Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Il ne prend pas en compte la nouvelle description de la Grande Galerie, sinon Teilo n'aurait pas tenu debout bien longtemps !
Teilo aimait bien la Grande Galerie. Il y régnait une cacophonie maîtrisée, mélange de musiques et de discussions, l'espace était assez vaste, tout était propice à la créativité. L'ambiance lui rappelait souvent celle du petit théâtre de sa mère avec sa grande scène qui était devenue, en dehors des répétitions et représentations, un lieu chaleureux où se retrouvaient les artistes de son quartier et, parfois, de plus loin. Là, autour de mignardises et d'une sélection de thés, ils discutaient en toute bonhomie de leurs œuvres, de leurs découvertes artistiques et, plus rarement, de la marche du monde. Il y avait passé de nombreux dimanches depuis ses 6 ans.
Dans la Grande Galerie il manquait les tables, les mignardises et les thés mais il y avait de beaux bancs en marbre. Les artistes étaient des statues (des statues qui parlent et qui jouent de la musique !) mais Teilo les trouvait vraiment douées. Et surtout, elles aimaient échanger. Donc, chaque dimanche après-midi depuis trois dimanches, il ne manquait pas de venir leur parler : de son amour pour la danse, de sa sœur Olympia qui dansait le ballet, de son affection pour le chant, la musique, de son père compositeur, de sa passion pour la comédie musicale, de ses rêves fous de Broadway Baby. Il leur avait déjà chanté du Sondheim, du Boublil et Schönberg, du Howard Shore, du Bruno Coulais et quelques chants plus classiques qu'il avait appris avec son professeur particulier.
Elles avaient apprécié (semble-t-il), l'avaient encouragé, lui avaient demandé s'il jouait d'un instrument de musique.
Ce dimanche 25 Septembre, il avait donc à la main sa flute de pan. Techniquement, non, ce n'était pas la sienne mais celle de son grand frère Fabrice qu'il avait embarquée dans ses affaires. Il s'était bien entraîné tous les soirs depuis une semaine dans sa chambre pour pouvoir leur jouer le thème de Zelda avec - c'était un de ses jeux préférés !
Hélas, constata-t-il en déambulant entre les statues, elles semblaient toutes occupées soit à chercher l'inspiration, composer, jouer ou discuter avec d'autres élèves. *Pas grave, je vais attendre* se dit-il en se posant sur le premier banc venu, à côté d'un autre élève qui avait le nez plongé dans un bouquin. Il porta la flute de pan à sa bouche et souffla dans un tuyau, produisant la première "bonne" note du thème. A côté, l'autre élève, un grand blond, posa son livre sur ses genoux, l'air courroucé.
"Encore toi ?" "Ha ! Saluuut." Teilo lui adressa un sourire avec toutes ses dents. C'était l'élève de Quatrième Année, de Lug, qu'il avait dérangé dans sa lecture à la Chapelle en parlant trop fort à plusieurs reprises. Lorie était intervenue, fort heureusement sans doute. Tiens, il n'avait pas l'air ravi de le voir.
"Florian, c'est ça ? - Attends, laisse-moi deviner. Ta passion c'est d'empêcher les autres de lire en paix ? - Hmmm.... non, je crois pas. J'ai plein de passions mais pas celle-là. - Super. Oh, regarde. Une de tes passions, là-bas. Vas-y, cours la rejoindre. - Par exemple, j'aime le théâtre, j'aime chanter, jouer de la musique... - Va. T'en. - ... et danser aussi. Tu lis quoi ? - Je t'en pose des questions ? - Hm, oui. Tu m'en as déjà posé deux en tout. - Je vais vraiment te frapper. - Nooon, t'oserais pas. Teilo lui fit un grand sourire, ses grands yeux ouverts. L'autre fit craquer son cou et tourna la tête vers lui pour confronter leurs regards. Il avait le visage fermé d'un vrai dur mais Teilo pariait que ce n'était qu'une façade. Florian avait blêmi face à Lorie. S'il voulait vraiment être tranquille, il ne se serait pas installé au milieu de la Grande Galerie. Et le pari de Teilo n'était de toute manière pas trop risqué vu le nombre d'élèves et de membres du personnel qui passaient régulièrement devant eux et qui interviendraient sûrement.
"Plus tard", finit par dire Florian Devigne en reprenant son livre. Teilo fit une petite moue presque déçue et se leva pour se placer devant lui. "Et toi, t'aimes quoi à part lire ? - J'aime frapper les Première Année, on dirait des moustiques. - Pff non. Les moustiques savent pas faire ça."
Teilo posa sa flûte de pan sur le banc, fila jusqu'en bas de l'escalier tout proche et se planta parallèle à la première marche, un pied devant l'autre. Avec un sourire pour Florian, il commença à balancer ses bras au rythme d'un son imaginaire dont le tempo était un-deux, un-deux, etc. Puis ses jambes se mirent en mouvement, l'une après l'autre, levée au un, posée sur la marche de dessus au deux. Il monta ainsi l'escalier de biais avec une certaine souplesse vu qu'il s'était beaucoup entraîné au Stair Shuffle avec sa grande sœur à la maison. Au bout de quelques marches, il redescendit de la même manière et, tout sourire, retourna auprès du grand blond qui pour toute réaction avait levé les sourcils.
"Il manquait juste un petit Glisseo et c'était parfait. Sinon, je vois pas l'intérêt. - L'intérêt, c'est qu'on est pas des moustiques. - D'accord moustique, montre-moi autre chose. Plus difficile."
Ah, Florian avait un petit sourire en coin. Une petite victoire. Teilo réfléchit un instant en se grattant théâtralement le menton puis claqua des doigts. "Oh, je sais. Est-ce que les moustiques savent faire ça ?" Le Première Année fit quelques pas en arrière, se tourna dos à Florian et se pencha en avant, bras tendus, les deux mains à plat sur le sol. Il rehaussa ses hanches et prit appui sur ses pieds puis ses paumes pour lever ses jambes en l'air, jointes. Le poirier était un exercice qui nécessitait un échauffement préalable mais il venait d'accepter un défi. Heureusement pour lui, c'était encore quelque-chose qu'il maîtrisait bien.
Bon, fallait pas que ça dure trop longtemps quand même.
"Pas mal. Si tu tiens vingt secondes, je répondrai à... deux questions. - Vingt secondes ? Pas de problème" grinça Teilo, la tête à l'envers déjà rougie par l'afflux de sang. Il commença à compter dans sa tête, un, deux, trois, ses bras lui faisaient mal, quatre, cinq, six, heureusement que son uniforme était léger, sept, huit, neuf, dix, ses jambes tremblaient un peu, onze, douze, pourquoi il faisait ça, déjà ?
Florian Devigne était retourné à son livre.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Teilo avait compté plus vite les dernières secondes dans sa tête, il sentait que ça n'allait pas passer sinon. Il rétracta les genoux pour les poser le plus délicatement possible au sol et reprit bruyamment sa respiration, les yeux clos. Ce n'est que lorsqu'il les rouvrit qu'il vit, à deux pas de lui, des pieds aux ongles vernis. En remontant, une robe bleu clair. Plus haut encore, deux bras croisés sur une poitrine, puis une tête qui l'observait avec amusement. La fille avait des cheveux noir ébène coiffés en chignon, des yeux marron et les lèvres charnues.
