas énorme en réalisant et en acceptant d'être démunie face à vos émotions. Je ne vous cache pas qu'au début, ça sera tout sauf naturel pour vous mais vous avez beaucoup à y gagner. Savoir accepter ses émotions, s'en servir rend plus fort. Mais ça veut dire qu'il vous faut accepter de pleinement les ressentir."
Restait à voir si Lorie était prête à se lancer dans l'aventure...
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie ne prit pas beaucoup de temps pour finir son sandwich. Pour autant, ses oreilles écoutaient de façon la plus attentive possible sa maîtresse de confrérie. Elle ne put s’empêcher de faire un petit mouvement de tête gêné en guise d’acquiescement envers sa professeure. Effectivement, plus elle grandissait et plus ses émotions étaient quelque chose qu’elle ne pouvait plus garder. Intérieurement, c’était comme un flot inarrêtable qui tourbillonnait. Quand ses émotions s’échappaient, elle n’arrivait plus à rien. Crise d’angoisse quand Cali se pointait, rumination incessante quand Tess s’approchait et procrastination lorsque Lina ou Lola se manifestaient.
Fatiguée Lorie se frotta le front, ses doigts faisaient des vas et viens sur son tatouage alchimique et elle regretta de ne pas pouvoir dévoiler Lys. Elle avait bien besoin de sa présence sans avoir à se cacher. La blonde releva la tête lorsque sa professeure lui indiqua qu’il n’était pas trop tard pour apprendre. Son regard se perdit sur la calandre et resta silencieuse au moins trois bonnes minutes. « Pendant un instant, j’ai voulu tuer l’Acromentule » confessa Lorie avec un brin de culpabilité. Mais l’idée qu’elle avait eu été sans nul doute trop longue à exécuter pour sa colère trop vive et sa peur. Quoi qu’il en fût elle n’avait pas cédé a cette forme de violence mais l’idée d’y avoir pensé était difficilement supportable pour l’apprentie mage blanc qui se demandait si elle avait vraiment sa place dans cette voie la. Pour autant elle avait prêté serment…
Lorie se laissa tomber pour s’adosser à la chaise, cédant à la fatigue. Contrôler sa posture pour être la parfaite petite fille lui demandait trop d’énergie en ce moment même. Continuant de réfléchir, elle se frotta les tempes tout en repassant les conseils de sa tante. « J’ai essayé de travailler avec ma tante, elle a de bons conseils, mais je n’arrive pas à les appliquer, pas toute seule… » Finit-elle par préciser à l’attention de sa professeure. « Comment faites-vous pour retrouver le calme quand vous êtes en colère ou vous enlever de la tête quelque chose qui vous angoisse ? » Demanda l’adolescente qui se doutait que derrière la professeure et maîtresse de confrérie, il y avait une femme qui avait sans nul doute des failles. Pour autant, si sa professeure n’était pas un exemple de patience, elle était pour Lorie, un exemple dans d’autres domaines. Puis en tant que guérisseuse elle avait des connaissances en psychologie et sûrement de bon conseils… Peut-être qu’ils seraient plus faciles à mettre en place que ceux de sa tante Claire.
Dans sa morfalie soupoudrée de fatigue Lorie semblait agitée, elle se redressa et chercha dans son sac de quoi grignoter quelque chose d'autre. Elle en sortit une petite boite en bois laquée avec inscrit sur le couvercle "Blanquette de veaudelune", mais quand elle l'ouvrit, celle-ci était vide « Fichtre » murmura Lorie qui n'avait pas re cuisiner la blanquette. Elle devrait se passer de manger pour l'instant et supporter les crampes d'estomac intempestives. Elle rangea alors la boîte dans son sac un peu déçue.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
"Mais vous ne l'avez pas fait. Peu de sorciers auraient eu cette force mentale de ne pas céder à leur peur. Vouloir tuer une créature qui nous répugne, nous terrorise n'est pas répréhensible le temps que vous ne passez pas à l'acte. Justement, c'est accepter la peur ou la colère, en fonction de la situation, que vous ressentez et apprendre à ne pas prendre votre décision sous cette impulsion."
