Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
Vendredi 22 Décembre 2023
17h30
17h30
Même si le soleil déclinait déjà à l'horizon et commençait à se cacher derrière les hautes haies du labyrinthe tout proche, il faisait encore bien doux en cette veille des vacances de Noël.
"Y'a plus d'saisons", commenta Teilo pour lui-même en arpentant le jardin des fleurs. C'était une des nombreuses phrases qu'il répétait juste parce qu'il avait entendu Maman ou Papa les dire quand il était plus petit. A sa droite, une fleur éternua comme pour lui donner la réplique. Avec un sourire, le Lug se pencha dessus. "T'as raison, on sent quand même un petit vent frais." Après plus d'un an à l'Académie de Beauxbâtons, il ne s'étonnait plus à tout bout de champ. Des paquerettes arc-en-ciel qui éternuaient au moindre coup de vent, c'était presque banal.
C'était tout simplement magique. Et ce soir pour le traditionnel bal de fin d'année, la neige ne manquerait pas de tomber sur le château et ses alentours. Oui, la magie pouvait faire ça, au grand bonheur de Teilo qui préférait l'imprévu à l'attendu. A Beauxbâtons, il n'y avait aucune chance qu'il s'ennuie, même quand, certains jours, c'était précisément l'ennui qu'il recherchait.
Des jours comme aujourd'hui où sa tête était juste trop pleine et qu'il avait besoin de faire pouce et ne voir personne pendant une petite heure ou deux. Ca l'avait pris rarement durant sa première année, c'était plus fréquent pendant sa deuxième. Rien de très inquiétant. Il avait douze ans et s'approchait des treize, c'était donc sûrement un coup des fameuses Zormones. Contrairement à ce qu'il avait supputé avec Giovanni, les Zormones n'étaient pas des créatures magiques qui se réveillaient dans le corps des ados pour les pousser à faire des trucs bizarres et bêtes. C'était plutôt des phénomènes, des substances Chimiques. Il l'avait appris en Guérison quand Madame Yapara leur avait parlé du corps humain. C'était probablement les mêmes Zormones qui le forcaient à se regarder plusieurs fois par jour dans un des miroirs à bien paraître qui ornaient la grande galerie, juste pour se rassurer. En vrai, son reflet n'avait pas un si gros nez que ça.
Teilo se coucha dans l'herbe du champ en prenant garde de n'écraser aucune des nombreuses fleurs. Quand il ne voulait voir personne, il préférait généralement s'aventurer dans les tréfonds de la tour de Lug mais depuis peu, l'envie d'être au grand air se faisait plus grande. Le vent ne le dérangeait pas : c'était comme une caresse sur ses joues et quand il était gentil comme aujourd'hui, il faisait même onduler un peu ses cheveux.
Les mains derrière la tête, le garçon soupira longuement. Ses yeux suivaient rêveusement la course lente des nuages roses et orange. Au château, tous les autres élèves avaient terminé les cours. C'était les vacances et ils devaient tous se faire beaux et belles pour le bal de ce soir. Teilo, lui, n'y pensait pas trop : il se disait surtout que s'il avait une looooongue écharpe, il aurait pu s'enrouler dedans, ça lui aurait donné chaud.
Mais tant pis. Il était déjà bien comme ça à inspirer le vent par le nez et, par la force de sa poitrine, le resouffler.
"Fui-fiuuuuuu"
Le sifflement caractéristique d'une tulipe tourne-casaque lui fit redresser la tête et froncer les sourcils. Quelqu'un approchait. Qui donc osait pénétrer dans le territoire qu'il venait de s'approprier ? Il ne pouvait donc pas être tranquille juste cinq minutes ?
Ses sourcils creusèrent plus profondément leur sillon quand il vit que c'était son camarade de Lug, Oscar Devigne. De tous les élèves du château, c'était sûrement celui qu'il avait le moins envie de voir. Instinctivement, Teilo se redressa et, maintenant assis dans l'herbe, enfouit sa main gauche dans la poche de son pantalon, prêt à en extirper sa baguette.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Calvorios !"
Le sang de Teilo se glaça. Il n'avait même pas eu le temps de pointer sa baguette sur Devigne. Oh non, ses cheveux allait mettre des semaines à repousser ! Rapidement, il passa une main sur son crâne pour constater... que tous ses cheveux étaient encore là ?
"Ha ha ha ! T'es trop nul, Daroux. Même pas capable de reconnaître un faux sortilège. C'est Calvorio le maléfice du crâne chauve, pas Calvorios ! On apprend ça en première année !"
Teilo souffla en regardant son camarade jeter au loin le bâton de bois qui n'était, à bien y regarder, pas une baguette. Quand Oscar s'avança vers lui d'un pas conquérant, il se raidit, se recroquevilla un peu et soupira. "Qu'est-ce que tu veux, Devigne ?" "Je prends juste des nouvelles de mes amis, j'ai pas le droit ?" Oscar s'asseyait tranquillement à côté de lui dans l'herbe, ce qui lui hérissitait les poils de la nuque. "On est plus amis, je te signale." "C'est vrai, pardon. J'oubliais que tu traînais avec les Fleury maintenant."
Oscar siffla pour montrer sa fausse admiration mais ce n'était clairement pas du niveau des tulipes. "Ou alors tu restes avec le grand là, celui qui ne dit jamais rien, ou tu suis Cumuci comme un bon petit toutou à son maimaître. D'ailleurs, c'est étrange... il n'est pas avec toi ?" Teilo grinça des dents. D'accord, Oscar voulait juste s'amuser un peu avec lui avant les vacances, comme la dernière fois. Déglutissant, il releva la tête pour se confronter au regard de son ancien ami. "Peut-être qu'il est là. Je lui ai prêté mon chapeau m'as-tu-vu tout à l'heure." "Tu mens", pouffa Oscar. "Peut-être". Teilo haussa juste un sourcil.
Ils se regardèrent quelques secondes, tous les deux très sérieux. Ce fut Oscar qui flancha le premier. Le blond cligna des yeux avant de tourner la tête pour crier : "Où est-ce que tu te caches, Cumuci ? T'as peur, hein ?" "Mais... à qui tu parles ?" fit semblant de s'étonner Teilo en fronçant le nez et, quand Oscar se retourna vers lui, il lui sourit. C'était plutôt amusant de voir Devigne dans cet état.
