Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
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Appuyé contre la barrière en bois du manège, j'observe l'un des employés de ma mère faire tournoyer autour de lui l'une des magnifiques et imposantes créatures qui peuplent le haras. Il est en pleine séance de dressage et il sait que la moindre erreur pourrait lui être fatale. On ne se prend pas une tonne en plein galop sur la tronche sans en sortir salement amoché. Je le sais, c'est déjà arrivé. Mais lui est un pro', le meilleur même et maman a toute confiance en ses compétences. L'Abraxan qui tournoie autour de lui pourra bientôt rejoindre les autres dans la plaine. Je ne saisis pas comment il arrive à ce résultat impeccable, ça me dépasse complètement, mais j'aime quand même observer. D'autant plus quand le soleil se mêle au spectacle et que ses rayons se reflètent sur la robe dorée de la créature, parant le monde alentour d'un habit de lumière moucheté et ondulant.
La cloche magique annonçant des visiteurs carillonne derrière moi. Quelqu'un vient d'arriver par le réseau de cheminée associé. Le haras compte trois réseaux différents : un pour les visiteurs, un pour les employés et un pour la gérante et sa famille. Je me souviens avoir entendu ma mère dire qu'elle avait du faire des pieds et des mains pour les obtenir tous les trois. Elle était finalement parvenue à son but, comme toujours. A chaque cheminée était associé un système d'alarme différent. De fait, on peut savoir, sans même s'y rendre, qui arrive sur le domaine.
- Madame Fleury ! Quel plaisir de vous rencontrer ! Entends-je derrière moi, à travers la fenêtre grande ouverte de la maison faisant office d'accueil qui se situe à une dizaine de mètres de ma position.
Fleury. Voilà un nom qui ne m'est pas étranger. Je ne détache mon regard du manège et ne me retourne que lorsque j'entends des pas sur le sable s'approchant. Ma mère, accompagnée d'une femme blonde et d'une enfant d'à peu près mon âge. Je reconnais cette dernière, elle est dans ma confrérie dans la promotion suivant la mienne. Quelques rumeurs circulent à son propos dans le boudoir et il paraîtrait même qu'elle ait largement contribuer à notre victoire au bouclier cette année.
Je m'incline respectueusement devant le groupe.
- Madame Fleury, mademoiselle Fleury, soyez les bienvenues, dis-je poliment.
Tandis que je me redresse, je sens une ombre imposante me recouvrir. Je jette un regard à ma mère. A son sourire malicieux, je me doute de ce qu'il se passe. L'abraxan derrière moi s'est approché et à déployer ses ailes dorées, donnant comme l'illusion qu'elles m'appartenaient. A ceci près que la créature est beaucoup plus grande que moi. Avec mon tee-shirt noir en V et mon pantalon noir qui contraste clairement, cela doit donner un drôle d'effet. Habituellement, maman fait cette mise en scène pour elle. Cela lui donne une prestance magistrale. J'imagine qu'elle a voulu en donner un peu à son fils. Je souris à nos visiteuses mais ce sourire n'est en réalité que pour elle.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Pour une raison inconnue Lorie n'avait pas eu le réveil habituel de sept heures par sa préceptrice. Depuis ses quatre ans madame Louise n'avait jamais eu ne serait-ce qu'une minute de retard. Lorsque la petite blonde regarda la pendule présente dans sa chambre elle put y lire qu'il était pourtant sept heures trente-deux. « Étrange » Ce fut le seul mot qui lui venait en tête. Le calme ne dura pas plus longtemps que ça, dans les cinq minutes qui suivirent le moment ou ses pieds nues arpentaient le sol de sa chambre, sa préceptrice entra. Elle fut surprise de voir la petite Lorie debout avec les rideaux ouverts, observant les jardins du domaine. Si le discours ne changea pas, à la virgule prêt, madame Louise était toutefois énervée de voir l'adolescente non apprêtée.
« Je pensais que vous auriez au moins prit le temps pour vous apprêter mademoiselle Lorie. »
« Vous êtes en retard madame Louise. Répondit-elle de manière désintéressée. »
La préceptrice semblait bien agacée par cette réflexion. Elle avait décidément bien moins de contrôle sur elle, que ce qu'elle pouvait faire croire.
« J'étais en discussion avec votre mère, mademoiselle. Elle marqua un silence. J'espérais qu'après toutes ces années vous n'aviez plus besoin de mon réveil pour vous préparer. »
Lorie n’afficha qu’un sourire un peu moqueur avant de partir en direction de la salle de bain. Son peignoir en satin volait sous l’effet de la vitesse.
« Vous n’avez donc rien à dire… Vous partez avec votre mère aujourd… »
« Je sais. » Coupa-t-elle avant d’ajouter toujours de l’autre côté de la porte. « Vous n’avez jamais été en retard depuis mes quatre ans, je me doute que si vous étiez avec ma mère c’est que mes cours sont annulés à son profit. »
« Quinze minutes mademoiselle Lorie. J’ose espérer que vous ne vous comportez pas comme ceci à l’académie… »
La bonne nouvelle de cette aventure c'est qu'elle ne serait pas forcée de prendre un moyen de transport non-mag'. La cheminée était des plus agréables et rapide pour ce genre d'évènement, c'est donc avec plaisir qu'elle entra dans celle-ci avant d'en disparaitre à son tour dans le but de suivre sa mère.
« Bonjour madame Vaillant, le plaisir est grandement partagé. »
Lorie salua avec le plus grand respect l'hôtesse du jour. Son cœur ne fit qu'un tour cependant lorsqu'elle entendit le nom qui accompagnait les salutations. Cachant ses émotions du mieux qu'elle pouvait elle suivait les deux adultes en regardant avec intérêt les alentours plutôt exotiques de son point de vue. La robe qui accompagne la petite blonde semble flotter dans un ballet millimétré et n'a rien à envier à la grande qualité de ses robes de l'académie. Il ne fallut pas longtemps pour que ses doutes se révèlent, un garçon un peu plus âgé qu'elle se présente et il s'agit bien d'un de ses camarades de confrérie à l'académie. S'il jouit d'une petite réputation auprès des filles, la Cannoise n'y a jamais prêté une grande attention à ce que les autres filles pouvaient bien dire. Alors que sa mère semble beaucoup s'amuser de la mise en scène de l'abraxan Lorie se contente de rester plus ou moins désintéressée de celle-ci, se contentant d'afficher qu'un petit sourire de politesse.
« Bonjour monsieur Vaillant, je vous remercie. » Dit-elle d’une voix calme avant de s’effacer. »
« Merci monsieur Vaillant c’est un plaisir de vous rencontrer également. » Marguerite se tourna vers la mère du garçon avant de reprendre. Saviez-vous que je reviens justement de Bulgarie ? Si je ne me trompe pas vous y êtes originaire. »
Décrochant son écoute de la discussion d'adulte qui semble se lancer, Lorie observe la fabuleuse créature. Elle ne met pas beaucoup de temps pour la comparer à une pièce d'échecs. Néanmoins, l'adolescente ne pouvait s'empêcher de se dire que son échiquier aurait bien plus d'allure si les cavaliers disposaient de ces ailes majestueuses. Il n'y avait plus aucun doute sur le fait que Lorie demanderait à sa sœur de transformer les pièces à l'aide de la métamorphose. La petite blonde fit un petit pas en avant trahissant son envie de se rapprocher de celui qui était dorénavant la star du lieu. Finalement, habituée des réceptions et fête en tout genre Lorie s'approche naturellement de la personne la plus proche de son âge, elle afficha un petit sourire chaleureux.