Les réactions de l'adolescente étaient surprenantes mais la Guyanaise n'était pas sans savoir qu'elle rencontrait des difficultés en cours de conjuration du mal. Elle faisait un blocage sur certains sorts - les maléfices en l'occurrence - mais la jeune femme ne voulait pas s'immiscer dans ce problème. Elle avait déjà Sage sur le dos, ce n'était pas la peine d'en rajouter.
"Je ne vous cache pas qu'il m'ait arrivé d'avoir ce genre de pensées envers certaines personnes" reprit-elle sur le ton de la confidence, pour dédramatiser les choses mais aussi pour se montrer la plus honnête possible. "Mon côté impulsif avec lequel je dois composer..."
Elle hocha la tête, ensuite, quand l'adolescente parla des conseils de sa tante et de la difficulté à les mettre en application. C'était déjà rassurant de savoir qu'elle avait, enfin, un adulte dans son entourage pour qui elle comptait et qui pouvait la conseiller. Après, évidemment, mettre en application était un travail de longue haleine et ça ne se ferait pas en un seul jour. Quant à sa question sur sa propre façon de s'y prendre pour se contrôler, elle réfléchit un instant avant de reprendre.
"Pour commencer, je me force à prendre une grande inspiration. L'oxygène aide parfois à s'éclaircir les idées. Ensuite, quand ça ne suffit pas, j'applique en général deux méthodes : quand la situation s'y prête, je ferme les yeux et visualise une image qui m'apaise. Cette image change en fonction des gens, c'est très personnel et il vous faut trouver celle qui vous aidera mais ça marche assez bien. Dans mon cas, il s'agit de la flamme d'une bougie. Et quand je ne peux pas me permettre de faire cette sorte de méditation, je prends du recul... physiquement. Je veux dire par là que je m'en vais, je vais me calmer ailleurs."
Elle laissa à nouveau un moment de silence s'installer puis continua :
"Avec la pratique, il me faut de moins en moins de temps pour visualiser la bougie et l'image me calme plus rapidement. Donc j'ai moins souvent besoin de partir même si ça ne marche pas toujours."
Tahina ne s'était jamais confié sur ces petites astuces et elle espérait que ça aiderait son élève... qui semblait aussi avoir un problème avec la nourriture. Hum, la jeune femme allait surveiller ça dans les minutes à venir histoire d'être certaine de son diagnostic avant de proposer un remède à la jeune fille.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
La petite blonde hocha la tête. Sa professeure avait raison, elle n’était pas passée à l’acte… Elle n’avait pas écouté sa pulsion, s'était contrôlée. Elle afficha un sourire gêné à sa maîtresse de confrérie tout en l’écoutant à nouveau. Un sourire s’étira légèrement sur son visage, l’adulte que Lorie avait en face d’elle n’était pas la plus patiente et cette information l’amusa légèrement sans la surprendre pour autant. Mais la phrase de celle-ci avait fait son effet et Lorie déculpabilisait d’avoir eu ce genres pensées. Elle ne voulait faire de mal à personne, et au fond elle savait que cette Acromentule n’avait rien demandé et surement pas choisie d'être posée dans le labyrinthe… Peut-être qu’elle était trop gentille et encore trop naïve avec son regard d’adolescente couvé en dehors des problèmes du monde et peut-être que s’aveugler à chercher le bon en chaque créature sans considérer le mauvais lui jouerai des tours dans le futur. Mais pour l’heure, elle se sentait plus légère. « Cela m’est arrivé avec mon père » dit-elle sur un ton plus léger. Elle se sentait bien en présence de sa maitresse de confrérie et Lorie était heureuse de pouvoir se confier sans prendre de remarques désobligeantes ou de punitions.
Toujours attentive au discours de sa professeure, Lorie essaya de trouver ce qui viendrait l’apaiser, mais elle n’eut pas besoin de chercher bien loin pour simplement imaginer un plateau d’échecs, avec un positon simple et une harmonie entre les pièces des plus agréables. Le bois de l’échiquier et les pièces tournées, il était si facile pour elle de les visualiser. Est-ce que ça serait suffisant ? Lorie prit une inspiration profonde tout en acquiesçant. « Un échiquier » confia-t-elle un peu moins lourde.
