Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Continuant son petit périple et jouissant d'une liberté qu'elle n'avait probablement jamais ressenti aussi fortement, la petite blonde avait repris le train en direction de Paris. Bien sûr elle était passée par l'aéroport, mais le destin avait fait qu'il n'y avait plus d'avion disponible avant le lendemain. Si la chance n'avait pas été de son côté lors de sa petite visite du sud-ouest, Lorie était bien déterminée à trouver un tournoi d'échecs dans la ville lumière. Le train était sans nul doute possible, bien moins confortable que son expérience en avion, néanmoins c'était la seule solution immédiate pour la petite Cannoise. Néanmoins, les wagon était relativement corrects et avaient le mérite d'être vide. Pas de petit en bas-âge, ni d'autres personnes à côté d'elle. Les seules personnes présentes étaient ce qui semblait être des hommes d'affaires de classe moyenne si on s'attardait sur leurs costumes. En allant aux toilettes, elle avait largement pu apercevoir un homme à moustache travailler sur un ordinateur au travers de la vitre de séparation des wagons. Son air sérieux lui faisait penser à son grand-père, un homme à moustache bien habillé, toujours d'un grand sérieux et prenant les autres de haut. Cet homme-là avait un peu la même tête.
Le voyage fut des plus calmes, elle était donc arrivée sans encombre dans la légendaire ville lumière. Sans le moindre sac, Lorie n'avait même pas pensée à faire quelques achats avant. Bien que son wagon fût calme, il y avait des mises en garde contre de toute évidence des individus peu scrupuleux prêt à dépouiller les autres. Lorie était donc contente de ne pas avoir de sac à surveiller. Aussitôt qu'elle mit les pieds sur le quai, la petite blonde suivit à bonne distance le petit groupe qui avait fait de même. Lorsqu'elle arriva dans la gare, elle s'empressa d'essayer de repérer la sortie. Cherchant son chemin dans le spacieux bâtiment, Lorie sentit son corps entrer dans quelqu'un. Décidément, c'était la seconde fois aujourd'hui. Alors que son corps était sur le sol, elle découvrit les trois agents de police qui étaient devant elle. Le contre plongé leurs donnaient une prestance bien plus grande. Quelque peu intimidée et ne sachant pas si la maréchaussée était détentrice de l'information de fugue, Lorie sentie une grande tension dans son ventre.
« Oula faites attention mademoiselle, vous ne vous êtes pas fait mal ? »
Lorie ne répondit pas tout de suite, le long silence interpella celui qui avait pris la parole. Il lui demanda ou était ses parents dans la foulée. Prise un peu de panique Lorie se releva et tenta de s'échapper rapidement, mais fut arrêtée par l'un des deux autres représentant des forces de l'ordre. Il lui demanda son prénom ainsi que son nom. Essayant de reprendre son calme, Lorie donna le même faux nom qu'à Victoria, un « Pénélope Vaillant » emplit de confiance et parfaitement audible, comme s'il était normal pour elle d'utiliser celui-ci. Cette fois impossible qu'ils connaissent celui-ci. Ils lui demandèrent sa carte d'identité. Lorie hésita un moment à utiliser une boule pestilentielle, mais se ravisa, il y avait vraiment beaucoup de monde, elle essayerait de l'utiliser à un meilleur moment. Un problème majeur, elle ne pouvait pas donner sa vraie carte d'identité, sa photo étant trop lointaine, mais surtout elle avait déjà donnée un faux nom. Pour couronner le tout elle avait encore beaucoup d'argent sur elle. Elle réfléchit un instant avant de simplement dire qu'elle ne l'avait pas. Pour rendre tout cela le plus plausible possible elle ajouta que ses parents l'attendaient dehors. Une manœuvre qui fonctionna à la perfection. Elle s'était donc détachée d'eux, ce n'est qu'avec un ultime conseil sur la prudence qu'ils la laissèrent partir. D'un pas rapide elle fonça en dehors de la gare. L'objectif à partir de maintenant était simple : Trouver un taxi et un club d'échecs ouvert… Peut-être même un endroit où dormir.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
14 ans
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Assis sur un des sièges vacants face aux quais d'arrivée, je regarde les non-mag' déambuler dans la gare de Montparnasse. Aujourd'hui, la gare est particulièrement animée, bien assez pour que je passe inaperçu autant de temps que je le désire. Je viens suffisamment souvent pour voir la différence. En ce moment, c'est un peu mon chef-lieu, avec les jardins du Luxembourg et le Jardin des plantes, entre autres. Pour certain, les vacances sont propices à prendre du bon temps, pour moi, c'est le meilleur moment pour appliquer ce que j'ai appris pendant l'année et en apprendre davantage. Notamment sur les non-mag' vu que je vis dans la capitale où ils sont le plus nombreux. Et la gare est souvent pleine de monde, prêt à livrer tout un tas de secrets de vie.
Ainsi, je m'imprègne de leur manière de se comporter, j'écoute les sujets de conversation des uns qui attendent leur famille, des autres qui viennent de les rejoindre et s'informe des nouveautés en ville. Mes oreilles sont grandes ouvertes. Quant à mes yeux, ils alternent entre la populace et les mots du livre du jour que je tiens entre les mains. Du Victor Hugo. Mon père me l'a prêté, non seulement parce que c'est un roman intemporel des non-mag' - dont il est tombé amoureux par hasard - et que toutes les générations sont susceptibles de le lire et donc que je me dois d'en connaître un minimum la teneur, mais aussi - et peut-être surtout - pour me créer un écran convainquant entre moi et les autres. Parait-il qu'on est moins dérangé par des conversations intempestives quand on lit. C'est probablement vrai puisque j'ai été très peu dérangé jusqu'à maintenant.
Bien sûr, je ne viens pas tous les jours, sinon je me ferai vite repérer. Un adolescent qui traine seul dans une gare tous les jours - avec une tenue parfois étrange même si je fais de mon mieux -, ça attire forcément la suspicion, notamment des sortes d'aurors non-mag' qui patrouillent et même des habitués qui aiment bien refourguer des trucs louches. Les deux m'ont d'ailleurs abordé à une semaine d'intervalle. Ceux qu'on appelle à priori policiers - j'ai posé la question à Chappie en rentrant, elle en connait un rayon sur eux - m'avaient demandé ce que je faisais tout seul. J'avais dû leur dire que j'habitai à côté et que j'attendais de la famille. Face à leurs regards insistants, j'avais dû choisir la première famille arrivant pour m'en approcher et feindre de les connaître. En réalité, je leur avais juste demandé l'heure avec un grand sourire et était sorti de la gare à leur côté. Pour le type louche, il s'était assis à côté de moi en me proposant un petit boulot bien payé. Je l'ai remercié en lui disant que le policier un peu plus loin était mon père. Il ne s'est pas attardé. Hormis ces évènements, j'ai été tranquille.
Je suis donc particulièrement surpris quand j'entends mon nom tout haut avec une voix qui me semble familière. Mes yeux se détachent brusquement de mon livre à la recherche du propriétaire de la voix et je trouve trois policiers à quelques mètres de moi. Mais ce n'est rien en comparaison de ma surprise de voir qui ils retiennent. Princesse Fleury ! Que fais-t-elle là ? Et encore plus intriguant, pourquoi mon nom est le premier qui lui ait venu à l'esprit ? J'observe de loin la scène, prêt à intervenir si besoin. Malgré la complexité de mon ressenti que j'ai pour cette fille, pas question de laisser une sorcière entre les mains de non-mag'. Elle s'en sort néanmoins sans mon aide et je la vois filer seule vers la sortie de la gare. A la bonne heure, elle a surement encore fugué. J'hésite à la rejoindre. Je vois mal comment elle se débrouillera toute seule dans une ville pareille. Je repense à la montre qu'elle m'a donné en secret il y a près d'un mois, et qui est toujours en cours d'expertise avec mon oncle bulgare. Elle se mêle beaucoup trop de ce qui ne la regarde pas...
Je soupire, range mon livre dans mon sac à dos et me dirige vers la même sortie qu'elle. Je la trouve de dos en train de chercher un taxi.
- Je ne savais pas que j'avais une Pénélope Vaillant dans ma famille, lui dis-je en arrivant à sa hauteur. Mon oncle ou moi devons vraiment occuper tes pensées pour que ça soit le premier nom qui te vienne, continuai-je avec un sourire narquois. Laisse tomber le taxi, je te ramène chez moi.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
L'effervescence rend la recherche difficile. Lorie à beau voir un tas de taxi un monde fou se jette sur eux avant même que la petite blonde ne puisse les aborder. Prise au loin dans la folie des départs et des arrivées la Cannoise observe et attends qu'un des véhicules soit libre. Une voix la sort de ses recherches, une voix qu'elle connait, Aussitôt Lorie se retourne doucement vers celle-ci. De toutes les possibilités il fallait qu'elle rencontre celui-là ? Vraiment ? Si la petite blonde ne perd pas face elle lui accorde tout de même un sourire.