"Tu t'entraînes pour le cirque ?" lui dit-elle avec ironie. Avant de répondre, il prit appui sur ses mains et ses pieds pour bondir et se remettre droit. La tête encore rouge, les muscles endoloris, il haletait un peu. "Non.. non.. je.. voulais juste- - Ah, te voilà enfin !" Florian Devigne posa son livre sur le banc et se leva, tout sourire. La fille contourna Teilo pour le rejoindre. "Désolée, Johanna met toujours trop de temps dans la salle de bain. - Oh, tu t'es pomponnée, je vois. Pour moi ? - Non. Je suis toujours comme ça. T'avais pas remarqué ?"
Teilo assistait à la scène un peu circonspect. C'était comme si un rideau avait été tiré sur sa présence. Les deux élèves n'avaient d'yeux que pour eux. Il entendit Florian grommeler et la fille rire.
"T'es mignon, on dirait un chaudron grogneur. - Si je suis un chaudron grogneur, tu es... une gousse d'arbre-coeur. - Hmm. Un peu trop facile, mais j'accepte. - Tu préfères être mon sucre d'ogre ?" Teilo les regardait les dents serrées, une ride creusant son front. Qu'est-ce qui pouvait se passer dans la tête des plus grands pour qu'ils deviennent aussi... comment disait Olympia déjà ? Cringe.
"Arrête, c'est dégoûtant. - Avec toi, pas besoin de ch- psst." Le grand blond venait visiblement de se souvenir de sa présence et agitait sa main comme on chassait un... moustique. La fille ne se retourna même pas, elle souriait à Florian. Ah, mais il n'allait pas s'en tirer comme ça, pensa Teilo. Il avait tenu vingt secondes au poirier, quand même. Il avait droit à sa récompense. "Attends, et mes deux questions ? - D'accord. Ça en fait une. - Pourquoi t'es méchant ? - Pour le plaisir. Et ça en fait deux. Allez, du balai." Florian se retourna vers la fille au chignon et retrouva le sourire et une voix douce. "Pas besoin de chat noir quand t'es avec moi." Ce à quoi la fille répondit en minaudant : "Dix arabesques ne suffiraient pas à te rendre justice."
"Berk", murmura Teilo en tirant la langue, les yeux faussement révulsés. Sans demander son reste, un peu grognon de s'être fait duper, il récupéra sa flûte de pan et laissa les deux grands à leur langage dont il ne comprenait de toute manière rien. Les statues disaient des choses plus intéressantes, restait à en trouver une de libre. Il déambula donc dans la galerie à petites foulées, au rythme de un-deux, un-deux etc. jusqu'à trouver deux statues que personne n'entourait. Celle de droite était assise sur son piédestal, le coude sur la cuisse et le menton contre le plat de sa main. Celle de gauche, debout, la regardait faire avec appréciation.
"Bonjour !" "Bonjour, jeune Teilo", murmura la statue de gauche. "Ne nous dérange pas, s'il te plaît. Ma voisine est en pleine création. - Oh, pardon."
Le jeune Lug, dont l'uniforme était légèrement défait par sa figure de tout à l'heure, se tut et mit ses mains derrière son dos. Ça lui donnait une posture de critique d'art qui à elle seule, à ce qu'on disait, aidait à mieux apprécier les œuvres. Il observa. Il observa encore, mais la statue de droite ne bougeait pas du tout et ne pipait mot. Il plissa les yeux, aucun effritement, crissement de pierre, rien. Plus le temps avançait, plus il clignait des yeux.
*J'aimerais bien jouer mon air, quand même.*
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Non, elle ne bougeait vraiment pas. Une vraie statue. Il avait une furieuse envie de bailler et dut serrer la mâchoire pour s'en empêcher.
"Remarquable" finit par glisser la statue de gauche. "Alors, jeune Teilo ? A quoi cela te fait-il penser ?"
Teilo fit une petite moue et cligna rapidement des yeux. "Euh... à quelqu'un qui s'ennuie ? - Ah. Oui, après tout, pourquoi pas ?" La nymphe à la voix maternelle le regardait du haut de son piédestal avec un sourire de marbre. C'était le genre de sourire condescendant que seuls les adultes surs d'eux-mêmes pouvaient arborer. "L'art est subjectif et notre interprétation dépend principalement de notre vécu. Oui... le lent passage du temps. Je le vois aussi. Mais le message est plus profond, je pense. J'y vois un rappel puissant de la vacuité de notre existence."
Teilo était... dubitatif. Il observa de nouveau la nymphe de droite, artiste et oeuvre à la fois. La tête dans la main, le coude sur le genou, un peu penchée en avant... et si elle s'était tout simplement endormie ? Non, il n'allait quand même pas dire ça. "Ben... bonne création !" fut tout ce qu'il trouva à répondre. La statue de gauche, souriante, le salua de la tête. L'autre ne bougea pas. Flûte de pan à la main, le jeune Lug avança le long de la grande galerie. Il fit un peu de claquettes pour se réveiller, au rythme de un-deux, un-deux, etc. mais s'arrêta à l'arrière d'un petit attroupement d'élèves. On entendait des "Chuuut" et des "mais taisez-vous !" qui provenaient autant des statues que des humains alentour. Les élèves étaient agglutinés tout autour d'une magnifique statue aux formes très féminines et qui tenait dans la main une lyre. Elle semblait attendre le silence et celui-ci finit par arriver. Alors elle s'éclaircit la gorge, deux fois, et prit une pose lyrique.
"Ode à Parisette", annonça-t-elle avec un sourire charmant. Deux secondes plus tard, elle récita et sa voix était comme du miel :
Qui vit pour les fleurs
Et près d'elles meurt
Dépose à leur pied
Tes ailes coquettes
Un don, ton dernier
Un brin d'éternité.
Presque aussitôt, les élèves se mirent à applaudir vigoureusement. Les statues voisines se répandaient en commentaires élogieux. "Bravo." "Très bien dit." "Merveilleux." La statue à la lyre semblait apprécier et se drapa de fausse modestie. "C'était un peu improvisé, je vous avoue".
Teilo regardait tout ça de plus loin avec un petit sourire.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Elle a fait mieux, quand même. - Pourquoi elle a pas joué de la lyre ? - Chuuut, attendez. - Et puis si tu comptes bien les syllabes, y'a un problème de rythme. - Vous êtes fous ou quoi ? Attendez qu'on soit plus loin. - Dé-po-se à leur pi-ed..."
Ils étaient trop loin pour qu'il entende la suite. D'ailleurs, toute la petite foule d'élèves s'était dispersée suite au désir de la statue à la lyre de "prendre un peu de repos". Autour, les autres nymphes reprenaient leurs activités et discussions. Il ne restait plus que Teilo, toujours planté là avec sa flûte de pan à la main. Il hésita un peu, se mordant les lèvres en regardant la statue immobile, puis fit un quart de tour pour reprendre son cheminement dans la grande galerie. Sa tête dodelinait au rythme de un-deux, un-deux, etc.