Puis une crampe d’estomac la déstabilisa et elle se sentit tout de suite très gênée. Puis finalement après une seconde crampe d’estomac, elle brisa le silence installé une nouvelle fois. « Madame Yapara ?... Commença-t-elle alors que ses joues rougissaient à cause du malaise. Est-ce que… Est-ce qu’il vous resterait des guimauves ? » Ces même petites guimauves qu’elle mettait dans le chocolat pour l’adoucir encore plus, elle ne dirait pas non d’en manger quelques-unes… Certes, elle n’était pas très sucrée… Mais en l’état des choses elle mangerais bien n’importe quoi, comme une Carcolh pourrait le faire avec les poutres d'une bâtisse. Maintenant qu'elle s'était lancée pour les guimauves il ne restait plus qu'a établir une autre demande un peu particulière, mais la blonde n'était pas certaine qu'elle puisse y accéder.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Il était important pour Tahina de bien faire comprendre à son élève qu'il n'y avait pas une solution unique pour tout le monde. Ça marchait, elle le savait, mais à la condition d'avoir trouvé sa clé personnelle, comme elle aimait à l'appeler dans sa tête. Et ça, ça pouvait prendre du temps. On avait parfois l'impression de savoir et puis, finalement ce n'était pas la bonne idée et il fallait trouver autre chose. Le résultat était parfois surprenant d'ailleurs. Comme son frère qui faisait appel à un œuf dur, sans sa coquille. Ils en avaient bien ri quand ils en avaient parlé.
"Et voyez le bon côté des choses : quand vous aurez trouvé votre "remède", non seulement vous maîtriserez mieux vos sentiments mais en plus, dites-vous bien que cette concentration nécessaire vous aidera dans certains cours l'année prochaine. Pour invoquer un Patronus, par exemple. Vous aurez plus de facilité que vos camarades puisque vous aurez appris à vous canaliser."
Au début, elle aurait même peut-être besoin d'invoquer l'image devant elle si elle avait appris ce sort en métamorphose ou alors même le faire venir avec le sortilège d'attraction si l'image n'était pas le sens qui l'aidait. C'est ainsi qu'elle avait vu un sorcier en Afrique qui faisait apparaître des sortes de flèches enflammées. Un truc que savait faire Santana d'ailleurs. C'était quoi le mot déjà ? Sagittruc, Sougtrum, Sagittarum ? Bref, un truc du genre. La suite confirma les doutes de la professeur de guérison qui prit sa baguette pour faire venir sur son bureau un petit encas depuis les cuisines, pour son élève. En attendant de pouvoir faire mieux, en tout cas...
"Servez-vous, ce sera mieux que des guimauves. Vous avez ses fringales depuis longtemps ?"
Affiner le diagnostic avant de soigner pour être sûre de ne pas faire une erreur de traitement. Toujours.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Attentive aux explications de sa professeure, Lorie prenait note dans sa tête de tout ce qu’elle avait pu dire. Peut-être que l’échiquier en lui-même n’était pas suffisant, il lui fallait mieux. Quelle sensation pouvait être, "la", sensation. Odeur, texture ou simplement le bien-être dans lequel elle était lorsqu’elle jouait… Elle avait expérimenté nombreuses sensations, les textures de bois étaient largement supérieures à celle du plastique non-maj’. Ou encore, il lui était arrivé de ne pas être bien alors qu’elle jouait une partie importante avec beaucoup d’enjeux. Peut-être fallait-il mettre de côté ces sensations-là. C’était même une évidence. Mais laquelle ? Lorie cherchait, elle avait quelques pistes de réflexion, restait à les explorer.