"Bah", fit l'autre en refermant son poing en l'air au passage d'une parisette. "De toute façon, je suis pas venu pour me battre." "Oh." "Je voulais juste savoir si tu avais quelqu'un pour le bal." Teilo sourit. "Pourquoi, tu voulais me proposer ?" "T'es bête ou quoi ?" Devigne souffla par les naseaux et retrouva le sourire. C'était un sourire très suffisant, et même Teilo trouva ardu de résister à l'envie de le cogner. "T'as pas demandé à Fleury ?" "Non", confirma Teilo avant de préciser, les sourcils froncés tellement ça lui paraissait évident : "On va faire la bataille de boule de neige dans la cour comme la dernière fois." "Hein ?" "Ben... Tu vas t'en prendre aux plus petits sans défense et avec Gio on va t'arrêter." "Mais... haha, il est sérieux, lui ? Tu crois que j'ai du temps pour ça ? J'ai une cavalière."
Teilo cligna des yeux le temps que l'information rentre. Il se rassit bien droit, ses mains empoignant chacune une touffe d'herbe, et grimaça. "Ha oui ? C'est qui ?" "Marie Dubois." "Marie Dubois... la Dagda en quatrième année ? Celle qui zozotte ?" "Quoi, c'est quoi le problème ?"
Devigne n'avait pas l'air content du tout. Pourtant, c'était la vérité. Marie Dubois zozottait, c'était même assez mignon. "Ben rien", concéda Teilo en haussant les épaules. Mais il ne voulait pas en rester là non plus, pas avec Devigne. Le menton levé, il observa le ciel. "Après je me demande comment ça marche les runes pour ça... tu crois que les autres, ils l'entendent zozotter dans leur langue natale ?"
Les yeux dans les nuages, Teilo souriait doucement. Il sentait que Devigne bouillait à ses côtés. C'était un peu risqué comme petit jeu mais assez plaisant. Il rendait tranquillement à son ancien ami la monnaie de sa pièce sans même avoir à le frapper ou lui lancer un sort. Finalement, après avoir tenté une nouvelle fois de capturer une parisette qui passait par là avec sa main, Oscar Devigne se redressa et s'épousseta les genoux avant de sortir sa baguette de sa poche.
Teilo ouvrit grand les yeux. Cette fois, c'était la vraie. "Tu sais quoi, Daroux ? T'es un drac. Il est joli ton sifflement, tu trompes bien ton monde, mais à part ça t'es juste gentil et complètement inoffensif." Teilo rougit un peu de cette comparaison. Pour le coup, il regrettait vraiment que Gio ne soit pas là. Mais il devait bien réagir, dire quelque-chose. Alors, en rassemblant son courage et le corps frissonnant, il se releva à son tour. "Et toi, Devigne, t'es une bigorne. T'as l'air impressionnant comme ça à cracher du feu mais en vrai, dès que tu peux tu fuis. Parce que t'as peur de tout."
Devigne, l'oeil mauvais, pointa sa baguette sur le nez de Teilo qui déglutit. Les souvenirs du labyrinthe, avant l'été, lui revinrent immédiatement en mémoire et ils n'étaient pas agréables. "T'inquiète pas. J'ai bien compris ma leçon la dernière fois", le rassura Devigne avec un sourire tout en rabaissant sa baguette. "Et si on comparait nos tracés du bélier ? Celui qui fait le plus haut mur de feu devra faire tout ce que l'autre lui demande pendant une semaine au retour des vacances." Teilo, qui reprenait encore discrètement sa respiration, souffla : "Tu veux faire ça ici, dans le parc ? Et tu vois du feu où ?" "Hm. Alors un duel ? Toi et moi, avec les mannequins. A la rentrée. A la loyale."
Teilo déglutit encore. Le défi était lancé. Si il ne l'acceptait pas, ça allait être lui la bigorne. Et puis, mine de rien, il avait bien envie de battre Oscar à la loyale. C'était l'occasion ou jamais. "D'accord. Mais pas à la rentrée." "Oui, je comprends, t'as besoin de t'entraîner. Alors quand ?" "Hmm... le 20 mars." "Pourquoi le 20 mars ?" "Mes amis savent pourquoi."
Devigne fronça les sourcils avant de lever le menton. "Ah. C'est ton anniversaire." "Hm-hm". Debout face à Oscar, les mains dans les poches, Teilo hochait la tête avec un grand sourire. Le 20 mars 2023, Oscar lui avait envoyé en guise de 'cadeau' une lettre assassine dans laquelle il avait listé tous ses défauts. Ca l'avait beaucoup chamboulé et s'il n'avait pas eu ses amis pour le consoler et lui redonner du courage, il serait sûrement encore en train de larmoyer dessus aujourd'hui. Le 20 mars 2024 était donc le jour parfait pour faire mordre la poussière à l'auteur de cette lettre.
"D'accord", fit Devigne en lui tendant la main. Teilo la serra en le fixant dans les yeux. Devigne serra encore plus fort, jusqu'à lui faire mal, puis s'en retourna vers le chateau en ne cessant de le haranguer : "Prépare-toi autant que tu veux, de toute façon tu vas perdre. Dommage que la Championne de nos coeurs soit plus là pour t'aider, pas vrai ? Allez, amuse-toi bien avec tes boules de neige ce soir, Darroux. Darrroux-rrrou-rrrou. Haha." Une tulipe tourne-casaque sifflota à son passage, ce qui interrompit sa ritournelle. "Oh, toi, la ferme."
Teilo ne le quitta pas des yeux. Une fois Oscar hors du parc, le Lug s'aperçut qu'il avait encore le poing serré. Alors il se laissa retomber dans l'herbe, sur le dos, et, la main sous le col de sa chemise, se força à inspirer et expirer doucement.
"Fui-fiuuuuu", fit une tulipe-casaque et le garçon sursauta. Quoi, Oscar voulait se battre, finalement ? Ah, non. C'était Paolo Asunçao qui le saluait de la main en approchant.
Par Merlin, il ne pouvait pas juste avoir cinq minutes ?
Le sang de Teilo se glaça. Il n'avait même pas eu le temps de pointer sa baguette sur Devigne. Oh non, ses cheveux allait mettre des semaines à repousser ! Rapidement, il passa une main sur son crâne pour constater... que tous ses cheveux étaient encore là ?
"Ha ha ha ! T'es trop nul, Daroux. Même pas capable de reconnaître un faux sortilège. C'est Calvorio le maléfice du crâne chauve, pas Calvorios ! On apprend ça en première année !"
Teilo souffla en regardant son camarade jeter au loin le bâton de bois qui n'était, à bien y regarder, pas une baguette. Quand Oscar s'avança vers lui d'un pas conquérant, il se raidit, se recroquevilla un peu et soupira. "Qu'est-ce que tu veux, Devigne ?" "Je prends juste des nouvelles de mes amis, j'ai pas le droit ?" Oscar s'asseyait tranquillement à côté de lui dans l'herbe, ce qui lui hérissitait les poils de la nuque. "On est plus amis, je te signale." "C'est vrai, pardon. J'oubliais que tu traînais avec les Fleury maintenant."
