Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Août 2019
Les idées se bousculaient dans la tête de Tahina depuis qu'elle avait reçu une missive d'Aliaume Delalande. Ce vieux fou avait, décidément, le don de lui retourner le cerveau mais là, il faisait diablement fort. A se demander ce qu'il pouvait bien se passer dans sa tête pour avoir des idées pareilles. Quatre ans qu'elle était professeur à l'Académie et elle n'avait toujours pas percé le mystère derrière le caractère perché du directeur. Elle commençait doucement à se sentir, à peu près, à l'aise à son poste mais de là à s'attendre à une telle demande, il y avait tout un monde. Déjà, elle n'avait pas imaginé un seul instant qu'Aliaume nommerait de nouveau un sous-directeur. Depuis Violette Guyomard en 1947, il n'y en avait plus... et même si elle l'avait fait, elle n'aurait pas non plus pensé à Sage Vaillant pour ce poste. Non qu'il n'en ait pas les compétences mais il était tellement... bref, elle ne le voyait pas à ce poste.
Rha, il fallait qu'elle arrête de ressasser tout ça et pour se faire, une seule solution : il fallait qu'elle ait une sérieuse discussion avec Aniel Kieffer. Et comme elle l'avait vu dans les couloirs ce matin-là, elle se décida rapidement à aller la trouver dans son bureau. Elle n'avait jamais remis les pieds en salle de secret magique et ne put empêcher les souvenirs d'affluer. C'était déjà Aniel, à l'époque, qui enseignait cette matière et si elle avait, au début, trouvé ridicule pour elle qui venait du milieu non-mag' d'étudier tout ça, elle en avait vite compris l'intérêt. Et s'en était pas mal sortie du tout d'ailleurs. Enfin, là n'était pas le sujet : elle traversa donc la salle et se retrouva bientôt à la porte du bureau.
Elle toussota pour signaler sa présence :
"Hum, Aniel, auriez-vous un instant à m'accorder ?"
Rha, il fallait qu'elle arrête de ressasser tout ça et pour se faire, une seule solution : il fallait qu'elle ait une sérieuse discussion avec Aniel Kieffer. Et comme elle l'avait vu dans les couloirs ce matin-là, elle se décida rapidement à aller la trouver dans son bureau. Elle n'avait jamais remis les pieds en salle de secret magique et ne put empêcher les souvenirs d'affluer. C'était déjà Aniel, à l'époque, qui enseignait cette matière et si elle avait, au début, trouvé ridicule pour elle qui venait du milieu non-mag' d'étudier tout ça, elle en avait vite compris l'intérêt. Et s'en était pas mal sortie du tout d'ailleurs. Enfin, là n'était pas le sujet : elle traversa donc la salle et se retrouva bientôt à la porte du bureau.
Elle toussota pour signaler sa présence :
"Hum, Aniel, auriez-vous un instant à m'accorder ?"
Le Narrateur
Ami des Lettres
Aniel avait sa propre façon d'organiser sa rentrée de septembre, une manière de faire qui ne convenait certainement qu'à elle, mais tant que cela fonctionnait elle ne voyait pas de raison d'en changer. Les quinze jours suivants la fin des cours, elle reprenait tout ce qu'elle avait pu faire avec chacune des classes d'âge et s'en faisait un résumé non sans parcourir les bulletins - propres à sa matière - de chacun de ses élèves. Cela lui permettait de partir pour sa ville natale, dans l'appartement qui était désormais chez son fils, l'esprit libéré d'une bonne partie du travail à faire. Elle ne revenait à l'académie - sauf urgence - que passé le quinze août pour croiser les notes prises presque deux mois plus tôt avec le programme théorique qu'elle suivait d'année en année. L'avantage c'était que pour les premières années, elle n'avait qu'à vérifier la répartition des origines des différents élèves. Aussi commençait-elle toujours pas cela. Puis elle s'attardait au plus délicat, trouver moyen d'intégrer de nouveaux éléments à un noyau d'Ogme qui avait donc théoriquement un an d'avance. Les premières semaines étaient un sacré jeu d'équilibriste pour ne pas ennuyer les seconds sans perdre les premiers.
Ce fut au milieu de cette tâche, parchemins étalés devant elle, que Tahina trouva la doyenne du corps professorale. En entendant le toussotement de la métisse qui avait été un jour un nom dans ces listes, la champenoise releva la tête.