La blonde se frotta le front d’un geste trahissant sa fatigue, puis elle tapota du bout de son doigt le milieu de son front à l’emplacement même où son tatouage alchimique était placé. Soucieuse, elle réfléchissait à l’année suivante. Cela devait être la première fois qu’elle y pensait depuis le début de l’année. Le tournoi l’avait fait vivre pleinement dans le présent sans se soucier de la suite. Le Patronus… Elle esquissa un petit sourire en repensant à sa demande de l’an passé.
Lorsqu’elle vit arriver le petit encas, elle se redressa. « Depuis la deuxième tâche il me semble… Je suppose que le stress joue pour beaucoup et que je compense un peu. J’ai ressenti ça avant de croiser l’Acromentule ou peut-être au moment où elle m’a attaquée je… Ne me souviens plus trop, j’étais concentrée sur l’épreuve plus que sur les sensations que je pouvais ressentir pour être tout à fait honnête avec vous. Lorie marqua une pause, sortit sa baguette et après un petit sort informulé coupa l’encas en plusieurs parts totalement égales. Merci madame… Je me dépense beaucoup aussi, je pense que je devrai bientôt changer de fourneau de poche et de garde bouffe. » Dit-elle amusée avant de piocher l’une des parts qu’elle venait de couper. « Mais j’ai l’impression que l’entraînement paie, je me sentais plus vive lors de la deuxième tâche. Rien d’alarmant, je dépense plus d’énergie. » Finit-elle par dire alors qu’elle venait de s’éparpiller un peu. Néanmoins, elle devrait surveiller l'usure de son fourneau de poche, elle l'utilisait à outrance et il valait mieux ne pas que celui-ci casse avant la fin de l'année si elle voulait continuer de travailler la Gastromagie.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Alors oui, le tournoi était forcément éprouvant et le fait de ne pas bien dormir aussi mais la fatigue et les fringales, c'était des signes très caractéristiques d'une morfalie. Et le plus tôt elle serait traitée, le mieux ce serait afin qu'elle ne s'aggrave pas. Lorie avait beau vouloir minimiser les choses, la guérisseuse prenait les choses très au sérieux.
"Hmm, est-ce que vous ressentez des maux d'estomac quand vous n'avez pas mangé depuis un moment ? Je ne parle pas de la sensation de faim mais bien de vraie douleur."
Mieux valait en avoir le cœur net rapidement. Et ce n'est pas le picolatonque la jeune femme vit passer par la fenêtre à ce moment-là qui risquait de la distraire. Que Lorie parle de changer son fourneau de poche, ça voulait dire qu'elle l'utilisait vraiment beaucoup. Pas besoin d'avoir fait des études en gastromagie pour se douter de ça. Ceci étant, ne voulant pas inquiéter son élève, la guérisseuse précisa :
"Je veux juste m'assurer que vous ne souffrez pas de morfalite. C'est une maladie qui se traite très bien mais il faut la prendre à temps... et vos symptômes m'y font clairement penser."
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie piocha une nouvelle part de l’encas qu’elle avait découpé. Elle le porta à sa bouche et le mangea tout en écoutant sa maîtresse de confrérie. Elle resta silencieuse, elle observait celle-ci comme pour repérer un éventuel mensonge. C’était devenu une sorte de jeu pour elle. Lorie avala sa part avant de jeter son dévolu sur une autre. Elle fixait toujours sa maîtresse de confrérie, mais celle-ci semblait réfléchir. Il fallait avouer qu’une infusion vivicroquante serait parfaite avec ce que sa professeure venait de lui ramener des cuisines.
« Les symptômes correspondent » avoua, contre toute attente, Lorie avec simplicité. Oui, elle avait des maux d’estomac de façon régulière lorsqu’elle ne mangeait pas depuis un moment. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui venait la faire manger autant de nourriture dans la même journée. « Je… Pensais que cela était du au stress… Mais je n’aurais pas la prétention de vous contredire si vous me dites que c’est cela. » Après tout, c’était elle l’experte de la guérison, celle qui lui enseignait la voie qu’elle voulait prendre une fois sortit des bancs de l’académie.