Un garçon sommeillait, allongé sur un des bancs près du mur, ses mains derrière la tête et ses longues jambes et fines dépassant le bord. Enfin, Teilo pensait qu'il sommeillait. Aussi fut-il surpris quand le garçon aux cheveux roux et longs l'alpagua à son passage : "Hep." Le petit Lug s'arrêta et se tourna vers la voix. Le grand avait un visage arrondi, des yeux en amande couleur noisette et un sourire charmeur. "Tu ne serais pas Teilo ?" Sa voix était grave mais douce quand même. Teilo eut un sourire en coin intrigué. Il commençait déjà à être connu ?
"Oui, c'est moi." fit-il avec emphase. "Le seul et l'unique. - Je m'en doutais. Je t'observe depuis tout à l'heure. - Ah oui ? - Tu virevoltes un peu partout dans la galerie, tu fais des cabrioles, tu suis ton instinct, on dirait... - ...un moustique ? - Un papillon."
Teilo hocha la tête avec une moue approbatrice. Oui, papillon, c'était beaucoup mieux que moustique. Il avait l'air gentil, ce grand là. Sur sa veste était accrochée la rune de Dagda. Hé, et s'il tentait le coup avec lui ? "Tu veux entendre un morceau ?" fit Teilo avec entrain en lui montrant sa flûte de pan. "Bien volontiers", répondit le roux qui entreprit même de se redresser pour s'asseoir sur le banc. Ha, chouette ! Mais l'autre levait déjà un index : "Cependant." Ha, flûte. "Je dois d'abord m'assurer que tu es bien un papillon. Voici ma question : qui sont Hector Desmarre et Philippe Vendebout ?"
Teilo resta les bras ballants à le regarder avec des yeux de merlan frit. Alors là... aucune idée. "Des... gens... des hommes qui... non, je sais pas." Avec un sourire désolé, le grand échalas se leva de son banc, étira ses bras et lui tapota théâtralement la tête. "Ne t'inquiète pas, tu le sauras bientôt. Je t'invite à t'inscrire en cours d’Éducation Historique et Citoyenne pour ta deuxième année ici." "Ou sinon, tu me donnes la réponse", nota le jeune Lug alors que le rouquin s'échappait. Celui-ci se retourna vers lui, les yeux rieurs. "Chaque chose en son temps, petite chenille." Après un petit salut de la main, il fila entre les nymphes.
"Super... je suis une chenille, maintenant", ronchonna Teilo, le nez froncé. Sa bonne humeur quasi naturelle commençait légèrement à s'estomper. Il s'assit sur le banc que le grand occupait jusque là pour bouder, juste un peu. La tête basse, il balançait ses jambes dans le vide au rythme de un-deux, un-deux. Qu'est-ce qu'il s'en fichait, de Trucmuche VentDebout et Machin Démarre. Il voulait juste jouer son morceau à quelqu'un.
Nathaniel Amber
6ᵉ année, Ogme
Ici il y avait toujours quelque chose à voir, à écouter, des choses éphémères ou uniques parfois et le garçon aimait beaucoup cette ambiance. Mais en contrepartie il y avait souvent du monde, beaucoup de passages, de regards qui exigeaient une réponse à une question ou d'autres -celles qu'ils préféraient honnêtement- qui imposaient le silence. Quelques fois le brouhaha était tel qu'il ne faisait que traverser, ne supportant pas l'agitation présente.
L'adolescent resta un instant en plein milieu, tournant la tête d'un côté puis de l'autre, indécis. Au bout d'un moment, ses pas dérivèrent sur l'un des côtés, s'approchant de l'une des statues pour écouter la musique qu'elle venait de commencer. L'ouïe concentrée sur les sons de la nymphe, son regard observa les alentours, comme s'il cherchait sa prochaine destination, alors que c'était seulement sa curiosité qui s'exprimait sur ce qu'il se passait ailleurs dans la galerie.
Il crut repérer un délégué, parlant avec un garçon à la silhouette vaguement familière, avant de se rendre compte que le plus âgé lui était inconnu au contraire du second qui venait de s'asseoir sur un banc après le départ du premier.
Nathaniel adressa un hochement de tête respectueux à la statue qu'il venait d'écouter, puis se laissa porter sans réfléchir vers le première année qui n'avait pas l'air aussi bien que la fois ou il l'avait rencontré. La tête basse, ses jambes gardèrent pourtant cette agitation qui semblait indissociable du garçon, qu'elle soit physique ou verbale.
L'ainé se planta devant lui, sans le lâcher des yeux. « Teilo Daroux. » salua-t-il comme à son habitude, ce qu'il accompagna d'un petit mouvement de tête comme pour demander en plus comment il allait. Puis il baissa les yeux vers l'instrument de musique que tenait le première année, et montra la flute de pan d'un coup de menton. *Tu joue?*
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Il semblait plongé dans une intense réflexion, sourd aux conversations avoisinantes. Il avait envie de danser, il voulait chanter, faire des 'cabrioles' et 'virevolter' comme disait le grand échalas, mais à quoi bon si personne n'était là pour le voir ou l'écouter ? Les nymphes étaient toutes à leurs créations et les autres élèves l'avaient soit ignoré, soit refoulé avec plus ou moins d'ironie et de... c'était ça, du mépris ? Voilà qui était nouveau. Oui, sa grande sœur Suzanne le chambrait souvent, mais il lui rendait la pareille et puis de toute manière c'était un jeu. Dans tous les environnements qu'il avait connu, la maison, l'école, les cours de théâtre, de danse, les compagnies, on l'avait toujours encouragé.
Il soupira pile au moment ou des jambes entrèrent dans son champ de vision. Il entendit et reconnut la voix avant d'avoir fini de relever la tête. "Salut, Chanceux." Oulah... c'était quoi, ce ton super morne ? Rien de tout ça n'était bien grave ! Il s'était déjà fait des amis, il était bien ici ! Avec un minimum d'effort, Teilo retrouva son sourire habituel et répondit au coup de menton du mutique : "Oh, t'inquiète, tout roule", agrémentant ses propos d'un clin d’œil malicieux. Ha mais... Chanceux s'était rappelé de son prénom et de son nom ? Le sourire du Lug s'agrandit encore et il se dit que pour le coup, ce ne serait pas mal qu'il puisse aussi l'appeler par son vrai prénom.
Il allait le faire mais l'autre garçon semblait intéressé par sa flûte de pan. Chanceux avait l'air de lui demander C'est à toi ?
"Non, c'est la flûte de pan de mon grand frère. Il s'en sert pour mettre de l'atmosphère quand il masterise des jeux de rôle avec ses copains." Teilo la tenait entre ses deux mains, ses deux coudes posés pas loin de ses genoux. Il se mit à l'observer, laissant ses doigts glisser le long des tuyaux. "Fabrice me la laissée 'exceptionnellement' parce que fais-moi confiance, ça peut t'aider, Teilo* mais faut pas que j'oublie de lui rendre à Noël." Relevant le menton, il ouvrit les yeux en grand et les planta dans ceux de Chanceux : "Hé, tu connais Zelda ? Je peux jouer le thème des jeux là-dessus, je me suis entraîné ! Tu veux l'écouter ?" Ses jambes ne se balançaient plus. Il avait tordu son cou vers l'avant et, tandis que ses mains tapotaient les cotés de la flûte, il affichait un grand sourire badin pour Chanceux.