« Bonjour Vaillant... Dit-elle calmement avant d’ajouter sur un ton légèrement provocateur "La politesse, c'est l'art de survivre en société" n’est-ce pas ? »
Alors que son attention est tournée vers le garçon, elle ne répond pas à ses paroles sur l'occupation de ses pensées. Il était juste le moyen de pression pour que sa sœur soit convaincue de l'aider, rien de plus rien de moins, en gros c'était son alibi, normal que son nom soit le premier à venir quand c'est celui-ci même qui lui a permis d'aller aussi loin.
« Très aimable de votre part, mais je ne suis pas l’une de vos gourgandines que vous pouvez ramener chez vous grâce à votre petit sourire de fripon. Lorie marqua un silence puis ajouta. Je préfère prendre un taxi. Au-revoir Vaillant, un plaisir comme toujours… »
C'était faux, ce n'était pas un plaisir, pour dire vrai c'était la dernière personne qu'elle avait envie de croiser, un menteur, manipulateur et hypocrite. Son air apparaissait comme bien plus sérieux que la dernière fois et il y avait une lueur de détermination dans son regard azur bien plus conséquente, alors qu'elle tournait les talons pour se mettre en marche vers le parking. Devant l'état d'urgence, impossible d'attendre une voiture convenable, la première qui serait libre serait la bonne, peu-importe que cela soit une épave ou un carrosse. Il était dommage que la boule pestilentielle ne fonctionne pas sur les sorciers, vraiment dommage. Continuant de marcher d'un pas rapide, Lorie ne s'était pas retournée pour voir s'il avait décidé d'être un ennuyeux garçon ou un quelqu'un de raisonnable. L'important c'était le taxi, il fallait trouver un taxi. Son cœur battait avec force, elle n'avait pas envie d'être méchante avec lui, mais actuellement il n'y avait ni sa mère pour veiller sur son insolence, ni son père ou encore madame Louise. Trois personnes qu'elle ne comptait pas revoir avant un long moment.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Gourgan..quoi ? Je ne sais pas du tout de quoi elle parle et à vrai dire, je n'en ai pas besoin pour comprendre l'idée derrière la phrase. Je ne sais pas ce qu'elle va s'imaginer mais de l'imagination, elle en a clairement beaucoup trop. Je me retiens de ne pas lever les yeux au ciel et lorsqu'elle s'empresse de s'éloigner pour me fuir, je dois me mordre les joues pour ne pas rire. Drapée dans son petit air rebelle, aussi bien habillée qu'à l'accoutumée, elle ressemble encore plus à l'image que je me fais d'une princesse. Et une petite princesse dans les rues de Paris se fera vite dépouiller par n'importe qui. Je le sais et pourtant, je ne fais pas un pas pour la rattraper. Je n'ai pas envie de lui courir après suite sa petite scène. Qu'elle se débrouille.
Toutefois, quand je vois un taxi vide s'approcher de sa position, mon sang ne fait qu'un tour. *Merde*. Je pique un sprint et ferme la porte à la volée avec force quand elle tente de l'ouvrir. Devant le regard interloqué du chauffeur, je me penche à la fenêtre :
- C'est une voleuse, elle vient de me prendre mon portefeuille ! dis-je essoufflé, donnant du crédit à mon mensonge. Je l'emmène aux policiers dans la gare !
Je joins le geste à la parole et saisit Lorie par le bras. Je suis bien plus fort qu'elle, la seule chose qu'elle peut faire c'est crier. Mais en tant que sorcière entourée de non-mag', ça serait très bête de sa part d'attirer ainsi l'attention et de nous mettre en danger. Le taxi n'en demande pas plus et s'éloigne. Sont comme ça les non-mag', ils ne se mêlent que peu des affaires des autres. Les courageux se comptent sur les doigts de la main. Comment leur en vouloir ? Ils n'ont pas la magie pour les protéger.
- Est-ce que je t'ai dit que tu avais le choix ? Je ne vais pas te laisser toute seule dans Paris. Même le plus crétin sait rien qu'en te regardant que tu es une touriste perdue de 13 ans. T'as vraiment aucun instinct de survie.
Je relâche ma prise sur elle. J'espère que mes mots sont suffisants pour la faire au moins hésiter. Ma mère m'aurait dit de la trainer et de la menacer. Je me rappelle encore l'effet de ma dernière menace et ce n'avait pas été très concluant. Mon père, lui, me dirait de faire une négociation. Je n'aime pas faire des compromis mais je n'aime pas non plus courir après les autres. Ce n'est pas mon style. Et je ne sais même pas pourquoi je me préoccupe d'elle. Peut-être que son geste pour Calypso m'a plus ramolli que je le pensai.
- Ecoute, si on y va à pied, on en a pour un moment. Et tu verras des trucs sympas sur le chemin. Le jardin du Luxembourg, le Louvre, ce qu'il reste de Notre Dame. C'est le mieux que je peux te proposer. Je ne te laisserai pas.
Elle est peut-être têtue, mais elle ne connait pas ma détermination. Quand j'ai décidé quelque chose, rien ne m'arrête. J'espère que cette proposition fera consensus ou je devrai employer les méthodes de ma mère. Ce qui lui plaira surement beaucoup moins.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Toujours d'un pas rapide Lorie se dirige jusqu'à voir un taxi a priori complètement vide. Parfait la petite blonde le prendrait sans aucun doute là-dessus, ça serait ce taxi qui l'emmènerait loin de ce garçon. Alors que celui-ci s'arrête à hauteur, Lorie ouvre la porte. Sans comprendre ce qu'il se passe Vaillant s'empresse de la fermer et de parler au chauffeur. Tout était allé si vite. À peine avait-elle eu le temps de dire « comment ? Non mais... » et de comprendre ce qu'il se passait qu'elle sentit l'étreinte sur son bras avant de se faire tirer plus loin. Regardant son taxi partir, sans même l'aider, diantre même pas il avait essayé de comprendre. Lorie essaya tant bien que mal de s'extraire de cette étreinte, en vain. Il avait bien plus de force qu'elle. Celle-ci est tout de même moins brutale que celle de madame Louise, ou pire, son paternel. « Mais ! Lâchez-moi, malotru ! » est la seule chose qui lui vient en tête avant d'écouter l'une de ses sornettes.
Surprise par l’invective de Vaillant, elle le regarde avec des yeux emplis de provocation et d’insolence. Elle pose son regard sur la main qui la retient et d’un mouvement, s’en défait sans trop savoir si c’est elle qui a réussi à trouver la force nécessaire ou si c’est lui qui avait relâché la prise. Une nouvelle fois elle écoute celui qui avait décidé de ne finalement pas être raisonnable, tout en se tenant le bras qui avait subi l’étreinte. Elle ne veut pas de son programme, encore moins passer du temps en sa compagnie, ses manières grossières et ses commentaires ne sont pas les bienvenues.
« La dernière fois que j'eus eu la confiance de vous écouter j'ai pris. Elle s'arrêta un instant pour regarder autour avant de baisser le niveau de sa voix. Une barrière magique. Puis elle reprit son timbre habituel. Maintenant vous osez fermer la porte de mon chauffeur en m'insultant de voleuse et je devrais vous suivre dans vos lieux certes très intéressant, mais qui ne figure pas sur mon programme ni mon itinéraire ? Vous me faites perdre mon temps Vaillant et vous allez me laisser, que signifie ces manières de forban ? Je ne suis ni perdu, ni une touriste ! Mes instincts de survie vont très bien j'ai de quoi me défendre si… »
Elle n'avait pas eu le temps de finir sa phrase que le téléphone donné par sa sœur sonna de façon totalement anarchique à cause de la magie. Elle le sortit de sa poche, elle tapota sur tous les boutons avant de lancer ce même téléphone le plus loin possible, le laissant s'écraser sur le sol avant de voir le verre qui protégeait l'écran et l'écran se rompre sous le choc. Elle pointa son doigt sur Vaillant, prête à lui dire une nouvelle chose, finalement Lorie se contenta d'opérer un demi-tour, prête à lui mettre un coup de pied dans la cheville s'il reposait ses vilaines mains sur elle. Mais on ne pouvait pas vraiment reprocher au garçon de pointer du doigt l'instinct de survie inexistant, c'est ce qu'il lui avait valu une belle retenue de la part de l'oncle de ce Vaillant et une remarque d'Olympe Maxime en personne. Si elle ne lançait pas de maléfice, il avait de la chance que sa baguette soit dans le coffre en or du château, comme il avait de la chance qu'elle ne puisse pas s'en servir à cause de son âge. Lorie ne fit qu'un pas pour s'éloigner avant de s'arrêter. Ce fourbe était capable du pire, elle se tourna vers lui une nouvelle fois.
« Il se trouve où ce jardin du Luxembourg ? » Dit-elle à contre cœur en mettant son ego de côté.