"Bien entendu Tahina. Vous savez ben que je peux toujours me rendre disponible. Entrez donc, asseyez-vous. Vous souhaitez quelque chose à boire?"
Un coup de baguette rangea les différents documents quand un autre anima la théière derrière elle pour se servir une tasse. Pour la Guyanaise, il y a avait de quoi faire du café ou bien un jus de fruit ou de l'eau. Aniel en avait toujours un peu pour ses quelques visiteurs.
Ce fut au milieu de cette tâche, parchemins étalés devant elle, que Tahina trouva la doyenne du corps professorale. En entendant le toussotement de la métisse qui avait été un jour un nom dans ces listes, la champenoise releva la tête.
"Bien entendu Tahina. Vous savez ben que je peux toujours me rendre disponible. Entrez donc, asseyez-vous. Vous souhaitez quelque chose à boire?"
Un coup de baguette rangea les différents documents quand un autre anima la théière derrière elle pour se servir une tasse. Pour la Guyanaise, il y a avait de quoi faire du café ou bien un jus de fruit ou de l'eau. Aniel en avait toujours un peu pour ses quelques visiteurs.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Tahina ne se le fit pas dire deux fois et s'installa sur la chaise faisant face à son ancienne professeur. Il faut dire qu'entre la nuit agitée qu'elle avait passée à ressasser les choses et sa virée rue Claudel] pour refaire en partie son stock d'ingrédients, elle était crevée. La préparation de la rentrée était toujours quelque chose d'éprouvant mais aussi excitant, en imaginant les têtes et surtout les caractères des nouveaux élèves.
"Un thé, ce sera parfait. Merci beaucoup." répondit-elle d'abord à sa collègue, lui laissant le temps de préparer tout ça avant de lancer le discussion qui lui tenait à cœur.
On lui avait déjà fait part - souvent même - qu'elle pouvait être un peu abrupt, elle essayait donc de faire un peu moins l'effet d'un bulldozer dans un magasin de porcelaines. Et puis, elle ne savait pas trop par quel bout aborder le sujet... d'autant que pour le peu qu'elle commençait à cerner leur directeur, elle n'aurait pas été surprise qu'il n'ait pas pensé à avertir Aniel des changements qu'il envisageait. Elle prit le temps de prendre une gorgée de thé afin de rassembler ses idées puis reposa la tasse sur le bureau et se lança.
"J'aimerais vous parler d'un courrier reçu d'Aliaume qui m'a vraiment surprise."
Elle laissa un moment le silence s'installer, guettant dans la réaction de son aînée le moindre signe qui pourrait lui indiquer qu'elle voyait de quoi elle parlait. Après tout, si Aliaume n'avait pas fait le nécessaire, peut-être que Sage, lui, y avait pensé ? En tout cas, Tahina l'espérait pour ne pas être porteuse de la nouvelle. Ce serait d'autant plus facile d'en discuter ensuite.
"Un thé, ce sera parfait. Merci beaucoup." répondit-elle d'abord à sa collègue, lui laissant le temps de préparer tout ça avant de lancer le discussion qui lui tenait à cœur.
On lui avait déjà fait part - souvent même - qu'elle pouvait être un peu abrupt, elle essayait donc de faire un peu moins l'effet d'un bulldozer dans un magasin de porcelaines. Et puis, elle ne savait pas trop par quel bout aborder le sujet... d'autant que pour le peu qu'elle commençait à cerner leur directeur, elle n'aurait pas été surprise qu'il n'ait pas pensé à avertir Aniel des changements qu'il envisageait. Elle prit le temps de prendre une gorgée de thé afin de rassembler ses idées puis reposa la tasse sur le bureau et se lança.
"J'aimerais vous parler d'un courrier reçu d'Aliaume qui m'a vraiment surprise."
Elle laissa un moment le silence s'installer, guettant dans la réaction de son aînée le moindre signe qui pourrait lui indiquer qu'elle voyait de quoi elle parlait. Après tout, si Aliaume n'avait pas fait le nécessaire, peut-être que Sage, lui, y avait pensé ? En tout cas, Tahina l'espérait pour ne pas être porteuse de la nouvelle. Ce serait d'autant plus facile d'en discuter ensuite.
