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Maëlle caressait du bout du doigt la broche que venait de lui remettre la devineresse, et qu’elle avait épinglée sur la veste de son uniforme. Faisant partie des derniers élèves de sa promotion à être passée par la cour du pommier, elle découvrit un réfectoire déjà bien rempli lorsqu’elle y entra. Comme c’était probablement le cas pour la plupart des premières années, qui arrivaient au compte-goutte, elle eut l’impression que tous les regards étaient tournés vers elle – sentiment sans doute exacerbé par les estomacs vides. Le visage rouge pivoine, la petite Lefèbvre avisa la place libre la plus proche d’elle et s’y faufila, rejoignant ainsi une tablée où étaient principalement installés des étudiants plus âgés. « Je peux ? » bredouilla-t-elle avant de s’y installer. Elle resta muette en attendant que la répartition se termine, se contentant d’observer les différentes broches autour de la table et d’écouter les conversations, sans toutefois comprendre tous les sujets abordés. « Maëlle... Je viens de Trois-Corneilles » balbutia-t-elle tout de même lorsqu’on l’interrogea. Par chance, elle avait pris place à côté de la déléguée de sa confrérie, qui chercha plusieurs fois à la rassurer et à la mettre à l’aise.

La porte de la cour du pommier se referma définitivement, au point de disparaître dans le mur de pierres. Aliaume Delalande – la petite Lefèbvre reconnut aisément le vieux sorcier qui les avait accueillis à la descente des carrosses – débuta alors son discours. Elle l’écouta religieusement, cherchant à retenir chaque information. La déléguée de Dagda en profita pour lui désigner, d’un discret signe de la main, leur maîtresse de confrérie à la table des enseignants. Comme tous les jeunes sorciers réunis dans le réfectoire, elle redoubla d’attention à l’évocation de l’événement très spécial, en oubliant presque les corps inanimés cités quelques instants plus tôt. Lorsque les portes donnant sur le hall secondaire s’ouvrirent, à l’angle opposé de la pièce, la normande se tortilla sur sa chaise pour tenter d’apercevoir celle qui avait été désignée comme une invitée de marque. Avec ses longs cheveux argentés, son teint de porcelaine et son sourire lumineux, elle semblait sortir tout droit d’une revue de mode. Pourtant, comme un bon nombre d’élèves, Maëlle n’avait aucune idée de qui pouvait bien être Fleur Delacour.

Après un bref échange entre le directeur de l’académie et l’ancienne championne – toute l’assemblée était suspendue à leurs lèvres – il était (enfin !) temps pour les explications. Beauxbâtons accueillerait cette année les délégations de deux autres écoles de magie européennes, pour un grand tournoi dans lequel s’affronteront trois champions représentant chacun son école, comme Madame Delacour l’avait fait il y a... Il a dit en quelle année, déjà ? Dans tout le réfectoire, l’excitation était palpable ; si bien que Maëlle n’entendit pas les dernières indications sur les changements de professeurs. Et en même temps, elle n’en connaissait pour l’heure encore aucun.

Au signal du professeur Delalande, une farandole de plateaux généreusement garnis, tout droit venue des cuisines du château, vola de tables en tables dans un ballet parfaitement maîtrisé. La normande regarda les plats fumants avec des yeux gourmands. Elle se servit une belle assiette de coq au vin, accompagné d’une généreuse portion gratin dauphinois, et se garda une petite place pour une note sucrée en fin de repas, avec une ile flottante recouverte de quelques copeaux d’amandes. Alors que le dîner s’achevait, la première année soupira d’aise en observant le réfectoire autour d’elle. Il lui tardait désormais de découvrir la tour de sa confrérie, puis le reste du château dans les prochains jours. L’année scolaire s’annonçait riche en rebondissements... Et la fillette n’était pas au bout de ses surprises !