Elle abdiquait pour cette fois, elle savait qu’il aurait quelque chose derrière la tête et qu’il était prêt à faire les pires crasses, de plus il avait clairement plus de force qu'elle, elle venait de s'en rendre compte. Son visage était fermé, on pouvait aisément sentir qu’elle était contrariée.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je la laisse faire son cinéma et s'exciter avec son langage châtié sans broncher. Je me laisse seulement à penser que c'est une très mauvaise menteuse. Un itinéraire ? Mon œil ! Elle est peut-être plus débrouillarde que je ne le pense mais elle n'en reste pas moins une vraie touriste et une proie facile. Quelque chose dans sa poche l'interrompt dans son monologue furieux et je la vois sortir un téléphone de non-mag'. Elle a ça elle ? Plutôt malin de ça part. Enfin, jusqu'à ce qu'elle le balance sur la chaussée où il s'explose. Sacré caractère la princesse. Je contemple son doigt menaçant pointé sur moi en levant mes sourcils pour toute interrogation voyant que la suite ne venait pas. Je me retiens de dire "Ca y'est t'as fini ?". J'ai bien remarqué que ce genre de question avait tendance à énerver les filles plus qu'autre chose. Pour toute réponse, elle se détourne de moi et fait un pas pour s'éloigner. Je me vois déjà employé les gros moyens.
Elle interrompt le nouveau plan qui carbure dans ma tête par sa simple question. J'en suis si surpris que je mets quelques secondes pour répondre. Ai-je réussi à lui faire entendre raison ?
- Pas très loin, à une vingtaine de minutes à pied, finis-je par dire, une fois la surprise passée. Viens.
On se met en route vers le jardin qui finalement n'est pas tout à fait sur ma route. Je suis obligée de faire un léger détour pour l'y emmener. J'aurai aussi pu l'emmener dans n'importe quel jardin sur la route et prétendre que c'est le jardin du Luxembourg, après tout elle ne connait pas Paris. J'avoue que cette idée m'a fortement traversé l'esprit. Mais elle n'a déjà pas confiance en moi, à raison, alors je préfère faire cet effort pour qu'elle ne file pas n'importe où en découvrant que je lui ai menti car je ne doute pas qu'elle soit suffisamment maligne pour s'en rendre compte d'une manière ou d'une autre.
Au bout d'une dizaine de minutes à déambuler en silence dans les rues de Paris, je finis par rompre le silence.
- L'autre fois, je protégeais ma mère et moi-même. Aujourd'hui, qu'il t'arrive quelque chose ou non, ça ne changera rien pour moi ni pour ma famille. Je ne crains aucune répercussion. Alors pourquoi je te mentirai ? Ça ne me servirait à rien.
Je ne regrette absolument rien de ce qu'il s'est passé mais elle me dépeint d'une façon si négative que quelque chose en moi a envie de se justifier. Je m'efforce de plaire aux autres et il est vrai qu'avec elle, les choses ne se sont pas tout à fait déroulé comme prévu. La faute à ses idées stupides d'évasion aussi.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie reste plus ou moins docile et se mit en route quand celui-ci lui indiqua le chemin. Marchant à ses côtés elle restait silencieuse, mais se dit que si elle se mettait à courir elle aurait peut-être le temps de filer. Le problème était de taille, puisqu'il se mettrait sans doute à la courser, même si elle courait avec un bon rythme elle n'était surement pas assez sportive pour le dépasser à la course. Elle était bien obligée de le suivre pour le moment, même si elle ne voulait qu'une chose, sauter dans le premier taxi qu'elle croiserait et foncer pour l'aéroport afin de prendre le premier avion qui serait en mesure de décoller. C'est toujours plus ou moins agacée qu'elle écouta Drian qui avait trouvé intéressant de rompre de silence qui s'était instauré. Elle ne répondit pas, se contentant de suivre. Chose bien plus importante, la fatigue commençait à s'installer, et si elle diminua le rythme c'est surtout la fraîcheur qui venait ronger légèrement ses os.
Elle s'arrêta devant une boutique pour vérifier s'il y avait quelque chose de chaud, rien de tel, que des tenues d'été qui ne l'intéressait pas. De surcroit rien dans lequel elle serait à l'aise. Elle se souvenait que c'était une chose importante qu'elle avait appris en cours. Il lui fallait donc quelque chose qu'on lui aurait sans nul doute forcer à porter. Elle s'arrêta devant une autre boutique, comme la première, rien ne ressemblait de prêt ou de loin aux tenues que l'on choisissait pour elle. Elle regarda Drian et se sentit obligée de se justifier pour donner suite à ce second arrêt.
« J'ai froid... Dit-elle calmement avec une sorte d'air boudeur ou de mécontentement. Il ne me serait rien arrivé. Ajouta-t-elle pour revenir sur les dires qu'avait prononcé le garçon un peu plus tôt. Comme il ne me serait rien arrivé si j'étais montée dans ce taxi... Si ça ne change rien pour vous qu'il m'arrive ou non quelque chose pourquoi tout ce numéro à la gare ? »
Devant la pauvreté de la vitrine Lorie se remit en route. Il était loin son jardin, trop loin. Tout ce qu'elle voulait, c'était de la tranquillité, une idée lui vint alors. Pourquoi elle ne s'arrêterait pas pour manger quelque chose et refaire le plein d'énergie ? Elle regarda les alentours, pointa le premier truc qui serait susceptible de lui servir à manger.
« On va là-bas avant. »
Puis elle se mit en route, d'un pas rapide, ne prenant pas la peine de regarder si Drian suivait. Lorie ne faisait pas vraiment attention aux voitures qui passaient, si bien qu'elle se retrouva finalement à marcher sur la route après s'être écartée lorsqu'elle croisa un groupe de passant. La seule chose qui la força à se retourner ce fut lorsqu'elle se fit agresser par l'avertisseur sonore d'une voiture. Ne comprenant pas vraiment, elle vit le chauffeur s'énerver au travers de la vitre. Elle mit tout de même un petit coup de pied dans le pare-chocs lorsqu'elle entendit ce qui semblait être une grossièreté à son égard.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Elle ne me répond pas. A la place, elle entame un drôle de manège en s'arrêtant devant une, puis deux boutiques. Je l'observe avec suspicion. Essaie- t-elle de me jouer un mauvais tour ? Elle a dû se rendre compte de mon regard car elle tente une justification qui ne me convainc pas complètement. Après tout, elle aime s'enfuir. Pourquoi ? Ça c'est une autre bonne question que je ne lui poserai pas maintenant. Elle pose d'ailleurs elle-même une question que j'aurai préféré qu'elle garde pour elle. C'est une habitude chez elle que de mettre les pieds dans le plat ? Je n'ai pas envie de lui répondre tout simplement parce que je n'ai pas envie d'y réfléchir. Je n'ai pas la réponse et cela m'embête un peu trop. N'empêche que je dois quand même trouver une excuse potable si je veux qu'elle me suive sans broncher, et une qui pourrait lui plaire un minimum de préférence, peu importe si c'est vrai ou pas.
- Les non-mag' peuvent être imprévisibles et je ne suis pas certain que tu saches où tu mets les pieds à Paris. Je préfère veiller sur toi, dis-je finalement après une minute de réflexion.
J'ai pris soin de choisir mes mots mais de toute façon, je ne suis même pas sûr qu'elle m'ait écouté, elle s'est déjà lassée de son lèche vitrine et s'est remise en marche. Je la suis, un peu agacé. On ne va pas du tout dans la bonne direction. Et puis, voilà qu'elle veut manger ! Alors que j'avais prévu qu'elle me suive là où je le voulais, je me retrouve on ne sait comment à la suivre selon ses caprices. Comment en suis-je arrivé là ? Elle a retourné la situation sans même que je m'en rende compte. Mais ça ne va pas durer, certainement pas ! Tandis que je m'apprête à la rejoindre pour le lui signifier, elle fait un truc des plus stupides. Elle décroche sur la route et ce qui doit arriver, arrive. Un véhicule non-mag' la klaxonne et la frôle. Ça aurait pu s'arrêter là, mais l'inconsciente met un coup de pied dedans...
La voiture s'arrête brutalement et l'homme à l'intérieur en sort. Il a l'air furieux. *Idiote !* Une énorme envie de la laisser se débrouiller et d'assumer les conséquences de ces bêtises me tiraillent. Mais après l'excuse que je viens de lui donner, je me suis coincé tout seul. Elle pourrait détruire ma réputation à Beauxbâtons. En d'autres circonstances, je l'aurai abandonné là. Elle l'aurait bien cherché ! J'inspire profondément, avance droit sur eux tout en réfléchissant à mille à l'heure. *Trouve une stratégie, trouve une stratégie, vite*. Je me place devant Lorie au-même moment où le non-mag' arrive sur elle.
- Dégage de là gamin !
Je lève les mains en signe d'apaisement.
- Je suis vraiment désolé monsieur, je ne peux pas. C'est de ma faute, j'ai énervé ma petite amie et elle s'est vengée sur votre voiture, dis-je. Je sais, je sais, ce n'est pas une raison, elle avait complètement tort de faire ça, c'est stupide, j'enchaine alors que je vois l'homme prêt à surenchérir. Je vous rembourserai si elle a abimé quelque chose, envoyez-moi votre note au 1er rue de Rivoli. Mes parents paieront.
Le conducteur me regarde, puis observe Lorie, toujours avec une mine furieuse. Puis, il doit se rendre compte à nos tenues soignées qu'on ne doit pas manquer d'argent. Un sourire un coin étire ses lèvres, l'appât du gain a fonctionné. J'ai misé là-dessus au vu de son comportement. Tous les conducteurs n'insultent pas et ne s'arrêtent pas au milieu de la rue pour s'en prendre à une adolescente. J'ai flairé le type, merci mes heures d'observation.