Le Narrateur
Ami des Lettres
Tahina était une jeune femme pour le moins directe et c'était un trait de caractère qu'Aniel considérait le plus souvent comme une qualité. La guyanaise s'était donc installée prestement en indiquant vouloir du thé que la plus âgée des professeurs fit préparer à l'aide de quelques sortilèges. Cela ne prit donc que quelques minutes pour que deux tasses chaudes et dégageant une légère fumée ainsi que des arômes de fruits prirent place devant chacune des sorcières. Ce qui sonna de toute évidence le début de la conversation.
Une phrase quelque peu sibylline qui ferait presque regretter à Aniel d'avoir choisit la voie d'occlumens et non de legilimens quand le choix lui avait été donné des dizaines d'années plus tôt. Aussi, elle répondit sans masquer son incompréhension. Pourtant, ce fut dans un sourire qu'elle reprit la parole, de ces sourires entendus:
"Nous parlons d'Aliaume Delalande, quand ne sommes nous pas surpris par ce qu'il peut bien avoir à nous dire?"
Ce qui en soit était une stricte et simple vérité. Le vieil homme avait le don d'aller toujours là où on ne l'attendait pas. Même après des années de pratique. N'était-il pas venu lui faire une proposition afin de...
"Quoique je pense savoir de quoi vous parlez. En quoi cela vous surprend-il à ce point Tahina? Vous me semblez toute indiquée."
Bien plus que moi, c'était une évidence qui devait crever les yeux à tout le monde ici non? Une vieille femme n'avait rien à faire à ce genre de poste, il en allait du bien-être de chacun.
Une phrase quelque peu sibylline qui ferait presque regretter à Aniel d'avoir choisit la voie d'occlumens et non de legilimens quand le choix lui avait été donné des dizaines d'années plus tôt. Aussi, elle répondit sans masquer son incompréhension. Pourtant, ce fut dans un sourire qu'elle reprit la parole, de ces sourires entendus:
"Nous parlons d'Aliaume Delalande, quand ne sommes nous pas surpris par ce qu'il peut bien avoir à nous dire?"
Ce qui en soit était une stricte et simple vérité. Le vieil homme avait le don d'aller toujours là où on ne l'attendait pas. Même après des années de pratique. N'était-il pas venu lui faire une proposition afin de...
"Quoique je pense savoir de quoi vous parlez. En quoi cela vous surprend-il à ce point Tahina? Vous me semblez toute indiquée."
Bien plus que moi, c'était une évidence qui devait crever les yeux à tout le monde ici non? Une vieille femme n'avait rien à faire à ce genre de poste, il en allait du bien-être de chacun.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Tahina ne put cacher le sourire que lui arracha la remarque de sa collègue. Il est vrai que leur directeur était un excentrique bien souvent difficile à comprendre et ce n'était pas le Majordome de l'Académie qui dirait le contraire mais pour autant, ça n'empêchait pas la jeune femme d'espérer comprendre ce qui se passait derrière le regard mystérieux du vieil homme. Et surtout, elle voulait être certaine de ne pas marcher sur les platebandes de qui que ce soit. D'une, elle ne se sentait clairement pas la plus légitime sur la proposition qui lui était faite, de deux, elle ne voulait pas prendre sa décision sans connaître la position de ses aînés sur le sujet.
"Je ne suis pas la première personne à laquelle j'aurais pensé pour cette proposition. Après tout, je cherche encore mes marques sur mon rôle d'enseignante alors..."
*bon, autant mettre les pieds dans le plat directement*
"... être maîtresse de confrérie ? Je ne comprends pas pourquoi il ne vous l'a pas proposée."
La Guyanaise guettait la moindre réaction de son ancienne professeur même si elle savait, d'expérience, qu'il était difficile de lire quoique ce soit sur ses traits tant elle était toujours maîtresse de ses émotions. C'était même parfois déstabilisant, surtout pour Tahina qui elle, était souvent bien trop expressive. Toujours est-il qu'en plus d'être certaine qu'elle ne prenait pas sa place, elle voulait aussi savoir si elle n'était pas tout simplement un choix par défaut, faute de mieux. Ce qui, il fallait être honnête, était la seule raison qu'elle voyait à ces responsabilités supplémentaires mais qui n'était pas pour la rassurer, loin de là.
