Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Partie 1
Mai 2023
Les ateliers commencent à se faire de plus en plus rares en cette fin d'année, la préparation aux examens primant. Néanmoins, Madame Kieffer n'a pas l'air d'être du même avis et c'est avec curiosité que je viens assister à ce nouvel apprentissage hors cursus. Il y a déjà de nombreux élèves installés lorsque j'entre dans la salle de cours, des élèves des quatre dernières années principalement mais également quelques curieux plus jeunes. Je repère même ma petite amie mais préfère me glisser derrière deux jumeaux de Beauxbâtons. Moins je l'ai dans les pieds, mieux je me porte. Le silence met un peu de temps à venir et je me permets même un regard intimidant en direction d'un jeune élève de Lug qui s'amuse à faire tourner sa baguette entre ses doigts en riant. Le statut de délégué aidant, le gamin se calme rapidement.Une fois que la professeur a enfin obtenu le silence dans la salle, elle commence par nous présenter le sujet. Se fondre parmi les non-mag fait parti des premiers enseignements que j'ai reçu à Beauxbâtons, et j'ai compris depuis longtemps à quel point cela pouvait être important. Pas les jumeaux devant moi à priori. Je tapote d'un doigt ma table, signe de mon agacement, face à leurs messes basses stupides. Madame Kieffer ne les loupe pas, heureusement. J'ai peu de patience pour les idiots et un maléfice aurait pu malencontreusement s'échapper de ma baguette.
Au moins une partie de la réponse à la question de la professeur est évidente. Si les sorciers contrôlent l'identité des gens - même à Osse-en-Bazar, j'en ai fait les frais - les non-mage en font de même. Des papiers d'identités non-magiques peuvent donc forcément être utiles si l'on veut se déplacer comme on veut partout -ou presque- , et sans soucis, dans le monde non-magique. Ils nous donnent aussi une existence aux yeux des non-mages, pourrait faire office de preuve qu'on appartient à leur communauté. Je ne cherche pas à répondre, mon attention s'est plutôt tournée vers le regard appuyé d'une élève de Dagda.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Partie 2
Je me détourne de ce regard pleins de convoitises lorsque, sans surprise, Lorie fait partie des premières à s'exprimer. Comme elle est d'une année inférieure à la mienne, je ne partage pas des cours avec elle, seuls ce genre d'ateliers nous permet d'assister à des apprentissage commun. Toutefois, je la connais suffisamment pour savoir qu'elle est une élève studieuse et qu'elle aime bien le montrer. Elle n'est pas du genre timide. Malgré tout mon mépris pour elle, c'est un trait de sa personnalité qui me plait vraiment. Une autre élève d'Ogme répond et engrange quelques points pour la confrérie.
La question suivant la suite des explications du professeur Kieffer laisse cette fois-ci planer un grand silence dans la salle. Je réfléchis un instant et me dis finalement que si les non-mages vont dans leur "mairie" qui sont des relais du gouvernement, pour nous, autant pour nos papiers magiques que non-magiques, il faut se rendre au Ministère. A ma connaissance, il n'y a pas de relai chez les sorciers. Tout se fait à la source. Une élève de Lug semble être arrivée à la même conclusion que moi et le hochement de tête de Madame Kieffer confirme la réponse.
A peine une question résolue que la professeur en pose une autre. Il semblerait que cet atelier soit un échange constant entre professeur et étudiants. Néanmoins, cette fois je n'ai aucune idée de la réponse. Ayant grandi uniquement avec des sorciers, je n'ai jamais eu l'occasion de m'approcher de près comme de loin de papiers d'identité non-magiques. Je ne savais même pas qu'il y en avait de plusieurs sortes donc les détails de quoi et à quoi ils servent font encore moins partie de mes connaissances. Tout en attendant la réponse, mon regard retrouve celui de l'élève de Dagda. Avec une confiance inébranlable, je lui fais un sourire en coin auquel elle répond sans être le moins du monde perturbé. Finalement, les filles de Dagda ne sont pas toutes pénibles et celle-ci a sans aucun doute ce qu'il faut là où il faut. Heureusement que Lorie nous tourne le dos.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Partie 3
C'est au tour d'un anglais d'apporter une réponse complétée par Aniel Kieffer. Je laisse de côté mon flirt improvisé et prends rapidement ses explications en note comme s'il ne s'était rien passé, veillant à bien distinguer les possibles utilisation des deux pièces d'identité énoncée. Je ne sais pas si cela me sera utile, je n'éprouve aucun besoin de voyager à part peut-être pour faire un tour en bulgarie voir ma famille. Peu de chance à ce titre que je me retrouve parmi les non-mages. Mais sait-on jamais ? Si j'ai besoin d'être discret, de me faire oublier de la société magique pour on ne sait quelle raison, ces enseignements s'avéreront particulièrement utiles.
