Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Elle avait donc préparé une petite potion de sa composition qui avait pour effet de faire léviter toute personne qui entrait en son contact. Blague de potache certes mais rien que d'y penser, ça la faisait bien rire. Elle anticipait les choses, se demandant qui ferait les frais de son piège. Enfin, en attendant, il fallait qu'elle mette les choses en place et c'est pour ça qu'elle s'était levée au milieu de la nuit, quand tous dormaient. Elle avait installé un mini chaudron qui lévitait contre le mur, à l'entrée du passage magique menant à la tour du personnel avec un système de déclenchement à retardement pour que le premier qui passerait, une fois midi sonné, se retrouve imprégné de sa préparation et se retrouve à léviter pour une dizaine de minutes. Pas plus, fallait pas non plus que ça perturbe les cours de l'après-midi mais suffisamment longtemps pour que ce soit drôle.
Elle était ensuite retournée se coucher et voilà que maintenant, elle était tranquillement dans son bureau à siroter un chocolat chaud en attendant son premier cours de la journée. Le sourire dans le vague, elle se sentait d'excellente humeur. Comme quoi, les facéties lui faisaient du bien au moral. Peut-être devrait-elle en prescrire à certains de ses patients, tiens ? C'était à creuser... ou du moins, a minima, à aborder avec ses sixièmes années pour le soin des maladies mentales.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Aux alentours de 10h00
Quatrième année - 15 ans
Le cours de créatures magiques finis, je tente de trouver mon oncle à son bureau, sans succès. Je déambule alors dans les couloirs, souriant au passage des élèves de mon choix, faisant mine de ne pas en voir d'autres et évitant les regroupement de premiers années quand je les repère suffisamment tôt. Je commence à être plutôt doué sur ce dernier point tant ils peuvent m'agacer. Je n'imaginais pas qu'être délégué reviendrait à être l'esclave des petits nouveaux incapables de se souvenir d'un emploi du temps ou de leur chemin. Je lutte pour ne pas être exaspéré quand il y en a qui vient me voir pour ce genre de chose. Parce que oui, moi, il me trouve toujours. A croire que j'ai un marqueur magique qui me colle au train.
Tiens, en parlant du loup... J'esquive le groupe de jeunes élèves en bifurquant à gauche puis me rend vers la tour du personnel où j'espère trouver mon oncle ou au moins quelqu'un qui pourra m'indiquer où il se trouve. Quand j'arrive sur place, je me retrouve face à un mur. Comment je suis censé contacter quelqu'un dans ces conditions ? J'attends quelques minutes qu'un adulte sorte ou vienne vers le passage. Personne. Je fais quelques pas en arrière et m'appuie sur le mur d'en face en réfléchissant, tout en mâchonnant une dent de parisette que je viens de retrouver dans ma poche. Où est-ce que le vieux peut bien être ? Je réfléchis tout en fixant la porte et lève les yeux au passage d'une fée postale. C'est alors que je tombe sur un truc des plus étranges. Je fronce les sourcils et me rapproche en levant la tête. Là, au-dessus du passage menant à la tour du personnel, se trouve un mini-chaudron. Je ne sais pas ce qu'il fait là, mais j'ai le pressentiment qu'il s'agit d'une mauvaise blague. Je ne sais pas vraiment ce que je peux faire. Si je tente de le décrocher avec la magie, peut-être qu'il se déclenchera ?
Je ne vois qu'une personne que je peux contacter. Je fais demi tour au pas de course et fonce jusqu'au bureau de ma maitresse de confrérie. Après tout, c'est à elle que je dois faire tous mes rapports. Si quelqu'un doit être puni pour tenter de faire une mauvaise blague aux professeurs, c'est à elle de s'en charger. Arrivé devant son bureau, je toque et rentre quand j'y suis invité. Je ne passe pas par quatre chemins et raconte, sans tourner autour du pot, ce que je viens de voir.