Oscar siffla pour montrer sa fausse admiration mais ce n'était clairement pas du niveau des tulipes. "Ou alors tu restes avec le grand là, celui qui ne dit jamais rien, ou tu suis Cumuci comme un bon petit toutou à son maimaître. D'ailleurs, c'est étrange... il n'est pas avec toi ?" Teilo grinça des dents. D'accord, Oscar voulait juste s'amuser un peu avec lui avant les vacances, comme la dernière fois. Déglutissant, il releva la tête pour se confronter au regard de son ancien ami. "Peut-être qu'il est là. Je lui ai prêté mon chapeau m'as-tu-vu tout à l'heure." "Tu mens", pouffa Oscar. "Peut-être". Teilo haussa juste un sourcil.
Ils se regardèrent quelques secondes, tous les deux très sérieux. Ce fut Oscar qui flancha le premier. Le blond cligna des yeux avant de tourner la tête pour crier : "Où est-ce que tu te caches, Cumuci ? T'as peur, hein ?" "Mais... à qui tu parles ?" fit semblant de s'étonner Teilo en fronçant le nez et, quand Oscar se retourna vers lui, il lui sourit. C'était plutôt amusant de voir Devigne dans cet état.
"Bah", fit l'autre en refermant son poing en l'air au passage d'une parisette. "De toute façon, je suis pas venu pour me battre." "Oh." "Je voulais juste savoir si tu avais quelqu'un pour le bal." Teilo sourit. "Pourquoi, tu voulais me proposer ?" "T'es bête ou quoi ?" Devigne souffla par les naseaux et retrouva le sourire. C'était un sourire très suffisant, et même Teilo trouva ardu de résister à l'envie de le cogner. "T'as pas demandé à Fleury ?" "Non", confirma Teilo avant de préciser, les sourcils froncés tellement ça lui paraissait évident : "On va faire la bataille de boule de neige dans la cour comme la dernière fois." "Hein ?" "Ben... Tu vas t'en prendre aux plus petits sans défense et avec Gio on va t'arrêter." "Mais... haha, il est sérieux, lui ? Tu crois que j'ai du temps pour ça ? J'ai une cavalière."
Teilo cligna des yeux le temps que l'information rentre. Il se rassit bien droit, ses mains empoignant chacune une touffe d'herbe, et grimaça. "Ha oui ? C'est qui ?" "Marie Dubois." "Marie Dubois... la Dagda en quatrième année ? Celle qui zozotte ?" "Quoi, c'est quoi le problème ?"
Devigne n'avait pas l'air content du tout. Pourtant, c'était la vérité. Marie Dubois zozottait, c'était même assez mignon. "Ben rien", concéda Teilo en haussant les épaules. Mais il ne voulait pas en rester là non plus, pas avec Devigne. Le menton levé, il observa le ciel. "Après je me demande comment ça marche les runes pour ça... tu crois que les autres, ils l'entendent zozotter dans leur langue natale ?"
Les yeux dans les nuages, Teilo souriait doucement. Il sentait que Devigne bouillait à ses côtés. C'était un peu risqué comme petit jeu mais assez plaisant. Il rendait tranquillement à son ancien ami la monnaie de sa pièce sans même avoir à le frapper ou lui lancer un sort. Finalement, après avoir tenté une nouvelle fois de capturer une parisette qui passait par là avec sa main, Oscar Devigne se redressa et s'épousseta les genoux avant de sortir sa baguette de sa poche.
Teilo ouvrit grand les yeux. Cette fois, c'était la vraie. "Tu sais quoi, Daroux ? T'es un drac. Il est joli ton sifflement, tu trompes bien ton monde, mais à part ça t'es juste gentil et complètement inoffensif." Teilo rougit un peu de cette comparaison. Pour le coup, il regrettait vraiment que Gio ne soit pas là. Mais il devait bien réagir, dire quelque-chose. Alors, en rassemblant son courage et le corps frissonnant, il se releva à son tour. "Et toi, Devigne, t'es une bigorne. T'as l'air impressionnant comme ça à cracher du feu mais en vrai, dès que tu peux tu fuis. Parce que t'as peur de tout."
Devigne, l'oeil mauvais, pointa sa baguette sur le nez de Teilo qui déglutit. Les souvenirs du labyrinthe, avant l'été, lui revinrent immédiatement en mémoire et ils n'étaient pas agréables. "T'inquiète pas. J'ai bien compris ma leçon la dernière fois", le rassura Devigne avec un sourire tout en rabaissant sa baguette. "Et si on comparait nos tracés du bélier ? Celui qui fait le plus haut mur de feu devra faire tout ce que l'autre lui demande pendant une semaine au retour des vacances." Teilo, qui reprenait encore discrètement sa respiration, souffla : "Tu veux faire ça ici, dans le parc ? Et tu vois du feu où ?" "Hm. Alors un duel ? Toi et moi, avec les mannequins. A la rentrée. A la loyale."
Teilo déglutit encore. Le défi était lancé. Si il ne l'acceptait pas, ça allait être lui la bigorne. Et puis, mine de rien, il avait bien envie de battre Oscar à la loyale. C'était l'occasion ou jamais. "D'accord. Mais pas à la rentrée." "Oui, je comprends, t'as besoin de t'entraîner. Alors quand ?" "Hmm... le 20 mars." "Pourquoi le 20 mars ?" "Mes amis savent pourquoi."
Devigne fronça les sourcils avant de lever le menton. "Ah. C'est ton anniversaire." "Hm-hm". Debout face à Oscar, les mains dans les poches, Teilo hochait la tête avec un grand sourire. Le 20 mars 2023, Oscar lui avait envoyé en guise de 'cadeau' une lettre assassine dans laquelle il avait listé tous ses défauts. Ca l'avait beaucoup chamboulé et s'il n'avait pas eu ses amis pour le consoler et lui redonner du courage, il serait sûrement encore en train de larmoyer dessus aujourd'hui. Le 20 mars 2024 était donc le jour parfait pour faire mordre la poussière à l'auteur de cette lettre.
"D'accord", fit Devigne en lui tendant la main. Teilo la serra en le fixant dans les yeux. Devigne serra encore plus fort, jusqu'à lui faire mal, puis s'en retourna vers le chateau en ne cessant de le haranguer : "Prépare-toi autant que tu veux, de toute façon tu vas perdre. Dommage que la Championne de nos coeurs soit plus là pour t'aider, pas vrai ? Allez, amuse-toi bien avec tes boules de neige ce soir, Darroux. Darrroux-rrrou-rrrou. Haha." Une tulipe tourne-casaque sifflota à son passage, ce qui interrompit sa ritournelle. "Oh, toi, la ferme."
Teilo ne le quitta pas des yeux. Une fois Oscar hors du parc, le Lug s'aperçut qu'il avait encore le poing serré. Alors il se laissa retomber dans l'herbe, sur le dos, et, la main sous le col de sa chemise, se força à inspirer et expirer doucement.