*imitation presque parfaite car un peu trop fluette de la voix de son grand frère.
Nathaniel Amber
6ᵉ année, Ogme
Le plus âgé n'était pas certain que le sourire de l'autre garçon soit sincère jusqu'à ce qu'il s'élargisse soudainement. A cet instant il ressemblait à cette fille qui jouait aux mimes dans le boudoir de sa confrérie, qui un jour avait eu ce même sourire pendant une partie parce que personne n'avait trouvé ce qu'elle mimait. Comme si choisir une boussole des mers n'était pas délibérément mesquin car impossible à deviner.
Teilo sembla repartir dans son flux de paroles habituel. Il lui faisait penser à de l'eau sur une pente caillouteuse, choisissant un chemin, puis bifurquant soudainement sur un autre, puis encore un autre, jusqu'à former un serpentin étrange. Tout ce que Nathaniel comprit de son charabia, c'était qu'il avait un frère dénommé Fabrice à qui appartenait l'instrument de musique, et qu'il proposait d'en jouer un morceau.
Clignant des yeux rapidement, essayant de comprendre dans quelle langue certains de ces mots étaient prononcés, il se demanda pourquoi le plus jeune ne s'était pas mit à jouer avant son arrivée s'il en avait autant envie qu'il en avait l'air.
Nathaniel acquiesça à la question, intrigué par la musique que le jeune Lug allait souffler. « Zelda? » demanda-t-il quand même. Il n'avait pas une très grande connaissance des compositeurs de musique, s'arrêtant à ceux dont il avait apprit les morceaux, mais sa curiosité demandait à en savoir plus sur cette personne, et sur les accords qu'elle avait assemblés. Il fit un signe de la main à Teilo pour l'inviter à jouer, tout ouïe.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Un moustique. Une chenille.
"T'en fais pas, c'est juste un truc de non-mag", fit-il sur un ton morne en posant négligemment sa flûte de pan sur le banc. Adossant sa tête et ses épaules au mur, il étendit les jambes et laissa échapper un profond soupir. Puis il regarda de nouveau Chanceux, songeur, et redressa soudain son dos.
"C'est une série de jeux vidéos, on y joue sur des consoles, c'est des écrans et tu contrôles le personnage avec une manette ou des boutons. Mais Zelda c'est pas le personnage principal, en fait Zelda c'est la princesse, ça c'est une erreur de débutant. Le héros c'est Link, un Hylien, c'est une sorte d'elfe même si il croit qu'il est un Kokiri mais dans Ocarina Of Time on le voit adulte alors que les Kokiris c'est des enfants qui grandissent plus après douze ans." Teilo prit une grande goulée d'air. Ses mains bougeaient en rythme avec ses mots. "Link à la base, il doit sauver la Princesse Zelda mais pas tout le temps, dans Majora's Mask il doit empêcher la fin du monde ! Il met des masques de personnes qui sont mortes et ça lui donne des pouvoirs, c'est trop bien. Mais mon préféré c'est quand même Ocarina of Time parce-que..."
Il attrapa sa flûte de pan et joua trois notes successives, deux fois, avant de lever la tête vers Chanceux. "En fait dans le jeu, Link, donc le héros, il a un ocarina et il apprend des mélodies qui ont des effets magiques. Y'a le chant du soleil qui permet de passer du jour à la nuit, y'a un chant pour appeler ton cheval, un autre pour parler à tes amis comme avec un portable... c'est un peu comme des sorts mais au lieu d'avoir une baguette, tu joues de la musique."
Il joua trois autres notes deux fois de suite puis remua les sourcils, tout sourire et les joues roses. "Ça c'est la Sérénade de l'Eau. Quand je la joue, je me téléporte au Lac Hylia. C'est cool, hein ?"
Nathaniel Amber
6ᵉ année, Ogme
Puis, sans qu'il ne dise rien, le plus jeune lui expliqua finalement. S'il lui en avait voulu sur le moment, il oublia tout immédiatement.
Mentalement, le plus âgé fit une liste des mots qui lui semblaient importants parmi tous ceux que donnait Teilo, puis relia certains entre eux, associant les idées pour avoir une vision plus simple de ce que le garçon expliquait. Il fit une autre liste où il nota les mots dont il devait demander la signification, ou peut-être pourrait-il les dénicher à la chapelle. Il aurait voulu pouvoir demander tout cela à Teilo, certainement que l'autre garçon lui aurait répondu, dérivant sur d'autres sujets sur lesquels Nathaniel aurait continué de l'interroger. Il se demanda combien de temps cela aurait pu durer.
Quand le silence s'installa, il put entendre quelques pas plus loin quelqu'un conter des légendes sur le bouclier de lancelot. D'ordinaire sa curiosité l'aurait poussée par là-bas, mais cette fois-ci elle le maintint ici, devant le garçon de Lug.
« Le pays de ce jeu, il existe? » C'était certainement une question stupide, mais il se demandait si Teilo était déjà allé physiquement à ce lac Hylia, ou s'il ne l'avait vu qu'à travers ce jeu. Puis, étant resté sur sa faim avec la musique que le plus jeune avait commencée, il l'invita à continuer s'il le voulait d'un geste de la main.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Son camarade lui demanda si le Royaume d'Hyrule existait. Hein ? Quelle question !
"Ben..." non ? Ou... peut-être que c'était plus compliqué que ça ? Ha. La question n'était pas si bête, en fait. Il ne se l'était jamais vraiment posée. Le Lug regardait dans le vide, un peu à droite de Chanceux, songeur. Soudain, il se mit à pouffer et releva le menton pour regarder son camarade, l'air mutin. "Hmm, pourquoi pas ? Je pensais pas que la magie existait vraiment. Je pensais pas que je pouvais être un vrai sorcier, que... que j'allais pouvoir parler à une nymphe et.. et à une gargouille et... en fait y'a plein de choses ici qui me font penser à Hyrule. C'est comme notre monde mais... différent."
Teilo balançait sa tête, les yeux un peu plissés. Il réfléchissait en parlant. "Y'a des trucs en moins, des trucs en plus. Donc ouais, pourquoi pas. C'est peut-être une version d'Hyrule ici parce que tu sais, dans chaque jeu, le royaume est un peu différent, les lieux sont pas vraiment pareils même si ils ont le même nom, les choses sont pas au même endroit, même que c'est pas toujours à la même époque. Par contre, on retrouve toujours des trucs qui sont pareils dans chaque jeu, donc dans chaque version du monde, comme euhh..." Sa tête n'eut qu'à se tourner un peu vers sa gauche pour qu'il trouve un exemple. "Oh, comme ça !" Il pointa de son index droit l'entrée du salon du Bouclier ou l'on pouvait voir transplaner... "Les fées ! Dans Zelda, elles te donnent des cœurs et elles te raniment quand tu meurs. Viens !" Il bondit presque de son banc, tout guilleret et attrapa doucement le poignet de Chanceux pour l'inciter à le suivre "en rythme, un-deux, un-deux !", etc.