- Bonjour Madama Yapara, je salue poliment, je crois qu'un professeur va faire les frais d'une mauvaise blague d'un élève. Il y a un mini-chaudron qui lévite bizarrement au-dessus de l'entrée du passage de la tour du personnel.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Sauf qu'elle ne s'était pas attendu à la révélation qui suivit. Un chaudron lévitant au-dessus de l'entrée du passage magique menant à la tour du personnel, tiens donc ? Qui pouvait bien avoir eu cette idée. Elle dût faire appel à tout le self-contrôle dont elle était capable pour garder son sérieux et écouter avec attention l'adolescent. C'était quand même pas de chance que sa petite blague se fasse griller avant même qu'elle ait lieu. A croire qu'elle avait perdu la main et, en même temps, elle cherchait à s'amuser non ? Par la longévité de Nicolas Flamel, elle devait bien pouvoir faire quelque chose de cette situation, somme toute, fort cocasse.
"J'espère que ce n'est pas un élève de notre confrérie derrière tout ça. Quoiqu'il en soit, montrez-moi ça, nous allons mener notre petite enquête."
Oh oui, cette journée s'annonçait décidément très amusante. Peut-être par pour le jeune Vaillant dont elle se jouait mais, pour elle, ça lui faisait l'effet d'une madeleine de Proust. Comme si elle retombait soudain en enfance, quand il devait garder un secret et qu'elle le portait comme un bouclier contre toute la méchanceté qu'elle pouvait subir parfois. Et avec un peu de chance, un collègue aurait le temps de subir sa petite blague avant qu'ils n'aient le temps de faire quoique ce soit car oui, elle ne comptait pas résoudre le problème trop vite. Peut-être pourrait-elle dire qu'il s'agissait d'un maléfice qu'elle ne connaissait ? Hum, c'était une idée à creuser, elle verrait bien sur place. En attendant, elle termina d'un coup son chocolat chaud, reposa sa tasse et se leva.
"Je vous suis."
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
- Je n'ai vu personne sur les lieux, je réponds à la femme. J'espère aussi, je confirme en fronçant les sourcils en signe de mécontentement à l'idée qu'un Ogme aurait pu faire ça.
Ce n'est plus du courage que de s'en prendre aux professeurs mais de l'inconscience. Je n'aimerai pas être à la place de l'élève qui a eu cette ridicule idée lorsqu'il se fera prendre. Parce qu'il ne fait aucun doute qu'il finira par se faire prendre. Et si c'est un Ogme et qu'il nous fait perdre des points, je me ferai un plaisir de donner de ma personne pour lui faire passer l'envie de recommencer.
La professeur se lève et je la conduis à sa demande jusqu'à la tour du personnel. Je ne sais pas bien pourquoi elle veut que je l'y accompagne, l'indication du lieu était clair et je ne peux pas faire grand chose de plus. Je reste à ses côtés néanmoins puisqu'elle me l'a expressément ordonné. Lorsqu'on arrive sur place, le chaudron est toujours suspendu dans les airs au dessus du passage. Je suis curieux de savoir ce qu'il contient et l'effet que ça pourrait avoir - bien entendu, pas sur moi. Ce n'est surement pas un génie comme Nicolas Flamel qui a concocté ça, il n'y a peut-être rien de bien fou à l'intérieur.
- Voilà, c'est ça, je dis en pointant du doigt le chaudron suspendu. Que faut-il faire professeur ? Le faire descendre ? Il n'y a pas de risque qu'il se renverse sur nous ?
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Elle prit donc un air surpris et intéressé en arrivant sur les lieux et fit semblant d'examiner le chaudron qui lévitait toujours. Il n'était pas encore midi donc il n'y avait aucun risque à passer dessous mais elle ne pouvait en prendre le risque sinon le jeune homme se demanderait certainement comment elle le savait.
"Hum, intéressant. A l'odeur, on pourrait croire qu'il s'agit là de la potion Zongdou mais je sens un petit quelque chose de plus subtile. Et puis, je suppose que ça n'aurait aucun intérêt de renverser une potion de soin sur quelqu'un donc c'est forcément autre chose. De là à dire quoi sans l'examiner plus précisément, ça me semble difficile."
Finalement, elle mériterait bien un Oscar pour sa prestation d'actrice, non ? En tout cas, elle était satisfaite d'elle mais seule la réaction de son élève pourrait lui confirmer qu'il était tombé dans le piège. En attendant, il fallait qu'elle redouble de vigilance.
"Si j'étais le plaisantin, je me serais assurée de mettre un piège pour ne pas qu'on puisse faire descendre trop facilement le chaudron donc il va falloir qu'on réfléchisse avant d'agir trop vite. Que feriez-vous si vous deviez gérer seul la situation ?"