"Fui-fiuuuuu", fit une tulipe-casaque et le garçon sursauta. Quoi, Oscar voulait se battre, finalement ? Ah, non. C'était Paolo Asunçao qui le saluait de la main en approchant.
Par Merlin, il ne pouvait pas juste avoir cinq minutes ?
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Coucou, Teilo !"
Paolo Asunçao avait l'air vraiment joyeux de l'avoir trouvé. Teilo décrispa sa mâchoire juste assez pour répondre : "Tu veux quoi, Paolo ?"
"Ben, je te cherchais-"
"Pourquoi ?"
"Parce qu'on avait rendez-vous...."
"Hein ?"
"Dans la Grande Galerie."
"Oui, je sais."
"Il y a vingt minutes."
Teilo se redressa sur ses coudes, la bouche en forme de o. "Désolé.. j'avais, mais... complètement oublié." "Je m'en doutais." Paolo lui souriait. Ce n'était pas la première fois. Depuis la rentrée, Teilo avait dû poser deux trois lapins à son confrère de Lug. Peut-être plus ? Il ne savait plus. Heureusement, le portugais n'en prenait jamais ombrage. Sans quitter son sourire, Paolo Asunçao sortit de sa poche un délice snif meringué tout doré et appétissant. "Tiens."
"Hm. Non merci, j'ai pas faim."
"T'es sûr ?"
"Ouais."
"Comme tu veux." Paolo mordit dans la patisserie avant de lâcher un "Hmmm" de contentement. "Ch'est encore chaud." C'était surtout exagéré, constata Teilo en se rallongeant dans l'herbe pour regarder le ciel. "Ben qu'est che que t'as ? On est en vacanches, pourquoi tu fais la tronche ?"
Teilo inspira lentement et haussa les épaules sans regarder Paolo. "Je sais pas." Peut-être à cause d'Oscar ? Non, il avait eu envie d'être seul avant même l'arrivée du blondinet. Peut-être parce que la présence rassurante de Lorie lui manquait ? Ou parce-que, malgré son engagement à être plus sérieux et travailleur en septembre, les résultats n'étaient pas vraiment là ? Parce qu'il n'était pas plus proche que cet été de pouvoir protéger efficacement ses amis et sa famille contre les dangers du monde magique ? Pourtant, ça urgeait.
"Tiens."
Teilo loucha sur le bout de délice snif meringué que Paolo tenait maintenant devant ses yeux. Son ami au visage longiligne et aux longs cheveux noirs s'était assis dans l'herbe juste à côté de lui. Avec un soupir, le Lug décida finalement de se saisir du dessert et de mordre dedans.
C'était trop sucré mais chaud et plutôt bien cuit. "Tu fais des progrès en gastromachie", admit Teilo avec le début d'un sourire, ce qui fit rire Paolo. "Merci. C'est pas mon domaine magique de prédilection. En fait, je voulais te voir parce que... j'ai un projet d'artisanat à la rentrée. Ca va être long et un peu complexe, j'ai besoin d'assistants." Teilo haussa un sourcil. D'assistants, carrément ? Paolo commençait à prendre de l'assurance. Un an plus tôt, il n'aurait jamais osé demandé à quiconque de l'aider pour quoi que ce soit, encore moins pour un projet dont il serait le chef.
Teilo avait envie de dire oui mais voilà. C'était encore une tâche non prévue qui s'ajoutait à son emploi du temps déjà fort fourni : avec les cours, les devoirs plus son travail personnel intensif pour améliorer son niveau dans toutes les disciplines magiques, ses longs temps de lecture de choses trop compliquées à la Chapelle, ses entraînements officiels et officieux pour le Quattequin, les cours de Français le mercredi-matin (Maman avait insisté), ses courses de plus en plus régulières sur les remparts et tout ce qui pouvait se passer d'imprévu à Beauxbâtons comme... comme devoir se préparer à battre Oscar en duel le 20 mars, il n'avait clairement plus le temps pour d'autres choses comme continuer à s'exercer à la danse, au chant, au théâtre, toutes ses passions d'avant.
Il n'avait plus le temps d'être aussi disponible qu'avant pour les projets de ses amis, pour ses propres projets à lui. Même avec la magie, c'était juste impossible.
Et pourtant... "Bien sûr." Le jeune Daroux avait mordu dans la patisserie et dit bien sûr. Parce que ce qui était encore plus impossible pour Teilo, c'était de décevoir ses amis. Paolo avait besoin de lui, il serait là. Tant pis, il trouverait bien une solution pour concilier cette nouvelle tâche avec tout le reste.
"Super ! On commence le dimanche de la rentrée !" s'extasia le portugais en lui tapotant l'épaule. Il se relevait déjà. "Je te donnerai les détails plus tard, là on a pas trop le temps, faut que j'aille me préparer pour le bal. A plus !" Teilo s'assit dans l'herbe, le nez froncé. Paolo aussi avait quelqu'un pour ce soir ? Il n'était pas plus grand que lui et il n'avait jamais exprimé de l'intérêt pour le bal de Noël. Il ne voulait pas juste faire une bataille de neige ?
Un peu hagard, Teilo le regarda filer sans oser lui demander avec qui il allait danser. Quand le portugais ne fut plus qu'une silhouette au loin, le français se rendit compte que sa main serrait un peu trop fort le délice snif meringué dont il n'avait finalement pris qu'une bouchée. Un peu plus et il l'émietterait. Alors il se força à respirer profondément, lâcha la patisserie et se recoucha.
"Pffffffff."
"Fui-fiuuuuu", fit une tulipe-casaque, annonçant une nouvelle arrivée.
"Non", gronda Teilo en se retournant à plat ventre pour enfouir son visage dans la terre. Avec de la chance, on n'allait pas le voir.
Paolo Asunçao avait l'air vraiment joyeux de l'avoir trouvé. Teilo décrispa sa mâchoire juste assez pour répondre : "Tu veux quoi, Paolo ?"
"Ben, je te cherchais-"
"Pourquoi ?"
"Parce qu'on avait rendez-vous...."
"Hein ?"
"Dans la Grande Galerie."
"Oui, je sais."
"Il y a vingt minutes."
Teilo se redressa sur ses coudes, la bouche en forme de o. "Désolé.. j'avais, mais... complètement oublié." "Je m'en doutais." Paolo lui souriait. Ce n'était pas la première fois. Depuis la rentrée, Teilo avait dû poser deux trois lapins à son confrère de Lug. Peut-être plus ? Il ne savait plus. Heureusement, le portugais n'en prenait jamais ombrage. Sans quitter son sourire, Paolo Asunçao sortit de sa poche un délice snif meringué tout doré et appétissant. "Tiens."
"Hm. Non merci, j'ai pas faim."