"Je ne suis pas la première personne à laquelle j'aurais pensé pour cette proposition. Après tout, je cherche encore mes marques sur mon rôle d'enseignante alors..."
*bon, autant mettre les pieds dans le plat directement*
"... être maîtresse de confrérie ? Je ne comprends pas pourquoi il ne vous l'a pas proposée."
La Guyanaise guettait la moindre réaction de son ancienne professeur même si elle savait, d'expérience, qu'il était difficile de lire quoique ce soit sur ses traits tant elle était toujours maîtresse de ses émotions. C'était même parfois déstabilisant, surtout pour Tahina qui elle, était souvent bien trop expressive. Toujours est-il qu'en plus d'être certaine qu'elle ne prenait pas sa place, elle voulait aussi savoir si elle n'était pas tout simplement un choix par défaut, faute de mieux. Ce qui, il fallait être honnête, était la seule raison qu'elle voyait à ces responsabilités supplémentaires mais qui n'était pas pour la rassurer, loin de là.
Le Narrateur
Ami des Lettres
Aniel acquiesça pour montrer qu'elle suivait le raisonnement de son ancienne élève quand bien même elle parlait à mot couverts. Quoique cela ne dura pas bien longtemps, Tahina, fidèle à son franc parler, finit par exprimer on ne pouvait plus clairement la raison de sa venue. La plus âgée des deux professeurs laissa planer un court silence, le temps de boire quelques gorgées de thé, avant de répondre posément.
"Voyez-vous Tahina, je ne peux pas prétendre être dans la tête de ce bon vieil Aliaume. Mais je connais bien notre tout nouveau sous-directeur et je pense pouvoir dire que la réciproque est vraie."
Une entrée en matière nébuleuse qui allait prendre son sens tout bientôt.
"Je ne sais pas ce qu'ils ont pu se dire à propos de la gestion de la Confrérie d'Ogme - à part qu'il était évident que Sage se devait de passer le relais - mais Aliaume est bien venu me voir. Et je pense qu'il devait se douter de la réponse que je lui ai faite." Poursuivit-elle, confirmant donc que la proposition lui avait bien été faite et qu'elle l'avait refusée, laissant la place à sa jeune collègue.
"J'ai quatre-vingt-six ans Tahina, j'ai un petit-fils de votre âge qui a eu son premier enfant il y a un peu plus d'un an. Entre vous et moi, la mieux placée pour gérer ces adolescents c'est bien vous. Vous étiez à leur place il n'y a pas si longtemps. A votre avis, qui de la vieille grand-mère d'un autre temps à l'attitude fermée ou de la jeune femme qui n'a ni l'âge d'être leur mère ni celui d'être leur grande-soeur leur conviendra le mieux? Qui aura l'énergie et le tact nécessaire pour tout ça?"
Deux questions dont la réponse était évidente pour elle et qui avait conduit à décliner le rôle de Maîtresse de Confrérie.
"Voyez-vous Tahina, je ne peux pas prétendre être dans la tête de ce bon vieil Aliaume. Mais je connais bien notre tout nouveau sous-directeur et je pense pouvoir dire que la réciproque est vraie."
Une entrée en matière nébuleuse qui allait prendre son sens tout bientôt.
"Je ne sais pas ce qu'ils ont pu se dire à propos de la gestion de la Confrérie d'Ogme - à part qu'il était évident que Sage se devait de passer le relais - mais Aliaume est bien venu me voir. Et je pense qu'il devait se douter de la réponse que je lui ai faite." Poursuivit-elle, confirmant donc que la proposition lui avait bien été faite et qu'elle l'avait refusée, laissant la place à sa jeune collègue.
"J'ai quatre-vingt-six ans Tahina, j'ai un petit-fils de votre âge qui a eu son premier enfant il y a un peu plus d'un an. Entre vous et moi, la mieux placée pour gérer ces adolescents c'est bien vous. Vous étiez à leur place il n'y a pas si longtemps. A votre avis, qui de la vieille grand-mère d'un autre temps à l'attitude fermée ou de la jeune femme qui n'a ni l'âge d'être leur mère ni celui d'être leur grande-soeur leur conviendra le mieux? Qui aura l'énergie et le tact nécessaire pour tout ça?"