Voilà, voilà, voilà. Elle se sortait du guêpier en renvoyant la balle vers son délégué, laissant à penser qu'elle profitait de la plaisanterie pour enseigner. C'était malin, non ?
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
- Un piège ? Je répète surpris, esquivant la question. J'imaginai plutôt que c'était justement de tenter de le faire descendre qui l'activerai. Je ne vois pas un professeur passer là-dessous sans sans rendre compte, il est quand même bien visible. Vous l'auriez vu, même sans moi. L'élève qui l'a mis là n'a pas été très discret et je pense que c'était le but. Vous pensez à autre type de déclanchement ?
Je n'ai pas du tout répondu à la question de la professeur et c'est évidemment fait exprès. La réponse lui aurait très certainement déplu et je n'ai aucun mensonge sous la main pour paraitre sous un meilleur jour. En effet, si je devais gérer seul, j'aurai clairement laissé le chaudron en place. Pas question de prendre le risque de me retrouver à subir son contenu à la place d'un professeur à qui il était destiné. L'adulte malchanceux s'en sortirait bien mieux que moi. J'aurai donc fait mine de ne pas l'avoir vu et je serai parti. Evidemment, en tant que délégué, je ne peux décemment pas dire ça à ma maitresse de confrérie. Mais bon, comme Madame Yapara est avec moi, cette question ne se pose pas vraiment alors on s'en fiche de la réponse non ?
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Par contre, le chaudron était descendu et ça, elle ne l'avait pas prévu. Pourtant, on lui avait certifié, quand elle l'avait acheté, qu'il lévitait hors de vue jusqu'au moment opportun. De toute évidence, elle s'était fait avoir ou l'article était défectueux. Dans un cas comme dans l'autre, le commerçant aurait de ses nouvelles. Il n'était, cependant, pas l'heure de se préoccuper de ça. Elle reporta son attention sur l'adolescent à ses côtés, parfaitement consciente qu'il n'avait pas répondu à sa question. Elle devait pourtant jouer son jeu pour ne pas se dévoiler.
"Je n'ai jamais été douée pour les plaisanteries de ce genre donc je n'ai pas vraiment d'idées sur le sujet. Mais il y a une solution toute simple. Lancez un Waddiwasi sur le chaudron, on verra bien ce qu'il se passera."
Elle savait déjà que le chaudron devait résister à une telle attaque, ce qui ne mettrait donc pas en péril la suite des évènements. Enfin résister... si elle ne s'était pas fait flouée de bout en bout, cette étape devrait au moins avoir pour effet d'activer en avance le déclencheur. Parce qu'elle doutait de pouvoir encore gagner beaucoup de temps et on était encore loin de midi. Il n'était donc plus nécessaire d'attendre. D'autant qu'elle était déjà sur place et que toute la préparation n'avait eu pour but que d'être sûre d'être sur place pour assister au piège et voir qui en était la victime.
"Restez à distance avant d'agir, sait-on jamais."
Évidemment, elle aurait pu le faire elle-même mais, là encore, elle trouvait ça plus logique de profiter de la situation pour enseigner. Ou du moins, en donner l'impression.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je me cale subtilement derrière la professeur - après tout, elle est censée être garante de mon intégrité physique dans l'école - baguette pointée vers le chaudron. Je me remémore ma gestuelle et m'apprête à lancer le sortilège quand je suis tout à coup pris d'une nouvelle franche hésitation. C'est tout de même bizarre qu'elle me demande de lancer un tel sort. Je baisse ma baguette et me tourne vers ma maîtresse de confrérie.
- Sauf votre respect Madame, n'est-ce pas dangereux ? Au delà de la potion qu'il contient, un professeur pourrait se prendre le chaudron en pleine tête si il passe par le passage, est-ce qu'il... Oh, je m'interrompt en avisant le regard du professeur.
Je crois comprendre dans son expression qu'elle me test encore me ramenant à la question à laquelle je n'ai pas répondu. D'une certaine façon, elle me force à y répondre. Je n'ai pas voulu me mouiller pour de la théorie, voilà que je dois entrer en action. Je vois là une grande concurrente de mon oncle. Je sais ce qu'il me reste à faire : agir avec ma tête. Et de toute évidence, celle-ci me dit qu'un waddiwasi est une très mauvaise idée.