« Je dois bien vous faire part de ma surprise, je ne m’attendais pas à ce qu’on suspende mes cours pour vous rendre visite. » Sa voix était douce, elle était presque soulagée que cette journée s’annonce normal ou proche d’une journée de l’académie.
Lorie ignorait la raison de sa présence et encore plus ce lieu. Mais elle se contenta de lâcher prise, en observant un peu les alentours tout en restant droite et ayant un comportement convenable. Même si sa mère semblait maintenant bien occupée, la petite blonde savait pertinemment que sa mère garderait un œil sur elle pour que tout ce qui serait fait de travers à ses yeux seraient sanctionnés plus tard.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je regarde ma mère partir en grande discussion avec l'autre adulte, décelant un léger pli à la commissure de ces lèvres qu'un autre n'aurait pu voir. Elle est contrariée de toute évidence. Je ne suis sûr de rien, mais je miserai sur le fait que la femme connaisse ses origines bulgares. Mère n'en a pas honte, mais elle se garde bien de le dire à tout venant. Elle a même énormément travaillé sur son accent pour qu'il ne soit plus qu'infime. Ainsi, personne ne pourrait lui dire qu'elle est une étrangère dans sa propre maison. Le fait que son interlocutrice le sache ne peut signifier qu'une chose : elle s'est bien renseignée. Et ça,ça ce ne doit pas lui plaire.
Mon attention se détourne du duo pour se porter sur la plus jeune des Fleury qui vient vers moi. Je la regarde sans répondre à son sourire. Je sens que je vais devoir faire la conversation par politesse et cela m'ennuie déjà. Les seules questions qui piquent ma curiosité au sujet de cette fille ne semblent que peu appropriées avec nos parents aux abords. Je n'ai pas le choix, je vais devoir me restreindre aux mondanités. Lorsqu'elle me vouvoie, je reste un instant interdit. Je n'ai pas l'habitude qu'un enfant de mon âge me parle comme si je suis un vieux. Pourtant, ça arrive parfois à Beauxbâtons, surtout avec les plus aisés, les plus "grands" de ce monde. Je ne savais pas que Fleury faisait parti de ceux-là, me voilà fixé. Avec eux, il faut toujours faire attention à ce qu'on dit, un vrai numéro de funambulisme ! Un pas, ou plutôt un mot de travers et c'est la chute. Et cela peut même affecter les parents. Je me garde bien de les côtoyer pour éviter le moindre souci même si là, je n'ai pas vraiment le choix.
- Vraiment ? je lui réponds faussement intrigué, votre mère ne vous a pas dit pourquoi vous vous rendiez dans un haras d'Abraxans ? Peut-être est-ce une surprise qu'elle veut vous faire, je laisse supposer sans la moindre source.
Qui sait ? Rien d'impossible pour ces sorciers riches.
La voix de ma mère s'élève tout à coup plus fort et capte notre attention.
- Mademoiselle Fleury nous suit-elle aux écuries ou mon fils lui fait-il la visite des lieux ?
Elle regarde simultanément mère et fille et j'en fais de même. Faites qu'elle doive aller avec eux, que je retourne à ma contemplation paisible du dressage. Le regard de maman, quand il se pose sur moi, est toutefois suffisamment pesant pour que je comprenne que je dois faire acte de politesse.
- Si cela vous convient, je peux la conduire à la plaine un peu plus loin, les Abraxans y volent à leur aise, c'est un spectacle magnifique sous la surveillance d'une armada de soigneurs.
Zut. Au moins, je me suis arrangé pour proposer un endroit qui me plait.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie ne manque pas le visage fermé de son camarade. Ce n'est pas la première fois qu'elle voit cela, elle en a même l'habitude lors des fêtes et réceptions avec les plus grands. La petite blonde n'y fait pas attention pour le moment elle se contente de faire bonne figure, comme elle en a l'habitude. Lorsque Vaillant apporte une réponse elle ne cache sa méconnaissance de sa présence ici.
« Vraiment… Se contente-t-elle de répondre à celui-ci. »
Même si sa voix était douce on pouvait discerner qu'elle était dans la retenue. Elle ne fit pas attention outre mesure au reste de la phrase de Vaillant. Il ne savait pas plus qu'elle, l'intérêt de cette expédition. Elle se contenta de le regarder avant de détourner ses yeux vers autre chose. Reprenant au passage une partie d'échecs mentale. La voix de madame Vaillant retenti, c'était la première fois qu'une interlocutrice de ses parents suggère qu'on la suive. Mais Lorie n'en avait pas envie, elle voulait un coin tranquille où elle pourrait se détendre pendant que sa mère finisse ses affaires. Ce qui s'enchaîna fut parfait, la plaine paraissait assez grande pour y trouver la tranquillité. Lorie posa ses yeux bleus dans ceux de sa mère.
« Lorie tu peux apporter une réponse…Dit-elle pour donner l’autorisation à sa fille de parler. »
« J’irais avec monsieur Vaillant, mère. »
Sa mère semblait satisfaite, elle pourrait se concentrer sur ce pourquoi elle était venue. Le regard de Marguerite n’avait laissé qu’un faux choix à la petite blonde, mais ce qu'elle attendait d'elle lui allait. Ainsi elle n’avait pas eu à faire grande contorsion pour l’effectuer. Alors que les adultes étaient suffisamment loin, Lorie se contentait de suivre. Lorsqu’elle fut enfin hors de porté des adultes pour parler sans être entendu elle se mit à hauteur de son camarade.
« Vous n’êtes pas obligé de faire semblant d’aimer faire le baby-sitter Vaillant. Elle marqua une petite pause avant de reprendre d’une voix calme. Comme vous n’êtes pas obligé de surjouer la politesse, j’ai l’habitude de cela dans les réceptions, fêtes ou dîners de mes parents et c’est invivable pour tout le monde, sauf les adultes visiblement… »
Au moins la glace était brisée. Il pourrait sans nul doute continuer son manège, mais s'il y avait une chose qui agaçait Lorie c'était que les autres essaie de jouer un rôle. Ils avaient la chance d'être libres eux, alors diable s'enfermer là-dedans. Elle était persuadée sans l'ombre d'un doute qu'il ne voudrait pas de sa vie, alors il était stupide de s'embêter à l'imiter. Lorie ne jugeait pas les autres au même titre qu'elle n'accordait que peu d'importances aux rumeurs, ils pouvaient donc bien faire ce qu'il voulait, tant que cela ne portait atteinte à sa tranquillité elle était capable de le supporter, mais ce serait bien plus confortable pour lui de s'extirper de ces convenances à outrance si ça ne lui correspondait pas. Toujours dans sa partie d'échecs, elle semblait prendre beaucoup de plaisir à pouvoir jouer en marchant à l'extérieur du domaine. C'était si plaisant qu'elle se surprenait à sourire et dégager une certaine bonne humeur en cette situation.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
La sentence tombe et je l'accepte sans broncher même si elle me déplaît. C'est ainsi qu'on m'a élevé et c'est ainsi que je compte bien évoluer dans la société sorcière qu'on m'a dépeinte. Je prends donc la direction de la plaine en compagnie de la jeune sorcière. Elle marche derrière moi en silence, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je ne peux pas nier qu'elle n'est pas de ces clowns qui parlent sans cesse et se pavanent comme des paons avec une arrogance qui suinte de toutes leurs pores. Non, elle, bien que j'aurai préféré être ailleurs, est plutôt de bonne compagnie.