Deux questions dont la réponse était évidente pour elle et qui avait conduit à décliner le rôle de Maîtresse de Confrérie.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
C'était une des choses que Tahina appréciait chez son ancienne professeur : pas de faux semblant avec elle et elle ne tournait pas non plus autour du pot. Et heureusement. Si la guyanaise avait bien du mal avec une chose, c'était avec les personnes qui pratiquaient la langue de bois. On ne savait jamais sur quel pied danser avec ce genre d'individus et c'était parfaitement irritant et ne faisait que très rarement avancer les conversations. Pour le coup, la réponse de son aînée était sans détour : elle n'avait pas voulu du poste.
Ce qui était, à la fois rassurant et déstabilisant pour la guérisseuse. Au moins, si elle venait à accepter, ce n'était pas en prenant la place qui revenait à son ancienne professeur. Par contre, une petite voix dans sa tête, celle sournoise qui la faisait parfois douter d'elle, ne faisait que lui murmurer qu'elle était donc qu'un choix par défaut. La cinquième roue du carrosse parce que personne ne voulait du rôle. Et, le pire, c'est qu'honnêtement, Tahina avait tendance à croire cette petite vicieuse parce que ça avait plus de sens ainsi.
"Je vois. Ainsi, si j'acceptais, je ne vous priverais pas d'une opportunité qui vous tenait à cœur." dit-elle sans pour autant parler des doutes qui s'insinuaient en elle.
Seulement, soit sa collègue la connaissait excessivement bien, soit elle était douée pour déchiffrer la nature humaine. Toujours est-il que la suite de son discours se montra bien plus apaisant pour la jeune femme.
"Question tact, de nous deux, je ne suis pas certaine d'être la mieux placée. Ni même si on parle de patience ou de sagesse." répondit-il, en souriant.
Mais, mine de rien, elle comprenait les arguments de son ancienne professeur. Et elle pouvait sûrement compenser son manque d'expérience par les souvenirs qu'elle avait de sa propre adolescence. Ne serait-ce que pour éviter à leurs élèves de faire les bêtises dont elle avait été témoin à leur âge. Elle espérait aussi pourvoir leur donner des conseils avisés. Et, tout à coup, elle réalisa qu'elle pensait déjà à ce que ça serait si elle acceptait même si sa décision n'était pas encore totalement prise.
"Si je venais à dire oui, quels conseils auriez-vous à me donner ?"
Ce qui était, à la fois rassurant et déstabilisant pour la guérisseuse. Au moins, si elle venait à accepter, ce n'était pas en prenant la place qui revenait à son ancienne professeur. Par contre, une petite voix dans sa tête, celle sournoise qui la faisait parfois douter d'elle, ne faisait que lui murmurer qu'elle était donc qu'un choix par défaut. La cinquième roue du carrosse parce que personne ne voulait du rôle. Et, le pire, c'est qu'honnêtement, Tahina avait tendance à croire cette petite vicieuse parce que ça avait plus de sens ainsi.
"Je vois. Ainsi, si j'acceptais, je ne vous priverais pas d'une opportunité qui vous tenait à cœur." dit-elle sans pour autant parler des doutes qui s'insinuaient en elle.
Seulement, soit sa collègue la connaissait excessivement bien, soit elle était douée pour déchiffrer la nature humaine. Toujours est-il que la suite de son discours se montra bien plus apaisant pour la jeune femme.
"Question tact, de nous deux, je ne suis pas certaine d'être la mieux placée. Ni même si on parle de patience ou de sagesse." répondit-il, en souriant.
Mais, mine de rien, elle comprenait les arguments de son ancienne professeur. Et elle pouvait sûrement compenser son manque d'expérience par les souvenirs qu'elle avait de sa propre adolescence. Ne serait-ce que pour éviter à leurs élèves de faire les bêtises dont elle avait été témoin à leur âge. Elle espérait aussi pourvoir leur donner des conseils avisés. Et, tout à coup, elle réalisa qu'elle pensait déjà à ce que ça serait si elle acceptait même si sa décision n'était pas encore totalement prise.
"Si je venais à dire oui, quels conseils auriez-vous à me donner ?"