« Vous allez me demander de rester au dispensaire ? » S’inquiéta Lorie qui n’avait aucunement l’envie de passer le reste de la journée dans celui-ci ou encore pire ! La prochaine nuit… Elle croyait peu à la possibilité qu’elle puisse simplement partir sans que l’on ne surveille sur ses faits et gestes, mais avec un peu de chance…
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
"Le stress ou toute émotion forte exacerbe l'envie de manger et donc le risque de développer une morfalite. La vôtre semble en être aux prémices donc il n'y aura pas besoin de rester au dispensaire. Par contre, je vais vous donner à boire une potion et il vous faudra revenir tous les soirs pendant sept jours afin de contrôler l'évolution de vos symptômes et boire votre remède.
Attendez-moi là."
La guérisseuse partit dans son bureau et chercha dans ses placards une fiole de potions. C'était bien le seul endroit qui était relativement bien organisé. Ici, pas de pagaille comme dans son appartement, elle se forçait à maintenir un semblant d'ordre pour que tout le monde puisse s'y retrouver même quand elle n'était pas là. Et sans avoir besoin d'user de magie... simplement parce qu'un sort d'attraction mal lancé avait parfois des conséquences désastreuses. Après avoir vu plusieurs fioles brisées, elle avait compris la leçon. Elle revint ensuite vers son élève, versa la potion dans un verre et lui tendit.
"Et voilà. Buvez ça d'un seul coup." Heureusement, cette potion avait un bon goût. Légèrement acidulé, ça risquait de piquer un peu les yeux de l'adolescente mais au moins, pas d'amertume ou de mauvais goût. "Par contre, je tiens à ce que vous reveniez me parler régulièrement de ce que vous ressentez. Et je tiens à savoir si vous retrouvez le sommeil."
La morfalite ne devait pas faire oublier le reste...
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
« Je vois » se contenta de répondre la blonde qui comprenait mieux les choses. L’idée de revenir voir sa maîtresse de confrérie tous les soirs pendants sept jours était moins alléchante, mais elle s’en sortait plutôt bien puisqu’elle n’aurait pas à rester la nuit au dispensaire. Ainsi, l’adolescente se contenta d’opiner du chef. Elle suivrait les directives sans rechigner.
La championne observait alors sa professeure s’absenter pour lui chercher la potion. Quand elle la vit revenir avec la fiole, elle attrapa celle-ci et l’observa de manière hésitante. Boire d’un seul coup, tout le contenu… Lorie soupira et ouvrit la fiole. Elle porta la potion à ses lèvres avant de prendre une grande inspiration et de tout boire d’une traite. Son visage grimaça à cause de l’acidité, mais avec surprise elle constata que le goût n’était pas déplaisant. Elle reposa la fiole devant elle tandis qu'elle faisait rouler sa langue dans sa bouche pour enlever tous les résidus de la potion.
« Entendu, dit-elle en réponse à sa professeure. Merci madame, je vais aller me reposer un peu » Elle adressa un sourire et récupéra ses affaires. « Passez une bonne journée madame. » Finit-elle par dire en passant la porte. La blonde resta immobile un instant avant de finalement prendre la direction de son boudoir.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Pour l'heure, il fallait qu'elle comprenne un peu mieux la jeune adolescente et, pour ça, de toute évidence, ça passait par une discussion avec Aliaume. Qu'il demande à des élèves de garder des secrets, soit, elle n'avait pas vraiment à s'en mêler même si elle trouvait ça fort étrange. Encore que... connaissant le bonhomme, était-ce si surprenant que ça ? Le directeur restait un mystère pour la guyanaise. Toujours est-il que là, ça pouvait être un frein à la guérison de son alève et là, ce n'était plus acceptable.
La jeune femme s'installa donc à son bureau, s'empara d'une plume et d'un morceau de parchemin et écrivit rapidement un mot afin d'avoir rendez-vous avec le directeur de l'Académie. Restait à espérer qu'il répondrait rapidement et surtout qu'il comprendrait ses demandes. Chose qui n'était pas gagné vu le peu d'estime qu'il semblait avoir pour sa matière. Enfin, on verrait bien, on n'était jamais à l'abri d'une bonne surprise.
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