Lorsque les adultes ne sont plus visibles, elle vient à ma hauteur. J'arque un sourcil surprit face à ses propos. Voilà qui est inattendue de sa part et attise ma curiosité, même si je n'apprécie pas tellement la remarque du surjeu, ce que je ne laisse évidemment pas paraître. Je n'ai de véritable respect que devant des figures fortes et Lorie, à mon grand étonnement, ne semble pas dépourvue d'une certaine force de caractère. Tout en marchant à ses côtés, je la regarde de biais. Que dois-je répondre à ça ? Je m'en viens à me demander ce que ma mère ferait à ma place. Probablement qu'elle en dirait juste assez pour plaire et trop peu pour déplaire. Je ne suis pas aussi doué qu'elle pour trouver l'équilibre parfait pour se faire apprécier des autres mais je me lance quand même.
- "La politesse, c'est l'art de survivre en société", je récite en bon élève que je suis, occultant complètement sa première affirmation. C'est ce que ma grand-mère m'a enseigné et ne cesse de répéter. C'est amusant que vous la trouviez invivable, ça devrait être tout le contraire. Je laisse mes paroles faire leur chemin quelques secondes avant de reprendre. Je suis bien élevé, il est normal que je sois poli avec vous. Je le serai de même avec n'importe qui d'autre, j'affirme.
C'est un mensonge, bien sûr, ou du moins, ce n'est pas tout à fait vrai. Je suis, jusqu'à maintenant, très respectueux envers elle, autant que je pourrai l'être envers un adulte, mais bien plus que je ne le suis habituellement avec mes camarades. La faute au vouvoiement et à la position sociale que je crois avoir compris qu'elle et sa mère tiennent. Jamais je ne mettrai maman dans une situation délicate à cause d'une mauvaise conduite qui pourrait remonter jusqu'aux oreilles de la mauvaise personne. Comme je l'ai dit, la politesse, c'est l'art de survivre, et j'y crois dur comme fer.
- Par contre, je reprends après un moment de silence pendant lequel nous continuons d'avancer vers la plaine qui n'est maintenant plus très loin, je dois bien avouer que ce vouvoiement entre nous me parait étrange. Je n'ai pas l'habitude. Désolé si cela vous semble surjoué.
Je pense que je m'en suis plutôt bien sorti. Mon dernier aveu emprunt d'une certaine honnêteté lui fait comprendre que c'est de sa faute si je dois dénaturer celui que je suis pour la satisfaire. Je ne lui demande rien directement, je veux voir jusqu'où elle ira d'elle-même pour tenter de me démasquer.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Toujours à hauteur Lorie se perd dans son monde. Loin de toutes les contraintes qu'elle subit au quotidien elle écoute néanmoins Vaillant qui lui répond. La réponse l'amuse, mais elle ne dit rien pour autant. Il semblait avoir perdu un mot pourtant bien important en cours de route. Bien sûr que la politesse elle-même n'est pas invivable et même nécessaire. Bien que le respect fût à son sens plus important. Ce que la petite blonde trouvait invivable c'était l'abus de politesse, toujours faire attention à sa posture, le moindre de ses gestes, le plus infime des mots jusqu'à finalement tout calculer pour être la perfection que l'on attendait. Lorie ne voulait pas survivre elle voulait vivre. C'est bien pour cela qu'une idée germa en elle. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas permise de s'échapper dans les jardins plutôt que de suivre ses cours et il fallait bien avouer qu'il n'y avait plus personne pour arrêter sa petite fugue dans le but de s’éloigner un peu de cette dite société. Plutôt jovial elle continuait de marcher l'air de rien. Prenant même le temps de répondre à son camarade.
« Survivez donc, survivez... Si cela vous parait étrange rien ne vous empêche d'utiliser le tutoiement, j'ai l'habitude de cela à l'académie et ça n'enlèvera en rien la politesse mutuel, je serais gênée que vous ne soyez pas libre de vous-même. » Lorie marqua une pause avant de totalement changer de sujet, de manière impromptue elle s'intéressa alors au domaine des Vaillant. « Quelle taille fait donc cette plaine dont vous avez fait mention ? Je suppose qu'il faille un espace conséquent pour accueillir toutes ces magnifiques créatures. Ainsi j'imagine qu'il n'y a guère besoin de murs, ni de clôtures autour du domaine, il suffirait qu'ils volent par-dessus n'est-ce pas ? Peut-être une barrière magique ? »
La petite blonde scrutait désormais avec la plus grande attention les possibles réponses de son camarade. Si les feux étaient aux verts, elle pourrait simplement courir en ligne droite le plus loin possible et s'allonger dans un endroit calme. Elle aurait sans nul doute un tas d'heures devant elle avant que sa mère ne remette la main dessus. Bien sûr Lorie savait pertinemment qu'elle serait sanctionnée de la plus stricte des manières, mais cela lui importait peu, elle serait libre et ne se contenterait pas de survivre, mais bien de vivre. Ces moments étaient assez rares et peut-être que ce serait la dernière fois qu'elle pourrait jouir d'une sortie sans surveillance. Mais ça faisait trop longtemps qu'elle ne s'était pas échappée, à défaut de pouvoir le faire à Beauxbâtons bien qu'elle n'en ait jamais ressenti la nécessité malgré l'envie. Ici ce n'était pas la même chose, avec un peu de chance il n'y avait ni mur, ni clôture, ni barrière magique pour l’en empêcher. Les mains se tenant entre elles, ses yeux bleus scrutant la moindre réaction et le moindre détail de son camarade plus âgé, Lorie guettait avec une certaine impatience le top départ. Même s'il avait un an de plus, la Cannoise savait qu'il aurait au moins du mal à la rattraper, cela ne se voyait pas, mais elle avait encore de bon reste concernant ses aptitudes physiques. Elle n'était toutefois pas dupe pour autant et savait très bien qu'il pourrait se douter de quelque chose, son oncle n'était pas son professeur de conjuration du mal pour rien, elle restait donc sur ses gardes et prendrait le temps pour endormir sa vigilance si nécessaire. Elle ferait l’effort de faire un numéro digne de M.Loyal, peut-importe les répercussions, elle devait à tout prit respirer.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Lorie Fleury n'hésite pas une seconde et me donne l'autorisation de baisser un peu les armes. Je me demande si elle est vraiment sincère ou si c'est juste de la condescendance. Je n'ai pas le temps de m'appesantir sur le sujet qu'elle me lance sur un autre que je maîtrise bien mieux.
- Oh, c'est en effet très grand. La plaine uniquement fait environ 150 hectares et...