- Ok pour cette fois mais tiens mieux ta copine ! Je t'envoie la facture !
Cool. Un misogyne en plus d'un cupide. Lorie a sorti le gros lot. S'il savait qu'une sorcière pouvait le ratatiner en un clignement de yeux, il ne tiendrait pas ce genre de discours. Je lance un regard en coin à la sorcière, suffisamment expressif pour qu'elle comprenne qu'elle ne doit rien dire.
- Oui, encore désolé, je la garderai à l'œil ! Bonne journée Monsieur.
Une fois que le gars est retourné dans sa voiture et a redémarré, je me tourne vers Lorie avec un regard éloquent. Pas besoin de lui dire qu'elle n'a vraiment aucun instinct et qu'elle est incapable de se débrouiller toute seule, elle doit bien s'en rendre compte toute seule.
- On continue d'avancer. Tu mangeras chez moi si tu as faim.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Toujours le regard insolent elle observait le non-magique assez stupide pour sortir de sa charrette. Elle était prête, s'il voulait la bagarre il l'aurait, mais pas par la force. Elle détruirait ce forban assez stupide pour insulter une enfant. À peine elle avait le temps d'ouvrir la bouche que Vaillant s'était mis entre elle et le chauffeur véhément. Sans rien dire elle refermât la bouche. Elle affichât une sorte de grimace désapprobatrice lorsqu'il affirma sans le moindre scrupule que Lorie était sa petite amie. Qu'est ce qui lui prenait non de dieu, Lorie ? Une de ses gourgandines ? Si la petite blonde ne relevât pas tout cet amas de mensonges c'était pour voir à quel point le manège du garçon pouvait marcher sur le non-magique. Perdu un peu dans ses pensées Lorie revient sur sa réponse. Il préférait veiller sur elle. Si ça sonnait juste, surtout après cette intervention des plus chevaleresques ou presque, la dernière fois qu'il avait joué les baby-sitters ça ne ce n'était pas spécialement bien passé, bien que la blonde ait décidé de l’aider pour l’abraxan. Elle était comme ça, gentille et se préoccupait des autres. Lorie observait le conducteur, pauvre de lui avec sa petite voiture pitoyable... La petite Cannoise réouvrit la bouche, elle avait une envie irrésistible de le provoquer, néanmoins elle se ravisa en regardant Drian.
Lorsque celui-ci se tourna, elle ne pouvait que remarquer son regard. Bien sûr elle se serait débarrassée de ce non-magique en quelques instants, utilisant une boule si cela était nécessaire, mais elle n'avait pas eu à le faire. La fatigue se faisait ressentir de plus en plus, si bien que Lorie n’avait qu’une envie, s’assoir. Son corps semblait vouloir choir, ses jambes étaient lourdes et sa respiration s'apaisait. Un peu gênée, Lorie n'accordera qu'un « D'accord » prononcé avec douceur et calme. Tandis qu'elle suivait son camarade d'école, d'un pas similaire au rythme de celui-ci, elle finit par remonter à sa hauteur. Elle lui accorda un regard et brisa le silence.
« Je suis navrée Vaillant… J’ai… »
Seuls mots qu'elle prononce avant de se placer derrière lui à nouveau sans finir sa phrase, cela importait peu qu’elle se justifie. Peu à peu elle retrouvait le sourire et sa joie habituelle. Le temps fait des miracles et il en faut peu de ce temps pour que Lorie retrouve sa joie de vivre, surtout que ses parents étaient loin d’elle ainsi que leurs règles. La Belgique aurait été bien plus intéressante, mais Penny était partie en vacances avec ses parents, alors, cela ne servait à rien de fuguer là-bas. Lorie s'émerveilla alors devant tout ce qui pouvait passer sous ses yeux, architecture, boutiques qu'elle regarde de loin sans s'arrêter et bien sûr les restaurants qu'elle ne peut s'empêcher d'envier très fortement. L'odeur qui s'en dégage parfois est appétante, mais si elle s'arrêtait Vaillant la tirerait encore par le bras. Chose qu'elle n'aimait pas forcément, surtout qu'il avait de la force c'était indéniable. Il était vrai que tout cela était un peu nouveau pour elle, elle n'avait jamais réellement vue autre chose que la croisette, surtout qu'elle se contentait de suivre sa mère comme si elle était son ombre. Lorie ressentait de plus en plus la fatigue, elle était apparue comme une ennemie qui venait jouer avec elle. Il fallait dire que la blonde n'avait pas du tout l'habitude de marcher autant, et encore moins de passer autant de temps dans les transports non-mag'. C'était comme si leurs véhicules aspiraient toute l'énergie du corps. Pour contrer un peu les sensations désagréables elle se mit à marcher en sautillant. Bien qu'elle semblât joyeuse et à nouveau d'une certaine innocence, elle restait méfiante avers son camarade, après tout il ne fallait pas oublier qu’elle n’avait pas pu prendre son taxi à la gare par sa faute. Prête à s'échapper, si cela se passait il devrait courir vite, très vite.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
La sorcière me suit sans broncher. Voilà une difficulté de moins à gérer. Même si je suis devant elle, je lance régulièrement des regards au-dessus de mon épaule pour être certain qu'elle ne me fausse pas encore compagnie. Elle se met à ma hauteur pour me lâcher quelque mot sans aller au fond de sa pensée avant de se remettre derrière moi. Je me demande qu'elle excuse elle voulait donner mais je n'aurai pas la réponse. Elle préfère à priori en rester là et je n'insiste pas. Le reste du voyage se passe en silence entrecoupé par quelques mots lorsque je lui montre le Louvre devant lequel on passe ou pour le présenter une ou deux rues importantes de Paris. Je continue de la surveiller tout le long du trajet et son sourire ne m'échappe pas. Après tout ça, elle semble néanmoins heureuse. Quelle drôle de fille.
Après une bonne heure de marche, voire plus, la sorcière trainant de plus en plus des pieds, nous pénétrons dans l'une des plus belles voies de Montmartre, la Villa Léandre. Des maisons au style anglo-normand habillent la voie de part et d’autre, et la parent de nuances colorées et d'une végétation tantôt dense, tantôt plus discrète. Je me dirige vers le portail d'une maison à la façade de brique rouge, un corbeau en onyx se tient droit sur le promontoire encadrant le portail de fer noir, telle une sentinelle aux aguets. Ce qu'il est vraisemblablement. Son œil de pierre cligne discrètement en me voyant et un cliquetis retentit. Le portail est ouvert.
Je pénètre dans la petite cour puis j'ouvre la porte de la maison et invite Lorie à me suivre. A peine avons-nous fait trois pas dans le vestibule qu'une elfe vient vers nous en trottinant et l'air ravie.
- Monsieur Drian ! Vous avez fait de bonnes découvertes aujourd'hui ? C'était... Oooh, s'exclame-t-elle d'un seul coup, les yeux écarquillés et le souffle court. Je suis son regard effaré. Elle semble avoir tout juste remarqué que je n'étais pas seul.
- C'est une sorcière Chappie, ne t'inquiète pas. Je vois l'elfe reprendre sa respiration et se détendre instantanément. Et oui, j'ai appris des choses. Rien de bien plaisant. Est-ce que tu voudrais bien nous préparer un petit quelque chose à manger, s'il te plait ?
- Chappie est désolée que ça n'ait pas été plaisant, dit-elle d’un ton contrarié avant que son visage redevienne enjoué. Bien sûr ! Chappie va vous préparer des croque-monsieur ! Voulez-vous que Chappie prévienne votre père de votre retour ? Il est encore au Ministère mais il souhaitait passer du temps avec vous à votre retour.
Je jette un coup d'œil à Lorie. J'imagine que dès que mon père reviendra, il contactera ses parents. Ce qui est tout à fait normal. Par charité, et pour continuer à retrouver grâce à ses yeux, je lui laisserai au moins le temps de manger et de se reposer un peu. Je ne pourrai pas faire trainer les choses éternellement de toute manière, mon père rentrera quoiqu'il arrive. Par chance, Natacha n'est pas là et ma mère étant très occupée au haras, ne rentre pas de la semaine. Je n'ai donc que mon père à gérer. Quelle veinarde cette Fleury.
- Ne le préviens pas tout de suite. On va manger avant.
La petite elfe acquiesce et file en dehors de notre champ de vision. J'entraine Lorie jusqu'à la grande salle dans laquelle trône une cheminée dont l'âtre laisserait aisément passer un homme. Un grand canapé et des fauteuils de cuir sont disposés de l'autre côté de la pièce, entourant une table basse. La pièce est spacieuse, finement décorée mais pas ostentatoire.
- Je t'en prie, assied toi. Chappie ne va pas être longue.
Ce qu'elle ne fut effectivement pas car à peine une poignée de minutes plus tard que je passe à contempler Lorie en silence, elle vient nous servir de délicieux croque-monsieur. Je la laisse croquer dans son repas improvisé avant de poser finalement la question que je m'étais refusé à poser depuis le début, ma curiosité l'emportant finalement sur ma ligne de conduite que je me suis pourtant fixé.
- Pourquoi est-ce que tu passes ton temps à t'enfuir ?