"T'es sûr ?"
"Ouais."
"Comme tu veux." Paolo mordit dans la patisserie avant de lâcher un "Hmmm" de contentement. "Ch'est encore chaud." C'était surtout exagéré, constata Teilo en se rallongeant dans l'herbe pour regarder le ciel. "Ben qu'est che que t'as ? On est en vacanches, pourquoi tu fais la tronche ?"
Teilo inspira lentement et haussa les épaules sans regarder Paolo. "Je sais pas." Peut-être à cause d'Oscar ? Non, il avait eu envie d'être seul avant même l'arrivée du blondinet. Peut-être parce que la présence rassurante de Lorie lui manquait ? Ou parce-que, malgré son engagement à être plus sérieux et travailleur en septembre, les résultats n'étaient pas vraiment là ? Parce qu'il n'était pas plus proche que cet été de pouvoir protéger efficacement ses amis et sa famille contre les dangers du monde magique ? Pourtant, ça urgeait.
"Tiens."
Teilo loucha sur le bout de délice snif meringué que Paolo tenait maintenant devant ses yeux. Son ami au visage longiligne et aux longs cheveux noirs s'était assis dans l'herbe juste à côté de lui. Avec un soupir, le Lug décida finalement de se saisir du dessert et de mordre dedans.
C'était trop sucré mais chaud et plutôt bien cuit. "Tu fais des progrès en gastromachie", admit Teilo avec le début d'un sourire, ce qui fit rire Paolo. "Merci. C'est pas mon domaine magique de prédilection. En fait, je voulais te voir parce que... j'ai un projet d'artisanat à la rentrée. Ca va être long et un peu complexe, j'ai besoin d'assistants." Teilo haussa un sourcil. D'assistants, carrément ? Paolo commençait à prendre de l'assurance. Un an plus tôt, il n'aurait jamais osé demandé à quiconque de l'aider pour quoi que ce soit, encore moins pour un projet dont il serait le chef.
Teilo avait envie de dire oui mais voilà. C'était encore une tâche non prévue qui s'ajoutait à son emploi du temps déjà fort fourni : avec les cours, les devoirs plus son travail personnel intensif pour améliorer son niveau dans toutes les disciplines magiques, ses longs temps de lecture de choses trop compliquées à la Chapelle, ses entraînements officiels et officieux pour le Quattequin, les cours de Français le mercredi-matin (Maman avait insisté), ses courses de plus en plus régulières sur les remparts et tout ce qui pouvait se passer d'imprévu à Beauxbâtons comme... comme devoir se préparer à battre Oscar en duel le 20 mars, il n'avait clairement plus le temps pour d'autres choses comme continuer à s'exercer à la danse, au chant, au théâtre, toutes ses passions d'avant.
Il n'avait plus le temps d'être aussi disponible qu'avant pour les projets de ses amis, pour ses propres projets à lui. Même avec la magie, c'était juste impossible.
Et pourtant... "Bien sûr." Le jeune Daroux avait mordu dans la patisserie et dit bien sûr. Parce que ce qui était encore plus impossible pour Teilo, c'était de décevoir ses amis. Paolo avait besoin de lui, il serait là. Tant pis, il trouverait bien une solution pour concilier cette nouvelle tâche avec tout le reste.
"Super ! On commence le dimanche de la rentrée !" s'extasia le portugais en lui tapotant l'épaule. Il se relevait déjà. "Je te donnerai les détails plus tard, là on a pas trop le temps, faut que j'aille me préparer pour le bal. A plus !" Teilo s'assit dans l'herbe, le nez froncé. Paolo aussi avait quelqu'un pour ce soir ? Il n'était pas plus grand que lui et il n'avait jamais exprimé de l'intérêt pour le bal de Noël. Il ne voulait pas juste faire une bataille de neige ?
Un peu hagard, Teilo le regarda filer sans oser lui demander avec qui il allait danser. Quand le portugais ne fut plus qu'une silhouette au loin, le français se rendit compte que sa main serrait un peu trop fort le délice snif meringué dont il n'avait finalement pris qu'une bouchée. Un peu plus et il l'émietterait. Alors il se força à respirer profondément, lâcha la patisserie et se recoucha.
"Pffffffff."
"Fui-fiuuuuu", fit une tulipe-casaque, annonçant une nouvelle arrivée.
"Non", gronda Teilo en se retournant à plat ventre pour enfouir son visage dans la terre. Avec de la chance, on n'allait pas le voir.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"Teiloooooo ? T'es ouuuuuu ?"
Non mais par Merlin, ils se donnaient tous le mot ou quoi ? Il y avait un message magique dans le ciel avec son prénom et une flèche clignotante qui indiquait sa position ? Teilo resta immobile, le nez dans l'herbe. Avec de la chance, elle passerait à côté sans le voir.
"Ha, te voilà, je t'ai cherché par-tout... t'étais avec comment il s'appelle ! Tu fais quoi ? Euh... tu sais que les quamphis, ça vit plutôt dans les marais ?"
Ouais, il pouvait toujours rêver. Il se tourna pour se mettre sur le dos et inspira un grand coup, la face pleine de terre. Un sourire s'afficha sur son visage par réflexe quant ses yeux se rivèrent sur la nouvelle arrivante.
Non mais par Merlin, ils se donnaient tous le mot ou quoi ? Il y avait un message magique dans le ciel avec son prénom et une flèche clignotante qui indiquait sa position ? Teilo resta immobile, le nez dans l'herbe. Avec de la chance, elle passerait à côté sans le voir.
"Ha, te voilà, je t'ai cherché par-tout... t'étais avec comment il s'appelle ! Tu fais quoi ? Euh... tu sais que les quamphis, ça vit plutôt dans les marais ?"
Ouais, il pouvait toujours rêver. Il se tourna pour se mettre sur le dos et inspira un grand coup, la face pleine de terre. Un sourire s'afficha sur son visage par réflexe quant ses yeux se rivèrent sur la nouvelle arrivante.
"Salut, Alice."
"Ou alors tu te fais un masque. T'as raison, La terre, c'est bon pour la peau ! Je l'ai lu dans le deuxième volume des Astuces d'Ernest Meregrand... ou peut-être le troisième ?"
La fille qui se tenait debout à côté de lui était en Première Année à Dagda. Elle avait de longs cheveux bruns, de grands yeux verts, des lunettes énormes sur son petit nez et toujours un livre, un magazine ou un journal au creux du bras. Cette fois, c'était un journal.
"Tu voulais me voir ?" La fille hocha vivement la tête. "OUI. T'es trop fort, e-ffecti-vement, je te cherchais ! J'ai...." Elle cligna des yeux, regarda autour d'elle un peu surprise puis hauss les épaules. "Hm, ça va me revenir."