- Descendo, je m'exclame en pointant le chaudron avec ma baguette.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
Elle resta donc devant lui et, profitant que son attention était entièrement focalisée sur son sortilège, elle prit sa baguette dans la main opposée au côté où se trouvait l'adolescent et fit un moulinet discret du poignet afin qu'il ne puisse rien voir de là où il était, tout en pensant "Elasticus". Nul doute que Roddy aurait été fier d'elle en voyant ça... s'il avait été là plutôt qu'en voyage en Belgique pour un match de Quidditch. Et accessoirement, s'il avait accès à l'Académie maintenant qu'il n'y étudiait plus. Bref...
"Bonne idée que d'utiliser Des... Oh zut"
Feignant la surprise de voir le chaudron rebondir, elle s'écarta au tout dernier moment alors qu'il passait devant elle. Il ne lui restait donc plus qu'à atterrir sur la tête du jeune Ogme alors qu'il rebondissait une dernière fois. De sa baguette magique, elle se protégea, toujours en silence, à l'aide du sortilège du bouclier et attendit de voir ce qui allait résulter de sa petite plaisanterie.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je monte, monte et continue de monter. Mon ascension ne s'arrête que lorsque j'arrive à m'agripper à un rebord de mur. J'ai bien cru me retrouver en Belgique à ce train là. Ainsi stabilisé, je reprends mes esprits et analyse la situation. Tout est allé très vite, mes réactions n'ont été que réflexe. Maintenant, que je suis accroché, je peux tenter de comprendre ce qu'il s'est passé. En regardant en contrebas, je vois Madame Yapara, le regard levé vers moi, sans la moindre goutte de potion et les pieds bien ancrés au sol. Elle s'est protégée ? Comment as-t-elle fait pour réagir aussi vite ? Et surtout, n'est ce pas le devoir d'un professeur de protéger ses élèves ? Même mon oncle n'aurait pas réagit comme ça. Cela dit, avec sa canne, pas sûr qu'il ait été aussi vif que la professeur de guérison. Enfin, c'est quand même bizarre...
Je me mets en tailleur et m'arrange pour m'adosser au mur. Il faut dire qu'en apesanteur, je suis plutôt à l'aise et j'arrive à trouver une position assez stable à force de petites contorsions. Entre le quidditch et la chevauchée d'abraxan, j'ai une certaine expérience du vide. Le seul truc qui me dérange, c'est d'avoir l'impression d'être tiré inexorablement vers le haut sans avoir le choix. Je n'ai aucune envie de m'éterniser là-haut. Vu que l'adulte semble intacte, j'imagine qu'elle n'aura pas de difficulté à me faire redescendre.
- Madame Yapara, pouvez-vous me faire descendre s'il vous plait ? Je demande avec flegme. Je crois qu'il n'y a plus de blagues desquelles vous devriez vous méfier vu qu'elle est sur moi. Vous ne risquez plus rien.
Je ne le dis pas franchement mais l'idée est là. Me voilà retournant la situation pour me positionner en sauveur. Il faut toujours savoir tirer profit de la situation pour garder une certaine classe. Sinon, ça serait la honte totale. Je préfère afficher un sourire charmant mais en mon fort intérieur, je sais déjà que si je mets la main sur le malin qui a fait ça, je le lui ferai payer cher, à ma façon.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
"Désolée M. Vaillant... J'ai eu l'image fugace de votre oncle à votre place et... avouez que la situation aurait été sacrément cocasse."
Elle n'aurait sûrement pas dû dire ça mais, enfin, elle était humaine après tout alors oui, ça lui arrivait de rire sur certaines bêtises, encore plus quand c'était les siennes bien sûr mais ça, l'adolescent ne pouvait pas le savoir. Encore qu'il lui était aussi arrivée de rire sur des plaisanteries dont elle n'était pas l'auteur, le plus dur étant de garder ensuite son sérieux quand il s'agissait de punir le fautif. Comme la fois où une première année avait voulu faire rebondir un sort sur une statue pour atteindre sa rivale et que ça avait eu pour effet de détruire la statue et de revenir à l'envoyeur. La situation en elle-même n'aurait pas été drôle sans la mine stupéfaite de l'enfant prise à son propre piège. Heureusement, les dégâts n'avaient rien eu de définitifs. Rien dont un Reparo ne puisse venir à bout en tout cas.