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le petit tour improvisé était des plus plaisants, on ne pouvait en aucun cas ne pas le voir. Lorie semblait radieuse et émerveillée par tout ce que lui montre son camarade. Sa ville natale était décidément bien intéressante. Bien sûr elle y était déjà allée, mais jamais elle n'avait pu visiter les rues ou encore les points d'intérêts. Elle se contentait de suivre ses parents dans les palaces, les appartements somptueux ou autres lieux qui ne permettait pas à la seconde fille des Fleury de profiter. C'était le cas pour toutes les villes où elle allait, sauf peut-être Monaco bien qu'elle arpentât rarement les rues, restant principalement sur des yachts ou marchant d'un appartement à l'autre. Si elle profitait comme jamais elle avait eu à le faire, la fatigue était bien traitresse, trop traitre. Finalement, elle était contente d'arriver dans un lieu où elle pourrait possiblement se reposer. La maison était belle, néanmoins elle était bien loin des lieux qu'elle avait l'habitude de fréquenter. Ça la changeait, ce n'était pas désagréable loin de là. Les briques rouges rendaient le lieu presque mystérieux surtout couplé à la végétation. Décidément bien loin de ce que Lorie peut arpenter. Alors que la blonde observe le corbeau cligner de l'œil, elle affiche un sourire amusé.
Se faufilant derrière Vaillant, elle le suit avec un peu d'inquiétude. C'est bien la première fois qu'elle va chez quelqu'un seule. A peine rentrée qu'elle vit une elfe saluer son camarade et arrêter sa phrase. Elle la salua discrètement, sans oublier une révérence polie et un sourire radieux. Oh il s'en souvenait ! Il se souvenait qu'elle avait faim. Décidément il pouvait être bien gentil derrière son air renfermé. Un quoi ? Un croque-monsieur ? Si l'envie de demander ce que c'était fut grande Lorie se retient, elle le verra bien assez tôt. La discussion qui suit ne l'intéresse pas vraiment, ainsi elle se perd dans ses pensées tandis qu'on l'invite finalement à s'asseoir. Toujours dans une posture très solennelle elle reste silencieuse un peu gênée toutefois par la situation. Lorsque l'elfe revient avec le croque-monsieur Lorie le remercia et se mit à observer avec attention le sandwich, ne se rendant pas compte que le fond de sa pensée fut véhiculé par la même occasion. « C'est donc cela un croque-monsieur... » Elle continue de le fixer comme si elle avait découvert quelque chose, un secret ou encore une sorte de merveille. Tandis qu'elle regarde s'il y a des couverts en les cherchant elle se rend compte qu'elle devra utiliser ses doigts. Encore une première pour la sorcière qui n'était pas habituée à cela, du moins elle n'avait pas l'habitude d'utiliser autre chose que des couverts et cela pouvait aisément se voir à sa façon d'essayer de comprendre par où il fallait attraper le repas. Finalement, après une bonne minute ou deux, elle croqua dans celui-ci. Une question fuse vers elle et manque de s'étouffer. Prenant le temps de finir ce qu'elle avait en bouche afin de ne pas parler la bouche pleine elle semblait un peu paniquée par la question.
« Co…Comment vous… Qui vous dit que je ne suis pas en vacances ?… » Mais devant l’évidence son corps se relâcha elle regarda Vaillant puis lui expliqua.
La vie au domaine était loin d’être idéale, le rythme des cours, la rigueur constante, les règles. S’il y avait une chose à retenir, de ce qu’elle avait pu dévoiler à son camarade c’était que Beauxbâtons était un lieu bien plus relaxant et bien plus permissif que le château Fleury. Quand elle eut fini son assiette elle remercia Vaillant pour celle-ci et demanda où la déposer. Une fois débarrassée, elle allongea son corps comme elle pouvait, regardant Vaillant. Elle s’était passée de demander son autorisation pour s’allonger, elle espérait peut-être que sa passe inaperçue. Elle restait cependant suffisamment en éveil malgré la somnolence.
« Je voulais aller en Belgique pour voir Penny, mais elle est en vacances… »
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je la regarde tranquillement tandis qu'elle déglutit sa bouchée, je ne suis pas pressée. La réponse vient finalement au travers d'une autre question à laquelle je réponds par un haussement de sourcil ironique, pas dupe pour un liard. A qui allait-elle faire croire ça ? Surtout après ce qu'il s'était passé un mois plus tôt au domaine du Périgord. Quand on souhaite mentir, on met les formes et le fond. Heureusement, elle comprend vite que son mensonge ne passera pas avec moi et change discours. Elle me raconte alors toutes ses misères, se livre presque comme un livre ouvert. C'est ce qu'il me semble en tout cas. J'ai si peu l'habitude de parler de moi que j'ai l'impression que Lorie vient de me révéler pleins de secrets d'état. Les gens ont tendance a beaucoup trop en dire, je trouve. Tout en l'écoutant d'une oreille, je mange mon croque-monsieur avec plaisir. Je décroche un peu parfois, plus concentré sur mon en-cas que sur les explications de la sorcière. C'est que Chappie a vraiment un don. C'est trop bon ! J'ai retenu toutefois l'essentiel, du moins je le crois : elle est une princesse dans une jolie cage dorée qui ne supporte plus sa cage.
Une fois que l'on a tous les deux finis, Chappie vient récupérer les assiettes discrètement, et me lance un regard au passage. Je n'ai pas besoin de mot pour comprendre et j'acquiesce. Il est temps de prévenir mon père. Elle repart alors sans un bruit. Si tous les humains avaient autant de savoir-vivre que cette elfe, le monde s'en porterait nettement mieux. Entre temps, Fleury s'est allongée et je constate qu'elle me regarde. Avec elle, par contre, il est plus compliqué de savoir ce qu'elle me veut. Ce n'est pas en la fixant droit dans les yeux que je parvins à la déchiffrer. Finalement, elle a juste envie de discuter.
- Penny ? Je me surprends à demander.
Je me serai bien abstenu de l'interroger sur qui était Penny pour éviter de l'encourager sur des sujets ennuyeux, mais elle en parle d'une telle façon que j'ai l'impression qu'il s'agit d'une connaissance commune. Or, je ne connais aucune Penny. Elle m'explique et nous échangeons encore quelques mots, moi plus par politesse qu'intérêt, jusqu'à ce que la cheminée s'embrase d'un seul coup. Mon père en sort et pose un regard sur notre duo atypique. Il ne semble aucunement surpris de la présence de Lorie. Chappie a dû le prévenir de ça aussi. Tiens, d'ailleurs, elle se précipite pour le saluer et lui demander s'il a besoin de quoique ce soit. Une fois repartie, mon père s'approche de nous. Je me lève pour le saluer.
- Bonsoir Drian, Mademoiselle... ?
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Il était confortable ce sofa sur lequel elle avait élu domicile, si elle regardait aussi la pièce dans laquelle elle était confortablement installée, elle pouvait aisément voir que la pièce en question devait faire la taille de sa chambre, peut-être un peu plus grande ? Pour une raison un peu inconnue elle lui explique qui est Penny. Nul autre que Pénélope, la tour qu’elle avait rencontré en décembre dernier, celle qui était sans nul doute la plus proche d’elle après ses sœurs. Bien qu’elle fût juste loquace comme il fallait, elle ne savait pas si c’était encore une de ses façons polies de rompre le silence, ce garçon était difficile à cerner, peu expressif. Mais c’est bien lui qui avait posé la question, il ne fallait pas s’étonner d’avoir une réponse à celle-ci. La blonde observait toujours son camarade, piquant un peu du nez par moment. Elle n’arrivait pas à déterminer si elle l’appréciait ou tout simplement pas. Peut-être une sorte de zone grise, un juste milieu entre les deux. Ce n’était pas vraiment important, finalement, elle ne passe pas de temps avec lui, ne connaissait son existence que par les bruits de couloirs. Bien sûr elle l’avait déjà croisé à l’académie, mais ils n’avaient jamais échangé.
Le cœur de Lorie ne fit qu’un tour lorsqu’elle vit la cheminée s’allumer. Son corps se releva aussitôt pour reprendre une posture droite. Il s’était même levé. Debout Lorie, se remettait de sa frayeur, son cœur qui battait au-delà des cent quatre-vingts battements par minute, avait du mal à se calmer. Ses yeux ronds trahissaient une surprise qu’elle tentait de dissimuler. tandis que ses mains s'étaient jointe devant son corps.
- Bonsoir Drian, Mademoiselle... ?
Elle regarda l’homme qui venait d’arriver. Puis finit par rompre son silence.