Je m'interromps en voyant le regard de mon interlocutrice. Ne me préoccupant que peu des états d'âme des uns et des autres, je ne suis pas des plus intuitifs pour deviner les pensées des autres, à dire vrai, je n'essaye même pas. Mais Lorie semble suspendue à mes lèvres, elle me regarde avec une telle intensité que je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle a une idée derrière la tête. Personne n'est à ce point intéressé par une histoire de barrière, il y a forcément autre chose. Cependant, je n'ai pas la moindre idée de quoi. Je ne connais pas suffisamment sa vie pour le deviner. Une chose est certaine toutefois, je n'aime pas qu'on se moque de moi et j'aurai le fin mot de cette histoire, et pour ça, quoi de mieux que prêcher le faux pour avoir le vrai ? Je pourrai toujours dire après coup que j'avais oublié si jamais, finalement, je me fais de fausses idées.
J'imite un éternument parfait afin de justifier mon temps d'arrêt.
- Désolé, les plumes d'Abraxan, j'explique. Je disais donc... repris-je le plus naturellement du monde les yeux rivés devant moi, que c'est en effet très grand et que seuls des éleveurs et autres personnels surveillent que les Abraxans n'aillent pas trop loin, il n'y a pas besoin de barrière.
J'ai à peine terminé ma phrase que la jeune sorcière me tient un discours des plus étonnants. Elle s'excuse, dit qu'elle prend l'entière responsabilité de ses actes et que je peux mentir pour ne pas subir de sanction. Et finalement elle se baisse, retire ses chaussures et se met à courir tout droit comme si elle avait le diable - ou oncle Thibérius, ça revient au même - à ses trousses.
- Mentir, ça je sais faire oui..., je marmonne avec un sourire satisfait en la regardant courir ou plutôt "fuir" puisque c'est clairement ce qu'elle prévoit de faire. Elle imagine vraiment pouvoir en faire à sa guise ? Et encore plus absurde, croire que ça ne me retombera pas dessus ? Elle est sous ma surveillance nom d'un michel ! Si je la laisse faire, tout sera pour ma pomme.
Je n'ai cependant pas besoin de lui courir après puisque j'ai évidemment un plan. Il est déjà lancé depuis mon faux éternument. Et ce plan ira à sa conclusion dans 8, 7, 6, 5, 4, 3... Un cri interrompt mon décompte mental. Ah ! Elle court finalement plus vite que ce que je pensai. Je la rejoints sans le moindre effort. Etendue dans l'herbe, on aurait presque pu croire qu'elle m'attendait, à ceci près que ses cheveux sont dressés sur sa tête comme si un courant électrique l'avait traversée. Ce qui est quasiment le cas.
- J'ai dit qu'il n'y avait pas de barrière ? Mince, je me suis trompé, je voulais dire : Bien sûr qu'il y a une barrière magique pour que les Abraxan ne s'échappent pas et pour les cacher des non-mag' ! Tu m'excuseras, je suis un peu étourdi parfois, dis-je avec un sourire des plus innocents avant de laisser tomber ce simulacre et de la toiser avec mépris. Je suis furieux mais la réussite de mon plan suffit pour contenir ma colère. Il n'y a que quelqu'un comme toi pour penser que tes actions ne me retomberont pas dessus. Tu crois vraiment qu'il est possible de mentir à une bulgare ?
Elle n'a pas le temps de répondre que le dôme magique scintille à notre hauteur et qu'un homme traverse le bouclier.
- Je me disais bien que j'avais entendu du bruit. Monsieur Vaillant ? Oh.. Mademoiselle, vous allez bien ?
- Tout va bien Gilles, je réponds à la place de la concernée, elle était si pressée de voir les Abraxans que je n'ai pas eu le temps de la prévenir pour la barrière. Juste un petit choc de rien du tout.
L'homme semble surprit mais ne remet pas en cause mes paroles.
- Je tombe bien dans ce cas, venez, je vous fais traverser, nous dit-il en nous faisant signe d'avancer tandis qu'une brèche se forme dans la barrière. C'était comme si on déchirait une toile de peinture parfaite pour en révéler une autre dessous. En effet, le dôme n'était qu'une illusion, il ne laissait pas voir ce qu'il contenait mais reproduisait à l'identique l'environnement extérieur.
- Les dames d'abord, dis-je tout en jouant une pantomime de la galanterie, un sourire avenant aux lèvres. Mon regard sur la sorcière est quant à lui glacial.
Mon attitude lui dit clairement que je suis pleins de bonnes manières, jusqu'à ce qu'on se fiche de moi et qu'on essaye de me nuire.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Lorie courrait avec une certaine liberté et une innocence qui lui rappelait beaucoup ses petites fugues de l'époque où elle était petite. Elle savait qu'elle ne pouvait pas vivre sans ses parents ou le confort du domaine, donc il était sûr que sa mère la retrouverait, mais pour l'espace d'un petit instant elle ferait ce qui lui plait. Diable les sanctions qui tomberont comme un orage violent. Un instant de leste était toujours plus profitable que le rythme du domaine. L'herbe sous les pieds de la française contribuait beaucoup au sentiment profond qui la traversait en ce moment. De la pure liberté qui venait rafraichir le visage de Lorie.
Moment qui ne durera guère, elle frappa de plein fouet une barrière magique. Elle ressentit comme une sorte de choc et se retrouva instantanément par terre, face au ciel. La respiration coupée elle haletait difficilement. Sa coiffure parfaitement propre laissa place à une coiffure ébouriffée et de trace d'herbe était sans nul doute apparut sur le blanc pur de sa robe du jour. Une double peine pour la petite sudiste qui devrait justifier cette présentation qui lui était peu digne. Le bruit des pas et ses vibrations parvenaient aisément jusqu'à Lorie qui était encore sous le sol. C'était sans nul doute son camarade qui ne s'était pas pressé pour la rejoindre. Elle savait donc que c'était un bien beau menteur.
Alors qu'elle le regardait toujours depuis le sol. Elle sembla amusée par sa façon de parler. Une chose était sur le masque de ce très cher Vaillant était tombé pour la petite Lorie. Elle resta néanmoins silencieuse jusqu'à ce que le fameux Gilles pointe le bout de son nez. Elle salua ce Gilles avec respect. Il était pourtant bon dans le mensonge, il n'avait pas à rougir de tous ceux qu'elle croisait lors des petites fêtes dans lesquels elle devait suivre ses parents. Son visage se détendit un instant et alors qu'elle était invitée à traverser la barrière elle ne se releva pas pour autant.
« Vous craignez votre mère vous aussi ? Dit Lorie calmement. Est-ce qu’il en est de même pour le reste de votre famille ? » Elle marqua un silence avant de reprendre. « Vous êtes plutôt mignon, je comprends un peu mieux pourquoi ça jase et glousse dans les chambrés des filles. » Lorie ne lui laissa pas l'opportunité de réponde.
Elle se releva avec une grande énergie, se recoiffa tant bien que mal rapidement comme le ferait une artiste entre deux représentations sous un chapiteau. Elle combattit le mépris évident de son camarade par un sourire avant de passer la fameuse barrière d'un pas sûr, visiblement sa mère était comme la sienne et la petite blonde ne voulait certainement pas qu’il y ait des répercussions sur lui. Elle remercia Gilles et accompagnait ses remerciements d'un sourire chaleureux. Les créatures ailées volaient avec une certaine forme de majestuosité. Un spectacle très beau à voir sans nul doute. Ainsi une fois de l'autre côté la petite blonde prit le temps de s'asseoir dans l'herbe, sa robe étant déjà dans un état non convenable elle n'était plus à ça prêt. Son regard ne s'était plus posé ne serait-ce qu'une fois sur son camarade. Cependant, Lorie ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il ferait un excellent joueur d'échecs pour peu qu'il y joue. Même si ses émotions seraient un grand défaut, il avait désormais l’image de quelqu’un qui était certes très calculateur mais les grands signes de mépris trahissaient autre chose.