A l'approche du nuage de fées qui s'agglutinaient autour de l'entrée du salon, apparaissant et disparaissant, Teilo lâcha le poignet de son camarade et termina sa petite course en marche arrière pour garder Chanceux dans son champ de vision. Il lui fit un clin d’œil complice, leva la tête, se déplaça un peu sur la gauche, là c'était parfait ! Il était au milieu de la nuée et son copain pourrait mieux apprécier le tableau. Alors il porta sa flûte de pan à ses lèvres et se mit à jouer le thème qu'il avait répété et répété toute la semaine.
Dans ses mains, Teilo tenait une flûte de pan et non un ocarina. Il était habillé de bleu et non de vert comme le héros du temps. Il y avait des notes du thème impossibles à reproduire mais ça n'avait pas été dur à adapter pour son grand frère qui lui avait appris l'air. Les jambes droites, le dos droit et les yeux fermés, Teilo laissait ses lèvres se porter au bon moment jusqu'au bon tuyau et son souffle faire le reste. Le résultat était loin d'être parfait. Les fées postales, si elles entendaient, ne s'arrêtaient ni ne déviaient de leur tâche.
Les fées, boules lumineuses vertes, voletaient autour de lui, dansaient dans les airs sur la merveilleuse mélodie qu'il jouait avec son ocarina. Link était heureux.
Nathaniel Amber
6ᵉ année, Ogme
Nathaniel ne connaissait rien de cet Hyrule, mais les explications de Teilo étaient claires pour lui. Bien qu'il ignorait tout de l'univers que son camarade lui décrivait, il suivait la logique de ses paroles, écoutant attentivement. Cette fois, même s'il s'étalait sur le sujet, Teilo semblait garder le fil conducteur de leur conversation. Ou plutôt de son monologue, mais l'adolescent de la confrérie d'Ogme ne le nota même pas.
Nathaniel ne réagit pas lorsque l'autre garçon l'entraina vers les fées, suivant docilement le mouvement, essayant même de suivre le rythme du plus jeune qui dansait. Du moins c'était ce que le plus âgé songea en le voyant faire. Il cala ses pas, un peu pataud, le pied gauche se posant à un, le droit sur le deux, et il se laissa traîner ainsi jusqu'à ce que l'autre se stoppe. Il s'excusa d'une grimace d'être si peu doué dans cette danse improvisée.
Il aurait voulu lui expliquer la différence entre les fées de son jeu et celles de la vie réelle, mais peut-être que Teilo le savait déjà. Que serait ce monde si les fées pouvaient ranimer les morts aussi facilement qu'il semblait l'être dans ce jeu? Il n'eût pas le temps de creuser la question, le plus jeune venait de le lâcher, et il entreprit alors de l'observer. C'était comme si Teilo l'avait placé au centre d'une scène, en temps normal il se serait écarté pour ne pas être au centre de l'attention. Mais la curiosité gagna, encore une fois. Il voulait voir ce que son camarade avait prévu, parce qu'il était certain qu'il était en train de préparer quelque chose.
Teilo se mit à jouer, reprenant les notes qu'il avait commencées plus tôt. Nathaniel eût l'impression que quelque chose changea en même temps que la musique s'envolait, mais il n'était pas certain. Il cru voir quelques personnes se tourner dans leur direction, mais il les ignora, ne détournant pas les yeux de son camarade. L'énergie qu'il dégageait était différente de celles qui l'entouraient habituellement, agréable.
Quand le jeune Lug eût terminé de jouer, Nathaniel ne put se retenir d'applaudir. Après tous, les autres y avaient le droit, pourquoi pas Teilo? « Tu en connais d'autres? » demanda-t-il toujours aussi curieux, trouvant cette tournure plus polie que de réclamer "encore" comme d'autres l'auraient fait. Il ne voulait pas qu'il se sente obligé de jouer encore s'il n'en avait pas envie, mais il souhaitait qu'il continue, juste encore un peu.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Sa flûte toujours collée à sa bouche, Teilo cligna des paupières avec insistance. Chanceux était toujours là, en face de lui. Il l'entendait et le voyait applaudir. C'était comme au Châtelet quand, avec tous les autres comédiens, Teilo était venu (trois fois !) saluer les spectateurs à l'issue de leur représentation d'Into the Woods. Un souvenir génial, des applaudissements et des sifflements qui lui avaient fait si chaud au cœur. Ils avaient aimé. Pendant plus de deux heures, toute sa troupe (avec l'aide du génie qu'était Stephen Sondheim, des musiciens, des techniciens) était parvenue a entraîner tout un public... ailleurs.
Le Lug fit une rapide et souple révérence à son unique public, l'air radieux et reconnaissant, puis trottina vers lui. Dans la Grande Galerie, les discussions n'avaient pas cessé, des nymphes jouaient et composaient encore.
"Nan, mon frère m'a rien appris d'autre. Et toi ? Tu sais jouer de ça ? Je te montre, c'est pas compliqué, regarde." Teilo se mit côte à côte avec Chanceux et mit sa main sur le dos du plus grand, reproduisant exactement ce dont il se souvenait de la leçon de son grand frère. "D'abord, tu mets ton dos bien droit, c'est le top pour avoir un bon souffle. Tu tiens la flûte de pan comme ça." Il agrippa sa flûte comme avant, une main du côté des longs tuyaux, l'autre, moins ferme, du côté des courts, et porta l'extrémité des tuyaux vers ses lèvres. "Tu souris et tu ouvres juste le milieu de tes lèvres en o, comme ça. Et faut que tu poses le bas du tuyau, attention, c'est très précis, tu le poses contre la partie supérieure de ta lèvre inférieure. Coooomme ça."
Il joignit le geste à la parole, les yeux rivés sur ceux de Chanceux comme pour vérifier qu'il suivait et comprenait bien. "Et après tu souffles contre la partie supérieure du tuyau, assez fort." Il souffla, assez fort. C'était un... mi, très probablement. Soudain, il s'arrêta et fronça les sourcils, songeur. "Hé, je te dois pas un liard ? Et.. ton mouchoir, je te l'ai pas rendu. Faut que j'y pense." Il approuva de la tête à sa propre suggestion puis tendit l'instrument à son camarade, déroulant son bras libre du côté des fées postales. "La scène est à toi, Link." Plus bas, les yeux ouverts en grand, il ajouta d'une voix qu'il voulait ténébreuse : "Suis ton imagination."
Chanceux ne parlait pas beaucoup mais ça ne voulait pas dire qu'il ne s'exprimait pas. Il y avait bien d'autres moyens que la voix pour se faire comprendre. Si utiliser ce moyen ne lui plaisait pas, peut-être que la flûte... ?
Nathaniel Amber
6ᵉ année, Ogme
Puis, fidèle à lui-même, Teilo changea de sujet, décrochant un petit sourire à l'ainé qui, bien qu'il ne s'y attendait pas, n'en était pas vraiment surprit. Il secoua négativement la tête, voulant dire que rien ne pressait, et que le liard n'avait pas vraiment d'importance. Mais bien que le plus jeune semblait être de ceux qui avaient l'air de le comprendre sans paroles, il préféra préciser. « Juste le mouchoir. Quand tu pourras. » *Et ma veste.* faillit-il rajouter, mais il ne dit rien craignant d'être impoli. De toute façon, il n'y avait pas d'urgence et il avait assez d'affaires, sa veste comme son mouchoir ne lui manquaient pas au final. Nathaniel se trouva un peu démuni lorsque son camarade parla de scène. Bien sûr, il avait comprit qu'elle était fictive, mais il détestait être au centre de l'attention. Néanmoins, et en essayant de rester proche de Teilo afin de ne pas être isolé, il essaya la flûte de son camarade.