Je saisis la carte que la professeur d'Etude du Secret magique me tend et l'observe en la retournant dans un sens, puis dans l'autre. Elle n'a rien de spécial, la photo dessus ne bouge même pas, c'est d'un ennui. Les non-mages m'indiffèrent, ils sont si insipides. Je note mécaniquement les informations écrites dessus comme le nom, prénom, date de naissance, etc. Quand j'ai à peu près tout listé, je me penche en avant vers les jumeaux qui s'amusent à s'inventer des vies avec le bout de papier en leurs mains, et les interpelle, cassant avec un véritable plaisir leurs délires.
- On échange ? Je demande en leur tendant ma carte d'identité sans leur laisser vraiment le choix.
Celui de gauche me tend ce qui ressemble à un petit carnet tandis que je lui donne la carte. Je le feuillète avant de revenir à la première page où sont notées toutes les principales informations sur le propriétaire de la pièce d'identité. Déjà, j'identifie que ce que je tiens en main est un passeport. Ensuite, je relève que beaucoup d'éléments sont identiques à la carte. Je n'ai aucun soucis à en citer quelques uns à haute voix pour qu'ils s'inscrivent sur le tableau. Au moment où l'activité commence à retomber, la fille de Dagda vient vers moi et me tend un carnet identique au mien avant de récupérer celui que je tiens en main et de retourner à sa place. A l'intérieur j'y trouve une note avec un lieu et une heure, ce qui me tire un sourire amusé.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Partie 4
Je reste toutefois tranquille et n'essaye pas de lui répondre. Je sais pertinemment qu'une fois les portes de cette salle franchies, ce flirt n'existera plus. Je n'ai pas l'intention de prendre le moindre risque avec ma relation avec Lorie. Mon plan pour elle est bien plus important qu'une fille de passage, même si ça me titille franchement. Je laisse, de plus, le soin à trois élèves du même âge ou plus âgé que moi de coordonner l'ensemble des échanges, comme nous l'a appris le professeur Kieffer au début de notre scolarité. J'ai bien assez à faire avec mon rôle de délégué pour ne pas me rajouter du travail en plus. Cela me permet d'observer et d'écouter les uns et les autres. De noter les attitudes, les regards et échanges, les crispations de mâchoires et les haussements de sourcils. Si je ne prends pas de notes physiques de ça, je garde tout ce que je capte en mémoire.
Lorsque le flux de réponse se tarit enfin, une élève venant du Luxembourg vient faire un compte rendu à la professeur qui enchaine par le détail de la procédure à faire pour obtenir ces fameux papiers. Rien de bien compliqué en soi. Je place la pulpe de mon index en face de mes yeux lorsque Madame Kieffer énonce la nécessité de faire une empreinte avec nos doigts. C'est vrai qu'il y a différentes lignes qui forment un motif bien particulier. Quel drôle de concept, n'empêche. Et comment font-ils s'ils n'ont pas ou plus de doigts ? Ou si ces motifs disparaissent ? J'imagine assez facile de lisser la peau d'un doigt avec un sortilège. Imiter celle d'un autre est déjà plus compliqué mais j'imagine bien que les élèves en métamorphose y parviendrait. Les non-mages sont tout de même assez rudimentaires pour certaines choses.
Puis vint enfin la fin de l'atelier et je me faufile rapidement en dehors de la classe avec mes notes pour m'éloigner des ennuis potentiels mais aussi du bruit ambiant. Même si je ne suis pas un adorateur du silence, cet atelier était tout de même sacrément animé.
Le Narrateur
Ami des Lettres