« C’est agréable. Dit elle a son attention tandis qu’elle regardait les magnifiques créatures dorées. »
Lorie avait décidé d'ignorer son camarade purement et simplement, celui-ci avait un forcément décidé de porter un masque et il était hors de question de s'ennuyer à « survivre » dans ces conditions. Elle se contenta donc de s'allonger pour profiter du spectacle.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Malgré ma posture, la sorcière ne bouge pas d'un pouce. J'en viens à me dire que je vais devoir la lever de force quand elle me pose une question des plus grotesques qui me fait lever les sourcils jusqu'en haut du front. Craindre ma mère ? Et le reste de ma famille ? Il y a bien oncle Sage et grand-mère qui me filent les jetons de temps en temps, mais ça, je ne le lui dirai certainement pas. Quant à ma mère, sa réflexion est tellement loin de la vérité. Je préfère toutefois la laisser s'embourber dans ses fausses idées sur moi que de la détromper. Elle en sait déjà un peu trop et je n'ai pas plus envie que ça de m'épancher sur ma vie avec elle.
J'observe le silence, peut-être qu'ainsi, elle finira par enfin faire ce que l'on attend d'elle et donc se relever et passer ce fichu bouclier. Mais au lieu de ça elle enchaîne en me prenant encore une fois au dépourvu et je peine à rester impassible. Voilà qu'elle me complimente ! Je lui ai menti et elle s'est pris une barrière magique en plein élan, et sa réaction c'est de s'amuser de mes paroles, de tirer des réflexions hâtives et de me dire que je suis mignon ? Mais c'est quoi cette fille ? Elle ne peut donc pas agir comme tout le monde ? Avoir peur ou être furieuse contre moi par exemple ? Elle veut me déstabiliser, je ne vois que ça. Elle ne peut pas être aussi paisible, personne ne peut.
Elle passe enfin la barrière en m'adressant un sourire au passage qui fait monter ma méfiance d'un cran. Elle parlait de ces réceptions où ils sont tous trop polis à son goût. A quelle point est-elle juste poli maintenant ? Ce qui me déroute le plus, c'est que je n'arrive pas du tout à le savoir. Ma méfiance a supplanté mon mépris en un battement de cœur. Je la surveille s’asseoir dans l'herbe, sur mes gardes. Il ne manquerait plus qu'elle se mette à courir dans la plaine au milieu des abraxans. Mais elle n'en fait rien et n'a pas l'air de le vouloir. Je me détends un peu et observe à mon tour les créatures voler tout en jetant des coups d’œil de temps en temps dans sa direction.
- En effet, ça l'est, je réponds par politesse.
Malgré mes doutes et interrogations la concernant, et peut-être surtout à cause d'eux, j'ai repris mon attitude polie et je n'ai plus l'intention de faire tomber ce masque à nouveau.
- Tiens, on dirait que Calypso vous a repéré, j'entends Gilles dire. Je ne me suis même pas rendu compte qu'il était encore là. Sa réflexion me faire chercher un Abraxan bien précis dans le ciel. Je la repère bien avant qu'elle n'atterrisse devant notre trio en battant si fort des ailes que je dois faire un pas en arrière pour garder mon équilibre. Mes cheveux en sont tout ébouriffés et le souffle de la créature, lorsqu'elle approche sa tête de la mienne, n'arrange rien. Un franc sourire apparaît sur mes lèvres. Je suis heureux de la voir, comme toujours. La créature me met toujours de bonne humeur et il m'est impossible de rester de marbre quand elle est là.
- Salut ma belle,je dis en lui caressant tendrement le bout de sa tête. Désolé, je n'ai rien amené pour toi aujourd'hui.
Elle semble comprendre et s'ébroue doucement avant de fermer les yeux sous mes caresses.
- Votre mère va la vendre. Vous devriez lui dire que...
- Nous en avons déjà discuté, je ne lui dirai rien et vous non plus, je coupe l'homme avant qu'il n'aille trop loin. Cela m'importe peu.
Je jette un regard de biais à Lorie. C'est faux bien sûr, cela m'importe grandement même si l'abraxan n'est pas voué à faire du spectacle dans le cirque du clan Arcanus, - ma mère ne le permettrait pas - mais ce n'est pas du tout le moment de discuter de mes états d'âme. L'employé de ma mère soupire mais n'ajoute rien. Je lui dirai bien d'aller vaquer à ses occupations mais nous aurons encore besoin de lui pour sortir lorsque le signal - un jet de lumière rouge - filera dans le ciel et annoncera que les femmes qu'ils avaient laissé en avait fini. En attendant, je profite de ma complicité avec la créature. Je sais que ce moment de douceur ne sera qu'éphémère avant que je ne doive ramener la sorcière à sa mère.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Une main parcourt l'herbe fraiche. Les petits chatouillis que procure les brins laissent une agréable sensation de douceur. Jusqu'à ce que Lorie en attrape un du bout de ses doigts fins et l'extrait de la terre. Une odeur subtile d'herbe coupée se dégage, alors que Vaillant semble partager un moment privilégié avec une des créatures. La petite blonde observe la scène avec un visage attendrit. Sans vraiment s'en rendre compte elle roule sur le dos. Bien évidemment elle savait qu'elle risquerait de tacher encore plus sa robe, toutefois puisque sanction il y aura, autant ne plus y réfléchir. Chaque inspiration rendait cette scène de plus en plus touchante. Cependant, elle fut vite sortie de toute cette tendresse lorsque monsieur Gilles se mit à parler. Dommage pour lui, Vaillant le coupa pour encore faire son intéressant. Est-ce qu'il voulait se donner un style de jeune adolescent trop sombre et mélancolique, trop torturé pour être compris ? Une chose était sûre c'était qu'il était bien meilleur menteur quand il n'était pas affecté émotionnellement parlant. Ceci-dit il fallait noter qu'il était toutefois plus attachant quand il laissait tomber son masque de gamin au cœur emplis de malice.
« Vous étiez bien meilleur menteur quand vos émotions n'étaient pas visibles. Lança la petite Lorie avec un certain détachement et amusement Peut-être devriez-vous travailler cela avec votre oncle... Lorie marqua une courte pause, puis tout en se relevant elle enchaîna. Quoi qu'il en soit si vous êtes si attaché à cette magnifique Calypso, pourquoi ne pas l'acheter à votre mère ? »
Si Lorie avait déjà une piste de réponse elle voulait avoir l'avis de son camarade sur la question, pour peu qu'il joue franc jeu au moins une fois. Son comportement un peu dans la lune à cause de ses réflexions échiquéennes rendaient la petite blonde comme imperturbable. Il fallait dire qu'elle savait plutôt bien gérer ses émotions, mais son plus grand point fort était peut-être, qu'elle ne prêtait pas ou peu attention aux choses méchantes qui pouvait essayer de l'atteindre. Mais son plus grand point fort était sans nul doute contrebalancé par son faible, qui lui faisait prendre à cœur beaucoup trop la souffrance ou la méchanceté que l'on pouvait faire subir aux autres, en particulier quand elle appréciait la compagnie de ces personnes. L'attention et le sourire de la Cannoise se détournèrent de son camarade dans le but d'observer cette plaine changée en ménagerie pour l'occasion. Puis elle se tourna vers l'employé.