Le Narrateur
Ami des Lettres
La vieille professeur d'études du secret magique secoua légèrement la tête de droite à gauche, en signe de négation. Non, elle n'était pas privée d'un poste dont elle ne voulait, de toute façon, pas, sa collègue ne devait pas s'en faire pour ça. Aniel ne put s'empêcher un sourire quand Tahina parla du tact et ajouta sans l'once d'un reproche dans la voix.
"Le tact peut-être je vous l'accorde vous avez un caractère assez entier. Mais l'énergie, il ne fait aucun doute que vous en aurez plus que moi. Quant à la patience et à la sagesse... Et bien pour être tout à fait honnête, je doute que quiconque parmi nos collègues ne soient réellement sage, quelque soit l'âge ou le prénom porté!" Elle venait de glisser une touche d'humour à sa réflexion plus ou moins rhétorique et philosophique, histoire d'alléger un peu la conversation.
Reprenant une gorgée de son thé fumant, la marnaise observa quelques secondes la métisse qui semblait en pleine et profonde réflexion et posa une question qui laissait à penser qu'elle cheminait dans le fait de peser les pours et les contres de la proposition qui lui avait été faite.
"Quoiqu'il arrive, ce n'est pas parce que vous aurez la responsabilité de toutes ces têtes blondes que vous serez seule pour les gérer. Nous fonctionnons en équipe avant tout. Et puis vous apprendrez aussi, le tact, la patience..." elle fit un rapide moulinet de son poignet, "dont il faut faire preuve avec les adolescents. Si vous acceptez, je ne doute pas que cela se passera bien. Et si ce n'est pas le cas, il y aura toujours des solutions." Assura la sparnacienne.
"Le tact peut-être je vous l'accorde vous avez un caractère assez entier. Mais l'énergie, il ne fait aucun doute que vous en aurez plus que moi. Quant à la patience et à la sagesse... Et bien pour être tout à fait honnête, je doute que quiconque parmi nos collègues ne soient réellement sage, quelque soit l'âge ou le prénom porté!" Elle venait de glisser une touche d'humour à sa réflexion plus ou moins rhétorique et philosophique, histoire d'alléger un peu la conversation.
Reprenant une gorgée de son thé fumant, la marnaise observa quelques secondes la métisse qui semblait en pleine et profonde réflexion et posa une question qui laissait à penser qu'elle cheminait dans le fait de peser les pours et les contres de la proposition qui lui avait été faite.
"Quoiqu'il arrive, ce n'est pas parce que vous aurez la responsabilité de toutes ces têtes blondes que vous serez seule pour les gérer. Nous fonctionnons en équipe avant tout. Et puis vous apprendrez aussi, le tact, la patience..." elle fit un rapide moulinet de son poignet, "dont il faut faire preuve avec les adolescents. Si vous acceptez, je ne doute pas que cela se passera bien. Et si ce n'est pas le cas, il y aura toujours des solutions." Assura la sparnacienne.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Hum, si les doutes sur ses capacités et surtout sur la raison qui avait amené Aliaume à penser à elle - si on pouvait dire ça ainsi en constatant que les deux autres professeurs issus de la confrérie Ogme n'étaient pas intéressés ou disponibles - étaient toujours là, Tahina commençait à se projeter. Aniel avait le don d'être rassurante dans sa façon d'aborder les choses. En parlant d'équipe, d'expérience à acquérir mais aussi, finement, en parlant de l'énergie que ça demandait d'encadrer des élèves. Ça oui, la Guyanaise savait qu'elle n'en manquait pas alors peut-être que oui, elle pourrait s'en sortir. En tout cas, elle avait matière à réflexion.
"Merci pour toutes ses réponses, Aniel. Ca me permet d'y voir plus clair et va m'aider à prendre une décision."
Décidément, la vie à Beauxbâtons la surprendrait toujours. Si on lui avait dit, quand elle avait accepté le poste d'enseignante, qu'elle se retrouverait devant ce choix si vite, il n'y aurait pas cru. Et pourtant, elle savait tout le loufoque du directeur de l'académie et ses décisions qui paraissaient bien souvent complètement perchées. Elle termina donc en silence sa tasse de thé, perdue dans ses réflexions puis finit par la reposer sur le bureau.
"Je ne vais pas vous embêter plus longtemps. Je ne voudrais pas vous faire rater la blanquette de veaudelune du menu." reprit-elle avec un sourire en coin."Je vais me poser ce soir, imaginer la situation dans les deux cas de réponse et je donnerai ma décision à Aliaume demain. Encore merci pour votre aide."