« Bonsoir monsieur… Je suis Lorie Fleury, une camarade de mons…De votre fils… Enchantée. »
]Sa voix restait douce même si son débit de parole était plus rapide que d'habitude. Elle avait presque fait un lapsus en utilisant « monsieur » pour parler de Drian. Elle avait même enchaîné avec une sorte de déduction, même si elle n'avait aucune idée du lien de parenté qu'il avait avec petit Vaillant. Mais il était quand même sacrément plus probable que ça soit son père. Elle avait accompagné tout ça de la petite révérence respectueuse. Sa somnolence s'était totalement évaporée depuis l'arrivée de l'homme en question. Elle ne savait pas vraiment si elle était la bienvenue ici, elle était prête à courir vers l'extérieur si nécessaire. Regardant la porte de sortie par moment.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
En entendant la voix hésitante et précipitée de Lorie, je me retourne vers elle. Son corps droit, son débit rapide, ses coups d'œil vers l'endroit supposé de la porte d'entrée, tout ça m'amène à conclure qu'elle est plus que nerveuse. Pas besoin d'être très observateur pour le remarquer, un simple coup d'œil suffit. C'est flagrant. Elle peut bien se moquer de moi lorsque je suis avec Calypso, sa maitrise d'elle-même est également tout sauf parfaite. Et si moi je l'ai remarqué, mon père qui lui est resté imperturbable, ne le manquera certainement pas.
- Allons Mademoiselle Fleury, détendez-vous, je ne vais pas vous manger, dit-il avec un sourire aimable, faisant écho à mes pensées. Et si vous m'expliquiez ce que vous faites ici ? demande-t-il en prenant lui-même place sur l'un des fauteuils.
Je me rassoie à mon tour et fais un petit signe de la main à la sorcière pour qu'elle fasse de même. Manquerait plus que je doive lui courir après dans ma propre maison. Ce serait d'un ridicule... Une humiliation que je ne serai pas près d'oublier si jamais ça arrivait. Une fois qu'elle pose à nouveau ses fesses sur le canapée, je me charge d'expliquer la situation, tout du moins la partie qui me concerne. Charge à elle de finir les explications avec sa fugue ou non.
- Je l'ai trouvé à la gare Montparnasse toute seule. Elle ne semblait pas très à l'aise avec les non-mag et... perdue, alors je l'ai amené ici.
En parlant, je me rends compte que mon explication est un peu bancale. Un peu comme mes raisons, finalement, de vouloir à tout prix garder un œil sur elle et à la ramener ici. J'ai eu beau servir une excuse un peu plus tôt à l'adolescente, je n'arrive même pas à savoir la part de vérité dans tout ça. Je ne rajoute rien et évite le regard de mon père. Je ne peux donc pas voir le pétillement dans ses yeux. Je ne peux qu'entendre sa voix qui s'adresse à la sorcière.
- Quelle est votre version, Mademoiselle Fleury ?
Cette fois, c'est à mon tour de me raidir. Lorie est trop imprévisible pour que je sache à quoi m'attendre et je crains que sa version ne me porte préjudice d'une manière ou d'une autre. Je n'ai pas menti à mon père, tout du moins j'ai donné mon interprétation de la situation. Si elle ment, il le saura probablement. Mais le fera-t-elle ? Et sinon, quelle serait sa vérité pour expliquer sa présence ici ? Je ne suis pas certain qu'elle osera parler de sa fugue mais connaissant mon père, ou plutôt imaginant bien ce que n'importe quel adulte ferait, qu'elle le dise ou non, il est clair que la maison des Vaillant sera son terminus. Malgré ma tension, je tente d'afficher un flegme comparable à celui de mon père. De toute évidence, j'ai encore des progrès à faire.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Se calmant relativement rapidement Lorie observait le père de Drian. Regardant par la même occasion le fils. Comment elle pouvait justifier sa présence ici. Regardant le père s'asseoir, la respiration et les battements de son cœur avaient repris leur normalité. Depuis toute petite on lui apprenait à gérer cela et même si parfois il lui arrivait d'être submergée la plupart du temps elle montrait un contrôle de soi à toutes épreuves, et ce, même si c'était le chaos intérieurement. La blonde prit le temps de s'asseoir à nouveau lorsqu'on lui invita à le faire. Plus elle regardait la situation et plus elle avait l'impression d'être tombée dans un guet-apens. Elle s'en voulait un peu de l'avoir suivi, néanmoins il l'aurait fini par utiliser la force comme avec le taxi, elle en était intimement persuadée. Le regard calme, elle regarda Drian donner sa version. Sans perdre la face elle proposerait la sienne. Ce n'est qu'après un dernier regard envers son camarade qu'elle décida de faire comme lui, l'embellir un peu. Techniquement, elle n'aurait pas à mentir, puis par la même occasion elle ne causerait pas de tort à Drian. Même s'il avait été un sacré chenapan, elle ne voulait pas qu'il ait d’ennuis.
« Je me trouvais à la gare, je recherchais un taxi, lorsque votre fils est venu me voir après m'avoir reconnu. Il m'a très gentiment invité, chose que j'ai accepté. Après m'avoir montré des endroits magnifiques nous sommes venus chez vous. »
Lorie marqua une pause, sa voix était calme et très douce. Elle affichait un sourire joyeux et sincère. Elle se releva lentement, continuant de se tenir droite, son regard azur alternait entre les deux Vaillant. Radieuse était le mot qui pouvait la définir actuellement.
« Toutefois, je ne souhaite pas vous déranger outre mesure, ni abuser de votre hospitalité, il est préférable que je rentre, il se fait tard. »
Lorie avait repris toutes ses habitudes de courtoisie, ses manières ainsi que son calme. Elle fit une petite révérence puis remercia Drian puis son père. C'était la première fois qu'elle l'appelait par son prénom, cela aurait été trop étrange de l'appeler autrement. Il fallait qu'elle parte, son père serait tout à fait en mesure de contacter ses parents et ça serait une catastrophe, d'autant plus qu'à Paris c'était sans nul doute son père qui viendrait la chercher. Le pire qu'il puisse se passer pour elle, surtout devant un camarade de l'académie. Elle avait déjà vécu ça et c'était impensable de le vivre à nouveau.
« Je vous prie de m’excuser. » Finit-elle par dire toujours de ses manières parfaitement parfaite.
Après tout il n'était pas pire que son professeur de conjuration envers qui elle s'était emportée. Ce qui lui avait valu une semaine de retenue pas moins que ça. Alors, si Lorie avait réussi à retrouver son calme devant lui, aucune chance qu'elle le perde à nouveau devant le père de Drian. Elle fit alors quelques pas en arrière, initiant un départ.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je suis quelques peu étonné de la version que donne Lorie. Elle va dans mon sens et embellit même mon explication. J'ai l'impression que mon père est satisfait. Qu'il y croie ou non importe peu, il me semble. Ce qui est dit, et le soutien de la sorcière à mon égard, si on peut dire ça comme ça, lui suffisent. Toutefois, Fleury ne s'arrête pas là où elle aurait dû. Je la vois, à ma plus grande consternation, se lever et avec beaucoup de ronds de jambe, initier son départ. Aucun instinct de survie cette fille... Je jette un regard à mon père tandis que Fleury affiche clairement son envie de s'enfuir, encore. Le sourire aimable de mon père se fait carnassier et son regard est plus dur que ce que je n'ai jamais vu auparavant. Il reste toutefois confortablement assis dans son fauteuil. Sa réponse ne se fait pas attendre.
- En effet Mademoiselle Fleury, il est temps que vous rentriez chez vous, dit-il en insistant bien sur les deux derniers mots. Tout en parlant, il sort un bout de papier de sa poche, ainsi qu'une plume. Vous confondez, Mademoiselle, respect et courtoisie. La courtoisie vous n'en manquez certes pas, après tout, vos parents en sont des adeptes convaincus. Par contre, le respect aurait voulu que vous ne me preniez pas pour un troll. De ce que j'ai compris, c'est une habitude chez vous.
Il s'interrompt le temps de donner son papier qu'il a griffonné à la fée postale qui vient de débarquer d'on ne sait où. " Chez les Fleury ", se contente-t-il de lui dire.
Je sens un frisson me parcourir. Elle l'a vraiment mis de mauvais poil en à peine quelques mots. Je tourne la tête vers Lorie mais je n'arrive pas à capter son regard et je n'ose pas prononcer le moindre mot. Si elle m'avait regardé, elle aurait surement compris qu'il valait mieux qu'elle s'assoit immédiatement.
- Des missives ont été envoyées au Ministère suite à votre disparition. Pensez-vous vraiment que je ne suis pas au courant de votre petite fugue ? Une enfant de 13 ans dans les rues de Paris le soir, seule, et aussi endimanchée, qui plus est sans le moindre contact, vous êtes inconscientes. Heureusement que mon fils vous a trouvé.
Ah ! Qu'est-ce que je disais Fleury ! La bouffée de fierté que je ressens à cet instant ne reste pas longtemps. L'atmosphère est trop tendue pour que ma réjouissance perdure. Je me sens de plus en plus mal à l'aise. Je n'ai finalement pas envie d'assister à ça. Néanmoins, je ne bouge pas d'un pouce. Je l'ai amené ici et suis donc concerné. Mon père me dirait que ce qui arrive en ce moment est de ma responsabilité. C'est toujours ainsi qu'il agit. Alors que je pense qu'il va sortir sa baguette pour forcer Lorie à se tenir tranquille, il se lève et se dirige vers le buffet en nous tournant le dos. Je suis presque certain que la sorcière va en profiter pour filer. Mais si mon père ne fait rien pour l'en empêcher, alors je ne vois pas pourquoi je le ferai également. Toutefois, les mots qu'il prononce sont bien plus dissuasif que le moindre geste.