Ha, elle avait oublié. Pas surprenant, il n'y avait pas plus tête en l'air qu'Alice Schnabel dans tout Beauxbâtons. Même lui ne lui arrivait pas à la cheville. "Ha ! Au fait, t'as vu ça ? C'est atroce ! Des dizaines de milliers de livres perdus. Noyés !" "Hein ?" Alice avait passait souvent du coq à l'âne, c'était pas toujours facile de la suivre. Teilo se redressa sur les coudes, juste à temps pour la voir ouvrir un numéro du Remue mes Non-Mags. "A cause des inondations de la semaine dernière. L'eau est montée d'un coup à Sablons-en-Gironde, ils ont pas eu le temps de les protéger. Tant de précieux savoir perdu, t'imagines..."
Les yeux au loin, elle semblait émue pour les pauvres petit livres et vu qu'elle était émue, Teilo ne pouvait pas s'empêcher d'avoir un petit pincement au coeur à son tour. "Ils les ont pas numérisés ?" "Numéri-quoi ?" "Euh... laisse tomber." Il connaissait Alice depuis la rentrée de septembre, quand la petite nouvelle avait réussi la prouesse de perdre de vue ses camarades de Dagda pour se retrouver avec les Lug devant leur tour. Teilo savait très bien que s'il avait le malheur de répondre à sa question, des dizaines d'autres suivraient. Sa curiosité, surtout envers l'univers non-mag, n'avait d'égal que son entêtement à obtenir des réponses.
Desfois, elle lui faisait penser à Elina Fleury... en pire.
"Oh !" Alice s'était assise à côté de lui avec un sourire. "Tu veux savoir le pronostic d'Aimée Troizeuil pour l'ouverture de la Ligue française de Quidditch ? Elle se trompe ja-mais !" Ha, elle avait aussi le dernier Cri de la Gargouille. Teilo s'assit à son tour, soudain très sérieux. Il fallait l'être quant on parlait Quidditch. "Les Vampires de Saucillon vont gagner. Ils ont un super attrapeur cette saison" "Uh-uhhh... Non, c'est les Serpes qui gagnent, et haut la main !" "Tsk, qu'est-ce qu'elle y connait au Quidditch ?" "C'est une devineresse extra-ordinaire. Elle avait prédit que la maison McAron allait sortir une nouvelle gamme de balais deux mois avant l'annonce officielle !" "Mouais." "Et que Fournier allait prendre sa retraite !" "C'est parce qu'on lui a dit avant." "Oï ! Dis pas du mal des devins !"
"Aie." Teilo grinça des dents. Alice venait de le taper avec son journal. Pas du tout attendrie par son expression de douleur, la petite le tançait du regard : "C'est quand même mon futur métier. Je serai la meilleure de tout le monde sorcier." Teilo sourit en coin. Elle était venue l'embêter, il avait bien envie de la titiller un peu. "Alors devine pourquoi j'étais par terre." "Parce que..."
Alice replaça les lunettes sur son nez, se mit bien droite et le fixa avec intensité, comme si elle cherchait à sonder l'intérieur de son crâne. Teilo joua le jeu sans se départir de son sourire. "Parce que tu aimes les vers de terre ?" "PRFFFF. Essaie encore." "Parce que t'es jaloux des Lug qui ont une affinité avec l'élément Terre !" "Hein ? Euh, non ?" Teilo fronça le nez. Ou elle allait chercher ça ? "Parce que tu voulais te cacher et être seul ? Non, non, ça peut pas être ça."
Ben si, c'était un peu ça mais Teilo se garda bien de confirmer. Il essuyait ses joues terreuses avec ses mains déjà sales, ce qui n'arrangeait absolument rien. "OH je sais. Parce que tu t'en veux de pas avoir le courage d'inviter qui-tu-sais au bal." Teilo cessa son manège et cligna des yeux. Finalement, mieux valait laisser de la terre sur ses joues pour l'instant. "Mais.... non, pas du tout !" Alice ferma les yeux et agita les mains en l'air. "P... E... N..." "Arrête, c'est pas drôle." Il se leva rapidement, s'épousseta là ou il n'avait rien à épousseter et grogna : "T'as pas genre... des amis à aller voir ? Des amis de ton âge ?" "Dit celui qui a plein d'amis plus grands que lui."
Alice était vraiment insupportable, à l'image du sourire malicieux qu'elle affichait maintenant. Parfois elle lui faisait penser à sa petite soeur Ariane... en pire. Il avait bien envie de lui dire que lui au moins, il avait plein d'amis mais c'était vraiment trop méchant. Alors il fit mine de partir droit devant, plus loin dans le parc, en sachant bien que de toute manière elle allait le suivre.
Ca ne manqua pas. Qu'est-ce qu'elle était collante. "Prouve moi que j'ai tort alors. T'as juste à aller vers la haie-papillon là-bas et on verra bien à quoi tu penses. A QUI tu penses." "Je pense à personne !" Non, il ne Pensée pas à pensait... il ne pensait pas à.. Raaaah. Il accéléra et, bien entendu, elle fit de même. Comment elle savait, déjà ? Qui avait vendu la mèche ? Alice Schnabel était vraiment trop douée pour récolter des informations, bien plus que lui et Gio. "Allez quoiiii, t'as aucune raison d'avoir p- Aïe."
Teilo se retourna dès qu'il entendit le cri. Alice était à terre et autour d'elle s'éparpillaient les feuilles de ses deux journaux. Elle s'était sûrement pris les pieds dans une motte, une plante ou quelque-chose. Toute sa frustration oubliée, le garçon se précipita aussitôt vers elle. "Ca va ?" "O-Oui" fit la jeune fille groggy en ramassant ses lunettes. Quand elle les remit sur son nez, elle prit une expression horrifiée. "Oh. Non." Le corps soudain tendu, Teilo cessa de respirer et suivit son regard. Là où Alice avait trébuché gisait une parisette.
"Non", souffla-t-il comme un écho en se laissant tomber à genoux près de la petite créature. Elle ne battait plus que d'une aile.
"Ou alors tu te fais un masque. T'as raison, La terre, c'est bon pour la peau ! Je l'ai lu dans le deuxième volume des Astuces d'Ernest Meregrand... ou peut-être le troisième ?"
La fille qui se tenait debout à côté de lui était en Première Année à Dagda. Elle avait de longs cheveux bruns, de grands yeux verts, des lunettes énormes sur son petit nez et toujours un livre, un magazine ou un journal au creux du bras. Cette fois, c'était un journal.
"Tu voulais me voir ?" La fille hocha vivement la tête. "OUI. T'es trop fort, e-ffecti-vement, je te cherchais ! J'ai...." Elle cligna des yeux, regarda autour d'elle un peu surprise puis hauss les épaules. "Hm, ça va me revenir."