« Monsieur Gilles, pensez-vous que je puisse m’approcher sans risquer de lui faire peur ou autre ? »
Évidemment la petite française avait bien envie de s'approcher de Calypso, mais elle était modeste, elle savait qu'elle ne pourrait avoir la même relation que son camarade avec la créature, même si au fond elle ne voulait pas de cette relation, c'était beaucoup plus précieux pour Vaillant que pour elle. Néanmoins, la curiosité couplée à un certain intérêt venait motiver l'adolescente. Après tout elle n'avait pas choisi l'option des créatures magiques pour rien.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Ma caresse s'interrompt quelques secondes avant que je reprenne mon geste comme si de rien n'était. C'est le laps de temps qu'il me faut pour enterrer les émotions qu'a suscitée la remarque de la sorcière, et encore plus, la mention de mon oncle. Si Gilles n'était pas là, je n'aurai peut-être pas réussi à prendre autant sur moi. Mais l'adulte, qu'un sourire amusé vient rider le visage, retiendra chaque mot et chaque geste que je ferai. Je ne me couvrirai pas de honte devant lui. Pas pour elle.
- C'est vrai, tu dois bien connaître mon oncle... dis-je d'un ton sarcastique en laissant planer tous les sous-entendus possibles que mes paroles suggèrent. Je n'ai pas besoin d'aller plus loin. Elle n'a pas l'air bête, elle comprendrait.
Si elle ne répond pas à ma remarque, elle continue tout de même à me déranger par une question qui me fait monter les yeux au ciel. Elle et moi, on ne vit clairement pas dans le même monde. Je n'ai pourtant pas à me plaindre, ma famille est loin d'être pauvre, mais elle... ça doit être d'un tout autre niveau. J'aurai pu m'attendre à une question du style, pourquoi tu ne demandes pas à ta mère de te l'offrir , mais ça, ça aurait été pour quelqu'un de normal et en vérité, je préfère l'approche de Lorie à bien des égards. Même si elle est absurde en ce qui me concerne.
- Tout le monde n'a pas assez d'argent de poche pour se payer un abraxan, princesse. Je ne peux empêcher le surnom sarcastique de franchir mes lèvres, il me vient trop naturellement pour que je le rattrape.
Je n'ajoute rien et le silence s'installe à nouveau. Je m'efforce de ne pas penser à la vente de Calypso, ni à la possibilité que cette fille pourrait se l'offrir si elle le voulait mais c'est peine perdue. Sa mère n'a pas ciblé mon abraxan puisqu'elle est aux écuries, mais elle, elle le pourrait à priori. Calyspo chez cette enquiquineuse. Cette idée me fout les boules. Je préfère ne pas savoir où partira Calypso. Comme un écho à mes craintes, voilà qu'elle l'ouvre encore pour demander si elle peut s'approcher. Je sais déjà ce que Gilles va répondre et je me prépare déjà à montrer patte blanche. Je n'ai pas le choix, pour maman.
- Haha, Calyspo n'a peur de rien, Mademoiselle. dit-il d'un ton un peu trop enjoué à mon goût. Vous pouvez vous approcher sans crainte, elle vous autorisera même probablement à la toucher si... Monsieur Vaillant vous y autorise également.
Et voilà. Tout me retombe sur le dos comme prévu. Je n'ai évidemment pas envie qu'elle touche à l'abraxan mais je lui fais quand même signe d'approcher. Se comporter comme un gentleman bien élevé dans cette situation est l'une des pires épreuves que j'ai eu à affronter. Aucun sourire poli ne viendra adoucir mon visage cette fois. Une mine neutre, c'est tout ce que j'arrive à offrir avec cette jalousie aussi soudaine qu'inhabituelle qui m'assaille quand elle vient dans notre direction. Et si...
- Donne-moi ta main, je lui dis d'un ton un peu brusque, coupant ainsi court à mes réflexions. Comme ça, elle acceptera plus facilement que tu la touches.
Encore une fois, la présence de l'adulte la sauve. Sans lui, jamais je ne lui aurai faciliter la tâche.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Observant le petit Vaillant Lorie s'amusait de ses réponses. Le ton qu'il employait et la façon dont il s'exprimait aurait valu une belle sanction à Lorie si elle n'avait utilisé qu'un dixième de son sarcasme à ce moment-là. Mais ce qui amusa encore plus la petite blonde était sans nul doute les préjugés qu'il avait sur elle. Lorie ne percevait aucun argent de poche, pas le moindre liard, ni même un euro. À vrai dire, elle ne pourrait jamais les utiliser de toute façon. Elle était plus ou moins prisonnière du domaine quand elle y était et n'avait droit qu'à des sorties lorsque ses parents avaient la nécessité d'avoir une de leurs filles à côté. Quant à travailler pour avoir un peu de monnaie, c'était tout bonnement impensable. Lorie n'avait déjà pas le droit de monter sur un balai volant ou jouer au Quidditch alors travailler pour gagner de l'argent de poche... L'ironie dans tout cela était sans nul doute que ce n'était pas l'âge le problème, mais bien une histoire stupide de rang.
Toujours amusée, la petite Cannoise écouta ce monsieur Gilles, elle pourrait donc à condition que petit Vaillant soit d'accord également. Nul doute qui dirait oui pour faire bonne figure. Son camarade était certes spéciale, mais Lorie commençait à voir dans son petit jeu de politesse les failles qu'il laissait trainer derrière lui, notamment le sarcasme et les petits regards méprisants. Ainsi elle attendit que tout soit en ordre. Se laissant même attraper la main pour qu'il ait ce contrôle dont il semblait avoir besoin en chaque instant. Toujours frivole la petite blonde se laissait guider, elle était toujours dans des émotions positives et cela se voyait sur son visage. Visage qui n'avait rien à voir avec celui qu'elle avait à l'académie.
« Vous vous trompez. Dit-elle avec une voix douce et calme tout en suivant les indications de son camarade. Je n'ai pas le moindre liard d'argent de poche et je suis loin d'être une princesse... Je n'ose imaginer l'enfer que cela serait si c'était le cas, déjà que la vie au domaine est presque invi... Elle se stoppa et marqua un long silence, sa voix était loin d'être aussi enjouée que son visage, l'intonation laissait sous-entendre que la petite blonde était à des années-lumière d'aimer sa vie de famille. Cela vous ferait plaisir de la garder à vos côtés ? Sans même le regarder et alors que sa voix reprenait de la vie, elle continua. Répondez franchement, il n'y a pas de mal à l'admettre. »
Lorie regardait toujours cette « petite » Calypso. Elle perdit son regard bleu dans celui de l'abraxan. Elle lui souriait avec beaucoup de bonheur. C'était un de ces moments en suspens, un de ces moments que la petite blonde appréciait. Il n'y avait que des vagues positives qui traversaient son ventre, comme les effets d'une potion. Des pulsations chaleureuses et puissantes qui lui faisait apprécier la vie parfaitement. Un petit moment de calme loin de ce qu'elle connaissait. Elle avait même eu une idée pour cette histoire de robe et de cheveux afin de ne pas prendre de sanction, est-ce que cela marcherait ? Le doute planait, mais elle ne risquait rien à essayer.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Tandis que je tiens sa main pour qu'elle caresse Calypso et qu'elle semble un trop enjouée à mon goût, elle me fait soudain des confidences. Ne manquait plus que ça ! Je la laisse parler de sa vie et me garde bien de faire le moindre commentaire. Je n'ai aucune envie qu'elle s'épanche davantage. Evidemment que je perçois à l'intonation dans sa voix qu'elle n'est pas heureuse, contrairement à l'air béat sur son visage. C'est aussi évident qu'un abraxan dans un salon, mais qu'est ce que je peux y faire ? Ce ne sont pas mes affaires. La seule chose qui m’intéresse et dont je prends note avec intérêt, c'est qu'elle n'a pas les moyens de s'offrir Calypso. Je me sens plus tranquille d'un coup.