Timidement, il essaya de souffler, d'abord trop faiblement, puis il testa les notes, un peu crispé mais le dos droit comme Teilo lui avait indiqué. L'adolescent n'avait pas trop de mal à reproduire une partition, mais partir de rien c'était autre chose. Alors il testa d'abord une musique qu'il connaissait assez bien, avant d'essayer de reproduire celle que Teilo avait jouée peu de temps avant. Il y eût quelques fausses notes, beaucoup de son point de vue, mais à peu de chose prêt il n'était pas loin de la mélodie soufflée par l'autre garçon. Enfin de loin et en se bouchant les oreilles, elle était certainement reconnaissable. Alors il cessa d'essayer de le copier pour tenter d'accorder des notes, au hasard. Les quelques couacs qu'il y eût étaient surtout dût au fait qu'il avait du mal à jouer de la flûte.
Nathaniel s'arrêta, secoua négativement la tête pour s'excuser de sa médiocrité, et rendit l'instrument à l'autre garçon. « Tu n'as pas été malade? » demanda-t-il, faisant référence à ce jour où ils s'étaient rencontrés, et ou Teilo s'était baigné dans la fontaine. Comme à son habitude, il regarda le plus jeune droit dans les yeux, espérant que son camarade n'ait eût aucun problème à cause de sa chute.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Il ne s'était pas mis au cœur de la scène... donc, il était timide ? Pas grave. A côté de Link, Teilo était heureux. Et impressionné. Il lui avait fallu beauuucoup plus de temps, sous l'égide de son grand frère Fabrice, pour parvenir à jouer cet air correctement. Les quelques fausses notes lui importaient peu, le jeune Lug imaginait de nouveau les fées postales voleter autour d'eux, attirées par la mélodie. Instinctivement, il accompagna la musique de sa voix haute de contre-ténor, mais doucement pour ne pas supplanter la flûte. Il parvint même, ô joie, à créer une harmonie vocale pendant quelques secondes et il serra discrètement son poing gauche en signe de victoire. Son prof de chant aurait été content parce que c'était dur à faire... mais c'était beau.
*C'est toujours plus beau quand on n'est pas seul.* C'était une pensée récurrente chez lui et, quand elle remontait à la surface, ça lui faisait toujours du bien. Chanceux continuait à jouer mais maintenant il improvisait. Teilo l'écoutait, sourire aux lèvres, le regard trainant entre la flûte, le visage et les mains du grand. Tout ce qui se passait autour d'eux, la cacophonie des conversations, des bousculades, des musiques et chants, tout ça n'était plus qu'un bruit de fond à peine audible.
Mais Chanceux s'arrêta, frustré, ou gêné, ou déçu (?) et lui retendit sa flûte que le Première Année récupéra dans ses mains. Les épaules de Teilo s'affaissèrent à la question que l'Ogme lui posa. S'il avait été malade ? Quoi, en écoutant sa musique ? "Bien sûr que non, c'était super ! T'as vu ce que t'as réussi à faire ? Enfin, plutôt en..ten..." Ha. Haaa non non, Chanceux parlait de sa chute dans la fontaine et de son rhume ! "Oh, tu veux dire l'autre jour ? Ouais, j'ai eu le nez bouché et j'arrêtais pas d'éternuer alors d'abord, Oscar m'a donné un Sucre d'Ogre mais ça n'a... pas très bien marché, j'ai bavé pendant.. pfou, au moins dix minutes, ton mouchoir a pas suffi, y'en avait partout dans le dortoir c'était dégueu". Teilo eut un petit rire bête à ce souvenir. "Après.. viens, on va s'asseoir !"
Teilo posa furtivement sa main sur l'avant-bras de Chanceux pour l'inciter à le suivre mais sans le guider cette fois.
"Après j'ai dormi, je crois ? C'est un peu flou. Et le jour d'après, on est allés au dispensaire de Mme Yapara mais c'était fermé. Alors avec Giovanni j'ai été voir Mauricio, tu sais c'est le gastromage-en-chef, il est super gentil et il m'a donné un genre de grog, il a pas voulu me dire ce qu'il y avait dedans mais c'était très très sucré." De nouveau assis sur le banc où il était cinq minutes plus tôt, il fit une messe basse à son camarade : "je suis sûr qu'il a mis de l'alcool parce que j'arrivais plus à marcher droit. Mais c'est passé vite et, tadaaaam, plus de rhume."
Il inspira par le nez à pleins poumons avant de reprendre une attitude plus secrète.
"J'ai eu de la chance, ça aurait pu être l'atchoumite aigüe. Parait que c'est vraiment horrible, tu peux te péter une côte rien qu'en éternuant. Au fait, c'est quand ton anniversaire ?"
Il avait posé cette question soudaine en fronçant à peine les sourcils. "Moi c'est le 20 mars", ajouta-t-il avec un sourire innocent.
Nathaniel Amber
6ᵉ année, Ogme
Les compliments étaient passés, mais l'aîné songea que ce qui avait "sauvé" sa musique c'était la prestation de son camarade. Intérieurement, il nota que ce dernier devait certainement avoir prit des cours, que ce soit de chant ou de musique, avant d'arriver à l'académie.
Il écouta attentivement les péripéties qui étaient arrivées à l'autre garçon après sa chute dans la fontaine. Il se dit qu'il aurait du accompagner Teilo jusqu'au dispensaire directement, ce dernier n'aurait pas eût tous les problèmes qu'il décrivait. Docile, il acquiesça lorsque son camarade demanda à ce qu'ils se posent sur un banc. Il accompagna le jeune Lug jusqu'à celui où il l'avait trouvé, quelques minutes plus tôt, qui était le plus proche et libre. Teilo continua de parler, gardant le même sujet cette fois, faisant s'interroger Nathaniel sur la raison pour laquelle il avait décidé avec son ami d'aller vois le gastromage-en-chef, et pas madame Yapara, qui ne devait pas être loin, ou un autre professeur.
L'ainé failli lui dire que certaines potions faisaient cet effet là aussi, mais après tout il n'était pas celui qui avait bu la boisson, ni qui l'avait préparée.
Nathaniel se cala contre le mur, écoutant son camarade sans le lâcher des yeux. Il approuva de la tête à propos de l'atchoumite aigüe. Il ne l'avait personnellement jamais attrapée, mais il se souvenait de ses cours de l'an dernier à ce sujet, et de la potion à préparer pour la soigner. Et puis la conversation bifurqua sans aucune logique, pourtant l'ainé tenta de trouver un lien entre les deux, parce que c'était quelque chose qu'il ne comprenait pas, qu'on saute du coq à l'âne ainsi.
Le coin de ses lèvres se releva légèrement, traduisant un grand sourire chez lui, notant pourtant l'information précieusement. « Le 22 octobre. Pressé? » demanda-t-il a propos du 20 mars. Il avait l'impression que la réponse était oui, mais comme noël était entre aujourd'hui et sa date d'anniversaire, peut-être que non.