Elle se leva alors, salua sa collègue et quitta son bureau, veillant à bien refermer la porte derrière elle.
"Merci pour toutes ses réponses, Aniel. Ca me permet d'y voir plus clair et va m'aider à prendre une décision."
Décidément, la vie à Beauxbâtons la surprendrait toujours. Si on lui avait dit, quand elle avait accepté le poste d'enseignante, qu'elle se retrouverait devant ce choix si vite, il n'y aurait pas cru. Et pourtant, elle savait tout le loufoque du directeur de l'académie et ses décisions qui paraissaient bien souvent complètement perchées. Elle termina donc en silence sa tasse de thé, perdue dans ses réflexions puis finit par la reposer sur le bureau.
"Je ne vais pas vous embêter plus longtemps. Je ne voudrais pas vous faire rater la blanquette de veaudelune du menu." reprit-elle avec un sourire en coin."Je vais me poser ce soir, imaginer la situation dans les deux cas de réponse et je donnerai ma décision à Aliaume demain. Encore merci pour votre aide."
Elle se leva alors, salua sa collègue et quitta son bureau, veillant à bien refermer la porte derrière elle.
Le Narrateur
Ami des Lettres
Aniel sourit de façon quelque peu énigmatique en entendant les mots de sa jeune collègue et ne dit rien de particulier, buvant elle aussi le contenu de sa tasse de thé fumant en silence. Il n'y avait pas lieu d'épiloguer de toute façon, Tahina avait toutes les cartes en mains pour prendre sa décision, quelle qu'elle soit. Son ancienne professeur patientait donc, ouverte à tout nouveau questionnement si tant était qu'il en viendrait un. Mais apparemment pas.
"Vous m'embêteriez si le sujet était futile Tahina." Répondit-elle finalement à sa consœur qui réitérait ses remerciements tout en laissant échapper un rire franc à la mention du menu du jour. Adolescente, elle avait eu cette réputation de louche sans fond, surtout les premières années. Entre croissance et vie rationnée, il avait été difficile de se raisonner face à l'abondance de nourriture proposée à chaque repas à l'académie. L'enfant fine avait prit quelques belles rondeurs qui s'étaient ensuite volatilisées avec la croissance. Cette réputation n'avait, selon toute logique, jamais atteint les oreilles de ses collègues mais ils savaient qu'elle aimait les bonnes choses. Elle ne s'en était d'ailleurs jamais caché. Cuisinière plus que moyenne, mais dont le palais se ravissait assez facilement.
"Il n'y a pas de quoi me remercier, c'était tout à fait normal." Poursuivit la doyenne du corps enseignant. "Ne laissez pas le doute vous guider, posez les choses telles qu'elles sont." Conseilla-t-elle une dernière fois avant d'accompagner la Guyanaise jusqu'à la porte de son bureau avant de retourner à sa tâche initiale qui consistait à adapter au mieux le programme des deuxièmes années.
"Vous m'embêteriez si le sujet était futile Tahina." Répondit-elle finalement à sa consœur qui réitérait ses remerciements tout en laissant échapper un rire franc à la mention du menu du jour. Adolescente, elle avait eu cette réputation de louche sans fond, surtout les premières années. Entre croissance et vie rationnée, il avait été difficile de se raisonner face à l'abondance de nourriture proposée à chaque repas à l'académie. L'enfant fine avait prit quelques belles rondeurs qui s'étaient ensuite volatilisées avec la croissance. Cette réputation n'avait, selon toute logique, jamais atteint les oreilles de ses collègues mais ils savaient qu'elle aimait les bonnes choses. Elle ne s'en était d'ailleurs jamais caché. Cuisinière plus que moyenne, mais dont le palais se ravissait assez facilement.
"Il n'y a pas de quoi me remercier, c'était tout à fait normal." Poursuivit la doyenne du corps enseignant. "Ne laissez pas le doute vous guider, posez les choses telles qu'elles sont." Conseilla-t-elle une dernière fois avant d'accompagner la Guyanaise jusqu'à la porte de son bureau avant de retourner à sa tâche initiale qui consistait à adapter au mieux le programme des deuxièmes années.
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