Elle ne parle pas longtemps d'elle, comme je l'ai craint, mais elle me force à la rejoindre dans la discussion par une nouvelle question concernant l'abraxan. Je trouve sa tendance à fourrer son nez dans mes affaires bien fâcheuse. Pourquoi tout le monde ne pouvait-il pas être comme moi ? Ne pas se mêler des affaires des autres devraient être une base du savoir vivre. Voilà qu'en plus elle se remettait à sourire d'un air béat. Comme ça. Sans raison apparente. Quelque chose ne tournait vraiment pas rond chez cette fille.
- Ça ne te regarde pas, je réponds d'un ton calme mais ferme, brisant peut-être son petit moment de quiétude.
Je ne lui dit pas que de toute façon, étant à Beauxbâtons, je ne pourrai pas l'avoir à mes côtés. C'est bien trop une évidence. Et je ne lui avouerai encore moins le moindre de mes sentiments. Répondre franchement ? Elle prend ses rêves pour des réalités. Je ne la connais même pas, comme si j'allais lui servir sur un plateau des armes pour me blesser. Si elle est suffisamment naïve pour se dévoiler aussi facilement, ce n'est pas mon cas. J'ai été à bonne école...
Un sifflement au loin me fait tourner la tête. Une lumière rouge monte dans le ciel et laisse une traînée de la même couleur derrière elle. Voilà le signal que j'attends depuis que nous sommes parties. Enfin ! Je lâche rapidement la main de Fleury, fais une dernière caresse à Calypso et me retourne vers Gilles. Celui-ci s'est déjà mis en marche vers le bouclier pour nous frayer un passage, il connait bien les habitudes de maman.
- On rentre, nos mères ont fini, dis-je sans même regarder Lorie et lui donner plus d'explications, ni vérifier qu'elle suit tandis que j'avance vers l'employé du haras. Néanmoins, je sais qu'elle est dans mon dos car je l'entends demander à Gilles de... la recoiffer ? Je me détourne. A l'abri des regards, un sourire sarcastique digne de mon oncle fleurit sur mon visage. Le ricanement n'est pas loin, mais ils sont trop proches, ils risqueraient de m'entendre. Je le garde donc au secret. Soit disant c'est pas une princesse ? Tu parles !
L'employé, trop bon, l'arrange d'un coup de baguette avant de nous faire passer de l'autre côté de la barrière magique. J'ai vite repris une expression plus bienséante même si je n'en pense pas moins, et c'est en gardant le silence que je raccompagne la jeune sorcière sur le chemin menant à la maison principale. Cette fois, je la tiens à l’œil. Je ne la laisserai pas se mettre à courir n'importe où.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Fatiguée, fatiguée était le mot qui définissait le mieux la petite blonde en ce moment même. Fatiguée de ce garçon fatiguant et ennuyant... Elle était fatiguée d'essayer de le comprendre et fatiguée d'essayer d'entretenir un semblant de bon rapport. Décidément, il y avait quelque chose qui rendait cette famille bien ennuyante. Bien plus ennuyante que la plupart des faquins avec qui elle devait se socialiser lors des petites fêtes de ses parents. Soit, tant pis pour lui, il passait surement à côté d'une occasion, mais vu qu'il préférait s'enfoncer dans sa bêtise et ses secrets pour tenter de sauver les apparences, Lorie abandonnait.
Sans même le regarder elle continua de partager son petit moment avec la créature, sans nul doute que l'adolescente préférait mettre de l'énergie dans cet échange plutôt qu'avec un des vampires de Dracula, qui préférait visiblement rester dans sa mauvaise humeur. La sensation qu'elle éprouvait dans sa main était des plus agréables, c'était d'une grande douceur. Un véritable petit moment d'éveil de sens. Alors qu'une lumière rouge s'élève dans le dos de la Cannoise, son camarade lui lâche la main avec une rapidité qui trahit bien des choses. Alors que Lorie échappe un petit souffle, elle remercie la « petite » créature enjouée et se retourne pour suivre monsieur emplie de ténèbres. Un pas après l'autre pour revenir à la hauteur de l'employé, la jeune sorcière lui demande d'une manière des plus polie d'arranger sa robe et sa coiffure, chose qu'il accepta pour son plus grand bonheur. Un problème de punition réglé et nul doute qu'elle n'en prendrait pas, bien que sa coiffure ne soit pas exactement comme lors de son arrivée.
D'un pas rapide elle suivit le petit Vaillant, qu'elle dépassa suite à de plus grandes enjambées. Une fois derrière elle n'aurait plus celui-ci en vue. Sourire sur son visage elle était heureuse de rentrer. Puisqu'il avait décidé d'être ennuyeux elle serait ravie de voir sa mère. Dieu sait que ça lui coutait d'être enjouée pour cette femme. Certes elle semblait moins pire et bien plus agréable que son paternel, mais Lorie savait qu'elle n'avait que peu de liberté en sa présence, bien moins qu'avec madame Louise. Alors qu'elle avait maintenant creusée une bonne avance sur son camarade, elle hésita un instant à fuguer. Le moment avait été court et plutôt de mauvaise compagnie, néanmoins celui-ci ne la lâcherait pas et il arriverait surement à la suivre sans trop de problèmes tout de même rendant son moment bien moins agréable... Et à moins de se débarrasser de lui, il n'y avait pas grand-chose à faire. C'était l'un des moments qui rendait l'utilisation de maléfice particulièrement utile, dans le cadre où elle se servait des maléfices... Sans oublier que de toute façon sa baguette était dans une boite en or dans l'entrée avec celle de ses sœurs et qu'elle n'avait de toute façon pas le droit de l'utiliser.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je la regarde me dépasser sans un mot. Voilà que Miss tout sourire devient bien grossière tout à coup. Elle prend même de la distance avec moi. Est-elle aussi pressée de rentrer qu'elle l'était de se prendre la barrière magique ? Je me remémore ma manœuvre et ce souvenir tout récent me satisfait au plus haut point. Je suis certain que maman sera fière également lorsque je lui en parlerai. Je ne sais pas vraiment quelle conséquence aurait eu la fugue de la sorcière, mais je me doute que ça n'aurait pas été bon pour les affaires. De toutes les informations qu'elle a laissé filtré jusqu'à maintenant, si j'ai bien compris une chose, c'est que sa mère n'est pas commode. Et une riche femme pas commode n'aurait probablement pas fait bon ménage avec maman. Enfin, au final, j'ai peut-être sauvé cette vente que cette écervelée a failli mettre à mal sans le moindre scrupule.