Pour sa part, il avait vraiment hâte d'être aux vacances pour pouvoir fêter le sien avec son père. Il savait déjà que Timéo allait lui offrir l'appareil photo qu'il avait demandé au noël précédent, et il avait même promit de lui montrer comment il fonctionnait. Plus qu'un petit mois, et il pourrait enfin apprendre la photographie.
« Tu as prit des cours de... musique et de chant? En plus du théâtre. » Il voulut tenter lui aussi le changement brutal de conversation. C'était plutôt raté au final, ce n'était qu'un rappel avec ce qu'il c'était passé quelques minutes auparavant. Nathaniel se souvenait que l'autre garçon lui avait parlé du théâtre, et des dialogues qu'il avait toujours en tête, mais il n'arrivait pas à se rappeler s'il lui avait parlé de musique. Il donna un coup de tête en direction de la flûte de Teilo, comme pour demander si ce dernier savait jouer d'autres instruments.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Oh ben oui", fit un Teilo radieux. "Y'a tous tes amis et ta famille qui te font des cadeaux." Le jeune Lug ne put s'empêcher de remuer ses sourcils, l'air intriguant. Oui, il était vraiment pressé d'arriver au 22 octobre ! Mince, réalisa-t-il soudain, c'était dans... moins d'un mois ! Il fallait qu'il se bouge pour trouver un cadeau qui plairait à Chanceux. Et la meilleure manière de trouver le meilleur cadeau, c'était de cuisiner subtilement le destinataire du dit cadeau. Il ne devait pas trop éveiller ses soupçons au risque de gâcher l'effet de surprise.
Adossé au banc, les bras relâchés, Teilo fit tout pour afficher un air 'normal, serein' tout en observant de biais le visage, les cheveux, les vêtements, la posture de Chanceux. Hmm, qu'est-ce qu'un grand garçon mutique, discret mais super gentil comme lui pouvait bien apprécier ? Quels indices avait-il laissé ? Comment lui tirer les vers du nez ?
La question soudaine de l'Ogme le prit de court. Pourquoi il lui demandait s'il prenait des cours de théâtre ? Teilo ouvrit grand ses yeux. Mince, ça se voyait tant que ça qu'il jouait la comédie, là ? "Euh... oui ?" Il dut se mordre la lèvre pour s'empêcher d'ajouter 'Pourquoi ?' S'il disait ça, il était grillé. Mieux valait continuer comme si de rien n'était.
Le Lug se massa la nuque pour se donner une contenance. "J'ai fait... des cours particuliers de chant, de théâtre et de danse à partir du CE1. Ma mère voulait m'inscrire à la Junior Academie de l'AICOM mais ça collait pas avec le précepteur magique alors j'ai continué les cours à part." Teilo sentit que Chanceux n'allait pas comprendre alors il précisa : "l'AICOM c'est une école à Lyon pour apprendre les arts du spectacle. Ah, et Lyon c'est ma ville, c'est en Auvergne-Rhône-Alpes." Il mit ses mains sur ses genoux et se pencha enthousiaste vers le plus grand. "Parce qu'en fait, j'ai toujours voulu faire de la comédie musicale. J'en ai fait, même, avec des pros. Et pour être au top, faut savoir super bien chanter, danser et jouer la comédie. C'est dur, ça m'a pris presque tout mon temps libre mais j'adore ça. En juin j'ai passé une audition pour jouer Simba dans le Roi Lion. Pas la ville, hein, l'animal. Mais bon, tu connais le Roi Lion."
Teilo s'arrêta, soudain incertain. Bien sûr que Chanceux connaissait le Roi Lion. Tout le monde connaissait le Roi Lion, même les sorciers. Ou... pas ?
Le Lug rentra sa tête dans ses épaules, tout sourire, et tenta d'une voix fluette : "Hakuna Matata ?"
Nathaniel Amber
6ᵉ année, Ogme
L'adolescent écouta attentivement Teilo, appréciant qu'il donne des précisions. Quelque chose dans son attitude, dans sa voix, montraient combien tout cela lui tenait à cœur. Il n'avait jamais assisté à des comédies musicales, ses sorties artistiques se limitaient à ce que lui montrait son père à travers les parcs et les musées, et les représentations de sa mère. A cet instant il aurait aimé pouvoir voir le spectacle qui semblait tenir à cœur au jeune Lug. Il pouvait presque voir son enthousiasme alors qu'il se penchait vers lui. Il n'avait jamais connu de personne comme lui, mais c'était logique au final. Teilo était Teilo, il était unique et son énergie était communicative, comme lorsqu'il parlait de sa passion.
Il détourna un instant le regard, observant juste rapidement les allées et venues dans la salle. Lorsque son camarade parla du Roi Lion, il hocha distraitement la tête. Oui, il connaissait grâce à son père. Un jour Timéo avait aidé à refaire la décoration de l'enfant d'un de ses amis. L'enfant en question étant plus âgé que Nathaniel, il avait donné à ce dernier une dizaine de livres dont il avait dit qu'ils étaient des contes revisités par les non-mages dans des films. L'adolescent avait apprit par la suite de quoi il s'agissait par sa préceptrice, mais n'en avait jamais vu. Il reporta son attention sur son voisin, le regardant droit dans les yeux.
« C'est... les mots magnifiques? » tenta le garçon peu sûr de lui. Il n'avait pas touché à ces livres depuis longtemps.
« Mais tu pourras... continuer l'été. Non? » Il espérait naïvement que Teilo ait été prit dans le rôle qu'il voulait, malgré son entrée à l'académie. Cela avait l'air très important pour lui.
Alors il pensa que c'était certainement important qu'il mette ses habitudes de côtés et qu'il fasse un effort pour lui parler plus, en espérant ne pas le déprimer ou être désagréable.
« Je... ne t'ai pas beaucoup vu... ou entendu, mais... je peux voir combien ça te... tiens à cœur. » Il tira sur un mèche de ses cheveux, mal à l'aise de parler autant.
« Continue de t'entraîner... autant que tu peux. J'espère que tu pourras reprendre plus tard. » finit-il complètement mal-à-l'aise, sa gorge commençant déjà à le chauffer. Il tira sur plusieurs mèches d'une seule main, comme pour essayer de se cacher, comme s'il allait pouvoir continuer de parler s'il devenait invisible. Pour autant il ne lâcha pas Teilo des yeux.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Continuer l'été ? Pour le fun, rien d'autre. Pour être excellent, pour être remarqué et pris dans les différentes productions, il fallait s'entraîner et se perfectionner tous les jours. Et Beauxbâtons n'était pas là pour ça. Il y avait des cours de danse en Éducation Historique et Citoyenne, lui avait-on dit, mais ce n'était pas pour les Première Année et ça ne devait pas correspondre à ce qu'attendaient les productions. De toute manière, Teilo n'était pas dupe : il savait très bien que ses parents l'avaient laissé participer à l'audition pour le Roi Lion juste pour lui faire plaisir, parce que ce rôle lui tenait tellement à cœur. Il savait très bien que jamais il ne pourrait vraiment jouer Simba maintenant qu'il était un sorcier, un vrai. Sa mère tardait juste à le lui avouer, sans doute par peur qu'il ne le prenne mal. Il fallait vraiment qu'elle se décide à lui dire. De toute manière, il avait prévu d'écrire à sa famille demain, c'était l'occasion ou jamais !
