Le Narrateur
Ami des Lettres
![Un étrange réveil [PV] Adrian10](https://servimg.com/r/4420539276/adrian10.png)
par Adrián Ibáñez Aguilera
Lundi 13 décembre 2021
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Les yeux fermés, Adrián était encore légèrement endormi. C’était un sommeil relativement agréable, bien qu'il faisait un peu froid. Un peu trop froid même. Et plus son corps se réveillait, plus il prenait conscience de ses sens et plus il se sentait inconfortable. Il se décida enfin à ouvrir les yeux. Il n’était plus dans les draps de son lit, il était sur une chaise. Au-dessus de lui, des fresques mettaient en scène une bataille entre deux armées à cheval. Il était dans le réfectoire. Il se relever d’un coup, et du se tenir sur la table pour ne pas tomber, ses jambes pas encore complètement relevée.
C’était étrange. Le garçon avait eu l’habitude d’avoir des crises spontanées de somnambulisme, mais la dernière remontait à ses sept ans, peu avant l’apparition de ses pouvoirs. Il s’en souvenait car, ce problème étant surement lié à de l’anxiété selon un médecin, sa mère non-mag’ était encore persuadée qu’il pressentait qu’on lui cachait quelque chose, en l’occurrence le monde magique. Bien sûr, ce n’était qu’une autre de ses superstitions.
De toute évidence, il aurait tout le temps de réfléchir à la cause du problème plus tard. Le plus important maintenant, c’était de retourner dans sa chambre. Il jeta un regard à une horloge. Dans une dizaine de minutes, les élèves allaient arriver pour prendre leur petit déjeuner… Le petit sorcier était en pyjama, ses cheveux bruns complètement emmêlés –il n’avait pas de miroir pour s’en assurer, mais c’était très probable- et pieds nus. Hors de question que quiconque le voit ainsi ! En plus, ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’il se retrouvait dans une situation incommode dans ce réfectoire. S’il se dépêchait et avec un peu de chance, il avait encore le temps de rejoindre discrètement sa confrérie sans croiser personne.
Il s’apprêtait à sortir par la porte quand il se heurta à quelqu’un. Il releva la tête, espérant qu’il ne s’agisse pas d’un professeur ou de tout autre membre du personnel et balbutia une tentative d’excuse.
- Désolé…je ne… j’allais…
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Lundi 13 décembre 2021
Quatrième année - 15 ans
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Quatrième année - 15 ans
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Je fais quelques étirements et fais rouler mes omoplates dans la salle de bain puis m'habille de mon uniforme en veillant à ce qu'il n'y ait pas le moindre pli. Je n'oublie d'ailleurs pas de replacer mon orbiplume à mon doigt. Depuis que mon père m'a offert cet objet, je ne le quitte plus, il me donne un petit je ne sais quoi. Enfin je tente de domestiquer mes cheveux. Je me regarde dans le miroir et je m'offusque en constatant que ma mèche rebelle ne m'obéit pas et rebique, comme à son habitude. Tanpis, je n'ai pas envie de prendre plus de temps à me préparer, je préfère aller prendre un petit déjeuner en toute tranquillité.
Ce matin, j'ai fini plus tôt que prévu mes occupations matinales journalières et peu, voire personne, ne devrait être présent dans le réfectoire à cette heure-ci. Je suis optimiste. Avec les fêtes et les vacances approchant, les élèves sont survoltés. Mon rôle de délégué, et les obligations qui en découlent, n'a jamais été aussi épuisant. Un repas tranquille, sans élèves obséquieux à surveiller, je ne rêve que de ça depuis le début du mois. D'autant plus qu'avec cette effervescence, je n'ai pas eu une minute pour continuer mes recherches qui m'obnubilent sur le farceur du chaudron alors que j'ai deux bonnes options en vue. Ni non plus me préoccuper du secret de la salle à double tour. Être délégué, quelle idée d'avoir accepté cette offre !
C'est donc d'un bon pas que je franchis la porte du réfectoire et que d'un tout aussi bon pas je me heurte à un élève qui obstrue l'entrée et que, malgré mes réflexes, je ne réussis pas à éviter. C'est qu'il est comme sorti de nulle part le bougre. Je fais un pas en arrière, surpris par cette altercation que je n'avais absolument pas envisagée. On ne peut jamais être tranquille ici !