"Accio corde" finit-elle par dire lorsque son fou rire se calma.
C'était certainement pas ce à quoi s'attendait son élève mais là, c'était bien la professeur qui reprenait en main les choses et non la farceuse. Et en l'occurrence, il ne servirait à rien de le faire redescendre s'il devait remonter aussitôt tel un bouchon de champagne dans une bouteille qui venait d'être secouée. Quand à mettre fin directement au sortilège dont il était la victime, c'était l'exposer à une chute et ça, il en était hors de question. Elle comptait donc l'arrimer solidement d'abord, comme un ballon de fête foraine que l'on balade au bout d'une corde et ensuite seulement, elle ferait ce qu'il fallait.
Quand la corde arriva, elle en lança donc une extrémité à son élève avec pour consigne de l'attacher fermement autour de sa taille.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Quand finalement elle cessa de rire, elle appela à elle une corde plutôt que de m'aider directement. Je sens que ça ne va pas me plaire. Et j'ai bien raison. Elle me lance la corde que j'attrape de ma main libre du premier coup - être gardien des salamandres ne doit pas y être étranger - et me commande de l'attacher autour de ma taille. Je regarde le bout de corde, puis la professeur puis ma main qui agrippe le mur. Si je le lâche, je sais que je vais perdre tout semblant de contrôle de la situation. Si je ne le lâche pas, je ne peux pas m'attacher avec la corde et donc redescendre selon les conditions de madame Yapara. Je me sens horriblement coincé.
Avec réticence, je finis par lâcher le rebord et m'empresse d'enlacer ma taille avec la corde. Evidemment, comme je l'ai prévu, faisant cela je suis incapable de maintenir ma position ni mon "sens" de vol et le mouvement imposé en m'attachant se répercute sur le reste de mon corps. Je me retrouve à tourner sur moi-même, au bout d'une corde. Comme un ballon avec lequel les jeunes non-mag' se promènent parfois. Je crois que finir la tête la première dans la fontaine des Flamel est nettement moins humiliant.
- Par pitié, faites moi vite redescendre, je supplie l'adulte, mon flegme quelque peu envolé.
Il ne manquerait plus que quelqu'un se pointe et je sens que je vais mourir de honte. Pire encore si ce quelqu'un est mon oncle.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
En parlant de ça... le sort n'allait pas tarder à se rompre de lui-même. Elle s'en était assurée quand elle avait fait son achat Rue Claudel, persuadée comme elle l'avait appris dans son enfance que les meilleures blagues étaient les plus courtes. Et comme elle ne voulait pas que la plaisanterie vire au drame, il était important de ramener l'adolescent au sol pour ne pas qu'il chute de plusieurs mètres de haut. En douceur, elle tira donc sur la corde pour la raccourcir petit à petit, s'assurant que son élève ne se cogne pas au passage. Il tanguait, la tête toujours plus ou moins vers le bas mais, au moins, il n'était plus qu'à quelques centimètres du sol. A présent, il fallait qu'elle fasse semblant de faire un contre-sort ou quelque chose du genre afin de faire illusion. Peut-être le sortilège proposé par Drian un peu plus tôt ? Allez, pourquoi pas. Si elle n'était pas synchro avec la fin de la blague, elle tenterait autre chose ensuite, prétextant que ce n'était pas toujours simple de trouver la solution sans savoir le sort en action.
"Descendo"
Sans surprise, si Tahina lâchait la corde en cet instant, le jeune homme remonterait illico dans les airs. Elle savait bien qu'il fallait juste attendre mais, comme elle n'était pas censée être au courant, elle pointa à nouveau sa baguette vers l'adolescent et après un moulinet du poignet, lança :
"Tergeo... Ah ben il suffisait juste de nettoyer vos vêtements des restes de potion, apparemment."
La petite blague était, à présent, terminée et Drian avait de nouveau les pieds sur terre. Même plus besoin de la corde pour ça, elle n'était pas belle la vie ?
