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Vous êtes dans la pièce maîtresse de l’académie. L’endroit que toutes les écoles du monde nous envient. Aussi haute et longue qu’une cathédrale, la grande galerie constitue une aile du château à elle seule. Aucun matériau n’est assez noble pour la décorer : feuilles d’or, bois d’ébène, marbre de Carrare, soie de mûrier, vous trouverez tout ça et un peu plus en traversant cet endroit qui, de jour comme de nuit, semble éclairé par la lumière du soleil. Les grands lustres en cristal y sont pour beaucoup, ça ne fait aucun doute. Mais notre professeure d’Artisanat Magique soupçonne autre chose : une magie ancienne qui aurait scellé de véritables rayons de soleil dans les poutres et les moulures scintillantes du plafond. Les plus observateurs d’entre vous remarqueront qui leur arrive de changer de forme certains jours.

Je vous le dis, rien n’est trop beau pour cet endroit. Pas même la poussière de fée qui flotte au-dessus de nos têtes.

Vous sentez cette force au creux de votre estomac ? C’est la magie qui émane du parquet. A moins qu’elle n’émane des runes gravées sur certaines lames. Allez savoir. Mais un conseil, respectez-les. Ce parquet en chevron a été foulé par un si grand nombre de sorciers et de sorcières illustres qu’il ne tolère pas beaucoup l’absence de savoir-vivre. Croyez-moi quand je vous dis que j’ai vu plus d’une lame se soulever pour faire un croche-pied à un première année qui se risquait à courir ou à faire le pitre devant tout le monde. En parlant de monde, comme vous pouvez le constater, la grande galerie est un lieu qui fourmille de vie quel que soit le moment de la journée.

J’ai, à titre personnel, un petit faible pour les bancs-bibliothèques qui se déplacent à pas feutrés le long des fenêtres en attendant que quelqu’un veuille bien les occuper. Vous trouverez sous leur banquette des livres qu’aucune fée n’oserait vous remettre dans la chapelle ; les journaux intimes d’anciens élèves rédigés pendant leur scolarité. Mais si vous trouvez qu’il y a trop de brouhaha pour lire en toute sérénité, vous pouvez discuter avec les nymphes qui incarnent les quatre saisons le long des peintures murales. Dryades, naïades, oréades, ouranies… Une élève prétend en avoir comptabilisé 289. Mais jamais personne n’a eu le courage de vérifier…

Quoi ? Qui vient de disparaître ? Oh oui ne vous en faites pas, c’est tout à fait normal. Les dix colonnes qui soutiennent la grande galerie sont autant de passages secrets qui conduisent aux quatre coins du château. D’ici, vous pouvez vous rendre au deuxième étage, dans les deux ailes du premier étage, dans les deux autres ailes du rez-de-chaussée, dans les fondations et aux quatre points cardinaux des extérieurs. Il faut juste avoir le courage de foncer dans une colonne de marbre et le tour est joué. Vous ressortirez instantanément par un mur, quelque part. Mais n’espérez pas revenir sur vos pas. Ces passages sont à sens unique !

Bon… je crois que vous savez tout ce qu’il y a à savoir. Laissez-moi un petit instant, le temps d’ajuster le col de ma chemise devant ce miroir-à-bien-paraître, et nous poursuivrons notre visite du château. Qu’est-ce que c’est ? Et bien comme son nom l’indique, c’est un miroir qui vous renvoie la meilleure version de vous-même. Admirez plutôt, il y en a un entre chaque fenêtre.