Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Partie 1
Janvier 2023
Je me dirige d'un pas décidé vers la salle de classe de Madame Yapara en vue d'un nouveau cours un peu particulier. Regroupant l'ensemble des élèves toutes années confondues, et cette année accueillant les élèves de Hogwarts et de Durmstrang, ces ateliers sont l'occasion d'apprendre des choses hors cursus. Evidement, il n'est pas question pour moi d'en louper un seul. Je me demande bien de quoi traitera celui-ci et m'attends un peu à tout et rien en entrant dans la salle de classe, de la conception d'une potion, à un sortilège de soin, en passant par des consignes de sécurité, le choix est vaste.
De toute évidence, la poudre de memphis ne serait d'aucune utilité aujourd'hui. Au vu de l'état plus vrai que nature de notre cobaye, je dirai que nous nous dirigeons plus vers un sortilège que du ramassage d'ingrédients et de la confection de potion. J'en suis ravi, même si le corps face à moi m'a fait marqué un temps d'arrêt. Je ne pensais pas un professeur capable de verser autant dans le sanguinolent à Beauxbâtons, eux qui sont toujours très propres sur eux et prudes, aussi il me faut quelques secondes pour reprendre mon sang froid face à ce spectacle. Une fois le rationnel bien ancré et la vue du sang devenue une simple formalité, je me concentre sur le corps et mon esprit méthodique reprend le dessus. Des lacérations ont ouvertes des plaies béantes dans sa chair et son teint est aussi pâle que la mort. Il n'est pourtant pas "mort", sinon il n'y aurait aucun sujet pour ce cours particulier de guérison ni autant de marques de souffrance sur son visage. Juste très mal en point.
Madame Yapara nous laisse le temps d'observer - ou de détourner le regard pour les plus faibles - avant de nous demander de décrire l'état de la victime. Un septième année se lance dans l'aventure avant que je ne me décide moi-même à intervenir. A vrai dire, je préfère réfléchir à ce qui a bien pu causer ces blessures. Elles ressemblent à celle que la professeur de Gastromage avait l'année dernière sur son bras.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Partie 2
J'écoute sans broncher la description du septième année. A priori, ce qu'il décrit est également ce que l'on peut voir depuis le cercle formé où je me tiens. La seule chose que j'ai du mal à percevoir de mon point de vue est la respiration saccadée de la victime mais ce n'est pas très étonnant considérant l'état général du pantin fait homme. La professeur enchaîne par quelques explications bien trop basiques à mon goût concernant l'approche d'un patient - dès la première année, les élèves d'Ogme savent tout ça - avant de passer aux questions.
Quoi faire dans une telle situation ? Voilà une première interrogation qui nous laisse chacun pensif et nous demande de nous remettre en mémoire nos anciens cours. Les deux premières réponses sont des potions, l'essence de Dictame et la potion Aimatos - je note l'essence de Dictame dont il ne me semble pas en avoir déjà entendu parler -, toutes deux écartées par Madame Yapara. Pourtant, elle ajoute quand même qu'elles auraient pu fonctionner sur d'autres plaies aussi importantes. Est-ce qu'un sortilège aurait fait plus d'effet ? Je pense par exemple à celui refermant les fibres mais les réponses de la sorcière me laissent penser qu'il serait aussi inefficaces que les potions. Qu'est-ce qui différencie ces blessures des autres ? Pourquoi est-ce un cas si particulier ?
Encore une fois, je repense à la professeur de Gastromagie et à sa blessure si particulière qu'aucune méthode traditionnelle ne pouvait soigner. Se contenter de soulager la douleur, voilà tout ce qu'ils étaient encore capables de faire lorsque la professeur nous avait été présentée comme une victime de magie noire. Lorsque madame Yapara pose sa question suivante en fixant avec insistance les élèves de Durmstrang - nos spécialistes de la forme de magie si tabou en France -, je sens que mon intuition est la bonne. J'attends toutefois que l'un d'entre eux se décide à prendre la parole pour confirmer ma pensée puisque c'est vers eux que l'attention de la professeur s'est dirigée.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Partie 3
L'élève de Durmstrang qui répond à la question confirme mes soupçons et les explications de la professeure de guérison éclaire encore davantage la situation. Néanmoins, si cette blessure n'est pas guérissable, nous ne serions pas là j'imagine ? Ma maîtresse de confrérie a-t-elle finalement trouvé un moyen de guérir ce genre de blessure ? A moins que ce cours n'ait pour unique objectif de nous montrer des solutions pour les éviter, à défaut de lutter contre ? La question est, à juste titre, posée par une élève de Hogwarts et j'attends la réponse comme Grispou pourrait attendre qu'on lui remplisse un nouveau coffre d'or : avec beaucoup trop d'intérêt pour être sain.
Et la réponse me laisse très agréablement surpris. Ainsi, la professeure a finalement trouvé un sortilège capable de lutter contre la magie noire. Cette prouesse, que même mon oncle ne connaissait pas, me la fait regarder un peu différemment. Elle est finalement allée chercher la solution ailleurs et a appris à la maîtriser. J'avoue que je ressens tout à coup un peu plus d'admiration pour elle. Mais je ne sais pas si c'est très sage d'apprendre à tout le monde ce trésor.