Attiré par la bonne odeur de croissant et d'œufs brouillés, je m'apprête à faire comme si rien ne s'était passé - après tout le garçon s'est excusé - quand je me rends compte de sa tenue en l'observant d'une œillade oblique. Par Flamel, il est en pyjama ! Et c'est un premier année à Ogme en plus ! Je le reconnais. Faut dire que Tobias m'a charrié assez longtemps avec son prénom en commun avec le mien. C'est complètement sans intérêt mais c'est Tobias, il ne lui faut pas grand-chose... Je regarde à droite puis à gauche, personne à l'horizon. A-t-il été victime d'une blague pour une obscure raison ? Peut-être une mauvaise farce de celui ou celle à qui je me dois de faire payer ? Bien sûr, il n'est pas opportun qu'il reste comme ça au risque de faire perdre bêtement des points à la confrérie mais je me dois de savoir ce qu'il s'est passé. S’il y a la moindre opportunité pour que je me rapproche de mon objectif, de ma proie tapie dans l'ombre, je dois la saisir ! L'occasion est trop belle !
- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Quelqu'un t'a fait ça ? Je le questionne obligeamment afin d'obtenir le plus d'informations possible.
Je tends l'oreille vers le couloir, prêt à organiser sa fuite si quelqu'un se pointe.
Le Narrateur
Ami des Lettres
par Adrián Ibáñez Aguilera
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Bon. Au moins, ce n’était point quelqu’un du personnel. Alors, aucun problème, non ? Il analysa le jeune homme un court instant, il comprenait alors. Un délégué, génial. Ce n’était donc pas non plus une très bonne chose. Enfin, il n’avait nul air malveillant… Qu’insinuait le brun ? Juste une farce ? Une petite plaisanterie, tout simplement ? Qui hypothétiquement lui en voudrait ? Personne, il en était certain. Il pensait cela, conservant toujours un parfait silence, toujours fixant le garçon, puis répondit après un temps, sans doute un peu long et incommode :
- Et bien… Je… Non… Juste un élève un peu somnambule… moi…
Adrián était évidemment très gêné, mais préférant être honnête avec son délégué brun, l’enfant expliqua donc pourquoi un élève trainait à Beauxbâtons le matin, toujours en pyjama, en temps hivernal, et quand toute une foule menaçait d'entrer, et bien sûr, sans tarder. Fixant l’entrée, se préparant à sprinter si besoins, l’espagnol guettait une future réaction de son délégué. Craignant alors une possible punition… Mais non ! Pourquoi on lui en voudrait ? Adrián était innocent ! Il n’avait rien fait, rien qui éventuellement justifierait une représailles. Enfin, il n’avait ni veste, ni chemise. Donc oui, en vérité, Adrián allait surement avoir un problème… Probablement plus…
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Ma déception est grande lorsque mon oreille entend sa réponse. Lui, un élève somnambule et aucun farceur en cause dans cette mésaventure l'amenant au sein du noble réfectoire sans chemise ni habit convenable pour un tel endroit de Beauxbâtons. Voilà mon bel enthousiasme optimiste diminuer d'un coup. Mince, ma vengeance devra attendre plus longtemps pour enfin aboutir vraiment.
Je reviens à un autre constat froid, également cruel. Mon estomac gronde. Je lorgne les viennoiseries d'un œil avant de détourner à contrecœur mes brillantes orbes. Mon appétit grandissant devra patienter quelques minutes imprévues. Mon devoir vient à nouveau de contrarier et ruiner mes plans. Ma nomination comme nouveau délégué ogmiens me contraint à devenir ce noble chevalier servant à mon plus grand désespoir. Forcément, cela vient d'un professeur dont le plan était pensé depuis longtemps, j'en suis certain.
Bref, une idée nette pour un repli fulgurant du garçon me vient. Mais nous sommes contraints de nous activer rapidement pour augmenter ses chances de fonctionner.
- Allez viens, tu ne peux absolument pas traîner ici dans cette tenue. On va tenter de retourner à notre boudoir sans croiser personne, je prononce d'une voix complètement calme bien que notre bizarre situation presse légèrement. Si on croise un professeur, on dit immédiatement qu'on se rend au dispensaire, ok ?
Le Narrateur
Ami des Lettres
par Adrián Ibáñez Aguilera
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Adrián écoutait le garçon, un œil posé sur l'ouverture de la porte. Il hocha la tête, partageant son opinion. Il fallait partir tout de suite, avant que l'ombre d'une quelconque autre personne n'apparaisse dans la pièce, ou bien Ogme perdrait des points par sa faute. Bien que l'odeur du déjeuner pourrait le retenir, l'espagnol s'apprêtait à sortir en suivant les indications du délégué. Le garçon passa sa main sous la chemise de son pyjama ocre, cherchant à caresser son collier pour se rassurer.