Ha, elle avait oublié. Pas surprenant, il n'y avait pas plus tête en l'air qu'Alice Schnabel dans tout Beauxbâtons. Même lui ne lui arrivait pas à la cheville. "Ha ! Au fait, t'as vu ça ? C'est atroce ! Des dizaines de milliers de livres perdus. Noyés !" "Hein ?" Alice avait passait souvent du coq à l'âne, c'était pas toujours facile de la suivre. Teilo se redressa sur les coudes, juste à temps pour la voir ouvrir un numéro du Remue mes Non-Mags. "A cause des inondations de la semaine dernière. L'eau est montée d'un coup à Sablons-en-Gironde, ils ont pas eu le temps de les protéger. Tant de précieux savoir perdu, t'imagines..."
Les yeux au loin, elle semblait émue pour les pauvres petit livres et vu qu'elle était émue, Teilo ne pouvait pas s'empêcher d'avoir un petit pincement au coeur à son tour. "Ils les ont pas numérisés ?" "Numéri-quoi ?" "Euh... laisse tomber." Il connaissait Alice depuis la rentrée de septembre, quand la petite nouvelle avait réussi la prouesse de perdre de vue ses camarades de Dagda pour se retrouver avec les Lug devant leur tour. Teilo savait très bien que s'il avait le malheur de répondre à sa question, des dizaines d'autres suivraient. Sa curiosité, surtout envers l'univers non-mag, n'avait d'égal que son entêtement à obtenir des réponses.
Desfois, elle lui faisait penser à Elina Fleury... en pire.
"Oh !" Alice s'était assise à côté de lui avec un sourire. "Tu veux savoir le pronostic d'Aimée Troizeuil pour l'ouverture de la Ligue française de Quidditch ? Elle se trompe ja-mais !" Ha, elle avait aussi le dernier Cri de la Gargouille. Teilo s'assit à son tour, soudain très sérieux. Il fallait l'être quant on parlait Quidditch. "Les Vampires de Saucillon vont gagner. Ils ont un super attrapeur cette saison" "Uh-uhhh... Non, c'est les Serpes qui gagnent, et haut la main !" "Tsk, qu'est-ce qu'elle y connait au Quidditch ?" "C'est une devineresse extra-ordinaire. Elle avait prédit que la maison McAron allait sortir une nouvelle gamme de balais deux mois avant l'annonce officielle !" "Mouais." "Et que Fournier allait prendre sa retraite !" "C'est parce qu'on lui a dit avant." "Oï ! Dis pas du mal des devins !"
"Aie." Teilo grinça des dents. Alice venait de le taper avec son journal. Pas du tout attendrie par son expression de douleur, la petite le tançait du regard : "C'est quand même mon futur métier. Je serai la meilleure de tout le monde sorcier." Teilo sourit en coin. Elle était venue l'embêter, il avait bien envie de la titiller un peu. "Alors devine pourquoi j'étais par terre." "Parce que..."
Alice replaça les lunettes sur son nez, se mit bien droite et le fixa avec intensité, comme si elle cherchait à sonder l'intérieur de son crâne. Teilo joua le jeu sans se départir de son sourire. "Parce que tu aimes les vers de terre ?" "PRFFFF. Essaie encore." "Parce que t'es jaloux des Lug qui ont une affinité avec l'élément Terre !" "Hein ? Euh, non ?" Teilo fronça le nez. Ou elle allait chercher ça ? "Parce que tu voulais te cacher et être seul ? Non, non, ça peut pas être ça."
Ben si, c'était un peu ça mais Teilo se garda bien de confirmer. Il essuyait ses joues terreuses avec ses mains déjà sales, ce qui n'arrangeait absolument rien. "OH je sais. Parce que tu t'en veux de pas avoir le courage d'inviter qui-tu-sais au bal." Teilo cessa son manège et cligna des yeux. Finalement, mieux valait laisser de la terre sur ses joues pour l'instant. "Mais.... non, pas du tout !" Alice ferma les yeux et agita les mains en l'air. "P... E... N..." "Arrête, c'est pas drôle." Il se leva rapidement, s'épousseta là ou il n'avait rien à épousseter et grogna : "T'as pas genre... des amis à aller voir ? Des amis de ton âge ?" "Dit celui qui a plein d'amis plus grands que lui."
Alice était vraiment insupportable, à l'image du sourire malicieux qu'elle affichait maintenant. Parfois elle lui faisait penser à sa petite soeur Ariane... en pire. Il avait bien envie de lui dire que lui au moins, il avait plein d'amis mais c'était vraiment trop méchant. Alors il fit mine de partir droit devant, plus loin dans le parc, en sachant bien que de toute manière elle allait le suivre.
Ca ne manqua pas. Qu'est-ce qu'elle était collante. "Prouve moi que j'ai tort alors. T'as juste à aller vers la haie-papillon là-bas et on verra bien à quoi tu penses. A QUI tu penses." "Je pense à personne !" Non, il ne Pensée pas à pensait... il ne pensait pas à.. Raaaah. Il accéléra et, bien entendu, elle fit de même. Comment elle savait, déjà ? Qui avait vendu la mèche ? Alice Schnabel était vraiment trop douée pour récolter des informations, bien plus que lui et Gio. "Allez quoiiii, t'as aucune raison d'avoir p- Aïe."
Teilo se retourna dès qu'il entendit le cri. Alice était à terre et autour d'elle s'éparpillaient les feuilles de ses deux journaux. Elle s'était sûrement pris les pieds dans une motte, une plante ou quelque-chose. Toute sa frustration oubliée, le garçon se précipita aussitôt vers elle. "Ca va ?" "O-Oui" fit la jeune fille groggy en ramassant ses lunettes. Quand elle les remit sur son nez, elle prit une expression horrifiée. "Oh. Non." Le corps soudain tendu, Teilo cessa de respirer et suivit son regard. Là où Alice avait trébuché gisait une parisette.
"Non", souffla-t-il comme un écho en se laissant tomber à genoux près de la petite créature. Elle ne battait plus que d'une aile.
Teilo Daroux
3ᵉ année, Délégué, Lug
"La pauvre. Je voulais pas ! Tu crois qu'elle va mourir ?"
Teilo ne répondait pas à Alice. Il avait sorti sa baguette et réfléchissait, sourcils froncés. Après quelques secondes, il la pointa sur la parisette blessée : "Sirapto."
Il était hors de question qu'il soit responsable, même indirectement, de la mort d'un être vivant.
"Sirapto." Ca ne fonctionnait pas. La minuscule et toute fragile parisette battait encore de son unique aile. Alice, penchée comme Teilo sur la créature, rajustait ses lunettes sur son nez.
"C'est bon. Elle va s'en sortir."