Fleury s'éloigne rapidement et je la laisse faire, plus vite on sera rentré et mieux je me porterai également. Je garde toutefois un bon rythme derrière elle au cas où une idée stupide lui passerait encore par la tête. Mais elle ne tente rien, elle a peut-être compris que je ne lui laisserai aucune latitude. Nous arrivons donc sans encombre à notre point de départ où les deux adultes nous attendent déjà. Je salue d'un signe de tête la mère de Lorie avant de lancer un regard éloquent à maman. Elle lève un sourcil mais ne m'interroge pas. Elle sait que je lui raconterai tout une fois les clientes reparties.
- Tout s'est bien passé ? demande la bulgare à la petite Fleury.
Je me demande bien ce qu'elle va répondre, va t'elle mentir ouvertement ? Je trouverai ça très amusant, je dois bien l'avouer. Une part de moi se demande si je ne dois pas la prendre de vitesse et pour une fois, raconter les faits tels qu'ils se sont réellement produits. Il y a des chances qu'elle se fasse punir. Je lui jette un coup d’œil avant de me raviser. Non pas que l'idée qu'elle reçoive le juste châtiment de son impertinence me chagrine mais je préfère plutôt qu'elle me soit redevable de n'avoir rien dit. Les dettes, c'est toujours utile. J'en ferai bon usage à Beauxbâtons. C'est mieux que de me déclarer ouvertement son ennemi.
- Elle te plait ?
Sa question me choque et je reste un instant sans voix.
- Pas du tout, je réponds finalement avec véhémence une fois que j'ai repris contenance, c'est une vraie enquiquineuse et fouineuse, je déteste les gens comme ça !
- Sa mère me déplaît pour les mêmes raisons. La pomme n'est pas tombée loin du pommier on dirait.
Katarina Vaillant retourne à son travail me laissant planter devant le manège à présent vide. Sa réponse est rassurante mais je dois avouer que sa question reste quand même vraiment bizarre. Je ne pense pas lui avoir donner matière à se la poser. Certes, Lorie a éveillé ma méfiance et donc mon intérêt avec son attitude joviale et ses remarques à contre-courant de là où je l'attendais mais elle s'est aussi mêlée de mes affaires et ça, c'est rédhibitoire. Les conclusions de maman sont absurdes, mais c'est vrai que j'ai sciemment omis l'attitude la plus déplaisante de la petite sorcière puisqu'elle était associées à l'abraxan. Forcément qu'avec ces éléments, maman n'aurait pas eu l'ombre d'un doute. Enfin ! La prochaine fois que je croiserai Lorie Fleury, ce sera probablement à Beauxbâtons. D'ici là, je vais réfléchir à la manière dont je pourrai utiliser sa dette.
Lorie Fleury
6ᵉ année, Déléguée, Ogme
Le chemin du retour était suffisamment long pour que la petite blonde se perdre dans ses pensées. Pensées orienter sur celui qui d'un pas avisé semblait la suivre en veillant au grain. Il n'avait pas eu le même rythme quand elle était partie en courant. Il n'était pas très loquace, mais son langage corporel lui semblait plus enclin à discuter. Lorie se demandait si cela était de famille, les mystères et l'air sérieux, au point où elle haussa les épaules comme pour se dire que cela n'avait pas grand intérêt. Ce qui avait un intérêt, c'était sa relation avec cette Calypso. Comparés aux rumeurs dans les dortoirs des filles, cet abraxan avait droit à plus de considération que les nombreuses petites amies qui étaient passées de ce statut à rien du tout. Cette image fit sourire la petite Fleury. C'était décidé, elle prendrait une liberté, mais elle se devait d'être suffisamment discrète, au risque de devoir passer de nombreuses heures dans la chapelle.
A peine eu le temps de gribouiller sur un morceau de papier deux petits mots, que Lorie subissait une question de maman Vaillant. Elle prit le temps de réfléchir, comme elle en avait l'habitude. Si la réponse pouvait sembler simple, il y avait un facteur de taille la maman Fleury. Après un petit regard des plus invisibles dans sa direction la petite blonde se risqua à une réponse.
« La notion de bien et de mal est une notion bien subjective… Ses yeux bleus se posèrent sur petit Vaillant qui semblait avoir quelque chose derrière la tête. De mon côté c’était positif, mais je ne peux répondre à la place de monsieur. »
Elle détourna le regard du garçon qui lui avait tenu compagnie et afficha un air décontracté. Bien qu’elle le semblât, Lorie était loin de l’être. Elle se dirigea vers le garçon et manqua de trébucher, elle se réceptionna à lui et par un tour des plus grands prestidigitateurs non-magique lui glissa sa montre et le petit mot dans la poche la plus accessible avec une discrétion suffisante pour ne pas éveiller de soupçon au moins le temps qu’elle et sa mère s’en aille. Elle se remit sur ses deux pieds s’excusa de manière obséquieuse et salua le garçon avant de s’en aller pour de bon avec sa mère. Alors qu'elles utilisèrent le réseau de cheminé pour rentrer, les deux Fleury restaient silencieuses. Lorie était contente de ne pas avoir eu de remarque pour sa coiffure. Mais son optimisme s'effondra à peine le seuil de la cheminée du grand salon passé.
« Que s’est-il passé ? Demanda Marguerite avec un ton grave et d’un sérieux sans pareil. »
« Rien en particulier… » Répondit, la petite Lorie
« Ta réponse à la mère du garçon montre bien le contraire »
« Il était peu loquace et quelque peu renfermé, rien de bien alarmant mère. » Le long silence qui suivi montrait au moins une chose, c'était que la mère de Lorie semblait contrariée.
« Je vous assure qu'il... »
« Il suffit ! Je ne t'ai pas autorisé à parler. Marguerite mit sa main sur le front, elle semblait réfléchir à quelque chose. Ce n'est que quelques secondes plus tard qu'elle posa une question à sa fille après un soupire. Dois-je annuler la vente ? »
« Il a ses défauts, mais aussi ses qualités, comme nous... Il ne mérite pas à lui seul que vous reveniez en arrière, l'essentiel c'est que vous ayez ce qu'il vous faut, inutile de s'encombrer l'esprit avec des états d'âmes à leur encontre. »
Une bonne réponse, parfaite que sa mère aimait entendre. Après tout c'était bien la première fois qu'il y avait un facteur ego dans ce que sa mère achetait. Elle avait beau détester certains vendeurs sur la Croisette, elle se fichait éperdument de cela et continuait de leur acheter des choses, car elle trouvait cela jolie. S'il y avait bien une chose qui était vraie pour définir sa mère, c'est qu'elle n'était pas du tout dans les valeurs morales. Lorie s'était bien gardée cette fois de demander si elle était bien en mesure d'annuler la vente maintenant. Chose à laquelle on lui avait déjà répondu par le passé « Garde toi de me dire ce que je suis en mesure de faire ou non ». Si cette phrase lui était restée c'était bien pour une raison en particulier, sa mère n'aimait pas se répéter. Finalement, la réponse devait être la bonne, ou suffisamment acceptable puisque Lorie fut invitée à disposer et à vaquer à ses occupations. Chose qu'elle exécuta sur-le-champ avant que sa mère ne change d'avis.
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