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À la fin du repas, la petite suivit ses parents jusqu’à la salle des fêtes, somptueusement décorée. On leur remit de délicates roses à l’entrée ; Maëlle choisit d’attacher la sienne, blanche givrée, dans ses cheveux châtains, derrière son oreille. Comme l’ensemble convives, les Lefèbvre prirent place pour observer l’ouverture du bal par les trois champions. La première année ne détacha pas son regard, plein d’admiration, de la représentante de Beauxbâtons. Lors de la prochaine édition du tournoi, elle espérait pouvoir faire partie de la délégation de l’académie, et peut-être même en défendre les couleurs, mais elle ne savait pas si elle avait suffisamment de courage pour cela.

Lorsque ses parents rejoignirent la piste de danse, elle s’éclipsa discrètement pour profiter des autres distractions de la soirée. En passant devant le stand de photos magiques, elle se promit d’y revenir avec ses parents, histoire d’immortaliser cette belle soirée et d’en garder un souvenir qu’elle pourrait fixer au mur de sa chambre, ou encore coller dans son journal intime. Elle descendit avec excitation dans la cour intérieure pour participer à la bataille de boules de neige explosives. Elle se baissa pour confectionner une première boule gelée entre ses mains, mais hésita un moment à la lancer, sa timidité la freinant à viser des inconnus. Et puis, elle ne voulait pas forcément l’admettre, mais elle craignait tout de même les représailles des élèves plus âgés. Finalement, elle se décida à participer pleinement lors qu’un premier missile enneigé l’atteignit au niveau de l’avant-bras. Par manque d’adresse, elle ne toucha pas souvent sa cible, mais atteignit plusieurs fois l’un ou l’autre Michel. Ceux-ci semblaient d’ailleurs irrités et grognons, au point que Maëlle se demanda si ce n’était pas de leur vengeance dont elle devait se méfier. Au bout d’une bonne vingtaine de minutes, elle regagnât l’intérieur du château, quelque peu frissonnante dans sa robe humide.

Après un détour par le stand de confiseries, l’enfant rejoignit la salle des fêtes en suçant une dent de parisette assortie à sa tenue de soirée. Elle retrouva ses parents, qui discutaient, installés sur une large assise glace, après avoir enchaîné bourrées et quadrilles classiques. Son père, Gustave, lui adressa un regard légèrement désapprobateur en constatant l’état de sa robe, avant de la sécher et de la défroisser d’un habile coup de baguette. Sa mère, Blanche, semblait elle chercher quelqu’un dans l’assemblée. Quand elle l’eut trouvé, elle entraîna la jeune sorcière avec elle, affirmant « qu’il n’était pas très poli de ne pas saluer ses anciens professeurs » en guise d’explication.

La première année réalisa, un peu trop tard, que sa mère faisait référence au sévère professeur de Conjuration du Mal, qui l’impressionnait tant. Ses joues s’empourprèrent en un instant et ses lèvres se tordirent en une risette gênée. Sur un ton bien plus assurée que sa fille, Blanche engagea la discussion. « Bonsoir, Professeur Vaillant ! Quelle agréable soirée, digne de l’élégance de Beauxbâtons ! félicita-t-elle. Blanche Lefèbvre, enfin Prévost à l’époque. Je vous ai eu comme professeur il y a une bonne vingtaine d’années de cela... précisa-t-elle pour rafraîchir la mémoire de son interlocuteur, ne s’attendant pas à ce qu’il se souvienne de chaque étudiant étant passé par sa salle de classe. Je vous présente ma fille, Maëlle. Je ne crois pas que vous l’ayez en classe, mais peut-être choisira-t-elle la Conjuration du Mal l’année prochaine, qui sait ? »