Oh non! Il ne sentait plus le pendentif. Il devait s'être détaché pendant la nuit. Où pouvait-il être? Était-il tombé dans son lit, sous son oreiller, ou était-il ici? Dans ce dernier cas, il ne devait pas l'oublier. Il se retourna, obstiné à récupérer la pierre d'obsidienne. Observé par les œuvres et les autres ornements du réfectoire, il retourna vers l'endroit où il s'était réveillé, ses orbes bruns cherchant au sol la gemme, pendant que ses oreilles écoutaient les moindres bruits venant de l'extérieur. Là ! Le bijou était sous une chaise. Le jeune Ogme l'attrapa d'un geste brusque, bousculant la chaise qui manqua de renverser une carafe de jus d'orange sur une assiette d'œufs brouillés. Oups, il avait failli provoquer une nouvelle catastrophe.
L'aragonais s'empressa de retourner vers le garçon aux yeux bleus, sachant pertinemment qu'il allait obtenir une remarque de sa part. Tant pis, même s'il était obligé de faire ce que lui disait son délégué, il ne pouvait pas laisser cet objet ici. Maintenant, il était prêt à obéir à ses ordres pour sortir d'ici sans se faire remarquer. Au cas où, il inventa une raison pour laquelle il devrait aller au dispensaire.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Nom d'une gargouille, mais qu'est-ce qu'il fabrique encore le gamin ! A peine ai-je fait mine de m'en aller du réfectoire après qu'il m'ait donné son assentiment d'un hochement de tête fluide, que le petit élève d'Ogme s'y est enfoncé en courant sans plus d'explication. Je le vois fouiller sans plus se préoccuper du temps qui s'écoule. A croire qu'il a vraiment l'envie de se retrouver nez à nez avec toute l'école ! Comme si devoir le ramener dans cet accoutrement ridicule n'est pas suffisant pour alimenter mon mépris, maintenant il me fait perdre mon temps et nous risquons de nous retrouver tous les deux bien bêtes si une foule affamée - de ragots comme de pains au chocolat - déboule. Enfin lui spécialement. Moi je ferai mine d'arriver et de découvrir le premier année comme les autres. Je ne veux aucune rumeur sur mon compte que je ne puisse contrôler ou influencer et on ne sait jamais ce que les plus imaginatifs sont susceptibles d'inventer.
Le jeune sorcier revient finalement vers moi, un collier pendouillant à la main. Pathétique. Il y a des jours où je comprends mon oncle... Je n'ai toutefois pas l'envie de me rendre aussi dédagreable que lui - même si certaines affirmeraient le contraire - ça ne serait pas me rendre service, alors je prends sur moi pour ne rien afficher de mes véritables pensées. Je suis certain qu'un jour, je sortirai quelque chose de très utile de la sympathie des autres. Si pour les statues, c'est bien plus du donnant-donnant, la naïveté et l'aveuglement béat de certains élèves est fascinante et pas si difficile à s'approprier. Les premiers années en tête de liste. J'en ai justement un à aider. Qui sait comment il me le rendra un jour ?
- Ne perdons plus de temps, je dis en sortant et en avançant dans le hall d'entrée tout en lorgnant du côté de l'entrée du boudoir de Lug.
Ce ne sont pas les élèves de Lug dont je me méfie le plus mais sait-on jamais. Un regard vers la droite, une oreille grand ouverte vers les couloirs plus lointains, je vérifie l'absence d'une potentielle arrivée l'air de rien, en déambulant d'un pas lent et la mine joviale. Mais le château est encore calme et les réveils probablement encore laborieux, la voie est libre. Une chance que les lèves très tôt se comptent sur les doigts de la main. Je lui fais signe d'accélérer le pas. L'idéal serait que j'arrive à l'amener à la salle du bouclier pour qu'il m'y attende le temps que j'aille lui chercher une capeline. Enfin, le plus simple réellement serait de l'amener illico au dispensaire, je ne sais pas trop pourquoi je me donne autant de mal. Après tout, la professeure Yapara a possiblement un remède, qu'il soit sortilège ou liquide, pour le somnambulisme. Ça lui éviterait de nouvelles surprises et il n'y a rien de mal là-dedans.