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Je suis soulagé lorsque je ne suis plus qu'à quelques centimètres du sol. Ça y'est, je vais enfin pouvoir reprendre pied. Cependant, je remarque bien vite que quelque chose ne va pas. Si je suis proche, je ne suis pas complètement à terre. La pression qui me tire vers le haut est toujours bien présente et l'air pensif de Madame Yapara ne me rassure pas des masses. Sait-elle seulement comment arrêter cette mauvaise farce ? Je croise les doigts quand elle lance un Descendo mais je déchante vite. C'est un échec, je flotte toujours autant. Comment un élève peut faire une blague qu'un professeur n'est pas capable d'arrêter ? Non, impossible. C'est juste pas le bon contre-sort, elle va trouver !
Ouf ! Le sortilège suivant est le bon ! Enfin ! Je m'empresse de retirer la corde, témoin de cette facheuse situation, et je réajuste mon uniforme. Voilà, ce pli là, disparu. Ma ceinture est bien serrée à nouveau. C'est comme si il ne s'était rien passé. Rien du tout. De quoi, un mec qui vole dans les airs ? Jamais entendu parlé. Je lance un regard de biais à madame Yapara. Si jamais cette histoire venait à s'ébruiter... Elle est le seul témoin. Un témoin de taille auquel je ne peux me fier qu'à sa bonne foi. Je ne peux même pas me permettre de lui dire de ne rien révéler, elle le prendrait forcément comme un manque de respect. Je n'ai plus qu'une seule chose à faire pour donner le change...
- Merci professeure Yapara, je dis. Voulez-vous que je trouve la personne qui a fait ça ? Je suis certain de réussir à avoir quelques informations via des statues ou des tableaux. Ils ont forcément vu quelque chose.
Oh oui, je suis certain qu'en fouinant, je finirai bien par trouver quelque chose. J'ai le filon avec les statues, je sais maintenant comment les amadouer depuis mon plan contre ma sœur en deuxième année. Il y en a forcément une avec qui je pourrai négocier une information intéressante.
Tahina Yapara
Professeure de Guérison
"Excellente idée. Je n'ai pas vraiment le temps de m'occuper de ça donc ça m'arrange." répondit-elle du tac-au-tac, sans se démonter.
Il faut dire qu'elle était certaine que rien ne pourrait faire que les pistes remontent à elle. Elle avait fait attention d'être seule quand elle avait posé le piège et si quelques statues avaient pu la voir, à la rigueur, passer qui croirait une telle ineptie ? D'autant qu'elles pouvaient être facétieuses ces statues. Elle en avait parfois fait les frais pendant sa scolarité. On se méfiait toujours des Michel, en oubliant qu'ils n'étaient pas les seuls à s'amuser de la naïveté des enfants. De toute façon, encore fallait-il trouver le moyen de les faire parler. Bref, la jeune femme était curieuse de voir comment son délégué allait s'en sortir et surtout ce qui allait ressortir de tout ça.
"Comment vous sentez-vous, après cette petite escapade aérienne ? Pas de nausée, de vertige, de faiblesse dans les jambes ?" finit-elle par demander, le professionnalisme revenant un court instant.
Drian Vaillant
7ᵉ année, Délégué, Ogme
Alors que je pensai que la professeur de guérison allait me congédier, voilà qu'elle me pose des questions sur mon état et m'empêche donc d'aller récupérer mes précieuses informations. Je regarde l'adulte un peu embêté, mais je réponds tout de même gracieusement tout en cherchant une façon pour lui fausser compagnie poliment. Et rapidement.
- Tout va bien professeure, merci de vous en inquiéter. Vous savez, entre le quidditch et les abraxans, j'ai l'habitude de ne pas avoir les pieds sur terre. Nous avons eu de la chance que cette blague tombe sur moi et non sur un premier année, je dis sur le ton de l'évidence en pensant totalement tout le contraire. Ou sur mon oncle, je rajoute avec un sourire complice sur un ton un peu plus bas, me permettant la chose uniquement parce que l'adulte s'en était amusée un peu plus tôt.
Je fais mon prince, et je ne doute pas un instant que cela a fait son petit effet. J'en profite alors pour m'esquiver.
- Si vous me le permettez, je vais de suite me renseigner pour retrouver le responsable de cette blague et le mener au plus vite devant vous. Professeur Yapara, je salue poliment avant de partir.
La chasse aux indices est officiellement ouverte et je jure que mes intentions sont mauvaises.
Le Narrateur
Ami des Lettres