- Cette maison ne vous laissera pas sortir, Mademoiselle Fleury. Surtout pas contre ma volonté. Comme un écho à ses paroles, les portes à double battant de la grande salle se ferment avec violence. Vos parents ne devraient pas tarder, assène-t-il tranquillement en sirotant le wisky pur-feu qu'il vient de se servir.
Je contemple les portes, bouche-bée. Ma maison serait vivante ? Je ne m'en suis jamais rendu compte. Peut-être est-ce du bluff et que c'est Chappie, dans le couloir, qui a tout entendue et agit ? Mais dans ce cas, qu'est ce qui aurait empêché mon père de tout simplement dire que notre elfe ne la laisserait pas s'enfuir ? La venue de Lorie aura eu le mérite de déterrer quelques secrets que je compte bien creuser une fois qu'elle sera rentrée chez elle. Je pense que cette idée la réjouit beaucoup moins que moi. J'ai du mal, toutefois, à ressentir la moindre pitié pour elle. Elle a pris mon père pour un imbécile, et elle en avait fait de même avec moi un mois plutôt. Chose que mon père semble savoir, ma mère l'ayant surement mis au courant. Elle cherche clairement les problèmes. Je suis certain que c'était le moment de dire la vérité, mon père aurait été bien plus enclin à lui laisser un peu plus de la liberté qu'elle cherche.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le calme qu'elle avait fini par retrouver était sacrément malmener. Non seulement on lui faisait un procès d'intention, mais en plus elle était traitée comme une menteuse. Elle n'avait en rien menti, c'était lui qui n'avait pas été assez précis dans sa question, peut-être s'attendait il a ce qu'elle raconte toute son épopée ? Le souffle coupé Lorie regardait l'homme, son visage était neutre, la tension qui parcourait son ventre était d'une telle intensité qu'elle ne pouvait en aucun cas l'ignorer. Si elle se fichait de ce qu'il pouvait bien penser d'elle, elle se fichait beaucoup moins de ce qui pourrait arriver. Mais ce qui était bien plus surprenant c'était les missives envoyer. Ses parents n'auraient pas fait une chose comme cela, une telle chose risquait de porter atteinte au nom des Fleury. Impossible, la seule qui pourrait être en mesure de le faire était madame Louise, ça ne pouvait pas être quelqu'un d'autre. La blonde regarda Vaillant junior, il avait l'air sacrément satisfait, un peu trop à son goût. L'adolescente n'avait pas bougé d'un pouce, elle s'était figée comme une statue, laissant les autres faire leur numéro d'intimidation.
« Soit… Mais loin de moi l'idée de vous prendre pour un troll monsieur. Dit-elle calmement malgré le chaos qui régnait en elle. Votre intimidation est inutile… Lorsque l’on y est habitué ça perd de son charme et de son impact. » Finit-elle par dire lorsqu’elle vit les portes claquer avec violence.
Prenant place sur le canapé, Lorie fixa la cheminée, elle savait que son père allait finir par débarquer et quand ça serait le cas tout serait terminé. Pourquoi cela devait finir comme ça ? Pourquoi Penny n'était pas chez elle. Inspirant profondément, la blonde essayait de se calmer, mais ses mains tremblaient sans vouloir s'arrêter. Ses jambes aussi, la tension avait pris la place à une grande peur. La douleur dans son abdomen était terrible, si bien qu'elle fermait par moment les yeux pour essayer de se concentrer sur autre chose, murmurant de façon à peine audible des positions d'échecs pour essayer de se calmer tout en les visualisant. Les minutes étaient longues terriblement longue, les secondes semblaient s'étirer à l'infinie. Mais ce qui devait arriver finissait toujours par arriver. La cheminée prit vie et elle vit son père en sortir des flammes. Son visage fermé trahissait une profonde colère. Ses cheveux mi-long du même blond que sa fille étaient aussi parfaitement coiffés. Sans même dire bonjour il se rua sur sa fille, l'attrapa par le bras et la tira à ses côtés. Lorie avait eu un petit mouvement vers l'arrière, elle s'attendait à prendre une gifle, mais bien évidemment il ne le fit pas, car ils n'étaient pas seuls. La prise était terriblement douloureuse, on aurait dit une brulure intense. Suffisamment douloureuse pour que la blonde lâche un petit « Aïe » par réflexe.
« Pauvre petite peste ingrate, n'as-tu pas seulement penser au nom que tu portes ? Tu penses que je n'ai que ça à faire de venir te chercher dans un taud... Il s'arrêta un instant il ne pouvait pas dire taudis, pas devant les propriétaires. Tu es la pire des quatre, une bonne à rien imbécile de surcroit. Tu ternis le nom Fleury de ta simple existence, je n'ai pas de mots pour exprimer le dégout que j'éprouve. Terminé les échecs, tu ne toucheras plus une seule pièce de ton existence simplette. Incapable d'atteindre le niveau suffisamment pour être sûre de remporter les championnats de France. À ton âge ta sœur était exposée dans une grande galerie en Allemagne ! Tu es fière d'être une fille stupide et pathétique ? »
« Non père je… »
« Tais-toi, tu parleras quand tu y seras autorisé. Je ne veux pas que tu penses ne serait-ce qu'à produire un son aussi infime soit-il. Il tira sur le bras une nouvelle fois, Lorie bien que secouée restait à côté sans broncher. Le regard en direction du sol, elle n'osait plus croiser le regard de quiconque. C'était pire qu'au début de l'été comme on pouvait s'y attendre. Tu ne rentreras pas à l'académie, depuis que tu y as mis les pieds tu redeviens une insupportable garce, visiblement l'école est trop laxiste pour ton cas. »
« Mais… »
« Tais-toi où je te fais taire, pas un son, il suffit ! Fuguer en dehors du domaine... Tu as de la chance d'être mineur, tu ne mérites pas que je perde du temps en te l'accordant. »
La voix n’était pas criarde mais forte, d’une grande intensité. Sèche et dure avec beaucoup de véhémence. On pouvait aisément voir qu’il était bien plus en colère qu’inquiet. Ce qui était le cas, il se foutait de ce qui aurait pu arriver à Lorie. Toujours serrant le bras rouge de l’adolescente, il tourna son attention vers les Vaillant.
« J'ose espérer qu'elle ne vous a pas posé de problème, je peux vous dédommager pour le temps qu'elle vous aura fait perdre, après tous les non-maj' offres des récompenses lorsque l'on retrouve leurs animaux. »
Lorie se contentait de rester là. Les yeux remplis de larmes ne voulant pas couler. Elle se confortait dans l'idée que cela aurait pu être pire en prenant une gifle. Un peu choquée par la situation elle s'était complètement réfugiée dans une partie d'échecs mentale. Bien qu’elle lorgnait la baguette de son père dépassant légèrement de sa robe. Une envie de la prendre et s’en servir était grande mais ça ne mènerait nul part.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
A la remarque de Lorie, mon père hausse un sourcil et j'en fait de presque de même en levant les deux de surprise. Cette fille n'a pas sa langue dans sa poche. Je ne suis pas certain qu'elle ait conscience de son impertinence. Je me demande d'où ça lui vient ou s’il me manque une pièce du puzzle pour comprendre ses paroles qui sonnent comme hautaines à mes oreilles. Pour autant, personne ne dit rien. Audric Vaillant se contente de boire son verre par petite gorgée, il semble perdu dans ses pensées. Moi, je regarde celle que je suis bien en peine de comprendre. Un environnement strict dans un univers aussi luxueux que le sien valait-il autant de drama ? Et cette façon de se moquer des mises en gardes de mon père ne démontrait-elle pas qu'elle était juste effrontée ? Pour autant, elle fait certaines choses à contre-courant d'une fille pourrie-gâtée : sa montre pour Calypso, son soutien dans mes explications... Plus je réfléchis, et moins je comprends.
Des flammes surgissent dans la cheminée, annonçant l'arrivée sans aucun doute de la famille de Lorie. Ou plutôt de son père uniquement. Je me lève pour accueillir l'homme mais celui-ci fonce sur sa fille pour la tirer par le bras violemment. Sans une salutation pour nous, ni même un regard, il commence à lui passer un savon. Je reste estomaqué par la scène qui se joue devant moi. En fait, ce n'est même pas un savon qu'il lui passe, c'est un tissu d'insultes et d'humiliations, de menaces et de promesses abjectes. Un feu furieux monte lentement en moi. Sa voix me devient insupportable. La rage me tord les boyaux et me donne envie de cogner cet homme, de le faire souffrir et de soustraire Lorie à sa poigne. Je n'ai plus qu'une idée en tête, le faire taire. Je fais un pas en avant mais une main s'abat sur mon épaule et me maintien en place. En levant les yeux, je croise le regard de mon père qui me fait un discret signe de la tête. Sa poigne a quelque chose d'apaisant mais je lui en veux de nous forcer à être de simples spectateurs. Pour ne pas se mettre à dos cet homme répugnant ? Ce genre de type devrait être oublietté et envoyé vivre chez les non-mag' ! Je ne suis certainement pas le genre de gars à vouloir protéger les autres au mépris de ma propre sécurité mais ce que vit Lorie me bouscule au plus profond de moi-même.