Je réfléchis quelques secondes, le temps que l’enfant me passe devant. Le dispensaire, non seulement est loin mais il nous obligerait aussi à aller dehors dans l'air glacial et à traverser les jardins sud. Brrr, j'ai assez donné pour la matinée, ça ne me tente pas plus que ça. Et puis le gamin est en pyjama en fait... Dans tous les cas, je dois l'amener dans le boudoir. Je ne vais pas faire non plus tout le château pour lui.
Le bruit de pas me sort littéralement de mes pensées. Je jette un œil au garçon et l'entraîne dans la salle du bouclier en courant. J'ai l'impression qu'il est si lent que je le pousse en avant pour qu'il accélère.
- Allez plus vite ! Je lui chuchote à l'oreille.
Nous arrivons à destination et je le force à se cacher tant bien que mal dans la salle ouverte. Les pas passent mais ne s'arrêtent. C'était moins une.
- Reste cacher là, je vais vérifier si la voie est libre du côté du boudoir.
Je le laisse dans sa cachette de fortune pour m'exécuter.
Le Narrateur
Ami des Lettres
par Adrián Ibáñez Aguilera
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- Ok, j’croupis ici alors… Riposta Adrián, pas trop courtois, mais tant pis.
Poirotant, assis au sol, fixant un pan du mur où apparaissait un soldat, un morion couvrant son caillou, mais il pouvait voir qu’il affichait un rictus. Lui aussi aurait pu voir l’instant amusant, mais là, il n’avait pas d’opinion s’approximant à l’avis du portrait.
L’aragonais lança sa vision au sud du salon, analysant la situation. Pourquoi avait-il fallu qu’il soit si maladroit ? Bon, au moins Drian l’aidait. Du moins, à priori… Il aurait pu partir, l’abandonnant à son sort. Mais non, il agissait ainsi afin qu’aucun point n’aboutirait cuit par l’accroc d’Adrián. Il n’allait à aucun instant pâtir ça, donc il l’aidait.
Il ouït un pas, puis plus… Oh non ! Qui arrivait ici ? Puis soudain, plus aucun bruit. Un passant donc, aucun souci alors. Il continua son admiration du salon… Mais il fut soudain parcouru par un frisson. Il avait froid, il portait toujours son pyjama… Il porta un bras autour du corps, puis, toujours frissonnant s’approcha du sas, mais rappliqua à sa position.
Drian allait finir par surgir…
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
J'imagine un instant la confusion si on tombe sur nous : iris disparaissant dans l'obscurité, visage tordu par une grimace de surprise avant de devenir moqueuse, cris surpris. Au moins tout ça pour un pyjama, pas moins. J'avance donc d'un bon pas pour rejoindre la tour d'Ogme non loin ma précédente position, laissant Adrián à l'abri, ou tout du moins avec moins de risque de se faire surprendre. Ma mission, quant à à moi, consiste à trouver la solution pour éviter de nous faire surprendre au milieu de la salle commune et d'ainsi de ne pas alimenter les commérages des prochains jours. Quelques enjambées plus tard, j'arrive au milieu d'une scène des plus ironiques : un petit malin gesticule au milieu du salon pour amuser la galerie. L'activité et le bruit ambiant m'est d'une aide précieuse pour me faufiler discrètement jusqu'à un habit à l'abandon qui permettra de couvrir Adrián. Peut-être même ne sera-t-il pas nécéssaire au vu de l'animation, mais je préfère prendre mes précautions. Une humiliation est si vite arrivée.
Une fois mon larcin sous le bras, je repars rapidement en direction de la sortie.
- Drian ? j'entends dans mon dos.
Oups ! Voilà que les choses se complique d'un seul coup... Mon corps s'immobilise mais je garde le regard rivé vers mon but : la sortie. Dois-je me mettre à courir ? Finalement, le choix n'est pas si compliqué quand je reconnais la voix, mon intuition me poussant à ignorer l'indésirable. Alors sans un mot, je reprends ma route en accélérant le pas, sans plus me laisser distraire.
Quand Adrián pointe son minois tandis que je m'approche, je lui passe l'habit sur son pyjama.
- Voilà, on peut y aller.
Le Narrateur
Ami des Lettres
par Adrián Ibáñez Aguilera
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Alors qu’il patientait, le petit brun réfléchissait. S’il renouvelait ces problèmes de somnambulisme, il devrait envoyer une lettre par fée postale à sa mère, elle connaissait possiblement des plantes magiques pouvant l’aider, maintenant qu’elle acceptait de les utiliser sur lui… Sinon, la professeure Yapara aurait éventuellement la solution… En tout cas, il fallait éviter d’avoir une nouvelle malencontreuse péripétie comme celle qu’il venait de vivre… Lorsque Drian le rejoint dans le salon du Bouclier, l’enfant enfila hâtivement l’habit qu’il lui tendait.