Le jeune Daroux avait envie de croire qu'elle devinait juste. Mais ça ne l'empêchait pas d'essayer de forcer le destin. Il fit comme elle et prit le temps de scruter la parisette en se remémorant les connaissances qu'il avait déjà acquises pendant son premier semestre en Guérison. Peut-être que ce n'était pas l'aile qui était cassée mais le membre qui la soutenait. Et si il essayait un Steccatura pour lui mettre une attelle miniature ? D'accord, mais où exactement ? Il aurait sûrement réussi ça sur un humain... mais sur une parisette ? Où exactement devait-il pointer ? Est-ce que ça allait-
"Tu vois !" s'exclama Alice avec un grand sourire.
Teilo n'en croyait pas ses yeux. La minuscule créature rouge s'envolait à nouveau et, sans demander son reste, repartait s'occuper d'une fleur juste à côté. Immobile, il la regarda faire un instant puis sourit à Alice. Il se sentait si soulagé qu'il avait envie de pleurer.
"Pas de repos pour les braves."
"Hein ?"
"C'est un proverbe, mon père le dit souvent." Rassurée elle aussi, Alice restait agenouillée en face de lui, mains sur les genoux. "Ca s'applique bien aux parisettes, tu trouves pas ?"
Teilo cligna des yeux, songeur puis finit par hocher la tête. "Oui. Elles s'arrêtent jamais de travailler. Enfin, pas que je sache." Il tourna de nouveau la tête vers la créature qui voletait autour de la fleur. "Et elles se plaignent jamais de rien." Avant de mourir, elles faisaient don de leurs ailes qui servaient de fertilisant. C'était impressionnant aux yeux de Teilo. "Toute leur vie, c'est pour les fleurs." "Pour que les fleurs soient belles", précisa Alice, ce à quoi le garçon acquiesca sans trop réfléchir, le regard toujours rivé sur la parisette.
"Quoi ?" fit-il, surpris d'entendre la Première Année rire. "Rien. J'y vais, je te laisse avec tes fleurs." En chantonnant un air qu'il ne reconnaissait pas, elle récupéra ses journaux éparpillés au sol, lui sourit, claqua des talons et s'en fut. Il l'alpagua quand elle fut à cinq mètres de lui : "Hé, tu voulais me demander quoi ?" "C'était rien d'important", assura-t-elle en balayant l'air de sa main.
Teilo regarda partir la menue brune qui chantonnait et nota qu'aucune tulipe-casaque ne siffla sur son passage. Puis il s'allongea sur le dos, les mains croisées derrière la nuque, les yeux rivés au ciel. Le bleu, c'était vraiment sa couleur préférée, on pouvait se perdre dedans. Il aurait bien aimé être brave comme une parisette, toujours au service des autres jusqu'à la fin mais là, il ne s'en sentait pas capable. Les vacances arrivaient à point nommé. Il fallait qu'il se repose et pense à autre chose parce que dès janvier, avec tout ce qui venait de lui tomber dessus, tout ce qu'il avait déjà remis à plus tard, tout ce qui allait forcément lui arriver sans prévenir et que même son imagination fertile ne pouvait deviner...
Teilo soupira profondément. Ouais. Il allait avoir du boulot.
Teilo ne répondait pas à Alice. Il avait sorti sa baguette et réfléchissait, sourcils froncés. Après quelques secondes, il la pointa sur la parisette blessée : "Sirapto."
Il était hors de question qu'il soit responsable, même indirectement, de la mort d'un être vivant.
"Sirapto." Ca ne fonctionnait pas. La minuscule et toute fragile parisette battait encore de son unique aile. Alice, penchée comme Teilo sur la créature, rajustait ses lunettes sur son nez.
"C'est bon. Elle va s'en sortir."
Le jeune Daroux avait envie de croire qu'elle devinait juste. Mais ça ne l'empêchait pas d'essayer de forcer le destin. Il fit comme elle et prit le temps de scruter la parisette en se remémorant les connaissances qu'il avait déjà acquises pendant son premier semestre en Guérison. Peut-être que ce n'était pas l'aile qui était cassée mais le membre qui la soutenait. Et si il essayait un Steccatura pour lui mettre une attelle miniature ? D'accord, mais où exactement ? Il aurait sûrement réussi ça sur un humain... mais sur une parisette ? Où exactement devait-il pointer ? Est-ce que ça allait-
"Tu vois !" s'exclama Alice avec un grand sourire.
Teilo n'en croyait pas ses yeux. La minuscule créature rouge s'envolait à nouveau et, sans demander son reste, repartait s'occuper d'une fleur juste à côté. Immobile, il la regarda faire un instant puis sourit à Alice. Il se sentait si soulagé qu'il avait envie de pleurer.
"Pas de repos pour les braves."
"Hein ?"
"C'est un proverbe, mon père le dit souvent." Rassurée elle aussi, Alice restait agenouillée en face de lui, mains sur les genoux. "Ca s'applique bien aux parisettes, tu trouves pas ?"
Teilo cligna des yeux, songeur puis finit par hocher la tête. "Oui. Elles s'arrêtent jamais de travailler. Enfin, pas que je sache." Il tourna de nouveau la tête vers la créature qui voletait autour de la fleur. "Et elles se plaignent jamais de rien." Avant de mourir, elles faisaient don de leurs ailes qui servaient de fertilisant. C'était impressionnant aux yeux de Teilo. "Toute leur vie, c'est pour les fleurs." "Pour que les fleurs soient belles", précisa Alice, ce à quoi le garçon acquiesca sans trop réfléchir, le regard toujours rivé sur la parisette.
"Quoi ?" fit-il, surpris d'entendre la Première Année rire. "Rien. J'y vais, je te laisse avec tes fleurs." En chantonnant un air qu'il ne reconnaissait pas, elle récupéra ses journaux éparpillés au sol, lui sourit, claqua des talons et s'en fut. Il l'alpagua quand elle fut à cinq mètres de lui : "Hé, tu voulais me demander quoi ?" "C'était rien d'important", assura-t-elle en balayant l'air de sa main.
Teilo regarda partir la menue brune qui chantonnait et nota qu'aucune tulipe-casaque ne siffla sur son passage. Puis il s'allongea sur le dos, les mains croisées derrière la nuque, les yeux rivés au ciel. Le bleu, c'était vraiment sa couleur préférée, on pouvait se perdre dedans. Il aurait bien aimé être brave comme une parisette, toujours au service des autres jusqu'à la fin mais là, il ne s'en sentait pas capable. Les vacances arrivaient à point nommé. Il fallait qu'il se repose et pense à autre chose parce que dès janvier, avec tout ce qui venait de lui tomber dessus, tout ce qu'il avait déjà remis à plus tard, tout ce qui allait forcément lui arriver sans prévenir et que même son imagination fertile ne pouvait deviner...
Teilo soupira profondément. Ouais. Il allait avoir du boulot.
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