Lorsque l'homme daigne enfin reconnaître notre présence, c'est pour insulter encore plus la jeune sorcière. Je lui lance un regard empli de dégout et de haine. Je ne peux pas faire autrement, impossible de garder un visage neutre, c'est plus fort que moi. Mes leçons volent en éclat et je ne m'en veux même pas. Je veux qu'il le voit. Mais il ne me regarde pas, il en a probablement rien à faire. J'espère de toutes mes forces que mon père lui fera payer tout ça. Je ne sais même pas ce qu'il en pense. Contrairement à moi, son visage est aussi calme que s'il discutait de la pluie ou du beau temps.
- Bonsoir Monsieur Fleury, commence par dire mon paternel d'une voix posée, soulignant par là même, l'attitude plus que douteuse de Fleury. Votre fille a été d'une agréable compagnie, je n'ai rencontré plus dévouée et aimable enfant. Pour sûr que si vous deviez me dédommager, vous vous ruinerez, cet enfant est inestimable. Je n'ai aucunement besoin d'autant d'argent, je vous remercie, dit-il avec un sourire affable. Je vous souhaite une agréable soirée, acheva-t-il en invitant notre hôte indésirable à quitter les lieux. Oh ! Et je m'excuse par avance si vous avalez un peu de suie pendant votre voyage retour, cette maison a son petit caractère, elle est plutôt fière.
Et c'est tout. Pour moi, ce n'est guère suffisant. Je trouve que mon père ne s'est pas assez mouillé, qu'il n'a rien dit. Vanter les mérites de Lorie, ça ne sert à rien. Il aurait dû faire tomber cet homme de son piédestal, je suis certain qu'il en a les moyens. Mais il ne le fait pas et j'ai un gout de cendre dans la bouche. J'espère au moins que la maison ne se contentera pas d'un peu de suie et l'étouffera avec. Je sais que mon père ne veut pas que je m'en mêle et je serai un bien mauvais enfant si j'allais à l'encontre de sa volonté. Mais je ne peux ne rien dire du tout. Avant que les Fleury partent, je salue Lorie.
- A bientôt Lorie, on se revoit à la rentrée.
Ma salutation suit la même ligne de conduite que celle de mon père, du moins, je le crois. Simple et sans accusation. Pourtant mon but est bien de dire à l'homme "Cause toujours, t'as pas le pouvoir de l'enlever de Beauxbâtons". Maintenant, d'un seul coup, je comprends beaucoup mieux Lorie.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie restait disciplinée, bien que dans son monde. Ne prononçant plus le moindre son elle était occupée à retenir ses larmes. Elle ne savait même pas ce qu'il se passait autour d'elle alors que son paternel n'avait montré que peu de considération à son égard. Il était stupide, elle avait envie de lui crier qu'il était stupide. Qu'il n'eût pas ternis, mais détruit son nom qu'il affectionnait tant. Sa baguette était toujours sous son nez, elle voulait faire quelque chose de stupide et fou, terriblement fou, néanmoins elle n'en avait pas la force. Sa tête se releva vers le père de son camarade lorsqu'il prononça ses mots. Elle le regardait le regard humide sans trop comprendre pourquoi il disait tout cela, alors qu'il y a de ça quelques minutes il lui avait reproché de lui manquer de respect. Son bras toujours fermement tenu par son père lui faisait de plus en plus mal, toutefois elle ne disait rien. Prenant sur elle, crispant parfois de façon presque invisible son visage. Le père Vaillant était quelqu'un de bien, elle en était convaincue, cette façon dont il avait de démontrer à son père le comportement anormal qu'il venait d'avoir, avait quelque chose de jouissif. De profondément jouissif. Elle tourna ses yeux azur vers son père. Il était froid et inexpressif. Il ne ferait rien et ne dirait rien, c'était un pleutre. Un homme sans courage qui se contentait de donner des ordres à ceux qu'il payait. Lorie fut encore plus surprise quand Drian prit la parole. Ne sachant pas si elle rêvait ou pas, elle se contentait de le regarder lui aussi le regard humide.
Mais le calme fut de courte durée, elle fut projetée aux pieds des Vaillant. Sur ses genoux la seule chose qu'elle entendit c'est l'ordre de son père. « Dis adieu à ceux qui te considère comme parfaite Lorie. » La blonde posa son regard sur son bras rougit. Puis se releva lentement. Elle se positionna devant Vaillant junior elle ne savait pas trop quoi dire alors la blonde se contenta d'un « Merci » Sincère, accompagné d'un petit bisou sur la joue d’une très grande douceur. Elle regarda le père Vaillant, essayant de retenir ses larmes comme elle pouvait. « Merci et Désolée monsieur » Elle ne voulait pas lui omettre qu'elle avait fugué, mais la peur pouvait pousser à se comporter différemment. Néanmoins, elle ajouta de façon peu audible pour les personnes distantes. «Votre maison aura toujours plus de charme que l'ensemble de ses châteaux. Passez mes respects à votre épouse » Lorie prit le temps de prendre une profonde inspiration, puis afficha un sourire joyeux aux deux Vaillant. Elle se retourna vers son père et enleva instantanément son sourire avant d'avancer vers lui, il ne fallait pas être devin pour s’apercevoir qu'il impatientait. Alors qu'elle arriva presque à hauteur de son paternel, la blonde décida de se retourner une nouvelle fois, radieuse, comme si de rien était. « Remerciez Chappie, elle a vraiment un don c'était trè... » Son père lui avait repris le bras et l'avait tiré vers lui, coupant net sa fille dans ce qu'elle disait. Il afficha un regard sévère a celle-ci puis un autre hautain aux Vaillant avant de disparaitre avec sa Lorie.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
La violence du geste de l'homme me laisse pantois. Pourtant, je ne devrai même pas être surpris au vu de sa prestation jusqu'à maintenant. Un sale type jusqu'au bout de la baguette, voilà ce qu'il est. J'esquisse un pas vers Lorie pour l'aider à se relever mais celle-ci se débrouille avant que je ne puisse intervenir. J'ai le temps de bien discerner son bras rougis, là où moi-même je l'avais saisi quelques heures plus tôt, et une vague de honte m'envahit à l'idée d'avoir agi de la même façon que cette chauvevielle incarnée.
Lorie s'approche de moi et je ne sais pas où me mettre. J'espère qu'elle ne me prend pas pour un type comme son père. Dans ses yeux, je ne vois néanmoins aucun reproche et son baiser sur ma joue me prend au dépourvu. On dirait une caresse. J'ai pourtant l'habitude d'embrasser des filles mais ça, je ne sais pas, c'est déroutant. Je reste sans réagir, bras ballant, tandis qu'elle salue mon père. Il acquiesce après son presque murmure mais ne sourit pas. Je crois que lui aussi est en colère même si rien ne le trahit dans son comportement. Seul un froncement de sourcil assombrit son regard lors de l'ultime geste brutal de l'homme sur Lorie avant de disparaître dans la cheminée.
Nous restons là, immobile et silencieux devant l'âtre vide de la cheminée, plongés dans nos pensées. Je n'ai plus à la cacher et ma rage éclate d'un seul coup au travers un juron bulgare. Mon père se tourne vers moi en levant un sourcil.
- Tu devrais mieux te maîtriser Drian, la colère est une faiblesse facile à exploiter. Si tu ne veux pas être un pantin, ne donne pas d'armes à tes ennemis. Aucun protego ne pourra te protéger de toi-même.
Je le regarde sans décolérer. Je ne suis pas d'humeur à recevoir la moindre leçon. Au fond, je sais bien qu'il a raison, mais là, je n'ai juste pas envie de l'écouter. Il n'a rien fait pour aider Lorie, pas esquisser le moindre geste. Les quelques mots allant dans son sens n'ont servi qu'à la jeter par terre. Franchement, il aurait pu, que dis-je, du lui lancer un bon maléfice dans la tronche. Avec ce genre de type, je ne vois pas ce qui pourrait marcher d'autre.
- Pourquoi t'as rien fait, dis-je d'un ton abrupt.
Il me regarde un instant avant de répondre, semblant chercher ses mots.
- J'ai fait bien plus que tu ne le penses, commence-t-il ce qui me fait grimacer de frustration. Et je ferai encore, ne t'en fais pas. Certaine bataille ne se remporte pas en un duel. J'ai d'ailleurs à faire.
Il n'en dit pas plus et me laisse planter là, au milieu du salon, avec ma rage et ma frustration. Lorie a eu des comportements qui me dépassaient mais son envie de fuir prend maintenant tout son sens. Peut-être l'ai-je jugé trop sévèrement. Si j'avais eu un père pareil, je ne sais pas vraiment ce que j'aurai fait. Qui sait ? La fuite reste une option de sauvegarde comme une autre. J'ignore si l'homme à le moindre poids au ministère et s’il peut vraiment interdire la jeune sorcière de revenir à Beauxbâtons. Je ne l'espère pas. S’il y a bien un endroit où elle pourra se soustraire à cet homme, c'est uniquement l'école. Je suis certain que je guetterai sa présence en septembre même si je ne sais pas bien pourquoi je me sens autant concerné par son sort. Ce n'est pas vraiment dans mes habitudes de me préoccuper des autres. Mais avec Lorie, quelque chose a changé. Face à son père, un brasier en moi s'est allumé.
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