- Merci, réellement…
Il allait rejoindre le boudoir et laisser le délégué, mais au préalable, il se retourna. Il avait conscience que son délégué l’avait probablement sauvé d’une situation embarrassante. Il ne concevait même pas ce qu’il aurait fait si la foule d’élèves avait atteint le réfectoire… Et lui, il avait un peu agit en imbécile dans cette situation, il devait bien l'admettre… Mais Drian ne semblait pas trop avoir été agacé par la situation, en tout cas, il ne l’exprimait pas. Il révéla un sourire timide et lui lança :
- Désolé de t’avoir impliqué dans cet incident, je vais régler ce problème illico pour pas que ça se reproduise… C’était aimable de ta part, je t’en dois une… t’as ma parole.
Qu’est-ce qu’il venait de dire ? Bon, son délégué allait surement oublier cette phrase insensée… Une fois dans le boudoir, Adrián fila vers le dortoir pour s’habiller, soulagé que les autres élèves ne fassent pas attention à lui. Heureusement, comme d’habitude, il avait déjà tout préparé la veille. Alors qu’il boutonnait la chemise bleue de son uniforme, l’exclamation d’une voix familière le fit tressaillir.
- Wow ! T’as réussi à rappliquer sans avoir de problèmes ! J’suis plutôt surpris !
C’était Mathieu, dévoilant un sourire jovial, presque en rigolant. Face à l’accueil perplexe de l’espagnol, il continua :
- Non, mais c’est parce que dans la nuit je t’ai vu te lever et t’en aller… Et faut jamais réveiller un somnambule ! Mais t’inquiète, je comptais aller te chercher si tu revenais pas avant l’heure du déjeuner.
Il avait ajouté cette dernière parole avant que le somnambule ne puisse lui faire un quelconque blâme, puis il s’assit sur le lit, appliquant ses mains sur le matelas, et, sans attendre qu’il réponde, il lui confia :
- Je voulais juste voir si t’étais capable de revenir sans accroc… T’as fait comment d’ailleurs? C'est une gargouille qui t’as ramené ?
Après avoir rattaché son collier et tout en raccommodant quelques mèches de ses cheveux bouclés, Adrián lui expliqua :
- Non… Vaillant, le délégué pas le prof, s’empressa-t-il de rectifier en réalisant la tête de son camarade, m’a trouvé dans le réfectoire et m’a ramené là...
- Ah oui, lui… j’le sens pas trop… Il a un truc… J’suis sûr que si j’étais légilimens je découvrirai plein de choses croustillantes sur le délégué impeccable d’Ogme !
- T’en sais rien, tu le connais pas plus que moi… En tout cas, il m’a bien épaulé ce matin.
Suite à la réplique de son camarade, l’élève d’Ogme fit une moue qui ne lui était absolument pas familière et conclut la discussion en murmurant :
- Tu fais trop confiance aux gens Ibáñez.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Les remerciements du jeune garçon ne me font ni chaud ni froid. Ça n'a pas été un plaisir de devoir me faufiler comme un voleur pour éviter l'humiliation. Je l'ai juste fait, un peu par devoir, surtout pour éviter les ragots et évidemment dans l'idée que ça pourrait m'être utile. Sa dernière phrase est donc très concrètement l'aboutissement de mes actions et me satisfait bien plus. Il m'en doit une, effectivement. Même si je le lui aurai rappelé à un moment ou un à autre si j'en avais eu besoin, le fait que le petit Ogme le mentionne et donne sa parole le lie encore plus à moi. Plus de retour en arrière possible.
- Aucun soucis, je dis avec un sourire en retour, savourant en secret la véritable raison de ma satisfaction.
Je le regarde s'éloigner vers le dortoir en me demandant bien comment il pourrait m'être utile. Son somnambulisme, s’il est connu par madame Yapara, pourrait lui valoir une certaine tolérance pour certaines errances, même avec un remède. Après tout, il n'est qu'en premiere année, ça arrive d'être tête en l'air et d'oublier... M'est avis qu'un élève qui peut aller où il veut quand il veut peut-être très intéressant. Je devrai peut-être faire un rapport à ma maitresse de confrérie, histoire de sécuriser mon nouvel atout, si ce n'est pas déjà fait.
FIN
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