Le jeune Lug soupira ostensiblement. Ce fut cet instant que choisit Chanceux pour lui parler. Mais vraiment lui parler, avec des phrases même pas courtes. Interdit, Teilo l'observa se triturer les cheveux. C'était confirmé, il était bel et bien timide. A le voir se mettre dans cet état, Teilo devinait, pouvait presque ressentir l'effort que son camarade fournissait. La bouche entrouverte, il laissait les mots sortis avec difficulté résonner à ses oreilles. C'était des mots gentils.
Bien sûr que c'était des mots gentils.
"Merci", souffla Teilo en lui offrant un franc sourire. Quelques secondes passèrent avant qu'il n'ajoute : "De m'encourager." Il le regardait dans les yeux, sans faillir. "Quand même, c'est dommage qu'il n'y ait pas de chorale a Beauxbâtons. Ou d'endroit pour... tout ça." Ne trouvant étrangement rien d'autre à dire, il haussa les épaules. "Mais que sera sera." Son père lui sortait souvent ça, c'était son Hakuna Matata à lui. Teilo le soupçonnait surtout d'utiliser cette formule par facilité quand il était en manque d'inspiration.
"Et toi, qu'est-ce que tu aimes fai-"re ? avait-il voulu dire, parce qu'il était toujours question de lui faire un cadeau. Mais Teilo s'était arrêté, pouffa pour lui-même et avec un sourire en coin lui demanda doucement, comme si c'était un secret : "C'est quoi ton vrai prénom ?"
Nathaniel Amber
6ᵉ année, Ogme
Nathaniel relâcha ses cheveux, repliant son bras désormais libre contre lui, sur ses jambes. Il se recala plus confortablement sur le banc, n'ayant pas eu conscience de s'être crispé pendant sa prise de parole. Il aurait voulu continuer, dire d'autres choses à son camarade, comme le fait qu'il pourrait peut-être créer un club, il suffirait certainement d'en parler aux professeurs. Ce ne serait peut-être pas suffisant mais Teilo pourrait continuer ce qu'il aimait faire après les cours. Il aurait aussi aimer dire que cette salle pourrait accueillir ses interprétations libres. Que d'autres s'exerçaient ici aussi, au milieu des nymphes.
Teilo commença une phrase mais s'arrêta brutalement juste avant de la terminer, pour lui poser une toute autre question sur le ton de la confidence. En réalité, ce garçon n'avait rien à voir avec une goutte d'eau qui fait son propre chemin comme il avait pensé auparavant. Il était plutôt comme un vif d'or, à feindre de foncer dans une direction avant de partir aléatoirement dans une autre direction. Nathaniel hésita un instant, puis se pencha pour prendre le même ton un peu secret, et souffla : « Chanceux. » Puis il se redressa un peu brusquement, regrettant d'avoir dit cela. Il avait tenté de faire un blague, mais il n'en faisait jamais. Est-ce qu'elle était drôle? Bien sûr que non. Il lui avait semblé sur le moment que cela serait amusant de reprendre le nom par lequel Teilo l'avait désigné, deux fois il lui semblait, mais il aurait dû s'abstenir. Il chassa les mèches qu'il avait tiré peu de temps avant, histoire de se donner une contenance. « Nathaniel. Amber. »
Et puis, toujours gêné de sa blague qui n'en était pas une, se trouvant de plus en plus ridicule, il demanda : « Est-ce que tu... veux chanter? Une chanson... du Roi Lion? » Parce que son camarade lui avait bien parlé d'une comédie musicale, parce qu'il avait donné la réplique qu'il ne connaissait pas en chantant, et parce que l'aîné n'en connaissait aucune. Tout cela, et une tentative de diversion aussi, parce qu'il voulait oublier sa honte mais ne voulait pas partir encore.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Interloqué, Teilo cligna simplement des yeux, ne sachant comment réagir. C'était sûrement une blague un peu foireuse et il eut soudain envie de lui taper théâtralement sur l'épaule deux fois pour le consoler tout en adoptant un air mi-contrit, mi-amusé. Quelque-chose lui disait que Chanceux ne le prendrait pas forcément bien, alors le Lug s'abstint.
Ce ne fut pas la révélation du vrai prénom de Chanceux qui étonna le plus Teilo. Non qu'il n'appréciait la qualité du prénom. Le Lug était en fait surtout concentré sur les mouvements du grand. A le voir se redresser si sèchement, à le voir rejouer avec ses cheveux, Teilo haussa les sourcils. Il venait de comprendre un truc. L'Ogme était timide mais il n'était pas placide : en fait, il devait se passer pas mal de trucs dans sa tête. Si seulement il avait le moyen de savoir quoi. Ses parents étaient très doués pour ça : ils avaient toujours réussi à savoir quand il n'allait pas bien, à percer à jour ce qu'il avait cherché à dissimuler. Ils l'avaient tant de fois aidé à mettre des mots sur ce qu'il ressentait. A cet instant, Teilo aurait aimé avoir leur talent. Il aurait aimé aussi qu'il y ait moins de bruit dans la Grande Galerie.
"Enchanté de faire ta connaissance, Nathaniel Amber", fit-il en adoptant un air sérieux même s'il ne pouvait empêcher ses yeux de sourire. Il voulut lui tendre la main mais se ravisa et posa simplement le bout de son index et de son majeur gauche sur sa tempe. D'un mouvement sec du poignet, il fit glisser ses doigts vers l'avant en une sorte de salut. "Moi c'est Teilo Daroux mais tu le savais déjà. Pour m'appeler, tu peux dire 'Teilo, t'es là ?' Tu peux aussi m'appeler Teilo Taches-Rousses ou ce que tu veux." Il pointa ses taches de rousseur avec ses deux index, qu'il leva ensuite en guise d'avertissement : "Par contre, y'a que ma petite sœur qui peut m'appeler Tei-Tei. Les autres prennent un très grand risque."
Teilo sourit en écoutant la proposition que lui faisait Nathaniel. Il s'adossa au banc et plia les bras pour poser ses mains derrière sa nuque. "Tu sais, Nathaniel, le problème avec moi, bon j'en ai pas qu'un, ma grande sœur a fait toute une liste, ben un des problèmes c'est que je veux toujours chanter. C'est... dur à vivre." Il feignit la souffrance en grimaçant puis cessa aussitôt, retrouvant un sourire éclatant : "Surtout pour les autres."
Des élèves plus grands passèrent devant eux en riant fort et sans les regarder. Teilo cilla et jeta un regard circulaire à la Grande Galerie. L'heure des artistes était définitivement passée. Pas grave. Teilo y avait trouvé son compte. Peut-être même plus.
"Donc oui, je veux bien chanter mais je veux surtout..." il bondit du banc, "partir d'ici. Dis," il se pencha vers l'Ogme, "Nathaniel Amber, tu connaitrais pas un coin sympa ou on peut vraiment être tranquilles ?"
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