Quoiqu'il en soit, je ferme les yeux à sa demande. Je ne connais pas le sortilège du Patronus mais cela ne m'empêche pas de comprendre l'exercice. Imaginer la lumière dans l'endroit le plus sombre que vous n'auriez jamais vu, n'est-ce pas ? Dis comme ça, ça ne parait pas si compliqué et pourtant... Des mes yeux fermés, je ne vois que l'obscurité. Effectivement, si je les sers un peu plus fort, je vois des petites tâches de lumière mais rien à voir avec l'imagination, ce n'est que la réponse physique de mes globes occulaires à la pression. Maintenant, quelle lumière serait capable de traverser les ténèbres ? J'ai besoin de connaître pour pouvoir imaginer, de l'avoir déjà vu. La lumière d'un lumos me parait trop faible. Celle par contre féerique de l'Aster major pourrait faire l'affaire. Elle n'était pas si éblouissante mais elle m'avait semblé vivante, éternelle. Quoi de mieux contre l'obscurité amenant à la mort ?
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Partie 4
Un claquement de mains me fait ouvrir instantanément les yeux. Ceux-ci mettent quelques secondes à s'habituer à la soudaine luminosité de la salle. Une fois ma vue rétablis, je me saisis alors de ma baguette pour reproduire le symbole "Phi". D'un mouvement souple, je reproduis la boucle en partant du haut, avant d'abaisser le bras. Ce n'est pas une gestuelle très compliquée comparée à celles de certains maléfices. Je m'attendais à quelque chose de bien plus difficile au vu de son effet mais à priori, tout n'a pas besoin d'être complexe pour être puissant. Un peu comme pou un Alchimia circulus, c'est ce qu'on y met dedans qui est souvent plus corsé.
Lorsque la professeure nous invite à nous mettre par deux. J'obtempère immédiatement non sans une certaine pointe d'agacement que je garde pour moi. Comme si j'avais besoin de quelqu'un d'autre pour m'entraîner à une gestuelle, d'autant plus aussi simple. Pour avoir un cobaye, ça aurait été bien plus utile, même si j'aurai peu goûté de l'être à mon tour. L'élève de Hogwarts qui me fait face a à peu de chose près mon âge et je me rends compte qu'il ne m'a pas choisi comme partenaire au hasard. Son geste, il le fait très bien et n'a pas besoin que je lui cherche de défaut. Il s'abstient d'ailleurs tout autant de me faire la moindre réflexion. Je lui fais un sourire en coin, je l'aime bien lui. Il devrait y avoir plus d'élève ainsi et moins de ceux qui se mêlent de tout, et notamment de ce qui ne les regarde pas.
Une fois la gestuelle maîtrisée, il s'agit maintenant d'apprivoiser la formule qui possède un peu trop de consonne à mon goût. Heureusement que j'ai l'habitude du bulgare et que je l'utilise un peu ces derniers temps avec mes cousins, sinon j'aurai franchement galéré. C'est le cas de la plupart des élèves d'ailleurs. Enfin, cela ne m'empêche pas d'avoir besoin de le répéter plusieurs fois la formule avant d'y mettre l'intonation. J'entraine ma prononciation jusqu'à ce que la sorcière annonce enfin - il était temps - le passage à la pratique.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Partie 5 & Fin
J'observe les blessures des mannequins fraichement arrivés et je demande ce qui a réellement causé les blessures. Je doute que le véritable sortilège sectumsempra ait été lancé, j'ai du mal à l'imaginer. Pourtant, si ce n'est pas de la magie noire à l'œuvre, n'importe quelle sortilège de soin feraient l'affaire. Je ne tenterai pas de vérifier cette hypothèse. Au mieux, je me prendrai un regard curieux, ou pire, je pourrai agacer Madame Yapara. Par expérience, je sais qu'il ne faut pas toujours grand chose pour l'énerver.
Je me résous donc à faire "comme si" lorsque l'explication vient finalement. Juste une sorte d'illusion améliorée donc. Je dois avouer que ce n'est pas mal du tout, c'est plus vrai que nature. Je me remets avec l'élève de Hogwarts que j'ai décidé d'adopter - il devrait y en avoir plus des comme lui - et nous nous exécutons sans commentaire à tour de rôle lorsque le top départ est donné. Au bout de plusieurs essais, je ne parvins qu'a vaguement cicatriser une des plaies alors que mon acolyte en a déjà guéris plusieurs. Frustré, je le regarde attentivement faire.
Gestuelle pareille. Prononciation pareille, sans compter l'accent. Là-dessus, je ne vois pas ce qui pourrait me poser soucis. Reste donc la visualisation de la lumière. Je mets mon ego de côté pour lui demander ce qu'il imagine. Il me répond alors par un sourire et une question des plus surprenantes. Ce que je préfère entre la lumière et l'obscurité ?
Je la garde en tête en réitérant une nouvelle tentative et c'est en fermant les yeux que je comprends où il veut en venir. La lumière, je l'imagine mais je n'en veux pas. L'obscurité est bien plus tranquille, apaisante, elle ne brûle pas les rétines et n'amène pas tous les agacements. Elle me plait davantage que la lumière. Je peux bien imaginer la lumière mais si je ne souhaite pas qu'elle perce l'obscurité, je ne réussirai pas ce charme. Je me rends compte qu'il me sera bien compliqué de le réaliser et que je vais devoir encore changer de visage pour me l'accaparer. A la fin du cours, je n'ai réussi à fermer que quelques plaies mais pour une fois, je ne me blâme pas. Il n'est pas facile d'aller contre soi-même mais j'y parviendrai. Comme toujours.
Contenu sponsorisé